En 2015, Internet offre le visage d’un espace sans foi ni loi, permettant la diffusion du pire de ce que l’humanité a pu produire. Internet favorise l’expression de tous peu importe leur opinion et leur croyance. Aujourd’hui, le pire a atteint son paroxysme
[…]
En France, des mesures pour bloquer des sites internet faisant l’apologie du terrorisme ont été adoptées, et je m’en réjouis. C’est un signe fort envoyé à nos concitoyens mais aussi aux terroristes. (…) Il n’est pas envisageable qu’une publication de l’État Islamique traduite en langue française puisse être à la portée de tous
Il s’agit d’un discours de Pierre Charon (video), sénateur de Paris et ancien conseiller à l’Élysée du président précédent, au sein d’un débat sur Internet et les libertés de la presse (ça ne s’invente pas).
Suis-je le seul à avoir peur ?
Pour nos élus, au plus haut niveau, que tous puissent s’exprimer peu importe leur opinion et leur croyance est quelque chose de grave qu’il faut combattre.
Pour nos élus, au plus haut niveau, que n’importe quel citoyen puisse accéder aux éléments d’information (on parle de libertés de la presse, et indirectement de censure d’un site de presse) et à leur source, dans une langue qu’il comprend, est grave et inenvisageable.
Nous ne pouvons nous abriter derrière la liberté de la presse pour justifier notre passivité. (…) Donner aux terroristes l’accès à cette liberté, ce n’est plus défendre la liberté. C’est la confier à des fossoyeurs.
J’ai mon avis sur qui est le fossoyeur de la liberté dans ce discours. Pour eux la notion de liberté n’est qu’un paravent dont on ne doit plus s’encombrer.
La classe politique (via l’exécutif) doit être capable de décider à qui elle accepte de donner des libertés et dans quelles conditions. Au moins c’est clair.
Quand je lis ça, je suis à deux doigts de soutenir une révolution. J’ai conscience de la violence du terme et de ce qu’il implique, mais qu’un tel discours ne provoque pas un tsunami d’opposition en dit long sur le partage de telles opinions chez nos élus.
Il y a urgence. Vraiment.
6 réponses à “« Aujourd’hui, le pire a atteint son paroxysme »”
On va y venir.
Les gouttes s’ajoutent.
Le niveau monte.
Le bord du vase approche.
La question à se poser n’est plus « est-ce que ça peut arriver ? » mais « quand est-ce que ça va arriver ? ».
Et j’ai envie de dire que c’est à cette question que nos « politiques » veulent répondre avec la Loi Renseignement.
Ou alors, je fabule…
Pourquoi à deux doigts ?
Parce qu’une révolution ce n’est pas le truc idéalisé qu’on apprend au collège ou qu’on voit à la TV. C’est du sang, des morts, une période de flottement non négligeable, et un risque de simplement mettre en place un pouvoir arbitraire encore plus moche (j’ai beau critiquer ce qu’on a, on a beaucoup mieux qu’ailleurs, et donc beaucoup à perdre).
L’histoire française (la terreur, l’empire, le retour monarchique, le tout en boucle), les révolutions récentes en Égypte ou d’autres régions d’Afrique du Nord ou Moyen Orient, voire le non-résultat de la révolution orange en Ukraine… ça incite à plus que de la prudence.
Tout casser est toujours tentant, mais rarement productif
Je suis d’accord, mais c’est aussi le raisonnement qui nous met en « deadlock » : déconstruire, ok, mais pour mettre quoi à la place, avec qui, sur quel critère, comment faire pour ne pas refaire les mêmes erreurs, etc.
Si tu y ajoutes la peur inhérente à chacun dès qu’il s’agit de sortir de sa zone de confort (et dans ce cas, la perte de confort peut être totale, aussi bien à titre personnel que familiale et nationale), alors on reste dans l’immobilisme, d’autant que comme tu le soulignes, nous avons énormément à perdre.
Je pense donc que cette révolution n’éclatera que lorsque ceux qui n’auront plus rien à perdre, ceux qui devront lutter pour nourrir leurs enfants, ceux qui malgré leurs efforts n’arrivent à rien, ceux pour qui la vie telle qu’ils l’a connaisse n’aura plus d’intérêts seront suffisamment nombreux pour atteindre la masse critique nécessaire à la mise en route du mouvement.
Et le nombre de ces gens semblant augmenter quotidiennement, cette masse critique sera forcément atteinte.
Restera alors à ce moment à espérer qu’il restera suffisamment d’intelligence dans cette masse pour que les choses se passent au mieux pour tout le monde, ou bien que des leaders suffisamment intègres parviennent à prendre les commandes du mouvement pour le Bien de tous et non pour eux-mêmes.
Vu la nature Humaine, ce n’est malheureusement pas gagné, et la révolution Ukrainienne, ou bien les autres plus récentes, d’ailleurs, sont la preuve que les chances de réussite sont assez minces.
Ce qui ne fait que finalement nous conforter dans notre immobilisme…
Hum ….
Avez-vous bien compris que dans une démocratie la/les liberté
sont soumises à la loi. Et donc par définition aucune loi votée
n’est une atteinte à une quelconque liberté.
Et puis rappel d’une évidence; une loi est toujours arbitraire.
Reprenez une cuillère de démocratie moderne.
La loi ne définissant pas la liberté mais (entre autres) les équilibres entre celles-ci (cadres, arbitrages etc.), rien ne l’empêche d’aller modifier l’équilibre d’une façon suffisamment excessive qu’il en devient attentatoire à une ou plusieurs de ces libertés.
C’est d’ailleurs bien ce dont on parle ici. C’est juste que pour notre sénateur, la sécurité semble justifier tout écrasement des libertés (voire en être le prétexte), à un point qui serait très dangereux.
En fait, l’objectif de notre république, et par extension des lois qu’elle créé, est même défini comme la +protection+ des libertés.
Ces libertés ont une vie indépendante, au dessus de la simple loi. Chez nous c’est formalisé par la déclaration des droits de l’homme, mais même ça n’est qu’une formalisation (qui est effectivement au dessus des simples lois, puisque dans la constitution).
On ne parle malheureusement que d’objectif, ça n’empêche pas la réalisation concrète de dériver, d’excéder sa mission, ou de faire des erreurs.
Le concept est même tellement possible qu’il arrive régulièrement que la cour européenne des droits de l’homme ou le conseil constitutionnel cassent des lois ou inculpent la France justement à cause de lois attentatoires aux libertés. On ne parle pas de théorie mais de cas concrets ici.
Les États-Unis ont eux aussi un mécanisme similaire avec une déclaration de libertés dans la constitution, qui peut juger des lois et les renverser quand elles violent les libertés. Là bas ils ne rigolent pas avec ça.
Bien entendu, tout ça n’a rien à voir avec le concept racine de démocratie (littéralement « pouvoir au peuple »). On peut techniquement avoir une royauté respectueuse des libertés (il y en a plusieurs en Europe), ou une démocratie répressive et attentatoire aux droits de l’Homme. La démocratie c’est juste le pouvoir au peuple, ça ne l’empêche pas d’en faire n’importe quoi.
Il y a effectivement largement matière à philosophie pour savoir si une démocratie garde ce terme quand le peuple créé de lui-même sa propre oppression, ou si de fait ça crée un pouvoir qui s’en détache.
Maintenant là ça sort nettement du débat : La démocratie peut bel et bien générer des horreurs liberticides, ou sa propre mort d’ailleurs. Plus d’une l’a déjà fait par le passé. La notre incluse.
Voilà pour la petite leçon.
Après vous n’aurez pas manqué de noter que le terme d’arbitraire n’est sur cette page jamais accolé à autre chose qu’à « pouvoir », et certainement pas à « loi ». Je ne sais si je dois vous expliquer la notion de pouvoir arbitraire par rapport à celui d’un état de droit.
N’hésitez pas à vous renseigner si nécessaire, ou simplement à relire ce à quoi vous répondez.