Catégorie : Politique et société

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Mercredi 15 novembre 2023

    La CNIL a enfin rendu ses conclu­sions vis-à-vis de l’uti­li­sa­tion frau­du­leuse du fichier des coor­don­nées en prove­nance de l’es­pace sécu­risé agents publics afin de diffu­ser une propa­gande poli­tique sur les retraites.

    Elle a su éviter un simple rappel à l’ordre qui n’au­rait eu aucun effet. Elle a noté que le problème était d’au­tant plus grave qu’il était commis par un ministre en fonc­tion à l’aide de l’au­to­rité de son mandat mais à des fins de mili­tan­tisme hors du cadre de leur fonc­tion.

    Elle a donc trans­mis le dossier à la justice pour que le ministre soit pour­suivi person­nel­le­ment.

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Mardi 14 novembre 2023

    Dans une décla­ra­tion conjointe, les partis de la majo­rité rejoints par le PS, EELV et plusieurs orga­ni­sa­tions anti-racisme ont déclaré

    « Permettre la mise en avant d’une idéo­lo­gie raciste et fasciste à l’oc­ca­sion de la lutte contre l’anti-sémi­tisme est un non-sens. Nous voulions inclure tout le monde et nous montrer unis mais ce fut une erreur. Nous ne pouvons ni ne devons pas montrer une union avec les partis de la haine, surtout dans ces occa­sions. »

  • Est-ce impor­tant de porter un casque à vélo ?

    Porter un casque à vélo est utile ⁽¹⁾. Si tout le monde était casqué, on sauve­rait certai­ne­ment des vies.

    Savoir si c’est perti­nent ou impor­tant est une ques­tion un peu plus complexe ⁽²⁾, qui dépend du risque, de son accep­ta­tion, et de l’im­por­tance qu’on donne à la contrainte du port du casque.

    Bref, on est dans l’hu­main et le subjec­tif.

    Pour placer un curseur sur un enjeu subjec­tif, en géné­ral on opère par compa­rai­son. Ici on pour­rait compa­rer le risque de trau­mas crâniens graves évitables avec d’autres acti­vi­tés :

    • La présence de nombreuses acti­vi­tés non casquées avec un risque évitable plus impor­tant pous­se­rait plutôt en faveur de l’ab­sence de casque à vélo.
    • La présence de nombreuses acti­vi­tés casquées avec un risque évitable moins impor­tant pous­se­rait, elle, plutôt en faveur du port du casque à vélo.

    Aujourd’­hui je n’ai pas trouvé d’étude de risques compa­rés. Je serais très heureux si on pouvait m’en poin­ter ⁽³⁾.

    « Ok, mais alors, il faut porter un casque ou non ?

    En l’ab­sence de compa­rai­sons un mini­mum chif­frées, il ne reste que l’ap­pré­cia­tion subjec­tive qui dépend du vécu de chacun.

    De mon côté je ne vis pas le port du casque comme une contrainte et j’ai une accep­ta­tion assez faible des risques inutiles. C’est ce qui me motive à porter un casque à vélo en quasi toutes occa­sions où ça m’est acces­sible ⁽⁴⁾, et à le recom­man­der autour de moi.

    D’autres vivent le casque comme une contrainte plus forte, peu importe leurs raisons, ou/et ont une accep­ta­tion du risque plus grande que la mienne. Pour peu qu’ils soient correc­te­ment infor­més sur le sujet, je n’ai rien à leur apprendre et je n’ai aucune raison de tenter de croire mon point de vue plus légi­time.

    Trou­vez-moi des études de risques compa­rés et ma poli­tique chan­gera peut-être. Entre temps j’ai une forte convic­tion en faveur du port du casque mais qui n’est qu’une convic­tion person­nelle et pas un savoir étayé, donc pas de leçons à donner ni de publi­cité à faire.

    Et, toujours entre temps, le trop plein de commu­ni­ca­tion autour du casque a tendance à faire du report de faute sur les victimes (victim blaming), avec de réels effets néga­tifs sur la sécu­rité.

    La seule chose de certaine et étudiée de façon suffi­sam­ment objec­tive, c’est que l’obli­ga­tion du port du casque à vélo, elle, ne serait pas une bonne idée.


    (1). Même sans chiffres, il y a des bles­sures graves à la tête, porter un casque peut évidem­ment en préve­nir certaines et sera donc forcé­ment utile dans l’ab­solu. Ce n’est même pas un vrai­ment un sujet de discus­sion.

    Il y a aussi des effets néga­tifs (déshu­ma­ni­sa­tion, dépas­se­ments plus proches, moindre adap­ta­tion aux risques) mais les liens que j’ai récolté ne laissent pas appa­raître d’ef­fet clair et incon­tes­table de nature à remettre en cause les effets posi­tifs.

    (2). Et c’est logique, parce que sinon on pour­rait porter un casque pour monter les esca­liers (le risque existe, le casque serait objec­ti­ve­ment utile), pour se prome­ner dans la rue, et même pour les petits trajets en voiture. L’uti­lité n’im­plique pas forcé­ment la perti­nence. La ques­tion est de placer le curseur.

    (3). Je vous préviens, ça va être plus diffi­cile qu’une règle de trois. Le vélo c’est plein d’ac­ti­vi­tés très diffé­rentes : spor­tif, utili­taire, loisir, voyage, en agglo­mé­ra­tion ou hors agglo­mé­ra­tion, etc. Les risques n’y sont pas du tout les mêmes.

    (4). J’uti­lise le casque si je peux en avoir un faci­le­ment sous la main mais je pren­drai le vélo même en son absence (par exemple sur des trajets en vélo libre service).

  • Victim blaming casqué

    « Mais pourquoi tous les cyclistes râlent à chaque message de préven­tion inci­tant à porter un casque ?

    En fait le problème n’est pas dans le casque, ou pas que.

    On a le même type de réac­tion sur l’in­ci­ta­tion aux vête­ments réflé­chis­sants, la présence de cata­dioptres sur les roues et l’in­ter­dic­tion des oreillettes à vélo ⁽⁵⁾.

    Le fond c’est qu’on a un vrai problème en France concer­nant la sécu­rité des cyclistes en ville et sur les routes. Ouest France se faisait encore l’écho il y a quelques jours d’un cycliste qui, caméra à l’ap­pui, fait état en 1000 km parcou­rus, d’une mise en danger toutes les 9 minutes, 658 sur le seul mois de juin.

    Là dessus nos auto­ri­tés sont le plus souvent silen­cieuses. On adore­rait des campagnes d’af­fi­chage pour le respect bandes cyclables ⁽¹⁾ et des sas vélo ⁽²⁾, pour le respect des distances lors des dépas­se­ments, pour infor­mer de la prio­rité aux voies cyclables croi­sées lorsqu’un véhi­cule tourne à gauche ou à droite au carre­four, etc.

    À la place d’ai­der à dimi­nuer ces compor­te­ments dange­reux, nos auto­ri­tés rabâchent conti­nuel­le­ment des messages blâmant les cyclistes parce qu’ils ne se protègent pas assez.

    Forcé­ment, ça agace.

    La gestion des poids lourds en ville est une bonne illus­tra­tion de cette poli­tique. Faute de visi­bi­lité, les poids lourds renversent faci­le­ment cyclistes et piétons en ville, avec des morts à la clef. Londres et Milan ont imposé aux poids lourds d’ajou­ter des rétro­vi­seurs et des camé­ras pour reti­rer tout angle mort, avec d’ex­cel­lents résul­tats sur la morta­lité. En France on a préféré impo­ser un auto­col­lant deman­dant aux tiers de faire plus atten­tion à ne pas se faire écra­ser.

    La poli­tique de sécu­rité réduite au report de faute sur les victimes, c’est juste inac­cep­table.

    « Ok mais c’est quand même une bonne chose de faire de la préven­tion, non ?

    Ce n’est pas tant que la préven­tion sur la visi­bi­lité et les protec­tions indi­vi­duelles soit une mauvaise chose ⁽³⁾, c’est que cette préven­tion remplace une vraie poli­tique de sécu­rité.

    Un bon indi­ca­teur c’est que les messages de préven­tion actuels sont critiqués aussi par les cyclistes qui mettent effec­ti­ve­ment des casques et des vête­ments fluo ⁽⁴⁾, voire qui en font eux-mêmes la promo­tion. Les mêmes messages, au milieu d’une vraie poli­tique qui change la donne pour la sécu­rité des cyclistes, feraient bien moins de vagues.

    Cette poli­tique de report de faute sur les victimes a des effets bien connus de neutra­li­sa­tion de la culpa­bi­lité et d’in­ver­sion de respon­sa­bi­lité.

    Le problème, dans l’es­prit collec­tif, n’est plus le chauf­fard qui occupe un double-sens cyclable pour l’ar­rêt boulan­ge­rie ni celui qui fait un dépas­se­ment à moins d’un mètre, mais le cycliste qui ne porte pas de caque ou de gilet réflé­chis­sant.

    On en est au point où quand un cycliste finit avec la colonne verté­brale brisée suite à un choc avec un chauf­fard moto­risé, le jour­na­liste qui relate les faits se sent obligé d’ajou­ter si le cycliste portait ou non un casque, comme si ça aurait changé quoi que ce soit.

    C’est toute une culture qui porte quoti­dien­ne­ment atteinte à la sécu­rité des cyclistes qui a été créée, pas à pas, par cette poli­tique de « préven­tion ». Isolé­ment les messages peuvent avoir du sens. Dans le cadre actuel, ils peuvent être dange­reux. Rien de moins.


    ⁽¹⁾ Je sais que ça ne parait rien (juste­ment faute d’avoir une poli­tique de commu­ni­ca­tion adap­tée de la part de nos auto­ri­tés) mais l’oc­cu­pa­tion des bandes cyclables, y compris pour « juste deux minutes » est un vrai danger pour les cyclistes. Il impose un report sur la voie plus à gauche, avec des usagers moto­ri­sés qui souvent ne l’an­ti­ci­pe­ront pas voire cher­che­ront à avoir un compor­te­ment puni­tif à l’en­contre du cycliste. Quand c’est une bande cyclable à contre-sens, ça demande de se dépor­ter à contre-sens de la circu­la­tion, sans visi­bi­lité, et c’est un danger mortel immé­diat.

    ⁽²⁾ Le sas vélo, malgré toutes ses imper­fec­tions, permet au cycliste de démar­rer en amont des autres véhi­cules, en étant visible de ceux-ci. Il dimi­nue les acci­dents, et parti­cu­liè­re­ment vis-a-vis des véhi­cules qui veulent tour­ner à droite. C’est aussi l’es­pace qui permet aux cyclistes de se posi­tion­ner à gauche au carre­four avant de tour­ner, chose extrê­me­ment diffi­cile en circu­la­tion.

    ⁽³⁾ C’est un autre débat, mais même isolé­ment, si la plupart sont plei­ne­ment justi­fiés, certains ne sont pas perti­nents. En parti­cu­liers, l’in­ci­ta­tion au port du casque (portez-en un) n’est perti­nente que jusqu’au point où ça risque de faire renon­cer au vélo une partie des usagers. Là, même si c’est contre-intui­tif, il a été démon­tré qu’elle a un effet contre-produc­tif sur la sécu­rité réelle des cyclistes. Bref, la réalité est parfois compliqué parce qu’il y a des impacts croi­sés partout.

    ⁽⁴⁾ L’au­teur de ces lignes porte toujours un casque, a 78 (!) réflec­teurs sur son vélo en plus de ceux ajou­tés sur son casque, déjà jaune fluo à la base et de lampes avant et arrière allu­mées 24/24 même en plein jour. Il prend sans conces­sion parti pour le port du casque, pour impo­ser des lumières effi­caces la nuit… et pour­tant lutte acti­ve­ment contre la poli­tique de commu­ni­ca­tion actuelle des auto­ri­tés à ce niveau (je vous l’avais dit, parfois les choses sont compliquées).

    ⁽⁵⁾ À lire unique­ment après avoir lu le billet lui-même : L’in­ter­dic­tion des oreillettes à vélo est d’ailleurs un bon symp­tôme de l’enjeu. C’est inté­res­sant de voir que l’au­to­mo­bile a le droit d’être tota­le­ment inso­no­ri­sée et étanche aux bruits exté­rieurs. Qu’un auto­mo­bi­liste soit sourd aux simples coups de sonnette d’un vélo ne pose aucun problème. On a même l’in­ter­dic­tion pour les vélos d’ins­tal­ler un vrai klaxon pour se faire entendre. Par contre, vous trou­ve­rez mille messages de « préven­tion » et opéra­tions de verba­li­sa­tion de la police à l’en­contre des cyclistes portant des oreillettes, y compris des oreillettes à conduc­tion osseuse lais­sant donc tota­le­ment l’oreille ouverte à l’en­vi­ron­ne­ment sonore exté­rieur. De fait, le cycliste doit faire atten­tion à ceux qui risquent d’être un danger pour lui, et même l’ap­pa­rence de ne pas le faire lui sera repro­chée. L’au­to­mo­bi­liste qui repré­sente le danger, lui, n’a lui aucune obli­ga­tion de rester ouvert au seul dispo­si­tif sonore auto­risé sur un vélo. Tout ça ne dit pas qu’a­voir des oreillettes est une bonne idée mais ça illustre bien la poli­tique publique.

  • Est-ce qu’on peut rire de […]

    ✅ Oui, bien entendu, peu importe le sujet, sans excep­tion.

    Mais…

    ❌ pas forcé­ment si c’est dans l’in­ten­tion de nuire ;

    ❌ pas forcé­ment si, ce faisant, on renforce des stéréo­types discri­mi­na­toires bien établis ;

    ❌ pas forcé­ment si c’est toujours sur les mêmes ⁽¹⁾ ;

    ❌ pas forcé­ment si dans le contexte ou dans l’ac­tua­lité ça peut venir renfor­cer un message ou une action problé­ma­tique ;

    ❌ pas forcé­ment si ça réduit une personne ou un groupe de personne précis à leurs croyances, leur physique, leur origine, etc. ;

    ❌ pas forcé­ment si on se serait abstenu avec une personne qui n’au­rait pas cette croyance, ce physique, cette origine, etc. ⁽²⁾

    La liste n’est pas exhaus­tive et, de façon géné­rale :

    ❌ pas forcé­ment si l’im­pact indi­vi­duel ou socié­tal de ce trait d’hu­mour pose problème, même si c’est malgré vous.

    Il s’agit juste de prendre conscience des consé­quences de ses actions et d’évi­ter de porter inuti­le­ment préju­dice à autrui. C’est la base de la vie en société.


    « On ne peut plus rien dire, alors que Colu­che…

    Je ne vais pas prétendre savoir ce qu’au­rait pensé Coluche de votre trait d’hu­mour s’il vivait aujourd’­hui. La société évolue, le contexte aussi. Prendre comme étalon la société s’il y a un demi-siècle n’est pas forcé­ment très perti­nent.

    J’es­père qu’un jour ce qui parait discri­mi­na­toire aujourd’­hui aura disparu demain à force d’y faire atten­tion. J’es­père aussi que demain prêtera atten­tion à des discri­mi­na­tions qui sont aujourd’­hui trop souvent accep­tées.

    Tout au plus je vais répé­ter le dernier point : « pas forcé­ment si l’im­pact indi­vi­duel ou socié­tal de ce trait d’hu­mour pose problème, même si c’est malgré vous ». Coluche avait certai­ne­ment aussi ses défauts.

    Proba­ble­ment que, malgré tout, son impact sur les personnes et la société, y compris sur les discri­mi­na­tions et stéréo­types dont il jouait au second degré dans son humour, était dans l’en­semble posi­tif.

    À vous de faire en sorte qu’il en soit de même pour vos propres traits d’hu­mour. Se récla­mer de Coluche lors de propos poten­tiel­le­ment problé­ma­tiques ne suffit pas.


    ¹ : Ce y compris si ce n’est qu’une unique occur­rence de votre côté mais que ça vise une personne ou un groupe qui est déjà trop visé, auquel cas ça peut rele­ver du harcè­le­ment ou de la discri­mi­na­tion

    ² : Ce y compris si vous vous dites à tête repo­sée que, honnê­te­ment, vous auriez fait pareil avec x, y ou z mais qu’en réalité vous ne l’avez pas fait ou pas autant. Les biais incons­cients sont plus forts qu’on ne le croit.

  • COR et projec­tions erro­nées

    « Éric, j’ai lu ton dernier billet mais quand même, le COR a merdé. Le gouver­ne­ment a suivi les hypo­thèses du COR et main­te­nant on lui dit que ça ne suffi­sait pas…

    Je suis étonné qu’on reproche à une projec­tion pluri-annuelle de ne pas s’être révé­lée exacte 1 an après.

    On parle d’un système complexe, qui prend en compte entre autres le chômage, l’in­fla­tion, la crois­sance, la fisca­lité et la situa­tion macro-écono­mique.

    Quand est la dernière fois qu’on a réussi à faire une projec­tion exacte sur même 1 an sur même un seul de ces indi­ca­teurs ? Est-il vrai­ment éton­nant qu’une projec­tion qui se base sur l’in­te­rac­tion de tous ces facteurs ne soit pas exacte ? Est-ce vrai­ment le problème ?

    On parle de plus d’un rapport fait par une instance qui ne décide rien des choix de fisca­lité et d’ac­tion qui auront été pris pendant cette année.

    Repro­cher au COR de ne pas avoir fait une projec­tion exacte c’est déjà très malhon­nête

    Mais bon, c’est encore plus malhon­nête quand le gouver­ne­ment arrive à repor­ter la faute sur cette projec­tion.

    La partie inté­res­sante c’est la période rouge 2021–2027, qui n’a qu’une seule hypo­thèse. Les scéna­rios diver­gents appa­raissent unique­ment à partir de là.

    Il va sans dire que les projec­tions écono­miques ne sont jamais assez précises pour fixer avec certi­tude les 5 ans à venir. Si ces 5 ans sont fixes c’est qu’on a choisi de prendre cette période comme une contrainte à l’ori­gine. C’est d’ailleurs dit expli­ci­te­ment dans le rapport.

    Devi­nez quelles sont les hypo­thèses de cette période contrainte ? Bingo ! Ce sont celles du gouver­ne­ment. Le même qui avait, dans une certaine mesure, les moyens d’ac­tion sur ces indi­ca­teurs.

    Ces hypo­thèses étaient fausses. Elles le sont toujours. Mais voir le gouver­ne­ment venir ensuite dire que si sa réforme était inadé­quate c’est la faute de la projec­tion erro­née du rapport… c’est un peu fort de café.

  • En COR un peu plus de retraites, dans le rétro­vi­seur

    Le débat sur la reforme des retraite revient alors qu’un rapport du Conseil d’orien­ta­tion des retraites dévoile que le passage à 64 ans ne suffi­rait pas à finan­cer le système.

    C’est facile pour les tenants de la majo­rité de dire « vous voyez, on avait raison, on n’est même pas assez loin » mais ce n’est pas ce qui a été dit.

    Ça dit unique­ment que la mesure choi­sie unila­té­ra­le­ment par le gouver­ne­ment ne semble pas atteindre l’objec­tif qu’ils s’étaient fixés. Ça ne dit rien de plus.

    Aller plus loin aurait peut-être pu être une solu­tion. Peut-être, parce qu’on touche à des systèmes complexes et que recu­ler des âges a aussi des consé­quences sur l’em­ploi, la santé, les mouve­ments sociaux et plein de choses. Ça n’est pas un simple curseur qu’on bouge.

    D’autres solu­tions tota­le­ment auraient peut-être aussi été viables et perti­nentes. Le COR ne dit pas laquelle est celle à adop­ter, c’est le rôle du poli­tique, il se contente de consta­ter que celle choi­sie ne fonc­tionne pas autant qu’i­ma­giné.


    « Ok Éric mais du coup c’est quoi ta solu­tion ?

    Je ne prétends pas avoir la solu­tion. Ça ne s’ima­gine pas dans un canapé.

    Je vois par contre de vrais débats sur le modèle de société qu’on souhaite ou pas. Ces débats n’ont pas vrai­ment eu lieu.

    • Les dépenses de retraite, avec le fonc­tion­ne­ment avant réforme, ne déra­paient pas en % du PIB. La plupart des hypo­thèses montraient même une réduc­tion des dépenses en propor­tion du PIB.
    • Les recettes, elles, dimi­nuaient forte­ment, au moins à court et moyen terme.

    Bref, on a un diffé­ren­tiel entre recette et dépense à court et moyen terme, et poten­tiel­le­ment à long terme en fonc­tion des hypo­thèses rete­nues. On peut faire plein de choses :

    • En rédui­sant le niveau des pensions, pour tous ou pour certaines caté­go­ries spéci­fiques
    • En recu­lant l’âge de départ, en augmen­tant le nombre de trimestres néces­saires, ou recu­lant l’âge de départ à taux plein, pour tous ou pour certaines caté­go­ries.
    • En augmen­tant la décote en cas de départ à la retraite anti­cipé avant d’avoir son nombre de trimestres, pour tous ou pour certaines caté­go­ries.
    • En augmen­tant les coti­sa­tions sala­riales, patro­nales, la CSG, ou un mix de tout ça pour tous ou pour certaines caté­go­ries.
    • En levant un impôt ou une taxe spéci­fique dédiée aux recettes des retraites
    • En prenant dans le budget de l’État, qui devra du coup faire d’autres choix budgé­taires à recettes équi­va­lentes.
    • En prenant dans le budget de l’État, qui devra reti­rer certaines baisses de fisca­lité prévues ou réali­sées.

    Bref, il y a plein de choses possibles et le « il n’y a pas le choix » était une vaste fumis­te­rie desti­née à cacher qu’ils avaient déjà fait le choix.

    Il y avait d’ailleurs même le choix de ne rien faire, c’est à dire ponc­tion­ner les réserves (consti­tuées dans les périodes favo­rables passées) et contrac­ter de la dette (à rembour­ser dans les périodes favo­rables futures)

    Un débat inté­res­sant aurait abordé ces ques­tions, qui sont des vrais choix de société qui peuvent être réel­le­ment discu­tés par tous sans forcé­ment d’ex­per­tise. L’ex­per­tise elle n’est néces­saire qu’en­suite, pour chif­frer ce que ça veut dire en fonc­tion des leviers qu’on a choisi d’uti­li­ser.

    De mon côté, l’idée qu’il ne s’agit pas vrai­ment d’aug­men­ter les dépenses mais d’ar­rê­ter de les bais­ser emporte majo­ri­tai­re­ment mon choix. Je ne vois pas pourquoi on voudrait bais­ser le niveau des retraites en % du PIB.

    Je me serais proba­ble­ment orienté vers un mix des cinq dernières, en commençant par arrê­ter cette folie du SNU.

    Je dis « proba­ble­ment » parce que je consi­dère que je n’ai pas été correc­te­ment éclairé sur ces diffé­rents choix, donc je pour­rai tout à fait m’orien­ter diffé­rem­ment le jour où je le serai.

  • Le gilet jaune fluo à vélo

    Ce n’est pas un problème de visi­bi­lité.

    https://twit­ter.com/camil­leMAILHE/status/1660333432533024771
    https://twit­ter.com/fiets­pro­fes­sor/status/1490073619980079113
    https://twit­ter.com/Jordi_Velo/status/1600230793187426304
    https://twit­ter.com/Maitre_Eolas/status/1599107111073767425

    « Oui mais ça aide quand même ! »

    Bien entendu que ça peut aider. Mettez des éléments réflé­chis­sants là où on vous voit mal. Ayez des lumières à vélo dès le crépus­cule, y compris en ville.

    La ques­tion n’est pas là. Ce que les illus­tra­tions disent c’est que le problème sur la route n’est prin­ci­pa­le­ment pas un problème de visi­bi­lité, que se foca­li­ser là dessus c’est préfé­rer culpa­bi­li­ser la victime plutôt que de résoudre le fond.

    Le gilet ne proté­gera pas le cycliste ou le piéton face à un conduc­teur qui fait n’im­porte quoi avec son véhi­cule.

  • Illi­bé­ra­lisme, démo­cra­tie, dicta­ture, tout ça

    La France est bel et bien en train de rejoindre le camp des démo­cra­ties « illi­bé­rales »

    Jean-François Bayart, Où va la France ? – Le Temps

    Je ne suis pas fana du terme d’« illi­bé­ra­lisme » qui semble être à la mode pour décrire nos démo­cra­ties en chute.

    On a un problème de voca­bu­laire parce qu’on s’in­ter­dit de dire qu’on est dans un régime auto­ri­taire ou dans une dicta­ture. C’est un extrême impen­sable. Parce qu’on voit tout en binaire, ça veut dire qu’on est dans une démo­cra­tie, et qu’il faut tenter de trou­ver un adjec­tif derrière pour modé­rer tout ça.

    À jouer avec les compro­mis de voca­bu­laire, on s’in­ter­dit de réflé­chir sur les termes et de prendre du recul.

    Les fron­tières entre démo­cra­tie et dicta­ture sont forcé­ment un peu floues et dépendent de ce sur quoi on est strict ou non.

    Je suis convaincu que la défi­ni­tion litté­rale de la dicta­ture inclut beau­coup plus de choses qu’on ne veut bien le croire, et que la défi­ni­tion de la démo­cra­tie en inclut beau­coup moins qu’on ce qu’on dit pour se rassu­rer.

    En réalité, peu importe.

    On peut aussi tracer un axe avec deux hori­zons, d’un côté une démo­cra­tie fantas­mée qu’on n’at­tein­dra jamais parfai­te­ment — si tant est que ce soit possible — et de l’autre une dicta­ture cauche­mar­desque qu’on n’at­tein­dra jamais non plus parce qu’on pourra toujours imagi­ner pire.

    Je ne mets pas de gradua­tions à cet axe, pas de milieu qui néces­si­te­rait de débattre pendant trois siècles.

    Je ne mets que trois ques­tions :

    1. Est-ce qu’on est bien placés dans l’ab­solu par rapport à nos aspi­ra­tions et nos belles paroles ?
    2. Est-ce qu’on est bien placés rela­ti­ve­ment à nos voisins et à d’autres pays simi­laires au notre ?
    3. Est-ce qu’on évolue dans le bon sens ?

    Je n’ai pas l’im­pres­sion qu’on soit correc­te­ment placés aujourd’­hui par rapport à nos aspi­ra­tions et nos discours. C’est évidem­ment subjec­tif. En tout cas on n’y est pour moi.

    J’ai l’im­pres­sion que l’es­sen­tiel de nos voisins directs font mieux que nous, et certains voisins plus distants font vrai­ment vrai­ment mieux.

    Surtout, et c’est bien plus grave, j’ai l’im­pres­sion qu’on évolue dans le mauvais sens, à une vitesse signi­fi­ca­tive. C’est ça dont nous devrions avoir le plus peur. C’est ça dont j’ai le plus peur.

  • On vous a volé votre vélo ?

    J’en suis désolé. Je compa­tis, ça m’est arrivé aussi et je l’ai toujours mauvaise. Je redif­fu­se­rai un message avec plai­sir s’il y a moyen de le retrou­ver. Ça arrive.


    Je suis par contre très curieux d’en savoir plus, pour comprendre la réalité des vols.

    1. Avec quel(s) anti­vol(s) était-il atta­ché ? idéa­le­ment les modèle exact parce qu’il existe des U, des chaînes et des bordo de résis­tance très diffé­rentes. À défaut, au moins le type (U, chaîne, pliable, fer à cheval, boa, câble simple) et l’épais­seur.

    2. Comment l’an­ti­vol a-t-il été cassé ? Si c’est avec un coupe boulons, une disqueuse, une scie, en croche­tant, en décou­pant le support, ou encore autre chose. Si vous ne savez pas, parfois ça peut se voir sur la photo de l’an­ti­vol ouvert. Sur les pliables c’est inté­res­sant de savoir s’il a cédé à la jonc­tion ou en décou­pant dans une lame. Sur les U c’est inté­res­sant de savoir s’il y a eu besoin de deux coupes, et si on a l’im­pres­sion que ça a été pincé (coupe boulons) ou scié. Si c’est le support qui a été cassé, quel était-il ?

    3. Où était-il ? Visible ou non ? dans une ruelle ou dans une avenue passante ? à quelle heure ? Est-ce que le vol a eu lieu à la vue de tous ou caché ? Est-ce qu’il y avait d’autres vélos ? plus chers ? moins bien ou mieux atta­chés ?

    4. Quel vélo était-ce ? En terme de prix esti­ma­tif, élec­trique ou pas, en bon état ou pas, etc.

    5. Votre assu­rance a-t-elle accepté la prise en charge ? Quelle est cette assu­rance ?


    Pas de honte. On a tous une fois mal atta­ché son vélo, voire pas atta­ché du tout. Parfois par fatigue ou par erreur, parfois en étant un peu trop opti­miste. Le respon­sable sera toujours le voleur, pas vous.

    L’idée c’est d’avoir une meilleure vision des risques réels en fonc­tion des anti­vols et des condi­tions.