Catégorie : Politique et société

  • L’Ar­mée du Salut de Liège pas auto­ri­sée à distri­buer de la soupe en rue cet hiver

    L’hy­po­cri­sie est une arme formi­dable : L’Ar­mée du Salut de Liège pas auto­ri­sée à distri­buer de la soupe en rue cet hiver parce que cela « nuit à la dignité humaine ».

    Ce que l’on ne voit pas n’existe pas, il suffit de le cacher ou de l’igno­rer pour que l’in­di­gnité et la pauvreté dispa­raissent, c’est bien connu. Distri­buer de la soupe serait montrer qu’il y a des gens qui en ont besoin et crée­rait un manque de dignité qui n’exis­te­rait pas sinon : CQFD.

    Ah, ces pauvres, quels gens indi­gnes… est-ce que les riches mangent leur soupe dans la rue eux ? Il y a quelque chose de pourri pour qu’on arrive à dire des choses pareilles sans provoquer un scan­dale.

  • Taxe à 75% : seules 1 000 personnes concer­nées

    Bon, cet impôt sur les reve­nus au delà de 75% fait parler. Je ne discute pas ici de son bien­fondé ou non. Ce qui m’agace c’est, si on décide de le faire, de voir qu’on cède encore à tel ou tel lobby pour en faire des cas spéci­fiques (comprendre : exoné­rés).

    [les chefs d’en­tre­prise] devront gagner la somme sur plusieurs années consé­cu­tives. La vente d’une entre­prise par exemple, même au-delà du million, ne serait ainsi pas suffi­sante pour tomber sous le coup de la taxe.

    Qu’une vente excep­tion­nelle d’un patri­moine (fut-il profes­sion­nel) ne soit pas taxé de la même façon me paraît une bonne chose, d’au­tant que ça prend diffi­ci­le­ment en compte l’in­ves­tis­se­ment réalisé. Le lissage sur plusieurs années n’a rien de choquant dans ce cas précis.

    Spor­tifs et artistes en sont donc déjà exoné­rés, car leurs reve­nus sont aléa­toires.

    Ça par contre, exoné­rer un artiste ou un spor­tif parce qu’il ne gagne plus d’un million « que » pendant quelques années, c’est un pur scan­dale. En cinq ans à un million, le spor­tif gagne l’équi­valent de 200 ans de smic. Qu’on ne me fasse pas croire que l’ir­ré­gu­la­rité des reve­nus est une bonne justi­fi­ca­tion à la créa­tion d’une niche fiscale sur ce qui est au dessus des 200 smic. C’est simple­ment indé­cent. Sans comp­ter que ces spor­tifs qui gagnent autant peuvent faci­le­ment avoir un emploi après leur période de spor­tif. Ils y gagne­ront moins d’un million, mais ça sera encore plusieurs fois le salaire médian.

    Les artistes leurs reve­nus sont un peu plus irré­gu­liers mais ceux qui gagnent plus d’un million (ils ne sont pas légion) conti­nue­ront à perce­voir des droits d’au­teur signi­fi­ca­tifs encore pendant pas mal de temps s’ils n’ar­rêtent pas leur créa­tion. Mais c’est encore plus un scan­dale pour les artistes qui ont un régime social très protec­teur qui comble déjà forte­ment les irré­gu­la­rité des reve­nus (et financé par cela par l’État), dans un domaine forte­ment subven­tionné et par l’État et par des domaines tiers « au nom de la créa­ti­vité ». Qu’un domaine qui soit tant aidé puisse s’abs­traire d’une taxe sur les haut revenu quand ils gagnent en une année plus qu’un ouvrier d’usine dans toute sa vie… c’est indé­cent.

    Alors qu’on me dise que taxer à 75 % n’est pas légi­time ou pas une bonne idée écono­mique je veux bien l’en­tendre, mais qu’on fasse des exoné­ra­tions à ces caté­go­ries unique­ment parce qu’elles sont bien en vue et arrivent à joindre les média, là ça devient inac­cep­table. Après, que sur cette taxe à 75% seules 1000 personnes soient concer­nées, je ne vois pas en quoi c’est un argu­ment.

     

  • Copé veut une droite « décom­plexée »

    Copé veut une droite « décom­plexée ». S’il faut décom­plexer la droite, c’est à dire qu’elle se rete­nait jusqu’a­lors, je crois que j’ai peur (notez que cela vaut aussi pour la gauche mais eux n’ont pas osé une telle affir­ma­tion).

    Je ne sais pas si je suis de gauche mais ce qui est claire c’est que je ne peux pas être dans la ligne droite de ce que Copé consi­dère comme des grands sujets :

     laïcité, iden­tité, immi­gra­tion, sécu­rité, justice

    Je veux bien mettre la justice dans le tas, mais loge­ment, santé, niveau de vie, démo­cra­tie et vie en commun me paraissent bien plus impor­tants. Le problème c’est que tout ce qui est annoncé comme impor­tant par la droite a été fait au détri­ment de ce qui me semble essen­tiel à moi : la vie en commun. Il est temps d’ar­rê­ter de consi­dé­rer que la solu­tion passe par monter les gens les uns contre les autres.

  • Pour en finir avec la laïcité

    J’at­ten­dais que quelqu’un parle mieux que moi de la laïcité. C’est chose faite avec Maitre Eolas, pour en finir avec la laïcité :

    Il y a eu des abbés dépu­tés dans l’as­sem­blée qui a voté la loi de 1905. Ils sont citoyens à part entière, comme vous et moi.

    […]

    Reli­sez la loi de 1905. Elle n’in­ter­dit nulle­ment à quelque culte que ce soit de se mêler de poli­tique. La liberté d’ex­pres­sion s’y oppose même fron­ta­le­ment.

    Mais aussi

    La loi commence par procla­mer la liberté de conscience, et s’oblige à garan­tir le libre exer­cice des cultes. C’est à dire que la Répu­blique est tenue de mettre en œuvre les moyens proté­geant ce libre exer­cice.

    […]

    Dans un avis du 27 novembre 1989, le Conseil d’État rappelle l’évi­dence : l’obli­ga­tion de neutra­lité ne s’ap­plique qu’aux agents, et en aucun cas aux usagers du service public, proté­gés par l’ar­ticle 1er de la loi de 1905.

    […]

    La laïcité de la répu­blique n’est pas la prohi­bi­tion du fait reli­gieux dans l’es­pace public.

    Et surtout (la graisse est mienne)

    Une loi [restrei­gnant l’exer­cice de la reli­gion dans les lieux publics] viole­rait la laïcité, en restrei­gnant arbi­trai­re­ment l’exer­cice d’un culte pour des raisons n’ayant aucun lien avec l’ordre public (la vue d’une kippa ou d’un hidjab ne trouble pas l’ordre public, même si elle vous trouble vous ; dans ce cas ce n’est pas la reli­gion le problème mais votre into­lé­rance).

  • Pierre Damien

    Pour mettre un peu de sel dans le débat de la réac­tion de l’église catho­lique à la ques­tion du mariage homo­sexuel, lire la fiche wiki­pe­dia de Pierre Damien :

    En 1051, il rédige le Livre de Gomorrhe, où il dénonce les vices du clergé — et en parti­cu­lier les prêtres homo­sexuels, dont il exige le renvoi de l’Église. Léon IX refuse toute­fois d’ac­cé­der à sa requête, ce qui pousse Pierre Damien à écrire une lettre de protes­ta­tion.

    Ça donne un autre point de vue non ?

    Sans arri­ver à retrou­ver la réfé­rence source, je crois bien aussi me rappe­ler que dans ou à côté des quelques prêtes catho­liques mariés (et oui, ça existe, ils ont été ordon­nés hors de la papauté et réin­té­grés plus tard quand ils ont quitté leur obédience d’ori­gine suite à des désac­cord – mariés ils étaient, mariés ils sont restés), il y en avait quelques uns d’ex­pli­ci­te­ment homo­sexuels à qui on a simple­ment demandé de ne plus faire de pêchés de chair (mais pas de rompre leurs affi­ni­tés). Là par contre je compte sur vous pour m’ai­der à trou­ver des liens fiables, j’ai fait choux blanc quand j’ai tenté de les retrou­ver.

    Sur un sujet simi­laire, histoire de remettre les pendules à l’heure concer­nant la ques­tion de la tradi­tion du mariage hété­ro­sexuel : Mariage pour certains, mariage pour tous ? Réflexions actuelles à partir de l’An­tiquité romaine et du Moyen Âge occi­den­tal

  • Le choix de l’in­fla­tion par la BCE est désas­treux pour la jeunesse euro­péenne

    Je ne prends pas posi­tion sur l’ar­ticle, mais quand Le Monde titre Le choix de l’in­fla­tion par la BCE est désas­treux pour la jeunesse euro­péenne, c’est l’angle d’ap­proche à l’in­té­rieur qui est inté­res­sant :

    Les baby-boomers seront les grands perdants, mais à juste titre. Ce sont eux qui ont généré et accu­mulé les dettes du système depuis trente ans et pros­pèrent sans travailler sur des lauriers usur­pés. [..]

    […] leur grand projet poli­tique l’aug­men­ta­tion du pouvoir d’achat par la dette. Dans les années 1970, ils ruinèrent leurs parents en s’oc­troyant par la force des hausses de salaires et des nouvelles protec­tions sociales.

    […] deve­nus patrons, action­naires tous azimuts, proprié­taires immo­bi­liers, respon­sables poli­tiques, refusent de payer leurs dettes ou de voir leurs actifs finan­ciers bais­ser car ceux-ci garan­tissent leur train de vie. Ils n’aug­mentent plus les salaires des jeunes (moins nombreux) parce qu’ils veulent préser­ver les marges de leurs entre­prises qui four­nissent leurs rentes. Lorsque leurs inté­rêts finan­ciers sont mena­cés par la crise, ils utilisent l’Etat et désor­mais la BCE pour se proté­ger.

    […] En refu­sant d’ac­cep­ter les défauts des Etats, ils lèguent de l’in­fla­tion et des dettes insur­mon­tables à leurs enfants.

    Sacré­ment à charge envers une géné­ra­tion en parti­cu­lier.

  • A Star­tup Asks: Why Can’t You Resell Old Digi­tal Songs?

    Je me deman­dais il y a quelques temps si les lignes n’al­laient pas bouger pour permettre un marché de seconde main des biens numé­riques. Il semble qu’aux États Unis ça aille plus vite que je ne le pensais.

    Comme toujours dans le milieu web, ça commence par survivre à un procès intenté par les gros du secteurs qui ne veulent pas que les lignes bougent.

    A Star­tup Asks: Why Can’t You Resell Old Digi­tal Songs?

  • Racisme ordi­naire, troi­sième prise

    Jamais deux sans trois : Michel a fait suivre en commen­taire un autre épisode de racisme ordi­naire. Avoir la peau de couleur, c’est subir des préju­gés de pauvreté et bas niveau social.

    Le pire c’est que c’est incons­cient et que les auteurs se défen­dront toujours (de bonne foi) d’avoir une atti­tude raciste. Ils ne se senti­ront pas concer­nés. Et comme nous ne nous sentons pas auteurs de tels compor­te­ments non plus, vu que c’est juste­ment un des symp­tômes, peut être sommes nous du lot. Faire atten­tion et renver­ser les pré-jugés, c’est le travail de tous.

  • Jeune mariée, je découvre toutes ces petites humi­lia­tions racistes

    Pour faire suite au billet précé­dent sur le racisme au quoti­dien, deux anec­dotes valent mieux qu’une, et autant le précé­dent pouvait passer sous un auto­ma­tisme trop fort, autant celui là mérite repres­sion.

    Avec un compa­gnon de couleur, jeune mariée, elle découvre toutes ces petites humi­lia­tions racistes : On ne sort pas les appa­reils des vitrines, on présup­pose des paie­ments non hono­rés, on demande des justi­fi­ca­tifs super­flus… Si ces anec­dotes sont le quoti­dien, c’est une véri­table mis au banc.

  • Poli­ciers, un Roumain avec un iPhone ne l’a pas forcé­ment volé

    Scènes de racisme ordi­naire. En cas de doute le noir, l’arabe et le roumain ont forcé­ment volé leur smart­phone dernier cri et quand ils parlent d’études ou d’em­plois pres­ti­gieux c’est forcé­ment du faux.

    Poli­ciers, un Roumain avec un iPhone ne l’a pas forcé­ment volé. Pour­tant, tout en étant inac­cep­table, ce compor­te­ment n’est pas forcé­ment le signe d’une croyance raciste. C’est parfois simple­ment l’ha­bi­tude qui prend le pas sur la raison et chacun peut faire l’er­reur d’y succom­ber sous la pres­sion et l’épui­se­ment. Se conten­ter de condam­ner ne fera pas avan­cer les choses. Au risque de choquer, et sans caution­ner pour autant, pas mal de ces poli­ciers méritent plus une aide pour arri­ver à ne pas tomber dans cette faci­lité et cette assi­mi­la­tion qu’une lapi­da­tion publique.

    Ça me rappelle une anec­dote qu’on ma raconté il y a quelques années – où là je ne trouve aucune circons­tance atté­nuante même en cher­chant bien (je retrans­cris suivant mon souve­nir) : une chef de projet se présente à l’ac­cueil d’une grande société de télé­pho­nie, elle est en retard et l’an­nonce, l’ac­cueil la coupe et répond « on vous atten­dait, allez à la pièce XXX » et là après attente on lui colle un balais et on lui explique son rôle de femme de ménage. Si la chef de projet avait eu la peau blanche tout n’au­rait pas été si évident et la méprise aurait certai­ne­ment été évitée.

    Le racisme incons­cient est diffi­cile à combattre, juste­ment parce que personne ne croit en être l’au­teur avant de faire une énorme boulette.