Auteur/autrice : Éric

  • Savoir se rappe­ler comment vivent les autres

    Je parle souvent salaire. J’en courage mes pairs à ne pas lais­ser les rému­né­ra­tions se tirer vers le bas et au contraire à valo­ri­ser leurs compé­tences.

    On vit parfois telle­ment dans une bulle qu’il est diffi­cile de se rappe­ler que ce n’est pas le cas de tous. À force de consi­dé­rer mutuelle, RTT et gadgets tech­no­lo­giques comme allant de soi, on perd de vue qu’on reste des privi­lé­giés.

    100 € par jour, c’est fran­che­ment insuf­fi­sant

    Ma dernière réac­tion vient de réac­tions à une offre d’em­ploi pour un indé­pen­dant à 100 € / jour sur le mode « ça ne permet pas de vivre » ou « ça devrait être inter­dit ».

    Dans l’his­toire l’in­dé­pen­dante a très bien fait de refu­ser, voire de se scan­da­li­ser. C’est une rému­né­ra­tion inac­cep­table par rapport à la valeur ajou­tée et tota­le­ment hors des stan­dards du marché.

    Mais c’est plus que ce que gagnent la plupart des sala­riés

    Pour­tant, après un calcul rapide pour reti­rer les coti­sa­tions sociales auto-entre­pre­neur (18,4 % dont la retraite) et cinq semaines de congés, on est au dessus du salaire médian, quelque part dans le sixième décile. Sixième décile ça veut dire qu’on gagne plus que 60 % des sala­riés français.

    Si on souhaite compa­rer avec un sala­rié en ajou­tant une compen­sa­tion de 25 % pour l’as­su­rance chômage et du temps de trai­te­ment admi­nis­tra­tif ainsi qu’un rembour­se­ment de trans­port de 50 € par mois, on reste dans le cinquième décile, au dessus du salaire médian français.

    En compa­rant avec un sala­rié un peu plus avan­tagé qui a une mutuelle d’en­tre­prise, 8 jours de RTT et une petite coti­sa­tion de retraite complé­men­taire, on tombe au milieu du quatrième décile, c’est à dire qu’on gagne plus que 45 % des sala­riés français.

    Comme Julien insiste *très* forte­ment pour que je compte tout : Je n’ai pas compté l’as­su­rance chomage parce que pour moi ça fait parti du choix assumé de se mettre indé­pen­dant au départ (échan­ger sécu­rité contre liberté et capa­cité de faire plus). J’ai du coup toute­fois fait le calcul. En retran­chant l’as­su­rance chomage on reste sur le tout début du quatrième décile. En comp­tant en plus des frais fixes de maté­riel on tombe alors dans la moitié haute du troi­sième décile. C’est nette­ment plus bas mais on reste sur le même ordre de gran­deur/compa­rai­son. Cela ne change pas le fond du discours, cepen­dant.

    C’est encore plus que ce qu’ont la plupart des français

    Mon propos n’était pas de compa­rer la rému­né­ra­tion d’un travailleur mais bien le fait de pouvoir vivre ou pas avec. Si on ne prend pas en compte que les sala­riés mais aussi les chômeurs et non actifs, la rému­né­ra­tion arrive vite au dessus de celle d’une grosse majo­rité de la popu­la­tion. Je ne serai même pas étonné qu’on se trouve dans le tiers le plus riche (mais si j’ai véri­fié préci­sé­ment mes chiffres jusque là, ici c’est une esti­ma­tion pure­ment arbi­traire de ma part).

    De se rappe­ler de la réalité

    Qu’on soit clairs, mon propos n’est pas de dire qu’on vit bien avec une telle somme, ou que l’offre de travail était honnête ou inté­res­sante. Ce n’était pas le cas. Mais il ne faut pas non plus oublier que ce qu’on attend sont une rému­né­ra­tion et des pres­ta­tions de privi­lé­giés.

    La grande majo­rité des gens vivent avec beau­coup moins que ça. Refu­ser un nivel­le­ment par le bas est une chose, oublier qu’on reste dans la sphère des privi­lé­giés, ça c’est indé­cent.


    Note finale pour les réac­tions :

    L’exac­ti­tude du calcul m’in­dif­fère et ce n’est pas le propos. Sauf si vous pensez descendre au premier ou second décile, en utili­sant des chiffres véri­fiés et pas des esti­ma­tions au jeté, cela ne change rien à mon billet.

    De même, je ne souhaite pas compa­rer le niveau de pres­ta­tions entre un sala­rié et un indé­pen­dant. Je sais qu’il y a des garan­ties diffé­rentes dans les deux cas, je ne m’in­té­res­sais qu’à la réalité de ce qu’est réel­le­ment gagner peu. C’est d’au­tant plus vrai qu’ici être indé­pen­dant est un choix déjà fait, acté.

    Enfin, même si je le dis au début je sais que ça risque de ne pas être lu si je ne le rappelle pas : Je ne défends certai­ne­ment pas la propo­si­tion de l’em­ployeur. Elle est inac­cep­table pour ce type de pres­ta­tions, tota­le­ment en hors des habi­tudes du marché, et sans rapport avec la valeur ajou­tée atten­due sur la pres­ta­tion. Je féli­cite l’in­dé­pen­dante concer­née de l’avoir refusé et elle a tout mon soutien. C’est juste la forme des réac­tions autour qui m’ont gêné, certai­ne­ment pas le fond.

    Merci de garder la même ligne dans les commen­taires. Vous êtes bien­ve­nus à discu­ter de ces trois points par twit­ter si vous voulez ou en répon­dant chez vous avec un simple lien ici dans les commen­taires, mais ici je dépu­blie­rai sans ména­ge­ment ce qui est posté ici et qui dévie trop du propos initial.

  • La factu­ra­tion est une science complexe

    Choi­sir comment factu­rer un service est une chose complexe et vous avez inté­rêt à y réflé­chir deux fois. Trois ou quatre serait même une bonne idée.

    Au restau­rant on paye le plat

    Imagi­nons que vous lanciez un restau­rant. Vous pouvez faire comme tout le monde et factu­rer les mets à la carte. Pour­tant ce qui vous coûte cher c’est aussi le restau­rant lui-même, le service et le couvert. En factu­rant au plat vous répar­tis­sez tous ces coûts annexes sur chaque plat. C’est ce qui fait qu’un simple plat semble toujours couter cher quand il est pris indé­pen­dam­ment.

    Pour peu que votre cuisine soit une réus­site c’est la place qui devien­dra votre ressource la plus limi­tée. Le couple de jeunes qui prend juste une salade et fait des mamours pendant long­temps devien­dra votre bête noire. S’ils partagent une salade ou un dessert, c’est la misère : Vous écono­mi­sez le coût de quelques feuilles de salade mais en échange vous n’en factu­rez qu’une et ils bloque­ront la table en vous empê­chant de faire un second ou un troi­sième service avec des gens qui pren­dront deux bons gros plats.

    Il faut dire que c’est un peu de votre faute : En répar­tis­sant les coûts ainsi ceux qui prennent entrée – plat – dessert payent une partie des coûts annexes de ceux qui ne prennent qu’une salade. Vous deve­nez attrac­tif pour ce qui est votre pire clien­tèle et peu inté­res­sant pour ceux qui vous rapportent le plus. Pas très malin.

    Sur Inter­net on paye l’ac­cès au réseau interne

    Cette problé­ma­tique se retrouve bien évidem­ment dans notre petit monde de Inter­net :

    Votre four­nis­seur d’ac­cès Inter­net paye deux choses : Un coût à peu près fixe pour vous connec­ter à son réseau, et un coût dépen­dant des usages (ou de leur augmen­ta­tion) pour connec­ter son propre réseau à tous les sites que vous visi­tez.

    Nos FAI français ont choi­sit le modèle inverse des restau­ra­teurs français : Ils proposent des forfaits, faisant donc payer prin­ci­pa­le­ment l’ac­cès à leur réseau interne. Les autres coûts sont réin­té­grés sur ce forfait en faisant une moyenne des usages prévus.

    Comme un gros utili­sa­teur conti­nue à coûter plus cher qu’un autre, on entre dans la quatrième dimen­sion : Votre FAI a donc inté­rêt à ce que vous utili­siez le moins possible ce pour quoi vous faites appel à lui : accé­der à Inter­net.

    Le modèle de factu­ra­tion va à l’en­contre des inté­rêts du four­nis­seur de service. Il n’est perti­nent que pour des raisons marke­ting.

    La stra­té­gie du pour­ris­se­ment

    Le résul­tat premier c’est que forcé­ment les FAI sont plus inté­res­sés à offrir des services addi­tion­nels (TV, VOD, lecteurs bluray et autres bonus liés aux « box ») qu’à corri­ger vos problèmes d’ac­cès ou vous offrir de bons accès Inter­net. Regar­dez la commu­ni­ca­tion : On vous parle plus de télé­phone, télé­vi­sion, et box que d’ac­cès Inter­net. Vous savez désor­mais pourquoi. Si vous cher­chez une expli­ca­tion à une majo­rité de vos problèmes ou de leur non réso­lu­tion, vous l’avez aussi main­te­nant. Ce n’est pas qu’ils ne s’en (pré)occupent pas, c’est juste que leurs prio­ri­tés sont ailleurs.

    Le résul­tat second c’est que nos FAI qui doivent quand même faire face aux usages gran­dis­sants. L’en­nemi appa­raît vite : Les éditeurs de site web ont un modèle écono­mique opposé à celui des FAI. Ces méchants éditeurs ont inté­rêt et encou­rage à utili­ser de plus en plus le réseau (et ça ce n’est pas bon pour nos FAI qui facturent au forfait). Il faut les faire payer, soit par une taxe (ça parle à quelqu’un la « taxe Google » ?) soit par la force dans les quelques projets que les deux ont en commun (héber­ge­ment des serveurs de cache, liens de peering, etc.)

    Au lieu de parte­na­riats gagnants-gagnants, le modèle de nos FAI impose de gérer une rela­tion d’en­ne­mis avec les éditeurs et de faire de l’uti­li­sa­teur la cinquième roue du carrosse.  Main­te­nant vous pouvez relire le billet de Korben, ou vous souve­nir des fameuses « QoS » mises en place sur certains ports par vos FAI.  Si bien entendu la situa­tion est plus complexe et plus complète que ce que vous avez lu ici ou chez lui, cela vous donne déjà une bonne base d’ana­lyse.

    Factu­rer au volume

    Note: Je vois que les commen­taires se fixent sur cette section. Je voulais poser un problème, je me suis aven­turé un peu sur une solu­tion. Peut-être n’au­rais-je pas du le faire avant d’avoir une réflexion plus complète, peut être aurais-je du faire un billet dédié séparé. Je ne sais pas. Ne vous foca­li­sez pas sur la ques­tion de la factu­ra­tion au volume. Le coeur de mon propos est plus d’ex­pliquer le problème, pas d’af­fir­mer avoir « la » solu­tion. Gardez-le juste à l’es­prit dans vos réac­tions.

    Côté Inter­net on dépeint une factu­ra­tion au volume consommé comme la pire des évolu­tions possibles. Pour­tant cela résou­drait pas mal de problé­ma­tiques :

    • Les éditeurs de sites web seraient désor­mais des parte­naires, puisqu’ils encou­ragent l’usage du service
    • Les éditeurs auraient une pres­sion des utili­sa­teurs pour ne pas encom­brer inuti­le­ment le réseau, puisque cela leur coute­rait plus cher
    • On peut propo­ser un accès mini­mal peu cher car les petits utili­sa­teurs ne payent pas pour les gros
    • Les offres de contenu légales devien­draient de fait (un peu) plus atti­rantes vu que le télé­char­ge­ment Inter­net ne serait plus gratuit
    • On favo­ri­se­rait enfin l’émer­gence de plate­formes décen­tra­li­sées (les services locaux au FAI ou au pays coûtent peu par rapport aux sites distants)

    Bien entendu si certains finissent par payer moins cher, d’autres paie­ront plus cher mais n’est-ce pas légi­time au final ?

    Les craintes viennent d’an­ciens modèles écono­miques qui fonc­tion­naient au quota, avec éven­tuel­le­ment une factu­ra­tion du hors forfait à des tarifs dispro­por­tion­nés, mais ce n’est pas du tout un passage obligé. Ce que change la factu­ra­tion au volume c’est la façon de factu­rer, pas forcé­ment le montant de la facture moyenne.

    De toutes façons on y vien­dra. Malgré la mauvaise volonté de nos FAI les usages augmentent régu­liè­re­ment. Il y a un moment où le diffé­ren­tiel entre les petits usagers et les gros ne sera plus tenable. Plus tôt on y passera plus tôt on aura enfin un réseau que tout le monde aura inté­rêt à gérer et à amélio­rer au lieu de traî­ner les pieds.

    Réflé­chir à sa factu­ra­tion

    Ces ques­tions ne sont pas retreintes aux restau­rants et aux four­nis­seurs d’ac­cès Inter­net. Si l’ac­tua­lité est un bon prétexte pour abor­der le sujet, c’est à propos de plusieurs projets en élabo­ra­tion que j’ai eu cette discus­sion récem­ment :

    Faites atten­tion à ce que vous factu­rez. Votre factu­ra­tion doit inci­ter vos clients et vos parte­naires à augmen­ter leur usage de vos services et établir une évolu­tion gagnant-gagnant.

    Deux signes néga­tifs qui ne trompent pas :

    • Si vous aviez un bouton magique qui amélio­re­rait votre service, vous n’au­riez pas inté­rêt à appuyer dessus
    • Vous atti­rez prin­ci­pa­le­ment les clients qui vous inté­ressent le moins, et inver­se­ment.

    Les restau­rants n’ont qu’un seul de ces signes néga­tifs. Les FAI français cumulent malheu­reu­se­ment les deux et ça finira forcé­ment par écla­ter.

  • Sud Web : La confé­rence des métiers du web dans le sud

    Nous avons monté Paris Web il y a main­te­nant quelques années pour parler du web, de ses métiers, de retours d’ex­pé­riences de profes­sion­nels sur la qualité, l’ac­ces­si­bi­lité et la publi­ca­tion sur le réseau. Depuis lors on nous a demandé « et pour les gens du sud alors ? ».

    Cette année quelques uns ont pris leur courage à deux mains pour créer Sud Web, un événe­ment avec une des meilleurs tagline qu’on puisse imagi­ner : savoir-faire et faire-savoir. Avec le soutien de parte­naires locaux comme la recom­man­da­tion de noms pres­ti­gieux comme le W3C, le programme qui s’an­nonce peut mettre au défi une grande majo­rité des événe­ments web français du domaine.

    Si c’est incon­tour­nable pour les passion­nés et les amou­reux du web, c’est aussi une étape de forma­tion conti­nue et d’ex­plo­ra­tion de l’état de l’art avec un recul que vous ne pour­rez pas compen­ser par quelques lectures en ligne ou par une session de forma­tion entre quatre murs.

    Tout ça c’est à Nîmes, fin mai, le 27 exac­te­ment. Pour ceux qui veulent renta­bi­li­ser leur dépla­ce­ment c’est précédé le 26 par une jour­née centrée autour de l’ex­pé­rience utili­sa­teur : Web UX. Alors ce n’est pas à Paris, mais entre le soleil et l’hé­ber­ge­ment moins coûteux qu’à la capi­tale, on s’y retrouve rapi­de­ment ; et puis ça vaut large­ment le billet de train, tout simple­ment.

    Il reste des places, prenez votre courage à deux mains et jouez des pieds pour bouger votre employeur afin de vous inscrire.

  • Petit stage entre amis

    Je me rappelle avoir ri en sortant d’études quand je croi­sais des propo­si­tions de stages avec « 10 ans d’ex­pé­rience en Java » dans les prérequis. À l’époque c’était juste une anec­dote, d’au­tant que comme Java n’avait lui-même pas 10 ans, on savait que c’était de simples maladresses d’un dépar­te­ment RH qui allait trop vite.

    Main­te­nant je ne ris plus et je me crispe en pensant à ceux qui sortent d’école.

    Les entre­prises ne proposent plus de stages, elles recherchent des stagiaires.

    Le chan­ge­ment de voca­bu­laire n’est pas anodin, il reflète la façon dont le stagiaire est inté­gré dans le fonc­tion­ne­ment de l’en­tre­prise : Le stagiaire est devenu un élément produc­tif.

    Il est consi­déré comme un autre employé, avec une hiérar­chie, une fiche de poste détaillée, des missions, des objec­tifs précis de renta­bi­lité, des prérequis de compé­tences impor­tants, et parfois même des respon­sa­bi­li­tés type enca­dre­ment, forma­tion ou pres­ta­tion en clien­tèle.

    On lui demande d’être auto­nome, direc­te­ment effi­cace, et même souvent d’avoir une première expé­rience métier.

    Un emploi, pas même déguisé

    Le stage est fréquem­ment là pour simple­ment combler un besoin de main d’œuvre. Dans les annonces les plus clair­voyantes on demande des stagiaires « en urgence », « pour rempla­cer » un congé mala­die, un congé mater­nité, ou pour des pics d’ac­ti­vité pendant les fêtes.

    Il s’agit ni plus ni moins que de recru­ter un employé, sous un statut parti­cu­liè­re­ment avan­ta­geux.

    En effet, éton­ne­ment seule la rému­né­ra­tion évolue en sens inverse de cette montée des stages dans l’en­tre­prise : Si aupa­ra­vant les stages de fin d’études étaient souvent rému­né­rés au SMIC, c’est main­te­nant fort rare, au point que l’État a du impo­ser une rému­né­ra­tion à 30% du SMIC pour les stages de plus de trois mois. Bien entendu c’est un aligne­ment par le bas qui s’est fait. Ingé­nieurs bac+5, n’es­pé­rez pas être payés au SMIC.

    Du travail mais pas de droits

    Si on en vient à recher­cher des stages c’est qu’é­ton­nam­ment s’ils évoluent de plus en plus pour ressem­bler à un emploi sala­rié, ils n’en prennent que les avan­tages de l’en­tre­prise et les contraintes du sala­rié. L’équi­libre n’est même pas simulé, il est absent.

    Pas de coti­sa­tions retraites ou chômage, le stagiaire n’a pas non plus de congés payés ou de décompte de son temps. En fait le stagiaire est géné­ra­le­ment tenu aux horaires de l’en­tre­prise hôte mais comme il ne béné­fi­cie pas de RTT son temps de travail dépasse de fait celui des employés clas­siques.

    C’est d’ailleurs tout simple : Le stagiaire n’est pas soumis au droit du travail. Il est consi­déré comme un étudiant et non comme un sala­rié. Sa seule contrainte est de ne pas pouvoir travailler de nuit (ce qui n’em­pêche pas de faire les 2×8 de 6h à 21h).

    Un statut tota­le­ment déséqui­li­bré

    Avec tout ça les entre­prises ne s’in­ter­disent pas de mettre la pres­sion à certains stagiaires, ou simple­ment, même quand il n’y a pas pres­sion, de les faire travailler sans aucune forma­tion.

    Le stage est tenu par une simple conven­tion, qui peut être rompue sans passer par la case licen­cie­ment et moti­va­tion du licen­cie­ment. Pire, en cas de rupture c’est poten­tiel­le­ment toute une année scolaire de perdue, et poten­tiel­le­ment la perte de la bourse pour les bour­siers.

    Qui dans ces condi­tions fait son malin si l’en­tre­prise se révèle abuser du système ?

    D’au­tant que les univer­si­tés et écoles parti­cipent elles-aussi à tout ça en factu­rant souvent une année complète à des « étudiants » qui passent seule­ment un semestre en cours, voire n’y font qu’un passage éclair dans le cas des conven­tions de complai­sance.

    Le débu­tant ne vaut rien

    Le système est orga­nisé. Un employé avec expé­rience trouve plus faci­le­ment du travail que sans. Il suffit donc de donner de l’ex­pé­rience pour avoir de meilleure embauches, non ? Voilà donc toutes les écoles et univer­si­tés qui imposent des stages. Allez m’ex­pliquer pourquoi les entre­prises ne profi­te­raient pas de cette main d’œuvre abon­dante ?

    La consé­quence c’est qu’on en vient simple­ment à décla­rer que la première année de travail se fait sans droits ni (presque) de rému­né­ra­tion. Les besoins sont déca­lés et les bons stages sont réser­vés aux pistons et aux stagiaires qui ont déjà de l’ex­pé­rience (sisi). D’autres cumulent les stages pour pouvoir prétendre à des emplois.

    J’ai vu des docto­rants bac+8 cher­cher des stages pour pouvoir se faire embau­cher, des profes­sion­nels travaillant en indé­pen­dant depuis plusieurs années cher­cher un stage de 6 mois (payé un tiers du smic) pour vali­der un niveau de forma­tion, et des entre­prises n’ac­cep­tant plus de débu­tant s’il n’a pas déjà un an ou deux d’ex­pé­rience en poste simi­laire (ne cher­chez surtout pas à leur montrer la contra­dic­tion, le stage est là pour combler la diffé­rence).

    Le stage inutile

    Bien évidem­ment pour l’étu­diant le système ne résout rien. Le stage étant main­te­nant obli­ga­toire pour presque tout le monde, tout le monde en a et ce n’est plus un facteur d’em­bauche. C’est même poten­tiel­le­ment un facteur de non-embauche s’il n’ap­pa­raît pas assez « profes­sion­nel » (c’est à dire « comme un emploi sala­rié ») ou si le candi­dat a trop fait de stage (encore une fois, ne cher­chez pas la contra­dic­tion).

    Au mieux c’est vu comme une super période d’es­sai pour les cadres qui ajoute 6 mois au 7 mois conven­tion­nels poten­tiels (quand on n’in­ter­cale pas un CDD au milieu). Ne cher­chez pas le volet « forma­tion ». Le maitre de stage est simple­ment le supé­rieur hiérar­chie et rien n’est plus forma­teur que le travail sur le terrain n’est-ce pas ? Dans le meilleur des cas le stage est un projet de R&D réalisé en auto­no­mie avec un suivi irré­gu­lier par un employé respon­sable.

    Au final le stage est surtout une superbe inven­tion pour les écoles (qui se déchargent d’une partie de leur forma­tion) et les entre­prises (qui gagnent des sala­riés gratuits et sans droits), le tout au détri­ment de la collec­ti­vité (qui ne touche pas ses coti­sa­tions) et de l’étu­diant (qui finit par simple­ment travailler gratui­te­ment au lieu d’être formé).

    Mais pour­tant c’est génial l’ap­pren­tis­sage

    Qu’on ne se méprenne pas, je suis un fervent défen­seur de l’ap­pren­tis­sage sur le lieu de travail. Les stages ou périodes d’ap­pren­tis­sages sont de formi­dables outils complé­men­taires aux forma­tions théo­riques.

    Main­te­nant pour avan­cer il faut appor­ter des garan­ties et sur le volet travail et sur le volet forma­tion.

    Pour le volet travail ça passe par consta­ter que l’es­sen­tiel des stages sont de simples emplois dégui­sés et accep­ter d’y appliquer le droit du travail, et je ne parle pas que de la rému­né­ra­tion. Pour le volet forma­tion ça doit être à l’uni­ver­sité ou à l’école de prou­ver la présence d’un réel accom­pa­gne­ment quoti­dien qui ne saurait se résu­mer à un appren­tis­sage sur le tas (sinon autant direc­te­ment aller sur le marché du travail).

    Là, oui, l’ap­pren­tis­sage, le stage, ou l’al­ter­nance, peu importe comment vous l’ap­pe­lez, a du sens. Pas qu’un peu.

    Un emploi peut tout à fait concer­ner un débu­tant

    Alors si une annonce est une annonce de « recherche » et non de « propo­si­tion » de stage, c’est très proba­ble­ment qu’on en attend d’abord une renta­bi­lité et pas une forma­tion, et qu’il s’agit d’un emploi déguisé.

    S’il y a des missions précises, si le stagiaire est envoyé en clien­tèle autre­ment qu’en ombre non factu­rée d’un mentor expé­ri­menté, s’il y a un quel­conque objec­tif de date ou de renta­bi­lité, si le stage est lié à un événe­ment quel­conque, alors ce n’est pas un stage mais bien un emploi qui est proposé.

    C’est peut être un emploi de débu­tant, sans expé­rience, peu effi­cace et donc payé en consé­quence, mais ça restera un emploi sala­rié, avec toutes les garan­ties et les statuts asso­ciés.

    Refu­ser ces emplois dégui­sés en stage

    Il est de notre devoir, nous, qui ne sommes plus étudiants depuis long­temps, non seule­ment de refu­ser ces stages mais de mettre au banc et à l’in­dex toute entre­prise qui en profi­te­rait, ou pire : qui fonde­rait son modèle sur la renta­bi­li­sa­tion des stagiaires.

    Si les stagiaires sont sans pouvoir, que les entre­prises et écoles profitent du système, et que l’état refuse d’avan­cer, c’est bien à nous de faire évoluer les menta­li­tés, non ?

    Et si vous faisiez lire cette décla­ra­tion (que vous refor­mu­le­rez) à votre mana­ge­ment ou l’as­sis­tant RH avec qui vous parlez à la machine à café afin de leur faire prendre posi­tion offi­ciel­le­ment et publique­ment ? Sous l’angle posi­tif ça peut être une très bonne opéra­tion RH.

    Le danger c’est que sinon ça passe défi­ni­ti­ve­ment dans les acquis. J’ai déjà dans mes connais­sances des gens qui trouvent natu­rel que le jeune doive faire ses preuves par des stages, des emplois précaires et des situa­tions hors couver­ture sociale et légale avant de méri­ter son statut de travailleur. Ce n’est pas ma concep­tion d’un droit ou d’un modèle de société.

  • Ce qui me fait aban­don­ner vos pages

    Je suis un bouli­mique du web, je ne consomme pas que ça mais j’en consomme énor­mé­ment.  Poli­tique, tech­nique, travail, diver­tis­se­ment : tous les sujets y passent.

    Je me plains régu­liè­re­ment que certains n’ont rien compris au web et me font fuir. Ça reste souvent instan­tané, je m’en vais, je râle, et j’ou­blie. Afin que ça serve, à moi-même ou à d’autres, voilà quelques unes des diffi­cul­tés régu­lières qui font que je fuis immé­dia­te­ment certains sites :

    Contenu vidéo

    Si le contenu est en vidéo ou en audio, sans trans­crip­tion, je suis inca­pable de le scan­ner rapi­de­ment pour savoir s’il m’in­té­resse vrai­ment, et quand bien même il m’in­té­resse il a toute les chances de me deman­der bien plus de temps qu’un contenu texte (et le temps est ma ressource la plus chère). Même quand je suis convaincu d’être inté­ressé au point d’avoir envie d’y passer du temps, je ne suis pas toujours en contexte où je peux lire une vidéo (bande passante dispo­nible en mobile) ou où je peux l’écou­ter (pas de son au boulot). Au final soit je quitte soit je stocke le lien pour plus tard et je n’y reviens fina­le­ment pas.

    Redi­rec­tion vers la page d’ac­cueil du site mobile

    Je pense à LCI mais pas unique­ment à eux. Si je suis un lien d’ar­ticle à partir de mon télé­phone mobile je suis redi­rigé vers la page d’ac­cueil du site mobile. Impos­sible de retrou­ver l’ar­ticle souhaité et de suivre les liens : c’est un départ immé­diat. C’est plus rare mais l’ex­pé­rience inverse est aussi problé­ma­tique. Au final vous avez une chance sur deux de mal tomber et que le lien parte immé­dia­te­ment à la poubelle.

    Un article en plusieurs sous-pages

    Je ne suis pas sur le web pour mimer les contraintes que j’ai sur papier. Je ne suis pas sur le web pour m’amu­ser à tour­ner les pages. C’est agaçant, j’ai réel­le­ment fuit des sites pour ça. Lais­sez-moi utili­ser l’as­cen­seur de mon navi­ga­teur.

    Un site vrai­ment lent

    Ceux qui me connaissent doivent s’y attendre, pour­tant c’est à dessein que je ne le mets pas dans les premiers critères : Si vos pages sont lentes, je risque bel et bien de repar­tir agacé avant même d’avoir eu l’oc­ca­sion de lire quoi que ce soit. Sur télé­phone portable, même dans le métro avec une mauvaise récep­tion, il est hors de ques­tion d’at­tendre plus de 10 secondes. Sur un poste bureau­tique ne me faites pas attendre la moitié de ça.

    La grosse pop-in

    Si votre contenu commence par être masqué par un gros pop-in, je ne passe­rai jamais à la suite, c’est aban­don immé­diat. Je me fiche que ce soit de la publi­cité, un formu­laire de feed­back ou un message de bien­ve­nue. En fait les deux derniers cas sont presque ceux qui m’agacent le plus de part leur imbé­cil­lité. Je ne ferme­rai pas la pop-in, je parti­rai. C’est encore plus vrai sur mobile où réus­sir à fermer le pop-in est souvent mission impos­sible de toutes façons.

    Des lignes trop longues

    Si vos lignes font plus d’une quin­zaine de mots, elles devien­dront rapi­de­ment pénibles à lire pour moi. Pire, j’au­rai beau­coup de mal à scan­ner la page rapi­de­ment en diago­nale.  Si ça semble futile comme critère, je vous assure que c’est un aban­don systé­ma­tique pour tous les sites qui ont des lignes trop longues. Si vous voulez une mesure, comp­tez une longueur maxi­mum de 45 fois la taille de votre police de carac­tères. Sur mobile c’est encore pire, si votre mise en page m’em­pêche de zoomer sur le texte de façon à ce qu’il tienne dans la largeur de mon télé­phone portable quand je double clique dessus, ça sera telle­ment pénible à lire que je n’es­saie­rai même pas.

    Ça bouge partout

    Vous tenez à la publi­cité et je le comprends, mais si ça bouge, si ça flash, si ça clignote, vous me verrez partir immé­dia­te­ment. Je serai simple­ment inca­pable de fixer mes yeux au bon endroit sans que ce ne soit pénible. Mon œil peut se lais­ser atti­rer hors du contenu une fois, mais la seconde fois je ferme la page. Notez que ça vaut aussi si c’est votre propre contenu promo­tion­nel ou carrou­sel qui attire l’œil et non de la publi­cité. Je ne fais pas de diffé­rence à ce stade là.

    On mélange tout

    Vous avez des publi­ci­tés ou des pavés promo­tion­nels au milieu du contenu, je sais, ça encou­rage les clics. Mais je sais aussi que ça me fera fuir immé­dia­te­ment là aussi. C’est encore plus vrai si j’ai un doute sur la sépa­ra­tion entre promo­tion­nel et rédac­tion­nel. Encore une fois, si je ne suis pas capable de filtrer et repé­rer l’in­for­ma­tion utile au premier coup d’œil, je repars immé­dia­te­ment. Même sans publi­cité, le trop plein d’illus­tra­tions hors contexte (même avec des légendes humo­ris­tiques ou sarcas­tiques) donne le même effet.

    Texte rikiki

    Votre graphiste vous l’a montré, la maquette est quand même bien plus jolie quand c’est écrit petit … sauf que c’est illi­sible, et ça aussi c’est un bloqueur pour moi. Non, 10 pixels de hauteur pour une police ce n’est pas suffi­sant pour moi. Notez qu’à l’in­verse je ne me souviens pas avoir jamais aban­donné un site parce que le texte était trop gros.

    Et si je lis ?

    Si vous avez passé le texte jusque là, bravo, il y a des chances que je lise votre contenu. Un autre jour je vous explique­rai ce qui peut faire qu’a­près la première lecture je ne revienne jamais chez vous.

    Allez, pour la forme j’ajoute ce qui d’après la légende est gênant mais qui pour ma part ne m’a jamais freiné (ou en tout cas pas consciem­ment) : les textes trop longs, le manque d’illus­tra­tion, le trop plein de liens, le tutoie­ment ou le vouvoie­ment, la prise d’opi­nion subjec­tive, les propos « indé­cents », ou les sites person­nels sans répu­ta­tion. Rien de tout ça ne me gêne a priori.

  • Lois prétextes

    Je n’ai défi­ni­ti­ve­ment pas accepté qu’on ait pu produire cette dernière loi qui inter­dit la burqa dans l’es­pace public. Vrai­ment, j’ai essayé.

    Certes, je suis gêné qu’on puisse inci­ter à avoir peur de l’autre et à encou­ra­ger l’in­to­lé­rance. Je suis aussi gêné qu’on puisse jeter la liberté reli­gieuse aux orties et prêter à la laïcité un sens qu’elle n’a jamais eu. Non, je ne suis pas seule­ment gêné de tout cela, je suis scan­da­lisé, et c’est peu dire.

    Un état de droit

    Mais je suis encore plus scan­da­lisé qu’on laisse notre répu­blique utili­ser de lois prétextes pour faire quelque chose qu’elle sait contraire à ses valeurs et à ses enga­ge­ments, aux liber­tés publiques et aux droits de l’homme. Peut importe l’ef­fet qu’on cherche à obte­nir, le procédé est inac­cep­table et devrait mener à une véri­table levée de boucliers dans n’im­porte quel état de droit.

    Ici l’objec­tif est bien d’in­ter­dire la burqa, et ça a été présenté comme tel dès le départ. Il n’y a même pas de faux semblants.  On ne peut pas le faire ? qu’à cela ne tienne, nos astu­cieux dépu­tés trou­ve­ront une voie détour­née et un prétexte tiers pour avoir le même effet. Comme nos dépu­tés ne sont pas les derniers des idiots, ils ont trouvé : Si on inter­dit de se masquer le visage, on inter­dira de fait la burqa.

    Je ne discute même pas de la perti­nence de vouloir inter­dire la burqa, ou de la légi­ti­mité d’im­po­ser un visage décou­vert dans l’es­pace public, ce qui en soit méri­te­rait pour­tant une fronde légen­daire : le simple fait qu’on utilise l’un unique­ment comme prétexte pour inter­dire l’autre est inac­cep­table.

    Une accep­ta­tion coupable

    Le drama­tique c’est que ça fonc­tionne, que notre conseil consti­tu­tion­nel, l’en­tité qui devrait être le garde fou de ce genre d’ex­cès, fait semblant de ne pas le voir. Le conster­nant c’est que nous sommes trop blasés de ce fonc­tion­ne­ment trop courant de nos insti­tu­tions pour nous en offusquer :

    Pour pouvoir déga­ger des indé­si­rables qui ont le droit d’être où ils sont on lance des contrôles d’iden­tité à répé­ti­tion. Pour empê­cher les pros­ti­tuées dont l’ac­ti­vité n’est pas illé­gale on invente le raco­lage passif. Pour condam­ner les contre­façons sur Inter­net sans avoir à les prou­ver on invente le défaut de sécu­ri­sa­tion d’ac­cès Inter­net. Et main­te­nant pour inter­dire la burqa on invente l’in­ter­dic­tion de se masquer le visage dans l’es­pace public.

    Nos repré­sen­tants ont une imagi­na­tion infi­nie

    Nos repré­sen­tants ont une imagi­na­tion infi­nie, et ça commence à sentir très mauvais. Notre état de droit démo­cra­tique cache de plus en plus des abysses d’ar­bi­traire. Nos valeurs fonda­men­tales sont reniées sous un foulard presque trans­pa­rent.

    Sans même parler du fond, la forme rete­nue devrait provoquer un tollé et mener à la démis­sion de tous les repré­sen­tants concer­nés. Je n’ose sortir le terme de révo­lu­tion mais il est dans mon esprit telle­ment j’ai l’im­pres­sion que si on conti­nue à perver­tir notre système ainsi il ne portera plus aucune des vertus qu’on lui prête encore.

    Quand on se reveillera il sera trop tard pour jouer les vierges effa­rou­chées.

  • Comp­ta­bi­li­ser le vote blanc

    Il y a peu, un parti poli­tique majeur a appelé à voter blanc sur plusieurs scru­tins non négli­geables. De l’autre côté on a des mili­tants qui appellent à la comp­ta­bi­li­sa­tion, à la recon­nais­sance et à la légi­ti­mité du vote blanc. C’est à ne rien y comprendre.

    Le vote blanc est comp­ta­bi­lisé

    Tout d’abord tordons le cou à une première idée reçue : Le vote blanc est comp­ta­bi­lisé, dans le détail.

    Il suffit de parti­ci­per à un dépouille­ment pour s’en aper­ce­voir. On note dans le détail chaque enve­loppe, qu’elle soit affec­tée à un candi­dat, nulle, vide ou avec un bulle­tin blanc. Dans le cas de nuls, vides et blancs, il y a même un détail pour distin­guer les diffé­rents cas de nullité.

    J’en veux beau­coup à ceux qui font la promo­tion du vote blanc en deman­dant sa comp­ta­bi­li­sa­tion parce que ça veut dire qu’ils n’ont de leur côté jamais parti­cipé au dépouille­ment. Je trouve la situa­tion très hypo­crite pour des gens qui prétendent vouloir amélio­rer le fonc­tion­ne­ment des votes.

    Une enve­loppe vide est comp­ta­bi­lisé comme un vote blanc

    Sauf erreur de ma part,  il n’y a pas de défi­ni­tion précise du vote blanc dans les textes. On consi­dère qu’il s’agit d’un vote qui ne porte aucune mention de liste ou de candi­dat (et qui n’est pas nul pour une autre raison par ailleurs, donc qui ne porte aucune mention tout court).

    Savoir si l’ab­sence de bulle­tin dans l’en­ve­loppe satis­fait à cette défi­ni­tion non expli­cite m’im­porte peu : Au final, au niveau du comp­tage, une enve­loppe vide atter­rit bien dans la même case qu’une enve­loppe avec un bulle­tin blanc.

    C’est d’ailleurs heureux parce que je ne crois avoir jamais vu de bulle­tin blanc sans aucune mention et aux bonnes dimen­sions lors des dépouille­ments. Des enve­loppes vides (donc comp­tées avec les blancs), oui. Des bulle­tins vierges, jamais. Si ça arrive, je ne peux que croire que c’est vrai­ment rare. Conclu­sion hâtive basée sur l’ex­pé­rience : ceux qui veulent voter blanc votent avec une enve­loppe vide.

    Ceux qui vous affirment qu’il faut abso­lu­ment un bulle­tin papier vierge n’ont proba­ble­ment eux non plus pas fait de dépouille­ment. Cela n’au­rait même pas d’in­fluence pour la promo­tion du vote blanc : Ceux qui voudront mesu­rer l’im­por­tance du blanc regar­de­ront le compte incluant les enve­loppes vides.

    À l’heure actuelle personne n’est capable de faire le distin­guo entre les vides et les blancs, même une esti­ma­tion gros­sière. Vous n’avez donc pas besoin de vous bala­der avec un bout de papier blanc du bon gram­mage et des bonnes dimen­sions pour réali­ser un acte citoyen et faire recon­naître le vote blanc en haut lieu.

    Les votes nuls sont rare­ment des erreurs de vote

    Les votes blancs et nuls sont distin­gués au dépouille­ment, on pour­rait même diffi­ci­le­ment faire plus précis. Ils sont toute­fois agré­gés lors de la publi­ca­tion des résul­tats offi­ciels. C’est le seul point factuel que j’ac­corde aux promo­teurs du vote blanc au sujet de la comp­ta­bi­li­sa­tion.

    Certains en déduisent une non recon­nais­sance du vote blanc, parce qu’il est fusionné ainsi à des erreurs de vote ou des votes nuls ayant un objec­tif tiers. L’idée paraît sensée mais elle ne résiste pas à l’ana­lyse.

    Dans les votes nuls, outre les blancs et vides, on trouve :

    • des bulle­tins barrés ou déchi­rés (proba­ble­ment des « je ne veux pas de … »),
    • des bulle­tins diffé­rents dans la même enve­loppe (proba­ble­ment soit des « je n’ar­rive pas à choi­sir » soit des « ils sont tous les mêmes »),
    • des bulle­tins anno­tés (vu les anno­ta­tions il s’agit clai­re­ment de volonté qu’ils ne soient pas décomp­tés, pas d’er­reurs de vote),
    • des bulle­tins avec un nom de personne ou de mouve­ment qui n’était pas dans ceux propo­sés au vote.

    Ces diffé­rents cas passent diffi­ci­le­ment pour des erreurs de vote. Le nul, sauf cas excep­tion­nel, n’est pas plus une erreur de vote que le vote blanc. J’irai même à penser qu’une enve­loppe vide, comp­tée donc comme un blanc, a plus de chances d’être une erreur de vote que deux bulle­tins diffé­rents, un bulle­tin annoté ou un bulle­tin d’un non-candi­dat.

    Dans tous les dépouille­ments que j’ai fait, je n’ai pas souve­nir d’avoir jamais vu un bulle­tin qui ait vrai­sem­bla­ble­ment été une erreur de vote. Ça a certai­ne­ment pu arri­ver, ça arrive certai­ne­ment dans d’autres circons­crip­tions, mais si j’en crois mon expé­rience c’est extrê­me­ment rare.

    Le vote blanc n’est pas un vote nul, mais ils ne sont pas diffé­rents

    Blancs et nuls sont, sauf excep­tion, tous deux le résul­tat d’une volonté et d’une expres­sion. Cette expres­sion peut cepen­dant être multiple et diffi­cile à inter­pré­ter.  Je l’in­ter­prète sous un chapeau global de « la volonté de parti­ci­per au vote mais de ne pas effec­tuer un des choix propo­sés ».

    Parler aussi des nuls est d’au­tant plus impor­tant que nous avons fina­le­ment peu de votes blancs, même en comp­tant les enve­loppes vides. Pour autant que je me souvienne, parmi les votes comp­ta­bi­li­sés nuls, j’ai eu une faible propor­tion d’en­ve­loppes vides à mes tables, et jamais de bulle­tin blanc. L’es­sen­tiel des refus de choi­sir ou des mécon­ten­te­ments ont bien été des nuls, pas des blancs (mais ce n’est que mon expé­rience).

    Blancs et nuls ne sont pas distin­gués dans les résul­tats, mais c’est fina­le­ment plutôt posi­tif pour le mouve­ment de promo­tion du vote blanc : on évite de sépa­rer en deux un même mouve­ment pour des raisons pure­ment arti­fi­cielles de clas­si­fi­ca­tion.

    Tout au plus pour­rait-on prétendre sépa­rer les erreurs de vote du reste, mais non seule­ment cela ne chan­ge­rait pas signi­fi­ca­ti­ve­ment le compte des blancs et nuls et risque d’être bien diffi­cile à inter­pré­ter dans certains cas. Dans des pays où les erreurs de votes invo­lon­taires sont signi­fi­ca­tives, cela peut avoir du sens. En France, j’en doute.

    Tout au plus, et je rejoins là les défen­seurs du vote blanc, peut-on regret­ter que le détail des votes fait au dépouille­ment ne soit pas publié au jour­nal offi­ciel. C’est une infor­ma­tion qui peut être utile à certain, et ça ne coûte­rait pas cher. Ceci dit c’est une infor­ma­tion admi­nis­tra­tive exis­tante, je suis certain qu’elle doit être acces­sible pour qui veut avec une requête après de la CADA. Si quelqu’un souhaite publier ces infor­ma­tions, ce n’est pas si complexe, il suffit de se bouger.

    On se moque de la notion de suffrages expri­més

    Enfin, les votes blancs et nuls sont comp­tés en tant que suffrages non-expri­més. Derrière cette phrase qui ressemble à un « ça compte pour du beurre » se cache simple­ment un « ils n’in­fluent pas le gagnant de l’élec­tion ». La notion de suffrage exprimé ne sert qu’à ça, pas à dire si le vote blanc est impor­tant ou pas.

    On peut d’ailleurs trou­ver un cas où aller voter mais poser un bulle­tin blanc a un effet : Voter blanc plutôt que pour un oppo­sant peut empê­cher un candi­dat d’être élu au premier tour, puisqu’il faut qu’il y ait eu au mini­mum 25 % des inscrits en suffrages expri­més. Ca reste cepen­dant pour l’anec­dote et ne pas voter du tout a tech­nique­ment le même effet.

    Plus concrè­te­ment, dans ces chiffres offi­ciels de la dernière prési­den­tielle on vous dit qu’il y a eu 84 % de votants pour 16 % d’abs­ten­tion, sur les votants 96 % de votes expri­més pour 4 % de nuls en blancs, sur les votes expri­més 53 % pour un candi­dat et 47 % pour l’autre. Rien ne manque, d’au­tant qu’on a aussi à chaque fois à côté le nombre de bulle­tins en valeur abso­lue.

    Reprendre les mêmes chiffres offi­ciels pour avoir la répar­ti­tion en comp­tant le blanc est l’af­faire d’une règle de trois si on utilise les pour­cen­tages ou d’une divi­sion si on utilise les chiffres en valeurs abso­lue. Dans notre exemple le premier candi­dat a eu 43 % des inscrits, 51 % des votants et 53 % des suffrages non nuls ou blancs. Si on présente les chiffres selon la première forme c’est parce que c’est ainsi qu’est déter­miné le gagnant de l’élec­tion, ni plus ni moins.

    Il s’agit juste d’une affaire de présen­ta­tion des résul­tats. Donner ces mêmes résul­tats sous une autre forme est acces­sible à tous, et à fortiori d’un jour­na­liste si cela avait du sens à être annoncé ainsi, avec des calculs du niveau de l’école primaire. J’ose espé­rer qu’une simple divi­sion n’est pas une diffi­culté signi­fi­ca­tive au point de limi­ter l’in­for­ma­tion.

    Cette notion de suffrage exprimé ne cache rien. Si vos JT mettent en valeur les pour­cen­tages par rapport aux suffrages expri­més et pas par rapport aux votants ou par rapport aux inscrits (voire par rapport à la popu­la­tion en capa­cité de voter), c’est simple­ment parce que c’est ce qui a le plus de sens selon eux. À vous de commu­niquer autre­ment si vous le souhai­tez, mais ce n’est pas un problème de comp­ta­bi­li­sa­tion ou de l’État.

    Moti­va­tion, effet et prise en compte

    Je n’ai parlé que de comp­ta­bi­li­sa­tion, en écar­tant super­be­ment les moti­va­tions et comment le vote blanc peut ou pas être prise en compte ensuite. Ce billet est déjà assez long ainsi.

    Mon propos n’est pour l’ins­tant que de remettre au propre une discus­sion que j’ai trop souvent face aux gens qui appellent à une comp­ta­bi­li­sa­tion des votes blancs : elle existe, impar­faite mais large­ment suffi­sante pour ce qu’on veut (éven­tuel­le­ment) en faire.

    Je vous remer­cie de vous restreindre à cette ligne direc­trice dans les commen­taires et de réser­ver vos inter­ven­tions sur la moti­va­tion ou la prise en compte du vote blanc pour un futur billet à venir (ou à les faire chez vous plutôt que chez moi).


  • 12 propo­si­tions pour le loge­ment

    Je râle souvent, je diffuse pas mal de liens d’opi­nion. Parfois il faut finir par se jeter à l’eau, alors j’ai tenté de forma­li­ser un peu ce que je pense sur certains sujets.

    Je sais que certaines propo­si­tions ne sont pas neuves. Je sais même que certaines sont déjà appli­cables, je parle de les appliquer réel­le­ment et complè­te­ment. Je sais aussi que ces posi­tions contiennent une part d’idéa­lisme. C’est conscient et volon­taire. Sans prag­ma­tisme nous n’avançons pas, mais l’idéa­lisme nous donne la direc­tion à prendre. Il faut non seule­ment avan­cer mais aussi le faire dans la bonne direc­tion, les deux sont indis­so­ciables.

    Enfin, bien entendu, toute évolu­tion demande une mise en œuvre progres­sive. C’est impli­cite et ne comp­tez pas sur moi pour mettre des précau­tions oratoires à chaque phrase.

    Bulle immo­bi­lière et aides publiques

    Le loge­ment repré­sente une part trop impor­tante des budgets. Malgré toutes nos aides, ou plutôt à cause d’elles, la situa­tion reste plus diffi­cile que dans les autres pays.

    Un temps on souhaite faci­li­ter le loge­ment en propo­sant une aide, mais assez rapi­de­ment les proprié­taires augmentent le loyer en consé­quence. Si vous pouviez faire l’ef­fort avant, vous le pour­rez après, et la diffé­rence va dans la poche du proprié­taire.

    Évidem­ment si le loge­ment est plus rentable, le prix augmente à l’achat. Du coup on fait des aides à l’ac­ces­sion à la propriété et là aussi évidem­ment ça ne fait qu’aug­men­ter les prix en atter­ris­sant dans les finances des proprié­taires actuels.

    Malheu­reu­se­ment la logique s’auto-entre­tient, augmen­tant le besoin d’aide et les prix. Il n’y a même pas forcé­ment de visée spécu­la­tive de l’es­sen­tiel des proprié­taires : Ceux qui n’ont qu’une seule propriété ont au mieux un jeu à somme nulle.

    Cette hausse perma­nente ne sert que sont ceux qui sont déjà dans le système avec un parc impor­tant. Eux empochent au final toute la bulle immo­bi­lière, finan­cée entre autre par les aides publiques.

    Il faut être clair qu’une baisse géné­ra­li­sée béné­fi­cie­rait à tous, y compris aux proprié­taires actuels. Certes ils vendraient moins cher en cas de départ, mais leur besoin de finan­ce­ment pour ache­ter le loge­ment suivant est aussi réduit d’au­tant. Tout au plus ils pour­ront avoir l’im­pres­sion d’avoir « payé cher pour rien », mais ils ne perdront pas de sous et ne seront pas dans une situa­tion plus néga­tive qu’ac­tuel­le­ment.

    Achat, vente, et acces­sion à la propriété

    Solu­tion simple : Taxer (plus) forte­ment les plus-values sur l’achat-revente, et encore plus forte­ment quand il ne s’agit pas d’un loge­ment prin­ci­pal. On peut même imagi­ner faire tempo­rai­re­ment des allè­ge­ments d’im­pôts sur les moins-values du loge­ment prin­ci­pal, pour encou­ra­ger les baisses tout en amor­tis­sant un peu l’im­pact sur les proprié­taires. Bien entendu cela demande d’ar­rê­ter en paral­lèle les aides à l’ac­ces­sion à la propriété, qu’elles soient à desti­na­tion des promo­teurs ou des ache­teurs, qu’elles soient directes, via des allè­ge­ment ou par d’autres moyens indi­rects.

    Cela revient fina­le­ment à trans­fé­rer les aides à l’achat qui contri­buent à la hausse, dans des aides qui compensent et encou­ragent les baisses à la vente.

    1. Forte­ment taxer les plus-values sur les achats-ventes de loge­ment
    2. Réali­ser tempo­rai­re­ment des allè­ge­ments d’im­pôts en cas de moins-value
    3. Arrê­ter toutes les aides publiques à l’ac­ces­sion à la propriété

    Prix des loca­tions

    Une fois le système amorcé pour l’achat-vente, on pourra dimi­nuer les aides à la loca­tion en consé­quence (le loge­ment étant moins cher, la pres­sion retom­bant sur les loyers sera elle aussi plus faible, rendant moins néces­saires les aides).  Les seules aides perti­nentes qui n’en­cou­ragent pas la hausse des loyers ou du prix des surfaces, sont celles qui limitent le prix du loyer, comme les HLM.

    Dans d’autres pays les loge­ments grand stan­ding sont parfois loués à prix plan­cher à des étudiants, qui en échangent en prennent grand soin. Ça coute moins cher que de ne pas louer, et le loge­ment est entre­tenu. C’est exac­te­ment l’ef­fet à recher­cher : que louer soit moins cher que de lais­ser vacant. Pour ça ce n’est pas une aide qu’il faut, sinon elle augmen­tera d’au­tant la renta­bi­lité, et donc les prix à l’achat-vente, mais bien une (forte) taxe aux surfaces vacante depuis plus de quelques mois. Je parle de surfaces pour inclure aussi les bureaux, sinon un effet pervers serait de rendre moins inté­res­sants la construc­tion de loge­ments et que les inves­tis­seurs se retournent vers la construc­tion exclu­sive de bureaux.

    1. Dimi­nuer les aides à la loca­tion jusqu’à extinc­tion
    2. Taxer forte­ment les surfaces vacantes
    3. Mettre en œuvre les réqui­si­tions de loge­ments vacants

    Accès à la loca­tion

    Les problèmes de loca­tion ne s’ar­rêtent pas au simple montant du loyer. Il faut à certains endroits plusieurs cautions person­nelles de proches ou amis, un revenu au moins équi­valent à quatre fois le loyer (fiches de paie à l’ap­pui), emploi CDI obli­ga­toire, histo­rique de des paie­ments sur les loca­tions précé­dentes (je vous assure, on le demande), quand ce n’est pas plus loin (copie des décla­ra­tions d’im­pôts du loca­taire ainsi que de toutes ses cautions).

    J’au­rai envie d’en­ca­drer très plus stric­te­ment les pièces et les infor­ma­tions qu’on peut deman­der, ou non, dans un dossier. Je sais que forcé­ment les gens deman­de­ront quand même offi­cieu­se­ment, mais une vraie pres­sion et volonté poli­tique peuvent faire dégon­fler douce­ment les pratiques. Si les excès persistent, on peut aussi léga­le­ment auto­ri­ser le loca­taire à mentir et à produire de faux docu­ments (unique­ment à cet usage) à tout proprié­taire qui ferait des demandes illé­gales. Cela permet de ne pas jouer sur la répres­sion mais simple­ment de rendre caduques et inutiles toutes les demandes exces­sives.

    Si cela peut vous sembler exagéré, pensez qu’une entre­prise clas­sique n’a, elle, pas toujours le droit de refu­ser une vente à un parti­cu­lier. Un maga­sin n’a pas le droit d’être réservé aux cadres mariés sans enfants. Sans en arri­ver à ce niveau là, il n’est pas forcé­ment légi­time ni bon pour notre société que le proprié­taire puisse aller aussi loin qu’il le souhaite dans la sélec­tion. C’est son bien, mais à partir du moment où il passe sur le marché de loca­tion public, il n’y a rien qui s’op­pose à respec­ter des règles de neutra­lité et de libre accès, au contraire.

    1. Enca­drer très forte­ment les pièces et infor­ma­tions que le proprié­taire peut deman­der au loca­taire

    Garan­tie des proprié­taires

    Restreindre la sélec­tion des loca­taires c’est aussi restreindre les possi­bi­li­tés de se prému­nir contre les impayés. Or s’il peut être légi­time de faci­li­ter l’ac­cès à la loca­tion et de rendre extrê­me­ment diffi­cile l’ex­pul­sion de loca­taires débi­teurs, le droit au loge­ment est à assu­rer par la société et l’état, pas à porter par un proprié­taire parti­cu­lier. C’est là qu’il faut inter­ve­nir.

    Il doit exis­ter une procé­dure rapide et simple contre un loca­taire débi­teur. Cette procé­dure doit pouvoir mener soit vers un statu quo (si le proprié­taire a consciem­ment loué à quelqu’un qui n’avait pas les ressources), une expul­sion rapide et réel­le­ment mise en œuvre (proba­ble­ment essen­tiel­le­ment pour un loca­taire de mauvaise foi), ou vers une garan­tie de paie­ment de la part de l’état (qui assume alors son rôle de four­nir un loge­ment à tous).

    Charge à l’état de se récu­pé­rer sa mise vers le loca­taire si c’est faisable plus tard, d’im­po­ser trans­fé­rer vers un autre loge­ment plus adapté si la situa­tion perdure, ou de finir par une expul­sion si cela se révèle vrai­ment le plus perti­nent. Dans tous les cas cela devient une affaire entre l’état et le loca­taire, dans laquelle le proprié­taire n’a plus part et plus d’in­té­rêt.

    L’état devra certes finan­cer cette garan­tie mais le droit à loge­ment décent est bien une charge qui doit lui incom­ber à lui. Disons que je préfère finan­cer ça que la somme de toutes les aides à l’achat ou à la loca­tion. La taxe sur les loge­ments vacants peut aussi alimen­ter ce même fond de garan­tie. Enfin, pour ceux qui n’aiment pas la gestion publique, rien n’em­pêche d’en délé­guer la gestion à des pres­ta­taires privés comme le 1 % loge­ment.

    1. Faci­li­ter la réso­lu­tion des impayés par une garan­tie de l’état (ou une expul­sion rapide si c’est perti­nent)

    Amélio­rer le loge­ment social et le loge­ment d’ur­gence

    Quand je vois dans le projet socia­liste de monter à 25 % le loge­ment social, j’ai­me­rai juste qu’on arrive à respec­ter les 20 % partout. Cela implique de monter sérieu­se­ment le montant des amendes et de les faire appliquer partout plus stric­te­ment, et plus préci­sé­ment, quar­tier par quar­tier s’il le faut.

    En réalité c’est encore plus fine­ment qu’il faudrait aller, en impo­sant à tout nouveau projet d’en­ver­gure suffi­sam­ment impor­tante d’in­clure direc­te­ment 20 % de loge­ment social. Si un immeuble ou un lotis­se­ment se monte, cela veut dire que 20 % de la surface doit être du loge­ment social. Sans excep­tion.

    Il faut aussi mettre réel­le­ment en œuvre la capa­cité du préfet à prendre en main les choses quand la collec­ti­vité ne bouge pas ou pas assez vite. Il en a les moyens, il manque juste une volonté poli­tique.

    Enfin, et je mets ça en rela­tion avec le point précé­dent, il doit être possible pour l’état de prendre d’of­fice un bail proposé au public (au prix proposé initia­le­ment par le proprié­taire, mais sans possi­bi­lité de refu­ser par ce dernier). Un bail proposé par une agence ou une annonce doit pouvoir être contracté par l’état en prio­rité. Charge à l’état d’y mettre ceux qui sont en urgence, et éven­tuel­le­ment de propo­ser un loyer plus faible (en payant la diffé­rence). Cela permet­trait de gérer en partie et tempo­rai­re­ment les besoins d’ur­gence. Je ne parle en réalité pas de pouvoir le faire, mais de le faire effec­ti­ve­ment.

    1. Augmen­ter les amendes pour faire respec­ter le 20 % social, en étant plus strict
    2. Impo­ser 20 % de loge­ment social dans tout nouveau projet suffi­sam­ment impor­tant
    3. Réel­le­ment mettre en œuvre les moyens qu’a le préfet pour impo­ser du loge­ment social aux collec­ti­vi­tés qui ne bougent pas
    4. Louer du parc privé au nom de l’état pour y héber­ger les gens en ayant besoin
  • Authen­ti­fi­ca­tion forte

    Une authen­ti­fi­ca­tion par mot de passe sur le web est vite problé­ma­tique. Avec la multi­pli­ca­tion des sites web, chacun avec son compte, on a vite fait d’uti­li­ser le même mot de passe pour un même type de site, voire le même mot de passe partout. Tôt où tard on finit par s’au­then­ti­fier sur une machine publique, chez un voisin, sur un wifi public, ou alors un des services finit par avoir une faille de sécu­rité, voire quelqu’un a posé un spyware sur notre machine habi­tuelle.

    Problé­ma­tique simple : Je veux que personne ne puisse s’au­then­ti­fier sur mes comptes frau­du­leu­se­ment, et le mot de passe n’est pas la solu­tion.

    Mots de passes uniques

    Pallia­tif simple : Je génère un mot de passe par site. Je l’ai fait un temps, mais on atteint vite les limite de ce qu’on peut rete­nir de tête, même en utili­sant une astuce pour déter­mi­ner le mot de passe en fonc­tion du site (genre faire chan­ger une partie du mot de passe en fonc­tion du site). Au final la faci­lité reprend le dessus et on utilise trop souvent le même, ou des trop proches.

    C’est encore plus vrai pour les mots de passe « sensibles » (comptes mails prin­ci­paux, machines perso, machine pro) où le mot de passe devrait être complexe, diffé­rent à chaque fois, et renou­velé au mini­mum à chaque chan­ge­ment de société ou de pres­ta­taire. Jusqu’à quatre mots de passe forts c’est encore gérable, après ça devient ingé­rable, surtout si certains sont peu utili­sés (donc vite oubliés).

    Géné­ra­teurs auto­ma­tiques de mots de passe

    Dans la même lignée on peut utili­ser un système auto­ma­tique pour géné­rer un mot de passe à partir du nom ou de l’URL du service, ou aléa­toi­re­ment en tenant à jour une liste de mots de passe. C’est mieux, mais on reste dépen­dant de cet algo­rithme. Si je suis à l’ex­té­rieur, je risque de ne plus y avoir accès. Ensuite ça ne pallie qu’une partie du problème : ça n’em­pêche pas le mot de passe de se diffu­ser, et d’être utilisé frau­du­leu­se­ment par un tiers. Ça limite juste les dégâts si c’est le service tiers qui a un problème de sécu­rité.

    OpenID

    OpenID c’est une manière de résoudre le problème par l’autre bout. On centra­lise la gestion de l’au­then­ti­fi­ca­tion sur un seul site, et tous peuvent ensuite y faire appel. Du coup je n’ai aucun seul mot de passe à rete­nir : celui de mon compte openid. Je peux faire en sorte qu’il soit complexe, trans­mis sur une connexion sécu­ri­sée, et je ne crains pas les failles appli­ca­tives des services tiers.

    Ça résout certaines ques­tions, mais en pose d’autres : Comment est-ce que je m’au­then­ti­fie sur le serveur OpenId ? si c’est un mot de passe alors j’ai un risque d’au­tant plus grand s’il est décou­vert. Tous mes services en dépendent.

    RSA SecurID

    SecurID c’est le système clas­sique en entre­prise. On vous donne une sorte de porte clef person­nel qui génère un mot de passe unique toutes les 15 secondes. Natu­rel­le­ment chaque porte clef est initia­lisé diffé­rem­ment donc seul le votre donne accès à votre compte. Le mot de passe est à usage unique, et tota­le­ment sans inté­rêt passé une minute. Les risques d’ac­cès frau­du­leux sont donc forte­ment limi­tés.

    Malheu­reu­se­ment ça ne semble pas vrai­ment conve­nir à un usage person­nel courant. Tout d’abord je n’ai qu’un seul support physique, et aucun accès de secours. Si je perds mon accès, je dois me repo­ser sur un admi­nis­tra­teur tiers qui me redonne un nouveau support et le lie à mon compte.

    En vacances, ou simple­ment si je n’ai pas ma veste avec moi, il peut arri­ver que je n’ai pas mon support. Sous réserve que je consi­dère mon accès comme « sans risques » je souhaite pouvoir passer sans le jeton d’au­then­ti­fi­ca­tion forte. Là je n’avais pas ce choix.

    Ensuite le jeton repose sur un système de clefs et de secrets qui est détenu par Veri­sign. C’est un point qui est sensible pour moi, d’au­tant qu’il y a eu une faille chez eux récem­ment et qu’on se demande si les secrets n’ont pas été divul­gués. Un système open source sans serveur tiers me semble indis­pen­sable.

    Enfin, pour éviter qu’il suffise de voler le porte clef plas­tique pour avoir accès à mon compte, je devais ajou­ter un PIN de quatre chiffres. Ce qui m’étonne c’est que ce PIN n’est pas à saisir sur le porte clef, mais à côté du jeton d’au­then­ti­fi­ca­tion, dans le formu­laire web. Quiconque regarde mon clavier, écoute sur le réseau, ou a réussi à poser un spyware sur ma machine connai­tra ce PIN. Bref, il n’est pas si secret que ça.

    Pour ma société, voire pour l’ac­cès à mon compte en banque (et encore), pourquoi pas. Pour le reste, bof bof.

    Google 2 steps veri­fi­ca­tion

    Le système Google est pour moi un peu plus souple déjà. Il utilise une appli­ca­tion sur mon smart­phone et pas un porte clef tiers mais le système semble simi­laire. Ca n’a l’air de rien mais le télé­phone a beau­coup plus de chances d’être avec moi. Il inter­vient après l’au­then­ti­fi­ca­tion par mot de passe (d’où le nom de « deux étapes ») et on peut forcer la seconde étape à ne pas être rede­man­dée à chaque fois pour la même machine qu’on sait « sûre ».

    Pour autant je ne suis pas toujours avec mon télé­phone, et il peut tomber hors batte­rie. Dans ces condi­tions, et si j’ai confiance dans le poste et la connexion sur lesquels je suis, j’au­rai aimé pouvoir saisir un mot de passe spéci­fique qui zappe l’au­then­ti­fi­ca­tion forte. Ça fonc­tionne tant que c’est excep­tion­nel mais Google ne me le propose pas. Google me propose par contre de géné­rer une série de mots de passe à usage unique. Malheu­reu­se­ment l’usage unique est poten­tiel­le­ment gênant et surtout ça implique de les noter quelque part, avec le risque de les perdre ou de se les faire voler. Bref, on peut mieux faire même si j’ap­pré­cie l’in­ten­tion.

    Pour ne pas risquer de perdre des accès et comme il n’y a pas d’ad­mi­nis­tra­teur humain tiers, je peux propo­ser à Google un second numéro de télé­phone qui sert en backup, si jamais je perds le premier. Là aussi c’est posi­tif. Main­te­nant person­nel­le­ment j’ai un télé­phone perso, un de boulot, je risque parfois d’avoir l’un et pas l’autre. J’au­rai aimé auto­ri­ser les deux à me servir pour l’au­then­ti­fi­ca­tion forte et ce n’est pas proposé.

    Point posi­tif, google garde une compa­ti­bi­lité avec toutes les appli­ca­tions qui conti­nuent à utili­ser un simple mot de passe comme inter­face. Je peux faire géné­rer autant de mot de passe que je veux (ils sont longs et complexes) et les affec­ter à des appli­ca­tions. J’ai ensuite la liste des appli­ca­tions dans mon inter­face d’ad­mi­nis­tra­tion et je peux en ajou­ter ou en reti­rer à la volée. Le résul­tat c’est que je peux vali­der ou refu­ser chaque appli­ca­tion indé­pen­dam­ment, sans secret partagé entre toutes.

    Côté sécu­rité, rien ne m’in­dique qu’il est impos­sible de copier le logi­ciel présent sur mon télé­phone portable (ou les mots de passe à usage unique que j’ai en backup) et l’uti­li­ser sans que je ne le sache. Tech­nique­ment ça ne prend pas long­temps pour quelqu’un qui a accès à mon télé­phone, 10 minutes au plus. J’au­rai aimé un système qui détecte que deux télé­phones distincts utilisent la même clef et me l’in­dique. Si c’est présent Google n’en parle pas.

    Enfin, tout ça est « google-only ». Je peux certes utili­ser google en openid, mais ça reste centra­lisé. J’au­rai aimé quelque chose d’uti­li­sable partout, y compris sur mes serveurs.

    Clefs SSH

    En rédi­geant tout ça je me suis rendu compte que j’uti­li­sais déjà un système assez ressem­blant : les clefs SSH. Pour me connec­ter à mes serveurs j’uti­lise des clefs privées. J’ai une clef par source, toutes diffé­rentes. Je peux auto­ri­ser faci­le­ment une nouvelle source, ou en griller une exis­tante, sans mettre à jour. J’ai aussi un mot de passe de secours que je peux utili­ser quand je suis à l’ex­té­rieur.

    Malheu­reu­se­ment là c’est unique­ment pour ssh, et mes authen­ti­fi­ca­tions se font à 90% sur des formu­laires web. Ca demande aussi d’avoir ses clefs ssh sur soi, or le scéna­rio d’au­then­ti­fi­ca­tion forte est surtout utile juste­ment quand je suis ailleurs que chez moi, ou avec une machine qui n’est pas une machine de confiance.

    Je n’ai non plus aucun système qui m’as­sure que ma clef n’a pas été copiée et utili­sée par un tiers.

    Et vous ? Qu’a­vez-vous pour vos authen­ti­fi­ca­tions fortes ?

    En regar­dant j’ai­me­rai :

    • Authen­ti­fi­ca­tion par un système de clefs privée/publique géré par une appli sur mon télé­phone portable
      • Possi­bi­lité de gérer une liste de clefs auto­ri­sées (une par télé­phone portable) pour ajou­ter/reti­rer faci­le­ment un accès
      • Le jeton renvoyé par le télé­phone est obtenu par une combi­nai­son d’un mot de passe ou PIN et de la clef (il faut les deux, et donc le mot de passe n’est pas saisit sur le PC public mais sur mon propre télé­phone)
      • Un système de numéro incré­men­tal est asso­cié au jeton d’ac­cès afin de repé­rer si un tiers utilise une de mes clefs après l’avoir copiée (si le numéro est égal ou plus faible que la dernière fois le serveur refuse l’ac­cès, je saurai donc que quelqu’un utilise ma clef ailleurs et je pour­rai la suppri­mer des auto­ri­sa­tions)
    • Authen­ti­fi­ca­tion alter­na­tive par un mot de passe que je choi­sis moi, pour quand je n’ai pas mes télé­phones et que je suis prêt à prendre le risque
    • Authen­ti­fi­ca­tion alter­na­tive par mot de passe pour les API, logi­ciels, etc. (mot de passe généré, long/complexe)
      • Possi­bi­lité de gérer une liste de mots de passe auto­ri­sés (un par appli­ca­tion/API) pour ajou­ter/reti­rer faci­le­ment un accès
  • Ache­ter de la musique déma­té­ria­li­sée, j’ai testé

    Non mais vous rigo­lez ?

    J’écoute person­nel­le­ment peu de musique. Les débats radi­caux sur la contre­façon musi­cale m’étaient un peu étran­gers et je ne regar­dais la ques­tion que sous l’angle des effets de bord induits par la lutte anti-pira­ta­ge… jusqu’à main­te­nant.

    Aujourd’­hui nous avons voulu ache­ter un vieil album de musique plus à la mode. Avec un léger doute en nous connec­tant nous l’avons tout de même trouvé rapi­de­ment. Voilà le résul­tat de notre expé­rience. Ceci n’est pas une fiction.

    C’est le bordel

    FNAC. C’est là que nous sommes allés en premier. Quand on recherche on trouve plusieurs fois l’al­bum. Le prix est diffé­rent, l’un est aussi acces­sible en mp3 l’autre non. Le prix varie du simple au triple. Je comprends l’idée d’agré­ger plusieurs commerçants sur la même plate­forme mais là c’est fran­che­ment malvenu comme résul­tat. Ne propo­ser qu’une fois l’al­bum avec ensuite la liste de marchands serait plus natu­rel.

    Bon, on clique sur le seul acces­sible en mp3. C’est le lien « offi­ciel », celui vendu par la FNAC elle-même. Sur la page de l’al­bum on nous propose le disque physique ou la version télé­char­geable. Très bien.

    Ça coute moins cher mais vous l’ache­tez plus cher

    Ah non, pas très bien en fait ! Ils nous font une bonne blague. La version déma­té­ria­li­sée, qui ne demande pas de stock et de trans­port, elle n’est pas au prix initia­le­ment affi­ché. On voit dans la page de l’al­bum qu’elle est un tiers plus cher. Oui, vous avez bien lu, le déma­té­ria­lisé coute quand même un tiers de plus que le support physique.

    De qui se moque-t-on ? Indé­pen­dam­ment du prix lui-même, impos­sible de caution­ner un délire pareil. Nous partons ailleurs.

    C’est *vrai­ment* le bordel

    Amazon. On recom­mence là bas. Recherche de l’al­bum. Là ce n’est pas deux ou trois résul­tats mais plus d’une tren­taine, pour le même album (même pochette). Et je prends lequel moi ? Là aussi ça doit venir de plusieurs commerçants mais le nom du commerçant n’est pas expli­cité donc c’est vrai­ment du clic au hasard.

    On ne peut même pas dire qu’on va prendre le moins cher, les prix sont stan­dar­di­sés. Sauf excep­tion c’est 0,99 € le titre et 9,99 € l’al­bum. La concur­rence n’existe pas, il y a visi­ble­ment un accord de groupe.

    Seul le premier item, acces­sible avec et sans support physique, est un peu moins chère. Il se révèle que c’est l’item d’Ama­zon lui-même, les autres sont des parte­naires là juste pour la forme (et perdre le client).

    Quand il y en a moins ça coute plus cher

    En filtrant seule­ment ceux acces­sibles en mp3 on se rend compte, magie de l’in­ter­net que la version avec des pistes bonus est moins chère que la version nue. Je crois qu’on va prendre la version enri­chie de bonus alors. Bon, en même temps les bonus ne sont que deux remix. S’il faut se les farcir pour payer moins cher, j’ef­fa­ce­rai moi-même les deux fichiers mp3 ensuite.

    Cette version avec bonus est au même prix que l’al­bum physique, qui elle a toujours eu les soit-disants « bonus » même si ce n’est pas indiqué. Comprendre : la version nue mp3 est plus chère parce qu’ils ont retiré des pistes présentes dans l’al­bum initial. C’est magique Inter­net non ?

    Ça coute moins cher, alors on va quand même le faire payer plus

    Soyons rede­vables à Amazon. Eux, à contenu égal, ne facturent pas plus cher pour la version sans support physique.

    Pour­tant à y regar­der de plus près on peut quand même si dire qu’on paye encore plus cher le mp3 que le disque, alors que ce dernier a un stock et un objet à produire.

    Amazon offre en effet gratui­te­ment la livrai­son express en moins de 24h quand on prend le CD physique. Hors Amazon Premium c’est un service qu’ils vendent entre 8 et 10 €. Au final on achète surtout la livrai­son. Le prix réel du CD est très faible, proba­ble­ment à peine la moitié de ce qui est affi­ché.

    Sur la version déma­té­ria­li­sée il y a aussi un coût de mise en télé­char­ge­ment mais ce coût pour à peine 100 Mo est ridi­cule par rapport à un coût de livrai­son express.

    Le résul­tat, c’est que si met de côté la livrai­son qui est un service inutile lors du mp3, on paye la musique bien moins chère sur CD que sur mp3, quasi­ment moitié moins.

    Avez-vous le logi­ciel super indis­pen­sable mais inutile ?

    Soyons fous, on va payer le même prix qu’a­vec support physique. On aura le support physique en moins, des fichiers de moins bonne qualité que ce qu’on aurait extrait nous, mais au moins ça va être simple et rapide. On est dimanche, le confort se monnaye, on achète.

    Aie, Amazon impose le télé­char­ge­ment d’un logi­ciel Windows pour télé­char­ger la douzaine de fichiers mp3. C’est quand même étrange qu’ils ne soient pas capables de nous les propo­ser direc­te­ment dans le navi­ga­teur ou via une simple archive zip.

    On télé­charge, ça remet le panier à zéro, on ne sait pas pourquoi. C’est juste agaçant. On ajoute de nouveau au panier, on n’a pas fait tout ce chemin juste pour rien quand même. On achète, soyons fous.

    Oui, mais au moins c’est plus rapide et plus pratique avecle logi­ciel (ben tiens…)

    Le logi­ciel est-il vrai­ment fait pour nous simpli­fier la vie ? À l’achat le navi­ga­teur télé­charge auto­ma­tique­ment un petit fichier avec une exten­sion bizarre et voilà. Oui, nous travaillons ou avons travaillé tous les deux dans le web mais il a fallu véri­fié dans nos mails et reve­nir lire la page de confir­ma­tion du site d’Ama­zon pour nous rendre compte qu’il avait télé­chargé ce petit fichier et qu’il fallait le lancer à l’aide du super outil de télé­char­ge­ment installé aupa­ra­vant. C’est peut être que c’est dimanche, mais je ne peux pas croire qu’on vient de simpli­fier la vie du client.

    Télé­char­geons alors. Au bout de 35 minutes le télé­char­ge­ment en est à un tiers. Aux deux tiers le logi­ciel semblait bloqué, il a fallu lui dire d’ar­rê­ter puis reprendre les télé­char­ge­ments pour qu’il veuille bien conti­nuer. J’ai télé­chargé des DVD complets de distri­bu­tion linux plus vite que ça. Voilà pour les côtés pratiques et rapides.

    Factuel­le­ment j’au­rai plus vite fait de faire 30 minutes de métro pour aller à la FNAC des Champs Élysées ouverte le dimanche, cher­cher le CD, faire la queue pour payer, reve­nir et extraire les pistes audio en mp3. Je ne parle même pas de l’idée d’al­ler trou­ver une version pira­tée sur Inter­net.

    Oui, mais au moins c’est mieux fait qu’à la maison

    Il faut quand même poin­ter le posi­tif. Cette fois ci on a des fichiers globa­le­ment de bonne qualité, avec l’illus­tra­tion inté­grée dans les pistes, et les méta-données prin­ci­pales déjà rensei­gnées.

    Pas de quoi pavoi­ser tout de même : Pour des versions four­nies par la maison de disque ils auraient pu faire l’ef­fort de mettre la date de la piste et non la date de l’al­bum, de rensei­gner aussi le compo­si­teur et les autres méta-données de détail, mais c’est déjà ça.

    Ouvrir une offre légale

    Nous sommes dans la mauvaise blague depuis le début. Il a fallu presque deux heures, une expé­rience désas­treuse et un prix injus­ti­fié pour télé­char­ger un pauvre album léga­le­ment.

    Sérieu­se­ment, ce qui pose problème ce n’est pas tant la dispo­ni­bi­lité de l’offre légale ou la volonté de payer, c’est vrai­ment la façon dont toute l’in­dus­trie musi­cale aborde le déma­té­ria­lisé.

    Devoir subit un parcours du combat­tant, utili­ser un logi­ciel spécial, payer plus cher qu’un CD et mettre plus d’une heure trente pour télé­char­ger un pauvre album, je n’en reviens pas. Dire qu’on subven­tionne de façon déli­rante tous les acteurs de ce cirque qui osent après consi­dé­rer que c’est la faute des méchants pirates si leur offre légale fonc­tionne mal…