La CNIL a enfin rendu ses conclusions vis-à-vis de l’utilisation frauduleuse du fichier des coordonnées en provenance de l’espace sécurisé agents publics afin de diffuser une propagande politique sur les retraites.
Elle a su éviter un simple rappel à l’ordre qui n’aurait eu aucun effet. Elle a noté que le problème était d’autant plus grave qu’il était commis par un ministre en fonction à l’aide de l’autorité de son mandat mais à des fins de militantisme hors du cadre de leur fonction.
Elle a donc transmis le dossier à la justice pour que le ministre soit poursuivi personnellement.
Dans une déclaration conjointe, les partis de la majorité rejoints par le PS, EELV et plusieurs organisations anti-racisme ont déclaré
« Permettre la mise en avant d’une idéologie raciste et fasciste à l’occasion de la lutte contre l’anti-sémitisme est un non-sens. Nous voulions inclure tout le monde et nous montrer unis mais ce fut une erreur. Nous ne pouvons ni ne devons pas montrer une union avec les partis de la haine, surtout dans ces occasions. »
Savoir si c’est pertinent ou important est une question un peu plus complexe ⁽²⁾, qui dépend du risque, de son acceptation, et de l’importance qu’on donne à la contrainte du port du casque.
Bref, on est dans l’humain et le subjectif.
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Pour placer un curseur sur un enjeu subjectif, en général on opère par comparaison. Ici on pourrait comparer le risque de traumas crâniens graves évitables avec d’autres activités :
La présence de nombreuses activités non casquées avec un risque évitable plus important pousserait plutôt en faveur de l’absence de casque à vélo.
La présence de nombreuses activités casquées avec un risque évitable moins important pousserait, elle, plutôt en faveur du port du casque à vélo.
Aujourd’hui je n’ai pas trouvé d’étude de risques comparés. Je serais très heureux si on pouvait m’en pointer ⁽³⁾.
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« Ok, mais alors, il faut porter un casque ou non ?
En l’absence de comparaisons un minimum chiffrées, il ne reste que l’appréciation subjective qui dépend du vécu de chacun.
De mon côté je ne vis pas le port du casque comme une contrainte et j’ai une acceptation assez faible des risques inutiles. C’est ce qui me motive à porter un casque à vélo en quasi toutes occasions où ça m’est accessible ⁽⁴⁾, et à le recommander autour de moi.
D’autres vivent le casque comme une contrainte plus forte, peu importe leurs raisons, ou/et ont une acceptation du risque plus grande que la mienne. Pour peu qu’ils soient correctement informés sur le sujet, je n’ai rien à leur apprendre et je n’ai aucune raison de tenter de croire mon point de vue plus légitime.
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Trouvez-moi des études de risques comparés et ma politique changera peut-être. Entre temps j’ai une forte conviction en faveur du port du casque mais qui n’est qu’une conviction personnelle et pas un savoir étayé, donc pas de leçons à donner ni de publicité à faire.
(1). Même sans chiffres, il y a des blessures graves à la tête, porter un casque peut évidemment en prévenir certaines et sera donc forcément utile dans l’absolu. Ce n’est même pas un vraiment un sujet de discussion.
Il y a aussi des effets négatifs (déshumanisation, dépassements plus proches, moindre adaptation aux risques) mais les liens que j’ai récolté ne laissent pas apparaître d’effet clair et incontestable de nature à remettre en cause les effets positifs.
(2). Et c’est logique, parce que sinon on pourrait porter un casque pour monter les escaliers (le risque existe, le casque serait objectivement utile), pour se promener dans la rue, et même pour les petits trajets en voiture. L’utilité n’implique pas forcément la pertinence. La question est de placer le curseur.
(3). Je vous préviens, ça va être plus difficile qu’une règle de trois. Le vélo c’est plein d’activités très différentes : sportif, utilitaire, loisir, voyage, en agglomération ou hors agglomération, etc. Les risques n’y sont pas du tout les mêmes.
(4). J’utilise le casque si je peux en avoir un facilement sous la main mais je prendrai le vélo même en son absence (par exemple sur des trajets en vélo libre service).
« Mais pourquoi tous les cyclistes râlent à chaque message de prévention incitant à porter un casque ?
En fait le problème n’est pas dans le casque, ou pas que.
On a le même type de réaction sur l’incitation aux vêtements réfléchissants, la présence de catadioptres sur les roues et l’interdiction des oreillettes à vélo ⁽⁵⁾.
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Le fond c’est qu’on a un vrai problème en France concernant la sécurité des cyclistes en ville et sur les routes. Ouest France se faisait encore l’écho il y a quelques jours d’un cycliste qui, caméra à l’appui, fait état en 1000 km parcourus, d’une mise en danger toutes les 9 minutes, 658 sur le seul mois de juin.
Là dessus nos autorités sont le plus souvent silencieuses. On adorerait des campagnes d’affichage pour le respect bandes cyclables ⁽¹⁾ et des sas vélo ⁽²⁾, pour le respect des distances lors des dépassements, pour informer de la priorité aux voies cyclables croisées lorsqu’un véhicule tourne à gauche ou à droite au carrefour, etc.
La gestion des poids lourds en ville est une bonne illustration de cette politique. Faute de visibilité, les poids lourds renversent facilement cyclistes et piétons en ville, avec des morts à la clef. Londres et Milan ont imposé aux poids lourds d’ajouter des rétroviseurs et des caméras pour retirer tout angle mort, avec d’excellents résultats sur la mortalité. En France on a préféré imposer un autocollant demandant aux tiers de faire plus attention à ne pas se faire écraser.
« Ok mais c’est quand même une bonne chose de faire de la prévention, non ?
Ce n’est pas tant que la prévention sur la visibilité et les protections individuelles soit une mauvaise chose ⁽³⁾, c’est que cette prévention remplace une vraie politique de sécurité.
Un bon indicateur c’est que les messages de prévention actuels sont critiqués aussi par les cyclistes qui mettent effectivement des casques et des vêtements fluo ⁽⁴⁾, voire qui en font eux-mêmes la promotion. Les mêmes messages, au milieu d’une vraie politique qui change la donne pour la sécurité des cyclistes, feraient bien moins de vagues.
Cette politique de report de faute sur les victimes a des effets bien connus de neutralisation de la culpabilité et d’inversion de responsabilité.
Le problème, dans l’esprit collectif, n’est plus le chauffard qui occupe un double-sens cyclable pour l’arrêt boulangerie ni celui qui fait un dépassement à moins d’un mètre, mais le cycliste qui ne porte pas de caque ou de gilet réfléchissant.
On en est au point où quand un cycliste finit avec la colonne vertébrale brisée suite à un choc avec un chauffard motorisé, le journaliste qui relate les faits se sent obligé d’ajouter si le cycliste portait ou non un casque, comme si ça aurait changé quoi que ce soit.
C’est toute une culture qui porte quotidiennement atteinte à la sécurité des cyclistes qui a été créée, pas à pas, par cette politique de « prévention ». Isolément les messages peuvent avoir du sens. Dans le cadre actuel, ils peuvent être dangereux. Rien de moins.
⁽¹⁾ Je sais que ça ne parait rien (justement faute d’avoir une politique de communication adaptée de la part de nos autorités) mais l’occupation des bandes cyclables, y compris pour « juste deux minutes » est un vrai danger pour les cyclistes. Il impose un report sur la voie plus à gauche, avec des usagers motorisés qui souvent ne l’anticiperont pas voire chercheront à avoir un comportement punitif à l’encontre du cycliste. Quand c’est une bande cyclable à contre-sens, ça demande de se déporter à contre-sens de la circulation, sans visibilité, et c’est un danger mortel immédiat.
⁽²⁾ Le sas vélo, malgré toutes ses imperfections, permet au cycliste de démarrer en amont des autres véhicules, en étant visible de ceux-ci. Il diminue les accidents, et particulièrement vis-a-vis des véhicules qui veulent tourner à droite. C’est aussi l’espace qui permet aux cyclistes de se positionner à gauche au carrefour avant de tourner, chose extrêmement difficile en circulation.
⁽³⁾ C’est un autre débat, mais même isolément, si la plupart sont pleinement justifiés, certains ne sont pas pertinents. En particuliers, l’incitation au port du casque (portez-en un) n’est pertinente que jusqu’au point où ça risque de faire renoncer au vélo une partie des usagers. Là, même si c’est contre-intuitif, il a été démontré qu’elle a un effet contre-productif sur la sécurité réelle des cyclistes. Bref, la réalité est parfois compliqué parce qu’il y a des impacts croisés partout.
⁽⁴⁾ L’auteur de ces lignes porte toujours un casque, a 78 (!) réflecteurs sur son vélo en plus de ceux ajoutés sur son casque, déjà jaune fluo à la base et de lampes avant et arrière allumées 24/24 même en plein jour. Il prend sans concession parti pour le port du casque, pour imposer des lumières efficaces la nuit… et pourtant lutte activement contre la politique de communication actuelle des autorités à ce niveau (je vous l’avais dit, parfois les choses sont compliquées).
⁽⁵⁾ À lire uniquement après avoir lu le billet lui-même : L’interdiction des oreillettes à vélo est d’ailleurs un bon symptôme de l’enjeu. C’est intéressant de voir que l’automobile a le droit d’être totalement insonorisée et étanche aux bruits extérieurs. Qu’un automobiliste soit sourd aux simples coups de sonnette d’un vélo ne pose aucun problème. On a même l’interdiction pour les vélos d’installer un vrai klaxon pour se faire entendre. Par contre, vous trouverez mille messages de « prévention » et opérations de verbalisation de la police à l’encontre des cyclistes portant des oreillettes, y compris des oreillettes à conduction osseuse laissant donc totalement l’oreille ouverte à l’environnement sonore extérieur. De fait, le cycliste doit faire attention à ceux qui risquent d’être un danger pour lui, et même l’apparence de ne pas le faire lui sera reprochée. L’automobiliste qui représente le danger, lui, n’a lui aucune obligation de rester ouvert au seul dispositif sonore autorisé sur un vélo. Tout ça ne dit pas qu’avoir des oreillettes est une bonne idée mais ça illustre bien la politique publique.
✅ Oui, bien entendu, peu importe le sujet, sans exception.
Mais…
❌ pas forcément si c’est dans l’intention de nuire ;
❌ pas forcément si, ce faisant, on renforce des stéréotypes discriminatoires bien établis ;
❌ pas forcément si c’est toujours sur les mêmes ⁽¹⁾ ;
❌ pas forcément si dans le contexte ou dans l’actualité ça peut venir renforcer un message ou une action problématique ;
❌ pas forcément si ça réduit une personne ou un groupe de personne précis à leurs croyances, leur physique, leur origine, etc. ;
❌ pas forcément si on se serait abstenu avec une personne qui n’aurait pas cette croyance, ce physique, cette origine, etc. ⁽²⁾
La liste n’est pas exhaustive et, de façon générale :
❌ pas forcément si l’impact individuel ou sociétal de ce trait d’humour pose problème, même si c’est malgré vous.
Il s’agit juste de prendre conscience des conséquences de ses actions et d’éviter de porter inutilement préjudice à autrui. C’est la base de la vie en société.
« On ne peut plus rien dire, alors que Coluche…
Je ne vais pas prétendre savoir ce qu’aurait pensé Coluche de votre trait d’humour s’il vivait aujourd’hui. La société évolue, le contexte aussi. Prendre comme étalon la société s’il y a un demi-siècle n’est pas forcément très pertinent.
J’espère qu’un jour ce qui parait discriminatoire aujourd’hui aura disparu demain à force d’y faire attention. J’espère aussi que demain prêtera attention à des discriminations qui sont aujourd’hui trop souvent acceptées.
Tout au plus je vais répéter le dernier point : « pas forcément si l’impact individuel ou sociétal de ce trait d’humour pose problème, même si c’est malgré vous ». Coluche avait certainement aussi ses défauts.
Probablement que, malgré tout, son impact sur les personnes et la société, y compris sur les discriminations et stéréotypes dont il jouait au second degré dans son humour, était dans l’ensemble positif.
À vous de faire en sorte qu’il en soit de même pour vos propres traits d’humour. Se réclamer de Coluche lors de propos potentiellement problématiques ne suffit pas.
¹ : Ce y compris si ce n’est qu’une unique occurrence de votre côté mais que ça vise une personne ou un groupe qui est déjà trop visé, auquel cas ça peut relever du harcèlement ou de la discrimination
² : Ce y compris si vous vous dites à tête reposée que, honnêtement, vous auriez fait pareil avec x, y ou z mais qu’en réalité vous ne l’avez pas fait ou pas autant. Les biais inconscients sont plus forts qu’on ne le croit.
« Éric, j’ai lu ton dernier billet mais quand même, le COR a merdé. Le gouvernement a suivi les hypothèses du COR et maintenant on lui dit que ça ne suffisait pas…
Je suis étonné qu’on reproche à une projection pluri-annuelle de ne pas s’être révélée exacte 1 an après.
On parle d’un système complexe, qui prend en compte entre autres le chômage, l’inflation, la croissance, la fiscalité et la situation macro-économique.
Quand est la dernière fois qu’on a réussi à faire une projection exacte sur même 1 an sur même un seul de ces indicateurs ? Est-il vraiment étonnant qu’une projection qui se base sur l’interaction de tous ces facteurs ne soit pas exacte ? Est-ce vraiment le problème ?
On parle de plus d’un rapport fait par une instance qui ne décide rien des choix de fiscalité et d’action qui auront été pris pendant cette année.
Reprocher au COR de ne pas avoir fait une projection exacte c’est déjà très malhonnête
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Mais bon, c’est encore plus malhonnête quand le gouvernement arrive à reporter la faute sur cette projection.
La partie intéressante c’est la période rouge 2021–2027, qui n’a qu’une seule hypothèse. Les scénarios divergents apparaissent uniquement à partir de là.
Il va sans dire que les projections économiques ne sont jamais assez précises pour fixer avec certitude les 5 ans à venir. Si ces 5 ans sont fixes c’est qu’on a choisi de prendre cette période comme une contrainte à l’origine. C’est d’ailleurs dit explicitement dans le rapport.
Devinez quelles sont les hypothèses de cette période contrainte ? Bingo ! Ce sont celles du gouvernement. Le même qui avait, dans une certaine mesure, les moyens d’action sur ces indicateurs.
Ces hypothèses étaient fausses. Elles le sont toujours. Mais voir le gouvernement venir ensuite dire que si sa réforme était inadéquate c’est la faute de la projection erronée du rapport… c’est un peu fort de café.
Le débat sur la reforme des retraite revient alors qu’un rapport du Conseil d’orientation des retraites dévoile que le passage à 64 ans ne suffirait pas à financer le système.
C’est facile pour les tenants de la majorité de dire « vous voyez, on avait raison, on n’est même pas assez loin » mais ce n’est pas ce qui a été dit.
Ça dit uniquement que la mesure choisie unilatéralement par le gouvernement ne semble pas atteindre l’objectif qu’ils s’étaient fixés. Ça ne dit rien de plus.
Aller plus loin aurait peut-être pu être une solution. Peut-être, parce qu’on touche à des systèmes complexes et que reculer des âges a aussi des conséquences sur l’emploi, la santé, les mouvements sociaux et plein de choses. Ça n’est pas un simple curseur qu’on bouge.
D’autres solutions totalement auraient peut-être aussi été viables et pertinentes. Le COR ne dit pas laquelle est celle à adopter, c’est le rôle du politique, il se contente de constater que celle choisie ne fonctionne pas autant qu’imaginé.
« Ok Éric mais du coup c’est quoi ta solution ?
Je ne prétends pas avoir la solution. Ça ne s’imagine pas dans un canapé.
Je vois par contre de vrais débats sur le modèle de société qu’on souhaite ou pas. Ces débats n’ont pas vraiment eu lieu.
Les dépenses de retraite, avec le fonctionnement avant réforme, ne dérapaient pas en % du PIB. La plupart des hypothèses montraient même une réduction des dépenses en proportion du PIB.
Les recettes, elles, diminuaient fortement, au moins à court et moyen terme.
Bref, on a un différentiel entre recette et dépense à court et moyen terme, et potentiellement à long terme en fonction des hypothèses retenues. On peut faire plein de choses :
En réduisant le niveau des pensions, pour tous ou pour certaines catégories spécifiques
En reculant l’âge de départ, en augmentant le nombre de trimestres nécessaires, ou reculant l’âge de départ à taux plein, pour tous ou pour certaines catégories.
En augmentant la décote en cas de départ à la retraite anticipé avant d’avoir son nombre de trimestres, pour tous ou pour certaines catégories.
En augmentant les cotisations salariales, patronales, la CSG, ou un mix de tout ça pour tous ou pour certaines catégories.
En levant un impôt ou une taxe spécifique dédiée aux recettes des retraites
En prenant dans le budget de l’État, qui devra du coup faire d’autres choix budgétaires à recettes équivalentes.
En prenant dans le budget de l’État, qui devra retirer certaines baisses de fiscalité prévues ou réalisées.
Bref, il y a plein de choses possibles et le « il n’y a pas le choix » était une vaste fumisterie destinée à cacher qu’ils avaient déjà fait le choix.
Il y avait d’ailleurs même le choix de ne rien faire, c’est à dire ponctionner les réserves (constituées dans les périodes favorables passées) et contracter de la dette (à rembourser dans les périodes favorables futures)
Un débat intéressant aurait abordé ces questions, qui sont des vrais choix de société qui peuvent être réellement discutés par tous sans forcément d’expertise. L’expertise elle n’est nécessaire qu’ensuite, pour chiffrer ce que ça veut dire en fonction des leviers qu’on a choisi d’utiliser.
De mon côté, l’idée qu’il ne s’agit pas vraiment d’augmenter les dépenses mais d’arrêter de les baisser emporte majoritairement mon choix. Je ne vois pas pourquoi on voudrait baisser le niveau des retraites en % du PIB.
Je me serais probablement orienté vers un mix des cinq dernières, en commençant par arrêter cette folie du SNU.
Je dis « probablement » parce que je considère que je n’ai pas été correctement éclairé sur ces différents choix, donc je pourrai tout à fait m’orienter différemment le jour où je le serai.
Bien entendu que ça peut aider. Mettez des éléments réfléchissants là où on vous voit mal. Ayez des lumières à vélo dès le crépuscule, y compris en ville.
La question n’est pas là. Ce que les illustrations disent c’est que le problème sur la route n’est principalement pas un problème de visibilité, que se focaliser là dessus c’est préférer culpabiliser la victime plutôt que de résoudre le fond.
Le gilet ne protégera pas le cycliste ou le piéton face à un conducteur qui fait n’importe quoi avec son véhicule.
Je ne suis pas fana du terme d’« illibéralisme » qui semble être à la mode pour décrire nos démocraties en chute.
On a un problème de vocabulaire parce qu’on s’interdit de dire qu’on est dans un régime autoritaire ou dans une dictature. C’est un extrême impensable. Parce qu’on voit tout en binaire, ça veut dire qu’on est dans une démocratie, et qu’il faut tenter de trouver un adjectif derrière pour modérer tout ça.
À jouer avec les compromis de vocabulaire, on s’interdit de réfléchir sur les termes et de prendre du recul.
⁂
Les frontières entre démocratie et dictature sont forcément un peu floues et dépendent de ce sur quoi on est strict ou non.
Je suis convaincu que la définition littérale de la dictature inclut beaucoup plus de choses qu’on ne veut bien le croire, et que la définition de la démocratie en inclut beaucoup moins qu’on ce qu’on dit pour se rassurer.
En réalité, peu importe.
On peut aussi tracer un axe avec deux horizons, d’un côté une démocratie fantasmée qu’on n’atteindra jamais parfaitement — si tant est que ce soit possible — et de l’autre une dictature cauchemardesque qu’on n’atteindra jamais non plus parce qu’on pourra toujours imaginer pire.
⁂
Je ne mets pas de graduations à cet axe, pas de milieu qui nécessiterait de débattre pendant trois siècles.
Je ne mets que trois questions :
Est-ce qu’on est bien placés dans l’absolu par rapport à nos aspirations et nos belles paroles ?
Est-ce qu’on est bien placés relativement à nos voisins et à d’autres pays similaires au notre ?
Est-ce qu’on évolue dans le bon sens ?
Je n’ai pas l’impression qu’on soit correctement placés aujourd’hui par rapport à nos aspirations et nos discours. C’est évidemment subjectif. En tout cas on n’y est pour moi.
J’ai l’impression que l’essentiel de nos voisins directs font mieux que nous, et certains voisins plus distants font vraiment vraiment mieux.
Surtout, et c’est bien plus grave, j’ai l’impression qu’on évolue dans le mauvais sens, à une vitesse significative. C’est ça dont nous devrions avoir le plus peur. C’est ça dont j’ai le plus peur.
J’en suis désolé. Je compatis, ça m’est arrivé aussi et je l’ai toujours mauvaise. Je rediffuserai un message avec plaisir s’il y a moyen de le retrouver. Ça arrive.
Je suis par contre très curieux d’en savoir plus, pour comprendre la réalité des vols.
1. Avec quel(s) antivol(s) était-il attaché ? idéalement les modèle exact parce qu’il existe des U, des chaînes et des bordo de résistance très différentes. À défaut, au moins le type (U, chaîne, pliable, fer à cheval, boa, câble simple) et l’épaisseur.
2. Comment l’antivol a-t-il été cassé ? Si c’est avec un coupe boulons, une disqueuse, une scie, en crochetant, en découpant le support, ou encore autre chose. Si vous ne savez pas, parfois ça peut se voir sur la photo de l’antivol ouvert. Sur les pliables c’est intéressant de savoir s’il a cédé à la jonction ou en découpant dans une lame. Sur les U c’est intéressant de savoir s’il y a eu besoin de deux coupes, et si on a l’impression que ça a été pincé (coupe boulons) ou scié. Si c’est le support qui a été cassé, quel était-il ?
3. Où était-il ? Visible ou non ? dans une ruelle ou dans une avenue passante ? à quelle heure ? Est-ce que le vol a eu lieu à la vue de tous ou caché ? Est-ce qu’il y avait d’autres vélos ? plus chers ? moins bien ou mieux attachés ?
4. Quel vélo était-ce ? En terme de prix estimatif, électrique ou pas, en bon état ou pas, etc.
5. Votre assurance a-t-elle accepté la prise en charge ? Quelle est cette assurance ?
Pas de honte. On a tous une fois mal attaché son vélo, voire pas attaché du tout. Parfois par fatigue ou par erreur, parfois en étant un peu trop optimiste. Le responsable sera toujours le voleur, pas vous.
L’idée c’est d’avoir une meilleure vision des risques réels en fonction des antivols et des conditions.