Auteur/autrice : Éric

  • Tous ces délits jugés moins graves que le partage de la culture

    La liste n’est pas neuve mais elle est éclai­rante. Nous saurons que nous aurons avancé dans la ques­tion des droits d’au­teurs quand la répres­sion ne sera plus dispro­por­tion­née.

    Tous ces délits jugés moins graves que le partage de la culture

    Côté échelle pénale, parta­ger le dernier tube à la mode c’est aussi grave que l’éva­sion d’un détenu, l’as­sis­tance à l’eu­gé­nisme, le vol, ou l’ex­pé­ri­men­ta­tion biomé­di­cale à l’insu d’au­trui. Plus marrant, vous risquez moins à expo­ser autrui à un risque immé­diat de mort par une viola­tion déli­béré d’une obli­ga­tion de sécu­rité, à harce­ler sexuel­le­ment, ou à faire des propo­si­tions sexuels à un mineur de moins de 15 ans par voie élec­tro­nique. Côté civil si vous avez partagé un bon giga-octet de chan­sons, l’ac­cu­sa­tion parle en millions dans certains pays.

    Bien entendu il s’agit de maxi­mums, proba­ble­ment pas perti­nents et non utili­sés. Ces maxi­mums sont utiles car on fait entrer la contre­façon indus­trielle dans la même caté­go­rie. Mais même dit comme ça, ce sont aussi des maxi­mums pour les autres délits. Le pire harcè­le­ment sexuel imagi­nable vous fait risquer trois fois moins que parta­ger des oeuvres sous droit d’au­teur.

    A quand la révi­sion de l’échelle pénale ?

     

  • Tor Books goes comple­tely DRM-free

    Ce n’est que le début, ça mettra encore long­temps, mais c’est bien le début. Des éditeurs sérieux commencent à aban­don­ner les DRM sur les livres numé­riques. D’autres suivront, c’est inévi­table et même les soutiens des DRM s’ac­cordent sur ce point. La seule ques­tion c’est quand.

    Un grand éditeur améri­cain, Tor, filiale de Mcmil­lan, vient d’aban­don­ner pure­ment et simple­ment les DRM sur ses livres numé­riques. Il s’agit d’un éditeur de science fiction, mais pas d’un éditeur négli­geable. Tor Books goes comple­tely DRM-free.

    “Our authors and readers have been asking for this for a long time,” said president and publi­sher Tom Doherty. “They’re a tech­ni­cally sophis­ti­ca­ted bunch, and DRM is a constant annoyance to them. It prevents them from using legi­ti­ma­tely-purcha­sed e-books in perfectly legal ways, like moving them from one kind of e-reader to another.”

    En France Brage­lonne est bien en avance, puisqu’ils sont déjà sans DRM. Ce ne sont pas les seuls. Même dans les diffu­seurs français plus histo­riques comme EDEN, c’est pas moins de 36 éditeurs qui proposent désor­mais leurs livres sans DRM. Les éditions La Musar­dine viennent d’ailleurs de les rejoindre.

  • Le maire refuse des enfants étran­gers, les parents d’élèves sont rassu­rés

    Des enfants qui n’ont rien demandé et qui ne sont coupables de rien sont lais­sés à la rue. Leur unique faute est d’avoir des parents nés dans un pays en guerre, qui demandent asile en France pour proté­ger leur famille et fuir la guerre.

    Ces enfants sont inter­dits de scola­rité. Non seule­ment ils doivent fuir leur pays, affron­ter la misère, chan­ger de langue, s’in­té­grer, mais en plus on se débrouille pour qu’ils n’aient pas les armes pour s’in­té­grer, apprendre la langue, rece­voir une éduca­tion et parti­ci­per à la société, plus tard travailler et payer des impôts. Non, on les laisse à la rue, parce que vous compre­nez, sinon « ils baissent le niveau de la classe ».

    Peu importe qu’on gâche des vies inno­centes, au moins nos enfants n’au­ront pas eu à vivre quelques mois de frater­nité et d’entre-aide, avec poten­tiel­le­ment (mais ça reste à prou­ver) un temps à l’école centré sur le partage et pas unique­ment sur l’ap­pren­tis­sage (si vous croyez que le CP c’est du bour­rage de crâne, discu­tez avec un ensei­gnant, vous vous trom­pez lour­de­ment).

    Voici la réflexion que je lis quand on me dit que le maire refuse des enfants étran­gers, les parents d’élèves sont rassu­rés.

    Déci­dé­ment, je comprends de moins en moins mes compa­triotes. Mes valeurs ne sont pas celles ci. Nous sommes dans la xéno­pho­bie la plus pure et même ces histoires de niveau scolaire ne sont qu’un prétexte. Le même quand on dit que les phares cassés et la pros­ti­tu­tion sont la faute des étran­gers.

    Il est vrai­ment temps de chan­ger. Dans notre devise il y a frater­nité, pas fron­tière.

  • Rame­ner le droit d’au­teur de 70 à 20 ans

    Pour le type de créa­tion qui est le plus proche de ta sensi­bi­lité, tu trouves raison­nable qu’il béné­fi­cie d’une protec­tion plus longue que tous les autres.

    […]

    Un projet doit s’au­to­fi­nan­cer et déga­ger des béné­fices dans l’an­née ou les suivantes, autre­ment c’est un échec. La faible proba­bi­lité que le projet que vous avez financé se révèle indé­mo­dable et conti­nue de géné­rer des profits pendant des décen­nies est une chance pour l’in­ves­tis­seur, mais ça n’a pas sa place dans dans un projet de déve­lop­pe­ment sérieux.

    […]

    L’im­por­tant c’est de se débar­ras­ser des durées de protec­tion actuelles d’une vie ou plus. Ces longues périodes sont clai­re­ment néfastes pour la société, puisqu’elles gardent la plupart de notre héri­tage cultu­rel commun bloqué même long­temps après que la majo­rité des produc­tions aient perdu toute valeur commer­ciale pour les ayants droits. C’est une perte sèche écono­mique­ment parlant, et un scan­dale cultu­rel­le­ment parlant.

    L’ar­gu­ment prin­ci­pal est qu’en cas de réus­site, la renta­bi­lité ne demande pas plus de quelques années. En cas d’échec ce n’est pas avoir un droit d’au­teur à vie qui chan­gera fonda­men­ta­le­ment la renta­bi­lité. Tous ceux qui tablent sur un inves­tis­se­ment finan­cier de la créa­tion tablent de toutes façons sur une renta­bi­lité très courte.

    Personne ne calcule cette renta­bi­lité sur 170 ans. Parfois c’est une bonne surprise mais ce n’est pas cela qui incite à l’in­ves­tis­se­ment, et la balance entre le béné­fice et les contraintes que ça apporte à la société sont large­ment favo­rables.

    Défi­nir une durée arbi­traire a peu de sens mais il faudrait comp­ter sur quelques années, pas sur quelques dizaines. Je remarque que leur réflexion est la même que la mienne il y a quelques temps : faire un compro­mis prag­ma­tique en prévoyant large.

    Rame­ner le droit d’au­teur de 70 à 20 ans ? pourquoi pas. Ça suffit à payer la créa­tion, et c’est un équi­libre qui pour­rait être une base accep­table, à défaut d’af­fir­mer que c’est la base idéale.

    Et vous ? quelle durée pour le droit d’au­teur ? (nous parlons bien entendu de la partie patri­mo­niale)

  • Worried about online porn? Don’t regu­late the net – regu­late your kids

    Je n’ai jamais envi­sagé ça ainsi, mais ça prend vite du sens : Le problème avec le Porno c’est qu’on essaye de régu­ler le réseau au lieu de régu­ler les enfants voire les parents.

    Fran­che­ment, est-il sain de brider, surveiller, et modi­fier la nature même du réseau et de ce qu’il peut appor­ter unique­ment pour permettre à des parents d’aban­don­ner leur surveillance et de lais­ser l’ou­til dans les mains de leurs enfants sans avoir à opérer leur rôle ?

    Worried about online porn? Don’t regu­late the net – regu­late your kids

    Jusqu’à présent j’ai toujours consi­déré que le risque était celui d’une domi­na­tion de l’ordre moral mais cela pour­rait être encore plus idiot : Sommes-nous en train de casser ces superbes outils que sont Inter­net et le web juste pour donner un peu plus de confort à quelques uns ?

  • More Than 55,000 Twit­ter Account User­names & Pass­words Are Hacked And Leaked

    Quand on trouve un article annonçant 55 000 mots de passe de comptes révé­lés au grand jour, je ne me plains pas de la sécu­rité des mots de passe ou de celle du service. Dans la liste on trouve des mots de passe complexes, et rien ne permet d’af­fir­mer qu’il y a eu une négli­gence coupable de la part de twit­ter.

    More Than 55,000 Twit­ter Account User­names & Pass­words Are Hacked And Leaked

    C’est bien joli d’in­ci­ter les gens à utili­ser un mot de passe diffé­rent par service, à ne pas les sauve­gar­der, d’en utili­ser des complexes et en plus de les chan­ger souvent, mais c’est propre­ment irréa­liste

    La solu­tion on la trouve dans WebID, dans Brow­serID, ou même pourquoi pas dans OpenID, malgré tout les défauts liés à ce dernier. Et si on s’y mettait ?

    Ce n’est pas si complexe que ça. Il suffi­rait d’un mouve­ment de la part de la commu­nauté pour avoir des outils simples, ergo­no­miques et utili­sables. La base tech­nique est là.

  • Pour une éduca­tion numé­rique

    L’ar­ticle de Slate ne va pas loin (oui, je sais, cette phrase est un lieu commun) mais le fond me semble des plus impor­tants. Apprendre à program­mer, sera aussi essen­tiel pour l’au­to­no­mie et pour progres­ser demain que ça ne l’écri­ture, la lecture et les mathé­ma­tiques de base pour nos parents ou grands parents.

    Ceux qui savent program­mer seront indé­pen­dants pour réali­ser toutes leurs tâches quoti­diennes. Tout ce qu’ils feront, person­nel­le­ment et profes­sion­nel­le­ment sera numé­rique. Les feuilles de calcul, les tableaux de données et les fichiers texte seront leur lot quoti­dien. Pouvoir faire quelques lignes de code pour extraire leurs infor­ma­tions, auto­ma­ti­ser des trai­te­ments, ou simple­ment manier comme ils souhaitent la profu­sion de données auxquelles ils doivent faire fasse, c’est essen­tiel.

    Nous n’en sommes qu’aux prémisses et pour­tant, comme beau­coup d’in­for­ma­ti­ciens, je me demande régu­liè­re­ment comment font les gens « normaux » pour être auto­nomes sur leurs petites tâches quoti­diennes. Certaines choses sont simple­ment faites en plus de temps, d’autres sont lais­sées pour compte. Aujourd’­hui ces échecs quoti­diens ne provoque pas encore de frus­tra­tion car l’usage de la program­ma­tion n’est même pas envi­sagé ; l’aide d’un infor­ma­ti­cien est vue comme une baguette magique. Demain, avec le tout numé­rique, personne ne sera dupe.

    Mieux, la program­ma­tion leur permet­tra aussi de créer, de ne pas se satis­faire de ce qui existe déjà, de parti­ci­per à l’in­no­va­tion, et de simple­ment n’être limi­tés que par eux-même. N’est-ce pas ce qu’on souhaite pour nos géné­ra­tions futures ?

    Apprendre les rudi­ments de la program­ma­tion aux enfants peut paraitre exagéré mais l’objec­tif n’est pas d’en faire des déve­lop­peurs de métier, pas plus que mes parents n’ont souhai­tés me faire écri­vain ou mathé­ma­ti­cien.

    POURTANT ÇA EXISTait DÉJÀ

    À quel âge faut-il commen­cer ? dans quel cadre ? ce qui est certain c’est que l’ap­proche d’aujourd’­hui, apprendre à se servir de l’ou­til via des logi­ciels tout faits, ne peut que mener à une impasse.

    Je me rappelle que j’étais un privi­lé­gié à avoir gouté aux MO5 ou TO7, avec l’uti­li­sa­tion de Logo pour faire bouger une petite tortue à l’écran, en primaire, à l’école publique. J’ai l’im­pres­sion que ces initia­tives n’existent plus. On préfère faire des mises en gardes concer­nant Face­book, la propriété intel­lec­tuelle ou montrer comment se servir de MS Word à des élèves qui en maitrisent bien plus l’usage d’une façon que réprou­ve­rait n’im­porte quel infor­ma­ti­cien.

    À côté de ça le projet OLPC pour l’Afrique promeut l’usage de Python. Ça n’a l’air de rien, mais si cette tendance se confirme, nous vivrons au crochet de l’Afrique dans quelques géné­ra­tions, à moins qu’on ne conti­nue à les assujet­tir à l’aide des dettes et autres produits finan­ciers (et qu’on reste donc dans du perdant-perdant)

    Un plan numé­rique

    Le pire c’est que les lycéens voire collé­giens qui apprennent d’eux même à faire du PHP ce n’est pas rare. L’école les freine au lieu de les y inci­ter.

    C’est d’un vrai plan numé­rique dont nous avons besoin, un plan qui ne soit pas basé sur de l’équi­pe­ment en tablettes, sur l’usage de logi­ciels en tant qu’ou­tils bloqués, et à partir de profes­seurs qui ne gèrent aucu­ne­ment ces outils.

    Voilà quelques pistes :

    • Éveil à la program­ma­tion en primaire, appren­tis­sage sérieux au collège
    • Inté­gra­tion de la program­ma­tion comme outil au lycée pour toutes les disci­plines (trai­ter des données en histoire-géogra­phie, faire des analyses statis­tiques en français, mathé­ma­tiques, physique, etc.)
    • Utili­sa­tion de logi­ciels, langages et outils sous licence libre (c’est indis­pen­sable pour l’au­to­no­mie)
    • Encou­ra­ger la copie et le travail sur docu­ments, parce que dans un monde d’abon­dance d’in­for­ma­tion et de connais­sance, le tri, la réflexion et le trai­te­ment de l’in­for­ma­tion sont les réels enjeux
    • Dans le même esprit, favo­ri­ser et répandre les travaux et examens où l’ac­cès aux docu­ments est auto­risé voire encou­ragé, parce que ce qui est jugé ne doit pas être la capa­cité à apprendre par coeur et à rete­nir
  • Feds Seized Hip-Hop Site for a Year, Waiting for Proof of Infrin­ge­ment

    S’il fallait encore des exemples des dangers des filtrages et autres inter­rup­tions admi­nis­tra­tives de sites Inter­net, malgré la débacle austra­lienne, en voici un nouveau : Feds Seized Hip-Hop Site for a Year, Waiting for Proof of Infrin­ge­ment

    Un site mis hors ligne par déci­sion admi­nis­tra­tive sans mise en accu­sa­tion ni procès, pendant plus d’un an, sur demande non moti­vée d’en­tre­prises privées, puis retourné à son proprié­taire sans expli­ca­tion autre que l’ab­sence de charges.

    Sur un tout autre plan, le désor­mais célèbre megau­pload ne sera fina­le­ment pas mis en accu­sa­tion. Le site a été mis hors ligne, la boite a été tuée, les données légales et payées proba­ble­ment perdues, tout ça sur ordre des auto­ri­tés US et au final des juges améri­cains avouent qu’il n’y aura certai­ne­ment pas de procès car rien dans toute cette histoire n’est soumis à la loi US. Quoi qu’on pense du site en ques­tion, la possi­bi­lité de tels actes unila­té­raux et sans moti­va­tion judi­ciaire fait froid dans le dos.

  • Harvard and M.I.T. Team Up to Offer Free Online Courses

    Il y a beau­coup à faire avec nos outils de commu­ni­ca­tion. Réfor­mer l’édu­ca­tion à l’heure du numé­rique ce n’est pas four­nir un iPad ou un ultra­por­table à chaque élève. La nouvelle éduca­tion c’est profi­ter et se former à la profu­sion des conte­nus, au partage que le numé­rique permet, et se baser sur l’abon­dance plutôt que la rareté.

    Il y a beau­coup à faire, mais je regrette que des initia­tives comme celle de Harvard et du MIT ne soit pas plus fréquentes et mieux établies.

    L’enjeu des frais d’uni­ver­sité gratuits qui court aujourd’­hui au Québec est impor­tant, mais c’est déjà un combat d’ar­rière garde. Les États financent des cours et du maté­riel, si nous voulons qu’ils soient les plus utiles possibles, il faut les diffu­ser large­ment, gratui­te­ment, libre­ment, faire qu’ils puissent être enri­chis, réuti­li­sés, inté­grés à d’autres conte­nus.

    Je n’ai jamais compris que les cours de lycée et d’écoles supé­rieures publiques soient inter­dits de diffu­sion, que chaque profes­seur, pour­tant payé pour cela et guidé par des programmes offi­ciels, refasse sa sauce dans son coin en y appo­sant son droit d’au­teur pour en brider les usages. En école d’in­gé­nieur j’ai vu des profes­seurs refu­ser de diffu­ser leurs notes ou leurs poly­co­piés pour éviter que ces cours profitent à d’autres.

    Pour ça il faut une véri­table volonté de l’État, il faut chan­ger l’orien­ta­tion des univer­si­tés, les rebas­cu­ler vers la diffu­sion des connais­sances pour tous et moins sur le profit de quelques uns seule­ment. C’est du long terme, mais je suis abasourdi que des écoles US privées fassent ce choix (même limité) plus rapi­de­ment que nos univer­si­tés publiques à qui au contraire on vient de donner une indé­pen­dance et donc un besoin de renta­bi­lité : Harvard and M.I.T. Team Up to Offer Free Online Courses

  • Le scan­dale finan­cier du siècle

    On entend parler de prési­den­tielle, et de pas mal d’af­faires, mais quelqu’un a-t-il entendu parler d’un scan­dale finan­cier où des grandes banques inter­na­tio­nales se sont enten­dues pour des mani­pu­la­tions de cours et camou­fler leurs diffi­cul­tés ?

    Le scan­dale finan­cier du siècle, à lire en atten­dant une enquête ou des confir­ma­tions.