Commençons par ce qui fait débat : Je n’ai pas d’élément permettant d’affirmer ou d’infirmer l’impact sur la santé de la proximité des antennes relais. Mieux, si ces craintes me semblent crédibles je ne veux pas céder à un « principe de précaution » exagérément large.
Par contre, sauf à vouloir interdire tout réseau sans fil de taille conséquente, je me désole à chaque fois que j’entends un groupe qui fait échec à une antenne.
Multiplier les antennes
Si je me place uniquement du point de vue de l’intensité des ondes et de leur risque pour la santé, la meilleure chose à faire c’est au contraire de multiplier les antennes.
L’exercice est très simple : Prenez une feuille quadrillée et tracez y la forme géométrique de votre choix en suivant les lignes. Cette forme représente votre territoire. Personnellement je jouerai avec un carré de 20×20, parce que c’est plus simple à retranscrire ici.
Nous allons y placer des antennes et indiquer dans chaque case la force des ondes qui la traverse. Arbitrairement nous fixerons que la réception décroit de 1 par case, et que en dessous de 4 j’ai une zone blanche, avec une réception trop mauvaise pour être acceptable.
Pour commencer placer une antenne, où vous voulez, de la force que vous voulez, de façon à couvrir tout votre territoire. Dans ma grille mon antenne doit avoir une force de 24 pour tout couvrir ; les forces moyennes et médianes sont de 14, ce qui est assez élevé ; et seul 15% de mon territoire a une force inférieure à 10.
Tentez maintenant le même exercice avec quatre antennes. Mes antennes ont désormais une puissance maximale de 14, c’était la moyenne précédente ; cette médiane est désormais en dessous de 10 et c’est donc 50% de mon territoire qui a une puissance raisonnable.
Si on avance encore à 16 antennes ma puissance maximale est de 8 et la moyenne descend à 6. Plus on avance et plus la force de tout mon territoire tendra à être homogène et se rapprochera du seuil de couverture avec une puissance de 4. C’est un aperçu de ce que donnerait un territoire où chacun aurait sa propre antenne personnelle.
Loi en carré inverse
Notre première simulation est très optimiste par certains aspects parce qu’en réalité l’intensité évolue en carré inverse de la distance. Ça veut dire que quand on multiplie par deux la distance à l’antenne, l’intensité du rayonnement est divisée par quatre.
Je vous propose de refaire nos exercices précédents avec cette règle. Vous allez voire qu’on se retrouve vite avec des chiffres fantastiques dès qu’on est obligés de placer une antenne un peu loin. Dans ces conditions placer une seule antenne ou même seulement quatre devient quasi suicidaire si on croit à la nocivité des ondes.
La moindre antenne en moins c’est une puissance décuplée sur toutes les antennes à côté. Sauf à croire que vous serez toujours en extrémité des couverture, vous avez même potentiellement intérêt à avoir une nouvelle antenne relai chez vous plutôt qu’une super antenne légèrement plus loin.
Autant vous dire qu’avec ces règles, une femtocell chez vous a une intensité totalement insignifiante par rapport aux antennes relais globales, parce qu’elle a une portée qui se limite à quelques mètres. Par contre le moindre espoir d’utiliser moins l’antenne générale implique un gain qui fait passer l’intensité de la femtocell pour un verre d’eau dans l’océan.
Du téléphone portable
Amusons-nous encore plus. Justement à cause de cette relation entre l’intensité du rayonnement et la distance, le signal de votre téléphone portable en communication contre votre oreille est bien plus problématique que tout ce que vous recevez de l’antenne relai.
Cela veut bêtement dire qu’encore une fois, tant qu’elle n’est pas dans votre baignoire, ajouter une antenne relai proche de chez vous tend plutôt à faire baisser les risques liés aux ondes. Votre téléphone aura besoin d’émettre bien moins fort pour rejoindre cette antenne, et c’est surtout ça qui importe pour les risques sanitaires.
Plus pragmatique, utiliser un kit main-libre filaire, avec le téléphone accroché à votre ceinture relié à un écouteur-micro, vous épargnera bien plus que toute réflexion sur le positionnement des antennes relai.
En s’approchant de la réalité
Certes, la réalité est plus complexe. Il faut jouer sur les fréquences pour que les signaux ne se recouvrent pas, composer avec le rayonnement des antennes qui est sous forme d’oreilles de Mickey voire directionnel et pas forcément uniforme. C’est un travail difficile qui explique que la couverture puisse sembler aléatoire ou imparfaite à certains endroits.
Certes aussi, chacun préfère les voir chez son voisin proche que sur son propre toit. Cependant, dans tous les cas, multiplier les antennes permet d’en diminuer les puissances et globalement d’assurer une meilleure couverture pour moins de pression électromagnétique.
Nos opérateurs ont trop voulu économiser sur les coûts et garder un réseau finalement assez faible en antennes. Les voilà pris à leur propre jeu désormais quand les associations locales veulent faire tomber les antennes ou bloquent les nouveaux projets : Non seulement on arrive à saturation mais pour couvrir tout le monde on s’oblige à utiliser des intensités qui renforcent les anti-ondes.
De la dangerosité de tout cela
Rien ici n’affirme que ce niveau d’onde est dangereux, ou au contraire insensible. Je peux comprendre qu’on refuse d’avoir des antennes dans les crèches, ou au dessus des endroits les plus fragiles. Par contre, partout ailleurs, pitié, encouragez plutôt les antennes, ou alors soyez cohérents et militez pour l’extinction totale des ondes radio.
Entre temps, imposer donner de la publicité aux puissances émises par les téléphones portables et militer pour les kits main-libre filaires a bien plus d’impact. C’est justement ce qu’a imposé notre gouvernement et je ne peux que m’en féliciter.
De ce qu’il est possible de faire
Un seuil à 6 voire 0,6 V/m pour la puissance des antennes est tout à fait envisageable – et c’est d’ailleurs fait dans d’autres régions en Europe – à condition de densifier le réseau. Cela impose de réels investissements aux opérateurs mais ils s’y retrouveront en ayant un réseau qui supportera bien plus de trafic. Ils affirment que la saturation du réseau actuel est leur problème majeur, donnons leur des armes pour le résoudre.
Cela impose aussi une compréhension des anti-ondes pour bloquer les antennes de forte puissance mais aussi pour faciliter l’implantation de celles à faible puissance. Cela implique de passer d’un débat passionnel qui rassemble facilement les foules à un débat technique auquel personne ne pige rien. Difficile, surtout que certains risques de perdre la face quand on se rendra compte qu’ils ont milité à l’inverse de leurs intérêts.
Tout cela demande un cadre réglementaire audacieux et volonté politique forte. Autant dire que je ne retiens pas mon souffle. Entre temps on a un joli jeu perdant-perdant, avec des puissances de 8 à 80 fois celles que je viens de citer.
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