Auteur/autrice : Éric

  • Il ne peut y avoir de choix démo­cra­tique contre les trai­tés euro­péens

    Il ne peut y avoir de choix démo­cra­tique contre les trai­tés euro­péens.

    Jean Claude Juncker

    et

    Je deman­de­rai aux Grecs de voter oui, indé­pen­dam­ment de la ques­tion qui leur est posée […] voter oui parce que les Grecs fiers d’eux-mêmes et de leur pays doivent dire oui à l’Eu­rope

    Jean Claude Juncker

    …font un excellent résumé de la démo­cra­tie au sein de la commu­nauté euro­péenne. L’Eu­rope est en marche, il ne faut pas l’ar­rê­ter. Toute discus­sion ou tout « non » serait une entrave à de complexes compro­mis ou des avan­cées par ailleurs. Il faut voter oui, quoi qu’on vous pose comme ques­tion, sinon c’est que vous êtes contre l’Eu­rope. D’ailleurs même si vous le vouliez, vous avez signé des trai­tés donc vous n’avez pas le droit de voter contre l’Eu­rope, votez oui.

  • Je ne compte pas renon­cer au moindre de mes droits

    « Monsieur l’agent, si je suis placé en garde à vue ou retenu pour une véri­fi­ca­tion d’iden­tité ou toute autre raison, merci de me le dire et de m’ex­pliquer pourquoi. Si je suis libre de partir, merci de me le dire. Je souhaite exer­cer tous mes droits, y compris celui de garder le silence et mon droit à m’en­tre­te­nir avec un avocat avant de faire la moindre décla­ra­tion. Je ne compte pas renon­cer au moindre de mes droits. Je ne consens à aucune fouille ou perqui­si­tion. Je ne consens pas à vider mes poches ou ouvrir mon sac. Cela ne signi­fie pas que j’y cache quelque chose d’illi­cite. Cela signi­fie que si vous me le deman­dez, j’ai le droit de le refu­ser, et que j’exerce ce droit. Je ne consens à aucune audi­tion libre et souhaite repar­tir dès que possible. Je ne signe­rai aucun procès verbal puisque la loi ne m’oblige pas à le faire, pas plus qu’elle ne m’oblige à en donner les raisons. Je vous prie de ne pas me poser de ques­tions car je ne ferai aucune décla­ra­tion avant d’avoir parlé à un avocat, ce qui ne signi­fie pas que je m’en­gage à en faire après. Merci de respec­ter ces droits. »

    Maître Eolas

    Et je découvre, confirmé par sa réponse, que nous ne sommes pas obli­gés de prêter notre concours pour vider nos poches ou ouvrir nos sacs. Sa réponse laisse entendre que parfois ils peuvent le faire, mais que vous nous n’avons aucune obli­ga­tion de les y aider (ça parait mesquin, mais ça permet de faire la diffé­rence entre les cas où ça dépend de votre consen­te­ment et ceux où nous n’avons pas le choix).

  • Je paye beau­coup plus d’im­pôts depuis que je suis aux États-Unis

    La France est un para­dis fiscal. […] C’est rela­ti­ve­ment facile d’opé­rer une entre­prise en France […] Quand je suis arrivé aux États-Unis j’ai rencon­tré des diffi­cul­tés simi­laires [admi­nis­tra­tives] dans leur complexité. […] Je paye beau­coup plus d’im­pôts depuis que je suis aux États-Unis

    Un entre­pre­neur qui a fait les deux, qui dit que la tracas­se­rie admi­nis­tra­tive française est sur-évaluée, que les impôts sont en réalité plus forts aux États-Unis… ça change. Ajou­tez le coût de main d’œuvre dans les NTIC ou le coût des locaux dans la Sili­con Valley…

    Mais on préfère toujours de plaindre, ça donne des excuses, ça permet d’avoir un peu plus d’aides et de justi­fier quelques opéra­tions peu éthiques.


    Jérôme Lecat (Scality): « Vous ne vous rendez…

  • Préca­ri­sa­tion du modèle social… qui l’était déjà

    Quelqu’un peut-il m’ex­pliquer pourquoi dit-on qu’U­ber s’at­taque à la protec­tion sociale ?

    Certes, les chauf­feurs Uber (pop) sont des indé­pen­dants, à priori auto-entre­pre­neurs. Leur revenu dépend direc­te­ment des courses qu’ils font, sans mini­mum ni sécu­rité d’em­ploi. Uber se charge d’or­ga­ni­ser, acco­ler une marque et faire la mise en rela­tion, préle­vant son pour­cen­tage sans assu­mer les risques des travailleurs.

    Mais ne nous leur­rons pas. La majo­rité des taxis sont des arti­sans, à leur compte eux aussi. Leur revenu dépend direc­te­ment des courses qu’ils font, sans mini­mum ni sécu­rité d’em­ploi. Vous voyez le paral­lèle là ? Leur centrale se charge d’or­ga­ni­ser, acco­ler une marque et faire la mise en rela­tion, préle­vant son pour­cen­tage sans (pour les arti­sans indé­pen­dants) assu­mer les risques des travailleurs.

    Certains taxis, mino­ri­taires, sont sala­riés. Dans ce cas leur mini­mum est vrai­ment mini­mum et leur revenu réel dépend des courses (et certains ajou­te­ront : des courses non décla­rées). Vu que pour ceux là la licence appar­tient à la centrale, que sans ça ils ne peuvent simple­ment pas travailler, diffi­cile de dire qu’ils sont telle­ment moins précaires de toutes façons.

    Je crois même comprendre que certains cumulent : indé­pen­dants mais licence appar­ten­nant à la centrale. Des licences ça se paye, très cher, et ça existe en nombre restreint. Ceux là sont même plus précaires que les chauf­feurs Uber pop, tota­le­ment assujet­tis à leur centrale.

    Je ne dis pas que le modèle social ne pose pas problème, mais c’est fina­le­ment ce qui change le moins vis à vis des taxis. Taper sur Uber pour la préca­ri­sa­tion des emplois de taxi, c’est un peu se moquer du monde, ou alors il faut m’ex­pliquer.


    Et quand bien même, rien ne justi­fie les agres­sions physiques, les chasses à l’homme, ou le blocage des voies publiques. Ces faits là sont punis par de la prison, bien plus graves que l’exer­cice d’une profes­sion sans le bon papier admi­nis­tra­tif.

  • Ce n’est pas une ques­tion d’hu­mour

    Elle renverse son dessert sur sa jupe toute neuve. Hugo lui lance le désor­mais fameux « elle a la trem­blotte, c’est trem­blot­tine ! » avant que tout le monde n’en rie de bon cœur. Elle aussi. Pas de réelle méchan­ceté, juste de l’hu­mour, même si un peu bête.

    On parle de trem­blot­tine quand quelqu’un rate un jet évident au sport ou quand quelqu’un fait tomber quelque chose à terre. On en fait même des blagues, certaines assez drôles et bien pensées, d’autres basiques mais qui fonc­tionnent quand même.

    C’est de l’hu­mour, et personne ne cible vrai­ment Juliette, mais tout le monde fait quand même réfé­rence à elle.

    Au fur et à mesure c’est vécu comme du harcè­le­ment, même si personne n’a cette inten­tion. Elle ne peut plus échap­per à l’évo­ca­tion du person­nage qui a été créé à côté d’elle. La petite Juliette a bien tenté d’y mettre le holà mais elle s’est vite fait rétorquer que ce n’était que de l’hu­mour, qu’elle devait accep­ter le second degré.

    Depuis, les élèves ne la choi­sissent plus au sport pour consti­tuer les équipes. Même l’ins­ti­tu­trice et les parents ne font plus appel à elle quand ils ont besoin d’un volon­taire pour une tâche déli­cate. Elle n’est pas plus mauvaise qu’une autre en sport et est même plus atten­tion­née que la moyenne, tout le monde le recon­nait quand on le demande sérieu­se­ment, mais l’in­cons­cient joue à plein.

    L’an­née dernière elle a perdu tous ses moyens sur une tâche d’adresse à réali­ser devant une foule, parce qu’elle s’est mis une pres­sion forte à devoir prou­ver qu’elle n’était pas trem­blot­ti­ne… ce qui a juste­ment montré le contraire a ses cama­rades.

    Aujourd’­hui elle évite de se mettre dans une telle situa­tion. Même si elle sait que c’est juste une étiquette, elle a inté­gré qu’elle n’est peut être pas aussi adroite que les autres, qu’elle n’a pas forcé­ment matière à viser les travaux d’adresse. De toutes façons on ne lui donne­rait pas, pas sans qu’elle prouve deux fois plus que les autres qu’elle y a droit.

    Aujourd’­hui, non seule­ment elle n’est pas adroite, mais en plus elle manque d’hu­mour.


    Nous avons tous connue un ou une trem­blot­tine à l’école, ou quelle que soit la moque­rie en jeu. Certai­ne­ment plusieurs même. Nous ne faisons pour­tant pas mieux à l’âge adulte. Nous passons juste à une autre échelle, mieux accep­tée, moins person­nelle.

    * * *

    J’ai vécu des années sans comprendre, reje­tant ceux qui expliquaient jour après jour, parfois patiem­ment et poli­ment. Il est telle­ment facile de croire que ce sont les autres qui ne comprennent rien.

    Depuis que le cap de la compré­hen­sion est passé, j’ai beau­coup de compas­sion pour ceux qui conti­nuent, inlas­sa­ble­ment, à tenter d’ex­pliquer encore et toujours la même chose, avec patience. Merci à vous, fémi­nistes, d’avoir fait entrer ça dans ma caboche il y a quelques années, à force de répé­ti­tion et de calmes expli­ca­tions polies. Je ne sais pas si j’au­rais eu votre courage.

    * * *

    Est-ce de l’hu­mour, du second degré ? Peu importe. C’est une réponse à côté de la plaque. Personne n’est là pour juger si c’est drôle ou pas. Le problème c’est de renfor­cer toujours la même fausse image jusqu’à en faire un harcè­le­ment, même s’il est invo­lon­taire. Les dommages humains sont réels, et abso­lu­ment pas aussi légers que la bonne blague.

    On peut certes rire de tout, mais on a aussi une respon­sa­bi­lité quand on renforce encore et toujours les mêmes faux stéréo­types, quand outre l’hu­mour on contri­bue aussi au harcè­le­ment. L’im­pact est réel, concret, durable, bien plus que le sourire obtenu pendant 5 secondes.

    Il y en a aussi quelques uns sur les bruns et les hommes ? Possible, mais pas autant, et c’est surtout oublier que le même mot d’hu­mour n’a pas du tout la même portée et le même impact quand il s’ap­plique au domi­nant ou au dominé.

    Notre droit à rire de tout est-il vrai­ment plus impor­tant que leur droit à vivre sans harcè­le­ment, préjugé ou discri­mi­na­tion, quand bien même ce serait invo­lon­taire et incons­cient ? Fina­le­ment, c’est un peu ça la ques­tion.

    Si je ne rigole pas à ces blagues, si je soutiens l’agaçant person­nage qui parle de sexisme, si moi même je joue les rabats-joie, ce n’est pas une ques­tion d’hu­mour ou de second degré, c’est une ques­tion de société dans laquelle je souhaite vivre.

    * * *

    Je ne suis pas d’ac­cord avec tout, surtout sur les solu­tions à appor­ter. Je fais aussi mes erreurs, ai parfois des mots malve­nus. Je ne suis pas forcé­ment meilleur qu’un autre.

    Parfois je les regrette rapi­de­ment. Parfois je refuse de voir et d’en­tendre. Pouvoir être léger en restant aveugle au reste est telle­ment confor­ta­ble…, surtout quand on est soi-même bien à l’abri. Il m’ar­rive même proba­ble­ment de parfois reje­ter ceux qui me le font remarquer, ces gens patients et coura­geux. J’es­père juste que c’est de plus en plus rare.

    On ne sort simple­ment pas d’un claque­ment de doigts d’une ornière construite pendant des années. On y revient dès qu’on ne fait pas atten­tion. L’im­por­tant pour moi est déjà de cher­cher acti­ve­ment à en sortir.

    Je n’ai aucun dédain à casser le rire. S’il me manque trop souvent le courage de ne pas lais­ser faire, au risque de partir dans une trop longue embrouille, je n’ai au moins simple­ment aucune envie de parti­ci­per. Lais­sez-moi ça.

    J’ad­mire ceux qui réagissent et expliquent, de façon construc­tive polie et patiente, tout en sachant qu’ils vont quand même passer pour les casse-pieds de service, pour ne pas dire pire. Merci à eux. Merci à vous.

  • Budget de l’Edu­ca­tion natio­nale

    Parce qu’il est facile de rabâ­cher les mêmes intox sur nos dépenses publiques. Nous consa­crons peu à l’édu­ca­tion, moins que la plupart des pays, y compris ceux chez qui l’édu­ca­tion privée (donc non comp­ta­bi­li­sée ici) est plus impor­tante que chez nous.

    Facile de se moquer du recru­te­ment de fonc­tion­naires à l’édu­ca­tion natio­nale mais quand on regarde les chif­fres…

    La France avait, en 2011, le taux d’en­ca­dre­ment scolaire le plus faible de l’OCDE – même si elle a progressé depuis. Selon le dernier rapport de l’OCDE, sorti en 2014, en ce qui concerne le secon­daire, la France n’est plus dernière mais désor­mais pile dans la moyenne de l’OCDE, soit treize élèves par ensei­gnant.

    Mais surtout, nous inves­tis­sons au mauvais endroit :

    Plus en détail, la France inves­tit surtout dans le secon­daire. En termes d’argent public consa­cré aux collèges et lycées, elle est septième en Europe. Mais pour ce qui est du primaire et de l’en­sei­gne­ment supé­rieur, la France est en dessous de la moyenne euro­péenne, aux alen­tours de la 20e place dans les deux cas.

    Quand juste­ment on se plaint du niveau des élèves à l’en­trée au collè­ge… peut-être faudrait-il se poser des ques­tions et juste­ment augmen­ter les moyens humains.

    — Plus sur l’ar­ticle Desin­tox de Libé­ra­tion.

  • Algé­rie-France: Nouvel accord pour échan­ger les deux filles liées aux scan­dales des jupes

    Le 9 mai une étudiante en droit qui se rendait à un examen à l’uni­ver­sité d’Al­ger n’a pas pu rentrer. La raison du refus : une jupe trop courte.

    […] le ministre français des Affaires étran­gères, Laurent Fabius, et son homo­logue algé­rien, Ramtane Lamamra, ont signé un accord d’échange des deux filles à l’ori­gine des scan­dales de la jupe longue et de la jupe courte. La partie française s’est enga­gée à accueillir l’étu­diante algé­rienne sur son sol en ordon­nant qu’elle soit inscrite comme tel pendant deux ans avec option de natu­ra­li­sa­tion. La partie algé­rienne s’est proposé en contre­par­tie de rece­voir l’élève de 3e, qui jouit déjà de la natio­na­lité algé­rienne.

    Bien entendu, l’ar­ticle dont est tiré cette cita­tion est saty­rique, un peu à la manière de Le Gorafi. Il n’en reste que c’est une des meilleures illus­tra­tions du cynisme de notre posi­tion.

    Nous ne sommes plus un pays de liberté. Nous impo­sons nos vues, de la même manière que ceux que nous critiquons. Nous avons juste des vues diffé­rentes – pas meilleures.

  • Excep­tion au droit d’au­teur sur l’es­pace public

    Pour éviter des chan­ge­ments au droit d’au­teur qui n’iraient pas dans le sens d’un durcis­se­ment, dans un pays post-Char­lie, quoi de mieux que de se posi­tion­ner en défen­seur de la liberté d’ex­pres­sion ? Ça n’a rien à voir, effec­ti­ve­ment, mais ça frap­pera les esprits, et les média.

    Le message était bien passé chez les écri­vains. On voit désor­mais qu’il est bien passé chez les archi­tectes :

    Autre­ment dit, [Le droit de pano­rama est] d’une atteinte à la liberté d’ex­pres­sion puisque les œuvres créées pour­ront être pillées, déna­tu­rées et par là même provoquer un appau­vris­se­ment de la Culture en espace public.

    Péti­tion contre le droit de pano­rama

    Sérieu­se­ment, quelqu’un m’ex­plique en quoi avoir le droit de photo­gra­phier un monu­ment est atten­ta­toire à la liberté d’ex­pres­sion ? En quoi avoir le droit de le dessi­ner risque de le déna­tu­rer ? En quoi diffu­ser ces prises de vue appau­vrit la culture ?

    Parce que fina­le­ment j’au­rais tendance à dire que pouvoir utili­ser une image prise en espace publique ouvre des espaces pour la liberté d’ex­pres­sion et enri­chit la culture. Ques­tion de point de vue.

    Si les argu­ments en sont là, c’est qu’il n’y a vrai­ment plus aucune bonne raison de ne pas ouvrir un peu le droit d’au­teur. Pas n’im­porte comment, mais l’ou­vrir un peu là où c’est perti­nent.

  • Icon-font, hack ?

    Unicode intègre main­te­nant des picto­grammes depuis des années, et ça se renforce chaque version. Aujourd’­hui on doit dépas­ser les 1000 emoji, dont certains sont en réalité des modi­fi­ca­teurs. Avec la compo­si­tion ce sont des dizaines de milliers qui sont possibles. À cela il faut ajou­ter des milliers de symboles, de la flèche jusqu’à l’en­ve­loppe.

    Tout ça se retrouve ou se retrou­vera dans nos polices de carac­tères. C’est fait pour, à dessein.

    Dans Unicode, et donc dans nos polices de carac­tères se trouve aussi une plage de symboles dite « privée ». Elle est faite pour que vous y mettiez vos propres symboles, à vous, pour vos besoins. Tant qu’on reste là dedans, je ne vois pas trop pourquoi y ajou­ter un picto­gramme repré­sen­tant un panier d’achat serait plus ou moins un hack, une bidouille, que les emojis ou les symboles déjà présents.

    La seule diffé­rence est que vous êtes dans un espace privé donc que le sens de vos picto­gramme est inconnu des programmes qui les utili­se­ront. Bon, c’est prévu comme ça au départ aussi, à dessein, et c’est aussi vrai de n’im­porte quelle image sur une page web.

    Bref, les polices de carac­tères person­na­li­sées avec des picto­grammes, un hack ? ça se discute. Unique­ment si vous consi­dé­rez que les plages Unicode de symboles et autres emoji le sont aussi. Ça se discu­te…

  • Abon­ne­ment, et le solde ?

    La vente de livre neuf ne se fait pas à prix libre en France. La règle géné­rale est la suivante : « le prix de vente public du livre est fixé par l’édi­teur ». Ce prix peut varier dans le temps, peut varier pour des offres diffé­rentes (vente au chapitre, loca­tion, édition diffé­rente) mais pour un même produit vendu, le prix public sera le même partout, ni moins cher ni plus cher, fixé par l’édi­teur.

    Ça posait problème pour ceux qui voulaient inno­ver et propo­ser de l’abon­ne­ment. Par prin­cipe, le prix n’est plus fixé puisqu’il s’agit de répar­tir une somme parmi tous les éditeurs des livres lus. Certains lecteurs lisent beau­coup, d’autres moins, le résul­tat c’est que le prix pour un même contenu n’est plus fixé. Pire : Il dépend de l’usage du lecteur et de la poli­tique commer­ciale du reven­deur, plus de l’édi­teur. On renverse tota­le­ment l’es­prit de la loi.

    Il y a eu étude, proces­sus de média­tion. Il semble que les acteurs soient arri­vés à une solu­tion en accord avec le média­teur du gouver­ne­ment. Je suis plus qu’heu­reux : Ça va permettre d’in­no­ver, tester d’autres modèles. Ces acteurs qui ont tenté autre chose méritent de vivre l’aven­ture jusqu’au bout.

    Une solu­tion ?

    De ce que j’en lis un peu partout, la solu­tion a du sens : L’édi­teur fixe un prix spéci­fique à cet usage. Ici ce sera un prix à la page, poten­tiel­le­ment diffé­rent livre à livre (mais proba­ble­ment fixé de manière assez simple en fonc­tion de la date de première publi­ca­tion). Logique­ment, le reven­deur est donc obligé d’af­fi­cher ce prix à la page, et de mettre fin à l’illi­mité : Impos­sible de vous permettre de lire plus que ce que vous payez en abon­ne­ment sinon ça veut dire qu’on vous vend moins cher que le prix public fixé par l’édi­teur, ce qui est illé­gal.

    Natu­rel­le­ment cette limite sera très haute, donc ne devrait pas chan­ger réel­le­ment l’usage de ceux qui choi­sissent l’abon­ne­ment. Vis à vis du lecteur tout ça est virtuel (et c’est tant mieux).

    Bref, pourquoi pas. L’avan­tage très clai­re­ment visé par tout le monde est que ça va gêner Amazon, qui ne pourra pas chan­ger son offre spéci­fique­ment pour la France aussi faci­le­ment ou rapi­de­ment que ça. Ne nous leur­rons pas, c’était à priori l’in­ten­tion de toute la procé­dure dès le départ (la suite de la média­tion et la solu­tion d’aujourd’­hui ne sont là que pour intel­li­gem­ment éviter de faire couler deux ou trois jeunes acteurs français en victimes colla­té­rales). Au pire ça remet­tra le pouvoir un peu aux mains des éditeurs.

    Quid du solde inuti­lisé ?

    Il me reste deux inter­ro­ga­tions quand même :

    1. Si je ne lis que 500 pages à 1 centime la page (le prix est arbi­traire pour l’exemple), que mon abon­ne­ment est à 9,99€. Que me facture-t-on sur les 4,99€ restant ? À priori pas du livre (le prix est fixé, donc inter­dit de factu­rer la page plus cher que ce qu’a décidé l’édi­teur). Si on me facture un service géné­rique ça veut dire que chaque mois j’au­rais une part de service avec une TVA à 20% et une part de livre avec une TVA à 5.5%, diffé­rente à chaque fois. Oups. Je ne sais même pas s’il est possible de réali­ser un enga­ge­ment de ce type en abon­ne­ment.
    2. Si je ne lis que mes 500 pages à 1 centime la page, que mon abon­ne­ment est à 9,99€, serais-je auto­risé à lire 1500 pages le mois suivant ? Cela revien­drait à faire une moyenne sur la durée de l’abon­ne­ment, une sorte de « report des minutes » comme sur les télé­phones portables. Ce serait intel­li­gent mais si on m’a facturé le solde du mois précé­dent avec une TVA à 20%, ça va poser problème.

    À mes ques­tions un reven­deur me répond que le prix à la page est là pour les éditeurs au cata­logue, que pour le lecteur il s’agit d’illi­mité. Là je tique, car ce serait exac­te­ment l’op­posé de l’es­prit de la loi : prix fixe entre l’édi­teur et le reven­deur mais libre entre le reven­deur et le public.

    L’obli­ga­tion d’af­fi­chage du prix à la page impo­sée par le média­teur tend à me confir­mer que ma première inter­pré­ta­tion est la bonne : Il s’agit d’un prix public. Même si c’est masqué via un abon­ne­ment, c’est bien le prix que le lecteur paye réel­le­ment pour ce qu’il lit/achète.

    Quelqu’un a-t-il plus de détail, soit sur l’in­ten­tion du média­teur soit sur l’in­ter­pré­ta­tion des reven­deurs d’abon­ne­ment ?

    Ce que gagne l’édi­teur

    Je crains que ça ne règle fina­le­ment qu’un diffé­rent avec les éditeurs, que l’ac­cord soit très poli­tique, mais que fina­le­ment le texte de la loi ne soit toujours pas respecté (mais j’ai peut être manqué quelque chose).

    Le plus étrange dans tout ça c’est que j’ai l’im­pres­sion que ce sont les éditeurs qui vont y perdre alors que ce sont eux qui sont à l’ori­gine de la fronde : Si le lecteur consomme peu (ou en tout cas moins que le maxi­mum lié au prix public à la page), le reven­deur ne rever­sera que la partie du montant lié à ce qui a été utilisé (vu que prix fixe à la page), gardant le solde.

    Dans l’an­cien modèle c’était l’in­té­gra­lité de l’abon­ne­ment qui était reversé aux éditeurs (une fois retiré la marge du reven­deur), quelle que soit la consom­ma­tion. Dans le meilleur des cas ça revient au même, dans 99% de la réalité, ça sera moins.

    Amazon est mis hors course quelques mois car ne pouvant pas chan­ger son offre immé­dia­te­ment pour la France, mais dans l’his­toire j’ai l’im­pres­sion que ça ne va être inté­res­sant que pour le reven­deur d’abon­ne­ment.