Real thing : une boite qui utilise Teams c’est maintenant un vrai point en moins dans mon envie de les rejoindre et il faut qu’il y ait de vrais atouts pour contrebalancer.
Auteur/autrice : Éric
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Firefox, cœur du web ouvert
Firefox ce n’est pas juste un navigateur. Sans Mozilla et Firefox, nous n’aurions pas le web libre d’aujourd’hui. Sans Mozilla et Firefox nous n’en auront peut-être plus demain, ou plus sous cette forme. Rien que ça.
La situation pré-1998
Pour ceux qui n’ont pas vécu la période pré-2005, Internet c’était essentiellement Netscape, AOL et Microsoft.
Oui, je remonte loin mais c’est important.Si les standards du web existaient déjà, il y avait beaucoup de choses non spécifiées, beaucoup d’anomalies propres à chaque navigateur, et beaucoup d’extensions propriétaires. Faire un site compatible avec plusieurs navigateurs demandait un effort particulier, voire un double développement.
Netscape c’était le navigateur dont est issu Mozilla puis Firefox. Jusqu’en 1995–98, tout le monde utilisait Netscape, ou presque.
Microsoft a pris le pas entre 1996 et 1998 avec l’arrivée de Windows 95 Plus et de Windows 98. Ils ont fourni Internet Explorer par défaut comme navigateur, intégré à l’OS. À l’époque on parlait même d’avoir une page web à la place de l’image de fond d’écran, et des widgets web pour avoir des actus, la bourse, la météo, etc. Tout lançait Internet Explorer sans alternative, possible, y compris la mise à jour de Windows lui-même.
La guerre des navigateurs
Netscape a lancé la suite de navigation Mozilla en open-source. AOL a ensuite racheté Netscape pour avoir son propre navigateur basé sur Mozilla.
Malheureusement Microsoft a profité de sa position dominante sur Windows pour non seulement pré-installer Internet Explorer partout mais aussi en faire une pièce incontournable.
À l’époque la mise à jour de Windows se faisait par Internet Explorer. Microsoft incitait même à remplacer le fond d’écran par une page web (gérée par Internet Explorer) et des widgets web pour les actualités, la météo, la bourse, etc. Même Apple est passé à Internet Explorer sur les Mac quand Microsoft est entré dans le capital.
La majorité des sites, petits et gros, étaient conçus pour Internet Explorer et compatibles uniquement avec ce dernier. Netscape, seule vraie alternative, n’a pas tenu.
La bataille du web ouvert
Des anciens de Netscape sont restés autour de la partie open-source de Mozilla. Avec le temps est sorti Firefox : ultra-léger (par rapport à Netscape) et ultra-rapide (idem).
On est déjà en 2003–2005. C’est le début de Mozilla (l’association) telle qu’on la connait aujourd’hui.
L’ancien Internet Explorer est mort, le web ouvert a gagné. Firefox a fini par devenir le navigateur majoritaire en Europe.
Il était infiniment meilleur que Microsoft Internet Explorer mais il n’y a pas que ça : On a aussi eu une bataille massive pour le web ouvert, à faire changer de pratique les sites web pour qu’ils respectent les normes et qu’ils assurent la compatibilité. Je me rappelle le web-compat de Mozilla qui interpelait et proposait des correctifs aux sites web un à un.
C’était du militantisme partout. C’est d’ailleurs là que — self-promo — est né Paris-Web.
Les deux se sont nourris. Sans Firefox et Mozilla, le web ouvert n’aurait peut-être jamais vu le jour malgré tous nos efforts. Sans les efforts sur le web ouvert Firefox et Mozilla auraient probablement été des impasses.
Garder le web ouvert
Firefox et web ouvert sont historiquement intrinsèquement liés. C’est pour ça que je dis que Firefox ce n’est pas juste un navigateur.
Aujourd’hui c’est Google Chrome qui a la main et on voit apparaitre le même schéma que par le passé : diffusion par pré-installation, sites qui ne sont parfois conçus ou testés que pour un seul moteur de navigation, abus de position dominante, etc.
La situation n’est pas exactement la même que celle des années 2000 mais elle n’est pas si éloignées que ça.
Il y a plein de navigateurs mais en réalité Brave, Opera, Vivaldi, Internet Explorer et les autres sont des dérivés de Chromium. Chromium c’est la base open source de Chrome, contrôlée par Google.
Le web est définitivement plus ouvert mais du fait de la main mise sur Chromium, Google est quand même en position forte pour faire avancer ce qu’il veut et refuser ce qu’il ne veut pas. Pas mal de sites se basent sur des APIs et extensions présentes dans Chromium mais pas encore ailleurs, ou qui n’ont pas vocation à être présentes ailleurs.
Seule alternative
Pour ne pas laisser l’histoire se répéter, on a besoin d’alternatives.
Une fois qu’on a retiré tout ce qui se base sur Chromium, il reste Safari et Firefox. Les intérêts d’Apple ne sont pas toujours extrêmement différents de ceux de Google. On a besoin d’un acteur qui sort de ces acteurs privés monopolistiques et dominants.
Firefox est seul dans cette situation. Sa survie est juste essentielle pour garder un web ouvert.
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Petit aventure de phishing
Parce que ça sert toujours, petit récit d’un phishing subi par une personne de mon entourage.
Un colis est attendu. Ce n’est pas à l’adresse habituelle et le commanditaire n’est présent que pour peu de jours. Un message est reçu pour avertir qu’il y a eu une difficulté et que le colis sera finalement livré dans un relai colis.
Il y a un lien pour avoir les infos. La page web demande des informations, pas mal d’informations, dont au moins nom, adresse, téléphone.
Je n’ai pas compris pourquoi mais la page a aussi incité au paiement d’un montant symbolique par carte bancaire. Normalement c’est là que ça doit coincer si ça n’a pas coincé plus haut mais entre l’attente du colis le même jour, le stress de la nouvelle adresse avec un temps contraint pour la réception, et simplement un mauvais réveil le matin, l’inattention arrive vite.
C’est là que ça devient intéressant.
Dans la journée la banque appelle au téléphone, dit qu’il semble y avoir une fraude sur la carte bancaire, qu’ils l’ont repéré, qu’il y a eu d’autres paiements dont un paiement louche de 500 € sur AirBnb.
Ils s’accordent sur un remboursement, le préposé indique qu’il va y avoir une notification à accepter sur l’application bancaire pour confirmer.
La notification arrive.
Coup de bol, ma connaissance repère avant de cliquer qu’il s’agit d’un paiement et non d’un remboursement, et se rappelle la règle « on ne valide rien et on rappelle soi-même la banque pour confirmer l’interlocuteur avant quoi que ce soit, ils sauront reprendre là où on en était si l’appel est légitime ».
La seconde étape a échoué mais ça aurait été facile de passer sans faire attention : Il y a un contexte réel de phishing quelques heures avant qui rend tout ça crédible, un coup de stress, un interlocuteur qui sait qui on est et qui renvoie vers l’environnement sécurisé de la banque.
C’était un lundi. Appel au central de gestion de la carte qui conseille de faire opposition par acquis de conscience.
Le lendemain, appel à la banque, qui accompagne. L’accès au compte est verrouillé on ne sait pas pourquoi. Ils déverrouilleront ça ensemble.
Je publie parce que je trouve l’enchainement intéressant.
On peut tous se faire avoir par du phishing pour peu que ça tombe au bon moment et que ça coïncide par chance avec une situation réelle et un contexte d’urgence. Un colis coincé, les probabilités ne sont pas nulles1.
Faire un paiement sur une page web à partir d’un lien envoyé devrait faire tiquer mais le montant symbolique ne réveille pas forcément les alertes mentales2 s’il y a un peu d’inattention suite à une situation agaçante.
Ce que je trouve intéressant c’est que cette première étape sert en fait à identifier les personnes qui sont susceptibles de se faire avoir et qui justifient un appel via un humain pour la vraie arnaque.
J’imagine qu’une fois sur ces listes il y aura d’autres tentatives, et que ma connaissance va devoir redoubler de vigilance pendant au moins 18 mois.
Il parait que la banque et le service carte ont été top. Je suis par contre furieux du déblocage du compte en banque au téléphone à partir de quelques « questions personnelles ». Ces questions personnelles on peut probablement y répondre facilement à la place de plein de proches, voire après recherche internet à la place de beaucoup d’inconnus dont on connait le nom. C’est une illusion de sécurité et c’est dramatique qu’on se repose dessus.
Je suis furieux mais cependant pas surpris. Je n’ai connaissance d’aucune banque, assurance ou opérateur téléphonique grand public qui fasse mieux de ce point de vue là. Dans le meilleur des cas il y a appel téléphonique ou échange d’email, ce qui n’est pas forcément une protection si on vient de se faire voler son smartphone.
Bref, faites attention.
- Je ne comprends toujours pas pourquoi tous les services de livraisons sont aussi mauvais. Seul Amazon semble avoir un niveau de prestation correct. C’est hallucinant qu’il soit normal et attendu d’avoir des problèmes lors de livraisons. ↩︎
- Et, là aussi, malheureusement on est tellement habitués à ce que ces services de livraisons soient pourris et profitent de tout que le paiement suite à une anomalie devient presque crédible. ↩︎
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Organisation des sauvegardes
Je me suis remis à mes sauvegardes. Le dernier épisode était en septembre et ça commence à faire presque deux ans que rien n’est finalisé.
Je reste sur mon plan précédent. J’ai juste abandonné l’idée d’utiliser Crashplan. Ça part de messages sur des forums où ils disent explicitement qu’ils ne pouvaient pas garantir le bon fonctionnement quand on dépasse quelques To de sauvegarde. Derrière j’ai exploré plus et les débits faméliques rendent de toutes façons illusoire une restauration complète sur des volumes de cet ordre de grandeur en cas de défaillance disque.
J’irai chez BorgBase ou Hetzner, probablement Hetzner parce que même en coupant l’inutile j’ai quand même au moins 3 To aujourd’hui et que va commencer à faire cher chez BorgBase avec l’augmentation naturelle.
Disque externe – Disque interne
Le vrai sujet de ce week-end, c’est comment monter une partition chiffrée depuis un disque externe. C’était déjà mon problème en septembre.
Macos considère que les disques externes sont comme des clés usb, lisibles par tous les utilisateurs, sans droits d’accès, et démontées dès qu’on se déconnecte de sa session.
Passer à un système chiffré empêche qu’il soit montable par tout le monde tant qu’on n’ajoute pas la clé de chiffrement dans le trousseau.
Si c’est monté manuellement, on peut ajouter le paramètre owners pour faire en sorte que le système respecte les permissions sur les fichiers et n’ouvre pas tout à tout le monde.
J’ai pu faire monter le disque au démarrage en ajoutant un plist dans /Library/LaunchDeamons et en le chargeant avec un launchctl load. Le plist exécute un script au démarrage qui déverrouille le disque et le monte avec les bonnes options. Ça veut dire que la clé de chiffrement est en clair dans un fichier du disque interne. Le disque interne est chiffré lui aussi, le fichier n’est lisible que par root. Ce n’est pas parfait mais suffisant pour mon usage.
Ça reste visible comme un disque externe, donc tout le monde peut demander à l’éjecter. J’ai palier au problème ajoutant un petit code dans le script de démarrage qui entre dans le disque et attend indéfiniment. Le disque étant occupé, personne ne peut l’éjecter.
J’ai l’impression de batailler à faire du bricolage sur ce qui m’aurait pris quelques minutes sous Linux mais ça fonctionne.
L’étape suivante ça va être de s’assurer que tous les fichiers se retrouvent sur le disque prévu pour, en synchronisant tous les comptes Google Drive et Tresorit. Ensuite je vais installer un getmail pour archiver en temps réel les boites email, probablement un script pour archiver le Github. La dernière étape sera de brancher Borg pour envoyer le backup en ligne et d’attendre un bon mois qu’il finisse la synchronisation initiale.
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Garder ouvert un script shell
Je cherche à ce qu’un script shell reste ouvert comme un démon au lieu de rendre la main après s’être exécuté. Comme un démon, je veux qu’il réagisse en se terminant de lui-même quand il reçoit une demande de SIGTERM.
Ma première approche c’est une boucle infinie avec un sleep.
trap 'quit' SIGTERM SIGKILL function quit() { exit 1 } while true; do sleep 10 done
Le trap n’interrompt pas le sleep. J’ai mis 10 secondes pour garder une réactivité raisonnable à l’extinction.
Même si un réveil toutes les 10 secondes est probablement insignifiant, quelque chose en moi est quand même gêné et aurait aimé mettre plusieurs heures ici.
Je vois sur le web pas mal d’exemples avec un sleep 1, qui m’interroge encore plus. Quel est le coût réel de ce sleep 10 dans une boucle infinie ?
Certains ont élaboré des solutions pour rendre le sleep interruptible en l’envoyant en tâche de fond :
PID= trap '[[ $PID ]] && kill "$PID"' SIGTERM SIGKILL while true; do sleep 100000 & pid=$! wait done
Je vois aussi, et ça m’a l’air simple & smart, des scripts utiliser des readline plutôt que des sleep. Les readline ont la bonne idée d’être interruptibles et de durée infinie tant qu’on n’envoie rien sur stdin.
trap 'quit' SIGTERM SIGKILL function quit() { exit 1 } read
Dites, les amateurs de shell, quelle est la méthode recommandée pour garder un script ouvert en tâche de fond ? Est-ce qu’il y a une réelle différence entre ces méthodes ou est-ce juste une question de style ?
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Fin ou transformation d’un métier
« Il suffira d’écrire des spécifications complètes et précises » Je revois cette planche de BD dans une conversation et je trouve qu’elle passe à côté d’un élément fondamental : On ne transmet pas justement pas de spécifications complètes et précises au développeur.
Compléter, préciser
Une grosse partie du boulot de développeur c’est compléter et préciser ces spécifications incomplètes et imprécises.
Compléter, préciser, le tout à partir du contexte projet, des habitudes et de l’implicite courant… C’est le cas d’usage exact des LLM.
On essaie de leur faire faire « de l’IA » mais ces outils sont en premier lieu de formidables outils de complétion à partir d’un contexte et de l’implicite habituel pour un type de tâche donnés. Bref, le travail d’un développeur.
Reformuler dans un langage plus formel
Que fait le développeur d’autre ? Il traduit ça dans un langage formel (le code).
Reformulation, ça aussi c’est le cas d’usage parfait pour les LLM.
La dernière tâche du développeur est très technique. C’est de l’ingénierie logicielle, réussir à tout agencer pour que ce soit facilement testable, maintenable, évolutif, etc.
Une grosse part de cette dernière tâche est basée sur l’apprentissage et la reproduction de motifs ou de pratiques. Le LLM est aussi parfait pour ça.
Il reste aussi qu’il s’agit de rendre les choses testables, maintenables et évolutives… par des humains. Peut être qu’une partie de ce besoin va disparaître ou du moins évoluer le jour où le code sera plus manipulé par des LLM que par des humains. Leurs besoins, facilités et difficultés sont forcément différents des nôtres.
Apprentissage
Oui il faudra faire des aller-retours avec l’outil pour compléter ou corriger sa complétion. Il en va de même du développeur, surtout lors de sa première arrivée dans une équipe ou dans un projet.
Oui un LLM fera des erreurs d’interprétation. Un développeur aussi.
Est-ce que les allers-retours et erreurs seront plus importants que ceux avec un développeur ? Aujourd’hui probablement, demain je n’en sais rien, peut-être.
Est-ce que ces allers-retours et corrections seront plus coûteux qu’un développeur ? Alors là je n’en sais rien, mais je ne parierai pas dessus.
Besoin d’expertise
Est-ce qu’on aura toujours besoin d’un développeur et d’expertise pour accompagner l’outil automatique ? Très probablement sur une partie, oui, mais probablement moins en proportion qu’on n’en a besoin aujourd’hui.
Très certainement aussi que le travail sera différent de celui d’aujourd’hui, et que savoir interagir avec les outils automatiques sera essentiel dans les compétences requises. C’est déjà partiellement le cas aujourd’hui. On ne code pas comme au temps des cartes perforées. C’est juste que les outils vont changer et vont très probablement prendre une plus grande place.
Certitudes
Je ne donne que mes certitudes, mes croyances et mes craintes. Je ne connais pas plus le futur que d’autres. J’ai juste le sentiment, sans aucune technobéatitude, qu’il est en train d’arriver.
On fait faire, dire ou espérer plein de choses quand on parle d’IA. Il ne s’agit pas de voiture volantes et autres IA sentientes ici.
Ici je parle LLM, complétion et reformulation de textes. Je peux me tromper et je ne mets ma main au feu à propos de rien, mais je me base sur des capacités qui sont déjà là aujourd’hui.
Juger le futur
Est-ce souhaitable socialement ? Est-ce soutenable pour la planète ? Comment va-t-on gérer la transition au niveau de la société ?
Ce sont honnêtement d’excellentes questions dont j’aimerais avoir les réponses.
Le fond n’est pas si je souhaite ou pas ce futur, c’est que je constate qu’il est en train d’arriver, et que je veux pas faire semblant de l’ignorer.
Pour les futurs développeurs
Je crains une vraie crise dans le métier dans quelques années. Certains, beaucoup, vont rester sur le carreau.
Je ne sais pas si j’encourage les plus jeunes à se lancer dans le développement informatique. Si vous le faites, je vous encourage à à la fois devenir très vite expert (parce que j’imagine qu’on aura besoin des experts pour compléter les LLM), et apprendre à coder via les LLM (pas juste « avec ») même si ce n’est pas rentable aujourd’hui.
Je suis conscient de la contradiction à demander aux juniors de devenir immédiatement expert.
Je ne suis pas certain qu’il y ait un avenir pour les développeurs moyens, ou pour les junior. Leur valeur ajoutée sera faible et il y aura dans un premier temps suffisamment de développeurs formés pour jouer les experts sans devoir investir des années dans des compétences intermédiaires qui pourraient devenir experts un jour.
Pour choisir son futur
Si vous êtes très tech, faites des maths, de la manipulation de données, des statistiques, et globalement de l’IA. Les places seront peut être chères et demanderont des compétences plus avancées que pour être développeur, mais il y aura du travail.
Si vous avez envie de créer, pour moi l’avenir est plus dans les métiers du produit, des product manager avec une coloration et un intérêt technique. Ça veut dire savoir parler business, marché, client, etc.
Pour les développeurs actuels
Pour ceux qui sont encore majoritairement les mains dans le code, je vous conseille de passer au plus tôt dans le développement via les LLM.
Je sais que vous n’en ressentez pas le besoin, que ces outils font des erreurs que vous ne faites pas, que ça ne vous accélère pas aujourd’hui.
Le fond c’est que les plus jeunes ça les accélère, que demain ils auront développé leur expertise mais sauront aussi utiliser ces outils, et qu’ils en comprendront assez les limites et les défauts pour être l’expert dont le métier aura besoin.
Il y aura encore longtemps de la place pour des vieux experts du code pour la maintenance et pour les gros groupes qui ont plusieurs générations de retard. Il y a aujourd’hui toujours besoin de développeurs et Cobol. La vraie question : Est-ce le positionnement auquel vous aspirez ?
Et moi, directeur technique ?
Honnêtement je ne sais pas. Je ne sais pas bien quel sera mon avenir.
Le management de grandes équipes de développement risque d’être aussi has been demain que les vieux DSI dépassés d’aujourd’hui. Est-ce que je veux être de ceux là ? Je ne sais pas.
J’adorerais prendre la tête d’équipes de data science, mais j’imagine qu’il y a une batterie de docteurs sur les rangs, avec une expertise qui me ferait défaut.
Entre temps je vais probablement au moins essayer d’intégrer des équipes qui ont sont alignées avec tout ce que je viens d’écrire.
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SafetyCore
Je vois passer pas mal d’affolement et de FUD à propos du nouveau service SafetyCore sur Android.
C’est quoi ?
Le service a été annoncé par Google. Il sert à classer les messages entrants pour identifier les usages malveillants ou douteux. Il identifie aussi la nudité sur les images pour la masquer en l’attente de confirmation de l’utilisateur.
Ce dernier usage est indiqué comme activé par défaut pour les mineurs, qui bénéficieraient aussi d’une alerte informative quand ce sont eux qui envoient des images sensibles.
Tout ça est traité en local. En conséquence, ce n’est pas un service d’espionnage, de tracking ou d’information vers les autorités. Rien n’est échangé avec les serveurs de Google ou envoyé vers une autre destination.
Est-ce qu’on peut avoir confiance ?
La confiance ça ne se dicte pas, et c’est très personnel. Les développeurs de GrapheneOS, qu’on peut difficilement qualifier de pro-Google, ne semblent rien avoir à y redire.
Alors oui, on peut imaginer que maintenant ou à l’avenir, Google utilise ce service ou une future mise à jour de ce service pour un usage malveillant. C’est toutefois vrai avec tous les services de Google, que Google Play met à jour en permanence.
Si vous n’avez pas confiance en Google, le problème n’est pas ce nouveau service. C’est tout l’OS qu’il faut changer, pour un dont Google ne gère pas les mises à jour automatiques. Note : Vous devrez quand même faire confiance à quelqu’un, ce sera juste quelqu’un d’autre.
Ok, mais l’installation est cachée quand même…
Je ne crois pas qu’on puisse dire que l’installation est cachée si l’évolution a été annoncée publiquement il y a plusieurs mois.
Elle par contre automatique. Oui, c’est discutable. Maintenant il faut voir d’où on vient pour comprendre.
Par le passé Android était un nid à problèmes de sécurité. Les constructeurs ne mettaient pas tous les appareils à jour, ou peu longtemps et avec une forte latence.
Google a fait le choix, probablement à raison, de séparer l’OS en deux couches et de s’occuper lui-même de la mise à jour des services cœurs pour répondre à ces difficultés. Il le fait pour les corrections comme pour les évolutions. Si un service cœur change ou s’ajoute, votre téléphone en profite même si le constructeur n’est pas diligent.
Le service dont on parle est bien un service cœur, qui a un rôle de protection. Il est normal qu’il ait suivi la voie de la mise à jour automatique.
C’est discutable mais mieux que l’alternative.
Pourquoi n’est-il pas Open Source ?
Je ne sais pas, mais je peux tenter de supposer.
Le premier point, c’est que c’est un modèle de tri, pas un algorithme. Le code source a moins de sens si le cœur reste un gros paquet binaire.
Ils auraient pu ouvrir le modèle lui-même, avec son apprentissage. Je ne sais pas pourquoi ils ne l’ont pas fait. Peut-être est-ce pour ne pas donner d’indication sur comment éviter le classement, peut-être est-ce juste parce que l’IA est le sujet à la mode sur lequel ils veulent garder un avantage.
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[Lecture] Customers don’t care about your AI feature
Rather than enhancing perceptions, the term “generative AI” significantly lowered expectations of a product’s potential impact
growthunhinged.comPeu surprenant mais c’est bien d’avoir un peu de chiffres.
Tout le monde se met à vouloir injecter de l’IA par principe et s’en vanter, y compris là où ça induit plutôt une perte de valeur pour l’utilisateur (typiquement pour de l’interaction avec les équipes support).
Si je suis étonné, c’est plutôt que l’effet ne soit pas beaucoup plus négatif.
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Le chef qui ne décide pas
Ceci est un brouillon qui mérite un peu de réflexion mais pour lequel je suis preneur dès à présent de savoir ce que ça vous inspire, ou comment vous vous différenciez par rapport à cette vision.
En pleine introspection, je regarde les décalages par rapport aux attentes qui m’ont été exposées par le passé.
Une de celle là c’est celle du rôle du chef dans les choix et décisions.
Je suis là pour permettre de penser et agir collectivement, pas pour diriger des singes savants.
Crédo personnelCorolaire : C’est aux sachants proches du terrain de faire les choix et prendre les décisions, pas au management.
Mon rôle c’est de les mettre en capacité, de m’assurer qu’on mette les bons enjeux, les bons moyens, les bons process pour arriver à ce qu’on ait les bonnes personnes pour prendre les bonnes décisions au bon moment sur les bons sujets.
Parfois, souvent, ça veut dire donner une direction, mais dans l’idéal même cette direction peut venir des équipes.
Dans la réalité je prends plein de décisions, tout le temps, avec plaisir et sans tergiverser, mais elles sont sur mes sujets, pas ceux de mes équipes, ou le moins possible.
Je me rappelle l’interrogation d’une équipe il y a plusieurs années à propos d’une mise à jour mineure de PostgreSQL. Fallait-il la faire ?
C’était les premiers mois de la prise de poste. L’équipe n’avait pas eu de directeur avant et ne savait pas trop quoi en attendre.
J’ai posé les questions, savoir s’il y avait un enjeu de sécurité, si ça corrigeait un de nos problèmes, s’il y avait un effort ou un risque particulier à la montée en version.
L’équipe avait les réponses, il n’y avait ni enjeu ni risque, j’ai dû répondre quelque chose proche de « comme vous voulez ».Cette anecdote a mis en évidence plus d’un an après le décalage entre ma conception du rôle et celle de mon président de l’époque. Il aurait voulu quelqu’un qui « donne le ton à l’équipe », dès le début.
Ce décalage est revenue plusieurs fois dans mon histoire, en partie parce mon curseur entre la mise en capacité et la prise de décisions est particulièrement à gauche, mais pas que pour ça.
Il y a dans l’univers professionnel une culture du chef qui reste assez marquée et à laquelle je n’adhère pas. En zone de stress j’ai vu la plupart des directions repartir à la recherche d’un leader éclairé qui alignerait tout le monde en prenant les bonnes décisions inspirantes que les autres n’auraient qu’à suivre.
Je n’y crois pas, pas plus en entreprise qu’en politique. Au mieux ça donne des effets concrets et rapide mais on se prendra très fort le mur quand le chef prendra une mauvaise décision ou s’en ira. Et ça arrivera.
Même avec 25 ans de bagages, je n’ai jamais la prétention de dire « ta gueule je sais ». Je peux me tromper.
Je me trompe encore. Si je décide et que j’attends des équipes qu’ils prennent du recul sur les enjeux pour m’arrêter quand je me trompe, ne suis-je pas en train d’inverser les rôles ?Mon objectif à moi c’est l’opposé, c’est me rendre dispensable, faire en sorte que tout puisse tourner sans moi, y compris les décisions stratégiques et les sujets sensibles.
Si je fais bien mon travail, je peux arrêter de travailler sans que ça ne se voit. Mon but est finalement de ne servir à rien.
Conséquence de mon positionnement
En aparté : Les deux positions en exergues ont — j’espère — l’air saines mais c’est loin d’être une évidence pour tous ni facile à porter. Elles ne facilitent entre autres pas la valorisation de mes propres actions auprès de mes propres encadrants quand eux croient encore consciemment ou inconsciemment au grand leader charismatique qui dirige tout.
J’ai pu individualiser trois phases dans ces cas là :
- Une première zone mitigée, parce que la mise en place d’une responsabilité aux équipes ne se fait pas en un jour, et que ça passe par des échecs et une zone de flou quant à qui dirige.
- Une zone de confiance ensuite, parce que la machine commence à tourner et que les résultats sont là.
- Une zone de défiance voire de rupture de confiance quand il y a une période de stress ou de craintes pour de forts enjeux. Le fait de ne pas voir l’action directe du grand leader fait poser des questions.
Au-delà d’éventuels difficultés concrètes — j’en ai, comme tout le monde — j’ai encore beaucoup de travail sur la communication autour de mon approche : savoir comment montrer, expliciter et rassurer.
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Choix d’équilibre
Je suis convaincu que le télétravail fonctionne, et que la question se situe surtout au niveau des organisations.
Je ne saute pas pour autant à la conclusion que tout doit passer au télétravail et que c’est la seule organisation valable ou saine.
Une fois que l’organisation est assez bonne pour permettre le télétravail, le reste est une question de choix et de culture. Tout est légitime.
Je ne vois pas plus de raison d’imposer le presentiel à ceux qui pourraient télétravailler que d’imposer les conditions du télétravail à ceux qui auraient besoin ou envie de face à face avec leurs collègues.
Vouloir une entreprise purement présentielle est aussi légitime qu’une entreprise qui permet le télétravail.
Allez juste dans l’organisation qui vous correspond. Le télétravail n’est pas l’idéal pour tous.
Il y a aussi des intermédiaires qui peuvent avoir du sens pour vous.
Personnellement j’aime bien avoir le choix en open bar. Si je peux et que les bureaux ne sont pas loin, je viendrai avec plaisir 2 à 3 jours la plupart des semaines (mais pas forcément toutes), et je préfère avoir un environnement où on se voit quand même tous au moins deux à trois jours par mois.
Ça peut être moins, ou bien moins, mais j’ai du mal aujourd’hui à m’imaginer ne voir les collègues en face à face qu’une fois l’an. Je ne l’ai jamais fait, peut être que c’est une crainte infondée et que ça me demandera juste d’organiser ma vie autrement.
Je crois par contre que j’aurais du mal à m’imposer la venue au bureau tous les jours toutes les semaines, ou même 4 jours par semaine toutes les semaines : J’ai besoin de me retrouver aussi moi-même certains jours pour mon équilibre. L’idéal étant qu’on me fasse assez confiance pour choisir lesquels en fonction du moment.