Je suis au regret de vous le dire, mais si vous n’êtes pas abonnés à Mediapart 1– vous devrez croire sur parole mes notes de lecture 2– vous devriez foncer corriger cette erreur et goûter la différence d’un vrai journalisme actif qui ne se contente pas du consensuel et de recopier les communiqués de presse.
Toujours est-il qu’on se gargarise de notre électricité en donnant des leçons aux autres pays qui disent ne pas souhaiter avoir le même mix énergétique que nous mais qui payent plus cher ou/et importe notre superbe électricité nucléaire.
Petit retour sur les idées reçues :
En novembre, la France a largement plus importé d’électricité d’Allemagne qu’elle n’en a exporté.
[…]
le rapport s’inversa dès octobre 2011. Depuis, chaque mois, Paris achète plus à Berlin qu’elle ne lui vend. Cela fait 14 mois que cela dure.
[…]
Mais c’est aussi parce que ses énergies renouvelables, essentiellement photovoltaïques et éoliennes, atteignent désormais des prix extrêmement compétitifs. En fonction du niveau d’ensoleillement et de la force du vent, certains jours, à certaines heures, elles sont moins chères que l’électricité nucléaire française.
Attention à ne pas en tirer trop de conclusions étant donné qu’il y a beaucoup d’implications et beaucoup de causes, mais peut être faut-il que nous nous penchions un peu plus sérieusement sur de réels chiffres et pas sur des positions de principe.
14 réponses à “Électricité: la France n’est pas si compétitive que ça”
Si on regarde les données 2012 de l’ENTSO-E, on voit que le trafic France -> Allemagne est 10 fois supérieur au trafic Allemagne -> France (10992 GWh vs 696 GWh), et que la France est exportateur net de 34011 GWh contre deux fois moins pour l’Allemagne (15500 GWh). Donc je veux bien croire sur parole tes notes de lecture, mais ce n’est une fois de plus pas ça qui va m’inciter à donner de l’argent à Plenel.
Etrange que la différence entre ces sources. Tu as un lien ?
Pour le fait que la France soit plus exportateur que l’Allemagne, ce n’est pas tellement en cause. L’idée est plus de remarquer que le coût n’est pas compétitif au niveau de la frontière, donc qu’il est plus intéressant d’aller piquer là bas que de produire chez nous. C’est totalement indépendant du volume total de production ou d’exportation (on peut être plus cher que l’Allemagne, si on est moins cher que l’Italie ou l’Espagne, on finira exportateurs)
Dans les commentaires de l’article il y a toutefois une discussion intéressante sur le fait qu’on compare des coûts marginaux, hors investissements initiaux. Le coût marginal du renouvelable est presque nul, loin devant le nucléaire, ce qui peut expliquer cela.
Maintenant il va être difficile de comparer les coûts globaux, surtout si on cherche à inclure la R&D. Pour le nucléaire c’est un peu le chiffre où personne n’est d’accord.
La source ce Mediapart c’est un document de RTE.
On y voit que la France est globalement exportatrice et l’Allemagne globalement importatrice, mais qu’entre les deux le solde est à l’avantage de l’Allemagne.
http://www.scribd.com/fullscreen/117256828
« Tu as un lien ? »
Vi vi : https://www.entsoe.eu/db-query/exchange/detailed-electricity-exchange/
« L’idée est plus de remarquer que le coût n’est pas compétitif au niveau de la frontière, donc qu’il est plus intéressant d’aller piquer là bas que de produire chez nous. »
Le coût n’est de toute façon « pas lié » au coût de production : on est sur un marché européen à variation horaire des prix de mémoire.
Allons voir ce doc RTE pour voir d’où ils tirent leurs chiffres.
Commençons par mettre le document source et pas la pâle copie de Scribd http://www.rte-france.com/uploads/Mediatheque_docs/vie_systeme/mensuelles/2012/apercu_energie_elec_2012_11.pdf :-)
Voilà : « Les énergies décrites correspondent aux échanges contractualisés sur Euronext. »
Y’a plus qu’à trouver la relation entre Euronext et l’ENSO-E pour les quantifications.
Tiens, t’as des trucs marrants sur le site de RTE aussi :
http://clients.rte-france.com/lang/an/clients_traders_fournisseurs/vie/interconnexions/all/allocInfraJour.jsp?codePays=ALL
« In the direction Germany > France, Amprion is responsible of the capacity computation. Initial available capacities are published on Amprion’s website.
The website Intraday Capacity Service shows intraday capacities updated in real time for both directions
Reminder : In the intraday Franco-Germany mechanism, allocated capacity must be used in its totality. As a consequence, results below are equal to the capacity allocated by the Capacity Allocation Platform. »
Et tu as toutes les données journalières à télécharger si tu veux aussi : http://clients.rte-france.com/lang/an/clients_traders_fournisseurs/vie/interconnexions/all_histo/capa_bilan.jsp :-D
« Le coût marginal du renouvelable est presque nul, loin devant le nucléaire, ce qui peut expliquer cela. »
Presque nul : faut quantifier. L’usine maréemotrice de la Rance devait être à cout marginal quasi nul, et en fait c’est une horreur. Les barrages sont sous inspection constantes, les éoliennes tombent en panne, le rendement des panneaux solaires diminue avec le temps… C’est sûr qu’on ne saura vraiment que quand tout sera fini : étude, installation, vie, démantèlement / nombre de GWh injectés dans le réseau au cours de la vie.
Oh, je ne cherche pas « la vérité », juste à me poser les questions et à remettre en cause d’éventuels préjugés.
Le coût dont je parle ne prend effectivement à priori pas en étude, installation, et démantèlement. Il s’agit juste de dire si, pour des installations existantes, il vaut mieux tirer de l’un ou de l’autre.
Ceci dit autant le rendement énergétique de l’éolien peut tout à fait se discuter, autant la partie installation/démantèlement, je serai très surpris qu’on approche même l’ordre de grandeur du nucléaire.
« Ceci dit autant le rendement énergétique de l’éolien peut tout à fait se discuter, autant la partie installation/démantèlement, je serai très surpris qu’on approche même l’ordre de grandeur du nucléaire »
Le raisonnement n’est pas intuitif du tout de toute façon, un réacteur « moderne » c’est du 1400MW, soit 200 éoliennes « standard » ; Fessenheim a plus de 40 ans de service actif, une éolienne a une durée de vie de 20 ans, etc… au moins on est dans le mesurable… si on n’oublie pas de tracer les coûts :-)
Surtout que les estimations de démantèlement de centrale nucléaire est un peu au pifomètre et les sources variées chaquant tirant la couverture de son côté à la hausse ou à la baisse.
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%E9mant%E8lement_nucl%E9aire
Il y a aussi la notion des conséquences irréparables comme Tchernobyl ou Fukushima. Le barrage des 3 gorges en cas de rupture. etc etc.
Y’a une solution simple pour avoir une meilleure idée des coûts du démantèlement : il faus plus démanteler ! Et une fois qu’on aura une bonne idée de ces coûts, il va falloir construire de nouvelles centrales pour que ces chouettes estimations nous servent à quelque chose :-)
Tchernobyl ça n’est pas irréparable, dans 50.000 ans on n’y verra plus rien.