100 livres, 99 centimes l’un, c’est l’offre des éditions Bragelonne de ce premier avril. Même si on est à des années lumières de certaines autres maisons, ce n’était pas un poisson d’avril. Et pour répondre rapidement : non, ce n’étaient pas des nouvelles, des livres autoédités sans filtrage ou des rebus. On parle de romans on ne peut plus classiques, dont quelques uns que je connaissais déjà. Oh, et c’était sans DRM bien entendu.
J’aimerai bien savoir sous quel angle Bragelonne a fait cette opération (si vous passez, n’hésitez pas à commenter) mais je n’y vois pas une simple opération commerciale. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ePagine a tenu à étiqueter ça « vente flash ». Ça donne l’impression d’une vente au baratin pour un baril de lessive dans un supermarché.
Pour moi le moteur de cette offre, c’est surtout l’aspect découverte. On le voit d’ailleurs au fait que pour les livres en série, parfois seul le ou les premiers tomes font partie de l’opération.
Découvrir
À 99 centimes je n’ai quasiment aucun risque. Je peux m’acheter deux poches à 8 euros ou un grand format à 16 euro, mais ça risque de ne pas me plaire, malgré les conseils du libraire. Au mieux j’achèterai l’éventuelle suite, mais ça s’arrête là.
Ici pour le même prix je vais « essayer ». Je peux prendre 16 livres au même prix, et risquer que seuls deux me plaisent, ça sera toujours mieux que la situation précédente. Au pire j’en ai une douzaine qui me plaisent, je tombe amoureux de Bragelonne et j’achète toutes les suites.
Personnellement j’ai doublé ce montant. Je sais qu’avec 32 livres, certains finiront sans être ouverts, parce que je ne me suis jamais trouvé dans l’humeur adéquate. D’autres je les refermerai rapidement parce qu’ils ne m’auront pas plus, là où je me serai peut être forcé à finir un grand format payé au prix fort. Mais sur 32 j’en lirai jusqu’au bout certains que je n’aurai pas tenté de moi-même.
J’aurai découvert plus loin que mon univers habituel, des livres que je n’aurai pas acheté ou lu sinon. Seule la bibliothèque m’offrait cette possibilité jusqu’à présent, mais sans rien en numérique.
Opportunité contre manque à gagner
C’est là que se situe à mon humble avis le décalage entre les éditeurs ayant compris le numérique et les autres. Les premiers ont intégré le fait que faire acheter à 99 centimes un livre qui n’aurait pas été vendu sinon sera toujours une opportunité positive. Les autres n’y verront qu’un manque à gagner.
Ce décalage se voit aussi sur la DRM. Vaut-il mieux perdre des ventes ou s’interdire d’en gagner en mettant une DRM, ou risquer que le livre soit lu par des gens qui ne payent pas ? Je ne dis pas que la question est simple pour un éditeur, mais elle montre des approches très différentes de la relation au lecteur et de la gestion des droits.
En réalité, eu importe que j’aie eu accès à 35 livres pour le prix de 3 ou 4. L’important est qu’au final j’ai acheté pour autant ou plus que je ne l’aurai fait sinon, et que je suis incité à revenir.
Hadrien de Feedbooks a donné une première réponse en révélant que beaucoup d’acheteurs sur cette offre étaient des nouveaux venus dans sa librairie numérique. Rien que cette donnée montre que l’offre était une bonne idée. La grande question sera de voir si ces lecteurs reviennent mais, au pire, comme ces gens ne seraient pas venus sinon : Bragelonne et ses auteurs n’auront rien perdu.
Un autre indicateur à surveiller est le panier moyen. J’aimerai bien savoir si les anciens clients sont venus acheter juste un ou deux livres – ce qui tendrait à penser qu’ils ont remplacé un achat standard – ou s’ils ont eu un panier de montant équivalent ou supérieur à leurs habitudes – ce qui tendrait à penser qu’ils sont en découverte et que l’offre n’aura probablement pas créé de véritable manque à gagner. Si quelqu’un a des informations là dessus …
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