Catégorie : Politique et société

  • Serment d’al­lé­geance aux armes

    L’UMP, via Jean François Copé, propose d’im­po­ser un serment d’al­lé­geance aux armes à tous les jeunes et aux deman­deurs de la natio­na­lité française.

    Je ne peux croire que ces gens, intel­li­gents et souvent brillants, puissent un seul instant envi­sa­ger sérieu­se­ment la chose autre­ment que dans une simple déma­go­gie de période élec­to­rale.

    « les jeunes »

    On demande aux jeunes en âge (je suppose à la majo­rité) de s’en­ga­ger à prêter ce serment. Quel sens a donc un serment imposé ou obtenu par la pres­sion sociale ? comment pense-t-on que les gens vont se l’ap­pro­prier dans ce cas ?

    D’au­tant qu’outre l’idée d’un patrio­tisme exacerbé gouverné par la peur de l’autre et le conflit armé qui m’agace au plus haut point, ce serait un formi­dable retour en arrière. Depuis long­temps on a accepté le prin­cipe de l’objec­tion de conscience, que se battre n’est pas l’unique façon de servir son pays.

    Même dans le pire des cas, suite à une guerre géné­ra­li­sée où on instau­re­rait un enrô­le­ment par la force géné­ra­lisé au niveau légis­la­tif, le droit d’y aller malgré nous et à recu­lons me paraît essen­tiel. De toutes façons si on parle d’obli­ga­tion légale, la décla­ra­tion de serment n’a plus vrai­ment d’im­por­tance.

    Encore mieux, que fait-t-on s’ils refusent ? On leur refuse la majo­rité ou on les rend apatrides ? J’es­pé­rais qu’on avait dépassé ce stade où l’ap­par­te­nance est liée au sang versé et pas à l’at­ta­che­ment à des valeurs, à des lois, ou à la parti­ci­pa­tion à la cité, à ce qui fait de nous un citoyen.

    Le seul fait qu’on cible « les jeunes » et pas « les citoyens » ou « les français » est de toutes façons problé­ma­tique. C’est très signi­fi­ca­tif d’une posture poli­tique ou d’une idéo­lo­gie plutôt qu’un réel enjeu de pacte social. Le fait de consi­dé­rer ces gens comme des citoyens ou des citoyens en deve­nir plutôt que comme des « jeunes », ça permet­trait peut être juste­ment de renfor­cer leur appar­te­nance à la nation, mais ça demande de faire chan­ger les hommes poli­tiques, et ça c’est un combat de tous les jours.

    Les natu­ra­li­sés

    Consi­dé­rant donc qu’im­po­ser un tel serment aux natifs serait sans utilité et proba­ble­ment simple­ment impos­sible, quelle perti­nence il y aurait-il à l’im­po­ser aux deman­deurs de la natio­na­lité ? Pour reprendre une phrase de l’ar­ticle en l’in­ver­sant : Ce devrait être un honneur d’ac­cueillir des ressor­tis­sants étran­gers dans notre nation, au lieu de ça nous les stig­ma­ti­sons et nous ajou­tons de la défiance et des contraintes.

    Pourquoi faudrait-il que ces derniers aient moins de droits ou plus d’obli­ga­tions que les natifs ? Ce n’est pas ma concep­tion de la natio­na­lité et je ne souhaite pas avoir des grades ou des niveaux de français.

    C’est de plus encore une fois bien mal comprendre le chan­ge­ment de natio­na­lité. Deve­nir français n’im­pose pas forcé­ment, et ne doit pas impo­ser, de cracher ou renier son ancien pays. Si les deux entrent en guerre, que vaut ce serment ? Que faire s’il a du aussi faire le même dans son ancien pays ? Si on accepte qu’il doive et puisse renier son serment précé­dent que vaut alors celui qu’on demande à notre tour ?

    Ça sent à moitié la défiance face à l’étran­ger et à l’im­mi­gré, avec un saupou­drage sur « les jeunes » qui ne coûte pas cher histoire de ne pas montrer trop clai­re­ment qu’on cible encore les étran­gers. La peur de l’autre est déci­dé­ment un marché porteur.

     Une vision de la poli­tique, et de la nation

    Ma vision de la nation est celle d’un peuple qui construit ensemble, pas celle de l’op­po­si­tion face à l’étran­ger, avec arme au poing et serment d’al­lé­geance.  Je trouve détes­table cette façon de faire de la poli­tique avec des jeux d’an­nonces qu’on sait impos­sibles mais surtout faits pour monter les gens les uns contre les autres.

    D’ailleurs, et c’est peut être ce qui montre le mieux qu’il s’agit de décla­ra­tions dange­reuses et pas d’un projet sérieux, on ne trouve aucun texte écrit sur cette idée sur les sites de l’UMP ou de Jean François Copé. Le contenu a été trans­mis aux jour­na­listes, mais sous une forme qui permette plus tard de s’en déta­cher, de la nier, ou de contes­ter les inter­pré­ta­tions.

    J’ac­cepte d’être traité de naïf idéa­liste, mais je suis convaincu qu’il est possible et souhai­table d’agir autre­ment. Peut être que là nous aurions un vrai senti­ment d’at­ta­che­ment entre les français, leur nation, leurs insti­tu­tions, et du coup aussi les corps néces­saires à cette nation comme l’ar­mée ou la police.

  • Des résul­tats d’élec­tion en Open Data

    « Le Sénat adhère à l’Open Data » vois-je dans mes fils d’in­for­ma­tion.

    Le Sénat a décidé de publier les résul­tats des futures élec­tions séna­to­riales en temps réel, sous un format ouvert docu­menté, à tous, sur son site Inter­net. Je ne peux que m’en féli­ci­ter et si je retiens un « il était temps » c’est pour éviter d’y mêler le néga­tif d’une frus­tra­tion. Le pas était néces­saire, utile, et bien­venu.

    Merci de l’ef­fort, il est appré­cié à sa juste valeur

    J’ajou­te­rai même que je suis agréa­ble­ment surpris par la volonté de publier ces résul­tats en temps réel, actua­li­sés toutes les cinq minutes. Là on sort du besoin pour propo­ser de l’in­no­va­tion ou en tous cas de la valeur ajou­tée.

    Mieux encore, ils ont réussi à convaincre la bureau­cra­tie pour accep­ter les réuti­li­sa­tions non-commer­ciales comme les réuti­li­sa­tions commer­ciales, alors que ces dernières sont très souvent exclues ou payantes. Ils ont aussi réussi l’ex­ploit d’au­to­ri­ser les trai­te­ments, mani­pu­la­tions, extrac­tions, créa­tion de données déri­vées et même la diffu­sion de ces dernières. Si ça vous paraît évident et indis­pen­sable, sachez que nous en sommes rare­ment là habi­tuel­le­ment.

    Un risque sur le long terme

    Main­te­nant, pour reve­nir à mon pessi­miste habi­tuel, notre admi­nis­tra­tion n’ou­blie pas ses travers et j’ai peur qu’à force de vouloir jouer les compro­mis, le pas qui a été fait ne puisse se révé­ler néga­tif sur le long terme.

    Il faut rentrer dans la licence d’uti­li­sa­tion des conte­nus pour voir le problème.

    Une  clause de publi­cité

    Tout d’abord on récu­père la clause tant honnie des premières licences BSD : Il faut mention­ner expli­ci­te­ment la source et la date de mise à jour des données. Certes, c’est une bonne pratique, mais c’est aussi vite contrai­gnant là où ce n’est pas perti­nent.

    La licence me propose un para­graphe qui tient en trois lignes. Si je croise quatre ou cinq données avec une licence simi­laire dans mon tableau, il faut que je commence à réser­ver une demie page unique­ment pour ces mentions. Rien de grave mais ça commence à agacer.

    « Appli­ca­tion, Produit ou Service inté­grant les données élec­to­rales issues du dernier renou­vel­le­ment séna­to­rial et publiées sur le site du Sénat (www.senat.fr). Dernière mise à jour le 25 septembre 2011 ».

    Pour un contenu origi­nal, une créa­tion artis­tique ou d’opi­nion, l’at­tri­bu­tion a un sens et un rôle parti­cu­lier, mais pour des données objec­tives propres à notre insti­tu­tion publique, quel est le sens de cette attri­bu­tion ? son rôle ?

    C’est d’au­tant plus gênant que la licence est expli­ci­te­ment trans­mis­sible. Elle doit s’ap­pliquer à toute base de données déri­vée et pas qu’aux données sources. Si en soi ce « copy­left » est légi­time, il prend toute son impor­tance quand on mélange plusieurs données.

    En effet, cette simple clause de publi­cité casse déjà la compa­ti­bi­lité avec toutes les licences dites « libres ». Ces dernières empêchent d’ajou­ter des restric­tions à l’usage ou la distri­bu­tion. Des données publiques qui ne peuvent être réuti­li­sées mixer à des conte­nus ou logi­ciels libres, c’est juste dommage.

    Une clause floue de termi­nai­son

    Ce qui me rend très pessi­miste ce sont les clauses 7 et 8. Elles contiennent des exclu­sions bien­ve­nues sur la capa­cité du Sénat à chan­ger son format, arrê­ter ou modi­fier ses publi­ca­tions futures, mais elles contiennent aussi la capa­cité de modi­fier les condi­tions de la présente licence.

    La formu­la­tion ne permet pas de savoir si le Sénat se réserve le droit de publier les données dans une licence diffé­rente dans le futur, sans impac­ter les droits déjà données (ce qui ne pose aucun problème) ou s’il se permet de modi­fier les condi­tions de la licence actuelle, et donc poten­tiel­le­ment termi­ner les utili­sa­tions actuelles ou d’en modi­fier les condi­tions.

    Nombre de licences ont une telle clause de termi­nai­son, permet­tant au déten­teur des droits de fina­le­ment reve­nir sur la licence gratuite offerte jusqu’a­lors, ou d’en chan­ger les termes. Ce serait pour moi l’écueil prin­ci­pal de cette licence.

    Peut-être ai-je mal inter­prété ces clauses 7 et 8, mais dans ce cas une refor­mu­la­tion pour lever l’am­bi­guïté me semble indis­pen­sable.

    Une licence est-elle indis­pen­sable ?

    Et fina­le­ment, c’est tout le prin­cipe de licence de réuti­li­sa­tion qui me semble contes­table ici. On m’a répondu que bien entendu sans licence le droit s’ap­plique et personne n’a aucun droit sur les conte­nus. Je me permets d’être en désac­cord.

    En France les docu­ments admi­nis­tra­tifs de l’État, des collec­ti­vi­tés terri­to­riales, des services publics, et des établis­se­ments publics sont publics de par la loi. Tous les citoyens doivent y avoir accès et nous avons même créé une commis­sion spéci­fique pour garan­tir cet accès, la CADA.  Il est je pense évident à tous que des résul­tats d’élec­tion ne peuvent de toutes façons être que publics et publiables dans une démo­cra­tie correcte.

    De quel droit ?

    C’est d’au­tant plus vrai ici qu’il n’y a aucune créa­tion origi­nale ni aucun travail intel­lec­tuel spéci­fique. Il s’agit de reprendre des données objec­tives et brutes dont même la collecté n’a rien d’une inten­tion intel­lec­tuelle parti­cu­lière. Je ne vois aucun droit d’au­teur permet­tant d’éta­blir une licence parti­cu­lière. Cela pour­rait se discu­ter pour des statis­tiques de l’INSEE où il y a un choix de recou­pe­ment, un travail spéci­fique de collecte et d’ana­lyse, mais pas ici.

    Reste le droit des bases de données, l’in­ter­dic­tion à un tiers de récu­pé­rer de façon auto­ma­ti­sée ou d’ex­traire une portion signi­fi­ca­tive des conte­nus d’une base de données. Du fait de la publi­cité obli­ga­toire des données, il me semble diffi­cile de jouer sur ce point. Dans tous les cas cela ne s’ap­plique­rait qu’à ceux qui collectent un ensemble de données et pas les résul­tats d’une élec­tion parti­cu­lière.

    Est-ce même conci­liable avec une démo­cra­tie ?

    Fina­le­ment, quel est le droit de l’état d’im­po­ser une licence pour l’uti­li­sa­tion des résul­tats d’élec­tion ? Est-ce vrai­ment souhai­table pour ce type de données dans une démo­cra­tie ? Si vrai­ment il fallait une licence, une WTFPL aurait été plus adapté à ce cas.

    Quand on commence à défi­nir qui a le droit et sous quelles condi­tions d’uti­li­ser, mani­pu­ler ou publier les résul­tats d’une élec­tion, on commence à toucher les limites de ce qui est accep­table en démo­cra­tie.

    Oui, j’em­ploie des grands mots dans des grandes phrases mais sinon, à force de toucher au prin­cipes de base, on finit par les oublier.

  • Député, ce mandat natio­nal

    J’ai­me­rai pouvoir faire passer une instance disci­pli­naire à chaque fois que j’en­tends un député-maire affir­mer que son mandat de député lui permet d’agir au mieux pour sa circons­crip­tion.

    Du site de l’As­sem­blée natio­nale :

    Chaque député, bien qu’élu  dans un cadre géogra­phique déter­miné, est le repré­sen­tant de la Nation tout entière. Ainsi, à l’As­sem­blée natio­nale et dans sa circons­crip­tion, chaque député agit et parle au nom de l’in­té­rêt géné­ral et non pas au nom d’un parti poli­tique, d’un groupe d’in­té­rêt ou d’une région.

    Un député est élu par une circons­crip­tion parti­cu­lière, mais n’est au service que de la France. S’il use parti­cu­liè­re­ment de son mandat dans l’op­tique d’en faire profi­ter sa circons­crip­tion, il réalise un détour­ne­ment de son mandat à la limite de l’abus de confiance. Si de plus il est maire ou élu local, on pour­rait même parler d’abus de bien sociaux en consi­dé­rant que l’élu souhaite en tirer un avan­tage person­nel pour sa réélec­tion.

    Quand vous enten­dez un député affir­mer que son double mandat lui permet d’être plus effi­cace au niveau local, vous savez main­te­nant quoi en penser.

  • Cachez moi ce sein que je ne saurai voir

    J’ai dit à @Bortz­meyer que je tente­rai d’ex­pliquer ma posi­tion sur le vote actuel de la WikiMe­dia Funda­tion. Twit­ter est un peu petit, et le sujet est diffi­cile. C’est long, vous pouvez passer direc­te­ment à la conclu­sion si vous êtes fainéants.

    De quoi parle-t-on ?

    Début 2010 Fox « découvre » qu’il existe des images de nu sur Wiki­pe­dia. Plus que de nu, Fox parle de porno­gra­phie ou de pédo­por­no­gra­phie. La direc­tion de Wiki­me­dia s’af­fole, ce qui me semble assez rare, et de nombreuses images sont pure­ment dépu­bliées, ce qui me semble plus qu’ex­cep­tion­nel.

    Vu de l’ex­té­rieur ça ressemble beau­coup à une prise de panique sous la pres­sion média­tique. Sont dépu­bliées quasi­ment toutes les illus­tra­tions liées au sexe. On y trouve des œuvres d’art comme des photo­gra­phies ou des dessins illus­tra­tifs liés aux articles sur le sexe (bref, une photo de sexe fémi­nin sur un article sur le sexe fémi­nin).

    Tout cela est caché rapi­de­ment, sans ména­ge­ment, sans concer­ta­tion (ce qui est grave et rare dans la commu­nauté Wiki­pe­dia). Il a fallu un bon moment avec beau­coup de récla­ma­tion pour voir reve­nir certaines œuvres d’art mondia­le­ment connues.

    À ma connais­sance, certains ont trouvé quelques images illus­tra­tives qui ne semblaient pas stric­te­ment néces­saires à la compré­hen­sion de la page ency­clo­pé­dique (comme sur tous les autres sujets, ce n’était pas du tout spéci­fique au sexe) mais aucune héber­ge­ment gratuit de porno­gra­phie et encore moins de pédo­por­no­gra­phie.

    Le vote actuel n’est que la suite de ces actions, après concer­ta­tion et conclu­sions.

    Que vote-t-on ?

    On vote la confir­ma­tion des conclu­sions et des solu­tions élabo­rées pour le problème relevé en 2010. Globa­le­ment la solu­tion rete­nue est de label­li­ser les images. Chacun, iden­ti­fié ou non, pour­rait chan­ger les préfé­rences de sa navi­ga­tion pour cacher ou montrer chaque caté­go­rie d’image sujette à contro­verse. Si ce n’est pas dit expli­ci­te­ment, il est entendu que certaines caté­go­ries d’images seront cachées par défaut.

    Voici donc les affir­ma­tions soumises au vote :

    • Il est impor­tant que les projets Wiki­me­dia offrent cette fonc­tion­na­lité aux lecteurs
    • Il est impor­tant que la fonc­tion­na­lité soit utili­sable à la fois par les lecteurs connec­tés et ceux non connec­tés
    • Il est impor­tant de pouvoir dé-cacher une image : les lecteurs doivent pouvoir chan­ger d’opi­nion rela­ti­ve­ment faci­le­ment.
    • Il est impor­tant que les gens puissent rappor­ter ou tagger des images qui leur semblent contro­ver­sées, lorsqu’elles n’ont pas été caté­go­ri­sées comme telles.
    • Il est impor­tant que cette fonc­tion­na­lité permette aux lecteurs de choi­sir rapi­de­ment et faci­le­ment quels types d’images ils veulent cacher (par exemple 5–10 caté­go­ries), ainsi les gens pour­ront choi­sir par exemple de cacher les images sexuelles mais pas les images violentes.
    • Il est impor­tant que la fonc­tion­na­lité soit cultu­rel­le­ment neutre : autant que possible, elle doit pouvoir reflé­ter une vue globale ou multi-cultu­relle des images poten­tiel­le­ment contro­ver­sées.

    Diffu­ser le savoir

    Le rôle de l’en­cy­clo­pé­die Wiki­pe­dia est de diffu­ser la connais­sance et de la rendre acces­sible à tous. Je sais que j’en­fonce des portes ouvertes, mais c’est fina­le­ment un point qui emporte mon avis sans même prendre en compte le reste.

    Cacher du contenu, image ou texte, en assu­mant une auto-censure sur le sujets sensibles, c’est à l’op­posé total de la raison d’être de Wiki­pe­dia. Son objec­tif devrait au contraire consis­ter à mettre d’au­tant plus en avant les sujets et les conte­nus contre versés ou qui sont habi­tuel­le­ment cachés par ailleurs.

    C’est d’au­tant plus vrai qu’un contenu sujet sensible, caché par défaut, sera d’au­tant moins surveillé, enri­chit, sujet à l’amé­lio­ra­tion de la commu­nauté. Ce sont pour­tant eux qui méri­te­raient le plus ce travail.

    Chut ! moins fort, on va nous entendre

    Mais un des points qui me fait le plus peur dans cette histoire est surtout celui de la confi­gu­ra­tion par défaut. Si certaines images sont cachées par défaut, les ré-affi­cher devient une action expli­cite, qui peut même être subver­sive. Tentez de reti­rer le filtre « safe search » de Google devant vos connais­sances, ou d’ex­pliquez pourquoi vous avez voulu voir tant de photos expli­cites dans vos résul­tats. Au mieux on rica­nera dans votre dos.

    Imagi­nez alors notre adoles­cent qui veut voir s’il est fait comme les autres, ou comment est fait le sexe opposé. Imagi­nez un homme ou une femme qui désac­tive le filtre pour regar­der les images d’une infec­tion dont il commence à souf­frir, ou qui faisait des recherches artis­tiques sur des œuvres compor­tant du nu. Imagi­nez-les justi­fier main­te­nant auprès de leur conjoint, parent, hiérar­chie, biblio­thèque, admi­nis­tra­tion, pourquoi donc ils ont été pervers au point de deman­der expli­ci­te­ment des images à carac­tères sexuelles ou violentes ?

    Oh, les adoles­cents ont de tout temps fait passé des photos ou des maga­zines sous le manteau. À vrai dire tout le monde préfère qu’ils aillent voir dans une ency­clo­pé­die plutôt qu’un site moins modéré. Mais reste qu’on leur repro­chera je ne sais quelle perver­sité qu’on n’au­rait pas eu l’idée d’in­voquer s’il n’y avait de de filtre au départ.

    L’auto-censure est vicieuse en ce qu’elle inverse les rôles. C’est celui qui veut s’en échap­per qui doit se justi­fier, et  subir les mauvaises inter­pré­ta­tions d’au­trui. On verra fleu­rir les régle­men­ta­tion en école, en biblio­thèque, en entre­prise, que la navi­ga­tion devra être « non porno­gra­phique ». Désac­tiv­ter le filtre des images sexuelles sur wiki­pe­dia… infrac­tion mon bon monsieur.

    On voit d’ailleurs d’au­tant mieux le tabou qu’il était un moment ques­tion d’au­to­ri­ser les dessins mais pas les photos pour certains sujets. Le problème n’est plus la perti­nence de l’illus­tra­tion ou la violence de la repré­sen­ta­tion, mais la pres­sion cultu­relle.

    En ajou­tant un filtre par défaut, on ne fait pas que subir les tabous des uns et des autres : on parti­cipe à leur diffu­sion et leur établis­se­ment dans les règles communes. Le rôle de l’en­cy­clo­pé­die n’est-il pas au contraire d’ap­puyer d’au­tant plus la diffu­sion de la connais­sance qu’elle ferait partie des tabous ou des connais­sances cachées ?

    Héré­sie !

    Même si nous pouvions, que cache­rions nous ? Un nu ? impli­cite ? expli­cite ? dans une rubrique méde­cine ? dans une rubrique amour ? dans une rubrique art ?

    Rien que l’ap­pel au vote parle de cinq à dix caté­go­ries et les essais d’in­ter­face laissent appa­raître des caté­go­ries sexe et violence mais aussi « méde­cine » ou « autres sujets à contre­verses ».

    Fina­le­ment, dans la vie, certaines ques­tions poli­tiques, certains faits histo­riques, certains partis pris reli­gieux ont bien plus de reten­tis­se­ment et de violence que le sexe ou le sang. On lance des guerres pour des cari­ca­tures et des héré­sies, pas pour des seins et des fesses.

    On risque de vite s’en rendre compte, poli­tique et reli­gion peuvent choquer, gêner, et bien plus. Dès lors, il va falloir justi­fier pourquoi on ne les filtre pas par défaut. Allons plus loin, pourquoi le texte ne serait pas choquant lui-même ? passé la surprise, la violence de la théo­rie de l’évo­lu­tion pour quelqu’un a qui on a ensei­gné la créa­tion est extrê­me­ment forte, idem pour une critique du chris­tia­nisme, une descrip­tion de la Shoah pour qui ne la connaît pas, ou un réca­pi­tu­la­tif des versets sata­niques.

    Fina­le­ment la connais­sance elle-même est juste­ment un sujet gênant voire choquant. C’est sa propre exis­tence que l’en­cy­clo­pé­die cherche à cacher si elle part dans cette voie là. Son rôle devrait au contraire être de braver ces inter­dits moraux ou cultu­rels pour diffu­ser la connais­sance.

    Montrez-moi votre cheville

    Mais ça ne s’ar­rête pas là puisque ces filtres de bien­séance dont on fait la promo­tion sont haute­ment cultu­rels. La défiance du nu n’est-elle pas forte­ment liée à notre civi­li­sa­tion judéo-chré­tienne ? Est-ce que des tribus afri­caines ou indiennes, austra­liennes ont cette même peur ?

    N’ou­blions pas qu’il y a encore un passé récent à l’échelle de la civi­li­sa­tion, les poitrines n’étaient pas tant taboues que les chevilles. Voir une cheville ? honte à toi. Ce que nous refu­sons aujourd’­hui est cultu­rel. Cela dépend de notre époque, mais aussi de nos racines cultu­relles. Placer des défauts par caté­go­ries  sans impo­ser la vision occi­den­tales, voire améri­caine, relè­vera du défi. J’ose prétendre que c’est stric­te­ment impos­sible, même avec la mondia­li­sa­tion de la culture occi­den­tale sur le web.

    Il va falloir batailler dur pour oser dire que le nu est plus choquant ou problé­ma­tique que tout le reste, et que ça ne vient pas simple­ment de la vision améri­caine qui se moque des versets sata­nique mais qui n’ose pas voir un téton.

    Think of the chil­dren

    Le problème c’est que comme toute censure moderne, on commence par la justi­fier avec l’ar­gu­ment de la pédo­por­no­gra­phie, ou la protec­tion de nos chéru­bins.

    Quel manque de vision ! Je ne parle même pas de l’idée qu’un enfant choqué par la repré­sen­ta­tion d’un nu n’est proba­ble­ment pas en âge de navi­guer seul sur le web. Je pars simple­ment du fait que celui-ci trou­vera bien d’autres sources pour sa curio­sité natu­relle et qu’à la limite c’est peut être sur Wiki­pé­dia qu’il vaudrait le mieux qu’il l’étanche.

    Je conçois qu’il s’agit là d’une opinion person­nelle forte­ment teinté de mes racines cultu­relles, mais croyez-vous que cet enfant ait besoin de Wiki­pe­dia pour tomber sur du nu dans notre société ? Tout au plus cela retire la « surprise », mais croire qu’il y aura surprise quand on va voir un article d’ana­to­mie, d’art ou qu’on suit un titre « cuni­lin­gus » c’est se faire des illu­sions.

    Pire, puisque si, comme il est proposé, chacun peut fina­le­ment affi­cher les images sur simple clic, ce ne sera même pas une protec­tion. On ne va proté­ger que l’en­fant qui navigue seul sur le web alors qu’il n’y est pas prêt, qui clique sur un lien dont il ne comprend pas le sujet, sujet qui affiche une illus­tra­tion de nature sexuelle ou violente assez forte pour choquer sérieu­se­ment vis à vis de tout ce qu’on voit ailleurs dans nos socié­tés. Pour ça, on est prêt à sacri­fier beau­coup de ce qu’est Wiki­pe­dia et à promou­voir un ordre moral propre à une culture parti­cu­lière.

    Si vrai­ment c’était une ques­tion propre aux enfants, on aurait un sous-site wiki­pe­dia spéci­fique aux enfants, genre *.child.wiki­pe­dia.org, qui présente le même contenu mais avec ce filtre par défaut et éven­tuel­le­ment des bandeaux d’aver­tis­se­ments et quelques mises en contexte plus adap­tées. Le travail initial est celui qu’on se propose de faire dans le vote, ni plus ni moins, mais on s’as­sure au moins qu’on ne cible que les gens qu’on cherche à proté­ger, que les effets de bord ne sont pas globaux.

    Sur la propo­si­tion

    Alors, j’ai répondu quoi ?

    J’ai un gros 0 sur le premier point. Non seule­ment la propo­si­tion ne me paraît pas impor­tante mais elle me paraît extrê­me­ment nocive. Pour le reste, si vrai­ment on doit avoir un filtre par défaut, alors effec­ti­ve­ment pas mal de points ont une impor­tance plus ou moins grande, mais c’est vrai­ment « parce que j’y suis obligé ». Je n’ai pas su répondre au dernier point, j’ai mis que je trou­vais cela très impor­tant mais je ne vois aucune solu­tion qui permette d’as­su­rer cette trans-cultu­ra­lité.

    La zone de texte est utile, elle m’a permis de réaf­fir­mer les dangers que je voyais à cette poli­tique, et d’amor­cer deux pistes si vrai­ment on doit aller sur ce terrain :

    • Que la caté­go­rie d’une même image puisse être diffé­rente suivant la langue utili­sée. Ce qui est choquant dans la culture fran­co­phone ne l’est pas forcé­ment au Japon. C’est malheu­reux de croire que « fran­co­phone » repré­sente une culture unique, mais c’est déjà mieux que de croire à une vérité globale.
    • Que les filtres acti­vés par défaut puissent être diffé­rents suivant la langue, pour la même raison, et avec le même regret de ne pouvoir cibler une culture plus préci­sé­ment.
    • Que les images filtrées soient télé­char­gées quand bien même elles seraient masquées, afin que jamais ce qui est là contre les mauvaises surprises ne puisse se retour­ner en outil de censure contre la connais­sance, donc qu’on ne puisse pas savoir (faci­le­ment) si j’ai effec­ti­ve­ment affi­ché l’image ou pas en consul­tant la page de la circon­ci­sion.
    • Que dans l’idéal on puisse réser­ver un sous-site spéci­fique aux enfants afin que ces filtres leurs y soient dédiés, qu’on puisse les « lais­ser navi­guer » sur cet envi­ron­ne­ment « moins dange­reux » sans dété­rio­rer cet outil de connais­sance qu’est le wiki­pe­dia prin­ci­pal. Pour le même prix ce wiki­pe­dia pour enfant peut cacher par défaut les liens externes (afin qu’on ne sorte pas inopi­né­ment de cette navi­ga­tion « sûre ») et ne pas propo­ser d’édi­tion (les conte­nus sont extraits du wiki­pe­dia prin­ci­pal et édités là bas).
  • 22 v’la les flics

    Ce qui me paraît le plus signi­fi­ca­tif dans les articles sur les émeutes londo­niennes c’est le demi soutien de la popu­la­tion aux acteurs de l’émeute. Seules les consé­quences sur les (petits) commerces semblent faire barrage.

    Je retrouve ce que j’avais vécu lors des émeutes de Gare du Nord en 2007 : Le parti pris par défaut des gens n’est pas pour les émeu­tiers, mais clai­re­ment contre les forces de l’ordre. Tout ce qui peut être fait par ces derniers est forcé­ment vu comme anor­mal, inac­cep­table, abusif. Tout ce qui peut leur arri­ver est vu comme mérité, voire soutenu.

    La défiance n’est pas d’hier

    Il y a toujours eu une défiance entre les indi­vi­dus et les repré­sen­tants de l’ordre, elle fait même partie du rôle dissua­sif de la force publique. Elle atteint toute­fois depuis quelques temps une posi­tion consen­suelle dange­reuse.

    J’ai peur de ce qui peut arri­ver dans une société où la popu­la­tion se sent instinc­ti­ve­ment contre ceux qui sont censés la proté­ger. Je ne me permets pas ici de porter un juge­ment sur la posi­tion de chacun. Je me contente de consta­ter que cet état ne peut qu’en­cou­ra­ger chaque événe­ment un peu fort à faire boule de neige et termi­ner en situa­tion grave.

    Nos forces de l’ordre ont le choix entre l’ex­cès et l’inac­tion. L’ex­cès car si l’in­ter­ven­tion provoque en elle-même une oppo­si­tion, elle doit être renfor­cée en consé­quence, et finir plus violente qu’il ne serait néces­saire. L’al­ter­na­tive est l’inac­tion, en espé­rant que la situa­tion se résolve d’elle-même. Les deux alter­na­tives mènent à une dégra­da­tion sur le long terme, qui s’auto-alimente au fur et à mesure.

    N’es­pé­rons pas le point de rupture

    Si ce n’est une évolu­tion des menta­li­tés, quelle sortie a-t-on si ce n’est subir en atten­dant le point de rupture ? Le terme de révo­lu­tion est malheu­reu­se­ment idéa­lisé dans nos livres scolaires, au point qu’on en oublie qu’il est quasi­ment toujours asso­cié à la notion de guerre, civile qui plus est.

    Même pour ceux qui attendent cette révo­lu­tion, nous avons bien des moyens de la faire venir sans encou­ra­ger la montée de la violence poli­cière cumu­lée à un laissé faire doma­geable à la société. N’ou­blions pas que si nous permet­tons à une situa­tion apai­sée de s’ins­tal­ler, il n’ap­par­tien­dra qu’à nous d’uti­li­ser les poli­tiques pour leur impo­ser une société diffé­rente.

    Pensez-y quand vous dépré­ciez l’ac­ti­vité géné­rale de la police et pas seule­ment un fait parti­cu­lier, quand vous contri­buez à géolo­ca­li­ser les radars, quand vous utili­ser une appli­ca­tion qui piste le chemin des contrô­leurs du métro, …. Si indi­vi­duel­le­ment tout ceci est mineur, c’est ainsi qu’on sépare le peuple et ceux qui sont à son service. Rien de bien ne peut en sortir.

  • Dépu­tés, la polé­mique sur les statis­tiques d’ab­sen­téisme est de votre faute

    Les statis­tiques de nosde­putes.fr montrent des problèmes clairs de repré­sen­ta­tion démo­cra­tique et de fonc­tion­ne­ment du parle­ment. Pour autant la réac­tion des dépu­tés est à la néga­tion, et ça ne date pas d’aujourd’­hui.

    Alors oui, la sanc­tion finan­cière en cas d’ab­sence répé­tée dans les commis­sions perma­nentes du mercredi matin est inap­pro­priée : Le problème n’est pas finan­cier à la base. Le seul objet de la sanc­tion est de symbo­li­ser le problème en le mettant en lumière. Une visi­bi­lité publique effi­cace fait large­ment le même travail.

    Mais en même temps tout ceci est bien de votre faute messieurs les dépu­tés. Je cite Alain Néri : « Ne sommes-nous pas arri­vés à cette situa­tion parce que certains de nos collègues sont deve­nus plus assi­dus à la salle des quatre colonnes, et devant les camé­ras de télé­vi­sion, que dans les salles de commis­sions, se faisant par les complices de la statis­tique ? »

    L’élu rend compte aux citoyens, dont il est le repré­sen­tant

    Il est légi­time pour le citoyen de deman­der des comptes à ses repré­sen­tants. Le vote doit se baser sur ces éléments, pas les rempla­cer en une sorte de plébis­cite ou de vali­da­tion morale.

    Dès lors, à défaut d’autre chose, le citoyen faut avec ce qu’il a : des statis­tiques tronquées, incom­plètes, et qui ne donnent qu’un aperçu gros­sier ou faussé de votre travail. Il fera aussi pres­sion pour que soient prises des mesures sur la base des faibles statis­tiques qu’il a, quitte à ce que ces sanc­tions soient aveugles et peu perti­nentes. Il fera pres­sion à chaque fait divers et vous devrez un jour les accep­ter quand le fait divers coïn­cide mal avec l’agenda poli­tique ou élec­to­ral.

    La balle est dans votre camp

    C’est ce qu’il s’est passé, ni plus, ni moins. Mais ne l’ou­bliez pas, vous avez encore la possi­bi­lité de corri­ger le tir. En prenant des mesures coura­geuses contre les excès et en publiant sous un format clair et exploi­table tout ce qui est néces­saire pour un contrôle citoyen, vous auriez la lati­tude de défi­nir vous-même ce qui est un excès et comment y remé­dier. Vous pour­riez mettre en avant ce qui est d’après vous repré­sen­ta­tif de votre travail et de vos actions. Bref, vous auriez la main pour donner l’image du parle­ment, de son travail et de ses élus qui vous semble la plus perti­nente.

    Au lieu de ça, tant que vous lutte­rez contre ces « révé­la­tions », tant que vous tente­rez de frei­ner, limi­ter ou empê­cher la trans­pa­rence et le regard des citoyen sur votre acti­vité, vous ne pour­rez que subir ces statis­tiques, et déplo­rer de mauvaise foi qu’elles sont fran­che­ment biai­sées et peu repré­sen­ta­tives.

    Nous n’at­ten­dons que vous

    Bref, tout ceci est de votre faute, mais vous avez la main. Sinon nous ferons sans vous et malgré vous, parce que c’est ça la démo­cra­tie. Ça pren­dra juste plus de temps et ça sera fran­che­ment désa­gréable pour tout le monde en atten­dant.

  • Comment les dépu­tés voient les règles contre l’ab­sen­téisme en commis­sion

    Les statis­tiques de nosde­putes.fr ont le mérite d’avoir déclen­ché des discus­sions. C’est d’ailleurs l’objec­tif assumé au départ et rien que pour ça, leur article mérite d’avoir été publié et diffusé. L’at­ti­tude de certains de nos dépu­tés reste à mes yeux incom­pré­hen­sible ou inac­cep­table, c’est suivant.

    Pour mieux comprendre le déca­lage entre la vision des citoyens et celle des dépu­tés sur le sujet, le mieux est d’al­ler lire les minutes de la séance du 21 octobre 2009. Quel que soit votre avis sur la perti­nence des statis­tiques d’ab­sen­téisme, la lecture est primor­diale.

    Quelques cita­tions

    Pour Jean-Claude Guibal « Nous [deputes] n’avons pas à rendre des comptes aux média », ce qui m’ap­pa­rait person­nel­le­ment une drôle de concep­tion de la notion de repré­sen­tant du peuple, ou de celle des medias don’t le rôle est de collec­ter et diffu­ser l’in­for­ma­tion.

    D’autres comme Jean-Michel Bouche­ron militent tout simple­ment pour que moins d’in­for­ma­tions soient publiées, par exemple que « la mention du nombre des ques­tions posées par chacun des dépu­tés dispa­raisse ». Pour­tant la publi­cité du travail d’un élu est la base même du système repré­sen­ta­tif, sinon on ne peut pas juger de ce travail et cela devient un simple concours de publi­cité le temps de chaque l’élec­tion.

    Pour André Schnei­der tout cela est très dange­reux : « Déjà, certains s’in­té­ressent à nos dépenses ». La séance date pour­tant d’à peine quelques mois après le scan­dale des notes de frais du parle­ment du Royaume Uni. L’im­por­tance pour les citoyens de contrô­ler les finances et les dépenses aurait du sauter aux yeux. Vu les récents déboires actuels au Sénat, on voit bien que la France n’a pas une fron­tière magique contre les déra­pages.

    Henriette Marti­nez va même jusqu’à trou­ver logique, si on sanc­tionne les absences du mercredi matin, d’ « attri­buer un bonus lorsqu[‘ils] assistent à des réunions hors mercredi matin ». Je n’ose penser qu’elle croit être payée pour une demi-jour­née et que les réunions du reste de la semaine compensent ou justi­fient les absences aux commis­sions perma­nentes du mercredi matin.

    Le plus bel exemple du problème vient d’Alain Cousin qui note « Je suis président du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion d’Ubi­france, charge que j’es­saie de remplir le plus conscien­cieu­se­ment possible, mais qui m’amène à être souvent occupé les mercredi matins [pour les commis­sions parle­men­taires perma­nentes où il faut émar­ger] ».  S’il fallait une illus­tra­tion de l’en­ga­ge­ment de nos dépu­tés et de leurs prio­ri­tés, je crois que c’est désor­mais chose faite. Je me demande quelle serait la réponse de cet admi­nis­tra­teur si les employés faisaient absence tous les mercre­dis pour remplir d’autres enga­ge­ments privés, ou pour leur cours hebdo­ma­daire de piscine.

    L’exemple précé­dent a toute­fois la concur­rence de Henri Pagnol qui note que « Sinon [si la mesure de sanc­tions en cas d’ab­sence est appliquée], je ne vois plus l’in­té­rêt d’être député. » Que ceux qui comprennent que le mandat de député n’a d’in­té­rêt que parce qu’on n’a aucun compte à rendre sur son travail et qu’on peut y être absent lèvent la main. Les autres peuvent utili­ser les commen­taires pour m’ex­pliquer ce qu’ils en ont compris.

    Des problèmes et des solu­tions

    Clai­re­ment, il y a un agace­ment de tout ce monde d’être surveillé. Il s’agit là d’un gros problème de démo­cra­tie. Que le repré­sen­tant souhaite une opacité sur ses actions est inima­gi­nable, et pour­tant c’est bien ce qui arrive ici.

    Plusieurs dépu­tés vivent mal la possi­bi­lité d’être pris en faute « à cause des excès de certains ». Mais en même temps, vu que le parle­ment a la totale maîtrise de son fonc­tion­ne­ment et de ses règle­ments, pourquoi ne pas avoir agit plutôt si ces excès sont connus de tous ? Et en quoi les excès de certains justi­fient-ils les liber­tés moins impor­tantes des autres ?

    Enfin, il y a ceux qui discutent de la non-perti­nence de la statis­tique, qui ne prend en compte que le mercredi matin, qui ne montre pas le travail effec­tué, ou qui pour­rait comp­ter les inter­ven­tions sans en noter l’uti­lité. Malheu­reu­se­ment la solu­tion de nos dépu­tés semble être de vouloir cacher les infor­ma­tions au lieu de les détailler pour permettre au citoyen de faire une réelle analyse plus sérieuse.

    Il est peut être temps de faire avan­cer les menta­li­tés : Dépu­tés, ces sanc­tions stupides sont de votre faute. Vous avez encore la main mais si vous n’avan­cez pas, nous le ferons sans vous.

  • Les dépu­tés inutiles sont absents, tout est normal

    Le fossé se creuse chaque année entre la classe poli­tique et le peuple. D’ailleurs le simple fait de parler de classe poli­tique et de la sépa­rer du peuple est en soi un symp­tôme assez grave pour une démo­cra­tie.

    Cette semaine le collec­tif Regards Citoyens publie son étude annuelle sur l’ab­sen­téisme des dépu­tés en commis­sion et aux votes solen­nels en hémi­cycle. Le résul­tat laisse appa­raître que l’ab­sence de nombreux dépu­tés, et certains même qui n’ont jamais fait acte de présence dans leurs commis­sions.

    La démo­cra­tie est bien comprise

    Bien entendu les premières défenses fusent avec « vous n’avez rien compris à la démo­cra­tie » ou « ce n’est pas le travail d’un député ».

    J’ose penser que dans une démo­cra­tie c’est au peuple de juste­ment défi­nir ce que ses repré­sen­tants doivent faire et qu’elles en sont les fonc­tions. Dire au peuple qu’il n’a rien compris à la démo­cra­tie ou que ses repré­sen­tants savent mieux que personne comment inter­pré­ter la notion et leur rôle, c’est une contra­dic­tion fonda­men­tale.

    Le peuple peut ne rien comprendre, mais ce qu’il exprime est forcé­ment démo­cra­tique, par défi­ni­tion.

    Le député inutile

    On trouve plusieurs excuses aux absences des dépu­tés mais celle qui m’agace le plus est celle des parti­sans d’Ar­naud Monte­bourg : Siéger ne sert à rien puisqu’il est dans l’op­po­si­tion et que toutes les lois de l’op­po­si­tion sont de toutes façons reje­tées.

    On me dit que cette inuti­lité date de la réforme du parle­ment, qu’il a forte­ment combat­tue. Le site nosde­putes.fr ne relève en effet pas son nom dans le premier listing qui date d’avant le chan­ge­ment. Ceci dit, s’il pense réel­le­ment être inutile dans son rôle de député, qu’il en prenne acte et démis­sionne.

    Compre­nons bien que de nombreux autres dépu­tés de l’op­po­si­tion, moins en vue, ont eux une présence respec­table dans leurs attri­bu­tions au parle­ment. Est-ce à dire qu’ils viennent unique­ment pour la lumière ou le chauf­fage ?

    Le rôle du député

    Selon ses défen­seurs Arnaud Monte­bourg se trou­ve­rait plus utile à mili­ter et faire émer­ger des idées. Exac­te­ment, il fait campagne. L’ac­ti­vité est utile, respec­table, et il est tout à fait quali­fié pour cela.

    L’idée est inté­res­sante, sauf qu’il n’est pas néces­saire d’être député pour faire émer­ger des idées ou mili­ter. D’au­tant que trois ans de campagne (2009–2010, 2010–2011, et le 2011–2012 à venir) sur cinq ans de mandat, on ne peut consi­dé­rer cela comme une façon accep­table de remplir son mandat.

    L’élu a un rôle de repré­sen­ta­tion et s’il est une bonne chose qu’il ait des idées, on ne lui en a pas délé­gué la respon­sa­bi­lité. C’est un rôle qu’il peut tenir dans le parti, ou même en dehors. J’ose même avan­cer que l’As­sem­blée Natio­nale est proba­ble­ment le mauvais endroit pour faire émer­ger des idées qui n’ont pas été pensées et débat­tues ailleurs.

    Le rôle des dépu­tés est, d’après la consti­tu­tion, de voter les lois, de contrô­ler l’ac­tion du gouver­ne­ment, et d’éva­luer les poli­tiques publiques. Les notions de mili­tan­tisme ou d’émul­sion d’idées sont tota­le­ment absentes de l’ar­ticle 24 de la consti­tu­tion.

    Le finan­ce­ment

    Le député perçoit un salaire, un titre qui lui ouvre des portes, des rembour­se­ments pour ses dépla­ce­ments, le finan­ce­ment de ses colla­bo­ra­teurs. Rien d’anor­mal et même rien d’ex­tra­va­gant contrai­re­ment aux colpor­tages des mauvais jour­naux.

    Si on ne vote pas parce que c’est inutile pour l’op­po­si­tion, et qu’on ne siège pas en commis­sion sont réali­sés les travaux de contrôle et d’éva­lua­tion, ce finan­ce­ment est fina­le­ment utilisé à des fins tierces, qui ne sont pas celles du mandat de député.

    Je n’irai pas jusqu’à vouloir y coller l’étiquette d’abus de biens sociaux mais ce qui est certain c’est que ça me gêne person­nel­le­ment. L’émer­gence des idées et le mili­tan­tisme (et à fortiori encore plus si c’est faire campagne pour une élec­tion suivante) le parti ou d’autres grou­pe­ments peuvent le finan­cer. Si cela peut faire partie des acti­vi­tés du député, cela n’est pas sa fonc­tion et cela ne peut être l’oc­cu­pa­tion essen­tielle.

    Le nombre

    Si l’ex­cuse des parti­sans d’Ar­naud Monte­bourg m’agace d’au­tant plus c’est que ce dernier est à l’ori­gine de beau­coup de propo­si­tions sur la réforme de nos insti­tu­tions. Le simple fait qu’il puisse abuser des insti­tu­tions actuelles me freine du coup d’au­tant plus pour lui faire confiance (et c’est dommage parce que beau­coup de ces pistes m’ap­pa­raissent comme perti­nentes).

    Arnaud Monte­bourg, vos idées valent mieux que l’exemple que vous donnez au parle­ment. Chan­gez d’at­ti­tude (il ne vous reste qu’un an à tenir) ou, si vrai­ment comme vous l’avez dit hier vous ne pensez pas avoir d’autre rôle que celui de potiche, démis­sion­nez. Personne ne vous oblige à garder un mandat que vous ne remplis­sez plus. Pour quelqu’un qui souhaite un renou­veau de poli­tique c’est assez peu compré­hen­sible.

    Mais en même temps, je n’ou­blie pas qu’il n’est pas seul, et qu’à la limite il y a pire. Que, par exemple, Laurent Fabius ne soit que pour signer le registre sans même être présent aux commis­sions me gêne fina­le­ment encore plus parce qu’il y a un problème d’hon­nê­teté et de trans­pa­rence. La droite n’est pas plus à l’abris de ces ques­tions, c’est d’ailleurs plus lié aux personnes qu’aux partis ou aux idées.

    Dépu­tés, la polé­mique sur ces statis­tiques est de votre faute. Vous avez encore la main mais si vous n’avan­cez pas, nous le ferons sans vous.

  • Depuis quand est-ce normal ? – service public

    Depuis quand est-ce accep­table d’at­tendre 4 à 7 heures aux urgences d’un hôpi­tal ?

    Si la ques­tion n’est pas de moi elle résonne très bien dans mon esprit. Ça aurait certai­ne­ment pu arri­ver il y a 30 ans, mais je ne crois sérieu­se­ment pas que cela aurait été consi­déré comme « normal ».

    Le tour de force

    Quand j’ai posé la ques­tion autour de moi on m’a parlé caté­go­ri­sa­tion des urgences, de prio­ri­sa­tion, de la surcharge des services avec des urgences non vitales, de ce que devrait être le travail d’un méde­cin urgen­tiste, de la possi­bi­lité de donner des anti-douleurs pour aller voir le lende­main son méde­cin géné­ra­liste quand ce n’est pas vital, etc.

    Au final toutes ses réponses reviennent au même dans mon esprit : Nous caté­go­ri­sons et nous justi­fions la baisse de qualité du service globale par la néces­sité de trai­ter correc­te­ment la caté­go­rie la plus vitale.

    Cela revient simple­ment à dire que nous manquons de moyen pour trai­ter tout le monde correc­te­ment. Le tour de force commu­ni­ca­tion­nel est d’être arrivé à ce que les consé­quences de ce manque de moyen soit consi­déré comme « normal ».

    Non ce n’est pas normal

    Parce que non ce n’est pas normal. Que ça puisse arri­ver excep­tion­nel­le­ment à cause d’une affluence impré­vi­sible je ne le nie pas. Que ce soit fréquent ou normal ça je ne peux pas être d’ac­cord.

    S’il y a du mauvais routage il doit être détecté et renvoyé ailleurs lors de l’ac­cueil. Bien évidem­ment il n’est pas accep­table qu’un service d’ur­gence mette plusieurs heures avant de quali­fier une arri­vée.  Visi­ble­ment ça arrive tout de même.

    Expé­rience perso: j’ai attendu 4h une radio qui détecta un pneu­mo­tho­rax. Je suis passé de l’étiquette verte au bloc opé en 10min — Cyprien

    Il n’est pas non plus normal d’at­tendre plusieurs heures après ce premier tri. Si le cas est jugé « retour­nez chez vous » ou « prenez rendez vous chez votre méde­cin pour la semaine prochaine » alors la ques­tion ne se pose pas. Si par contre le cas doit être traité avant de renvoyer le patient chez lui, alors attendre 4 ou 7 heures n’est proba­ble­ment pas accep­table et ne doit donc pas être « normal » (dans le sens « non excep­tion­nel).

    De la dégra­da­tion du service public

    Vrai­sem­bla­ble­ment le délai d’at­tente aux urgence s’est allongé à un point qui n’au­rait pas été jugé accep­table par le passé, et qui douce­ment est devenu plus fréquent au point qu’il soit consi­déré désor­mais comme « normal ».

    Ce n’est pas un cas isolé. À mon arrêt de métro il y avait la place pour trois guichets de vente et conseil. Je suppose qu’à un moment il y avait eu trois personnes ou qu’au moins ça avait été envi­sagé. Je l’ai vu avec deux deux personnes aux heures de pointes, puis c’est passé à une seule. Par la suite ils ont fait des travaux et il n’y a plus physique­ment qu’un seul guichet. Au fur et à mesure plusieurs employés se sont mis à refu­ser de vendre et ne faisant plus que le conseil et redi­ri­geant vers les machines. Main­te­nant cet employé unique est aussi le gérant de la station donc souvent absent du guichet et inac­ces­sible en cas de besoin. Je crois même avoir vu une station sans aucun guichet où on conseille désor­mais de se rendre à une autre station si on a besoin de quelqu’un. Tout ça en cinq ans à peine.

    Pour La Poste c’est pareil. Je ne parle pas que du temps d’at­tente mais aussi du nombre d’agences en dimi­nu­tion, des horaires qui se réduisent, du nombre de tour­nées qui est passé de trois histo­rique­ment sur Paris à deux, puis à une seule. Main­te­nant on me donne même des avis de passage pré-remplis sans sonner à l’in­ter­phone pour tenter de me remettre le colis ou le recom­mandé. On entend aussi des gens parler de facteurs qui font parfois des demies tour­nées en stockant le cour­rier non impor­tant de l’autre moitié pour le donner le lende­main. Je ne serai pas étonné d’en­tendre demain La Poste propo­ser une tour­née un jour sur deux seule­ment pour les cour­riers simples des parti­cu­liers.

    On peut malheu­reu­se­ment multi­plier faci­le­ment les exemples dans tous ou presque les services publics qui ont un accueil.

    De la source du problème

    Il ne s’agit pas de critiquer la prise en charge ou de prétendre réor­ga­ni­ser l’hô­pi­tal. Sans aucun doute possible, d’autres aspects du trai­te­ment des urgences ont sensi­ble­ment progressé dans le même temps : la tech­ni­cité, l’ef­fi­ca­cité, ou le nombre de problèmes couverts par exemple. Très proba­ble­ment la néces­sité de cette attente augmen­tée découle d’un choix poli­tique d’af­fec­ta­tion de moyens finan­ciers ou humains, ou de prio­ri­tés dans l’uti­li­sa­tion de ces moyens.

    Je ne connais pas le domaine, la cause peut être autre (ou multiple) dans le cas des urgences. Par contre que ce problème de régres­sion soit géné­ral m’in­cite à penser que c’est aussi un choix de société. C’est un choix non expli­cite, proba­ble­ment non subi et non souhaité, mais un choix tout de même.

    Voici la ques­tion qui résonne encore chez moi : Depuis quand est-ce accep­table ?

    Impli­ci­te­ment : Est-ce réel­le­ment une bonne chose, ne pour­rions-nous pas faire d’autres choix pour notre service public ?


    Si vous voulez discu­tez de la perti­nence de mon exemple d’ur­gence, de ce qu’est une urgence, de la justi­fi­ca­tion des heures d’at­tente ou de leur légi­ti­mité, il y aura un autre billet. Merci de rete­nir vos commen­taires à ce sujet pour ne pas mélan­ger les réflexions.

  • Savoir se rappe­ler comment vivent les autres

    Je parle souvent salaire. J’en courage mes pairs à ne pas lais­ser les rému­né­ra­tions se tirer vers le bas et au contraire à valo­ri­ser leurs compé­tences.

    On vit parfois telle­ment dans une bulle qu’il est diffi­cile de se rappe­ler que ce n’est pas le cas de tous. À force de consi­dé­rer mutuelle, RTT et gadgets tech­no­lo­giques comme allant de soi, on perd de vue qu’on reste des privi­lé­giés.

    100 € par jour, c’est fran­che­ment insuf­fi­sant

    Ma dernière réac­tion vient de réac­tions à une offre d’em­ploi pour un indé­pen­dant à 100 € / jour sur le mode « ça ne permet pas de vivre » ou « ça devrait être inter­dit ».

    Dans l’his­toire l’in­dé­pen­dante a très bien fait de refu­ser, voire de se scan­da­li­ser. C’est une rému­né­ra­tion inac­cep­table par rapport à la valeur ajou­tée et tota­le­ment hors des stan­dards du marché.

    Mais c’est plus que ce que gagnent la plupart des sala­riés

    Pour­tant, après un calcul rapide pour reti­rer les coti­sa­tions sociales auto-entre­pre­neur (18,4 % dont la retraite) et cinq semaines de congés, on est au dessus du salaire médian, quelque part dans le sixième décile. Sixième décile ça veut dire qu’on gagne plus que 60 % des sala­riés français.

    Si on souhaite compa­rer avec un sala­rié en ajou­tant une compen­sa­tion de 25 % pour l’as­su­rance chômage et du temps de trai­te­ment admi­nis­tra­tif ainsi qu’un rembour­se­ment de trans­port de 50 € par mois, on reste dans le cinquième décile, au dessus du salaire médian français.

    En compa­rant avec un sala­rié un peu plus avan­tagé qui a une mutuelle d’en­tre­prise, 8 jours de RTT et une petite coti­sa­tion de retraite complé­men­taire, on tombe au milieu du quatrième décile, c’est à dire qu’on gagne plus que 45 % des sala­riés français.

    Comme Julien insiste *très* forte­ment pour que je compte tout : Je n’ai pas compté l’as­su­rance chomage parce que pour moi ça fait parti du choix assumé de se mettre indé­pen­dant au départ (échan­ger sécu­rité contre liberté et capa­cité de faire plus). J’ai du coup toute­fois fait le calcul. En retran­chant l’as­su­rance chomage on reste sur le tout début du quatrième décile. En comp­tant en plus des frais fixes de maté­riel on tombe alors dans la moitié haute du troi­sième décile. C’est nette­ment plus bas mais on reste sur le même ordre de gran­deur/compa­rai­son. Cela ne change pas le fond du discours, cepen­dant.

    C’est encore plus que ce qu’ont la plupart des français

    Mon propos n’était pas de compa­rer la rému­né­ra­tion d’un travailleur mais bien le fait de pouvoir vivre ou pas avec. Si on ne prend pas en compte que les sala­riés mais aussi les chômeurs et non actifs, la rému­né­ra­tion arrive vite au dessus de celle d’une grosse majo­rité de la popu­la­tion. Je ne serai même pas étonné qu’on se trouve dans le tiers le plus riche (mais si j’ai véri­fié préci­sé­ment mes chiffres jusque là, ici c’est une esti­ma­tion pure­ment arbi­traire de ma part).

    De se rappe­ler de la réalité

    Qu’on soit clairs, mon propos n’est pas de dire qu’on vit bien avec une telle somme, ou que l’offre de travail était honnête ou inté­res­sante. Ce n’était pas le cas. Mais il ne faut pas non plus oublier que ce qu’on attend sont une rému­né­ra­tion et des pres­ta­tions de privi­lé­giés.

    La grande majo­rité des gens vivent avec beau­coup moins que ça. Refu­ser un nivel­le­ment par le bas est une chose, oublier qu’on reste dans la sphère des privi­lé­giés, ça c’est indé­cent.


    Note finale pour les réac­tions :

    L’exac­ti­tude du calcul m’in­dif­fère et ce n’est pas le propos. Sauf si vous pensez descendre au premier ou second décile, en utili­sant des chiffres véri­fiés et pas des esti­ma­tions au jeté, cela ne change rien à mon billet.

    De même, je ne souhaite pas compa­rer le niveau de pres­ta­tions entre un sala­rié et un indé­pen­dant. Je sais qu’il y a des garan­ties diffé­rentes dans les deux cas, je ne m’in­té­res­sais qu’à la réalité de ce qu’est réel­le­ment gagner peu. C’est d’au­tant plus vrai qu’ici être indé­pen­dant est un choix déjà fait, acté.

    Enfin, même si je le dis au début je sais que ça risque de ne pas être lu si je ne le rappelle pas : Je ne défends certai­ne­ment pas la propo­si­tion de l’em­ployeur. Elle est inac­cep­table pour ce type de pres­ta­tions, tota­le­ment en hors des habi­tudes du marché, et sans rapport avec la valeur ajou­tée atten­due sur la pres­ta­tion. Je féli­cite l’in­dé­pen­dante concer­née de l’avoir refusé et elle a tout mon soutien. C’est juste la forme des réac­tions autour qui m’ont gêné, certai­ne­ment pas le fond.

    Merci de garder la même ligne dans les commen­taires. Vous êtes bien­ve­nus à discu­ter de ces trois points par twit­ter si vous voulez ou en répon­dant chez vous avec un simple lien ici dans les commen­taires, mais ici je dépu­blie­rai sans ména­ge­ment ce qui est posté ici et qui dévie trop du propos initial.