Catégorie : Numérique

  • Pour une éduca­tion numé­rique

    L’ar­ticle de Slate ne va pas loin (oui, je sais, cette phrase est un lieu commun) mais le fond me semble des plus impor­tants. Apprendre à program­mer, sera aussi essen­tiel pour l’au­to­no­mie et pour progres­ser demain que ça ne l’écri­ture, la lecture et les mathé­ma­tiques de base pour nos parents ou grands parents.

    Ceux qui savent program­mer seront indé­pen­dants pour réali­ser toutes leurs tâches quoti­diennes. Tout ce qu’ils feront, person­nel­le­ment et profes­sion­nel­le­ment sera numé­rique. Les feuilles de calcul, les tableaux de données et les fichiers texte seront leur lot quoti­dien. Pouvoir faire quelques lignes de code pour extraire leurs infor­ma­tions, auto­ma­ti­ser des trai­te­ments, ou simple­ment manier comme ils souhaitent la profu­sion de données auxquelles ils doivent faire fasse, c’est essen­tiel.

    Nous n’en sommes qu’aux prémisses et pour­tant, comme beau­coup d’in­for­ma­ti­ciens, je me demande régu­liè­re­ment comment font les gens « normaux » pour être auto­nomes sur leurs petites tâches quoti­diennes. Certaines choses sont simple­ment faites en plus de temps, d’autres sont lais­sées pour compte. Aujourd’­hui ces échecs quoti­diens ne provoque pas encore de frus­tra­tion car l’usage de la program­ma­tion n’est même pas envi­sagé ; l’aide d’un infor­ma­ti­cien est vue comme une baguette magique. Demain, avec le tout numé­rique, personne ne sera dupe.

    Mieux, la program­ma­tion leur permet­tra aussi de créer, de ne pas se satis­faire de ce qui existe déjà, de parti­ci­per à l’in­no­va­tion, et de simple­ment n’être limi­tés que par eux-même. N’est-ce pas ce qu’on souhaite pour nos géné­ra­tions futures ?

    Apprendre les rudi­ments de la program­ma­tion aux enfants peut paraitre exagéré mais l’objec­tif n’est pas d’en faire des déve­lop­peurs de métier, pas plus que mes parents n’ont souhai­tés me faire écri­vain ou mathé­ma­ti­cien.

    POURTANT ÇA EXISTait DÉJÀ

    À quel âge faut-il commen­cer ? dans quel cadre ? ce qui est certain c’est que l’ap­proche d’aujourd’­hui, apprendre à se servir de l’ou­til via des logi­ciels tout faits, ne peut que mener à une impasse.

    Je me rappelle que j’étais un privi­lé­gié à avoir gouté aux MO5 ou TO7, avec l’uti­li­sa­tion de Logo pour faire bouger une petite tortue à l’écran, en primaire, à l’école publique. J’ai l’im­pres­sion que ces initia­tives n’existent plus. On préfère faire des mises en gardes concer­nant Face­book, la propriété intel­lec­tuelle ou montrer comment se servir de MS Word à des élèves qui en maitrisent bien plus l’usage d’une façon que réprou­ve­rait n’im­porte quel infor­ma­ti­cien.

    À côté de ça le projet OLPC pour l’Afrique promeut l’usage de Python. Ça n’a l’air de rien, mais si cette tendance se confirme, nous vivrons au crochet de l’Afrique dans quelques géné­ra­tions, à moins qu’on ne conti­nue à les assujet­tir à l’aide des dettes et autres produits finan­ciers (et qu’on reste donc dans du perdant-perdant)

    Un plan numé­rique

    Le pire c’est que les lycéens voire collé­giens qui apprennent d’eux même à faire du PHP ce n’est pas rare. L’école les freine au lieu de les y inci­ter.

    C’est d’un vrai plan numé­rique dont nous avons besoin, un plan qui ne soit pas basé sur de l’équi­pe­ment en tablettes, sur l’usage de logi­ciels en tant qu’ou­tils bloqués, et à partir de profes­seurs qui ne gèrent aucu­ne­ment ces outils.

    Voilà quelques pistes :

    • Éveil à la program­ma­tion en primaire, appren­tis­sage sérieux au collège
    • Inté­gra­tion de la program­ma­tion comme outil au lycée pour toutes les disci­plines (trai­ter des données en histoire-géogra­phie, faire des analyses statis­tiques en français, mathé­ma­tiques, physique, etc.)
    • Utili­sa­tion de logi­ciels, langages et outils sous licence libre (c’est indis­pen­sable pour l’au­to­no­mie)
    • Encou­ra­ger la copie et le travail sur docu­ments, parce que dans un monde d’abon­dance d’in­for­ma­tion et de connais­sance, le tri, la réflexion et le trai­te­ment de l’in­for­ma­tion sont les réels enjeux
    • Dans le même esprit, favo­ri­ser et répandre les travaux et examens où l’ac­cès aux docu­ments est auto­risé voire encou­ragé, parce que ce qui est jugé ne doit pas être la capa­cité à apprendre par coeur et à rete­nir