Catégorie : Lois et parlements

  • Brigitte Liso, LREM — Comment on desti­tue un député aujourd’­hui ?

    Voilà l’état de la poli­tique en France. Les dépu­tés qui votent sans aucun travail préa­lable, qui ont juste entendu parler comme tout un chacun de la loi avant d’ar­ri­ver au vote, et qui se font une idée sur le moment, dans l’hé­mi­cycle, en enten­dant la majo­rité et l’op­po­si­tion se répondre, soit disant que ça donne une vue d’en­semble.

    Sérieu­se­ment ? Oui, elle parle de poli­tique autre­ment, j’en viens presque à regret­ter les précé­dents.

    On voit à la fin de la vidéo les éléments de langage appris par cœur puis oubliés, qu’on va recher­cher sur la messa­ge­rie pour répondre aux ques­tions sans les comprendre, et l’ab­sence totale de pensée ou d’avis en l’ab­sence de ces éléments de langage.

    Quand on en est là, autant direc­te­ment avoir 10 personnes à l’As­sem­blée, chacun avec un nombre de voix diffé­rent. Ici Brigitte Liso est dans le groupe LREM mais je n’ai pas forcé­ment plus d’es­time pour certains dépu­tés d’autres groupes. Ils sont souvent plus enga­gés et moins apathiques, mais n’ont pas pour autant forcé­ment plus de réflexion person­nelle.

    Bref, indé­pen­dam­ment des opinions portées, n’y a-t-il donc aucun moyen de rele­ver de ses fonc­tions un député qui avoue expli­ci­te­ment ne pas les exécu­ter avec sérieux ?

    À défaut, un parti sérieux devrait au moins exclure la dépu­tée concer­née de son groupe à l’As­sem­blée. Visi­ble­ment ce n’est pas le cas, pas plus à LREM qu’ailleurs. Ça en dit long sur les crédos de nos partis poli­tiques.

    Le parle­ment est ce qui symbo­lise notre démo­cra­tie, le pouvoir du peuple et son contrôle sur l’État. Voilà l’état de notre démo­cra­tie, et ce n’est pas très relui­sant.

  • Votez infor­més

    Nous avons choisi une consti­tu­tion où le président ne contrôle pas le parle­ment, où les pouvoirs s’équi­librent. Il s’agit de voter en fonc­tion de ce qu’on croit, et pas simple­ment en fonc­tion du président.

    J’as­sume tota­le­ment avoir voté pour Emma­nuel Macron mais ça n’oblige pas à signer un chèque en blanc aux légis­la­tives.

    Le président aura la majo­rité à l’As­sem­blée. C’est joué d’avance. Par contre on peut faire en sorte qu’il y ait aussi d’autres voix qui soient enten­dues, qu’il y ait des compro­mis, de la modé­ra­tion.

    Quelques liens et cita­tions en vue d’un vote informé dimanche. Chacun fait ses choix, mais Nico­las Sarokzy en aurait même envi­sagé la moitié que tout le monde aurait été dans la rue.

  • L’im­pos­sible sortie de l’état d’ur­gence

     Selon l’ar­ticle 1er de la loi de 1955, il est déclaré « en cas de péril immi­nent résul­tant d’at­teintes graves à l’ordre public ».

    En deman­dant le 18 novembre 2015 au Parle­ment de le proro­ger pour trois mois, le gouver­ne­ment de Manuel Valls évoquait « la perma­nence de la menace établie par les indi­ca­tions des services de rensei­gne­ment ainsi que le contexte inter­na­tio­nal ». « Il est indis­pen­sable, pour appro­fon­dir la lutte contre le terro­risme, que les auto­ri­tés admi­nis­tra­tives puissent recou­rir à ces mesures [celles de l’état d’ur­gence] pendant une période limi­tée mais suffi­sam­ment longue pour s’as­su­rer que les réseaux terro­ristes, au-delà des procé­dures juri­dic­tion­nelles en cours, puissent être, par des actions coer­ci­tives, mis hors d’état de nuire », écri­vait-il dans l’ex­posé des motifs trans­mis à l’As­sem­blée natio­nale.

    Quel homme poli­tique se risque­rait à procla­mer que les réseaux terro­ristes sont « mis hors d’état de nuire » ?

    Le Monde

    Avec l’his­to­rique de Vigi­pi­rate, il est clair que le risque ne s’étein­dra jamais, et qu’en consé­quence, il faudra un sacré courage pour quit­ter l’État d’ur­gence, au risque de devoir se défendre de laxisme au prochain atten­tat.

    Surtout que ça veut dire se couper de plein d’ou­tils et de pouvoirs dont l’exé­cu­tif aura bien du mal à se sépa­rer, toutes déro­ga­toires au droit commun, sans procès. C’est d’ailleurs entre autres pour ça qu’ins­crire cet État d’ur­gence dans la consti­tu­tion est un grand risque.

     

  • Liens sur les déra­pages de l’état d’ur­gence

    Tout ça me déses­père et j’ai envie de prendre chaque lien pour le commen­ter. D’or­di­naire mes cita­tions sont aussi un peu là pour me permettre d’éva­cuer, de dire ce que j’ai sur le cœur. Sur le sujet ça s’ac­cu­mule telle­ment vite que non seule­ment c’est vain mais procé­der comme d’or­di­naire revien­drait à ne parler que de ça pendant des mois, sans réel­le­ment m’ai­der.

    Le cheva­lier LQDN est venu à la rescousse, comme désor­mais souvent. Sur le pad, une liste de liens sur les déra­pages prin­ci­paux, essen­tiel­le­ment à propos des perqui­si­tions.

    Verti­gi­neux, autant par la liste que par la gravité de certains faits.

    Je retiens pour ma part la fillette qui est sortie la tête ensan­glan­tée en pleine nuit. La police a juste débarqué pour une perqui­si­tion de nuit, faisant sauter les verrous au fusil à pompe, arro­sant au passage le lit, le cous­sin et la tête de la fillette qui était sur les deux. Pour rien… ils visaient en fait à priori un ancien occu­pant des lieux. Chose qui ne serait pas arri­vée sur un travail hors préci­pi­ta­tion (on s’as­sure de qui vit sur place) et dans un climat plus serein (non, on ne tire pas pour faire tout explo­ser sans avoir essayé autre chose), surtout s’il n’y a pas risque de fuite.

  • Une liste noire en ligne pour repé­rer le travail illé­gal en entre­prises

    Les entre­prises condam­nées pour travail illé­gal pour­ront voir leur nom appa­raître dans une « liste noire » consul­table sur le site du minis­tère du Travail, suite à la publi­ca­tion d’un décret paru le vendredi 23 octobre 2015 au Jour­nal offi­ciel. Plus concrè­te­ment, un juge pourra déci­der d’une « peine complé­men­taire » consis­tant à faire appa­raître une société dans ce docu­ment public pour une durée de deux ans.

    — via French­web

    Bref, le légis­la­teur prévoit une peine spéci­fique, desti­née à appor­ter une publi­ca­tion à certains faits, et la dissua­sion qui en découle. La durée de publi­ca­tion est limi­tée, évitant de faire persis­ter un passé révolu.

    Sauf que ça gêne les grandes entre­prises (forcé­ment, c’est le but) donc…

    Pour garan­tir les droits des personnes […] inter­dic­tion est faite aux moteurs de recherche d’in­dexer les infor­ma­tions présentes sur le site.

    Et les juge­ments seront publiés sous forme d’images et non de texte, avec inter­dic­tion de faire des travaux d’ex­trac­tion.

    Autant dire qu’on a tué dans l’œuf l’objet même de la peine. Un peu comme ces décla­ra­tions de patri­moine qui sont consul­tables unique­ment sur rendez-vous, sur papier, avec inter­dic­tion de prendre des notes ou de diffu­ser les éven­tuelles trou­vailles.

    L’obs­cu­rité devient telle­ment la norme que même quand une loi dicte une publi­ca­tion, on trouve une façon de la rendre inopé­rante. Il faut renver­ser toute la façon de penser de nos élus, et ça n’a pas l’air d’être bien parti.

  • Consul­ta­tion Répu­blique Numé­rique – parti­ci­per

    Il y a plein de choses à dire sur la consul­ta­tion actuelle de Répu­blique Numé­rique. Proba­ble­ment que l’ef­fet sera minime, que le prin­cipe même est contes­table, mais au moins on ne pourra pas nous repro­cher de ne pas avoir joué le jeu. Essayons une fois. Il ne reste que deux jours pour cela, c’est urgent.

    C’est long, il y a des milliers de propo­si­tions et de votes possibles. Pour guider il suffit de regar­der les inter­ven­tions et votes des asso­cia­tions et groupes qui vont dans le bon sens. Pas pour voter les yeux fermés, mais pour voir le premier filtre qu’ils ont fait, souvent voter pareil, parfois s’abs­te­nir, excep­tion­nel­le­ment être en désac­cord. Gardez votre propre sens critique en toute occa­sion. Voici ma liste de profils à explo­rer (bien aller jusqu’en bas des pages où il y a aussi les votes) :

    De manière inté­res­sante, ça fonc­tionne aussi dans l’autre sens si vous trou­vez des repous­soirs : Person­nel­le­ment j’ai par exemple le syndi­cat natio­nal de l’édi­tion (SNE), qui en lui-même est très impor­tant mais qui se à toujours prendre des posi­tions pour l’ex­ten­sion du droit d’au­teur et contre la libre circu­la­tion.

    Bien entendu, vous pouvez aussi aller plus vite vu que j’ai déjà fait la collecte de tout ça en regar­dant direc­te­ment mes propres votes et inter­ven­tions. Ça évite de cliquer plusieurs fois sur le même lien si diffé­rents acteurs sont inter­ve­nus dessus. Par contre vous pouvez manquer les quelques rares inter­ven­tions où je me suis abstenu de voter parce que quelque chose me gênait (ou parce que je n’avais pas le recul néces­saire pour avoir un avis assez intel­li­gent).

    Il y aussi un docu­ment réca­pi­tu­la­tif de quelques points prin­ci­paux réalisé par quelques unes des asso­cia­tions citées, et quelques autres qui n’ont pas parti­cipé direc­te­ment sur Répu­blique Numé­rique. Vous trou­ve­rez aussi le docu­ment de LQDN, celui du CNN, et la sélec­tion de Tris­tan Nitot.

  • Reli­sons la notice

    [Je] lis les mêmes argu­ments, varia­tions autour du thème “la sécu­rité est la première des liber­tés” et “point de liberté sans sécu­rité”. Mon poil de juriste, que j’ai dru hormis sur le crâne, se hérisse aussi­tôt. Et je m’en vais faire mien cet apoph­tegme bien connu des infor­ma­ti­ciens : RTFM, qui peut se traduire par “Diantre, et si nous reli­sions la notice ?”

    […]

    La réponse est à l’ar­ticle 2 [de la décla­ra­tion des droits de l’homme et du citoyen] : Le but de toute asso­cia­tion poli­tique (dans le sens d’État, et non de parti poli­tique comme cela pour­rait être compris aujourd’­hui) est la conser­va­tion des droits natu­rels et impres­crip­tibles de l’Homme. Voilà le but et l’objet de l’Etat : proté­ger nos liber­tés. Avouez que ça ne semble plus aller de soi.

    Deuxième ques­tion : quels sont ces droits ? Ils sont énumé­rés juste après : Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résis­tance à l’op­pres­sion.

    […]

    clari­fions un point essen­tiel tout de suite : la sûreté n’est pas la sécu­rité que nous promettent nos élus pour peu que nous renon­cions à toute garan­tie de notre vie privée. La sûreté qui préoc­cu­pait les révo­lu­tion­naires de 1789 n’est pas la certi­tude de vivre toute sa vie indemne de tout mal, pensée absurde dans la France de 1789, mais, et c’est là la pensée révo­lu­tion­naire : la protec­tion de l’in­di­vidu face à la puis­sance de l’État, que ce soit un roi ou tout autre diri­geant.

    […]

    Ainsi, ceux qui disent que la sécu­rité est la première des liber­tés se trompent et prennent le problème à l’en­vers. La sécu­rité est bien sûr essen­tielle, mais car elle four­nit le cadre d’une appli­ca­tion sereine et entière des droits de l’homme. L’in­voquer pour limi­ter ces droits est donc une trahi­son et une forfai­ture.

    — Jour­nal d’un avocat

    À lire en entier, parce que le style de Maître Eolas est toujours un plai­sir, mais aussi comprendre d’où on vient, combien la dérive actuelle est dange­reuse, tota­le­ment contraire à l’es­prit fonda­teur de notre État.

  • Proté­ger dans le respect des liber­tés – argu­men­taire

    Projet de loi renseignement - Protéger dans le respect des libertésLe PS vient de publier son argu­men­taire marke­ting pour le soutien au projet de loi rensei­gne­ment. Déco­dage.

    La loi renseignement, annoncée par François Hollande en juillet 2014 n’est pas une loi de circonstance, mais l’aboutissement d’une réflexion approfondie à la suite du rapport des parlementaires J.J. Urvoas et P. Verchère en 2013. Les attentats de janvier 2015 ont accéléré le calendrier en raison de l’urgence pour notre pays de se doter de moyens modernes et efficaces pour prévenir notamment les actes de terrorisme. L’engagement international de la France en fait plus que jamais une cible.Le fait que les atten­tats de janvier 2015 n’au­raient proba­ble­ment pas été empê­chés avec la surveillance que nous prévoyons ici ne semble inter­pe­ler personne.

    En réalité le rapport de 2013 a déjà mené à la loi de program­ma­tion mili­taire de fin 2013, avec déjà des dispo­si­tions large­ment limite vis à vis des liber­tés publiques et parti­cu­liè­re­ment de la liberté d’ex­pres­sion.

    Il s’agit juste ici de profi­ter de l’in­di­gna­tion pour faire passer d’autres dispo­si­tions que l’opi­nion poli­tique n’ac­cep­te­rait jamais à froid. Il y a donc effec­ti­ve­ment urgence, mais pas celle qu’on croit.

    RENFORCER L’ACTION DES SERVICES DE RENSEIGNEMENT - La France est l’une des dernières démocraties à ne pas avoir de cadre juridique pour structurer les activités de ses services de renseignements. Ce vide fragilise potentiellement les libertés individuelles en même temps que les agents de ces services dans leur action quotidienneIl n’y avait aucun « vide », juste des lois que les services de rensei­gne­ment ne respec­taient pas, en toute impu­nité. On avouera que c’est nette­ment diffé­rent. On peut dire que ça fragi­li­sait l’ac­ti­vité des agents, de la même manière que l’in­ter­dic­tion du vol fragi­lise l’ac­ti­vité des voleurs.

    En tout état de cause, cela ne fragi­li­sait en rien les liber­tés indi­vi­duelles, qui elles étaient juste­ment plei­ne­ment proté­gées. C’est juste­ment ce qui va chan­ger.

    1/Les limites du droit actuel. La seule législation encadrant certaines activités de renseignement est la loi de juillet 1991, pour les seules écoutes téléphoniques. Elle a été adoptée bien avant l’essor de l’Internet et de la téléphonie mobile, ce qui rend aujourd’hui, les possibilités d’action des services très limitées.Donc, repre­nons : On nous dit qu’il y a un vide qu’il est urgent de remplir, avant de nous dire qu’en fait non il y a bien un cadre exis­tant au moins depuis 1991 mais limité car ne prévoyant pas la télé­pho­nie mobile, et ce malgré l’en­cart qui rappelle le cadre de 2013 qui auto­rise l’ac­cès à toutes les données tech­niques de connexion et à la géolo­ca­li­sa­tion en temps réel des télé­phones portables.

    Vous le voyez qu’on essaye de nous enfu­mer là ? Trois para­graphes qui se suivent, qui contre­disent chacun l’ar­gu­ment précé­dent.

    Le problème n’est pas de fixer un cadre. Il n’est pas non plus celui de la télé­pho­nie mobile. Le problème c’est d’au­to­ri­ser ce qui était expli­ci­te­ment illé­gal, donc aller instal­ler des outils d’ana­lyse de masse direc­te­ment chez les opéra­teurs.

    Les services pourront toujours mettre en œuvre des interceptions de sécurité et solliciter des données de connexion. Des algorithmes pourront être installés sur les réseaux des opérateurs et fournisseurs d’accès afin de détecter l’organisation de projets terroristes. Certaines techniques aujourd’hui exclusivement employées par la police judiciaire à des fins répressives pourront être utilisées dans un but préventif (balisage de véhicules, prises de sons et d’images dans des lieux privés, captation des données informatiques) sous le contrôle du juge administratif. L’administration pénitentiaire sera également dotée de ces moyens de surveillance pour l’accomplissement de ces missions en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.Il y a 10 ans, on aurait parlé de pédo­por­no­gra­phie pour faire peur. Aujourd’­hui c’est de terro­risme. Donc, on parle de terro­risme, oui, mais aussi (entre autres) :

    Des inté­rêts essen­tiels de la poli­tique étran­gère et de l’exé­cu­tion des enga­ge­ments euro­péens et inter­na­tio­naux de la France

    Dit autre­ment, si l’exé­cu­tif français s’en­gage dans un traité inter­na­tio­nal ou euro­péen, elle peut surveiller tout ce qui risque de le mettre en échec. Nucléaire, copy­right, écono­mie… pas vrai­ment de limite.

    Les inté­rêts écono­miques et scien­ti­fiques essen­tiels de la France

    On parle d’es­pion­nage écono­mique et scien­ti­fique de base, mais aussi plus géné­ra­le­ment de tout ce qui peut entra­ver ce que l’exé­cu­tif consi­dère comme l’in­té­rêt de la France à ce niveau. Tiens, une orga­ni­sa­tion écolo­gique qui milite contre la poli­tique nucléaire, que la France a toujours consi­déré comme au coeur de son inté­rêt natio­nal écono­mique et scien­ti­fique… Plus vrai­ment du terro­risme là.

    La préven­tion de la crimi­na­lité et de la délinquance orga­ni­sées

    Pas vrai­ment du terro­risme là. La préven­tion de la délinquance, fut-elle orga­ni­sée, ça peut toucher quasi­ment tout le monde (éven­tuel­le­ment par erreur).

    La préven­tion des violences collec­tives de nature à porter grave­ment atteinte à la paix publique

    Celui là est le plus joli, car il permet de cibler l’es­sen­tiel des acti­vi­tés syndi­cales liées à des mani­fes­ta­tions.

    Atten­tion ! Tous ces motifs ne concernent pas des faits avérés mais de la préven­tion. Il n’y a donc pas besoin d’avoir été l’au­teur de violences collec­tives, de délinquance orga­ni­sée, ou d’in­té­rêts écono­miques.

    On parle de préven­tion, c’est à dire qu’il suffit que l’exé­cu­tif pense – arbi­trai­re­ment – que la surveillance en ques­tion puisse peut être l’ai­der à savoir quelque chose qui permet­tra de préve­nir un problème. Si vous croyez que ça ne vous concerne pas, reli­sez la phrase précé­dente.

    3/Un contrôle parlementaire. Les services sont des administrations. Et comme pour toutes les autres, il est de la responsabilité du Premier ministre d’en répondre devant le Parlement et de manière régulière devant la Délégation parlementaire au renseignement qui voit croître les informations portées à sa connaissance.

    Quand on parle du Premier Ministre qui en répond devant le parle­ment, ça veut dire que ça repose sur la possi­bi­lité pour le parle­ment de voter une motion de censure afin de renver­ser le Premier Ministre de sa propre majo­rité. Étant donné le fonc­tion­ne­ment de la Vème répu­blique, c’est super rassu­rant comme garde-fou, non ?

    Sachant que dans le cas extrê­me­ment impro­bable où ça arrive, ça n’ar­rête aucune action entre­prise dans le cadre de la présente loi, ça permet juste la nomi­na­tion d’un nouveau Premier Ministre.

    Vous le sentez bien le garde-fou pour vos liber­tés ?

    Ah, la commis­sion de contrôle. Une des moti­va­tions de ce projet de loi est plus ou moins offi­ciel­le­ment que les services de rensei­gne­ment exécutent déjà une partie de ces actions, de façon tout à fait illé­gale, et qu’il faut leur donner un cadre légal (en gros : léga­li­ser leurs actions illé­gales).

    Ils sont déjà surveillés par la commis­sion de contrôle avec des magis­trats et des parle­men­taires. Le rappor­teur du projet de loi en ques­tion fait juste­ment partie de la commis­sion actuelle qui ne trouve visi­ble­ment rien à y redire et n’a pas empê­ché ces dérives. C’est dire combien le verrou contre les abus est au centre des préoc­cu­pa­tions…

    Ça y est, vous vous sentez proté­gés ?

    Oh, et on vous a dit que le président de la commis­sion de contrôle actuelle s’est exprimé dans la presse pour dire que ce nouveau texte affai­bli­rait le contrôle sur l’ac­ti­vité de rensei­gne­ment ? Elle rassure cette commis­sion de contrôle, hein ?

    Là on est limite dans la farce. Donc vous aurez un droit de recours devant le Conseil d’État si vous êtes la cible de surveillances.

    Oh, bien sûr pour ça il faudra savoir puis prou­ver que vous êtes la cible d’une surveillance, qui par nature ne sera jamais publique. Autant dire que c’est de pure forme. Tout au plus ça peut servir à un cas tous les trois ans, et unique­ment après que le dommage ait eu lieu.

    Le reste est à l’ave­nant, avec un tableau de pure mauvaise foi à la fin.

    Alors, rassuré par le docu­ment du PS ?

  • Moi, censuré par la France pour mes opinions poli­tiques

    Quelle réponse donner au blocage admi­nis­tra­tif décidé par le gouver­ne­ment français ? […]

    Le site isla­mic-news.info a été fondé en mai 2013. Je l’ai créé quelques mois après ma sortie de l’uni­ver­sité, mon diplôme de droit inter­na­tio­nal public, diplo­ma­tique et consu­laire en poche.

    Et là déjà on peut moti­ver et discu­ter de l’ur­gence, pour un site qui a déjà deux ans et pour lequel rien n’a été fait jusqu’à fin mars 2015. Vrai­sem­bla­ble­ment passer par une procé­dure judi­ciaire n’au­rait pas été déli­rant. On ne parle pas d’un site obscur et caché :

    Le site était dirigé par un seul homme, qui vit en Europe et qui est inscrit léga­le­ment sur les registres d’OVH et qui paie avec son propre compte en banque le serveur qu’il loue auprès du numéro 1 français. Aucun cryp­tage de données n’est utilisé.

    Bref, passer par le judi­ciaire ne présen­tait aucun obstacle. Mais surtout, la ques­tion se pose sur le fond. Est-ce que juge­ment un juge aurait accepté une telle mise hors ligne avec si peu de moti­va­tion ?

    L’in­ci­ta­tion ou la provo­ca­tion au terro­risme n’a aucun sens pour moi, aucun inté­rêt. Je suis convaincu que mille mots sont plus effi­caces que tout acte de violence. C’est ma convic­tion person­nelle.

    […] La meilleure manière de prou­ver cela est de citer un article que j’ai écrit début 2014. J’avais vive­ment dénoncé les propos d’un combat­tant en Syrie qui encou­ra­geait à commettre des atten­tats en Europe. J’avais souli­gné le danger de ce genre de message et ses consé­quences néfastes sur la popu­la­tion musul­mane en Europe, qui n’a vrai­ment pas besoin de ça en ces moments.

    […] J’ai­me­rai égale­ment atti­rer votre atten­tion sur l’un des articles les plus influents que j’ai écrit. J’avais abordé la ques­tion des jeunes euro­péens qui s’en­ga­geaient en Syrie pour mener le djihad. J’avais fait un appel public pour qu’ils n’aillent pas se faire tuer pour rien en Syrie dans une guerre qu’ils ne comprennent pas.

    Apolo­gie alors ?

    En résumé, c’est défendre les actes de terro­risme commis et se féli­ci­ter de leur surve­nance. Rien, abso­lu­ment rien, dans ce que j’ai écrit ne fait passer les actes terro­ristes sous un jour favo­rable ni ne les légi­time. Et puis de quels actes de terro­risme parle-t-on ? Je n’ai pas écrit un mot sur la tuerie de Char­lie Hebdo, pas un mot sur les déca­pi­ta­tions de l’Etat isla­mique, pas un mot sur le jorda­nien brûlé vivant, pas un mot sur les soldats alaouites et chiites massa­crés. Bref, j’ai sciem­ment évité les sujets polé­miques qui pour­raient être mal inter­pré­tés.

    En outre, et contrai­re­ment à ce qu’a­vance le ministre de l’in­té­rieur, je n’ai jamais diffusé la moindre vidéo de l’Etat isla­mique sur mon site.

    C’est bien évidem­ment un seul point de vue, mais qui a le mérite d’être argu­menté. Je n’ai aucun juge­ment sur le fond, car pas assez d’élé­ment pour cela, mais ça mérite forcé­ment mieux qu’une censure admi­nis­tra­tive sans débat contra­dic­toire, sans inter­ven­tion d’un juge indé­pen­dant. Dans un État de droit, ce serait le mini­mum.

    Mais alors sur quoi le gouver­ne­ment français a-t-il fondé son blocage ? Je pense que la raison est poli­tique. Ma posi­tion peut choquer à partir du moment où je vise davan­tage les oppo­sants de l’Etat isla­mique plutôt que lui-même. […]

    Je pense donc que j’ai payé mon enga­ge­ment poli­tique à la fois contre l’in­ter­ven­tion­nisme mili­taire arabo-occi­den­tal et chiite dans la région et contre les groupes armés soute­nus par les acteurs préci­tés. Ce qui a fait dire au Monde que je suis contre la « propa­gande chiito-occi­den­tale ». Abso­lu­ment, je me décris comme un oppo­sant de la propa­gande chiito-occi­den­tale et il me semble que cela est mon droit de l’être, quitte à ulcé­rer certains. Être contre cette propa­gande n’est pas illé­gal. C’est même la règle du jeu. Cela ne signi­fie pas non plus un anti-occi­den­ta­lisme primaire. Les va-t’en guerre aux commandes des Etats occi­den­taux ne repré­sentent pas l’oc­ci­dent dans sa globa­lité.

    Combien est loin le soit-disant esprit du 11 janvier où on glori­fiait le droit à avoir des propos qui dérangent, à provoquer…

    À lire la lettre complète de l’au­teur du site Isla­mic News, récente victime de la censure admi­nis­tra­tive en France. Ne connais­sant pas le site préa­la­ble­ment, je suis bien à mal de juger du fond. Sur la forme, par contre, il parait évident qu’il y a maldonne et que nous avons pris un chemin très dange­reux.

    Mise à jour : Il semble que ce qui a été repro­ché est la cita­tion, avec fichier verba­tim audio, d’un discours du leader de l’État Isla­mique. On ne reproche visi­ble­ment pas au site d’avoir soutenu ce discours ou de l’avoir mis dans une lumière favo­rable, juste d’y avoir donné accès. Je reste très dubi­ta­tif sur le contexte, qui est celui d’un site de presse, si on se doit de cacher l’in­for­ma­tion source et de ne pas y donner accès. Les consé­quences peuvent être dange­reuses. – Mais là aussi, c’est à un juge de déci­der, après un débat public et contra­dic­toire, parce que c’est ce qui diffé­ren­cie une dicta­ture d’un État de droit.

  • The auto­mo­bile is a swift and power­ful vehicle

    The auto­mo­bile is a swift and power­ful vehicle of recent deve­lop­ment, which has multi­plied by quan­tity produc­tion and taken posses­sion of our high­ways in batta­lions, until the slower, animal-drawn vehicles, with their easily noted indi­vi­dua­lity, are rare. Cons­truc­ted as cove­red vehicles to stan­dard form in immense quan­ti­ties, and with a capa­city for speed riva­ling express trains, they furnish for success­ful commis­sion of crime a disgui­sing means of silent approach and swift escape unknown in the history of the world before their advent. The ques­tion of their police control and reaso­nable march on high­ways or other public places is a serious ques­tion… The baffling extent to which they are success­fully utili­zed to faci­li­tate commis­sion of crime of all degrees, from those against mora­lity, chas­tity, and decency to robbery, rape, burglary, and murder, is a matter of common know­ledge. Upon that problem a condi­tion and not a theory confronts proper admi­nis­tra­tion of our crimi­nal laws.

    Nous avons toujours eu peur des choses nouvelles. Aujourd’­hui ce texte fait bien rire mais nos véhi­cules ont un marquage moteur, une plaque d’im­ma­tri­cu­la­tion, une carte grise qui les rattache au proprié­tai­re… L’uti­li­sa­tion d’une auto­mo­bile est tout sauf anonyme.

    Les géné­ra­tions futures rigo­le­ront bien de la peur d’In­ter­net de nos poli­tiques actuels, mais ils héri­te­ront de notre lais­ser-faire. À médi­ter.