Un bon moment de rigolade à ne pas louper pour ceux qui trainent dans l’innovation et les milieux entrepreneurs.
Catégorie : Politique et société
-
Face au chômage, faut-il encore baisser les charges des patrons?
Nous arriverons alors à un niveau de prélèvement au plus bas depuis au moins 20 ans, c’est presque du jamais-vu
Ce qui est certain c’est que le coût du travail seul ne suffit pas à changer quoi que ce soit à la situation sociale, d’autant que le tableau ci-dessus ne prend pas en compte la productivité de l’heure de travail : la France a une des meilleures des pays occidentaux.
Si l’entreprise n’a pas plus d’activité, pas plus de carnets de commande, alléger les cotisations sociales n’a pour seul effet que d’améliorer le résultat d’exploitation. Au final ça arrive dans les dividendes des actionnaires et les bonus des dirigeants, qui sont reversés dans le système financier et pas dans l’économie dite « réelle ».
Le pire c’est qu’à alléger les « charges », on diminue la perception des cotisations sociales. Deux solutions : Soit on diminue les dépenses, c’est à dire qu’on dégrade les garanties de santé, les aides au chômage, les montants des retraites, diminuant les conditions de vie des plus faibles déjà lourdement touchés par la crise… soit on augmente d’autres recettes, et si ce n’est pas pris aux entreprises c’est que ce sont les ménages qui payent, avec moins de revenu disponible ils consomment moins et alimentent un joli cercle pervers.
Mais le MEDEF préfère demander encore des allègements, sans rien promettre en face. C’est simplement plus rentable pour les affiliés à son syndicat. On arrête quand ?
-
L’économie mondiale fait le bonheur des 1%
En 2015, 62 personnes possédaient à elles seules les mêmes richesses que 3,5 milliards de personnes (soit la moitié la plus pauvre de l’humanité), contre 388 personnes en 2010
— Mediapart, qui se fait écho d’un rapport d’Oxfam
On peut critiquer à loisir les méthodes de calcul et les partis pris pour obtenir ce chiffres. Pourtant, même en admettant toutes les critiques associées, j’échoue à ne pas voir ici plus qu’un gigantesque échec : une réelle inhumanité.
Quant à ceux qui ne peuvent accepter de se voir dépeindre en riches dans le monde parce qu’ils ont parfois du mal à joindre les deux bouts – si vous me lisez, vous êtes riches par rapport à la population mondiale. Pensez que si votre fille joue avec une pièce de 50 cents, c’est ce qu’ont des millions de personnes pour vivre aujourd’hui : se loger, se laver, se nourrir, s’habiller, se soigner, se chauffer.
Remettons les choses à leur place. La réalité ce n’est pas la difficulté pour joindre les deux bouts, c’est le somalien qui meurt de faim dans le désert humain le plus total, ou même simplement le SDF en dessous de chez nous qui ne va pas tarder à mourir de froid.
L’objectif n’est pas de faire du misérabilisme, mais d’accepter de réfléchir à autre chose que nous-même.
Et pour ceux qui voudraient trouver plein d’explications tout en rejetant l’idée d’un accroissement dramatique des inégalités entre le 1% et les 99% restants, ce graphique montre tout :
-
À l’ombre du Mur, journal d’un inutile
Web-fiction exceptionnelle… et glaçante quand les premiers temps on retrouve les solutions que certains contemporains aimeraient appliquer, puis la novlangue digne de 1984 mais qui semble plus que crédible, qui semble réaliste aujourd’hui. La fin n’est plus que fiction, mais permet aussi de réfléchir.
Ça demande bien 20 minutes, avec le son, mais ne passez pas à côté.
-
Optus
Can I ask why Optus is advertising at casual mall in middle eastern language and not english?? This is an outrage, this is Australia not Syria. You are hypocrites, saying sorry for Paris etc etc but advertising for only Muslim to read.
C’est une seule grande image retraçant les réactions face à un panneau en arabe en Australie, les interpellations des gens et les réponses des relations publiques d’Optus.
C’est magnifique, et je trouve le community manager juste parfait. Je vous laisse découvrir au fur et à mesure des échanges de quoi on parle vraiment… et à quel point le racisme est désormais pleinement assumé et juste une attitude normale quand on est face à la langue arabe, aux pays arabes, ou à l’Islam. Toutes les digues ont sautées.
Malheureusement ce sont des captures d’écran, sans version texte. Si quelqu’un a le courage de faire une transcription pour ceux qui ont besoin du texte…
-
L’appel des patrons « pour un plan d’urgence audacieux pour l’emploi »
Nous demandons […] :
1. […] un plafonnement des indemnités prud’homales lié à l’ancienneté du salarié, et des motifs de rupture liés à […] la réalisation d’un projet.
2. Une exonération totale de cotisations sociales patronales durant deux ans pour toute nouvelle embauche dans les petites entreprises.
3. Une exonération sociale totale pour tout recours à un alternant (apprenti ou contrat de professionnalisation).
4. Des dispositions facilitant l’embauche de chômeurs de longue durée […] combinant formation et abondement par des aides sociales pour alléger le coût pour l’entreprise.
5. Une facilitation des nouvelles formes d’activité indépendante.
Pour faire court :
Au fond le Medef il est pret à embaucher s’il n’y a plus de charges sociales plus de CDI plus de prudhommes et des salaires payés par l’Etat
— j.daniel Flaysakier (@jdflaysakier) 10 Janvier 2016
Et si ça arrive ils ne font tout de même aucune promesse mais veulent bien apparaitre en sauveurs de la France. Au pire, si ça ne fonctionne pas et que ça vient juste alimenter la rémunération des dirigeants et actionnaires, comme sur les dizaines de milliards du pacte de solidarité, c’est qu’on ne sera pas allés assez loin.
-
Le baromètre des salaires 2015 dévoile ses résultats
Rien de très étonnant ni nouveau mais tout de même intéressant :
- une année d’expérience correspond en moyenne à 3 à 5% de salaire en plus
- la rémunération variable continue d’être assez rare dans nos métiers
- on recrute hommes et femmes globalement au même salaire mais les augmentations ne suivent pas le même rythme, pour arriver à 20% de différence dans la dernière tranche d’expérience
- les rémunérations en Île de France sont 20% plus hautes que dans le reste de la France.
Je comprends tout à fait l’origine de cette dernière donnée mais sa pertinence m’interroge.
Pourquoi l’entreprise dépenserait plus pour des informaticiens sur Paris plutôt qu’en région alors qu’ils vont produire la même chose ? Ou vu de l’autre côté, pourquoi paierait-on moins un informaticien hors Île de France alors qu’en plus les locaux et l’encadrement y coûtent moins cher pour l’entreprise ?
Si on considère que c’est uniquement l’entreprise qui est légitime à payer le moins possible, pourquoi donc est-ce qu’on continue à tout concentrer sur Paris ? Je ne vois pas la logique dans tout cela.
Des entreprises qui viennent de Paris et qui décident de migrer en région sans en changer les salaires risquent d’avoir un avantage compétitif significatif tout en descendant leurs coûts (pas sur le salaire, mais sur les locaux, les négociations annuelles, les coûts de recrutements…)
Attention quand vous faites des filtres assez sélectifs, la base de réponses reste assez limitée.
-
A propos des métiers à la con!
Mais plutôt que de permettre une réduction massive des heures de travail pour libérer la population mondiale afin qu’elle poursuive ses propres projets, plaisirs, visions et idées, nous avons pu observer le gonflement, non seulement des industries de “service”, mais aussi du secteur administratif, et la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou l’expansion sans précédent de secteurs comme le droit corporatiste, les administrations universitaires et de santé, les ressources humaines ou encore les relations publiques.
Et c’est logique. La plupart ne cherchant qu’à maximiser le profit. Si pour gagner un peu de marché et de rentabilité il suffit d’embaucher un responsable marketing… on le fait.
Si le voisin met 40€ d’investissement marketing et prend le marché, pour survivre il faut au moins mettre 20€. 50€ si on veut faire mieux. Bien entendu en jouant le jeu on participe à l’escalade.
Autant dire que les jobs qui ne contribuent pas vraiment à la production et à la vie de la société ne sont pas ammenés à diminuer. On s’amuse à la fois à tirer les coûts au minimum, en payant même des gens pour ça, tout en participant à la course à l’armement pour vendre et promouvoir ce qu’on produit. Quand on a plus de vendeurs et d’administratifs cumulés par rapport aux équipes de production, il y a un problème quelque part.
Si quelqu’un avait conçu un régime de travail visant à perpétuer le pouvoir du capital financier, il aurait été difficile de mieux faire. Les emplois réels, productifs, sont sans cesse écrasés et exploités. Le reste est divisé en deux groupes, entre la strate des sans-emplois, universellement vilipendés, et une strate plus vaste de gens payés pour, en gros, ne rien faire, dans une position conçue pour qu’ils s’identifient aux perspectives et aux sensibilités de la classe dirigeante (dirigeants, administrateurs, etc.) et particulièrement à ses avatars financiers, mais qui, en parallèle, produit un ressentiment envers tous ceux dont le travail possède une valeur sociale claire et indéniable. Manifestement, le système n’a jamais été consciemment conçu. Il a émergé d’un siècle, quasiment, de tentatives et d’échecs. C’est la seule explication qu’on puisse donner à la raison pour laquelle, malgré nos capacités technologiques, nous ne travaillons pas 3 à 4 heures par jour.
Une solution : Diminuer l’incitation à travailler, ou en changer la nécessité. Instaurer un revenu de base suffisant pour vivre correctement, puis arrêter la course à l’emploi et la culpabilisation qui va avec.
Oui, exactement l’opposé de ce que nous faisons avec de plus en plus de force depuis 20 ans.
-
Bernard Laponche : “Il y a une forte probabilité d’un accident nucléaire majeur en Europe”
il s’agit juste du « moyen le plus dangereux de faire bouillir de l’eau chaude » […] Un réacteur nucléaire n’est qu’une chaudière […]. Cette chaleur, sous forme de vapeur d’eau, entraîne une turbine qui produit de l’électricité. L’énergie nucléaire n’est donc pas ce truc miraculeux qui verrait l’électricité « sortir » du réacteur
[…] ce moyen de produire de l’eau chaude est-il acceptable ?Rien que ça en général frappe les esprits de ceux qui ne savent pas vraiment ce que c’est qu’une centrale. On enclenche une réaction difficile à contrôler et à grande inertie pour… chauffer de l’eau et faire l’équivalent d’une turbine à vapeur.
Vous avez beau multiplier [les dispositifs de sécurité], il y a toujours des situations dans lesquelles ces protections ne tiennent pas. A Tchernobyl, on a invoqué, à juste titre, un défaut du réacteur et une erreur d’expérimentation ; à Fukushima, l’inondation causée par le tsunami. Au Blayais, en Gironde, où la centrale a été inondée et où on a frôlé un accident majeur, on n’avait pas prévu la tempête de 1999. Mais on a vu des accidents sans tsunami ni inondation, comme à Three Mile Island, aux Etats-Unis, en 1979. On peut aussi imaginer, dans de nombreux pays, un conflit armé, un sabotage…
[…] Chaque pays assure que ses réacteurs sont mieux que les autres. Avant Fukushima, le discours des Japonais était le même que celui des Français. On en est déjà à cinq réacteurs détruits (Three Mile Island, Tchernobyl, et trois réacteurs à Fukushima) sur quatre cent cinquante réacteurs dans le monde, des centaines de kilomètres carrés inhabitables.
Je sens poindre ceux qui vont brandir les comparaisons de morts entre le charbon et le nucléaire. C’est un peu passer à côté de la notion de risque, et généralement ces chiffres ne sont pas mis en proportion avec la quantité d’énergie produite utilisable dans le réseau.
Oui, et comme on a fait trop de centrales nucléaires, il y a toujours eu pression pour la consommation d’électricité, et en particulier pour son usage le plus imbécile, le chauffage électrique, pour lequel la France est championne d’Europe.
[…] On construit des logements médiocres, l’installation de convecteurs ne coûte rien, cela crée du coup un problème de puissance électrique globale : en Europe, la différence entre la consommation moyenne et la pointe hivernale est due pour moitié à la France ! Résultat, l’hiver, nous devons acheter de l’électricité à l’Allemagne, qui produit cette électricité avec du charbon…
C’est de Bernard Laponche, Polytechnicien, physicien nucléaire, ancien du Commissariat à l’énergie atomique, qui a participé à l’élaboration des premières centrales françaises.
Les propos sont recueillis par Telerama. L’interview couvre plus que ces quelques citations.
Aucun progrès technologique majeur dans le nucléaire depuis sa naissance, dans les années 1940 et 1950. Les réacteurs actuels en France sont les moteurs des sous-marins atomiques américains des années 1950. […]
Sans céder dans le binaire pour ou contre, surtout par rapport à la recherche, au moins serait-il temps de remettre à plat notre politique, surtout que l’énergie nucléaire devient de plus en plus chère par rapport aux autres sources au fur et à mesure qu’on augmente la sécurité et que le défi de la déconstruction des centrales existantes s’avance.
-
The five big lies of the encryption debate
There’s just no reason to think that the FBI is having a harder time tracking criminal activity than it did 15 years ago.
[…] Fifteen years ago, it would have been unthinkable to order Microsoft to turn over a private file from a personal computer, or ask Verizon for a transcript of an unflagged phone call from three months earlier. But the shift to mobile has made those records seem much more accessible. Files are all in the cloud anyway, and texts are a lot easier to store than audio.
[…] Maybe you think the FBI should have access to all that data. […] If they have a warrant, it’s perfectly constitutional […] But the fact is, you’d be fighting for a massive expansion of surveillance power. Saying otherwise just starts the entire conversation out on a lie.
Histoire de remettre les choses d’aplomb pour ceux qui pensent que les nouvelles technologies rendent la vie plus difficile à la police et aux services de renseignement. Soyons sérieux de minutes, même sans penser à la NSA, il est évident que c’est tout le contraire qui se passe.
Tiens, Apple a même répondu récemment que non ils ne feraient rien pour affaiblir le chiffrement des iPhones, mais qu’ils étaient ouverts à divulguer ce qui est synchronisé sur leurs serveurs, c’est à dire par défaut à peu près tout ce dont on peut avoir besoin et même un peu plus.
Nous entrons dans un monde de surveillance non seulement parce que désormais tout est facilement accessible, mais aussi parce que l’État commence à trouver scandaleux que la moindre parcelle d’information lui échappe ou lui soit compliquée à recueillir.
J’ai regardé la série Narcos récemment, qui romance la lutte anti-drogue en Colombie dans les années 80. Intéressant de voir que pour tracer des communications il fallait un avion en survol qui intercepte les communications satellites et des équipes au sol pour trianguler. Même avec ça on n’avait pas l’identité du téléphone. Bien évidemment les carnets de notes étaient codés pour être indéchiffrables.
Aujourd’hui tout est identifié et la police peut intervenir directement sur la compagnie qui gère le flux satellite, ne parlons même pas des interceptions et géolocalisations en temps réel sur les réseaux mobiles terrestres. Le simple fait de pouvoir chiffrer ses données sur son smartphone devient illégitime pour l’État. Tout a bien changé.
There are real problems at the heart of this debate, fundamental questions of liberty and security and how technological progress can change that balance. There are questions about the deep state and how institutions like the FBI or NSA can be held accountable to the people they nominally serve. We have to come up with some sort of answer for these questions, and to do that, we need to be able to talk about what’s actually at stake. So far, we haven’t been able to.