Parce que parfois ça commence à souler cette façon de certains d’à tout prix vouloir culpabiliser et précariser les autres. Une vraie idéologie.
Catégorie : Politique et société
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Ça s’appelle un changement de régime
À ceux qui pensent que l’état d’urgence est un État de droit qui respecte le minima que sont les droits de l’Homme : notre gouvernement annonce formellement le contraire à la fois au Conseil de l’Europe et aux Nations Unies.
Aux deux institutions, nous avons fait jouer une clause notifiant que nous n’allons plus respecter la Convention européenne des droits de l’Homme et le Pacte international relatif aux droits civils.
Ceci est possible temporairement quand un danger immédiat menace respectivement la vie et l’existence de la nation. Sans nier la gravité des événements, peut-on raisonnablement penser que l’existence même de la nation est menacée ?
Si je devais être cynique, elle l’est, justement par ce que notre exécutif s’autorise.
Bien sûr ça inquiète les experts des Droits de l’Homme à l’ONU, comme à peu près toutes les institutions sérieuses sauf le gouvernement. Le président, lui, en est encore à annoncer que tout ça ne fait pas débat.
Un état d’urgence permanent qui ne gère plus l’urgence mais le quotidien, ça s’appelle un changement de régime. #jdcjdr
— Arnaud@Thurudev (@arnaud_thurudev) 22 Janvier 2016
Dans des entretiens à l’étrangers nos membres du gouvernements disent tranquillement que l’état d’urgence pourrait durer aussi longtemps qu’il y a du terrorisme dans le monde et que notre pays est impliqué dans des actions militaires extérieures. L’évocation d’une durée de 30 ans ne soulève aucune contradiction. Changement de régime…
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The Pencilsword: On a plate
Il a tourné 20 fois mais je le place là pour pouvoir y faire référence plus tard. Je doute que la petite bande dessinée convainque vraiment quiconque n’a pas déjà conscience du problème.
when [they] go on about « equality of opportunity, not equality of outcome, » they’re either blinded to the fact that equality of opportunity doesn’t exist
À ceux qui vont lire de travers : Il ne s’agit pas de dire que vous avez simplement eu de la chance et que tout vous est tombé dans le bec dès la naissance. Personne ne nie vos efforts ou votre mérite.
Il ne s’agit nullement de culpabiliser ceux sont arrivés en bas à gauche, uniquement de rappeler que ces efforts et ce mérite sont généralement démultipliés dans leur résultat par d’où vous venez, qui vous avez rencontré, et par un peu de chance au bon moment.
En face, et c’est toute l’histoire de la colonne de gauche, il y a des gens avec autant de mérite, qui font autant et parfois plus d’efforts, mais qui ont simplement eu une histoire différente.
La méritocratie et l’égalité des chances sont une vaste blague, voilà l’histoire.
Le fait même d’avoir été éduqué pour valoriser l’effort ou d’avoir eu quelqu’un pour dire un simple « vas-y » au bon moment vient aussi de ce qu’on a reçu. Même ça, tout le monde ne l’a pas eu.
L’oublier, le nier, c’est oublier toute une réalité. Il ne s’agit pas de culpabiliser qui que ce soit, juste de prendre conscience.
The concept of equality of opportunity is a farce. Of course there will be people who start in the right column and through hard work and some luck end up in the left. That’s not really the point.
[…]
I’m happy for you that your parents knew the value of education and hard work and instilled those values in you and your siblings. Many people are not so lucky in who they get as parents.
Et si vous avez l’impression que vous ne devez tout qu’à vous-même malgré l’adversité, que jamais vous n’avez eu personne pour vous donner quoi que ce soit, vous méritez peut-être encore plus que d’autres mais ça ne retire rien à ceux qui n’ont pas autant réussi malgré des situations qui semblent plus favorables. Souvenez-vous, on ne connait jamais toute l’histoire des autres.
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Il prie à l’hôpital et se fait interdire l’entrée : instant de vie d’un musulman ordinaire
[S]a maman, âgée de 74 ans, fait en octobre de cette année-là une rupture d’anévrisme.
Dans le coma, elle est prise en charge au centre hospitalier Sainte-Anne. Depuis le premier jour, Momo Roots force mon admiration. Il ne quitte jamais sa mère. Il dort dans sa voiture garée sur le parking de l’hôpital et passe toutes ses journées auprès d’elle. Des membres du personnel sont touchés par son comportement exemplaire. Mais Momo Roots agace aussi. Il s’inquiète pour la santé de sa maman, interroge beaucoup, interpelle parfois sur les traitements administrés ou des prises en charge thérapeutique qui, à ses yeux, semblent tarder à se mettre en place.
Assez vite, il a le sentiment que la psalmodie du Coran à mi-voix qu’il dispense à sa maman la soulage. À l’issue de deux mois de coma, elle reprend connaissance.
Une histoire heureuse, racontée par le Nouvel Obs, mais dans l’emballement actuel un musulman qui prie c’est forcément grave. Email interne à l’hôpital :
« Je pense qu’il faut intervenir de façon urgente et interdire l’accès à l’hôpital à cet individu. D’ailleurs, je l’ai vu dimanche soir prier à haute voix dans la chambre de sa mère à 21 h !!!!! Pas de laisser aller avec les terroristes qui qu’ils soient ! Courage pour l’équipe. »
Simple racisme et assimilation, mais il n’en faut pas plus :
Quelques jours avant Noël 2015, la sanction tombe : il n’est plus le bienvenu dans l’établissement. Ses visites sont limitées à deux heures par jour.
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Comment Halim A. a convaincu le Conseil d’État de suspendre son assignation à résidence
« Si les services de renseignement ont écrit tout ça, c’est que c’est vrai. Ils ne se lèvent pas le matin pour écrire de fausses notes blanches (…) Que faut-il attendre, un nouvel attentat ? »
Voici l’unique argument du représentant du ministère de l’intérieur, avec comme unique pièce une note blanche, c’est à dire document word de 5 lignes non circonstancié et sans auteur.
Et on demande à un juge de valider une privation de liberté à partir de ça, dans ce qu’on appelle un État de droit.
trois motifs avancés : repérages supposés autour du domicile de Riss, mise en cause dans une affaire de trafic de véhicules et appartenance présumée à la « mouvance islamiste radicale ».
[…] Le juge estime que […] « il rendait visite à sa mère, qui habite à proximité immédiate et ne prenait pas de photos mais utilisait son téléphone portable en mode haut-parleur », « aucun élément suffisamment circonstancié produit par le ministre de l’intérieur ne permet de justifier qu’il appartiendrait à la mouvance islamiste radicale » et, enfin, « en ce qui concerne l’affaire de trafic de véhicules, l’intéressé a, en réalité, été entendu comme simple témoin ».
Oui, vous avez bien lu. L’unique reproche est d’avoir tenu son téléphone dans une situation qui aurait pu prêter à confusion au mauvais endroit. Le reste a été ajouté ensuite pour charger le dossier, probablement à partir d’une simple recherche sans aucune vérification : musulman -> radical ; déjà cité dans une affaire (comme témoin) -> délinquant. Ça ne mange pas de pain.
Après presque dix semaines enfermé dans sa prison sans barreau de Vitry-sur-Seine et deux audiences éprouvantes […] Halim A. a « retrouvé confiance dans la justice ».
Le récit fait par Le Monde est assez effrayant. Dans la justice, peut-être, mais dans l’exécutif… moi ça me ferait peur. On parle de quelqu’un qui a été assigné à résidence pendant 10 semaines… deux mois et demi, sans investigation sérieuse (ou sur des éléments consciemment faux, ce qui serait pire), juste parce qu’on pouvait le faire et parce que la situation politique s’y prêtait.
Dans un autre article une autre citation fait réfléchir : « Assigné à résidence injustement, j’ai peur que de telles sentences ne sèment le ressentiment »
Demain, je retournerai à ma vie d’avant en espérant avoir, à ma modeste échelle, contribué à l’échange pour permettre le vivre-ensemble. Je ne demande pas plus. Aujourd’hui, je lance un cri citoyen. Que mon cas nous alerte sur les conséquences de décisions arbitraires, qu’il nous rappelle ce que nous voulons être et ceux contre lesquels nous devons vraiment nous battre. Montrons au reste du monde que nous sommes toujours debout et plus que jamais unis.
J’ai toujours cru que la France était le pays des libertés, et que la diversité en faisait la force. Pensons aux blessures que de telles décisions infligent, pensons à l’après-état d’urgence et à tout ce que nous devrons reconstruire. Lutter contre le terrorisme n’est pas tout, évitons de nous déshumaniser. Le terrorisme ne doit pas nous diviser, sauf à lui accorder la plus belle des victoires.
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How BuzzFeed News Used Betting Data To Investigate Match-Fixing In Tennis
I analyzed data from 26,000 professional matches from 2009 to 2015. […] Bettors seemed to be wagering money heavily against certain players. And then some of those players lost their matches far more often than their opening odds would have led anyone to expect. […] Through this analysis, I identified 15 players who lost heavy-betting matches startlingly often.
Je vous fiche mon billet que passé la période médiatique, la réaction concrète sera une diminution des données accessibles publiquement.
Diablement intéressant parce que les État s’engagent à peine dans l’Open Data, et uniquement avec des séries très agrégées. Quand les détails vont apparaitre, il va y avoir un petit vent de panique au fur et à mesure que certaines corrélations vont être découvertes.
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Clôture de TEDxParis 2015
Un bon moment de rigolade à ne pas louper pour ceux qui trainent dans l’innovation et les milieux entrepreneurs.
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Face au chômage, faut-il encore baisser les charges des patrons?
Nous arriverons alors à un niveau de prélèvement au plus bas depuis au moins 20 ans, c’est presque du jamais-vu
Ce qui est certain c’est que le coût du travail seul ne suffit pas à changer quoi que ce soit à la situation sociale, d’autant que le tableau ci-dessus ne prend pas en compte la productivité de l’heure de travail : la France a une des meilleures des pays occidentaux.
Si l’entreprise n’a pas plus d’activité, pas plus de carnets de commande, alléger les cotisations sociales n’a pour seul effet que d’améliorer le résultat d’exploitation. Au final ça arrive dans les dividendes des actionnaires et les bonus des dirigeants, qui sont reversés dans le système financier et pas dans l’économie dite « réelle ».
Le pire c’est qu’à alléger les « charges », on diminue la perception des cotisations sociales. Deux solutions : Soit on diminue les dépenses, c’est à dire qu’on dégrade les garanties de santé, les aides au chômage, les montants des retraites, diminuant les conditions de vie des plus faibles déjà lourdement touchés par la crise… soit on augmente d’autres recettes, et si ce n’est pas pris aux entreprises c’est que ce sont les ménages qui payent, avec moins de revenu disponible ils consomment moins et alimentent un joli cercle pervers.
Mais le MEDEF préfère demander encore des allègements, sans rien promettre en face. C’est simplement plus rentable pour les affiliés à son syndicat. On arrête quand ?
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L’économie mondiale fait le bonheur des 1%
En 2015, 62 personnes possédaient à elles seules les mêmes richesses que 3,5 milliards de personnes (soit la moitié la plus pauvre de l’humanité), contre 388 personnes en 2010
— Mediapart, qui se fait écho d’un rapport d’Oxfam
On peut critiquer à loisir les méthodes de calcul et les partis pris pour obtenir ce chiffres. Pourtant, même en admettant toutes les critiques associées, j’échoue à ne pas voir ici plus qu’un gigantesque échec : une réelle inhumanité.
Quant à ceux qui ne peuvent accepter de se voir dépeindre en riches dans le monde parce qu’ils ont parfois du mal à joindre les deux bouts – si vous me lisez, vous êtes riches par rapport à la population mondiale. Pensez que si votre fille joue avec une pièce de 50 cents, c’est ce qu’ont des millions de personnes pour vivre aujourd’hui : se loger, se laver, se nourrir, s’habiller, se soigner, se chauffer.
Remettons les choses à leur place. La réalité ce n’est pas la difficulté pour joindre les deux bouts, c’est le somalien qui meurt de faim dans le désert humain le plus total, ou même simplement le SDF en dessous de chez nous qui ne va pas tarder à mourir de froid.
L’objectif n’est pas de faire du misérabilisme, mais d’accepter de réfléchir à autre chose que nous-même.
Et pour ceux qui voudraient trouver plein d’explications tout en rejetant l’idée d’un accroissement dramatique des inégalités entre le 1% et les 99% restants, ce graphique montre tout :
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À l’ombre du Mur, journal d’un inutile
Web-fiction exceptionnelle… et glaçante quand les premiers temps on retrouve les solutions que certains contemporains aimeraient appliquer, puis la novlangue digne de 1984 mais qui semble plus que crédible, qui semble réaliste aujourd’hui. La fin n’est plus que fiction, mais permet aussi de réfléchir.
Ça demande bien 20 minutes, avec le son, mais ne passez pas à côté.