Ceux qui pensent broyer du noir sont des fous, c’est le noir qui les broie.
Auteur/autrice : Éric
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[Photo] Recherche
Souvent je recherche quelque chose, je ne sais pas vraiment quoi avant de l’avoir trouvé. Parfois je ne sais pas non plus ce que j’ai trouvé mais il y a un quelque chose qui m’arrête.
Ces photos là ont plein de défaut, semblent mal cadrées et mal agencées, mais c’est souvent de mon fait au post traitement. Elles me parlent ainsi.
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[Photo] Se voir autrement
Sur un portrait classique on parle simplement d’expressions, de style, d’apparence. Finalement c’est une carapace de plus. Je cherche le corps qui existe en dessous.
Je crois qu’un des plus beaux compliments qu’on puisse me faire en voyant les résultats est le « je ne m’étais jamais vue ainsi ».
Dès qu’on touche au corps, le moi prend un autre sens. C’est un moi qu’on ne peut pas nier ou exclure, qu’on doit se réapproprier quand on le redécouvre.
J’en vois trop qui font semblant de ne pas m’avoir lu dans ma seconde partie précédente. Accordez-moi un peu de temps pour lire, puis pour m’aider.
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Le prix du livre numérique : 3 – Le coût du numérique
Dis tonton, pourquoi on me dit que le livre numérique coûte autant que le livre papier ? Ça n’a aucun sens !
Pour justifier que les livres numériques coûtent sensiblement plus cher ou à peu près aussi cher que les livres papier, on raconte que ça coûte autant à l’éditeur.
C’est difficile à contester parce qu’on entre sur des terrains marécageux où les coûts ne sont pas publics, et différents pour chaque éditeur, chaque distributeur, chaque type de livre. Je vais uniquement parler de romans (c’est très différents pour des epub 3 complexes) pour des éditeurs de moyenne importance ou plus.
Tentons toutefois de dégonfler la légende.
Le travail d’éditeur
Commençons par tout ce qui est identique : la sélection, le travail de l’auteur, l’activité de correction, d’édition, de style de collection, de promotion hors librairie (quand il y en a), de comptabilité et suivi des ventes. Là dedans rien ne change qu’on parle de papier ou de numérique, ou si peu. Ça ne justifie ni un prix plus faible ni un prix plus fort.
Les tiers de la chaîne
En théorie l’auteur fait le même travail et gagne la même chose. En pratique chez de nombreux éditeurs les droits d’auteurs sont réduits sur les éditions numériques, jusqu’à la moitié.
La chaîne de vente (diffuseur, distributeur, libraire) est très différente en numérique et en papier. Les coûts sont aussi très différents suivant qu’on parle d’un petit éditeur ou d’un gros, d’un petit libraire ou d’un gros. Sensiblement la somme des trois représente quelque chose comme 40 à 55% sur un livre papier, 35 à 45% sur un livre numérique.
La fabrication
Là on arrête de rire.
Côté papier on paye quelqu’un a faire la maquette fine : au moins relire pour régler les veuves, orphelines et césures nécessaires, au jugé après un premier travail automatique. Il y a un bon à tirer validé avec l’auteur à ce niveau, donc forcément un vrai travail qui coûte des sous. C’est fait en interne, je suppose de quelques à plusieurs centaines d’euros.
Ensuite il faut imprimer. Je n’ai pas les coûts non plus mais il y a un coût fixe rien que pour régler et calibrer la chaîne d’impression. C’est non négligeable au point que déclencher une nouvelle impression à l’identique a un coût significatif pour mon éditeur. Bien entendu il y a des exemplaires de test, des risques d’échec, des validations à faire. On parle de travail manuel, donc cher.
Enfin il faut payer le papier, l’encre, l’impression et l’assemblage. C’est un coût par livre, donc pas négligeable non plus, même si ça dépend forcément des choix de qualité de l’éditeur.
Ça ne représente peut-être pas le coût principal dans un livre, mais c’est cher, non négligeable, et croissant avec le nombre de livres vendus.
À côté la fabrication d’un roman simple c’est la course au prestataire le moins cher. On trouve des éditeurs qui travaillent avec des chaînes automatiques pour 50 € par titre, et certains peuvent demander des aides du CNL pour cela. Les éditeurs qui y investissent le plus doivent compter en centaines d’euros. C’est un coût fixe, non dépendant du nombre d’exemplaires vendus.
Les stocks
Dernier détail : En papier on réalise des tirages. L’impression se fait sur quelques centaines, quelques milliers ou quelques dizaines de milliers d’exemplaires. Comme on l’a vu, ça coûte cher. C’est un pari.
Ces exemplaires il faut les envoyer, stocker le surplus, parfois récupérer les retours invendus des libraires, parfois avoir imprimé trop d’exemplaires et payer pour les détruire alors qu’on a déjà payé pour les construire.
Il faut prévoir assez – pour ne pas repayer inutilement les coûts fixes de l’impression – mais pas trop – pour ne pas payer des livres qu’on va mettre au pilon où vendre soldés. Ce risque est inclus dans le prix du livre papier.
Côté numérique, rien de tout ça. Zéro, nada. Une fois payés les 50 à 500 €, on est tranquilles quelles que soient les ventes.
Résumons un peu
Si on publie un livre papier, les coûts fixes supplémentaires pour le publier en numérique sont de l’ordre de quelques dizaines à quelques centaines d’euros. En parallèle, pour l’éditeur, les coûts variables significativement plus faibles que pour un livre papier. Mieux, il n’y a aucun risque de payer des livres qui finirons en invendus.
Pour un petit éditeur, 20 à 100 € de coût fixe ça peut être un vrai frein. Les ventes numériques sont faibles et, même s’ils sont faibles, il n’a pas de garantie de rentrer dans ses frais. Oui, un petit éditeur ce sont des équilibres très précaires.
Pour un éditeur de moyenne à grande importance, par contre, la vérité c’est que même en offrant un prix sensiblement moins cher au public, l’éditeur y gagne plus sur un livre numérique que sur un livre papier.
Si un éditeur justifie un prix élevé du numérique à cause de coûts spécifiques, si c’est un éditeur qui compte au moins en centaines d’exemplaires numériques vendus, c’est du vent.
L’auteur
Aujourd’hui le vrai perdant, comme toujours, c’est malheureusement l’auteur. Vu qu’il est payé au pourcentage, non seulement un livre numérique moins cher lui rapporte moins, mais parfois son pourcentage est même réduit significativement quand il s’agit d’une vente numérique (c’est vrai aussi sur les ventes poche cela dit).
La solution n’est pas de refuser le numérique et d’acheter en papier, c’est d’aider les auteurs à avoir une part correcte des ventes en numérique.
Heureusement ça bouge, de plus en plus les bonnes maisons d’édition acceptent de donner à l’auteur une commission plus importante sur les ventes numériques.
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Le prix du livre numérique : 2 – Privilégier le papier
Dis tonton, pourquoi je trouve mon livre numérique au même prix ou légèrement plus cher que le livre papier en librairie ? Ça n’a aucun sens !
Autant dans le cas précédent il y a de bonnes raisons économiques ou historiques, là on passe dans l’idéologie.
Il y a des éditeurs qui ne veulent pas que le numérique se diffuse. Il y a autant de raisons à ça que d’intervenants. Il y a les élitistes qui considèrent qu’un livre c’est du papier et c’est tout ou qui ont une détestation claire de tout ce qui est écran ou numérique. Il y a ceux qui pensent que le numérique va détruire le droit d’auteur, et donc leur activité voire toute la création littéraire. Il y a ceux qui parlent de destruction de valeur et qui ont peur d’une baisse des prix, et donc de leur capital. Il y a ceux qui ont peur que le pouvoir passe des mains des éditeurs aux mains des distributeurs (Amazon, Apple, mais pas que).
Je ne dirai certainement pas que tout est folie – surtout le dernier point – mais plus qu’un vrai choix stratégique, ça semble être la somme des craintes et jugements de chaque personne qui fait que la machine freine face au changement et à tout ce qui est numérique.
Le résultat c’est que oui. Aujourd’hui il y a encore des éditeurs qui mettent le numérique au même prix que le papier. C’est souvent argumenté – et contestable – mais entre les lignes c’est aussi une volonté de garder le marché tel quel, avec du papier.
Même dans les divisions numériques dont c’est le rôle, on ne veut pas déclencher la révolution trop tôt, on appuie plus sur le frein que sur l’accélérateur.
Bref, même prix. Sauf que les libraires ont le droit de faire 5% de remise sur les livres papier. Même prix facial, mais le papier se retrouve au final moins cher à l’achat que le numérique.
Jouer le jeu
J’ai peu de solutions à ça parce qu’on joue sur la crainte du futur. J’ai essayé de discuter mais ça ne bougera pas vite. Le pire c’est qu’en achetant le papier quand le prix est identique, on renforce leur logique.
Le seul conseil que j’ai c’est d’exprimer notre mécontentement publiquement, à chaque fois qu’un éditeur ne joue pas le jeu.
Un éditeur qui joue le jeu, c’est qu’un roman numérique ait au moins 30% de décote sur le grand format papier, et au moins 15% par rapport au prix facial du format poche si ce dernier existe.
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Le prix du livre numérique : 1 – Le format poche
Dis tonton, pourquoi je trouve mon livre numérique à plus de 15 € alors que j’ai le même livre papier à 8 € en librairie ? Ça n’a aucun sens !
Une telle différence c’est la faute du livre de poche.
En papier il y a le grand format et le poche. Les nouveautés sortent en grand format – à prendre au sens littéral, le livre est de plus grande taille – avec du bon papier bien blanc et bien épais, et un prix aujourd’hui supérieur à 20 €.
Quand les ventes en grand format s’épuisent, on donne alors une seconde vie au texte en sortant une édition poche : petite taille avec un papier de moindre qualité mais un prix dans les 8 €.
Ce qu’il faut retenir c’est que ces deux éditions sont au mieux gérées par des collections ou des filiales relativement indépendantes dans la maison d’édition. Pour les éditeurs c’est vraiment un second livre, distinct, pas juste une baisse de prix. Souvent il s’agit même d’un éditeur différent qui rachète spécifiquement le droit d’éditer en version poche.
parlons de numérique
L’éditeur du grand format vend son livre numérique à un prix initialement élevé, en rapport avec le prix de sa version papier. Quand l’édition poche arrive…
… parfois il n’a pas envie de baisser le prix numérique alors que l’édition grand format papier est toujours en vente. Le lecteur ne comprendrait pas (si, si, un éditeur m’a dit ça).
… parfois le livre numérique continue à se vendre à son prix initial. Comme les ventes numériques sont faibles, on veut amortir les investissements le plus longtemps possible, quitte à ce que le papier soit moitié moins cher. Le prix changera quand les ventes chuteront, pour donner là aussi une seconde vie.
… parfois l’éditeur du grand format ne s’en préoccupe simplement pas. Les ventes numériques sont faibles par rapport au papier, personne ne cherche à y mener une politique tarifaire cohérente.
… parfois l’éditeur grand format ne veut pas concurrencer le livre de poche. La revente des droits poche est un vrai business très rentable et on ne veut pas mécontenter l’éditeur poche (celui qui achète les droits) en marchant sur ses plate-bandes du livre peu cher. On ne me l’a pas dit explicitement mais je crois même avoir compris que parfois il y avait un engagement contractuel de l’éditeur grand format de ne pas vendre au-dessous d’un certain prix… et malheureusement ça vaut alors aussi pour le numérique.
Petite astuce
Les couvertures des deux éditions sont généralement différentes. Si votre livre numérique a la même illustration de couverture que l’édition initiale grand format, il y a toutes les chances qu’un prix élevé vienne de cet héritage lié aux éditions papier.
Il y a eu une prise de conscience et les grandes maisons d’édition ne se laissent plus toutes avoir. Il reste que les habitudes et les contrats ne se changent pas d’un coup.
Petite astuce quand même : parfois l’éditeur grand format et l’éditeur poche ont tous deux une version numérique… à des prix différents. Si le prix vous semble délirant, regardez si le même titre n’existe pas aussi en parallèle à un prix plus abordable. Ça arrive.
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[Photo] Même cachée
Parce que la croix est belle même cachée.
Les premiers traitements sont souvent en couleur, surtout ici avec un bleu magnifique qui le mérite vraiment, mais au fur et à mesure des sélections je finis encore et toujours par repasser en noir et blanc.
Sur la sélection j’en ai eu une que je voulais quand même garder en couleur, mais elle n’a pas survécue une série autrement complètement noir et blanc.
Je publie enfin cette séance, plusieurs mois après. L’idée même me bloquait un peu pour avancer vers d’autres séances.
Aujourd’hui je cherche à reprogrammer et je n’ai plus rien dans le calendrier alors on va faire un pacte toi et moi, lecteur (oui, toi aussi, ne te cache pas, je ne m’adresse pas qu’aux autres).
J’aimerai que tu viennes prendre un verre et discuter, que je te dise ce que je fais, pourquoi et comment, et qu’on envisage ensemble une séance. Je suis sérieux, même si ça te semble difficile, irréalisable, « pas pour toi ». Je me moque que tu ne ressembles pas aux magazines, que tu ne te plaises pas ou que tu aies des cicatrices (en fait non, tu m’intéresses d’autant plus), même si nous nous connaissons bien ou qu’au contraire nous ne nous connaissons pas. Je comprends que tu puisses ne pas oser, ne pas le sentir, ne pas souhaiter t’exposer, ou pas entièrement. Je te propose juste de parler.
Et si tu ne veux vraiment pas en parler avec moi, si tu prévois de faire semblant de ne pas avoir lu le paragraphe précédent, au moins va voir les différentes séries et donne-moi du feedback – ici, là-bas ou par e-mail ; là où et comment ça te semble le plus simple – même si tu crois n’avoir rien à dire ou aucune légitimité, même si c’est pour me dire ce qui te plait et ce qui ne te plait pas.
Puis-je compter sur toi pour cet effort ? Ça m’aiderait bien plus que tu ne le crois.
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Lectures vrac en vrac – mi-juin 2016
Keycafé : Un système organisé de dépose et remise de clefs. Forcément c’est payant, mais ça peut être une solution pour ceux qui ne se reposent pas sur la bonne volonté des proches.
EDF veut reporter le démantèlement de ses centrales (Mediapart). Où on voit qu’on ne sait simplement pas comment démanteler les centrales aujourd’hui. On sait que ce qu’EDF déclairait il y a encore peu était consciemment faux, et qu’elle estime aujourd’hui avoir besoin de 20 ans pour juste mettre au point la technologie envisagée. On parle de décennies de retard sur les annonces.
Je comprends pas pourquoi ils veulent pas jouer avec moi. Formidable leçon de vie et d’éducation, sur comment prendre de la hauteur dans ses propres préoccupations.
Mamihlapinatapai (wikipedia) : « un regard partagé entre deux personnes dont chacune espère que l’autre va prendre l’initiative de quelque chose que les deux désirent mais qu’aucun ne veut commencer. »
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[Photo] La croix
C’est une séance faite il y a des mois que j’ai traîné à finaliser. Je suis content d’en commencer la publication parce que ça me bloquait un peu pour avancer.
Maintenant on peut s’y remettre. Qui est partant ?La plupart des travaux du projet se trouvent toujours archivés sur Flickr.
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Lectures techniques en vrac – début juin 2016
Using React Native: One year later. Où il semble que la réactivité ne soit pas vraiment là. Je me demande si du pur web poserait les mêmes difficultés.
Les services publics anglais bannissent les « apps ». À l’opposé de la tendance gadget, pour ceux qui ont une vraie réflexion sur le long terme et pas seulement une volonté de faire des opérations de communication…
The Software Development Poverty Trap. Le piège à pauvreté, où ne pas avoir d’argent fait dépenser plus, et donc empêche de passer le palier qui permettrait de s’en sortir. Superbe analogie sur un article pas trop long.