« On préférerait qu’elle ait cette hargne pour faire une politique pénale un peu plus répressive, qu’elle arrête de donner des signals forts (re-re-sic) pour les délinquants, qu’elle fasse en sorte qu’il y ait moins de laxisme. » Les présentateurs laissent dire, quand bien même tous les indicateurs (sévérité des jugements, population carcérale, etc.) montrent que la justice a mené ces dernières années une politique de plus en plus répressive, comme le notait Antoine Garapon sur France Culture.
Sans crainte d’être contredit, le syndicaliste peut conclure…
La télévision est un média mort pour ce qui est de la capacité à informer. Pas tant qu’il va disparaitre mais simplement qu’on ne peut en attendre de l’information.
Les présentateurs ne méritent jamais autant leur nom. La rédaction se contente de surfer sur les sujets à la mode et à donner poids à ce qui semble l’opinion ambiante – souvent en réalité celle que les services de presse veulent pousser comme opinion ambiante.
Le journal télévisé présente, des plats généralement réchauffés ou tout prêts. Il n’informe plus. Quand est-ce la dernière fois qu’une information dérangeante, importante, a trouvé sa place à la télévision avant d’être totalement connue par tous ?
Trop peu d’espace pour apporter des nuances entre deux divertissements, pas ou peu de profondeur mais surtout aucun correctif, aucun chiffre débattu, aucune possibilité d’intervenir et créer un débat autour de la présentation. Tout se fait ailleurs, créant une asymétrie dramatique.
On a beau dire ce qu’on veut d’Internet, du fait qu’on y trouve à boire et à manger, au moins ce débat existe et celui qui veut s’informer y trouve plein de sources mais aussi plein de critiques de chaque sources et de chaque fait.
Si je devais donner des caricatures au terme de beauf de droite et au terme de patron libéral, les deux pourraient s’expliquer par ils se sont simplement informés via la télévision. Le problème d’expliquer ainsi c’est que ça risquerait de justifier un peu… (ça se voit que je provoque ?)
Telerama n’est pas non plus le media le plus avant-gardiste ni celui qui a le moins de couleur, mais l’article Taubira, migrants, homosexuels : tous coupables dépeint quand même un tableau assez fatiguant.
Regardez-vous encore les journaux télévisés ? Où vous informez-vous ?
France 2 montre les images d’une « altercation entre des riverains et certains manifestants. L’un des habitants brandit même un fusil ». « Attaqué par des militants activistes, des No Borders, cet homme avait même sorti un fusil à billes, excédé », précise TF1. Depuis, on a appris que c’était les « habitants » qui avaient délibérément provoqué les « migrants », comme l’a raconté au site Arrêt sur images l’auteur de la vidéo (qui déplore aussi sa récupération par la fachosphère). « La manifestation ne passait pas par cette rue, mais au croisement ce monsieur leur a fait des doigts d’honneur, il les a traités de bougnoules en leur disant de retourner dans la jungle. Il était devant chez lui pour les provoquer. »
On a su aussi que l’homme qui brandit un fusil est un néo-nazi revendiqué… sauf devant les télés. Sur France 2 comme sur TF1, les Rougemont se présentent comme de pauvres victimes. Une semaine après, je n’arrive toujours pas à digérer que les reporters aient pu leur tendre le micro aussi complaisamment sans chercher à savoir qui parlait dedans. « Cet homme, nous l’avons retrouvé, pavoise le reporter de France 2. Hier, il dit s’être senti menacé. » « Ils ont lancé des pneus, des pierres, des briques rouges. » L’idée ne vient pas au reporter de le vérifier, il préfère s’indigner : « Brandir un fusil, est-ce que ce n’est pas irresponsable ? » « Non, ma femme était en danger », prétend le père. Sur la vidéo, on la voit surtout essayer de calmer son mari.
Que France 2 joue le même jeu n’est guère nouveau. À force de vouloir rentabiliser la télévision publique, de trouver que l’audience est l’indicateur le plus pertinent, de continuer à financer par la publicité… la pertinence d’une télévision publique et ce qui fait son intérêt diminue jour à jour.
À côté de ça, sans en faire non plus un media d’avant-garde, la radio publique fait force d’une incroyable pertinence. Ceci explique aussi pourquoi dans la première citation en haut de ce billet, c’est France Culture qui est cité en exemple pour corriger l’information de la chaîne d’information continue iTélé. Ce n’est malheureusement pas une exception. On marche sur la tête.
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