[á propos d’IA] Tu n’es pas un artiste. Tu es un producteur qui ne paye pas d’artistes, et qui utilise à la place un logiciel qui les vole.
Je ne suis tellement pas d’accord avec ça…
(spoiler : je n’utilise pas d’IA pour créer)
Utiliser un logiciel ne change rien à ma vision de l’artiste. J’ai l’impression d’un combat dépassé tel qu’on aurait pu en avoir entre les peintres et les photographes.
Celui qui utilise l’IA pour générer un texte ou une image, qui réfléchit à ce qu’il veut faire générer, pourquoi, qui va relancer le modèle et modifier sa demande jusqu’à obtenir ce qui lui convient, c’est pour moi totalement une démarche artistique, qui mène à un œuvre de l’esprit au même titre que celui qui utilise d’autres outils.
J’attribue même plus de notion de création à la situation du paragraphe précédent qu’à celle d’un photographe reproduisant des portraits convenus suivant un agencement de lumière identique à n’importe qui d’autre.
Et sur le vol ?
Outre que je ne cautionne pas le terme de vol quand il n’y a pas soustraction du bien volé, je ne vois rien de vraiment inédit là non plus.
Aucun artiste ne crée ex-nihilo. Tous vont dévorer des tonnes d’œuvres, en recopier des traits ou les détourner, s’en inspirer ou s’en éloigner, et alimenter leur propre vision à partir de là. S’il existe une période puis un courant pointilliste, un réalisme, un romantique, un pop-art et plein d’autres, c’est bien avec ce mécanisme.
Celui qui prétend créer autrement qu’après s’être alimenté des œuvres des autres manque au mieux de recul, au pire d’honnêteté.
Ce que fait l’IA c’est industrialiser ce processus, rien de plus.
Alors oui, certains vont abuser de l’outil et pousser l’inspiration trop loin, en s’inscrivant trop dans le détournement du style d’un tiers, voire dans le détournement d’une œuvre. C’est juste vrai aussi pour les artistes sans IA, et pas toujours volontairement.
Tout au plus on peut imaginer qu’il y a une question financière vu que les œuvres servant à l’apprentissage des IA ne sont pas achetées alors que celles servant à l’apprentissage des artistes le sont partiellement. Il ne me semble pas impossible d’y trouver des solutions si vraiment on le doit (ce qui ne me semble pas une évidence).
Et pourtant
S’il devait y avoir un vrai problème avec l’IA, pour moi ce n’est pas la question des artistes ou des œuvres mais celle de la consommation énergétique. Je ne sais pas si les usages artistiques génèrent vraiment un volume significatif mais l’IA en elle-même reste un problème énergétique majeur.
Même en ignorant la question énergétique, le seul problème à la réutilisation des œuvres c’est le risque de tourner en rond. Ces outils sont intrinsèquement faits pour que leurs créations restent dans l’écosystème pré-existant. Ce n’est après tout que de la prédiction statistique très élaborée. Si la masse d’œuvres faites à l’aide de l’IA dépasse un certain seuil, ça va s’auto-alimenter et il deviendra difficile de créer des œuvres qui sortent du lot.
Bon, au pire ça fera revenir l’utilité et l’importance des artistes humains.
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