Catégorie : Politique et société

  • Et Galli­mard épousa la reine d’An­gle­terre

    Un canu­lar avec une annonce radi­cale pile au moment d’un grand événe­ment. La fausse annonce a été reprise en masse. Les gens sont-ils crédules ou l’an­nonce est-elle crédible, je ne sais pas. Peu importe, les fausses infor­ma­tions se diffusent vite sur les réseaux. Rien de neuf et je ne vois même plus l’uti­lité de ce type d’ex­pé­rience.

    Par contre le billet est inté­res­sant dans ses captures d’écran des messages twit­ter. J’y ai vu une parti­cu­la­rité : Chaque relai fait un lien vers l’ar­ticle source. Là où les jour­na­listes des medias tradi­tion­nels ont tendance à écrire des articles origi­nels ou à refaire une annonce à leur compte, sur le web c’est le lien vers la source qui prime. Chaque à chacun de déci­der quelle confiance il accorde à la source origi­nelle. Sauf à le préci­ser expli­ci­te­ment, le relai web ne fait qu’in­for­mer, il n’en­dosse pas la respon­sa­bi­lité de la véra­cité de l’in­for­ma­tion.

    Je trouve cette façon de faire beau­coup fina­le­ment beau­coup plus saine. Ce réflexe des inter­nautes met aussi plus ou moins en échec la critique « vous avez repu­blié une fausse infor­ma­tion sans la véri­fier ». Person­nel­le­ment je trouve beau­coup plus déran­geant l’ab­sence de lien vers la source pour les articles plus tradi­tion­nels, même s’ils véri­fient l’in­for­ma­tion avant de publier.

    Si les relais web ne méritent pas tant la critique, je pense qu’il y a une ques­tion à se poser vis à vis des auteurs initiaux du canu­lar. Relayer une source erro­née est une chose, créer une fausse infor­ma­tion en est une autre. Quel est le contrat moral vis à vis des lecteurs ? Même si la vérité est révé­lée plus tard, souhaite-t-on douter à chaque future lecture en se deman­dant si c’est un nouveau canu­lar ? C’est encore plus vrai étant donné que d’autres infor­ma­tions sont relayées sur ces mêmes sites, cette fois sans lien source, basées sur la confiance dans l’édi­to­rial du site. Que le canu­lar soit révélé ensuite ou pas ne change rien, qu’on soit tombé dedans ou pas non plus, on est légi­time à douter. C’est plutôt amusant pour l’ex­pé­rience passé, mais gênant pour l’ex­pé­rience à venir. Tel est pris qui croyait prendre dit-on parfois.

  • Pour le paie­ment, les Austra­liens choi­sissent les empreintes digi­tales

    Le numé­rique et les nouvelles tech­no­lo­gies relèvent encore du fantasme pour certains. Ils ont plus l’im­pres­sion de vivre dans la science fiction qu’a­vec les réali­tés.

    Pour le paie­ment, les Austra­liens choi­sissent les empreintes digi­tales. C’est génial, on a l’im­pres­sion de vivre dans le futur, mais c’est peut être le seul avan­tage. Qui s’est posé la ques­tion des contraintes à vali­der ?

    Les empreintes digi­tales ça se vole et ça se fausse sans avoir une équipe qui s’ap­pelle Mission Impos­sible. La sécu­rité réelle est loin de ce qu’on imagine. Les empreintes digi­tales ce n’est pas pérenne non plus. On peut s’abi­mer le doigt : C’est souvent tempo­raire mais parfois perma­nent ou régu­lier. Oh, et on peut se servir de votre doigt après vous avoir donné un bon coup sur la tête.

    Le système de code secret n’est pas parfait non plus mais il a quelques avan­tages. Ceux qui font de la haute sécu­rité avec biomé­trie asso­cient toujours cette biomé­trie avec un système de code secret.

    Plutôt qu’en­vi­sa­ger le progrès tech­no­lo­gie comme un rêve de science fiction, et si nous nous occu­pions à résoudre les vrais problèmes de tous les jours ? Par exemple permettre de payer par carte les petits paie­ments, ou permettre à chacun de rece­voir des paie­ments par carte sur son compte bancaire sans avoir à monter un site de commerce élec­tro­nique avec des abon­ne­ments bancaires bien chers. Savoir si on utilise du NFC, de la biomé­trie ou un code secret, c’est fina­le­ment un faux problème.

  • Entre­pre­neurs, chan­gez de combat

    J’ai fait deux billets sur des chiffres parce que les réac­tions me semblaient à côté de la plaque, mais j’ai l’im­pres­sion que ce sont mes propres écrits qui se sont trom­pés d’ar­gu­ment.

    Dites, entre­pre­neurs, êtes-vous certains de ne pas vous trom­per de combat quand vous attaquez le projet fiscal ?

    Il y a la réalité des chiffres. Quelques uns l’ont discuté, on a trouvé une petite diffé­rence qui a été mise à jour. Il y a visi­ble­ment encore une ques­tion à régler dans la gestion des parts fiscales. Dans l’en­semble mes billets étaient là dessus.

    Mais juste­ment, en discu­tant les gens sont rapi­de­ment partis sur des posi­tions en dehors des chiffres sur les risques, sur les diffi­cul­tés, sur le manque d’in­ci­ta­tion, et sur le manque de soutien voir l’achar­ne­ment.

    La vie de l’en­tre­prise

    Ces points là je les entends. Luttez pour que l’État retire les emmer­de­ments, arrête de mettre des bâtons dans les roues, soutienne voir finance au besoin. Il y a eu un soutien au CIR et au JEI récem­ment, c’est certai­ne­ment dans ces esprits qu’il faut travailler. On peut aussi inci­ter à l’in­no­va­tion et à l’en­tre­pre­na­riat dans les univer­si­tés. On peut aussi parler du chômage ou du filet de sécu­rité des entre­pre­neurs quand ils échouent (vu qu’on parle de risques). On peut parler des charges fixes des TPE et PME. On peut même parler du moyen de rému­né­rer par anti­ci­pa­tion l’en­tre­pre­neur qui créé sa société quand elle n’est pas encore béné­fi­ciaire.

    Là dessus je pense que vous aurez le soutien de la plupart des gens à condi­tion de ne pas abuser et de ne pas récla­mer la survie sous injec­tion publique de socié­tés qui n’ont aucun espoir de fonc­tion­ner seules.

    Bref, si vous parlez de faire en sorte que l’en­tre­prise vive et se déve­loppe, c’est dans l’in­té­rêt collec­tif plus que certain et la légi­ti­mité ne sera pas contes­tée.

    La rému­né­ra­tion des inves­tis­seurs

    Par contre, si vous parlez de la taxa­tion de la revente des quelques très rares créa­tions qui réus­sissent au point de géné­rer des millions de plus-values, non seule­ment ça concerne très peu de monde mais en plus il s’agit d’in­té­rêts parti­cu­liers. Il va être très diffi­cile de justi­fier que ces reve­nus ne soient pas taxés au même barème que les autres.

    D’après moi c’est à juste titre parce que le risque et la diffi­culté sont compen­sés par l’im­por­tance du gain poten­tiel. Cet équi­libre n’a pas à être compensé par l’en­semble du pays. Ceux qui gagnent leur pari d’in­ves­tis­se­ment n’ont pas de raison d’être plus exoné­rés d’im­pôts qu’un autre.

    C’est d’au­tant plus vrai si l’en­tre­prise a béné­fi­cié au cours de sa vie des dispo­si­tifs d’aide, d’exo­né­ra­tion, de soutien, de plafon­ne­ment ou de fran­chise de l’État (et même si ces dispo­si­tifs peuvent être mauvais ou insuf­fi­sants, ils existent et nous en profi­tons).

    C’est sans comp­ter aussi que vous êtes une petite mino­rité. La très grande majo­rité se lance pour vivre eux même ou faire vivre l’en­tre­prise, pas dans l’objec­tif de plus-values à la revente. Consi­dé­rer limi­ter les impôts comme solu­tion à l’en­tre­pre­na­riat c’est oublier la très grande majo­rité qui galère aussi et qui elle ne gagne pas assez pour s’of­fusquer d’un barème d’im­po­si­tion des plus-values.

    Le pire c’est quand, en ce moment, certains entre­pre­neurs justi­fient le fait d’être moins impo­sés par le risque de se retrou­ver à la rue sans chômage. C’est oublier que quand l’en­tre­pre­neur échoue les sala­riés aussi sont à la rue, quand il réus­sit eux ne touchent pas des millions et ne sont pas concer­nés par les taux maxi­mum d’im­po­si­tion sur le revenu. Certes, rien n’est compa­rable, mais au moment où on parle de milliers de vies dans la galère avec des ferme­tures d’usine et où il est évident que le chômage n’est pas une garan­tie contre la galère, mettre ça en avant pour justi­fier des faibles taux d’im­po­si­tions sur de fortes sommes, c’est juste indé­cent.

    Chan­ger de combat

    Et si vous chan­giez de combat ? si vous recon­nais­siez qu’il n’est pas illé­gi­time que chacun parti­cipe à hauteur de ses capa­ci­tés qu’il soit sala­rié, inves­tis­seur ou entre­pre­neur ?

    Si plutôt que vous battre sur l’im­po­si­tion des plus-values vous vous battiez pour tout ce qui gêne la créa­tion, le déve­lop­pe­ment et le main­tient de vos entre­prises ? Si vous rédui­siez le risque et la diffi­culté au lieu de cher­cher à augmen­ter les profits de quelques rares excep­tions ?

    Ce combat ne vous semble­rait-il pas plus effi­cace fina­le­ment ? Ne serait-il pas aussi meilleur pour l’in­no­va­tion, pour l’éco­no­mie, pour vous-même et pour la société dans son ensemble ?

    Et parce que certains parlent mieux que moi

    Je vous invite à lire Henri Verdier qui, s’il s’agit de ranger les gens dans des cases, est clai­re­ment « du côté des entre­pre­neurs » (je le suis aussi mais j’ai du mal à ce que ce soit compris).

    Lui montre clai­re­ment que plutôt que de lutter en bloc et ainsi, il vaut mieux s’at­ta­cher aux points anor­maux dans le texte et propo­ser/soute­nir des amen­de­ments, que la forme actuelle est plus que contre-produc­tive.

    Et il exprime très bien pourquoi j’ai eu un ras le bol qui m’a incité à écrire aujourd’­hui :

     Le discours sur l’en­tre­pre­neur géné­reux, seul créa­teur de valeur, qui devrait obte­nir tous les privi­lèges dus à son rang est un discours lassant. Et je ne parle même pas des relents liber­ta­riens et des accents dignes du Tea Party. Il agace à gauche mais aussi l’en­semble des anciennes indus­tries qui font face à une crise ultra-violente. Ne vous y trom­pez pas, mes amis, c’est sans doute dans cette ancienne écono­mie que vous trou­ve­rez vos pires détrac­teurs. Ceux qui vous accu­se­ront d’être une écono­mie de la spécu­la­tion et de surfer sur une bulle…

    Il y a des gens qui souffrent plus que nous, dans ce pays comme ailleurs et je crois qu’il fait meilleur être entre­pre­neur en France que sala­rié d’Ar­ce­lor.

  • Plus-values à 60% (encore)

    Mise à jour : Il semble que contrai­re­ment à mon inter­pré­ta­tion première, au delà de 2014, les plus-values ne soient pas lissées en fonc­tion du nombre d’an­née de déten­tion, mais béné­fi­cient juste d’un abat­te­ment. Si tel est le cas mes calculs sont nette­ment faux. Je les laisse mais sujets à caution. La réflexion géné­rale reste par contre vraie à mon avis


    Comme ça conti­nue sur le sujet des cessions d’ac­tions, voilà quelques calculs supplé­men­taires par rapport à l’ar­ticle précé­dent.

    Pour être taxé au maxi­mum du barème à venir de l’im­pôt sur le revenu (45%), il faut que le revenu maxi­mum par part fiscale soit de 150 000 €. Pour la famille « moyenne » de deux adultes et deux enfants, cela fait 450 000 €.

    Pour un entre­pre­neur idéal qui ne fait pas juste un coup finan­cier mais qui garde ses actions long­temps il y a un abat­te­ment de 40%, ce qui permet donc de gagner 750 000 € en plus-values avant de toucher ce taux maxi­mum.

    Là dessus il faut bien voir que pas un centime ne commence à être taxé au taux maxi­mum de 45%, c’est juste une limite à partir de laquelle les sommes supplé­men­taires commencent à être taxées au montant maxi­mum. En réalité le taux d’im­po­si­tion moyen est ici de 37%, pas de 45%.

    En ajou­tant les prélè­ve­ments sociaux et la CSG (qui sera déduc­tible, donc un peu moins forte), on devrait arri­ver à un peu moins de 51%. C’est certes beau­coup, mais ce n’est pas pas 60%. Pour arri­ver à cette impo­si­tion à 51%, il aura fallu que notre entre­pre­neur gagne 36 fois le revenu annuel du foyer médian français. Ça commence à faire pas mal.

    Ces plus-values sont lissées sur le nombre d’an­nées de déten­tion. L’in­ves­tis­seur ne se retrouve pas taxé d’un coup pour un revenu excep­tion­nel. Quand je parle de 36x le revenu du foyer médian, pour être imposé au taux pré-cité, ce doit être la moyenne du gain annuel de notre inves­tis­seur, pas une acti­vité ponc­tuelle. Pour notre entre­pre­neur qui garde ses titres 12 ans et qui ne fait pas juste un coup finan­cier, il aura gagné 432 fois le revenu annuel du foyer médian, soit l’équi­valent de 10 vies de travail d’un foyer median complet. Il l’aura fait en juste 12 ans, donc un tiers de sa vie d’ac­tif. Avec de tels gains cet inves­tis­seur sera dans les reve­nus les plus aisés pour le reste de sa vie rien qu’en comp­tant les inté­rêts de ses gains. Dans ces condi­tions, est-ce vrai­ment illé­gi­time qu’il parti­cipe à l’ef­fort de la société avec le même barème qu’un sala­rié ?

    Tech­nique­ment personne ne peut atteindre pas le taux de 60%. Avec une CSG déduc­tible le taux margi­nal maxi­mum devrait être légè­re­ment infé­rieur (de l’ordre de 58%), mais surtout il s’agit d’un taux margi­nal, pas d’un taux moyen. Pour obte­nir un taux moyen rela­ti­ve­ment proche (on va dire à 5% près, soit 57%) il faudrait gagner une moyenne d’un million par part fiscale et par an en plus-values (sous réserve de les garder suffi­sam­ment long­temps), soit 3 millions par an en moyenne dans mon foyer type. Sur 12 ans ça veut dire qu’on renvent pour 36 millions ce dans quoi on n’a inves­tit que du travail. À ce niveau est-il scan­da­leux qu’on soit taxé sur le même barème qu’un sala­rié ?

    Oh, et visi­ble­ment le gouver­ne­ment a confirmé qu’il y aurait exoné­ra­tion pour les capi­taux réin­ves­tis dans une nouvelle entre­prise.

    Il y a aussi une logique écono­mique à tout ça. Peut être n’est-ce pas rentable que de taxer les capi­taux autant que le travail. C’est une vraie ques­tion, et je ne tente pas d’y répondre. Par contre je refuse d’en­tendre, comme je le fais ces jours ci, des entre­pre­neurs pleu­rer sur une taxe illé­gi­time qui leur retire le fruit de leur travail. Côté légi­ti­mité sociale, mes calculs me semblent suffi­sam­ment éclai­rants.

    Mise à jour : Il semble que certains comptent la surtaxe Sarkozy de 3% pour arri­ver à leurs calculs. Donc juste pour complé­ter : Elle ne vaut que pour les gains > 500 000 euros par part fiscale. Dans mon foyer type c’est donc 1 500 000. Pour peu qu’elle respecte le lissage, elle ne s’ap­plique donc qu’à partir d’une plus-value de 1 500 000 € par année de déten­tion après abat­te­ment (donc si vous gardez les part 4 ans c’est 1 666 000 par an pour un total de 6 666 000 €; si vous les gardez 12 ans c’est 2 500 000 € par an pour un total de 30 000 000 € de plus-values).

  • Impo­si­tion non forfai­taire des plus-values d’ac­tions

    Mise à jour : Il semble que contrai­re­ment à mon inter­pré­ta­tion première, au delà de 2014, les plus-values ne soient pas lissées en fonc­tion du nombre d’an­née de déten­tion, mais béné­fi­cient juste d’un abat­te­ment. Si tel est le cas mes calculs sont nette­ment faux. Je les laisse mais sujets à caution. La réflexion géné­rale reste par contre vraie à mon avis


    J’ai *vrai­ment* du mal à comprendre le scan­dale que font les entre­pre­neurs autour de la réforme prévue des plus-values sur les actions.

    Le fait d’ali­gner les gains sur le même barème qu’ils viennent d’un inves­tis­se­ment de capi­tal (avec souvent du travail derrière pour que ça fonc­tionne) ou qu’ils viennent d’un travail direct me semble du bon sens.

    Certes l’in­ves­tis­seur a contri­bué a la société et créé des emplois. On peut cepen­dant en dire autant du sala­rié qui a permis à cet entre­prise de fonc­tion­ner. Et s’il a contri­bué a la société, l’in­ves­tis­seur a aussi profité des infra­struc­tures, règle­men­ta­tions et struc­tures de l’État. Il est tout à fait normal que celui qui réus­sisse contri­bue à la société, tout autant que le sala­rié.

    Vous note­rez que je parle d’in­ves­tis­seur et non d’en­tre­pre­neur. La nuance est impor­tante car le texte vise bien l’in­ves­tis­se­ment et touche tout autant les finan­ciers. 

    À première vue cet aligne­ment semble de plus assez bien fait : Il étale la plus-value sur l’en­semble des années de déten­tion. Il y a donc un lissage au niveau des impôts qui est plus qu’a­van­ta­geux pour celui qui réalise ces plus-values.

    Les abat­te­ments pour ceux qui gardent leurs actions long­temps avant de réali­ser les plus-values ont été chan­gés mais ils restent signi­fi­ca­tifs puisqu’ils vont jusqu’à 40%. Cet abat­te­ment a ses raisons et reste proba­ble­ment bien­venu mais nous sommes fina­le­ment encore loin de l’ali­gne­ment sur les reve­nus du travail (vous voyez l’em­ployer récla­mer un abat­te­ment de 40% sous prétexte qu’il est resté 12 ans dans la même société ?).

    Mais surtout il faut bien voir que pour faire pleu­rer les chau­mières on parle de l’en­tre­pre­neur qui sue sang et eau pendant 15 ans sur sa petite entre­prise. Soyons francs : Cet entre­pre­neur a toutes les chances, une fois appliqué l’abat­te­ment de 40% et l’éta­le­ment de la plus-value sur 15 ans, d’être imposé avec un taux moyen loin des 41% qui font peur. Quand bien même ce serait le cas, c’est que cet entre­pre­neur aura gagné une somme qui se chiffre en millions. Quels que soient ses mérites, il n’est pas impen­sable qu’il contri­bue signi­fi­ca­ti­ve­ment à la vie de la société s’il gagne plus de 10 fois ce que gagne le sala­rié médian dans toute sa vie. Le prin­ci­pal visé est bien le finan­cier qui mani­pule des millions, ne l’ou­blions pas.

    À côté de ça on prévoit encore des déro­ga­tions pour les départs à la retraite, dont j’ai du mal à comprendre la signi­fi­ca­tion et la légi­ti­mité. Il semble que le statut des sommes réin­ves­ties immé­dia­te­ment ne soit pas tout à fait clair. Il serait légi­time que l’im­po­si­tion soit reporté à la réali­sa­tion des sommes réin­ves­ties mais il faudrait alors tracer l’ori­gine des fonds et la première plus-value pour calcu­ler l’im­po­si­tion finale : C’est vite une usine à gaz (et se posera de la même façon la ques­tion de l’équi­libre : un salaire réin­ves­tit dans une société n’échappe pas à l’im­po­si­tion, lui).

    La ques­tion fonda­men­tale : Souhaite-t-on que les reve­nus du capi­tal (ce qui inclut les créa­tions d’en­tre­prise, mais pas que) contri­buent autant au finan­ce­ment de la société que ceux du travail ?

    De plus, quand juste­ment on parle de l’in­ves­tis­seur qui sue sang et eau dans la créa­tion de sa société, quand bien même la circu­la­tion de son argent est diffé­rent c’est bien son travail qui produit les plus-values. Pourquoi ne serait-il pas imposé avec les mêmes règles ?

  • Sur la réforme du droit d’au­teur

    Les ques­tions de copy­right et droit d’au­teur déchaînent les passions. Le texte de deux membres du Parti Pirate suédois va bien entendu faire de même. Le risque c’est que les réac­tions se forgent avant même la lecture unique­ment sur l’ori­gine du texte.

    Alors voilà, je vous recom­mande quand même la lecture. Je vais même aller plus loin : La lecture est indis­pen­sable. La ques­tion n’est pas de savoir si on adhère à la vision. Même si ces thèses vous font horreur, il y a quelques points et anec­dotes qui néces­sitent réflexion.

    La moitié des conclu­sions de section sont magni­fiques de clarté. Le lien plus haut contient mes mises en valeur mais voici quelques morceaux choi­sis (numé­ro­tés pour faci­li­ter les commen­taires) :

    1. ***

    Si vous pensez que ce serait une bonne chose si tous les échanges illé­gaux de fichiers dispa­rais­saient, c’est votre droit. Mais ça ne change rien à la réalité.

    2. ***

    Il n’y a pas besoin de dédom­ma­ger qui que ce soit parce que le progrès tech­no­lo­gique améliore ce monde.

    3. ***

    Aucun modèle écono­mique ne vaut mieux que nos droits civiques.

    4. ***

    Le copy­right améri­cain découle donc d’un équi­libre entre l’ac­cès du public à la culture et l’in­té­rêt de ce même public à la créa­tion de la culture. C’est essen­tiel. Le public est la seule aune de l’in­té­rêt du copy­right.

    Les déten­teurs de mono­pole, bien que béné­fi­ciant eux aussi du copy­right, ne sont pas des inté­res­sés légi­times, et n’ont pas leur mot à dire dans l’in­ter­pré­ta­tion de la loi, [..]

    Ce point doit être souli­gné. Beau­coup croient que la Cons­ti­tu­tion des États-Unis justi­fie l’exis­tence d’un mono­pole du droit de copie pour que les artistes puissent gagner leur vie. Litté­ra­le­ment parlant, là n’est pas la ques­tion ou l’in­té­rêt du copy­right.

    5. ***

    Pour comprendre l’ab­sur­dité des requêtes de l’in­dus­trie du droit d’au­teur, on doit se deman­der quels droits nous consi­dé­rons acquis dans le monde analo­gique. Ces droits doivent aussi s’ap­pliquer au monde numé­rique, puisqu’au moins en théo­rie, la loi ne fait pas de diffé­rence entre les moyens de commu­ni­ca­tion.

    6. ***

    La peine capi­tale n’a pas réussi à ralen­tir le pira­tage des fabriques des nobles. Même ceux qui connais­saient des arti­sans exécu­tés et tortu­rés conti­nuèrent à pira­ter sur le même rythme.

    7. ***

    Times Labs a analysé le marché de la musique améri­cain pendant les cinq dernières années, en se basant sur les données de la société anglais PRS. La conclu­sion du graphique est très claire :

    Les labels gagnent moins d’argent, les artistes plus, et le montant total est constant.

    8. ***

    Voici quelques faits qui n’ont pas eu lieu lorsque l’in­dus­trie de distri­bu­tion de glace devint obso­lète :

    – Aucun proprié­taire de réfri­gé­ra­teur ne fut pour­suivi en justice pour « produc­tion de son propre froid », igno­rant ainsi les socié­tés de distri­bu­tion de froid.

    – Aucune loi ne fut propo­sée pour rendre les compa­gnies d’élec­tri­cité passibles de pour­suites dans le cas où l’élec­tri­cité qu’elles four­nis­saient aurait été utili­sée d’une manière pouvant porter préju­dice au travail de vendeur de glace.

    – Personne ne demanda une taxe mensuelle aux proprié­taires de réfri­gé­ra­teur au profit du syndi­cat des vendeurs de glace.

    – Il n’y a pas eu de proli­fé­ra­tion de coûteux panels d’ex­perts pour soute­nir combien les vendeurs de glace étaient impor­tants pour l’éco­no­mie toute entière.

    Par contre, la distri­bu­tion mono­po­lis­tique devint obso­lète et l’éco­no­mie en géné­ral béné­fi­cia de cette décen­tra­li­sa­tion.

    9. ***

    35% des télé­char­ge­ments sur Inter­net sont de la porno­gra­phie. L’in­dus­trie porno­gra­phique possède exac­te­ment la même protec­tion du droit d’au­teur que les autres produc­tions audio­vi­suelles. Si les paie­ments d’un forfait cultu­rel sont consi­dé­rés comme un « dédom­ma­ge­ment » pour le télé­char­ge­ment d’œuvres proté­gées par le droit d’au­teur, alors 35% de l’argent devrait immé­dia­te­ment reversé à l’in­dus­trie porno­gra­phique. Pensez vous que les poli­tiques devraient créer un tel système ?

    […]

    Mais si vous souhai­tez exclure le porno d’un système forfai­taire, vous n’au­rez pas seule­ment à créer un « Bureau euro­péen de la mora­lité et des bons goûts », ou quelque chose de simi­laire pour déli­mi­ter ce qui est de la porno­gra­phie ou de l’art. Plus essen­tiel­le­ment, vous ne pouvez plus utili­ser l’ar­gu­ment que le forfait cultu­rel est une “compen­sa­tion” ou est relié au droit d’au­teur.

    Il devient plutôt au mieux une subven­tion cultu­relle aléa­toire, au pire un système de prélè­ve­ment non maîtrisé.

    10. ***

    Les droits d’au­teur et de copie sont des limi­ta­tions des droits de propriété. Ce sont des mono­poles privés accor­dés par le gouver­ne­ment qui limitent ce que l’on peut faire avec des choses que l’on a acquises léga­le­ment.

    […]

    Défendre le copy­right en arguant que les droits de propriété sont sacrés est comme défendre la peine de mort pour meurtre avec la justi­fi­ca­tion que la vie est sacrée. Il peut y avoir d’autres argu­ments, valides, pour défendre ces limi­ta­tions des droits de propriété — mais cette chaîne logique parti­cu­lière ne tient pas.

    La version origi­nale est parta­gée sous la licence CC-BY-SA.

  • Favo­ri­ser des usages – numé­rique

    Pour faire suite au billet précé­dent, je trouve que La Quadra­ture, avec tout le soutien que je peux leur appor­ter sur certains sujets, se four­voie en voulant taxer la publi­cité en ligne.  Ce faisant il s’agit de choi­sir quels usages sont légi­times ou non, et de dire plus ou moins que « la publi­cité c’est mal ».

    Le texte qui présente cette solu­tion est juste­ment là pour remettre en cause une poli­tique et un modèle qui privi­lé­gie certains usages – les usages commer­ciaux – par rapport aux autres – les usages non marchands, privés, éduca­tifs – Cette diffé­ren­cia­tion des usages et le fait d’avoir écrasé les uns pour faire perdu­rer les autres est juste­ment le fond du problème initial.

    On peut alter­na­ti­ve­ment voir le modèle publi­ci­taire comme propre à mono­po­li­ser l’at­ten­tion sur un nombre limité de produc­tions (l’ar­gu­ment de La Quadra­ture). On peut aussi le voir comme propre à finan­cer des œuvres qui n’au­raient pas forcé­ment aussi faci­le­ment vu le jour, ou qui n’au­raient pas eu la visi­bi­lité méri­tée. Même si on pense qu’aujourd’­hui c’est plutôt le premier effet qui est à l’œuvre, taxer spéci­fique­ment ce modèle pour finan­cer les autres c’est s’in­ter­dire de voir les choses évoluer, de voir la société trou­ver d’autres façons de penser ou de s’ar­ti­cu­ler.

    Ce serait simple­ment repro­duire les mêmes erreurs, mais avec un nouveau choix idéo­lo­gique. Lais­sons libre les usages et les modèles des uns et des autres. Ne refai­sons pas les mêmes erreurs.

    Encore une fois, si nous pensons qu’il y a un finan­ce­ment à trou­ver et que c’est au béné­fice de la société dans son ensemble, n’hé­si­tons pas à cher­cher le finan­ce­ment au niveau de la société dans son ensemble.

  • Arrê­tons de surtaxer le numé­rique

    Nous avons d’un côté l’État qui taxe « là il y a de l’argent » et « là où ça se déve­loppe » pour compen­ser et subven­tion­ner « là où il n’y a ni argent ni déve­lop­pe­ment possible », et parfois un peu « là où les indus­triels savent s’y prendre pour quéman­der ». On y trouve la fameuse « taxe Google » sur la publi­cité en ligne.

    D’un autre côté nous avons les éditeurs de conte­nus et de services qui cherchent simple­ment à taxer les nouveaux usages et nouveaux types de concur­rences pour assu­rer la péren­nité de leur ancien modèle en perte de vitesse. On y trouve les histo­riques « taxe rede­vance pour la copie privée » et  « finan­ce­ment du cinéma par les télé­vi­sions et les opéra­teurs Inter­net ». Plus récem­ment on voit l’idée de taxer les liens voire les clics au béné­fice de la presse ou des photo­graphes.

    C’est agaçant. Pire, c’est contre-produc­tif pour les objec­tifs visés. En frei­nant les relais de crois­sances et nouveaux usages afin d’évi­ter quelques années de plus de faire évoluer les modèles ou envi­ron­ne­ments qui le néces­sitent, c’est forcé­ment perdant sur le long terme.

    Là où je suis surpris c’est quand ceux qui réflé­chissent à de nouveaux modèles se laissent embarquer dans la même faci­lité. À réflé­chir sur de nouveaux équi­libres au niveau de la créa­tion, des droits d’au­teur, des rému­né­ra­tions et des usages, on me parle de contri­bu­tion créa­tive et de finan­ce­ment par une taxe sur la publi­cité en ligne.

    Fran­che­ment, permet­tez-moi d’être un peu fami­lier mais : lâchez la grappe au numé­rique, aux réseaux et globa­le­ment aux NTIC !

    Ces domaines doivent parti­ci­per à la société au même titre que les autres : pas moins, mais pas plus non plus. S’il est néces­saire d’em­pê­cher les contour­ne­ments fiscaux divers et variés, il est inac­cep­table de voir arri­ver de multiples taxes ou compen­sa­tions qui financent des acti­vi­tés tierces.

    Si nous choi­sis­sons d’avoir des poli­tiques de société, si nous pensons que la société doit finan­cer le cinéma, la créa­tion, la presse ou je ne sais quoi d’autre, assu­mons un choix de société et finançons le sur le budget de la société, via l’im­pôt où une taxe géné­rale. Ne cher­chons pas le coupable idéal, celui qui semble avoir de l’argent, pour tout lui coller sur le dos.

  • De l’im­por­tance des méta­don­nées

    Sérieu­se­ment, éditeurs de conte­nus numé­riques : Travaillez les méta­don­nées embarquées dans les fichiers !

    Trop souvent ces méta­don­nées sont partielles, mal remplies, et peu quali­ta­tives. Parfois ce sont même des infor­ma­tions essen­tielles qui manquent comme la pochette de l’al­bum pour un fichier de musique ou le thème pour un livre.

    Éditeurs, ces méta­don­nées font partie de votre travail, de ce qu’on attend de vous, voire de ce qu’on achète. Vendre du numé­rique ce n’est pas comme vendre des objets physiques en reti­rant l’as­pect maté­riel. Il y a des attentes diffé­rentes dues aux usages qui eux aussi sont diffé­rents. Les méta­don­nées en sont une : C’est ce qui permet de clas­ser, retrou­ver, et globa­le­ment profi­ter d’un contenu. C’est un réel critère de choix entre diffé­rents conte­nus à ache­ter, et une cause très fréquente pour ne pas ache­ter de nouveau chez un éditeur ou dans collec­tion.

    Person­nel­le­ment j’en ai marre de remplir après coup ces méta­don­nées après achat. J’ai plusieurs fois reporté des achats sur cette raison mais désor­mais ce sera expli­cite : Je n’achè­te­rai plus chez ceux qui ne font pas un travail au mini­mum « correct ».

    Musique

    Pour les fichiers musi­caux, « correct » c’est au mini­mum la liste de tous les auteurs avec nom et prénom, le compo­si­teur, l’an­née de publi­ca­tion de la musique (pas celle du fichier numé­rique), l’al­bum dont est extrait le titre, le numéro de piste sur cet album, une illus­tra­tion 500×500 pixels mini­mum, la langue des paroles et le genre de musique. Bien entendu ces données sont inscrites avec la bonne casse (pas tout en majus­cule et des accents si néces­saires sur les majus­cules) et de façon homo­gène.

    Ceux que je quali­fie de « bons » ont une quali­fi­ca­tion très précise du genre (par exemple : quel type de jazz ?), une illus­tra­tion très haute défi­ni­tion, le texte complet des paroles, voir le tempo.

    Livres et textes

    Pour les textes j’at­tends aussi, en plus des auteurs et du titre (souvent mal codés), le nom de l’édi­teur, le nom de la série et le numéro dans la série, un résumé ou accroche, la langue, la date de publi­ca­tion du livre origi­nal (tous formats confon­dus) ou de son écri­ture et l’EAN du livre. L’illus­tra­tion de couver­ture doit être au grand mini­mum de 800×600 pixels et ici la quali­fi­ca­tion précise du genre est indis­pen­sable (« fantasy » ne suffit pas, il peut y avoir une dizaine de genres de fantasy, et agré­ger science-fiction fantasy et fantas­tique est une faute impar­don­nable).

    Pour le livre tout ce qui précède est indis­pen­sable, sans excep­tion. Les bonus qualité se font sur le résumé, les biogra­phies et la table des matières.

    Et d’autres

    Je suis certain que chacun a sa vision de l’in­dis­pen­sable, mais peu importe. Éditeurs, remplir ces méta­don­nées de façon complète et haute­ment quali­ta­tive est votre travail. C’est presque le mini­mum en fait. J’ac­cepte même quelques erreurs légères dans le contenu si au moins les méta­don­nées me permettent de l’ex­ploi­ter plei­ne­ment. Le numé­rique c’est aussi ça.

    Vous vous y mettez quand ?

  • French food

    Les États Unis nous envie­raient nos cantines scolaires, et mange­raient moins bien ou moins variés, mais ne vous y trom­pez pas : Chez les adultes nous mangeons plus riche et plus éner­gé­tiques qu’outre Atlan­tique, et nos enfants ne mange­raient pas aussi équi­li­bré.