Catégorie : Politique et société

  • Ne pas savoir

    Consom­mer du citron congelé permet de combattre le diabète et certaines tumeurs. Confron­tés à cette affir­ma­tion, plus de la moitié des 4 000 parti­ci­pants à une vaste étude menée par la Fonda­tion Descartes, ont répon­du… qu’ils ne savaient pas si elle était vraie ou fausse. […] Un résul­tat qui souligne le manque de recul d’une partie de la popu­la­tion face aux infor­ma­tions erro­nées en matière de santé. « Le jour où elles tombe­ront malades, ces personnes risque­ront d’être happées par ce genre de croyances », aver­tit Laurent Cordo­nier, socio­logue et direc­teur de la recherche de la Fonda­tion Descartes.

    La santé parti­cu­liè­re­ment touchée par la désin­for­ma­tion : l’alerte de la Fonda­tion Descartes

    J’ai un vrai problème avec cette vision de la science et de la recherche.

    Proba­ble­ment que j’au­rais raisonné par intui­tion et vrai­sem­blance, que j’au­rais répondu que l’in­for­ma­tion était fausse. Avec le recul, je me dis que c’est plutôt moi qui aurait été dans l’er­reur et plutôt ceux qui ont avoué ne pas savoir qui ont eu la bonne atti­tude.

    Je ne connais pas grand chose au citron et à l’ef­fet de la congé­la­tion. Je ne connais quasi­ment rien au cancer et je ne sais rien du tout des moyens de le combattre. Je n’ai lu pour m’orien­ter aucune infor­ma­tion scien­ti­fique ni aucune commu­ni­ca­tion d’une auto­rité sérieuse à propos des inter­ac­tions entre le cancer et le citron, qu’il soit congelé ou pas. Bref, je ne sais pas.

    Ceux qui risquent d’être happés par les mauvaises croyances sont ceux qui pensent savoir et affirment savoir alors que ce n’est pas le cas. Ils ont peut-être raison cette fois, et auront peut-être tort la prochaine fois. Parfois l’in­tui­tion ou la vrai­sem­blance de celui qui n’y connaît rien n’est pas la meilleure base pour assu­rer une croyance.

    Blâmer ceux qui avouent ne pas savoir, les consi­dé­rer comme perméables à la désin­for­ma­tion, c’est encou­ra­ger la croyance à la place du savoir. J’ai l’im­pres­sion que c’est la mauvaise voie.

    Mais bon, je ne sais pas 🤷

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Mercredi 22 novembre 2023

    L’ADEME passe à l’of­fen­sive avec sa nouvelle campagne de commu­ni­ca­tion qui pose des ques­tions sur les habi­tudes de consom­ma­tion. On parle enfin de ne pas ache­ter ce dont on n’a pas besoin, et pas unique­ment des petits gestes pour ache­ter avec un verni écolo.

    L’Al­liance du commerce, orga­ni­sa­tion profes­sion­nelle qui regroupe les grands maga­sins, quelques enseignes très connues et d’autres dans le domaine de l’ha­bille­ment ou de la chaus­sure a réagit très défen­si­ve­ment en mettant en demeure l’ADEME :

    […] Il incite à ne rien ache­ter. Ne rien ache­ter, c’est tuer l’em­ploi, tuer le commerce physique, tuer la mode ! […]

    Les acteurs du commerce et de la mode mettent en demeure l’Ademe de reti­rer son spot

    Loin de rentrer dans cette logique du chan­tage à l’em­ploi, le gouver­ne­ment a déclaré, dans un discours plein de cohé­rence, qu’ils « visaient un système écono­mique durable et que ça ne passait pas par faire la promo­tion d’une consom­ma­tion de l’inu­tile », et que « sur le long terme nous avons tout inté­rêt au contraire à faire une force d’avoir des emplois centrés sur des besoins réels et un apport de valeur qui ne se voit pas que sur le chiffre d’af­faire ».

    Le ministre de l’éco­no­mie, dans un second temps, a ajouté qu’ils étaient prêts à accom­pa­gner les tran­si­tions vers des acti­vi­tés pérennes qui ont une réelle valeur ajou­tée pour le pays et ses habi­tants.

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Mardi 21 novembre 2023

    Dans une inter­view au jour­nal Le Monde, le président a déclaré que les français verraient la mise en place effec­tive d’un revenu d’exis­tence incon­di­tion­nel avant la fin de son mandat en 2027.

    Le président a insisté sur le terme incon­di­tion­nel et a tenu à préci­ser que ce revenu — à hauteur du RSA socle actuel — n’était pas de l’as­sis­ta­nat mais une mesure d’ef­fi­ca­cité publique, à la fois pour libé­rer les ressources de l’État et pour permettre à chacun de prendre son destin en main.

    Les détails ne sont pas encore connus, si ce n’est que cette mesure se fera à coût zéro pour l’État, donc proba­ble­ment accom­pa­gnée d’une refonte profonde des aides et des impôts des parti­cu­liers.

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Lundi 20 novembre 2023

    Le conseil consti­tu­tion­nel avait déjà déclaré le droit à la vie privée comme un prin­cipe consti­tu­tion­nel. Suite à une ques­tion prio­ri­taire de consti­tu­tion­na­lité, le conseil va désor­mais beau­coup plus loin.

    La plus haute juri­dic­tion a constaté que l’in­fla­tion des mesures et des moyens permet­tant l’ac­cès aux données privées avait changé le contexte dans lequel nous vivons. Dans ce nouveau contexte, le droit à la vie privée ne saurait être effec­tif sans garan­tir le droit au chif­fre­ment des échanges et des données.

    Avec cette décla­ra­tion, le conseil consti­tu­tion­nel met fin à toute velléité du gouver­ne­ment à inter­cep­ter ou faire analy­ser les messa­ge­ries chif­frées comme What­sapp direc­te­ment au niveau des serveurs de l’édi­teur. Il est probable que cela mette fin aussi à l’obli­ga­tion de commu­niquer la clef de déchif­fre­ment d’un télé­phone portable sur requête des forces de l’ordre lors des gardes à vue.

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Dimanche 19 novembre 2023

    Le gouver­ne­ment qui a un temps pensé à inter­dire les publi­ci­tés lumi­neuses en mer le long du litto­ral a fina­le­ment décidé de prendre des mesures plus fortes :

    Sur l’es­pace public, les publi­ci­tés lumi­neuses ainsi que les publi­ci­tés de plus de deux mètres sont désor­mais soumises à un régime d’au­to­ri­sa­tion préa­lable de la part de la collec­ti­vité.

    Sur l’es­pace privé, la mise en place de publi­cité lumi­neuse de plus de quatre mètres carrés devra être elle aussi auto­ri­sée par la collec­ti­vité.

    De leur côté, les collec­ti­vi­tés qui auto­rises de telles publi­ci­tés devront produire un rapport annuel sur l’im­pact humain et éner­gé­tique de ces publi­ci­tés.

    Ce n’est pas la révo­lu­tion anti-publi­cité tant atten­due par de nombreuses asso­cia­tions, et ça légi­ti­mise de fait les écrans publi­ci­taires exis­tants, mais ça marque déjà la fin du toujours plus.

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Samedi 18 novembre 2023.

    Projet de loi asile et immi­gra­tion. Un vent de contes­ta­tion se propage dans le groupe parle­men­taire de la majo­rité. Les parle­men­taires seraient allé trop loin, par exemple en empê­chant les deman­deurs d’asile de faire enre­gis­trer leur dossier avant d’être expul­sés, ou chan­geant les délais pour que les mena­cés d’ex­pul­sion n’aient pas le temps de saisir un juge à propos de leur situa­tion avant d’être effec­ti­ve­ment expul­sés.

    Le chef de groupe a prévenu : Il semble diffi­cile de rattra­per un texte qui est allé si loin dans le renon­ce­ment à nos valeurs huma­nistes. Si la commis­sion mixte pari­taire ne trouve pas une solu­tion radi­cale, la majo­rité votera contre ce texte.

  • Ça prend combien de place un cycliste ?

    Le gaba­rit mini­mum est histo­rique­ment indiqué à 60 cm. C’est aussi la largeur du dos au niveau des épaules pour un homme avec un bon manteau.

    Le gaba­rit stan­dard d’aujourd’­hui est plutôt à 70 cm. Mon vélo orienté trek­king a un guidon de 68 cm de large et j’ai un rétro­vi­seur qui dépasse. Le clas­sique VTT Rockri­der de Décath­lon a même un guidon de 72 cm. Un vélo de voyage chargé aura aussi 25 cm de sacoche de chaque côté en plus de 10 cm de porte-bagages et d’un peu de marge pour les crochets et les sangles.

    Gaba­rit statique : 60 à 80 cm

    Ne rete­nez pas ce chiffre. Il ne sert que pour passer une porte ; et encore, vous voudrez proba­ble­ment un peu de marge.

    Un vélo en mouve­ment ne file pas tout droit. Il prend un peu plus de place parce qu’on penche d’un côté ou de l’autre, que le coude peut sortir, que ça bouge en fonc­tion du revê­te­ment et du main­tien de direc­tion.

    Les aména­geurs publics comptent 20 cm de chaque côté pour déter­mi­ner ce qu’ils appellent le gaba­rit dyna­mique. C’est un mini­mum qui dépend de la situa­tion. En plein effort, sur mauvais terrain ou à faible vitesse, on peut comp­ter plus.

    Gaba­rit dyna­mique : 100 à 140 cm

    À ça il faut ajou­ter les marges de sécu­rité, parce que personne de frôle les trot­toirs, et parce qu’il faut une zone pour permettre un mini­mum d’écart. Les mêmes aména­geurs prennent 25 cm de chaque côté pour obte­nir l’es­pace de confort.

    Si vous cher­chez pourquoi les docu­ments d’amé­na­ge­ment conseillent des pistes cyclables de 1m50, main­te­nant vous savez.

    Là aussi, ce n’est pas de trop. Quand je demande l’écar­te­ment au trot­toir à des cyclistes chevron­nés, on ne parle plutôt de 60 cm et pas des 45 décrits ici pour chaque côté entre le gaba­rit dyna­mique et espace de confort.

    Espace de confort : 150 à 200 cm

    Bien entendu tout ça ne couvre pas les cas spéci­fiques.

    Un enfant deman­dera plus d’es­pace. Un cycliste qui longe une paroi aussi. Longer des véhi­cules en station­ne­ment demande de s’écar­ter au mini­mum d’un mètre pour éviter la zone d’em­por­tié­rage. Démar­rer au feu rouge impose un peu plus d’es­pace libre pour la tenue du premier mètre.

    Enfin, il y a la distance régle­men­taire d’un mètre (en agglo­mé­ra­tion) ou d’un mètre et demi (hors agglo­mé­ra­tion) à garder quand on dépasse un cycliste.

    Les cas spéci­fiques : + 20 à + 150 cm

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Vendredi 17 novembre 2023.

    Le jour­nal d’in­ves­ti­ga­tion Disclose a révélé l’usage illé­gal de recon­nais­sance faciale dans les vidéos surveillances de 34 villes de France. Ce logi­ciel est aussi utilisé à la police judi­ciaire, dans diffé­rens services de la police natio­nale, dans les préfec­tures de police de Paris et de Marseille, à la sécu­rité publique et la gendar­me­rie natio­nale, hors de tout cadre légal.

    Ce matin le ministre de l’in­té­rieur a réagit ferme­ment.

    Le ministre de l’in­té­rieur a pris connais­sance de faits graves dans gestion des images de vidéo-surveillance dans plusieurs collec­ti­vi­tés et services de l’État.

    Le ministre de l’in­té­rieur réaf­firme son atta­che­ment au respect de la loi et aux liber­tés publiques. L’ad­mi­nis­tra­tion publique est tenue à la plus grande exem­pla­rité du fait des pouvoirs qu’elle détient.

    Des enquêtes admi­nis­tra­tives ont été dili­gen­tées dans les services de police, de gendar­me­rie et préfec­tures. Les préfets sont char­gés de faire cesser les infrac­tions auprès des collec­ti­vi­tés terri­to­riales.

    Un suivi sera mis en place avec la presse dans un mois après les premières conclu­sions.

    En fonc­tion des résul­tats de l’enquête, s’il est confirmé que les viola­tions étaient conscientes, les respon­sables seront pour­sui­vies au niveau disci­pli­naire et au niveau judi­ciaire.

    Extrait de commu­niqué de presse du Minis­tère de l’in­té­rieur.
  • Sans le vote des retrai­tés

    « Sans le vote des retrai­tés, E.Macron n’au­rait recueilli que 23% des suffrages et ne se serait pas quali­fié pour le 2nd tour de la Prési­den­tielle.

    Marc Vanguard, sur Twit­ter/X

    Et là revient l’idée que — peut-être — le vote des plus jeunes devrait peser plus. Ce peut-être parce que les plus âgés ont déjà pesé à leur tour par le passé, ou parce que ce sont les jeunes qui vont devoir assu­mer plus tard les effets des plani­fi­ca­tions long terme.

    Le danger de cette vision c’est qu’une fois ouverte l’idée que les choix de tout le monde ne se valent pas, on peut les enfon­cer très loin.

    Il y a l’idée du suffrage censi­taire, où pour­rait se défendre l’idée que ceux qui payent l’im­pôt devraient avoir un peu plus leur mot à dire sur comment il est utilisé. On peut d’ailleurs le voir aussi à l’op­posé, avec l’idée que ceux qui souffrent le plus — souvent les plus pauvres — devraient avoir plus de poids pour chan­ger la situa­tion.

    On pour­rait donner moins de poids aux malades et à ceux qui ont une espé­rance de vie assez courte et qui donc ne vivront pas l’ave­nir, ou au contraire plus de poids pour le compen­ser. On pour­rait de la même façon donner plus de poids à ceux qui ont des enfants, parce que l’ave­nir est pour ces derniers.

    On pour­rait aussi donner plus de poids aux raci­sés qui sont notoi­re­ment sous-repré­sen­tés et exclus. On pour­rait donner moins de poids aux personnes à faible intel­lect ou faible éduca­tion, faute pour eux d’être en capa­cité de faire les bons choix. On pour­rait donner un poids rela­tif aux contra­ven­tions et condam­na­tions ou à l’im­pli­ca­tion dans la société. On pour­rait donner plus de poids à ceux qui ont leurs quatre grands-parents d’ori­gine française parce qu’ils repré­sen­te­raient plus la nation. On pour­rait donner moins de poids à ceux qui sont guidés par la reli­gion parce qu’ils sont moins indé­pen­dants, ou plus de poids parce s’ils suivent la voie de Dieu, ou enco­re…

    On pour­rait imagi­ner mille choses et je suis certain de trou­ver à chaque fois des argu­ments sérieux, réflé­chis et légi­times.

    Tout ça n’est qu’une histoire de valeurs. La ques­tion finale est toujours de savoir si une personne ou son choix vaut plus qu’une autre. Il n’y aura jamais de réponse autre que la convic­tion profonde de chacun. Pour ma part, outre que je n’y crois pas, c’est une porte que je trouve très dange­reuse et que je prie qu’on n’ouvre jamais.

    Quitte à choi­sir, l’âge ne me parait d’ailleurs pas forcé­ment le critère ayant la légi­ti­mité la plus forte.

    Est-ce qu’il faut renfor­cer les jeunes parce qu’ils repré­sentent l’ave­nir ? On pour­rait aussi renfor­cer les plus âgés parce qu’ils ont plus d’ex­pé­rience et une meilleure compré­hen­sion du monde. C’est d’ailleurs comme ça qu’ont fonc­tionné plusieurs socié­tés, avec un conseil des sages.

    L’âge est d’au­tant moins un bon critère pour moi que l’ana­lyse actuelle est très dépen­dante d’un effet conjonc­tu­rel. Aujourd’­hui, en France, pour plusieurs raisons sociales et démo­gra­phiques, le poids des âgés dans le vote outre­passe celui des plus jeunes. Ce n’est pas un état natu­rel. L’op­posé est tout autant possible, l’est d’ailleurs dans d’autres régions du monde et pour­rait l’être dans le futur en France.

    Est-ce qu’on veut chan­ger les règles démo­cra­tiques pour compen­ser une situa­tion conjonc­tu­relle ?

    Sans comp­ter que compen­ser une situa­tion conjonc­tu­relle part déjà de l’hy­po­thèse que cette situa­tion est un problème à résoudre, donc que les plus âgés ne devraient pas comp­ter autant et/ou qu’ils orientent la France dans une mauvaise direc­tion.

    Bien que je ne sois pas en accord avec la direc­tion actuelle et que je vois que les votes des plus jeunes me conviennent plus, cette hypo­thèse ne me parait pas une évidence.

    Les statis­tiques de vote par segment sont géné­ra­le­ment très inté­res­santes pour comprendre les ressorts de la société. Ça peut même parfois permettre de mieux comprendre les aspi­ra­tions profondes et trou­ver un voie alter­na­tive qui les contente.

    C’est toute­fois un constat. Dès qu’on les utilise pour dire « sans cette caté­go­rie alors » on ouvre la porte à penser que peut-être ces personnes sont le frein à nos idées. On trou­vera toujours une bonne raison de leur reti­rer la légi­ti­mité, et eux en feront tout autant à notre encontre.

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Jeudi 16 novembre 2023.

    Le gouver­ne­ment prend tout le monde de court sur la polé­mique des tickets restau­rants :

    Nous avons été élus pour la simpli­fi­ca­tion. Nous allons simpli­fier. Contraindre l’usage des tickets restau­rants alors que tout le monde dépense de toutes façons plus que ça chaque mois pour se nour­rir n’a aucun sens. Ça ne fait qu’ap­por­ter des contraintes et appor­ter des marges aux acteurs des tickets restau­rants au détri­ment des restau­ra­teurs et des épice­ries.

    Dès l’été, les employeurs auront la possi­bi­lité de finan­cer 5 € par jour travaillé hors du domi­cile, direc­te­ment payés en numé­raire avec le salaire, défis­ca­li­sés de la même façon que les anciens tickets restau­rants.

    Les restau­ra­teurs s’y retrou­ve­ront en évitant les 4% de marge payés aux inter­mé­diaires.

    Les sala­riés n’au­ront plus à jongler avec des tickets papier, de multiples cartes, et des règles contrai­gnantes à chaque achat.