Auteur/autrice : Éric

  • Bonnes et mauvaises pratiques d’édi­teur de service en ligne

    Je reçois un email qui prétend venir de Lydia et qui me demande de renvoyer mon RIB en réponse si je veux récu­pé­rer mes sous, que sinon j’au­rai des frais à payer, avec une notion d’ur­gence avec  « dernier rappel ».

    Un RIB par email plutôt que de me renvoyer vers le site web ?

    Décompte des points : 1x louche

    L’email provient d’un nom de domaine inconnu au bataillon, qui ne semble pas du tout être celui de Lydia : info.isbs.eu.

    Décompte des points : 2x louche

    Il n’y a aucune page Web ni sur info.isbs.eu, ni sur www.isbs.eu, ni sur isbs.eu.

    Décompte des points : 3x louche

    Les liens de l’email vers l’app ou les docs sont masqués derrière des redi­rec­tions click.isbs.eu, impos­sible de savoir où ça mène mais déjà le premier domaine n’est pas de confiance.

    Décompte des points : 4x louche

    Norma­le­ment je m’ar­rê­te­rais là. Ça ressemble à du phising sur à peu près tous les aspects. Sur un site asso­cia­tif pourquoi pas, mais pas dans le domaine finan­cier et paie­ment.

    Je m’aper­ce­vrai d’ailleurs plus tard que j’ai effec­ti­ve­ment super­be­ment ignoré les emails précé­dents, proba­ble­ment à cause de ça, dont un dont le domaine de réponse (isbs.eu) est diffé­rent du domaine de l’ex­pé­di­teur (lydia-app.com, on y revien­dra), chose assez carac­té­ris­tique d’un spam.

    Décompte des points : 5x louche


    Je ne sais pas, j’ai eu un doute cette fois-ci. L’email m’in­dique un solde crédible. Je veux en avoir le cœur net.

    J’ins­talle l’app Lydia en véri­fiant le nombre de télé­char­ge­ments pour m’as­su­rer que c’est la bonne et je m’iden­ti­fie après avoir bataillé parce que le bouton conti­nuer fait une jolie anima­tion mais sans passer à la page suivante tant que je n’ac­cepte pas les traceurs (vrai­ment ?).

    Décompte des points : 5x louche, 1x gênant

    Sur l’app j’ai un solde à zéro. Bon, je ne l’uti­lise plus mais je sais que mon solde ne devrait pas être zéro. Il y a problème.

    D’ailleurs je clique sur histo­rique pour véri­fier si on ne m’a pas tiré mes sous et je retrouve mes petits, avec du crédit en dernière tran­sac­tion donc impos­sible d’avoir un solde à zéro. Wtf ?

    Décompte des points : 5x louche, 2x gênant

    Hors de ques­tion de m’ar­rê­ter là. Le solde c’est plus de 200 €.


    Je repars sur l’email pour mieux comprendre. On me propose de créer un compte sur l’app Sume­ria. Là je me rappelle que Lydia avait changé de nom.

    Du coup j’ai de nouveau un Lydia et mes sous sont passés ailleurs (peut être avec mon accord ou mon action, même si je ne m’en souviens plus) sans capa­cité de les retrou­ver dans le nouveau Lydia.

    Décompte des points : 5x louche, 3x gênant

    J’ins­talle donc l’app Sume­ria en véri­fiant sa vrai­sem­blance. Je n’ose même pas tenter de refu­ser les traceurs ce coup ci et je tente direct de m’iden­ti­fier avec le mot de passe Lydia (il m’est proposé par bitwar­den donc soit c’est reconnu comme étant le même compte soit j’ai déjà manuel­le­ment ajouté l’app Sume­ria à ce compte Lydia).

    Il ne me dit pas que le mot de passe est mauvais mais me dit qu’il y a eu trop de tenta­tives (au premier essai). Pour­tant il m’avait demandé mon mot de passe après m’avoir demandé mon iden­ti­fiant, et me le rede­mande à nouveau. Je ne comprends pas.

    Décompte des points : 5x louche, 4x gênant

    La réini­tia­li­sa­tion de mot de passe me dit qu’ils feront une véri­fi­ca­tion d’iden­tité. Je suis dans le train donc ça va être diffi­cile, et le message du nombre de tenta­tives m’in­cite à penser qu’ils ne lais­se­ront pas passer une réini­tia­li­sa­tion sans procé­dure manuelle de leur part.

    Je tente plutôt le support, en deman­dant confir­ma­tion que l’email de départ est légi­time malgré son nom de domaine, et si oui comment j’au­rais pu le savoir (sous-entendu : c’est louche, faites mieux). En même temps je signale l’his­toire du nombre de tenta­tives.

    C’est un formu­laire, il faut que je laisse email et télé­phone avant de lais­ser le message. Je ne l’avais pas compris tout de suite (ça me fait arri­ver sur une zone de texte pleine page sans label) mais j’ai du cliquer trop vite.


    Peu après je reçois un email prove­nant du même domaine qu’à l’ori­gine, isbs.eu, sauf que cette fois-ci je n’ai même pas un nom Lydia ou Sume­ria dans le champ expé­di­teur.

    Décompte des points : 5x louche, 5x gênant

    L’email est taggé « This message might be suspi­cious or spam. » par Gmail.

    Décompte des points : 6x louche, 5x gênant

    Tout au moins le message semble être une réponse à une demande de support, ce qui crédi­bi­lise le nom de domaine. Il me demande de répondre par email avec mon numéro de télé­phone. Je suis pour­tant super convaincu de l’avoir donné dans le formu­laire de support.

    Décompte des points : 7x louche, 5x gênant

    La coïn­ci­dence serait trop forte. Je consi­dère que l’email est légi­time et je donne mon télé­phone.

    Je reçois alors encore un email, cette fois-ci de « xxx de Lydia Solu­tions » mais le domaine expé­di­teur a changé (!?) en cours de conver­sa­tion.

    Décompte des points : 8x louche, 5x gênant

    Le nouveau nom de domaine est lydia-app.com. Ok, ça parle de Lydia mais le site web connu de Lydia est lydia.me. C’est quoi ce mic-mac ?

    Décompte des points : 9x louche, 5x gênant

    Je vais voir ce nouveau nom de domaine, qui se révèle une redi­rec­tion vers sume­ria.com (et donc vers Sume­ria et non vers Lydia, alors que le nom réfé­rence Lydia).

    Décompte des points : 9x louche, 6x gênant

    Ok, et cet email me dit d’al­ler sur une page qui va déclen­cher un code par SMS et qu’il faut envoyer ce code SMS par réponse email (!!). J’ai véri­fié deux fois, on me demande de renvoyer par email un code de confir­ma­tion SMS, le truc qu’on dit toujours partout de ne jamais faire.

    Décompte des points : 10x louche, 6x gênant
    (je ne compte qu’un seul point louche mais ça en méri­te­rait bien 5 ou 6)

    Le lien sur lequel cliquer est sur lydia-app.com (pas lydia.me ni sume­ria.com) et cette fois-ci ne redi­rige pas vers Sume­ria. J’ai une page vide, avec un unique bouton au centre de la page. Rien d’autre, dont aucun élément de réas­su­rance. Le certi­fi­cat TLS est un Let’s Encrypt, donc le nom de domaine peut appar­te­nir à n’im­porte qui.

    Décompte des points : 11x louche, 6x gênant

    Je suis joueur, je commence vrai­ment à croire à un truc hyper mal foutu plutôt qu’à une malveillance. Je clique.

    Je reçois un SMS avec un code et un texte qui dit expli­ci­te­ment d’en­voyer ce code par email. J’ap­plau­dis cette réas­su­rance, j’en avais besoin vu la sensi­bi­lité de l’opé­ra­tion et c’est la première de tout le parcours.

    Décompte des points : 11x louche, 6x gênant, 1x réas­su­rance

    J’en­voie donc ce code SMS par email (j’ai dû me forcer). Le support me répond que trois adresses sont valides pour les échanges, une en @info.sume­ria.com, une en @news.sume­ria.eu, et une en @info.isbs.eu.

    Les deux premières j’au­rais accepté la légi­ti­mité d’of­fice. La dernière j’ai quand même du mal à comprendre mais pourquoi pas… si on oublie que c’est une adresse en @lydia-app.com qui me le dit, et qu’elle n’est pas dans la liste. Je ne pinaille pas, c’est impor­tant. Je n’ai pas non plus l’adresse en @isbs.eu par laquelle j’ai eu le début d’échange.

    Décompte des points : 11x louche, 7x gênant, 1x réas­su­rance
    (j’ai hésité entre louche et gênant, je vais consi­dé­rer là que c’est un problème de complé­tude de réponse du support donc juste gênant)

    On me propose aussi de réini­tia­li­ser mon mot de passe à l’aide de ma carte d’iden­tité ou de ma carte bancai­re… qui a expiré depuis.

    Décompte des points : 11x louche, 8x gênant, 1x réas­su­rance

    Pas grave, je vais répondre au mail du tout départ avec mon RIB main­te­nant que j’ai une bonne confiance qu’il est légi­time. Tant pis pour le compte Sume­ria. Tout ça ne m’a pas donné assez confiance pour le restau­rer.

    J’ai quand même été aidé après 20h le soir, rapi­de­ment, par email. C’est posi­tif.

    Décompte des points : 11x louche, 8x gênant, 1x réas­su­rance, 1x posi­tif

    De façon ironique mais quand même réel­le­ment pour aider à amélio­rer, je lui répond que son email à elle n’est pas sur la liste des adresses légi­times et que tout ça n’est pas top pour les bonnes pratiques de sécu­rité.

    Là elle me répond avec un lien qui donne effec­ti­ve­ment les adresses légi­times possibles. Je me rends compte que j’au­rais pu m’épar­gner tout ça en cher­chant sur google le nom de domaine. Je serais tombé sur cette page. Fati­gué, ça n’a pas été mon réflexe mais est-ce vrai­ment à moi de compen­ser leur fonc­tion­ne­ment louche ? Je compte une réas­su­rance utile quand même.

    Décompte des points : 11x louche, 8x gênant, 2x réas­su­rance, 1x posi­tif

    Vous savez quoi ? La page ne contient effec­ti­ve­ment que les trois adresses qu’elle m’a donné, il manque donc une adresse en @isbs.eu (seul un sous-domaine « info » est listé, et pas avec le même utili­sa­teur) et rien ne liste le domaine lydia-app.com avec lequel je discute et qui m’a demandé un code SMS.

    Décompte des points : 12x louche, 8x gênant, 2x réas­su­rance, 1x posi­tif
    (là c’est point louche vu que la page web offi­cielle et plus une discus­sion)

    Elle m’a répondu à côté. Je lui dit que son email n’est pas listé là-bas non plus. Je mets un smiley, je suis plus amusé mais je le signale expli­ci­te­ment quand même parce que sinon ça ne sera pas corrigé.

    Malheu­reu­se­ment elle insiste. Elle me dit que c’est bien sur la page web (mais non). Je sens que je l’agace.

    Décompte des points : 12x louche, 9x gênant, 2x réas­su­rance, 1x posi­tif

    J’in­siste moi-même. Désolé. J’ai besoin d’avoir l’im­pres­sion que ce sera traité. Je cite la page, expli­cite que le domaine n’y est pas. Mon propos est peut-être moi aussi un peu agacé. Je dis que je m’ar­rê­te­rai là. Ma ques­tion a eu une réponse la suite c’était pour aider, pas pour me prendre la tête avec une personne du support qui est proba­ble­ment de bonne volonté.

    Je reçois un dernier email pour me dire que les adresses données sont unique­ment pour la commu­ni­ca­tion offi­cielle de Sume­ria et que le service client utilise trois autres adresses en @news.lydia-app.com, @info.lydia-app.com et @lydia-app.com. J’ai un peu de mal à voir pourquoi un news et un info pour du support et en quoi le support n’est pas offi­ciel ou ne méri­te­rait pas d’être crédi­bi­lisé sur la page web de réas­su­rance mais je ne vais pas relan­cer, ce ne sont pas mes oignons.


    Demain je tente­rai d’en­voyer on RIB pour récu­pé­rer mon solde. Je n’ai pas hâte. L’ex­pé­rience ma très forte­ment refroidi côté sérieux et confiance.

    Pour l’ins­tant, si quelqu’un de Lydia/Sume­ria me lit, je me doute qu’il y a des raisons à tout ce circuit, mais vous êtes quand même en train de deman­der à vos utili­sa­teurs de s’ha­bi­tuer et d’agir à l’en­contre de tout ce qu’on présente partout comme des pratiques de sécu­rité contre le phishing :

    • Ne pas prendre en compte les emails venant de domaines incon­nus
    • Ne pas prendre en compte les emails avec une adresse de réponse étrange ou incon­nue
    • Ne pas cliquer sur des liens menant vers des cibles masquées ou incon­nues
    • Ne pas envoyer d’in­for­ma­tions person­nelle ou sensible par email à quelqu’un qui est censé les connaitre déjà
    • Ne JAMAIS envoyer de code de confir­ma­tion SMS par email ou ailleurs que sur la page de login offi­cielle

    Pour une app finance-paie­ment, j’at­tends autre chose. Peu importe les raisons, ça mérite de faire mieux. Il y a des moyens. Au mini­mum :

    • une inter­face web pour les messages du support, héber­gée par le nom de domaine offi­ciel prin­ci­pal (ou un sous-domaine de celui-ci)
    • la capa­cité de retrou­ver sur une page du domaine offi­ciel prin­ci­pal (ou un sous-domaine de celui-ci) les messages d’in­for­ma­tion impor­tants envoyés par email
    • les envois de données sensibles (comme un RIB) sont à faire sur une page web du du domaine offi­ciel prin­ci­pal (ou un sous-domaine de celui-ci) et pas par email
    • des pages web qui listent tous les domaines et adresses qui envoient des emails en votre nom (support inclus)
  • Je vous salue

    Sérieu­se­ment, ça m’agace d’avoir à faire ce billet. Je suis convaincu que tout le monde en a déjà marre et il y a des personnes bien plus perti­nentes que moi pour commen­ter. J’ai juste besoin de répondre à froid et pouvoir lier une réponse plusieurs fois.


    1. Est-ce que ça peut être inter­prété comme un salut nazi ?
    2. Est-ce que c’est crédible dans le contexte ?
    3. Est-ce que c’est assumé par l’au­teur ?
    4. Est-ce que c’est volon­taire par l’au­teur ?
    5. Est-ce que c’est prémé­dité par l’au­teur ?

    La première ques­tion ne fait simple­ment plus débat vu le nombre de personnes qui l’ont lu ainsi, que ce soit chez les proches des néonazi, dans les orga­ni­sa­tions anti-fascistes, ou chez monsieur-tout-le-monde. Ce n’est pas qu’une caisse de réso­nance. On a des vidéos de blog­gueurs qui réagissent en direct avec de gros yeux.

    Sur le contexte, on a un parterre d’alt-right améri­caine qu’on appelle « white supre­ma­cists », donc l’idéo­lo­gie de supré­ma­cie de race est bien là. Elon Musk lui-même a apporté son soutien récem­ment au parti qui utilise slogan et symbole nazi. Sur place les tribunes poli­tiques sont faites à partir des repré­sen­tants des extrêmes droits étran­gères. Si c’est diffi­cile à avaler, le contexte est raccord avec une réfé­rence au salut nazi.

    Elon Musk a partagé ensuite lui-même une courte vidéo avec unique­ment le geste, sans rien qui précède ou qui succède pour lais­ser penser autre chose. Il n’a fait aucune décla­ra­tion expli­cite niant la réfé­rence. Ça cadre mal avec quelqu’un qui voit un geste invo­lon­tai­re­ment inter­prété avec une réfé­rence si forte. Inten­tion­nel ou pas, l’in­ter­pré­ta­tion est au moins assu­mée après coup.

    L’autre inter­pré­ta­tion possible liée à son discours serait qu’il mime l’en­voi de son cœur. Outre la force assez carac­té­ris­tique, je vous laisse essayer de plein de façon diffé­rentes, seul et avec vos amis. Je vous parie que la paume arri­vera parfois vers le haut, souvent sur le côté, mais jamais vers le bas, encore moins avec cette forme bien carac­té­ris­tique pouce replié en dessous. S’il y a poten­tiel­le­ment un double sens, le sens du salut nazi est lui-même bien recher­ché, volon­taire.

    Un geste volon­taire, assumé, exécuté avec force et clarté au milieu d’un discours qui assure la plau­sible denia­bi­lity, Diffi­cile d’ima­gi­ner alors que la réfé­rence ne soit pas prémé­di­tée. Surtout que tout semble bien répété et il y aura bien eu quelqu’un qui lui aurait fait la remarque.

    Fran­che­ment, que reste-t-il ?

    Oui il y a un double sens, c’est le propre de ces dog whistle. C’est reconnu par tout le monde tout en rele­vant de l’in­ter­pré­ta­tion. Non seule­ment ça permet de poser une inter­pré­ta­tion alter­na­tive mais ça permet d’en­fler le message via les débats qui en résultent.

    Main­te­nant on fait quoi ?

  • IA : L’élé­phant dans le couloir

    Je me vois mal commen­cer à plon­ger dans l’IA1 en igno­rant toute la ques­tion éner­gé­tique. Je commence ce billet pour essayer d’y voir clair.

    C’est un brouillon partagé où je vais poser des notes au fur et à mesure des lectures, pas une conclu­sion.

    On a tous nos biais, moi aussi. Quelques posi­tions de départ :

    1. J’ai un gros biais néga­tif à la base. J’ai vu passer les délires de la réalité virtuelle, des seconds mondes, du web3 et autres crypto-actifs. Je m’en suis tenu aussi éloi­gné que possible, j’en suis bien heureux et je ne souhaite vrai­ment pas entrer dans un gros hype alors que j’ai réussi à éviter les précé­dents. Le fait qu’une partie des suppor­ters de l’IA étaient suppor­ter du web3 n’est pas trop en faveur des ques­tions d’IA.
    2. Le second gros biais néga­tif vient de mes commu­nau­tés et lectures. Je navigue dans des sphères très concer­nées par les enjeux clima­tiques, qui font les efforts asso­ciées, et qui sont dans l’en­semble extrê­me­ment critiques vis-a-vis de l’IA, pour ne pas dire en total rejet. Ça ne me lie pas, mais c’est une posi­tion de départ et il est toujours diffi­cile de sortir tota­le­ment de ses préju­gés. Ici ça me sera d’au­tant plus diffi­cile que ça voudra dire tenir une posi­tion oppo­sée aux personnes qui m’en­tourent.
    3. À l’op­posé, je vois les trans­for­ma­tions à venir dans mon métier et cette fois-ci, j’y crois. J’ai à la fois envie d’être dans le train, et peur pour mon avenir si je décide de ne pas monter pour des raisons morales. Ça joue, et il va falloir que je fasse atten­tion à ce que ça ne me fasse pas cher­cher des prétextes ou des excuses.
    4. Enfin, j’ai aussi vécu les propos inco­hé­rents sur les enjeux clima­tiques, avec la chasse aux emails à effa­cer ou des préco­ni­sa­tions qui oublient tota­le­ment les ordres de gran­deurs. Parfois on désigne l’en­nemi à abattre et quand les chiffres ne tiennent pas on fini par « tout compte », ce qui est à la fois vrai et à la fois parfois juste un prétexte pour justi­fier une mauvaise posi­tion.

    Pour expli­ci­ter le dernier point, je me refuse à juste regar­der la consom­ma­tion éner­gé­tique en absolu. Il faut tout réduire mais pas tout suppri­mer. L’enjeu c’est de savoir où et comment couper.

    illustration d'un graphique en deux axes, sobriété énergétique et utilité. L'intérieur est coloré du vert (sobre et utile) marqué "à garder" jusqu'au rouge (pas sobre, pas utile) marqué "à jeter"

    Pour l’ins­tant je vais déjà collec­ter les liens qu’on me fait suivre (en vrac dans un premier temps) :


    1. C’est amusant, je vois que j’uti­lise IA quand je donne un ton posi­tif et LLM quand je donne un ton néga­tif, quand bien même dans ces contextes je parle fina­le­ment de la même chose. Je vais garder IA ici mais c’est un sujet de réflexion. ↩︎
  • Lecture de Steve Yegge : « The Death of the Stub­born Deve­lo­per »

    De  « The Death of the Stub­born Deve­lo­per »

    Here’s the rub: As of about May, LLMs can now execute most of the leaf tasks and even some higher-level inter­ior tasks, even on large soft­ware projects. Which is great. But what’s left over for humans is prima­rily the more diffi­cult plan­ning and coor­di­na­tion nodes. Which are not the kind of task that you typi­cally give junior deve­lo­pers.

    C’est peut être là que je diverge. C’est vrai pour les déve­lop­peurs « code », un peu moins pour les déve­lop­peurs « produit ».

    Howe­ver, some junior engi­neers pick this new stuff up and fly with it, basi­cally uple­ve­ling them­selves. And many senior engi­neers seem to be heading towards being left behind. So what is it, then?

    (…)

    Chat-Orien­ted Program­ming, CHOP for short (or just chop). Chop isn’t just the future, it’s the present. And if you’re not using it, you’re star­ting to fall behind the ones who are.

    Ne croyez pas qu’on a à faire à encore un rêveur qui imagine un futur avec des voitures volantes. On parle du présent.

    They believe these gene­ric auto­no­mous soft­ware agents will solve the problem of chop being too diffi­cult and toil­some. In fact some people claim that agents can take over the task graph enti­rely, perhaps at least for small busi­nesses, allo­wing non-tech­ni­cal CEOs to launch apps them­selves without having to hire any pesky deve­lo­pers.

    I think those people are smoking some serious crack.

  • Lecture de Steve Yegge :  « The Death of the Junior Deve­lo­per »

    De  « The Death of the Junior Deve­lo­per »

    Gene, as an accom­pli­shed and senior author, is deligh­ted with his produc­ti­vity gains with his LLM of choice, Claude Opus. He showed me a big writing project that he’d just fini­shed, in which he had spent easily 45+ minutes craf­ting the prompt, refi­ning it until he had a 7500-word narra­tive that could serve as a star­ting point for rewri­ting, editing, and adjust­ment. (In compa­ri­son, this blog post is about half that size.) And that draft was fantas­tic. I’ve read it and it’s glorious.

    On a good day, Gene can write 1,000 words per day. His esti­mate is that Claude did for him in 90 minutes what would normally have taken him ten days. It solves the « blank-page problem » and gets him to the 20-yard line, where the fun begins.

    Il y a d’autres histoires. Je note un motif que ceux qui répondent « qualité » ne semblent pas voir.

    L’IA est un outil. On ne lui demande pas force­ment de savoir tout faire, ni même de le faire bien. On lui demande de savoir faire assez pour amener le donneur d’ordre plus loin, ou plus vite, et majo­ri­tai­re­ment de lui permettre de se concen­trer sur sa tâche réelle, son vrai métier. C’est vrai même pour celui dont la tâche est l’écri­ture.

    My senior colleagues have recently recoun­ted simi­lar chat scena­rios in which a more junior dev would have been comple­tely taken in, poten­tially losing days to weeks of work going the wrong direc­tion.

    Or worse.

    Chat, it seems, is safer for senior program­mers than it is for junior ones. And a lot of compa­nies are going to inter­pret « safer » to mean « better. »

    (…)

    Brie­fly, what do I mean by « senior » here? Really just two things:

    –  You know what you want before the AI writes it. You already have a vision for how you would write this by hand, or have it narro­wed to a few reaso­nable options.
    –    You can detect when it is giving you bad guidance.

    J’ajou­te­rais : savoir utili­ser l’ou­til. Ça reste un outil. Comprendre ses limites, sa zone d’ef­fi­ca­cité et comment en obte­nir le meilleur peut faire la diffé­rence.

    Rien que : aujourd’­hui les tâches répé­ti­tives finissent toujours par dérailler mais qu’il est parfait pour créer le code qui va faire cette tâche répé­ti­tive (comme un déve­lop­peur en fait).

  • Lecture d’Anne Vella : « Dear Soft­ware Engi­neer: It’s Time to Reclaim Your Role »

    Cita­tions d’Anne Vella :

    I totally agree that soft­ware engi­nee­ring should be a lot more than just writing code. When I studied compu­ter science at univer­sity, they taught us how to elicit requi­re­ments, write user stories, design user inter­faces and apply UX prin­ciples, archi­tect complex systems, create test plans, execute test cases and so much more. The whole shebang.

    De mon temps on appe­lait ça de façon mépri­sante les pisseurs de code. Et pour­tant, à cause de la spécia­li­sa­tion, je vois énor­mé­ment d’in­gé­nieurs tomber dans cette caté­go­rie de « déve­lop­peur expert ».

    J’en ai même vu s’in­di­gner qu’on arbitre trop souvent en faveur du produit et des utili­sa­teurs plutôt qu’en faveur d’une qualité de code interne.

    Rien qu’à dire ça je sais que je vais avoir quelques réac­tions assez fortes.

    Personne n’a raison mais ça devient des métiers diffé­rents.

    Steve Yegge recently wrote a follow-up to his contro­ver­sial article The Death of the Junior Deve­lo­per, refra­ming his posi­tion as The Death of the Stub­born Deve­lo­per. He talks about how if you’re not adop­ting Chat-Orien­ted Program­ming, or CHOP, you’re getting left behind

    Je ne joue­rai pas à qui va devoir chan­ger.

    Je suis convaincu que les déve­lop­peurs « produit » vont devoir chan­ger de façon de travailler. Pour autant, le besoin ne va pas dispa­raître, loin de là. Les juniors vont vite avoir des super-pouvoirs. Les seniors qui se reposent un peu trop sur leur savoir acquis, sur la complexité du code set sur le besoin de renou­vel­le­ment perma­nent de techno vont eux avoir du soucis à se faire parce que leur valeur ajou­tée va deve­nir faible.

    On ne rempla­cera pas les déve­lop­peurs « code » experts. L’IA tant vantée n’est quand même qu’un outil statis­tique et je ne la vois pas de si tôt créer du code profond tel qu’on peut en trou­ver dans les biblio­thèques de code qui forment les briques de base. On aura besoin de personnes qui comprennent le fonc­tion­ne­ment de tout ça pour savoir quoi faire (éven­tuel­le­ment assis­tés par de l’ia s’ils le veulent). Là ce sont les juniors qui vont avoir du mal à trou­ver une place.

    Pour être franc je ne sais pas si tout ça est vrai­ment neuf. L’IA va juste démul­ti­plier un effet déjà exis­tant, mais peut être au point de rendre certains posi­tion­ne­ments très diffi­ciles à tenir.

    So dear soft­ware engi­neer, please take heed. If you’re not a “product engi­neer” and have specia­li­sed in writing code, AI may indeed take your job. But this isn’t just a warning – it’s an oppor­tu­nity. It’s time to reclaim your role and return to what soft­ware engi­nee­ring was always meant to be: a craft that combines tech­ni­cal exper­tise with problem-solving, user empa­thy, and busi­ness acumen. The future belongs to those with curio­sity who can see beyond the code.

    Mes propos semblent peut être trop alar­mistes, ou trop futu­ristes. J’ai l’im­pres­sion qu’on passe des paliers très vite.

    Je ne saurais trop conseiller aux déve­lop­peurs qui veulent prévoir leur avenir de sauter sans filet et de passer au CHOP et BATON décrits dans le billet cité.

    Si ça n’ac­cé­lè­rera pas grand chose aujourd’­hui, savoir comment utili­ser ses outils correc­te­ment demande un chan­ge­ment de para­digme et donnera plusieurs longueurs d’avance d’ici quelques années au plus.

    Si vous avez vu le sex appeal des déve­lop­peurs « no code » (non, il n’y a pas contra­dic­tion), ça va vite de démul­ti­plier.

    C’est une croyance de ma part mais elle est très forte.


    Oui, je sais. Il y a aussi à côté d’énormes enjeux éner­gé­tiques. J’ai­me­rais bien qu’on puisse les igno­rer mais je ne le crois pas. Je ne les mets pas de côté.

    Main­te­nant consi­dé­rant le coût des ingé­nieurs, celui de l’usage de ces outils, la valeur qu’on en tire, le futur sera quand même celui là. On peut refu­ser mais il faudra au mieux se prépa­rer à oublier les périodes fastes du point de vue emploi et salaire, pour ceux qui trou­ve­ront un emploi.

    Je n’ai pas la solu­tion à tout ça. Je me contente d’ob­ser­ver.

  • Voyage à vélo jusqu’Am­ster­dam

    On a eu un peu chaud en août l’an­née dernière dans le sud. Cette année j’avais envie de montrer un peu l’étran­ger au fiston. On est partie pour faire un bout de l’Eu­ro­velo 12 entre Calais et Amster­dam, avec proba­ble­ment un peu de prome­nade ensuite vers Amster­dam.

    Pour l’ins­tant j’en suis là, il y a tout à faire. Si vous avez fait le parcours, je suis très inté­ressé par vos retours, voire un contact pour poser mes ques­tions.

    Contexte

    On est trois, deux adultes et le fiston de 12 ans. On navigue avec deux vélos méca­niques et un vélo élec­trique donc on aura besoin de courant tous les deux jours.

    Nos étapes l’an­née dernière faisaient entre 25 et 60 km, idéa­le­ment dans les 30 à 40. J’ima­gine que le terrain extra-plat de Belgique et Pays-Bas peut augmen­ter notre distance quoti­dienne mais on ne cherche pas à faire des kilo­mètres pour faire des kilo­mètres.

    On a 3 à 4 sacoches par vélo, avec de quoi dormir en tente en camping. Ça veut dire cher­cher des campings chaque soir, idéa­le­ment des petits sympa et pas des gros complexes (pas de camping sauvage, mais je crois que c’est de toutes façons inter­dit là bas).

    J’ado­re­rais pouvoir profi­ter des réseaux qui accueillent les voya­geurs chez eux pour avoir quelques nuits dans du dur et discu­ter avec des locaux. On ne l’a cepen­dant jamais fait.

    Jusqu’à présent on fait toujours un sens unique avec retour en train. Sur 2 ou 3 semaines ici on peut envi­sa­ger de faire l’al­ler-retour mais je préfé­re­rais me perdre en balades aux Pays-Bas et faire le retour en train si possible.

    Les ques­tions qui me préoc­cupent

    Comment aller de Lyon à Calais ou Dunkerque avec nos vélos ? Idéa­le­ment je préfé­re­rais du train avec des empla­ce­ments vélo non démon­tés sur réser­va­tion. Démon­ter les vélos, avec nos nombreuses sacoches, le poids du vélo élec­trique et la peur d’en­dom­ma­ger le dérailleur nous fait un peu stres­ser. Les TER sont jouables mais on a plusieurs mauvaises expé­riences avec des trajets debout les vélos en travers du passage faute d’avoir des places adap­tées. Là aussi, je préfé­re­rais vrai­ment éviter. On fera dans tous les cas avec ce qu’on peut mais la SNCF ne m’a proposé aucune option sur le site inter­net, que ce soit TER ou pas.

    Comment reve­nir ? Au pire on peut faire le même trajet dans l’autre sens mais idéa­le­ment ce serait top de pouvoir repar­tir en train depuis Amster­dam, là aussi avec vélos et sacoches. Je ne connais pas les règles et faci­li­tés dans les diffé­rents pays et sur les trajets trans­fron­ta­liers.

    Comment se passe le camping en Belgique et Pays-Bas ? Est-ce simple de trou­ver ? Est-ce qu’on a des applis pour ça ? Faut-il réser­ver à l’avance, et si oui combien de temps à l’avance ? Quelles sont les autres options réalistes ?

    Sur l’Eu­ro­vélo 12 on nous propose une étape gigan­tesque de 130 km entre Vlis­sin­gen/Fles­singue et The Hook of Holland. C’est là qu’on suit les digues. Est-ce décou­pable ?

    Quelles sont les contraintes parti­cu­lières de Belgique et Pays-Bas rapport au vélo, au camping, aux dépla­ce­ments, à la nour­ri­ture et épice­ries, etc ?

  • Prude IA

    Le contrôle des réseaux et de l’in­for­ma­tique par les États-Unis me saute à la figure de plus en plus souvent.

    Il y a peu, je lis que les États-Unis inter­disent TikTok si l’ac­ti­vité n’est pas reven­due à un tiers. L’enjeu c’est est celui de la sécu­rité natio­nale avec le fait que c’est une base chinoise et pas une base améri­caine. En même temps il y a une pres­sion qui commence à se consti­tuer de la part des États-Unis pour que l’Eu­rope ne bride pas les services améri­cains, voire qu’ils consi­dèrent les amendes de régu­la­tion de X ou de Meta comme du protec­tion­nisme au titre des règles de libre échange. Si l’im­pé­ria­lisme numé­rique se faisait par influence, main­te­nant on est dans le rapport de force clair et net.

    Ce n’est pas qu’une ques­tion écono­mique. Les liber­tés et inter­dits font partie de ce qui nous est imposé. C’est vrai autant pour le légal que pour le légal. Il est inté­res­sant de voir que les IA n’ont pas de filtre avan­cée pour gérer la vie privée mais qu’elles sont inca­pables de parler de corps fémi­nin ou de sexe. On importe à la fois leur free speech et leurs tabous.

    Où est-ce que ça nous mène ? Je ne sais pas, mais voyant quelle place est amenée à prendre l’IA, le fait qu’elle se fixe sur des règles du jeu d’un seul pays me met quelque part très mal à l’aise.

  • Outil ou collègue

    Mon conseil pour les rares qui me suivent encore et que j’ai pu moti­ver à deve­nir deve­lop­peur: fuyez! Redui­sez vos dettes. Votre train de vie. […] inves­tis­sez tout et prepa­rez vous pour l’hi­ver.

    Je vous garan­tie que avant la fin de votre carrière (voir de la décen­nie) il faudra se recon­ver­tir. Préfé­ra­ble­ment dans un truc manuel.

    On lit toujours plein de choses alar­mistes sur le futur. Tout avance très vite mais les métiers dispa­raissent rare­ment en moins d’une géné­ra­tion. Jusqu’à présent.

    Et pour­tant, vu d’où je l’ai lu, ça m’a fait cogi­ter.

    J’ai repris un peu mes tâches pénibles habi­tuelles via Cursor. Rien de neuf. Je le fais régu­liè­re­ment. Si je trouve la complé­tion auto­ma­tique magique, pour moi c’est un outil en plus, pas de quoi éteindre le métier.

    Là j’ai suivi les traces de Simon Willi­son. J’ai utilisé l’agent et lui ai tout dicté, refu­sant de toucher à un quel­conque fichier direc­te­ment, de résoudre un quel­conque problème tech­nique moi-même.

    J’ai plein de posi­tif et plein de néga­tif mais… mon dieu je ne conseille­rai pas à mon fils de faire du déve­lop­pe­ment. C’est foutu pour lui. Je ne sais pas s’il aurait pu tout réali­ser sans rien savoir, mais ça n’en était pas loin. Dans 2 ans, 10 ans… oui la moitié des tâches de déve­lop­pe­ment au moins se passe­ront proba­ble­ment d’ex­perts tech.

    Ok, c’est de la boule de cris­tal. Je peux me trom­per. Je me suis déjà trompé par le passé. Oui ça ne remplace pas tout mais on a passé un sacré cap. Il me reste 20 ans au moins, la révo­lu­tion se fera pendant ma vie profes­sion­nelle, et elle sera lour­de­ment impac­tée.