Catégorie : Nucléaire

  • Voiture écolo­gique ?

    Une voiture élec­trique c’est émis­sion zéro… mais en réalité on déplace surtout le problème au niveau de la produc­tion d’élec­tri­cité, qui elle n’est pas à zéro émis­sion.

    * * *

    En pure consom­ma­tion d’éner­gie produire l’élec­tri­cité à partir d’éner­gie fossile, la trans­por­ter, la stocker dans des batte­ries pour ensuite la renvoyer dans des moteurs c’est beau­coup de pertes.

    En même temps l’es­sence du véhi­cule ther­mique il faut aussi la trans­por­ter, et la perte est proba­ble­ment énorme là aussi. Je me doute aussi qu’une centrale ther­mique a une effi­ca­cité plus impor­tante qu’un petit moteur de voiture.

    Si on ajoute que la voiture ther­mique consomme beau­coup inuti­le­ment en ville là où au contraire l’élec­trique sait récu­pé­rer une partie de l’éner­gie lors des frei­na­ges… je suis inca­pable de savoir ce qui consomme le plus au final.

    * * *

    Ensuite vient la pollu­tion. Une maigre partie de la produc­tion élec­trique vient du renou­ve­lable. C’est peu mais ça fait une diffé­rence par rapport à l’ex­trac­tion puis le brûlage du pétrole ou du char­bon. J’ai aussi l’in­tui­tion que les centrales élec­triques à base de pétrole filtrent mieux certains rejets que les moteurs indi­vi­duels.

    De l’autre côté les batte­ries sont elles-mêmes très toxiques et pas recy­clées à l’heure actuelle. Si j’ajoute les déchets nucléaires dus à la produc­tion éner­gé­tique française, je ne sais plus vrai­ment faire le tri.

    * * *

    Je ne dois pas être le premier à me poser toutes ces ques­tions mais je manque diable­ment de chiffres. Quelqu’un a-t-il des liens ?

  • Sûreté nucléaire en France : « Un contexte parti­cu­liè­re­ment préoc­cu­pant »

    Il y a plein de choses à dire alors je ne garde que le péri­phé­rique, suffi­sam­ment inquié­tant en soi – et non, la ques­tion n’est pas de savoir si vous êtes pour ou contre le nucléaire, mais de comment on le gère aujourd’­hui. Nous avons tout ce qu’il faut pour amor­cer le pire :

    « Nous sommes entrés dans une phase d’enjeux sans précé­dent en matière de sûreté et de radio­pro­tec­tion. » Pierre-Franck Chevet, le président de l’Au­to­rité de sûreté nucléaire (ASN), avait un ton grave, sinon alar­mant, en présen­tant, mercredi 20 janvier, ses vœux à la presse.

    […]

    Le calen­drier s’an­nonce donc « très chargé et très serré ».

    […]

    Tous ces chan­tiers se profilent alors que les indus­triels char­gés de ces instal­la­tions sont « en grandes diffi­cul­tés écono­miques et tech­niques », souligne M. Chevet. Ce qui consti­tue « une source de préoc­cu­pa­tion majeure ».

    […]

    Face à ces multiples enjeux, le gendarme de l’atome lance un aver­tis­se­ment solen­nel au gouver­ne­ment. Il n’a, dit-il, « pas les moyens » d’y faire face correc­te­ment.

    […]

    Pour­tant, observe-t-il, les 170 postes manquants au trai­te­ment serein des ques­tions de sûreté nucléaire repré­sentent un budget de l’ordre de 50 millions d’eu­ros. Très loin des 55 milliards d’eu­ros prévus pour la prolon­ga­tion des réac­teurs français…

    — Le Monde

  • Bernard Laponche : “Il y a une forte proba­bi­lité d’un acci­dent nucléaire majeur en Europe”

    il s’agit juste du « moyen le plus dange­reux de faire bouillir de l’eau chaude » […] Un réac­teur nucléaire n’est qu’une chau­dière […]. Cette chaleur, sous forme de vapeur d’eau, entraîne une turbine qui produit de l’élec­tri­cité. L’éner­gie nucléaire n’est donc pas ce truc mira­cu­leux qui verrait l’élec­tri­cité « sortir » du réac­teur

    […] ce moyen de produire de l’eau chaude est-il accep­table ?

    Rien que ça en géné­ral frappe les esprits de ceux qui ne savent pas vrai­ment ce que c’est qu’une centrale. On enclenche une réac­tion diffi­cile à contrô­ler et à grande iner­tie pour… chauf­fer de l’eau et faire l’équi­valent d’une turbine à vapeur.

    Vous avez beau multi­plier [les dispo­si­tifs de sécu­rité], il y a toujours des situa­tions dans lesquelles ces protec­tions ne tiennent pas. A Tcher­no­byl, on a invoqué, à juste titre, un défaut du réac­teur et une erreur d’ex­pé­ri­men­ta­tion ; à Fuku­shima, l’inon­da­tion causée par le tsunami. Au Blayais, en Gironde, où la centrale a été inon­dée et où on a frôlé un acci­dent majeur, on n’avait pas prévu la tempête de 1999. Mais on a vu des acci­dents sans tsunami ni inon­da­tion, comme à Three Mile Island, aux Etats-Unis, en 1979. On peut aussi imagi­ner, dans de nombreux pays, un conflit armé, un sabo­ta­ge…

    […] Chaque pays assure que ses réac­teurs sont mieux que les autres. Avant Fuku­shima, le discours des Japo­nais était le même que celui des Français. On en est déjà à cinq réac­teurs détruits (Three Mile Island, Tcher­no­byl, et trois réac­teurs à Fuku­shima) sur quatre cent cinquante réac­teurs dans le monde, des centaines de kilo­mètres carrés inha­bi­tables.

    Je sens poindre ceux qui vont bran­dir les compa­rai­sons de morts entre le char­bon et le nucléaire. C’est un peu passer à côté de la notion de risque, et géné­ra­le­ment ces chiffres ne sont pas mis en propor­tion avec la quan­tité d’éner­gie produite utili­sable dans le réseau.

    Oui, et comme on a fait trop de centrales nucléaires, il y a toujours eu pres­sion pour la consom­ma­tion d’élec­tri­cité, et en parti­cu­lier pour son usage le plus imbé­cile, le chauf­fage élec­trique, pour lequel la France est cham­pionne d’Eu­rope.

    […] On construit des loge­ments médiocres, l’ins­tal­la­tion de convec­teurs ne coûte rien, cela crée du coup un problème de puis­sance élec­trique globale : en Europe, la diffé­rence entre la consom­ma­tion moyenne et la pointe hiver­nale est due pour moitié à la France ! Résul­tat, l’hi­ver, nous devons ache­ter de l’élec­tri­cité à l’Al­le­magne, qui produit cette élec­tri­cité avec du char­bon…

    C’est de Bernard Laponche, Poly­tech­ni­cien, physi­cien nucléaire, ancien du Commis­sa­riat à l’éner­gie atomique, qui a parti­cipé à l’éla­bo­ra­tion des premières centrales françaises.

    Les propos sont recueillis par Tele­rama. L’in­ter­view couvre plus que ces quelques cita­tions.

    Aucun progrès tech­no­lo­gique majeur dans le nucléaire depuis sa nais­sance, dans les années 1940 et 1950. Les réac­teurs actuels en France sont les moteurs des sous-marins atomiques améri­cains des années 1950. […]

    Sans céder dans le binaire pour ou contre, surtout par rapport à la recherche, au moins serait-il temps de remettre à plat notre poli­tique, surtout que l’éner­gie nucléaire devient de plus en plus chère par rapport aux autres sources au fur et à mesure qu’on augmente la sécu­rité et que le défi de la décons­truc­tion des centrales exis­tantes s’avance.

  • Germany is about to start up a mons­ter machine that could revo­lu­tio­nize the way we use energy

    For more than 60 years, scien­tists have drea­med of a clean, inex­haus­tible energy source in the form of nuclear fusion.

    […] Last year, after 1.1 million construc­tion hours, the Insti­tute comple­ted the world’s largest nuclear fusion machine of its kind, called a stel­la­ra­tor.

    They call it this 52-foot wide machine the W7-X.

    And follo­wing more than a year of tests, engi­neers are finally ready to fire up the $1.1 billion machine for the first time, and it could happen before the end of this month, Science repor­ted.

    Busi­ness Insi­der, se faisant l’écho de Science

  • Ener­gie : le rapport caché sur une France 100% renou­ve­lable

    Fruit de 14 mois de travail, extrê­me­ment précis et argu­menté, il explique que rien n’em­pêche qu’en France 100 % de l’élec­tri­cité provienne de sources renou­ve­lables en 2050. Il révèle égale­ment, calculs détaillés à l’ap­pui, que ce scéna­rio ne coûte­rait pas beau­coup plus cher aux consom­ma­teurs que le main­tien du nucléaire à 50 % de la produc­tion élec­trique, seuil fixé par François Hollande pour 2025.

    […]

    Au total, ils ont comparé plusieurs scéna­rios : 100 % renou­ve­lables, 95 %, 80 % et 40 %.

    — Media­part (accès payant)

    Bon, Média­part joue sur le sensa­tion­nel dans le titre en parlant de rapport caché pour un rapport qui attend juste une déci­sion poli­tique sur sa synthèse, mais le contenu reste inté­res­sant, et très lié à des déci­sions de stra­té­gie pure­ment poli­tique (au sens noble du terme).

    Pour une fois on parle de bien de prendre en compte les périodes sans vent, sans soleil, et de compa­rer heure à heure sur l’an­née la capa­cité de produc­tion renou­ve­lable et les besoins en éner­gie, éven­tuel­le­ment la capa­cité de stocker le surplus pour le rever­ser dans les périodes de manque.

    Il est en effet plus que temps qu’on mette ça sur la table avec des chiffres étayés, qu’on sache si c’est faisable, comment, et si c’est une direc­tion qu’on souhaite effec­ti­ve­ment prendre. Pour l’ins­tant le lobby nucléaire a la main mise sur toute la poli­tique française, et empêche l’idée même de débat autre qu’i­déo­lo­gique.

    Le rapport (accès libre mais indi­geste, sans l’ana­lyse)

  • Fin de notre monde

    Je fais un peu d’ar­chéo­lo­gie dans des « liens à lire » qui date de près de deux ans. Je tombe sur un article à propos de la catas­trophe de Fuku­shima, et une inter­view du direc­teur de la centrale :

    En voyant des travailleurs bles­sés reve­nir du lieu de l’ex­plo­sion, nous avons pensé que si l’en­ceinte de confi­ne­ment avait explosé, il y aurait des rejets radio­ac­tifs massifs et que la situa­tion serait hors de contrôle. Il y a eu ensuite une explo­sion affec­tant le réac­teur n°3 et par ailleurs nous n’ar­ri­vions pas à pomper de l’eau dans le réac­teur n° 2. On ne voyait aucune amorce de règle­ment de la crise. Dans le pire scéna­rio, nous pensions que les fusions [de combus­tible dans les réac­teurs] accé­lé­re­raient rapi­de­ment et échap­pe­rait à tout contrôle, signi­fiant la fin de notre monde.

    Il ne s’agit pas tant de critiquer tel ou tel aspect, mais voilà ce que peuvent penser des gens parmi ceux qui ont le plus de contrôle sur les instal­la­tions, et qui devraient avoir le plus confiance dans la robus­tesse de ces instal­la­tions. Deux scéna­rios, un « hors de contrôle » et un « fin de notre monde ».

    Mais à part ça nos instal­la­tions nucléaires sont maîtri­sées et rien de grave ne peut arri­ver.

  • Fuku­shima, encore une

    A Fuku­shima, selon le même dossier, «  une zone rouge de 20 km a été déli­mi­tée, dans laquelle le gouver­ne­ment travaille à la dépol­lu­tion : nul ne sait quand les quelque 110 000 habi­tants seront auto­ri­sés à rentrer », sans que soit fait mention des vastes zones inha­bi­tables situées à 40 km de la centrale et bien au-delà, et sans que soit rappelé que le critère de défi­ni­tion de la zone de migra­tion obli­ga­toire a été fixé à une dose de 20 milli­sie­verts par an, soit quatre fois plus qu’à Tcher­no­byl et vingt fois la norme inter­na­tio­nale d’inac­cep­ta­bi­lité.

    Bien entendu, sur ce genre de sujets polé­miques, il faut toujours penser à utili­ser son sens critique. Certaines infor­ma­tions en appa­rence scan­da­leuses peuvent se révé­ler fausses ou simple­ment tout à fait légi­times. Tout de même, il faut conti­nuer à lire sans reje­ter par prin­cipe non plus.

  • Fuku­shima, ça existe encore

    Un pois­son pêché à des fins de contrôle près de la centrale nucléaire acci­den­tée de Fuku­shima présente un niveau impres­sion­nant de conta­mi­na­tion radio­ac­tive, plus de 2 500 fois supé­rieur à la limite légale fixée par le Japon, a annoncé, vendredi 18 janvier, l’opé­ra­teur du site.

    Nous sommes à presque deux ans de l’ac­ci­dent, et il ne faut pas oublier que la faune ne reste pas toujours sage­ment aux alen­tours de la centrale. Bref, il ne faut pas toujours donner la voix aux alar­mistes, mais pas toujours non plus à ceux qui refusent de voir toute gravité.

    Ne pas oublier non plus que les limites légales au Japon ont été *très* forte­ment rele­vées, bien au delà des seuils inter­na­tio­naux habi­tuels.

  • Élec­tri­cité: la France n’est pas si compé­ti­tive que ça

    Je suis au regret de vous le dire, mais si vous n’êtes pas abon­nés à Media­part 1– vous devrez croire sur parole mes notes de lecture 2– vous devriez foncer corri­ger cette erreur et goûter la diffé­rence d’un vrai jour­na­lisme actif qui ne se contente pas du consen­suel et de reco­pier les commu­niqués de presse.

    Toujours est-il qu’on se garga­rise de notre élec­tri­cité en donnant des leçons aux autres pays qui disent ne pas souhai­ter avoir le même mix éner­gé­tique que nous mais qui payent plus cher ou/et importe notre superbe élec­tri­cité nucléaire.

    Petit retour sur les idées reçues :

    En novembre, la France a large­ment plus importé d’élec­tri­cité d’Al­le­magne qu’elle n’en a exporté.

    […]

    le rapport s’in­versa dès octobre 2011. Depuis, chaque mois, Paris achète plus à Berlin qu’elle ne lui vend. Cela fait 14 mois que cela dure.

    […]

    Mais c’est aussi parce que ses éner­gies renou­ve­lables, essen­tiel­le­ment photo­vol­taïques et éoliennes, atteignent désor­mais des prix extrê­me­ment compé­ti­tifs. En fonc­tion du niveau d’en­so­leille­ment et de la force du vent, certains jours, à certaines heures, elles sont moins chères que l’élec­tri­cité nucléaire française.

    Atten­tion à ne pas en tirer trop de conclu­sions étant donné qu’il y a beau­coup d’im­pli­ca­tions et beau­coup de causes, mais peut être faut-il que nous nous penchions un peu plus sérieu­se­ment sur de réels chiffres et pas sur des posi­tions de prin­cipe.

  • Analyse d’un frag­ment d’idéo­lo­gie anti-nucléaire

    L’ar­ticle du Monde est effec­ti­ve­ment mauvais, avec même des erreurs factuelles comme base de départ. La réponse en analyse d’un frag­ment d’idéo­lo­gie anti-nucléaire est bien rédi­gée, et donne un superbe aperçu de comment sont gérés les risques.

    Oui, c’est sérieux, c’est raisonné, c’est maîtri­sé… du point de vue de l’in­gé­nie­rie, du point de vue finan­cier, et du point de vue des risques.

    Là où à mon avis le fond de l’ar­ticle du Monde touche juste, même s’il l’ex­prime très mal, c’est que du point de vue de la société, cette gestion des risques raison­née elle n’existe pas.

    Dans quasi­ment tout le reste de l’in­dus­trie, les acci­dents peuvent toujours dépas­ser l’ima­gi­na­tion, on arrive encore à borner l’in­ci­dent ultime. Une digue qui lâche, un avion qui s’écrase, un immeuble qui tombe, on peut le quan­ti­fier en nombre de morts et bles­sés, avant et après. On a beau se dire « ça n’ar­ri­vera jamais », on sait à peu près ce que ça donne­rait si ça arri­vait.

    Dans le nucléaire d’une part le risque maxi­mum est impos­sible à imagi­ner dans son impact, mais en plus il est large­ment moins facile à mesu­rer du fait de leur impact diffus et durable. Comment quali­fier un tel risque ? D’un point de vue ingé­nie­rie ou finan­cier on peut prendre des mesures, mais du point de vue poli­tique de la société dans son ensemble la ques­tion est toute autre.

    Là on nous répond « l’en­tre­prise est bien gérée et a pris en compte ses risques », mais ça ne dit en rien que ces risques sont accep­tables par la société, ou même mesu­rables par elle.