Auteur/autrice : Éric

  • URLs et UUIDs

    Je plani­fie l’ex­tinc­tion du Word­press qui me sert de blog. Je vais proba­ble­ment partir plus vers du 11ty ou du Astro avec une géné­ra­tion statique.

    Je me pose la ques­tion des URLs.

    URLs courtes

    On a pendant un temps cru que les URLs allaient dispa­raitre. On voit aujourd’­hui plutôt le contraire. Avec les plate­formes de micro­blog, ces URLs font partie du message visible.

    À la fois pour prendre moins d’es­pace visuel­le­ment et parce que le nombre de carac­tères est souvent limité, l’idéal ce sont des iden­ti­fiants courts.

    Mon idéal à ce niveau, c’est quelque chose comme bit.ly : une suite de quelques carac­tères alpha­nu­mé­riques comme iden­ti­fiant pour chaque contenu.

    3 carac­tères permet de comp­ter en centaine de milliers d’iden­ti­fiants. 4 carac­tères permet de comp­ter en millions. Ça devrait être large­ment assez.

    -> https://survol.fr/eJo8

    C’est aussi parfait pour reco­pier une URL en prove­nance des jardins fermés qui inter­disent les liens. J’ai demandé autour de moi, vous êtes quand même 80% à taper à la main de temps en temps (pas que le nom de domaine), et certains très fréquem­ment.

    URLs non prédic­tibles

    Mon second besoin est malheu­reu­se­ment opposé. Je souhaite limi­ter la décou­vra­bi­lité de mes conte­nus.

    Je sais que ce besoin est peu habi­tuel mais il me donne une liberté d’écri­ture à laquelle je tiens de plus en plus. Rien n’est vrai­ment caché mais il faut avoir eu un lien pour accé­der à quelque chose, soit direc­te­ment soit via de la navi­ga­tion.

    Mon public est tech­nique voire expert. 4 carac­tères et quelques millions de possi­bi­li­tés, on peut tester toutes les combi­nai­sons en une ques­tion de minutes. Ça ne suffit pas.

    Si je veux que tester toutes les combi­nai­sons soit impra­ti­cable, il faut noyer ces quelques milliers ou millions d’iden­ti­fiants dans beau­coup plus. Beau­coup beau­coup plus.

    Sur des calculs de coin de table en exagé­rant tout, mon espace d’adresse doit faire dans les 64 bits1. Même codé en base64, mes iden­ti­fiants font désor­mais 11 carac­tères. J’au­rais préféré plus court.

    URLs faciles à saisir

    Il m’est arrivé de lais­ser des URLs dans des espaces où les liens sont impos­sibles. J’ai demandé autour de moi, vous êtes quand même 80% à parfois taper à la main des adresses de pages profondes, et certains plusieurs fois par mois.

    Bref, j’ai­me­rais que ce soit possible, et pas trop pénible malgré la longueur. Idéa­le­ment on peut utili­ser un titre signi­fi­ca­tif ou au pire une liste de quelques mots géné­rés à la dice­ware. Malheu­reu­se­ment ça ne passera pas le premier de mes besoins lié à la taille. On va garder les 10–12 carac­tères.

    En base36 je peux me conten­ter des lettres minus­cules et des chiffres. Si j’en­lève le l et le 1 qui sont parfois ambi­gus dans certaines polices de carac­tères, j’ar­rive à une base34. Ça me fait proba­ble­ment ajou­ter 2 carac­tères de plus.

    Vu que taper des adresses reste rare, je vais m’éco­no­mi­ser les 2 carac­tères et m’ap­pro­cher de base64. Je vais juste reti­rer les deux carac­tères spéciaux ainsi que les carac­tères l O 0 1 et I qui créent des ambi­guï­tés. J’ar­rive à une base57.

    Des URLs signi­fi­ca­tives

    Le quatrième critère c’est norma­le­ment celui des URLs signi­fi­ca­tives. C’est le cas de la plupart des blogs où le titre se retrouve aussi dans l’adresse.

    J’ai demandé et vous êtes quand même plus de la moitié à trou­ver ça impor­tant.

    Je vais toujours donner au moins un titre, un texte ou un contexte avec le lien, donc il y a peu d’am­bi­gui­tés. Les quelques plate­formes qui affichent les adresses telles quelles sont aussi celles qui vont ajou­ter une carte en récu­pé­rant le titre et une image pour les présen­ter sous le lien. Le doublon est-il bien néces­saire ?

    J’hé­site encore. Je ne peux pas avoir court, impré­dic­tible et signi­fiant à la fois. Mon cœur balance pour me passer de la signi­fiance des adresses.

    Le SEO n’est pas un objec­tif, voire serait de toutes façons contre-produc­tif vis-a-vis de mon second objec­tif.

    Mettre tout ça bout à bout

    À tout ça il faut que j’ajoute le nom de domaine et une manière de segmen­ter. Actuel­le­ment j’ai doublé la segmen­ta­tion, le « n. » dans le sous-domaine, et le « n/ » dans le chemin2. Il est probable que je ne garde qu’un seul des deux.

    Si je mets tout ça bout à bout, je vais avoir des URLs qui vont ressem­bler à « https://survol.fr/n/2qQVKC6AumxR »3.

    Je ne m’in­ter­dis pas de chan­ger d’avis et par exemple ajou­ter le slug comme option­nel après l’iden­ti­fiant. Dites-moi ce que ça change pour vous.


    1. Ça fait beau­coup mais je veux prévoir le futur où toutes les inter­ac­tions pour­raient à l’ave­nir se retrou­ver avec un iden­ti­fiant, ce qui fait un paquet d’iden­ti­fiants d’ici à la fin de ma vie. ↩︎
    2. « n » c’est pour « notes », pour ceux qui se posent la ques­tion. ↩︎
    3. Oui, il y aura redi­rec­tion et les anciennes conti­nue­ront de fonc­tion­ner. ↩︎
  • Un jeu pour le boulot

    Vous jouez à quoi avec vos collègues à la pause de midi ?

    Mes contraintes :

    • Simple : On ne perd pas de temps à expliquer, on ne bataille pas sur les règles, on ne prend surtout pas de temps avec un décompte complexe à la fin.
    • Dyna­mique : J’adore les jeux de stra­té­gie et construc­tion mais là je cherche de l’in­te­rac­tif, où idéa­le­ment on n’at­tend pas en se tour­nant les pouces pendant que les autres jouent leur tour.
    • Rapide : Idéa­le­ment 10 ou 15 minutes, pour pouvoir rejouer, au grand maxi­mum 30 minutes si ça n’est pas trop redon­dant.
    • Flexible : On doit pouvoir s’adap­ter au nombre de joueurs, au moins entre 3 et 5, idéa­le­ment entre 2 et 8.

    J’ai posé la ques­tion et après une sélec­tion tota­le­ment arbi­traire, je retiens ce qui suit :

    La valeur sûre est proba­ble­ment le 6 qui prend. C’est simple, rapide et hyper flexible, et on joue tous le tour ensemble. Ça n’est pas le jeu le plus profond et ça peut proba­ble­ment finir par lasser au bout d’un moment mais c’est une bonne base de départ jusqu’à 10 personnes, pour des parties de 20 minutes. C’est un détail mais le fait que ça tienne dans une petite boite en métal est aussi un vrai plus.

    Le suivant c’est Jungo. Il est un peu plus riche en inter­ac­tions mais aussi moins flexible avec une limite à 5 joueurs , pour des parties de 15 minutes. Odin et Scout sont très simi­laires (Odin peut être un peu moins dyna­mique mais en allant jusqu’à 6 joueurs, Scout peut-être légè­re­ment plus profond mais sur 20 minutes et avec des jetons pour les points).

    En plus stra­té­gie et construc­tion il y a Oriflamme, jusqu’à 5 joueurs là aussi, pour des parties de 20 minutes. Il y a de nombreuses exten­sions pour renou­ve­ler le jeu.

    En bluff il y a Love Letter, jusqu’à 6 joueurs et 20 minutes. Je ne l’ai pas testé mais ça a l’air assez simple pour bien tour­ner.

    En ambiance où on a envie de pour­rir le cama­rade, j’ajoute Wazabi, pour jusqu’à 6 joueurs sur 20 minutes. Je n’aime habi­tuel­le­ment pas les jeux de dés et à grande domi­nante de hasard, mais ici ça fonc­tionne.

    En coopé­ra­tif il y a Hanabi, jusqu’à 5 joueurs mais qui prend 30 minutes et qui peut être plus réflexion que dyna­mique. C’est aussi ce qui fait qu’il est peut-être plus un jeu de soirée que de pause de midi, mais je voulais en mettre un coopé­ra­tif dans le lot.

    En clas­sique / histo­rique, j’aime bien la Scopa, ancien jeu de pli italien entre 2 et 6 joueurs pour 30 minutes. Ça être très rapide ou extrê­me­ment stra­té­gique, suivant le niveau qu’on veut y mettre.

    Et là je me rends compte que malgré une armoire trop four­nie, je n’ai que les deux derniers dans ma collec­tion.


    Oui, je n’ai pas mis le fameux Skyjo. J’aime beau­coup mais il est dans la four­chette haute en durée et dans la four­chette basse en dyna­misme. Je le classe plus en jeu de fin d’après-midi.

    Plusieurs d’entre-vous m’avez conseillé Fantasy Realms. Je n’ai pas joué donc je peux me trom­per mais j’ai l’im­pres­sion que chacun joue dans son coin, face caché, et ne révèle son jeu qu’à la fin. Si la seule inter­ac­tion est la défausse, le dyna­misme me semble trop faible pour un jeu de pause déjeu­ner.

    J’ai une équipe inter­na­tio­nale en ce moment donc je n’ai pas retenu les jeux de lettres.

  • Peu importe la bonne foi

    The deal was simple: We’ll pay you 20–50% below market rate, but in exchange, you get stabi­lity, reaso­nable work-life balance, and most impor­tantly, no layoffs. This wasn’t writ­ten in any employee hand­book, but everyone unders­tood it.

    Daniel Sada

    Et, comme toujours, ils se retrouvent à avoir fait des conces­sions sans en avoir les retours. Le licen­cie­ment massif arrive quand même.

    Je m’im­plique toujours tota­le­ment. Je ne sais pas faire autre­ment, et ne le veux pas, mais je ne fais plus de conces­sions sur mes reve­nus sur l’au­tel de valeurs ou de promesses. Je les prends en compte, peut-être trop, mais j’ai appris bien trop de fois que ce sont des choses qui ne tiennent pas dans la durée, peu importe la bonne foi de ceux qui les font.

  • Inter­dire les milliar­daires

    « Vouloir inter­dire les milliar­daires c’est confis­ca­toire, et contre la liberté d’en­tre­prendre. »

    trop souvent entendu

    Je suis contre les milliar­daires juste­ment parce que je suis contre la confis­ca­tion et pour la liberté.

    Je suis convaincu que personne n’a une telle valeur ajou­tée par rapport aux autres. Deve­nir milliar­daire se fait forcé­ment en exploi­tant autrui, en leur confisquant la part de richesse qui devrait reve­nir aux autres.

    Entre le manque de richesse des uns et le grand pouvoir obtenu par quelques autres, on crée un verrouillage et un système de domi­na­tion qui est tout sauf créa­teur de liberté pour tous.

  • Je ne crains pas de perdre mon travail

    Je ne demande même que ça.

    Travail n.m. (lat. pop. tripa­lium ; de tres, trois et palus pieu) instru­ment de torture puis appa­reil où l’on place les bœufs pour les ferrer

    Quelle mouche a donc piqué notre société pour qu’on veuille sauve­gar­der le travail ? Je suis des plus heureux que l’au­to­ma­ti­sa­tion m’épargne une quan­tité de travaux des siècles derniers, et qu’elle nous ait permis d’avoir un meilleur confort et une meilleure vie.

    J’ai une machine à laver le linge et une pour la vais­selle. J’ai une calcu­lette ainsi qu’un micro-ordi­na­teur portable. L’élec­tri­cité m’ap­porte aussi la lumière, la cuis­son, un ascen­seur et certai­ne­ment cent autres appa­reils quoti­diens.

    On est telle­ment entou­rés de travail auto­ma­tisé qu’on oublie que le travail manuel n’est plus que l’ex­cep­tion.

    Et tant mieux. Je n’en­vie pas le temps des labours manuels, des porteurs d’eau, de la coupe du bois de chauf­fage, des dépla­ce­ments à pieds peu importe la distance, etc.

    C’est la part des richesses appor­tée à chacun qu’il faut sauve­gar­der, pas le travail.

    Confondre les deux relève quand même d’un aveu­glé­ment assez profond.

    Richesses, subst. fém.
    Tout ce qui est suscep­tible de combler, de satis­faire les désirs, les besoins de l’homme.

    Le problème n’est pas que l’au­to­ma­ti­sa­tion retire du travail, ni même qu’on manque de richesses. Le problème c’est que l’au­to­ma­ti­sa­tion du travail modi­fie la répar­ti­tion des richesses (vers une plus grande concen­tra­tion).

    Dans un monde capi­ta­liste, la richesse appar­tient d’abord à celui qui contrôle les moyens de produc­tion. Il y a long­temps c’était la terre. Désor­mais ce sont les machines et les infra­struc­tures. Demain ce sera peut-être ce qu’on nomme les intel­li­gences arti­fi­cielles.

    Pour partie, les emplois perdus sont recréés ailleurs. L’enjeu c’est d’as­su­rer la tran­si­tion. Le chômage et la forma­tion sont des réponses mais elles ne sont que partielles. Ceux qui perdent un emploi ne sont pas forcé­ment les mêmes que ceux qui en trouvent un nouveau.

    Malheu­reu­se­ment, nos élus tendent à rabo­ter le chômage et culpa­bi­li­ser les personnes qui perdent leur emploi. Tout ceci est pour­tant struc­tu­rel, attendu. Il ne reste qu’un RSA de misère qui repré­sente à peine la moitié du seuil de pauvreté.

    Pour ne rien gâcher, nos élus tendent à vouloir augmen­ter le temps de travail, donc concen­trer l’em­ploi et les richesses acquises ainsi sur moins de personnes, avec forcé­ment plus de lais­sés pour compte.

    Prépa­rer la révo­lu­tion

    Ce qu’on nomme intel­li­gence arti­fi­cielle rend envi­sa­geable à une révo­lu­tion à court terme. On y croit ou on n’y croit pas, mais c’est un avenir possible, crédible.

    La diffé­rence avec la révo­lu­tion de la vapeur, de l’au­to­ma­ti­sa­tion des usines et de l’élec­tro­nique, c’est la vitesse à laquelle on imagine l’au­to­ma­ti­sa­tion prendre place.

    Ça peut être sanglant, à un point diffi­ci­le­ment compa­rable avec le passé.

    Le chômage ne peut pas être la solu­tion. L’es­poir dans la créa­tion de nouveaux types d’em­plois non plus. L’échelle des temps n’est pas la bonne.

    Il faut autre chose. D’au­cuns parlent de revenu de base, de revenu d’exis­tence ou de salaire à vie. Peu importe. Ça peut être ça ou autre chose, mais on a besoin d’une solu­tion, et on a très peu de temps pour la mettre en place.

    Si nous ne sommes pas prêts c’est un autre type de révo­lu­tion qui peut venir, tout aussi sanglant.

    Lâcheté et absence du poli­tique

    Sauve­gar­der le travail est déjà un non-sens à la base. Faire faire du travail inutile pour éviter de penser la répar­ti­tion des richesses, c’est botter en touche.

    Ça peut fonc­tion­ner pour quelques mois, quelques années, mais pas plus, et à petite échelle. Face à l’am­pleur du chan­ge­ment qu’on entre­voit, ça n’est même pas une possi­bi­lité. On mérite un peu plus de hauteur et de vision.

    Entre temps, tout ce qu’on obtient c’est de soli­di­fier le rapport de domi­na­tion entre les déten­teurs du capi­tal et ceux qui vendent leur travail, physique ou intel­lec­tuel. Comme les second n’ont pas le choix, que les premiers voient venir la possi­bi­lité d’agir seuls, on entame un cycle de régres­sions sociales.

    Tout poli­tique qui trouve sa réponse dans la sauve­garde du travail ou qui cède aux chan­tages à l’em­ploi des grandes socié­tés devrait être hué et renvoyé chez lui. Ceux qui ignorent la ques­tion ne méritent guère mieux.

    Malheu­reu­se­ment les propo­si­tions alter­na­tives ne se croisent pas ailleurs que sur les sites web. Il n’y a aucune vraie action en ce sens.

    Le fascisme qui vient

    Le fascisme et l’au­to­ri­ta­risme qui ne sont pas étran­gers à tout ça.

    On arrive au bout d’un système. On le fait perdu­rer en renforçant le main­tient de l’ordre (police, lois, enfer­me­ment, pouvoirs de l’exé­cu­tif) et en bridant la capa­cité de s’or­ga­ni­ser (répres­sion des mouve­ments sociaux, guerre ou jeux, menaces socié­tales réelles ou fantas­mées, renfor­ce­ment de la pola­ri­sa­tion, dési­gna­tion de coupables, oppo­ser les uns et les autres).

    Il n’y a pas de complot, juste un engre­nage qui se met en place de lui-même par la lâcheté ou la courte vue de nos respon­sables poli­tiques.

    Les déten­deurs du capi­tal sont malheu­reu­se­ment histo­rique­ment assez à l’aise voire acteurs dans ces périodes, et c’est encore le cas aujourd’­hui. Leur pouvoir s’y renforce.

    Ça tient un temps, jusqu’à soit explo­ser soit sentir très mauvais. Les deux ne s’ex­cluant pas.

  • Approche des coûts et des oppor­tu­ni­tés

    J’ai toujours du mal avec la gestion des coûts d’une partie de l’in­dus­trie française, boites tech incluses.

    En France on est prin­ci­pa­le­ment sur le mode « les salaires coûtent déjà telle­ment cher qu’il faut réduire au maxi­mum tous les coûts addi­tion­nels, maté­riels et licences ».

    Aux US je perçois quand même l’op­posé, au moins dans les boites tech : « les salaires coûtent déjà telle­ment cher que ce serait un gâchis de ne pas en libé­rer tout le poten­tiel possible en payant les meilleurs outils et les meilleures condi­tions de travail ».

    Choi­sis ton camp.
    Moi il y en a un des deux qui me semble quand même plus censé.


    Ça n’a rien de neuf, on est dans le point 9 de la liste de Joel Spolsky. Elle a quand même 25 ans désor­mais.

    Do you use the best tools money can buy?

    Mes premières années en étaient arri­vées à me faire croire qu’il était normal d’avoir du maté­riel plus effi­cace pour mes loisirs que pour le travail. Sans trou­ver ça normal, je crains qu’une large partie des déve­lop­peurs français ne vivent encore cette situa­tion hallu­ci­nante. Quand on parle de télé­tra­vail, c’est d’ailleurs souvent une des moti­va­tions qui ressort : Ce n’est pas que le temps de trajet, c’est aussi le maté­riel à dispo­si­tion qui est meilleur chez soi.

    On trouve par contre encore trop souvent accep­table voire normal de compen­ser les manques d’al­lo­ca­tion par du maté­riel person­nel.

    • J’ai déjà ramené un écran au travail, qui y est resté des années jusqu’à ce que je quitte l’en­tre­prise.
    • J’ai vu régu­liè­re­ment au cours de ma carrière des déve­lop­peurs rame­ner leur ordi­na­teur portable person­nel au travail malgré des inter­dic­tions strictes, faute d’en avoir un offi­ciel qui permette de travailler correc­te­ment.
    • J’ai quasi­ment toujours vu des déve­lop­peurs rame­ner un clavier externe, parfois une souris, souvent des casques anti-bruits, essen­tiels pour travailler effi­ca­ce­ment.
    • Je ne compte même pas toutes les entre­prises qui profitent des usages mobiles ou de pouvoir joindre les déve­lop­peurs hors du bureau mais qui refusent de finan­cer le smart­phone corres­pon­dant.
    • J’ai même croisé des équipes en ESN qui travaillent sur des app mobiles sans avoir aucun appa­reil mobile pro pour tester leurs appli­ca­tions.
    • Damned, j’ai même vu des entre­prises oser propo­ser de finan­cer moitié-moitié des équi­pe­ments pour­tant néces­saires, ou de dire que ceux qui travaillent de chez eux n’au­ront pas autant de maté­riel pro parce qu’ils peuvent utili­ser du maté­riel person­nel.

    Je prends des exemples de maté­riel mais c’est encore pire dès qu’on parle licences et coûts factu­rés à l’usage. Même quand c’est possible, parfois l’ef­fort ou le temps deman­dés pour l’ob­ten­tion sont dispro­por­tion­nés par rapport au montant à débour­ser.

    Les budgets français sont rare­ment là pour donner de l’au­to­no­mie. Ils sont là pour réduire les coûts et empê­cher de dépen­ser sur ce que le mana­ge­ment n’avait pas prévu et validé.

    Heureu­se­ment ce n’est pas vrai partout, et pas toujours dans ces propor­tions, mais ça reste encore trop souvent le cas.


    Comment voulez-vous créer des oppor­tu­ni­tés ? voir appa­raitre de l’in­no­va­tion ? libé­rer la créa­ti­vité ? provoquer des chan­ge­ments ?

    S’il faut tout négo­cier et justi­fier, si ça demande un effort supplé­men­taire pour tout, il ne faut pas s’éton­ner qu’en­suite rien ne bouge.

    Il faut lais­ser des marges de manœuvre et de l’au­to­no­mie. Il faut savoir ne pas tout surveiller, ne pas tout maitri­ser, et ne pas tout mesu­rer immé­dia­te­ment. Il faut accep­ter qu’on se trompe, et qu’on ne corrige qu’a­près-coup.

    Et oui, ça veut dire aussi que parfois on dépen­sera du budget au mauvais endroit. On le verra, on corri­gera, et peut-être que la prochaine fois ça portera ses fruits.

    Ne pas essayer est la seule façon de ne pas réus­sir.

  • Lâcher les coûts

    L’ar­ri­vée des LLMs dans le déve­lop­pe­ment web met pas mal en lumière l’ap­proche inco­hé­rente de la plupart des socié­tés françaises par rapport aux coûts.

    Un Cursor c’est 40$ par mois et par déve­lop­peur. C’est moins d’une heure de travail d’un déve­lop­peur stan­dard en France.

    On est en dessous des paliers où on devrait même en parler. Si l’au­to­no­mie de vos déve­lop­peurs ne va pas jusqu’à leur faire confiance pour une heure de travail, vous avez pas mal de choses à remettre en cause dans votre orga­ni­sa­tion.

    En réalité, les équipes qui font d’ores-et-déjà un usage inten­sif de l’IA sur tout leur process — et pas unique­ment la côté complé­tion de code dans l’édi­teur —1 ont proba­ble­ment des factures qui sont au-delà des 100$ ou 200$ par mois et par déve­lop­peur.

    Je ne serais pas étonné que, dans ces équipes, on trouve faci­le­ment la demie-jour­née de travail gagnée qui justi­fie l’abon­ne­ment Ultra à 200$.

    En fait, dans mes lectures actuelles, je vois même parler de 2000$ par mois et par déve­lop­peur. Là on commence à parler. Là ça demande de savoir si on démul­ti­plie vrai­ment la force de travail ou si on se contente de faci­li­ter le travail.

    Peut-être que le coût se justi­fie déjà, et on a un chan­ge­ment struc­tu­rel dans la façon de travailler. Peut-être que ce n’est pas encore le cas, mais lais­ser ceux qui le veulent jouer à ce niveau rend possible de voir appa­raitre un tel chan­ge­ment2.

    Le vrai enjeu est ici. Je suis heureux de débattre sur comment on peut chan­ger la donne, pas de me battre sur le coûts d’ou­tils qui repré­sentent moins d’une poignée d’heures par mois.


    1. Il parait que le quadra­tin est désor­mais devenu un marqueur pour détec­ter l’usage de textes rédi­gés par IA. Je ris jaune. Vous trou­ve­rez dans mes textes sur ce blog un usage régu­lier de cette typo­gra­phie depuis 15 ou 20 ans. Tirez-en les conclu­sions que vous voulez. ↩︎
    2. On dit que l’in­no­va­tion nait par la contrainte. Elle nait aussi par l’op­por­tu­nité et la liberté de sortir du terrain connu pour essayer, sans savoir ce que ça peut donner. ↩︎
  • IA : L’élé­­phant dans le couloir (ter)

    Je n’ai pas encore résolu mes inter­ro­ga­tions et mes contra­dic­tions sur le sujet de l’IA et de son impact sur la planète.

    Je retiens toute­fois quatre points :

    1– Personne ne peut prétendre savoir ce que sera l’ave­nir.

    On ne sait pas à quel point les usages vont s’en­vo­ler ou pas. On ne sait pas quels seront ces usages. On ne sait pas s’ils vont rempla­cer d’autres usages, ni lesquels ni en quelle propor­tion. On ne sait pas quelle sera la consom­ma­tion ni la taille des modèles futurs.

    On ne sait honnê­te­ment pas grand chose.

    Si les projec­tions sont des exer­cices inté­res­sants, il ne faut pas confondre ça avec des prédic­tions.

    2– Il y a certains futurs possibles où l’im­pact de ces outils sur la planète pour­rait deve­nir signi­fi­ca­tif, voire un des enjeux à résoudre dans le cadre de la lutte contre le chan­ge­ment clima­tique.

    Les limites de notre planète et le chan­ge­ment clima­tique sont à mes yeux peut-être les plus grands enjeux que l’hu­ma­nité ait eu depuis qu’elle existe, et les consé­quences seront proba­ble­ment désas­treuse.

    Ajou­ter au problème ou frei­ner les mesures d’at­té­nua­tion sont des risques loin d’être anodins.

    3– Il faut garder en tête les ordres de gran­deur.

    Les esti­ma­tions récentes descendent à 0.3Wh pour une requête stan­dard à un ChatGPT-like. Si les chiffres varient, on peut dessi­ner une borne supé­rieure à 3Wh.

    À 0,3Wh1, perdre 5 minutes à rédi­ger une conclu­sion ou un listing d’ac­tions, à faire une relec­ture d’or­tho­graphe ou de gram­maire sur un docu­ment, ou à faire une traduc­tion rapide, c’est entre 5 et 10 requêtes2. Ouvrir le frigo une fois de trop c’est de l’ordre de 30 à 40 requêtes3. Réchauf­fer des restes 3 minutes au micro-onde au lieu de manger froid c’est 150 requêtes4.

    Les plus curieux trou­ve­ront plein d’autres compa­rai­sons dans le point d’étape précé­dent.

    J’ajoute au moins que faire soirée raclette dans l’an­née c’est de l’ordre de 25 000 requêtes ChatGPT-like par personne, soit 60 tous les jours pendant un an5.

    Ça ne veut pas dire que ça n’a pas d’im­por­tance, et tout ajout est un ajout de trop, mais se foca­li­ser sur les usages actuels risque de géné­rer beau­coup d’at­ten­tion au mauvais endroit. C’est vrai autant à titre indi­vi­duel qu’à titre collec­tif.

    4– Certains usages ont un gain net.

    En repre­nant les exemples plus haut, utili­ser l’IA pour faire traduire, résu­mer, relire des docu­ments ou recher­cher dans ceux-ci plutôt que le faire à la main permet proba­ble­ment de dimi­nuer l’im­pact sur la planète.

    C’est pareil si l’as­sis­tance de l’IA pour cher­cher et réali­ser des menus peut permettre une fois de temps en temps d’évi­ter un aller-retour au frigo, de jeter un reste ou d’avoir une recette froide plutôt que chaude.

    Culpa­bi­li­ser l’usage par prin­cipe ressemble aux mêmes mauvaises idées derrières de bonnes inten­tions que le tri des emails qui impose de passer du temps sur l’or­di­na­teur ou le pipi sous une douche qui dure plus long­temps.


    Je n’ai toujours pas de conclu­sion.

    Ce n’est pas un décompte.

    Le second point a tendance à réveiller ma trouille déjà exis­tante sur ce que sera la vie des géné­ra­tions suivantes, dont celle de mon fils.

    Je ne veux surtout pas que les autres points incitent quiconque à mini­mi­ser ce risque ou son impor­tance.

    Agiter le chif­fon rouge ne me parait pas pour autant une bonne idée et je pense que ce serait une erreur que de trai­ter la chose de façon binaire par anti­ci­pa­tion.

    Pour l’ins­tant j’en suis là.

    Comme je disais en intro­duc­tion, j’ai encore plus de ques­tions que de réponses, et encore des contra­dic­tions.


    1. C’est ce qui semble ressor­tir de mes lectures. Si on prend 3Wh comme réfé­rence certaines compa­rai­sons sont moins impres­sion­nantes mais le prin­cipe reste. ↩︎
    2. 10W pour un ordi­na­teur portable en très faible acti­vité + 20W pour un écran externe de taille clas­sique. ↩︎
    3. Ordre de gran­deur de 1kWh par jour, consom­ma­tion augmen­tée de 17% pour 15 ouver­tures par jour ↩︎
    4. Micro-onde à 900W ↩︎
    5. Esti­ma­tion de 2,5kg d’eqCO2 par personne traduite en consom­ma­tion éner­gé­tique à l’aide du mix des USA de 365 g d’eqCO2 par kWh ↩︎
  • Tu as l’air fati­gué ce matin

    Je me pose la ques­tion depuis un mois, savoir si ce trai­te­ment contre l’apnée du sommeil a ou pas un effet concret sur ma vie.

    Ma famille me dit que la diffé­rence est flagrante dans ma façon d’être.

    Pour ma part c’est plus diffi­cile à dire. Ce n’est pas forcé­ment que l’ef­fet soit faible, c’est que je suis extrê­me­ment mauvais à ressen­tir ce qui m’ar­rive.

    Cette nuit, la seule fois sur le mois, j’ai arrêté la machine après quelques heures et me suis recou­ché sans penser à la remettre.

    Tu as l’air fati­gué ce matin

    Ce matin, pour la première fois avec ces collègues, on me dit que j’ai l’air très fati­gué.

    C’est peut-être une coin­ci­dence mais je me dis que oui, cette machine contre l’apnée du sommeil a peut-être des effets visible sur ma vie.

    Je suis curieux de revoir des personnes avec qui j’ai travaillé l’an­née dernière, comprendre comment ils me perce­vaient.

  • Taux d’ac­ti­vité et répar­ti­tion des richesses

    Le chômage est à des niveaux extrê­me­ment élevé depuis des années en France.

    En 1975 le chômage est entre 3 et 4%. Il monte à plus de 9% en 1959 puis oscille entre 8 et 11% jusqu'en 2015, où il se met à baisser (avec un regain temporaire en 2021) jusqu'à passer sous les 8%
    Taux de chômage en France entre 1975 et 2024

    C’est vrai, mais c’est aussi trom­peur.

    « Le taux d’ac­ti­vité des 15–64 ans est de 73,6 %, son plus haut niveau depuis que l’In­see le mesure au sens du BIT (1975). »

    Le taux d’ac­ti­vité est en crois­sance lente mais conti­nue depuis 35 ans. Il est plus haut aujourd’­hui qu’il ne l’a jamais été.

    Pensez-y la prochaine fois qu’une personne de pouvoir vous dira que les français ne cherchent plus réel­le­ment à travailler.

    Les statis­tiques démontrent le contraire.

    Taux d'activité selon l'âge de 1975 à 2022. 

Le taux des hommes de 30 à 54 ans baisse en continu mais reste au-delà de 90%
Le taux des femmes de 30 à 54 ans monte lui fortement, de moins de 60% à plus de 85%.

Les jeunes, 15 à 29 ans, baissent eux notablement et de façon continue, de plus de 65% à moins de 60% voire moins de 55%.

Le taux des plus âgés, de 55 à 64 ans, démarre à 50%, baisse fortement jusqu'à fleurter les 30%, puis monte de façon continue depuis 25 ans pour dépasser aujourd'hui les 60%

    C’est d’ailleurs aussi très clai­re­ment le cas pour les seniors. Leur taux d’ac­ti­vité monte très forte­ment et de façon conti­nue depuis 25 ans. Il n’a jamais été aussi haut.

    Pensez-y quand les mêmes vous diront qu’on arrête de travailler de plus en plus tôt.

    Les statis­tiques démontrent le contraire.

    Le problème c’est plutôt que les français et françaises veulent travailler, et que le nombre d’em­ploi n’a pas augmenté aussi vite.

    Il y a certai­ne­ment une ques­tion de libé­ra­tion des femmes, et on le voit à l’aug­men­ta­tion de leur taux d’ac­ti­vité, mais il n’y a pas que ça.

    L’aug­men­ta­tion du taux d’ac­ti­vité des seniors tend plutôt à montrer que si les français travaillent plus c’est parce qu’ils en ont besoin [pour vivre correc­te­ment ?].

    Si les gens travaillent plus, plus vieux, c’est qu’il n’y a pas de manque d’ef­fort ou de volonté. Il ne sert à rien de deman­der aux français de travailler encore plus. C’est déjà ce qu’ils demandent, et ce que traduisent les chiffres du chômage.

    Moi je pose­rais surtout le problème de la répar­ti­tion des richesses.