Les questions de copyright et droit d’auteur déchaînent les passions. Le texte de deux membres du Parti Pirate suédois va bien entendu faire de même. Le risque c’est que les réactions se forgent avant même la lecture uniquement sur l’origine du texte.
Alors voilà, je vous recommande quand même la lecture. Je vais même aller plus loin : La lecture est indispensable. La question n’est pas de savoir si on adhère à la vision. Même si ces thèses vous font horreur, il y a quelques points et anecdotes qui nécessitent réflexion.
La moitié des conclusions de section sont magnifiques de clarté. Le lien plus haut contient mes mises en valeur mais voici quelques morceaux choisis (numérotés pour faciliter les commentaires) :
1. ***
Si vous pensez que ce serait une bonne chose si tous les échanges illégaux de fichiers disparaissaient, c’est votre droit. Mais ça ne change rien à la réalité.
2. ***
Il n’y a pas besoin de dédommager qui que ce soit parce que le progrès technologique améliore ce monde.
3. ***
Aucun modèle économique ne vaut mieux que nos droits civiques.
4. ***
Le copyright américain découle donc d’un équilibre entre l’accès du public à la culture et l’intérêt de ce même public à la création de la culture. C’est essentiel. Le public est la seule aune de l’intérêt du copyright.
Les détenteurs de monopole, bien que bénéficiant eux aussi du copyright, ne sont pas des intéressés légitimes, et n’ont pas leur mot à dire dans l’interprétation de la loi, [..]
Ce point doit être souligné. Beaucoup croient que la Constitution des États-Unis justifie l’existence d’un monopole du droit de copie pour que les artistes puissent gagner leur vie. Littéralement parlant, là n’est pas la question ou l’intérêt du copyright.
5. ***
Pour comprendre l’absurdité des requêtes de l’industrie du droit d’auteur, on doit se demander quels droits nous considérons acquis dans le monde analogique. Ces droits doivent aussi s’appliquer au monde numérique, puisqu’au moins en théorie, la loi ne fait pas de différence entre les moyens de communication.
6. ***
La peine capitale n’a pas réussi à ralentir le piratage des fabriques des nobles. Même ceux qui connaissaient des artisans exécutés et torturés continuèrent à pirater sur le même rythme.
7. ***
Times Labs a analysé le marché de la musique américain pendant les cinq dernières années, en se basant sur les données de la société anglais PRS. La conclusion du graphique est très claire :
Les labels gagnent moins d’argent, les artistes plus, et le montant total est constant.
8. ***
Voici quelques faits qui n’ont pas eu lieu lorsque l’industrie de distribution de glace devint obsolète :
– Aucun propriétaire de réfrigérateur ne fut poursuivi en justice pour « production de son propre froid », ignorant ainsi les sociétés de distribution de froid.
– Aucune loi ne fut proposée pour rendre les compagnies d’électricité passibles de poursuites dans le cas où l’électricité qu’elles fournissaient aurait été utilisée d’une manière pouvant porter préjudice au travail de vendeur de glace.
– Personne ne demanda une taxe mensuelle aux propriétaires de réfrigérateur au profit du syndicat des vendeurs de glace.
– Il n’y a pas eu de prolifération de coûteux panels d’experts pour soutenir combien les vendeurs de glace étaient importants pour l’économie toute entière.
Par contre, la distribution monopolistique devint obsolète et l’économie en général bénéficia de cette décentralisation.
9. ***
35% des téléchargements sur Internet sont de la pornographie. L’industrie pornographique possède exactement la même protection du droit d’auteur que les autres productions audiovisuelles. Si les paiements d’un forfait culturel sont considérés comme un « dédommagement » pour le téléchargement d’œuvres protégées par le droit d’auteur, alors 35% de l’argent devrait immédiatement reversé à l’industrie pornographique. Pensez vous que les politiques devraient créer un tel système ?
[…]
Mais si vous souhaitez exclure le porno d’un système forfaitaire, vous n’aurez pas seulement à créer un « Bureau européen de la moralité et des bons goûts », ou quelque chose de similaire pour délimiter ce qui est de la pornographie ou de l’art. Plus essentiellement, vous ne pouvez plus utiliser l’argument que le forfait culturel est une “compensation” ou est relié au droit d’auteur.
Il devient plutôt au mieux une subvention culturelle aléatoire, au pire un système de prélèvement non maîtrisé.
10. ***
Les droits d’auteur et de copie sont des limitations des droits de propriété. Ce sont des monopoles privés accordés par le gouvernement qui limitent ce que l’on peut faire avec des choses que l’on a acquises légalement.
[…]
Défendre le copyright en arguant que les droits de propriété sont sacrés est comme défendre la peine de mort pour meurtre avec la justification que la vie est sacrée. Il peut y avoir d’autres arguments, valides, pour défendre ces limitations des droits de propriété — mais cette chaîne logique particulière ne tient pas.
La version originale est partagée sous la licence CC-BY-SA.
Laisser un commentaire