« Si les services de renseignement ont écrit tout ça, c’est que c’est vrai. Ils ne se lèvent pas le matin pour écrire de fausses notes blanches (…) Que faut-il attendre, un nouvel attentat ? »
Voici l’unique argument du représentant du ministère de l’intérieur, avec comme unique pièce une note blanche, c’est à dire document word de 5 lignes non circonstancié et sans auteur.
Et on demande à un juge de valider une privation de liberté à partir de ça, dans ce qu’on appelle un État de droit.
trois motifs avancés : repérages supposés autour du domicile de Riss, mise en cause dans une affaire de trafic de véhicules et appartenance présumée à la « mouvance islamiste radicale ».
[…] Le juge estime que […] « il rendait visite à sa mère, qui habite à proximité immédiate et ne prenait pas de photos mais utilisait son téléphone portable en mode haut-parleur », « aucun élément suffisamment circonstancié produit par le ministre de l’intérieur ne permet de justifier qu’il appartiendrait à la mouvance islamiste radicale » et, enfin, « en ce qui concerne l’affaire de trafic de véhicules, l’intéressé a, en réalité, été entendu comme simple témoin ».
Oui, vous avez bien lu. L’unique reproche est d’avoir tenu son téléphone dans une situation qui aurait pu prêter à confusion au mauvais endroit. Le reste a été ajouté ensuite pour charger le dossier, probablement à partir d’une simple recherche sans aucune vérification : musulman -> radical ; déjà cité dans une affaire (comme témoin) -> délinquant. Ça ne mange pas de pain.
Après presque dix semaines enfermé dans sa prison sans barreau de Vitry-sur-Seine et deux audiences éprouvantes […] Halim A. a « retrouvé confiance dans la justice ».
Le récit fait par Le Monde est assez effrayant. Dans la justice, peut-être, mais dans l’exécutif… moi ça me ferait peur. On parle de quelqu’un qui a été assigné à résidence pendant 10 semaines… deux mois et demi, sans investigation sérieuse (ou sur des éléments consciemment faux, ce qui serait pire), juste parce qu’on pouvait le faire et parce que la situation politique s’y prêtait.
Dans un autre article une autre citation fait réfléchir : « Assigné à résidence injustement, j’ai peur que de telles sentences ne sèment le ressentiment »
Demain, je retournerai à ma vie d’avant en espérant avoir, à ma modeste échelle, contribué à l’échange pour permettre le vivre-ensemble. Je ne demande pas plus. Aujourd’hui, je lance un cri citoyen. Que mon cas nous alerte sur les conséquences de décisions arbitraires, qu’il nous rappelle ce que nous voulons être et ceux contre lesquels nous devons vraiment nous battre. Montrons au reste du monde que nous sommes toujours debout et plus que jamais unis.
J’ai toujours cru que la France était le pays des libertés, et que la diversité en faisait la force. Pensons aux blessures que de telles décisions infligent, pensons à l’après-état d’urgence et à tout ce que nous devrons reconstruire. Lutter contre le terrorisme n’est pas tout, évitons de nous déshumaniser. Le terrorisme ne doit pas nous diviser, sauf à lui accorder la plus belle des victoires.
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