Catégorie : Numérique

  • 5 – Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance

    En préa­lable à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance

    La nouvelle géné­ra­tion baigne dans cette écono­mie d’abon­dance de conte­nus. Copier et diffu­ser se fait à coût virtuel­le­ment nul. On a accès à tout plus ou moins faci­le­ment, et il est évident qu’on ne pourra pas utili­ser tout ces conte­nus. L’enjeu n’est plus de comp­ter mais décou­vrir, de sélec­tion­ner et parta­ger, éven­tuel­le­ment de faire gros­sir encore plus le nombre de conte­nus et de les redif­fu­ser à son tour pour parti­ci­per à l’en­ri­chis­se­ment collec­tif.

    C’est d’ailleurs là que se trompent ceux qui luttent contre la contre­façon. Si la gratuité joue bien entendu un rôle, c’est toute une vision de l’ac­cès et de l’usage des conte­nus qui est diffé­rente sur la nouvelle géné­ra­tion. La lutte contre la contre­façon actuelle revient à expliquer pourquoi payer l’ac­cès au puit chaque matin à une géné­ra­tion qui ne connait que l’eau courante quasi gratuite et qui l’a toujours à portée de main. Ce n’est pas une ques­tion de mauvaise volonté, c’est juste que tout ceci leur semble natu­rel et ils ne le conçoivent proba­ble­ment même plus autre­ment. Ils peuvent s’y contraindre pour un temps, mais pas chan­ger leur façon de voir le monde.

    Être limité en nombre de copie pour un contenu acquis léga­le­ment ? Ne pas pouvoir parta­ger avec son petit ami ? Oubliez l’idée car cela leur semblera toujours illé­gi­time quand bien même on inves­ti­rait encore 10 ou même 100 millions d’eu­ros en commu­ni­ca­tion dans une seconde Hadopi.

    Les verrous seront cassés, les conte­nus copiés et tout ce qu’on obtien­dra c’est un désin­té­rêt irré­cu­pé­rable pour imagi­ner ensemble un autre modèle écono­mique. Nous devrions bien plus inves­tir pour faire muter notre société que pour frei­ner cette révo­lu­tion, car elle ne pourra en aucun cas être stop­pée.

    Il est temps de réflé­chir à notre société dans l’éco­no­mie d’abon­dance. C’est sérieux et nous dépas­sons ici large­ment le domaine du livre, c’est tout le droit d’au­teur qu’il faut à terme repen­ser.


    Dans la même série :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance (ce billet)
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance
  • 4 – D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance

    En préa­lable à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare

    Ce qui diffé­ren­cie les points de vue du second billet est plus fonda­men­tal qu’il n’y paraît. N’ayons pas peur des mots, ce sont deux modèles de société qui s’op­posent (l’écoute de la vidéo est indis­pen­sable, croyez moi, et je ne me risque­rai pas à la para­phra­ser ici) : celui d’une écono­mie de la rareté et celui d’une écono­mie de l’abon­dance.

    Nous vivons cette muta­tion depuis des années dans la musique, la vidéo et la presse. Le livre n’est fina­le­ment qu’un nouveau venu dans cette bataille mais c’est aussi celui avec l’his­toire la plus stable et la plus ancrée dans la rareté. La réac­tion de rejet est donc encore plus forte, au point de feindre de ne pas connaitre l’is­sue. Là où musique vidéo et presse cherchent un modèle, le livre agit expli­ci­te­ment pour péren­ni­ser sont modèle de rareté.

    Vous n’y croyez pas ?

    Au Salon du livre il y a un mois, un repré­sen­tant des éditeurs affi­chait expli­ci­te­ment son inten­tion de main­te­nir la rareté du livre dans les offres numé­riques aux biblio­thèques publiques, pour éviter de concur­ren­cer le modèle de vente d’aujourd’­hui. La loi récente qui va gérer le cas des œuvres indis­po­nibles du XXème siècle et permettre leur numé­ri­sa­tion semble en partie avoir été conçue pour éviter d’autres alter­na­tives à diffu­sion plus large, comme entre autres la loi euro­péenne sur les œuvres orphe­lines. Et le président de la BNF dont la mission est de donner accès au plus grand nombre, de décla­rer qu’il faut éviter de donner accès gratui­te­ment au domaine public afin de sauve­gar­der les librai­ries. On pour­rait aussi parler de DRM ou d’ab­sence d’offre d’abon­ne­ment.

    Il semble que dans le livre numé­rique seuls Amazon et quelques star­tups consi­dèrent qu’il faut plani­fier l’iné­luc­table plutôt que de tenter l’ar­rê­ter. Ce n’est pas pour rien qu’A­ma­zon propose via son offre premium un noyau de ce que peut être une offre d’abon­ne­ment. Le jour où ce sera perti­nent, ils seront prêts. Entre temps ils « achètent » des auteurs pour consti­tuer un cata­logue le plus large possible dont ils contrôlent l’offre et les condi­tions, pour dépendre le moins possible d’édi­teurs tiers qui pour­raient les empê­cher de suivre un nouveau modèle.

    Si vous contrô­lez les conte­nus, vous contrô­lez l’offre. Si vous contrô­lez l’offre, vous pouvez choi­sir votre modèle écono­mique.


    Dans la même série :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance (ce billet)
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance
  • 3 – Le livre, cet objet rare

    Préa­la­ble­ment à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel

    J’ai beau jeu de provoquer un peu dans le premier billet de cette série, mais avant de passer à la suite il est bon de poser les bases.

    La rareté et la valeur d’un livre (les deux sont liées) sont à tel point enra­ci­nées dans nos usages qu’il en est presque sacré : Rien qu’en corner les pages ou en user la tranche provoquera des réac­tions épider­miques chez certains déten­teurs. C’est en même temps un des rares objets qui passe de main en main même en dehors du cercle fami­lial alors que pour tout le reste on a tendance jeter et ache­ter du neuf. Trop impor­tant, trop rare. Même dans les films catas­trophe on brûle jusqu’au plan­cher avant d’en­vi­sa­ger, oh héré­sie, de se chauf­fer avec des livres.

    Mieux : Le livre on l’ex­pose. C’est d’ailleurs tout l’objet des collec­tions comme La Pléiade et je mets au défi quelqu’un de venir m’af­fir­mer que la valeur de ces objets tient dans l’er­go­no­mie de lecture. C’est dire à quel point on consi­dère l’objet comme rare malgré sa démo­cra­ti­sa­tion et la faci­lité de repu­bli­ca­tion.

    Dans ce contexte, effec­ti­ve­ment, ache­ter un livre sans le lire c’est mépri­ser le livre, son auteur ; une preuve d’ir­res­pect frôlant le sacri­lège envers la Culture et la Litté­ra­ture. Toute la chaîne de valeur, de l’au­teur jusqu’au lecteur, est basée sur cette rareté imagi­naire à la limite de la sacra­li­sa­tion. Le numé­rique joue les trou­blions mais visi­ble­ment pas au point de chan­ger l’angle de vue des diffé­rents acteurs.


    Dans la même série :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare (ce billet)
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance
  • Strea­ming dans la musique

    J’aillais réagir sur un billet concer­nant le strea­ming dans le livre, mais fina­le­ment c’est toute la mise en contexte que je rejette. Je me méfie beau­coup des chiffres sur la musique. Regar­dons un peu plus près :

    Un achat pour 400 écoutes

    0,04 centimes par achat numé­rique et 0,0001 par écoute, ça veut dire qu’un achat rapporte autant que 400 écoutes.

    Il serait inté­res­sant de savoir combien de fois on écoute habi­tuel­le­ment nos titres ache­tés. Si c’est du même ordre de gran­deur, alors on peu igno­rer super­be­ment tous ceux qui critiquent la rému­né­ra­tion du strea­ming.

    Il faut aussi prendre en compte que le strea­ming ne remplace pas forcé­ment un achat, parti­cu­liè­re­ment les écoutes gratuites. Il se fait aussi pour des titres qu’on n’au­rait pas acheté, ou dans des situa­tions où on n’au­rait pas sorti le bala­deur.

    Dans ces cas la compa­rai­son est faus­sée car la rému­né­ra­tion du strea­ming s’ajoute à celle de l’achat, et là même une petite rému­né­ra­tion doit être vue comme un succès.

    Comp­ter en rému­né­ra­tion par écoute au lieu de comp­ter en rému­né­ra­tion globale c’est tenter de faire coller un modèle de rareté, très adapté à la vente physique, au monde numé­rique qui lui est adapté à un modèle d’abon­dance : 0,0001 euro sur un million d’écoutes ou 0,01 euro sur 10 000 écoutes ça revient bien au même. L’im­por­tant n’est pas le prix par écoute ou le nombre d’écoutes, mais combien ça rapporte au final.

    Un modèle qui rapporte

    Et si on s’at­tache au cumulé, sur les 9 premiers mois 2012 le strea­ming c’est un montant équi­valent à 75% de l’achat numé­rique.

    Les deux sont en progres­sion donc l’un ne remplace pas l’autre. Le strea­ming c’est 30% de progres­sion. Autant dire que c’est très bon.

    Un marché porteur, nouveau, qui en partie s’ajoute aux précé­dents, avec une progres­sion de 30%, dans un marché global en baisse, si on fris­sonne je peux imagi­ner que c’est de plai­sir.

    On lit d’ailleurs un peu plus bas que le strea­ming pèse 57% des reve­nus musi­caux. Pour un modèle déclaré comme ne rappor­tant rien… ça fait peur.

    Parlons de Johny et de répar­ti­tion

    Mais il y a un point très inté­res­sant dans l’his­toire, c’est le chiffre annoncé de 0,01 centime par écoute pour Johny Halli­day.

    Il faut dire que pour le même inter­prète on parle de 4 centimes pour un achat. Ses titres iTunes sont entre 99 c. et 1,29 euros. Ça veut dire qu’il a un droit d’au­teur entre 4 et 5% du hors taxes. Fran­che­ment c’est très peu, et je n’y crois guère. Pas pour Johny. C’est parti­cu­liè­re­ment vrai pour lui qui dure depuis long­temps et qui a des ventes assu­rées. Il est même un cas parti­cu­lier en ce qu’il est connu pour vendre très très bien son vieux cata­logue. Il est donc probable qu’il arrive à négo­cier mieux.

    Si les chiffres sont vrais, il y a problème et ce n’est pas lié au strea­ming ou au numé­rique mais aux contrats faits par les majors. Le problème est là.

    C’est parti­cu­liè­re­ment vrai quand on regarde le 0,01 centime par écoute. Le même billet montre qu’il y a proba­ble­ment un chiffre d’af­faire de 4277 $ pour 800 000 écoutes, soit 0,41 centimes d’eu­ros. L’his­toire ne dit pas si c’est du hors taxes ou pas, mais même dans le meilleur des cas ça veut dire que que Johny touche 3% du hors taxe sur les écoutes en strea­ming, donc encore moins que pour un achat.

    Je ne sais pas vous, mais là aussi, moi je n’irai pas taper sur le strea­ming. Il y a des inter­mé­diaires qui doivent bien en profi­ter.

    On le confirme encore dans le même billet quand le respon­sable Spedi­dam se plaint que les musi­ciens et choristes ne touchent rien du tout. Si le strea­ming rapporte peu en global c’est une vraie ques­tion (mais on a vu que ce n’était pas le cas). Si par contre quelqu’un ne gagne *rien*, alors le problème est plus au niveau de la répar­ti­tion des droits que sur les reve­nus géné­rés.

    Tout ça est encore illus­tré par le fait que les socié­tés de strea­ming ne seraient toujours pas rentables. Pour des socié­tés qui génèrent 36% des reve­nus de l’in­dus­trie et sachant que les artistes gagnent très peu en droits, il y a des gens qui se gavent au milieu. Je vous laisse devi­ner qui.

    Plus que le strea­ming, ce sont les inter­mé­diaires qui sont en ques­tion dans tous ces chiffres (et ce n’est pas neuf)

    Musique, livres

    Je me suis concen­tré ici sur l’exemple de la musique, pour montrer que non, le strea­ming en soi n’a pas à être peint en noir.

    Main­te­nant pour moi les usages de musique et de litté­ra­ture sont trop diffé­rents pour les asso­cier. Les modèles écono­miques du strea­ming des deux acti­vi­tés n’ont pour moi rien de commun. On en parlera dans un autre billet.

  • Impact de la léga­li­sa­tion des échanges non marchands

    Une nouvelle étude vient confor­ter l’idée que la contre­façon de biens imma­té­riels n’a d’im­pact néga­tif ni sur la créa­tion ni sur l’in­dus­trie cultu­relle, au moins concer­nant les échanges non marchands.

    Cette dernière étude nous vient de la Commu­nauté euro­péenne elle-même, en se concen­trant sur la musique. En fait, malgré les décla­ra­tion publiques et poli­tiques, le fond ne fait plus tant débat que ça : L’im­pact lié aux échanges entre parti­cu­liers est au pire peu signi­fi­ca­tif sur le marché global.

    Pour­tant je trouve que certains vont un peu vite dans les inter­pré­ta­tions et conclu­sions :

    Si on consi­dère que la contre­façon n’a que peu d’im­pact globa­le­ment pour l’in­dus­trie, je ne crois pas avoir vu beau­coup de chiffres sur la répar­ti­tion des reve­nus. Il est tout à fait légi­time de penser que si le montant d’achat global n’est pas entamé, il puisse se repor­ter sur d’autres oeuvres ou d’autres types de pres­ta­tion.

    Quel est l’im­pact sur la diver­sité de la créa­tion ? sur la rému­né­ra­tion de certaines caté­go­ries d’ac­teurs écono­miques ? ou plus simple­ment comment cette répar­ti­tion évolue­rait-elle si on ouvrait large­ment les échanges non marchands ?

    Dans le même esprit, les études se basent sur le contexte actuel où les échanges non marchands ont un frein impor­tant du fait de leur illé­ga­lité en soi (très impor­tant pour une grande partie de la popu­la­tion) mais aussi de ce qu’im­plique cette illé­ga­lité au niveau de la visi­bi­lité de l’offre non marchande pour monsieur tout le monde, de la confiance qu’on peut accor­der ou non à ces acteurs non offi­ciels ou non recon­nus, de leur répu­ta­tion, de la peur du gendarme, etc.

    Les résul­tats actuels peuvent-ils vrai­ment être consi­dé­rés comme conti­nus si on légi­time ces échanges non marchands et que les offres corres­pon­dantes passent en concur­rence directe des offres marchandes avec le prix comme seul diffé­rence ou presque ?

    Bref, sauf à avoir manqué des éléments, ces études ne me paraissent pas être un élément perti­nent pour déci­der de la léga­li­sa­tion ou non des échanges non marchands. Ce serait large­ment les sur-inter­pré­ter.

    Je ne tire que deux conclu­sions sur ces études :

    • Il n’est pas légi­time de deman­der des dommages et inté­rêts déme­su­rés aux coupables de ces partages non marchands
    • Inves­tir des sommes déme­su­rées ou aller jusqu’à enta­mer les équi­libres des liber­tés civiles pour frei­ner cette contre­façon n’a aucun sens écono­mique.

    Je garde aussi deux faits essen­tiels qu’il serait dommage d’ou­blier :

    • Rien ne tuera la créa­tion, et surtout pas la capa­cité de chacun d’ac­cé­der et s’ap­pro­prier des conte­nus.
    • Si on n’uti­lise pas l’argent pour ache­ter ces biens cultu­rels, il sera utilisé pour d’autres biens cultu­rels, ou d’autres biens tout court. L’éco­no­mie globale ne tombera pas pour autant.
  • We’re not ‘appy. Not ‘appy at all.

    Les services numé­riques du gouver­ne­ment UK ont mis en ligne un long billet sur leur réponse à la problé­ma­tique « mobile ». On y voit un vrai travail pour donner accès aux appa­reils mobiles, avec des résul­tats spec­ta­cu­laires. Passer de 0 à 45% d’uti­li­sa­teurs mobiles en un an, ça montre que la demande est là.

    Le point inté­res­sant est décrit à partir du support de présen­ta­tion, c’est la poli­tique « no (native) apps ». Ils ont fait du web mobile, et y ont réussi. C’est défi­ni­ti­ve­ment la voie à privi­lé­gier, l’ap­pli­ca­tion étant à réser­ver à des usages spéci­fiques excep­tion­nels, et seule­ment après avoir assuré l’as­pect web.

    Une direc­tion à s’ap­pro­prier et à parta­ger.

  • Adieu SSII, bonjour ESN !

    Est-ce qu’un chan­ge­ment de nom de SSII vers ESN va suffire à faire oublier leur répu­ta­tion sulfu­reuse (et souvent méri­tée) ? C’est pour­tant pour moi la seule moti­va­tion crédible à cette propo­si­tion. Je doute que « service numé­rique » soit signi­fi­ca­ti­ve­ment plus perti­nent, ou que la valeur ajou­tée renta­bi­li­sait le chan­ge­ment de nom.

    Bref, c’est unique­ment du marke­ting et le Syntec ferait mieux de faire évoluer les pratiques que de chan­ger l’em­bal­lage.

    Au moins nous avons évité l’ESD : l’en­tre­prise de services digi­taux. Je ne comprends toujours pas comment on peut faire confiance à toutes ses agences qui se disent expertes du web et du numé­rique et qui pour­tant ne se rendent même pas compte qu’elles utilisent le terme « digi­tal » de travers.

  • Open Data ou les dérives de l’in­gé­nuité numé­rique

    À l’ori­gine, l’idée est excel­lente

    Comprendre : C’est idée est tota­le­ment crétine.

    Le problème, c’est qu’a­veu­glé par cet enthou­siasme, aucun des promo­teurs du projet n’a vu venir la révo­lu­tion que celui-ci risque de provoquer et les menaces consi­dé­rables qu’il repré­sente déjà  pour le respect de la vie privée.

    […]

    Aussi devons-nous, par exigence civique, les rappe­ler sans ména­ge­ment à leurs respon­sa­bi­li­tés ! Peut-on accep­ter que quiconque puisse dispo­ser de ces données, les retrai­ter et les exploi­ter sans qu’aient été préa­la­ble­ment fixées les règles néces­saires pour garan­tir la protec­tion des personnes rendues vulné­rables par l’Etat lui-même au mépris des lois qu’il a fait voter et qu’il s’ef­force de faire respec­ter par les entre­prises privées ?

    Le fond (non reco­pié ici) n’est pas tota­le­ment idiot. Il est vrai que le jour où la trans­pa­rence des données sera la règle, bien qu’a­no­nymes, il sera peut être possible de faire des recou­pe­ments divers pour iden­ti­fier des noms sur les données. Plus simple­ment, de mauvaises agré­ga­tions permettent parfois d’ob­te­nir plus d’in­for­ma­tions que l’on ne devrait. Imagi­nons par exemple qu’on puisse (ce n’est pas le cas) inter­ro­ger le salaire moyen des profes­sions médi­cales libé­rales d’une ville, et que la ville n’ait qu’un seul méde­cin.

    Main­te­nant pour résoudre ces problèmes il faut s’y atte­ler, et commen­cer à publier. Pas n’im­porte comment, mais en avançant. C’est ce qui est fait, et les précau­tions sont plutôt faites deux fois plutôt qu’une. Bien évidem­ment l’ano­ny­mi­sa­tion est déjà la règle, c’est un mini­mum mais qui n’est pas idéal non plus (comment puis-je cher­cher un juge­ment connu par le nom des oppo­sants s’ils ont disparu du juge­ment ?).

    Le problème c’est qu’en appe­lant à l’ar­rêt tant qu’un cadre juri­dique sur la vie privée n’est pas arrêté, on met simple­ment toute l’idée aux oubliettes. Quel cadre ? sur quelles bases ? Les règles de base de vie privée existent déjà et il sera bien impos­sible de défi­nir une limite objec­tive à toute publi­ca­tion alors que juste­ment tout dépend de la donnée, de son contexte et de ce qu’on peut en faire.

    Le séna­teur n’au­rait pas été actif que j’au­rai cru à un mauvais vécu des opéra­tions de trans­pa­rence démo­cra­tiques de Regards Citoyens (qui passent pas l’Open Data mais dont la problé­ma­tique est à mon humble avis diffé­rente, et encore plus essen­tielle). La notion de vie privée est un peu trop mise en avant pour combattre toute capa­cité pour le citoyen de contrô­ler ses élus, même si pour­tant on s’adresse juste­ment la vie publique de l’élu et non à sa vie privée.

  • Sur le dos de Google, les majors musi­cales rejoignent la presse

    Forcé­ment, à imagi­ner des taxes sans fonde­ment et des droits à rente pour des caté­go­ries spéci­fiques, ça créé des envieux. La presse et la musique ont tenté de taxer les four­nis­seurs d’ac­cès Inter­net, mais Google étant le grand méchant du moment, c’est beau­coup plus simple, et puis il n’est pas français.

    La musique veut elle aussi béné­fi­cier de l’ins­tau­ra­tion d’une taxe Google. Telle est le message déli­vré jeudi 17 janvier par Pascal Nègre, président d’Uni­ver­sal Music pour la France, l’Ita­lie, le Moyen Orient et l’Afrique.

    En ayant ouvert la porte à la presse, quelle légi­ti­mité à dire non à l’in­dus­trie musi­cale ? Nos poli­tiques ne se rendent pas compte des impacts à long terme de ce type de bêtise.

  • Renta­bi­li­ser les données publiques en les reti­rant du public

    Par souci de « renta­bi­lité » et pour « proté­ger ses inves­tis­se­ments », l’État et les collec­ti­vi­tés publiques ont de plus en plus tendance à vouloir restreindre l’ac­cès aux données publiques.

    Je crois que nous avons simple­ment oublié, à force de tout vouloir moné­ti­ser pour dimi­nuer les coûts, que ces struc­tures ont pour rôle l’in­té­rêt public, pas d’être des sources de recettes.

    Le pire dans cette utopie de vouloir renta­bi­li­ser et monnayer ces accès, c’est que dans l’en­semble les tenta­tives de moné­ti­sa­tions coutent souvent plus cher que ce que ça ne rapporte, sans même comp­ter les béné­fices indi­rects que peuvent rappor­ter la publi­ca­tion libre des données et leur réuti­li­sa­tion.