Auteur/autrice : Éric

  • Le télé­tra­vail comme révé­la­teur de mauvaises orga­ni­sa­tions

    Le télé­tra­vail fonc­tionne.

    Pas partout. Ça demande une orga­ni­sa­tion qui va avec. On parle d’écrit, de commu­ni­ca­tion, d’im­pli­ca­tion, de prise de respon­sa­bi­li­tés et de confiance, entre autres.

    Ce que ça demande me paraît toute­fois perti­nent même pour qui souhaite rester en présen­tiel. Peut être que si pour vous le télé­tra­vail ne fonc­tionne pas, c’est un bon révé­la­teur de ce qui ne fonc­tionne déjà pas, télé­tra­vail ou pas, mais qui est d’aujourd’­hui contourné d’une façon ou d’une autre.

    Le télé­tra­vail démul­ti­plie le problème, il ne le crée pas.

    Corri­gez vos problèmes. Vous aurez tout le loisir de quand même garder une culture présen­tielle si vous le souhai­tez, mais elle sera d’au­tant plus fonc­tion­nelle.


    Impli­ci­te­ment : prévoir de rester en présen­tiel le temps de corri­ger les problèmes de culture et d’or­ga­ni­sa­tion (parce que le télé­tra­vail les démul­ti­plie­rait) me semble tout à fait légi­time tant qu’ef­fec­ti­ve­ment on prévoit un plan pour les corri­ger.

    C’est aussi quelque chose à entendre pour les sala­riés qui ne voient que l’ab­sence de perte de produc­ti­vité dans leur propre travail indi­vi­duel. Parfois, souvent, les problèmes induits sont au niveau de la colla­bo­ra­tion, de la coor­di­na­tion, du soutien humain, de l’ali­gne­ment global, de l’émer­gence d’idées nouvelles ou de trans­ver­sa­lité.

    Les mana­gers et direc­teurs, de par leur rôle, sont plus amenés à perce­voir et prendre en compte ces aspects. Écou­tez-les aussi au lieu de juste penser qu’ils ne font pas confiance.


    Est-ce qu’il y a des bonnes pratiques d’or­ga­ni­sa­tion du télé­tra­vail qui ne seraient pas aussi des bonnes pratiques en présen­tiel ? Possible, mais je n’en ai pas en tête.

  • Fréquence des face à face

    Le télé­tra­vail fonc­tionne. Je ne le remets pas en cause.

    Dans mon expé­rience en deux ans dans une entre­prise sans bureaux, on avait l’am­bi­tion de se voir toutes les 6 semaines dans un co-working à Paris.

    On orga­ni­sait des ateliers mais je suis assez convaincu que se voir était plus impor­tant que les ateliers eux-mêmes.

    L’am­bi­tion était de 6 semaines. Parfois on a fait légè­re­ment moins, souvent on a fait plus. J’ai constaté une dété­rio­ra­tion visible de la commu­ni­ca­tion et de la bonne colla­bo­ra­tion dès qu’on dépas­sait 4 à 6 semaines. C’était comme un pivot, pas quelque chose de graduel.

    Je ne sais pas si la dégra­da­tion que j’ai vu après 4 à 6 semaines nous était propre ou si elle est plus univer­selle.

    Le résul­tat c’est que dans une entre­prise suivante on a demandé aux télé­tra­vailleurs de reve­nir au moins une période de deux jours par mois, idéa­le­ment consé­cu­tifs.

    Je l’ai vu ailleurs mais je n’ex­clus pas que ce soient juste les têtes gouver­nantes qui ont parlé entre eux et repris l’idée. La tech française c’est énor­mé­ment de cargo cult où on copie ce qui se fait ailleurs.

    Ce « deux à trois jours par mois » me semble toute­fois un bon compro­mis là où c’est possible. Ça fonc­tion­nait pour nous.

    La commu­ni­ca­tion passait moins bien avec ceux qui ne jouait pas le jeu (sans qu’il me soit clai­re­ment possible de dire quel était la cause et quel était l’ef­fet entre leur faible venue et la diffi­culté de colla­bo­ra­tion).

    Bref, si je peux choi­sir et que les distances le permettent, je garde­rais bien ce « deux à trois jours par mois en commun », sous une forme ou une autre (certaines entre­prises donnent juste des budgets aux équipes pour se voir, sous la forme qu’elles préfèrent).


    Si se rencon­trer souvent ce n’est pas envi­sa­geable, l’éven­tuel coût induit que je décris ne me semble pas insur­mon­table non plus.

    Chaque orga­ni­sa­tion a ses propres faci­li­tés et diffi­cul­tés. Le présen­tiel aussi, qu’on voit moins telle­ment on y est habi­tué. Il s’agit juste de trou­ver la bonne orga­ni­sa­tion qui compense avec d’autres béné­fices.

  • Le télé­tra­vail fonc­tionne

    Je ne sais pas comment le tour­ner autre­ment. Ça peut deman­der des orga­ni­sa­tions adap­tées. Il y a, forcé­ment, des avan­tages et des désa­van­tages, voire des coûts. Ce n’est pas non plus la seule orga­ni­sa­tion légi­time ou perfor­mante et il y a d’autres choix possibles mais : ça fonc­tionne.

    Dire le contraire serait juste insul­tant pour les travailleurs de plein d’en­tre­prises de toutes tailles, y compris parmi les plus en vues, qui consi­dèrent que c’est une bonne orga­ni­sa­tion pour eux. Je l’ai vu moi-même pendant deux ans avec une boîte sans bureaux.

    Our employees are not children. Spotify will keep them working remotely.

    Si vous pensez que ça ne fonc­tionne pas, le problème est à coup sûr chez vous.


    De manière inté­res­sante, les très grands groupes tech qui sont récem­ment train de reve­nir vers du présen­tiel sont habi­tués à donner des indi­ca­teurs chif­frés pour tout et n’im­porte quoi. Ici, rien pour expliquer les revi­re­ments.

    Ça ressemble beau­coup à des choix idéo­lo­giques de la part des personnes en direc­tion.

  • Objets décon­nec­tés

    Un péché d’or­gueil d’avoir fait fabriquer en France

    Libé­ra­tion

    J’en ai marre d’être pris pour un jambon. Le problème, très bien noté dans l’ar­ticle, c’est qu’il y a eu un défaut sur des milliers de cadres, qu’il a fallu un rappel, et qu’ils n’ont pas su le finan­cer.

    La fabri­ca­tion en France elle a bon dos.

    France ou Chine, le problème est surtout qu’ils ont préféré ne pas s’as­su­rer contre ce risque, ou mal.

    Je note aussi qu’on se retrouve dans le même cas que VanMoof, c’est à dire que l’en­tre­prise n’a pas pris la peine de penser à la péren­nité des vélos vendus en cas de cessa­tion d’ac­ti­vité. Sachant qu’il y a eu un précé­dent avec VanMoof, cette impasse est un choix de leur part.

    Bref, on a juste une clas­sique enter­prise qui a rogné des choses qu’elle n’au­rait pas dû et qui tente de repor­ter la faute ensuite.


    Il est peut-être temps d’avoir une légis­la­tion adap­tée aux objets connec­tés, avec une obli­ga­tion de péren­nité sur une durée de vie cible, dont au mini­mum la divul­ga­tion des proto­coles, api et signa­tures en cas de cessa­tion d’ac­ti­vité.

  • Équi­va­lence free­lance-salaire

    C’est un sujet casse-gueule. J’avais fait des mouli­nettes bien compliquées par le passé pour faire des évalua­tions.

    On m’a demandé quelques équi­va­lences alors je pose ici ce que j’ai trouvé (pour un équi­valent 5 semaines de CP et 2 semaines de RTT) :

    Brut sala­riéTJM baseavec fraisavec risques
    40 k€ annuel275 € HT435 € HT520 € HT
    50 k€ annuel340 € HT510 € HT610 € HT
    60 k€ annuel405 € HT585 € HT700 € HT
    70 k€ annuel470 € HT660 € HT790 € HT
    80 k€ annuel535 € HT735 € HT880 € HT
    90 k€ annuel600 € HT810 € HT970 € HT
    100 k€ annuel665 € HT885 € HT1060 € HT
    ± 10 k€ annuel± 65 € HT± 75 € HT± 90 € HT
    Équi­va­lence pour un free­lance en SASU

    Le TJM base est pour quelqu’un qui fait des missions longues (6 mois et plus) avec aucun inves­tis­se­ment maté­riel ni poste de travail à ache­ter, aucun frais de fonc­tion­ne­ment, pas de trans­port, aucun arrêt mala­die, sans forma­tion ni confé­rences, et qui ne compte pas son temps commer­cial ou admi­nis­tra­tif.
    Ne faites pas ça.

    Le TJM avec frais je l’ai pris avec un niveau de service que j’es­time élevé : un maté­riel infor­ma­tique Apple haut de gamme, une prévoyance, des jours d’ad­mi­nis­tra­tif, de commer­cial, de la forma­tion avec frais de dépla­ce­ment, et des jours de non factu­rés cause mala­die, etc.
    On est sur du confort tout outillé, plutôt haut de gamme.

    Le TJM avec risque c’est le même +20% pour prendre en compte les risques : les acci­dents maté­riels, la mala­die longue durée, l’in­ter-contrat sans chômage, les litiges juri­diques.

    Tout ça est forcé­ment arbi­traire, surtout le +20%, mais ça permet de se donner une idée. Très proba­ble­ment, mon conseil sera d’es­sayer de se situer entre les deux dernières colonnes. Plus le risque est élévé (première mission, faible enga­ge­ment, métier ou contexte spéci­fique, aban­don de la piste CDI paral­lèle) plus on colle à la dernière.

    Dans tous les cas ça ne sera jamais direc­te­ment compa­rable, c’est plus pour avoir un ordre de gran­deur en tête.

  • Bonnes et mauvaises pratiques d’édi­teur de service en ligne

    Je reçois un email qui prétend venir de Lydia et qui me demande de renvoyer mon RIB en réponse si je veux récu­pé­rer mes sous, que sinon j’au­rai des frais à payer, avec une notion d’ur­gence avec  « dernier rappel ».

    Un RIB par email plutôt que de me renvoyer vers le site web ?

    Décompte des points : 1x louche

    L’email provient d’un nom de domaine inconnu au bataillon, qui ne semble pas du tout être celui de Lydia : info.isbs.eu.

    Décompte des points : 2x louche

    Il n’y a aucune page Web ni sur info.isbs.eu, ni sur www.isbs.eu, ni sur isbs.eu.

    Décompte des points : 3x louche

    Les liens de l’email vers l’app ou les docs sont masqués derrière des redi­rec­tions click.isbs.eu, impos­sible de savoir où ça mène mais déjà le premier domaine n’est pas de confiance.

    Décompte des points : 4x louche

    Norma­le­ment je m’ar­rê­te­rais là. Ça ressemble à du phising sur à peu près tous les aspects. Sur un site asso­cia­tif pourquoi pas, mais pas dans le domaine finan­cier et paie­ment.

    Je m’aper­ce­vrai d’ailleurs plus tard que j’ai effec­ti­ve­ment super­be­ment ignoré les emails précé­dents, proba­ble­ment à cause de ça, dont un dont le domaine de réponse (isbs.eu) est diffé­rent du domaine de l’ex­pé­di­teur (lydia-app.com, on y revien­dra), chose assez carac­té­ris­tique d’un spam.

    Décompte des points : 5x louche


    Je ne sais pas, j’ai eu un doute cette fois-ci. L’email m’in­dique un solde crédible. Je veux en avoir le cœur net.

    J’ins­talle l’app Lydia en véri­fiant le nombre de télé­char­ge­ments pour m’as­su­rer que c’est la bonne et je m’iden­ti­fie après avoir bataillé parce que le bouton conti­nuer fait une jolie anima­tion mais sans passer à la page suivante tant que je n’ac­cepte pas les traceurs (vrai­ment ?).

    Décompte des points : 5x louche, 1x gênant

    Sur l’app j’ai un solde à zéro. Bon, je ne l’uti­lise plus mais je sais que mon solde ne devrait pas être zéro. Il y a problème.

    D’ailleurs je clique sur histo­rique pour véri­fier si on ne m’a pas tiré mes sous et je retrouve mes petits, avec du crédit en dernière tran­sac­tion donc impos­sible d’avoir un solde à zéro. Wtf ?

    Décompte des points : 5x louche, 2x gênant

    Hors de ques­tion de m’ar­rê­ter là. Le solde c’est plus de 200 €.


    Je repars sur l’email pour mieux comprendre. On me propose de créer un compte sur l’app Sume­ria. Là je me rappelle que Lydia avait changé de nom.

    Du coup j’ai de nouveau un Lydia et mes sous sont passés ailleurs (peut être avec mon accord ou mon action, même si je ne m’en souviens plus) sans capa­cité de les retrou­ver dans le nouveau Lydia.

    Décompte des points : 5x louche, 3x gênant

    J’ins­talle donc l’app Sume­ria en véri­fiant sa vrai­sem­blance. Je n’ose même pas tenter de refu­ser les traceurs ce coup ci et je tente direct de m’iden­ti­fier avec le mot de passe Lydia (il m’est proposé par bitwar­den donc soit c’est reconnu comme étant le même compte soit j’ai déjà manuel­le­ment ajouté l’app Sume­ria à ce compte Lydia).

    Il ne me dit pas que le mot de passe est mauvais mais me dit qu’il y a eu trop de tenta­tives (au premier essai). Pour­tant il m’avait demandé mon mot de passe après m’avoir demandé mon iden­ti­fiant, et me le rede­mande à nouveau. Je ne comprends pas.

    Décompte des points : 5x louche, 4x gênant

    La réini­tia­li­sa­tion de mot de passe me dit qu’ils feront une véri­fi­ca­tion d’iden­tité. Je suis dans le train donc ça va être diffi­cile, et le message du nombre de tenta­tives m’in­cite à penser qu’ils ne lais­se­ront pas passer une réini­tia­li­sa­tion sans procé­dure manuelle de leur part.

    Je tente plutôt le support, en deman­dant confir­ma­tion que l’email de départ est légi­time malgré son nom de domaine, et si oui comment j’au­rais pu le savoir (sous-entendu : c’est louche, faites mieux). En même temps je signale l’his­toire du nombre de tenta­tives.

    C’est un formu­laire, il faut que je laisse email et télé­phone avant de lais­ser le message. Je ne l’avais pas compris tout de suite (ça me fait arri­ver sur une zone de texte pleine page sans label) mais j’ai du cliquer trop vite.


    Peu après je reçois un email prove­nant du même domaine qu’à l’ori­gine, isbs.eu, sauf que cette fois-ci je n’ai même pas un nom Lydia ou Sume­ria dans le champ expé­di­teur.

    Décompte des points : 5x louche, 5x gênant

    L’email est taggé « This message might be suspi­cious or spam. » par Gmail.

    Décompte des points : 6x louche, 5x gênant

    Tout au moins le message semble être une réponse à une demande de support, ce qui crédi­bi­lise le nom de domaine. Il me demande de répondre par email avec mon numéro de télé­phone. Je suis pour­tant super convaincu de l’avoir donné dans le formu­laire de support.

    Décompte des points : 7x louche, 5x gênant

    La coïn­ci­dence serait trop forte. Je consi­dère que l’email est légi­time et je donne mon télé­phone.

    Je reçois alors encore un email, cette fois-ci de « xxx de Lydia Solu­tions » mais le domaine expé­di­teur a changé (!?) en cours de conver­sa­tion.

    Décompte des points : 8x louche, 5x gênant

    Le nouveau nom de domaine est lydia-app.com. Ok, ça parle de Lydia mais le site web connu de Lydia est lydia.me. C’est quoi ce mic-mac ?

    Décompte des points : 9x louche, 5x gênant

    Je vais voir ce nouveau nom de domaine, qui se révèle une redi­rec­tion vers sume­ria.com (et donc vers Sume­ria et non vers Lydia, alors que le nom réfé­rence Lydia).

    Décompte des points : 9x louche, 6x gênant

    Ok, et cet email me dit d’al­ler sur une page qui va déclen­cher un code par SMS et qu’il faut envoyer ce code SMS par réponse email (!!). J’ai véri­fié deux fois, on me demande de renvoyer par email un code de confir­ma­tion SMS, le truc qu’on dit toujours partout de ne jamais faire.

    Décompte des points : 10x louche, 6x gênant
    (je ne compte qu’un seul point louche mais ça en méri­te­rait bien 5 ou 6)

    Le lien sur lequel cliquer est sur lydia-app.com (pas lydia.me ni sume­ria.com) et cette fois-ci ne redi­rige pas vers Sume­ria. J’ai une page vide, avec un unique bouton au centre de la page. Rien d’autre, dont aucun élément de réas­su­rance. Le certi­fi­cat TLS est un Let’s Encrypt, donc le nom de domaine peut appar­te­nir à n’im­porte qui.

    Décompte des points : 11x louche, 6x gênant

    Je suis joueur, je commence vrai­ment à croire à un truc hyper mal foutu plutôt qu’à une malveillance. Je clique.

    Je reçois un SMS avec un code et un texte qui dit expli­ci­te­ment d’en­voyer ce code par email. J’ap­plau­dis cette réas­su­rance, j’en avais besoin vu la sensi­bi­lité de l’opé­ra­tion et c’est la première de tout le parcours.

    Décompte des points : 11x louche, 6x gênant, 1x réas­su­rance

    J’en­voie donc ce code SMS par email (j’ai dû me forcer). Le support me répond que trois adresses sont valides pour les échanges, une en @info.sume­ria.com, une en @news.sume­ria.eu, et une en @info.isbs.eu.

    Les deux premières j’au­rais accepté la légi­ti­mité d’of­fice. La dernière j’ai quand même du mal à comprendre mais pourquoi pas… si on oublie que c’est une adresse en @lydia-app.com qui me le dit, et qu’elle n’est pas dans la liste. Je ne pinaille pas, c’est impor­tant. Je n’ai pas non plus l’adresse en @isbs.eu par laquelle j’ai eu le début d’échange.

    Décompte des points : 11x louche, 7x gênant, 1x réas­su­rance
    (j’ai hésité entre louche et gênant, je vais consi­dé­rer là que c’est un problème de complé­tude de réponse du support donc juste gênant)

    On me propose aussi de réini­tia­li­ser mon mot de passe à l’aide de ma carte d’iden­tité ou de ma carte bancai­re… qui a expiré depuis.

    Décompte des points : 11x louche, 8x gênant, 1x réas­su­rance

    Pas grave, je vais répondre au mail du tout départ avec mon RIB main­te­nant que j’ai une bonne confiance qu’il est légi­time. Tant pis pour le compte Sume­ria. Tout ça ne m’a pas donné assez confiance pour le restau­rer.

    J’ai quand même été aidé après 20h le soir, rapi­de­ment, par email. C’est posi­tif.

    Décompte des points : 11x louche, 8x gênant, 1x réas­su­rance, 1x posi­tif

    De façon ironique mais quand même réel­le­ment pour aider à amélio­rer, je lui répond que son email à elle n’est pas sur la liste des adresses légi­times et que tout ça n’est pas top pour les bonnes pratiques de sécu­rité.

    Là elle me répond avec un lien qui donne effec­ti­ve­ment les adresses légi­times possibles. Je me rends compte que j’au­rais pu m’épar­gner tout ça en cher­chant sur google le nom de domaine. Je serais tombé sur cette page. Fati­gué, ça n’a pas été mon réflexe mais est-ce vrai­ment à moi de compen­ser leur fonc­tion­ne­ment louche ? Je compte une réas­su­rance utile quand même.

    Décompte des points : 11x louche, 8x gênant, 2x réas­su­rance, 1x posi­tif

    Vous savez quoi ? La page ne contient effec­ti­ve­ment que les trois adresses qu’elle m’a donné, il manque donc une adresse en @isbs.eu (seul un sous-domaine « info » est listé, et pas avec le même utili­sa­teur) et rien ne liste le domaine lydia-app.com avec lequel je discute et qui m’a demandé un code SMS.

    Décompte des points : 12x louche, 8x gênant, 2x réas­su­rance, 1x posi­tif
    (là c’est point louche vu que la page web offi­cielle et plus une discus­sion)

    Elle m’a répondu à côté. Je lui dit que son email n’est pas listé là-bas non plus. Je mets un smiley, je suis plus amusé mais je le signale expli­ci­te­ment quand même parce que sinon ça ne sera pas corrigé.

    Malheu­reu­se­ment elle insiste. Elle me dit que c’est bien sur la page web (mais non). Je sens que je l’agace.

    Décompte des points : 12x louche, 9x gênant, 2x réas­su­rance, 1x posi­tif

    J’in­siste moi-même. Désolé. J’ai besoin d’avoir l’im­pres­sion que ce sera traité. Je cite la page, expli­cite que le domaine n’y est pas. Mon propos est peut-être moi aussi un peu agacé. Je dis que je m’ar­rê­te­rai là. Ma ques­tion a eu une réponse la suite c’était pour aider, pas pour me prendre la tête avec une personne du support qui est proba­ble­ment de bonne volonté.

    Je reçois un dernier email pour me dire que les adresses données sont unique­ment pour la commu­ni­ca­tion offi­cielle de Sume­ria et que le service client utilise trois autres adresses en @news.lydia-app.com, @info.lydia-app.com et @lydia-app.com. J’ai un peu de mal à voir pourquoi un news et un info pour du support et en quoi le support n’est pas offi­ciel ou ne méri­te­rait pas d’être crédi­bi­lisé sur la page web de réas­su­rance mais je ne vais pas relan­cer, ce ne sont pas mes oignons.


    Demain je tente­rai d’en­voyer on RIB pour récu­pé­rer mon solde. Je n’ai pas hâte. L’ex­pé­rience ma très forte­ment refroidi côté sérieux et confiance.

    Pour l’ins­tant, si quelqu’un de Lydia/Sume­ria me lit, je me doute qu’il y a des raisons à tout ce circuit, mais vous êtes quand même en train de deman­der à vos utili­sa­teurs de s’ha­bi­tuer et d’agir à l’en­contre de tout ce qu’on présente partout comme des pratiques de sécu­rité contre le phishing :

    • Ne pas prendre en compte les emails venant de domaines incon­nus
    • Ne pas prendre en compte les emails avec une adresse de réponse étrange ou incon­nue
    • Ne pas cliquer sur des liens menant vers des cibles masquées ou incon­nues
    • Ne pas envoyer d’in­for­ma­tions person­nelle ou sensible par email à quelqu’un qui est censé les connaitre déjà
    • Ne JAMAIS envoyer de code de confir­ma­tion SMS par email ou ailleurs que sur la page de login offi­cielle

    Pour une app finance-paie­ment, j’at­tends autre chose. Peu importe les raisons, ça mérite de faire mieux. Il y a des moyens. Au mini­mum :

    • une inter­face web pour les messages du support, héber­gée par le nom de domaine offi­ciel prin­ci­pal (ou un sous-domaine de celui-ci)
    • la capa­cité de retrou­ver sur une page du domaine offi­ciel prin­ci­pal (ou un sous-domaine de celui-ci) les messages d’in­for­ma­tion impor­tants envoyés par email
    • les envois de données sensibles (comme un RIB) sont à faire sur une page web du du domaine offi­ciel prin­ci­pal (ou un sous-domaine de celui-ci) et pas par email
    • des pages web qui listent tous les domaines et adresses qui envoient des emails en votre nom (support inclus)
  • Je vous salue

    Sérieu­se­ment, ça m’agace d’avoir à faire ce billet. Je suis convaincu que tout le monde en a déjà marre et il y a des personnes bien plus perti­nentes que moi pour commen­ter. J’ai juste besoin de répondre à froid et pouvoir lier une réponse plusieurs fois.


    1. Est-ce que ça peut être inter­prété comme un salut nazi ?
    2. Est-ce que c’est crédible dans le contexte ?
    3. Est-ce que c’est assumé par l’au­teur ?
    4. Est-ce que c’est volon­taire par l’au­teur ?
    5. Est-ce que c’est prémé­dité par l’au­teur ?

    La première ques­tion ne fait simple­ment plus débat vu le nombre de personnes qui l’ont lu ainsi, que ce soit chez les proches des néonazi, dans les orga­ni­sa­tions anti-fascistes, ou chez monsieur-tout-le-monde. Ce n’est pas qu’une caisse de réso­nance. On a des vidéos de blog­gueurs qui réagissent en direct avec de gros yeux.

    Sur le contexte, on a un parterre d’alt-right améri­caine qu’on appelle « white supre­ma­cists », donc l’idéo­lo­gie de supré­ma­cie de race est bien là. Elon Musk lui-même a apporté son soutien récem­ment au parti qui utilise slogan et symbole nazi. Sur place les tribunes poli­tiques sont faites à partir des repré­sen­tants des extrêmes droits étran­gères. Si c’est diffi­cile à avaler, le contexte est raccord avec une réfé­rence au salut nazi.

    Elon Musk a partagé ensuite lui-même une courte vidéo avec unique­ment le geste, sans rien qui précède ou qui succède pour lais­ser penser autre chose. Il n’a fait aucune décla­ra­tion expli­cite niant la réfé­rence. Ça cadre mal avec quelqu’un qui voit un geste invo­lon­tai­re­ment inter­prété avec une réfé­rence si forte. Inten­tion­nel ou pas, l’in­ter­pré­ta­tion est au moins assu­mée après coup.

    L’autre inter­pré­ta­tion possible liée à son discours serait qu’il mime l’en­voi de son cœur. Outre la force assez carac­té­ris­tique, je vous laisse essayer de plein de façon diffé­rentes, seul et avec vos amis. Je vous parie que la paume arri­vera parfois vers le haut, souvent sur le côté, mais jamais vers le bas, encore moins avec cette forme bien carac­té­ris­tique pouce replié en dessous. S’il y a poten­tiel­le­ment un double sens, le sens du salut nazi est lui-même bien recher­ché, volon­taire.

    Un geste volon­taire, assumé, exécuté avec force et clarté au milieu d’un discours qui assure la plau­sible denia­bi­lity, Diffi­cile d’ima­gi­ner alors que la réfé­rence ne soit pas prémé­di­tée. Surtout que tout semble bien répété et il y aura bien eu quelqu’un qui lui aurait fait la remarque.

    Fran­che­ment, que reste-t-il ?

    Oui il y a un double sens, c’est le propre de ces dog whistle. C’est reconnu par tout le monde tout en rele­vant de l’in­ter­pré­ta­tion. Non seule­ment ça permet de poser une inter­pré­ta­tion alter­na­tive mais ça permet d’en­fler le message via les débats qui en résultent.

    Main­te­nant on fait quoi ?

  • IA : L’élé­phant dans le couloir

    Je me vois mal commen­cer à plon­ger dans l’IA1 en igno­rant toute la ques­tion éner­gé­tique. Je commence ce billet pour essayer d’y voir clair.

    C’est un brouillon partagé où je vais poser des notes au fur et à mesure des lectures, pas une conclu­sion.

    On a tous nos biais, moi aussi. Quelques posi­tions de départ :

    1. J’ai un gros biais néga­tif à la base. J’ai vu passer les délires de la réalité virtuelle, des seconds mondes, du web3 et autres crypto-actifs. Je m’en suis tenu aussi éloi­gné que possible, j’en suis bien heureux et je ne souhaite vrai­ment pas entrer dans un gros hype alors que j’ai réussi à éviter les précé­dents. Le fait qu’une partie des suppor­ters de l’IA étaient suppor­ter du web3 n’est pas trop en faveur des ques­tions d’IA.
    2. Le second gros biais néga­tif vient de mes commu­nau­tés et lectures. Je navigue dans des sphères très concer­nées par les enjeux clima­tiques, qui font les efforts asso­ciées, et qui sont dans l’en­semble extrê­me­ment critiques vis-a-vis de l’IA, pour ne pas dire en total rejet. Ça ne me lie pas, mais c’est une posi­tion de départ et il est toujours diffi­cile de sortir tota­le­ment de ses préju­gés. Ici ça me sera d’au­tant plus diffi­cile que ça voudra dire tenir une posi­tion oppo­sée aux personnes qui m’en­tourent.
    3. À l’op­posé, je vois les trans­for­ma­tions à venir dans mon métier et cette fois-ci, j’y crois. J’ai à la fois envie d’être dans le train, et peur pour mon avenir si je décide de ne pas monter pour des raisons morales. Ça joue, et il va falloir que je fasse atten­tion à ce que ça ne me fasse pas cher­cher des prétextes ou des excuses.
    4. Enfin, j’ai aussi vécu les propos inco­hé­rents sur les enjeux clima­tiques, avec la chasse aux emails à effa­cer ou des préco­ni­sa­tions qui oublient tota­le­ment les ordres de gran­deurs. Parfois on désigne l’en­nemi à abattre et quand les chiffres ne tiennent pas on fini par « tout compte », ce qui est à la fois vrai et à la fois parfois juste un prétexte pour justi­fier une mauvaise posi­tion.

    Pour expli­ci­ter le dernier point, je me refuse à juste regar­der la consom­ma­tion éner­gé­tique en absolu. Il faut tout réduire mais pas tout suppri­mer. L’enjeu c’est de savoir où et comment couper.

    illustration d'un graphique en deux axes, sobriété énergétique et utilité. L'intérieur est coloré du vert (sobre et utile) marqué "à garder" jusqu'au rouge (pas sobre, pas utile) marqué "à jeter"

    Pour l’ins­tant je vais déjà collec­ter les liens qu’on me fait suivre (en vrac dans un premier temps) :


    1. C’est amusant, je vois que j’uti­lise IA quand je donne un ton posi­tif et LLM quand je donne un ton néga­tif, quand bien même dans ces contextes je parle fina­le­ment de la même chose. Je vais garder IA ici mais c’est un sujet de réflexion. ↩︎
  • Lecture de Steve Yegge : « The Death of the Stub­born Deve­lo­per »

    De  « The Death of the Stub­born Deve­lo­per »

    Here’s the rub: As of about May, LLMs can now execute most of the leaf tasks and even some higher-level inter­ior tasks, even on large soft­ware projects. Which is great. But what’s left over for humans is prima­rily the more diffi­cult plan­ning and coor­di­na­tion nodes. Which are not the kind of task that you typi­cally give junior deve­lo­pers.

    C’est peut être là que je diverge. C’est vrai pour les déve­lop­peurs « code », un peu moins pour les déve­lop­peurs « produit ».

    Howe­ver, some junior engi­neers pick this new stuff up and fly with it, basi­cally uple­ve­ling them­selves. And many senior engi­neers seem to be heading towards being left behind. So what is it, then?

    (…)

    Chat-Orien­ted Program­ming, CHOP for short (or just chop). Chop isn’t just the future, it’s the present. And if you’re not using it, you’re star­ting to fall behind the ones who are.

    Ne croyez pas qu’on a à faire à encore un rêveur qui imagine un futur avec des voitures volantes. On parle du présent.

    They believe these gene­ric auto­no­mous soft­ware agents will solve the problem of chop being too diffi­cult and toil­some. In fact some people claim that agents can take over the task graph enti­rely, perhaps at least for small busi­nesses, allo­wing non-tech­ni­cal CEOs to launch apps them­selves without having to hire any pesky deve­lo­pers.

    I think those people are smoking some serious crack.