Dans une interview au journal Le Monde, le président a déclaré que les français verraient la mise en place effective d’un revenu d’existence inconditionnel avant la fin de son mandat en 2027.
Le président a insisté sur le terme inconditionnel et a tenu à préciser que ce revenu — à hauteur du RSA socle actuel — n’était pas de l’assistanat mais une mesure d’efficacité publique, à la fois pour libérer les ressources de l’État et pour permettre à chacun de prendre son destin en main.
Les détails ne sont pas encore connus, si ce n’est que cette mesure se fera à coût zéro pour l’État, donc probablement accompagnée d’une refonte profonde des aides et des impôts des particuliers.
La mesure a pour but de « nettoyer les rues des ivrognes », assume Arnaud Dumontier. Après les trafiquants de drogue, le maire (LR) de Pont-Sainte-Maxence (Oise) cible maintenant « une demi-douzaine de personnes qui s’alcoolisent dans le centre-ville ». Parmi eux, certains sont bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active). L’édile de cette commune de 13 000 habitants a donc décidé de s’attaquer à ce revenu pour sanctionner ceux qu’il a dans le collimateur. Un levier d’action inédit. « Toucher l’aide de l’Etat pour la picoler, c’est intolérable », justifie-t-il.
L’élu a ainsi signalé un premier individu […qui…] vient de voir son allocation suspendue, pendant trois mois, de 80 %. Légalement, ce n’est pas l’alcoolisation qui est en cause, mais « le non-respect des obligations en matière d’insertion », comme le fait de chercher du travail.
Emilie, une maman de 31 ans vivant à Armentières (Nord), a mis fin à ses jours dimanche, rapporte ce vendredi La Voix du Nord.
Cette mère de deux enfants âgés de 8 et 6 ans, qui avait contacté le quotidien régional en mai pour parler de ses problèmes financiers, ne percevait plus les allocations de la Caisse d’allocations familiales (CAF) depuis qu’elle touchait une allocation enfant handicapé de la part de la Belgique, pour sa fille trisomique.
Il y a quelques mois je pointais la vraie différence entre le RSA et le RUE. Il ne s’agit pas forcément de distribuer plus d’argent à tout le monde. Ce qu’on verse est amené à être compensé par l’impôt et pas la fonte des minima sociaux dans le système.
La révolution c’est de considérer que de transformer un outil de contrôle et de pression en un outil d’entre-aide et de solidarité. C’est considérer que tout le monde a le droit de vivre sans avoir à prouver qu’il le mérite ou rentrer dans les cases d’un formulaire.
L’alcoolisme est une vraie dépendance. Peu importe ce qui a été essayé, en conclure que c’est juste un manque de volonté et que couper les vivres permet de faire retourner au travail, c’est comme arrêter d’alimenter un hospitalisé en espérant que ça le responsabilisera sur sa situation. Ça n’a juste aucun sens.
Le plus fatiguant c’est de croire que c’est une question d’impôts.
Il fallait y penser avant. Chacun a des droits et des devoirs. Je suis le maire de ceux qui se lèvent tôt. Ces derniers sont venus me dire qu’ils en ont marre de payer des impôts pour ces indésirables ivrognes.
Un dépendant ne peut pas arrêter de boire magiquement. Il trouvera moyen, même sans le sou. C’est pour ça qu’on parle de dépendance à l’alcool.
À la place il sera à la rue sans le minimum. Il devra par contre quitter son logement, dépendre des dons pour manger et arrêter tout soin. Son premier passage en urgence à l’hôpital à cause de ses conditions de vie coûtera bien plus cher à la collectivité que son ancien RSA.
Même financièrement ça n’a aucun sens. Tout ça arrive parce que le RSA est fait pour être mérité. Il impose une soumission de ceux qui le perçoivent à ceux qui le donnent. Et quand des gens ont un pouvoir sur les autres… ils l’utilisent à leurs fins, le détourne de sa finalité.
Le principe du revenu universel c’est de le verser à tout le monde, indistinctement.
Soyons clairs. On ne créé pas magiquement plein d’argent à distribuer, on le répartit juste autrement.
Tout le monde ne va pas se retrouver avec plusieurs centaines d’euros en plus sur son compte en banque. Désolé. Ceux qui vivent confortablement verront tout simplement leurs impôts augmenter d’autant. Si on veut améliorer la couverture des moins aisés, il est même logique de penser que le pouvoir d’achat des autres va baisser, bien qu’on leur verse aussi le revenu universel.
Du coup, comptablement, qu’on se contente de fusionner, étendre et améliorer les minimums sociaux existants uniquement à ceux qui en ont besoin ou qu’on instaure un revenu d’existence universel… ça ne change pas forcément grand chose.
Rien de révolutionnaire au niveau du financement. Ceux qui y voient un problème sont juste ceux qui ont peur qu’on en profite pour bousculer la répartition actuelle des richesses en faveur des plus pauvres (et ça me peine, parce que c’est un impératif humain).
La différence est surtout au niveau du principe. Il n’y a qu’à écouter la notion de valeur travail ou de dignité par le travail voire d’assistanat dans les discours de certains politiques pour s’en convaincre.
Avec le revenu universel on arrête les paliers, les dossiers à monter et à justifier, la victimisation de ceux qui bénéficient des aides et les non recours qui découlent des problèmes précédents.
On envisage simplement de renverser le modèle de société en considérant un nouveau rapport au travail ou à la vie. On affirme qu’il est normal d’avoir de quoi vivre et que ceux qui ont plus contribuent à la nation à hauteur de leurs ressources, qu’il n’y a pas à gagner sa vie.
Ça n’a l’air de rien mais ça peut tout changer. La révolution elle est là
J’ai vu énormément de visions différentes du revenu de base. Puis-je vous demander de passer quelques minutes sur ce formulaire pour me dire ce que ça veut dire pour vous ?
Si vous laissez les cases libres de la fin, ça ne devrait pas prendre plus de 2 ou 3 minutes.
Merci à vous
Bien entendu, je partagerai les résultats.
Après 78 réponses, un petit point :
Si je prends le cas majoritaire aujourd’hui, on a un revenu de base, qui concerne l’ensemble de la population (enfant compris), d’un montant proche du seuil de pauvreté à 60% (environ 1000€ aujourd’hui), mis en place d’abord comme une alternative à l’emploi suite à la robotisation mais aussi pour retrouver du travail choisi.
Ce revenu remplacerait quasiment toutes les prestations sauf les allocations de situation spécifique et de handicap. Il viendrait en plus de la sécurité sociale et ne remettrait pas en cause l’éducation gratuite.
* * * retraite et chômage
J’avoue que je suis très surpris de voir que pour vous ce revenu remet en cause l’assurance chômage (par 73%) et l’assurance retraite (par 52%).
Une fois retirés les minimum sociaux, ce sont justement d’abord des systèmes d’assurance et pas de répartition des richesses.
Je ne vois pas par exemple en quoi le revenu de base remplacerait le chômage pour celui qui perd un emploi avec son crédit à payer, ni pourquoi il ne pourrait pas cotiser pour le cas où il serait plus tard trop vieux pour travailler.
Tout au plus on pourrait rendre ces deux systèmes complètement privés à partir du moment où on n’y assure plus les minima sociaux, mais je ne vois pas ce qu’on aurait à y gagner. Au contraire, que quelqu’un se retrouve trop endetté à cause d’un accident de vie sans assurance ne me parait pas forcément positif pour l’économie et donc la collectivité.
Bref, pour moi on ne touchait pas à l’assurance chômage et l’assurance retraite. On pouvait juste en retirer les minimums vu qu’ils seront gérés par le revenu de base, et éventuellement réduire légèrement les prestations pour en assurer l’équilibre (la diminution sera moins visible parce qu’il y aura le montant du revenu de base qui lui ne bougera pas).
* * * sécurité sociale et handicap
Je suis aussi très surpris par la remise en cause de la sécurité sociale par plus de 10% des répondants. On voit qu’il y a bien deux conceptions du revenu de base : Celle qui vise un objectif social et celle qui vise un objectif libertaire. Avec la seconde on paye un forfait et on se dégage de toute entraide ensuite. Tant pis pour lui si quelqu’un se retrouve plus atteint par des problèmes de santé.
C’est d’autant plus dommage qu’on sait désormais très bien que si les gens freinent leur accès aux soins en amont, on aura plus de cas graves en aval et ça finira par coûter plus cher à tout le monde.
Les propositions libérales de séparation des prestations santé entre les atteintes légères et les cas vitaux sont extrêmement nocives. Non seulement elles encouragent les moins aisés à vivre en moins bonne santé de façon continue, mais elles finissent pas coûter plus cher à tout le monde à la fin (sauf à refuser la solidarité sur les cas graves mais quasiment personne ne le souhaite).
Même chose pour l’allocation handicap, que le revenu de base remplacerait pour presque 20% des répondants. Si vous ne pouvez pas marcher, à vous de vivre avec la même chose que les autres, sans aide. C’est vraiment une réponse à laquelle je ne m’attendais pas et qui me fait mal au cœur.
De manière logique toutefois, ceux qui souhaitent remplacer la sécurité sociale ou les allocations handicap ont plutôt eu tendance à choisir un montant plus élevé que les autres (mais pas tous, il y a quand même quelqu’un pour choisir un seuil de pauvreté à 50% et y remplacer toutes les prestations, y compris les soins vitaux et handicaps).
* * * montants
Les montants sont très divers mais plutôt plus élevés que je ne m’y attendais (logique aussi, vu que vous remplacez souvent la retraite et le chômage alors que j’y voyais un complément).
Ça se divise essentiellement entre le seuil de pauvreté à 50%, celui à 60% et le smic. Je pensais avoir pas mal de réponses pour des montants sous le RSA mais ça a été anecdotique. Il y a par contre un petit groupe significatif qui envisage un revenu supérieur au smic actuel. Je ne m’y attendais pas.
Après on a des extrêmes : de celui qui souhaite un revenu d’aide à 300 € qui remplace et les minima sociaux (qui sont actuellement à 500 €), à celui qui souhaite un revenu au moins au smic mais qui s’ajoute à toutes les prestations sans en remplacer.
* * * visions
J’en retiens quand même qu’il y a pas mal de visions très différentes derrière le revenu de base, certaines avec une visée solidaire, certaines sur le fonctionnement de l’emploi et du travail, et certaines avec une visée libertaire.
Il me parait juste essentiel de parler d’abord du modèle de société avant de chercher les détails de financement et de montant. Savoir ce qu’on remplace comme prestation est une première grille de lecture mais il faut aller plus loin.
* * * liens
Pour ceux que ça intéresse, on m’a glissé deux fois deux liens comme référence :
Benoit Hamon parle 3 minutes pour expliquer son revenu de base. Je retrouve ce que j’ai appris : On se concentre sur ce qu’on veut faire et pourquoi, sur la direction à prendre. Ensuite on avance pas à pas par priorités sans chercher à avoir la solution parfaite et complète. Bref, j’aime plutôt ce que j’entends.
Il me reste le même problème qu’à chaque fois qu’on parle de revenu de base. Si on ne dit pas ce qu’il remplace, on peut parler de tout et son contraire.
Ici Benoit Hamon remplace au moins le RSA, mais après ?
Chacun a sa conception du revenu de base (et autant de dénominations).
Tout à ma gauche il y a ceux qui veulent simplement ajouter un revenu fixe à tout le monde, en complément et sans toucher à ce qui existe déjà. L’euro-franc de Nouvelle Donne était de cette philosophie.
Tout à ma droite il y a la vision libertaire où la collectivité ne subventionne ni ne finance presque plus rien et où le revenu fixe permet de vivre mais aussi de payer sa propre assurance santé, sa retraite, l’éducation des enfants, les périodes de chômage, etc. Sans le dire, c’est plus ou moins la fin de tout service public non régalien (et même ceux-ci, on pourrait en payer les interventions).
Et bien sûr il y a toute une gradation entre ces deux extrêmes.
En général à gauche on remplace les minimums sociaux (RSA et minimum vieillesse par exemple) mais on garde une liberté d’action pour faire de la redistribution ou de la politique via par exemple les allocations logement et les allocations familiales. Retraite, chômage ou sécurité sociale ne sont pas touchés.
En général à droite on remplace aussi toutes les allocations sociales (allocations familiales, bourses et allocation de rentrée scolaire, prime d’activité). On réduit le chômage et/ou les retraites du montant du revenu de base et on limite la sécurité sociale aux cas les plus graves. Je crois avoir toujours vu sanctuarisées les indemnités spécifiques comme les allocations handicapés.
Où est-ce que se situe Benoit Hamon ? Probablement dans la vision modérée à gauche. Considérant le montant qu’il envisage et qu’il voit un premier palier avec une condition de ressources, je ne crois pas qu’il envisage une remise en cause des allocations logement, familiales et éducation si le revenu touche aussi les enfants.
Le problème c’est qu’il ne le dit pas, ou du moins je n’ai pas trouvé la réponse sur son site.
Mais plutôt que de permettre une réduction massive des heures de travail pour libérer la population mondiale afin qu’elle poursuive ses propres projets, plaisirs, visions et idées, nous avons pu observer le gonflement, non seulement des industries de “service”, mais aussi du secteur administratif, et la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou l’expansion sans précédent de secteurs comme le droit corporatiste, les administrations universitaires et de santé, les ressources humaines ou encore les relations publiques.
Et c’est logique. La plupart ne cherchant qu’à maximiser le profit. Si pour gagner un peu de marché et de rentabilité il suffit d’embaucher un responsable marketing… on le fait.
Si le voisin met 40€ d’investissement marketing et prend le marché, pour survivre il faut au moins mettre 20€. 50€ si on veut faire mieux. Bien entendu en jouant le jeu on participe à l’escalade.
Autant dire que les jobs qui ne contribuent pas vraiment à la production et à la vie de la société ne sont pas ammenés à diminuer. On s’amuse à la fois à tirer les coûts au minimum, en payant même des gens pour ça, tout en participant à la course à l’armement pour vendre et promouvoir ce qu’on produit. Quand on a plus de vendeurs et d’administratifs cumulés par rapport aux équipes de production, il y a un problème quelque part.
Si quelqu’un avait conçu un régime de travail visant à perpétuer le pouvoir du capital financier, il aurait été difficile de mieux faire. Les emplois réels, productifs, sont sans cesse écrasés et exploités. Le reste est divisé en deux groupes, entre la strate des sans-emplois, universellement vilipendés, et une strate plus vaste de gens payés pour, en gros, ne rien faire, dans une position conçue pour qu’ils s’identifient aux perspectives et aux sensibilités de la classe dirigeante (dirigeants, administrateurs, etc.) et particulièrement à ses avatars financiers, mais qui, en parallèle, produit un ressentiment envers tous ceux dont le travail possède une valeur sociale claire et indéniable. Manifestement, le système n’a jamais été consciemment conçu. Il a émergé d’un siècle, quasiment, de tentatives et d’échecs. C’est la seule explication qu’on puisse donner à la raison pour laquelle, malgré nos capacités technologiques, nous ne travaillons pas 3 à 4 heures par jour.
Une solution : Diminuer l’incitation à travailler, ou en changer la nécessité. Instaurer un revenu de base suffisant pour vivre correctement, puis arrêter la course à l’emploi et la culpabilisation qui va avec.
Oui, exactement l’opposé de ce que nous faisons avec de plus en plus de force depuis 20 ans.
La proposition de loi défendue par M. Grandguillaume et plusieurs députés socialistes prévoit de mettre en place un « fonds national » pour lancer le dispositif. Doté d’une dizaine de millions d’euros, il permettra de financer des postes dans des entreprises relevant de l’économie sociale et solidaire. De 1 000 à 1 500 personnes pourraient être embauchées dans une dizaine de territoires, plutôt situés dans le monde rural ou en zone péri-urbaine. Les activités ainsi développées sont diverses : aide aux devoirs, petits travaux de jardinage, etc.
L’idée semble attirante (sauf à ceux qui ont la phobie de l’emploi public, quitte à ce que ça coûte aussi cher en allocations) mais c’est à double tranchant. Ces travaux risquent de devenir permanents, et d’augmenter en volume jour après jour. Il va aussi falloir recruter énormément d’encadrement et de structure autour de tout cela, ne parlons pas de formation.
Et si à la place on acceptait de fait de payer les gens à faire ce qu’ils veulent ? La plupart aideront et participeront aussi à la communauté, mais pas forcément comme on le pense. Moins d’administratif, pas de culpabilité, capacité à élaborer un projet… Il faudra un changement de mentalité, quelle que soit la solution. Aujourd’hui nous préférons rester dans une logique de contrôle et de victimisation de ceux qui ont besoin de vivre.
In Finland, nearly 70% of the population supports basic income. […] we all acknowledge the need for a universal, unconditional and simple solution. We do not have to agree on anything else. We believe that BIG is important, because it does three things: 1) it eradicates absolute poverty; 2) it reduces bureaucracy; 3) it lays the foundation for a new, sustainable relationship between states and markets.
[…] If a proposed basic income is not high enough to cover basic human necessities, like food, shelter and clothing, then it cannot be called basic income. BIG should also not be confused with means-tested grants or workfare schemes. We need to be clear about this. In Finland, the government’s position oscillates between a real basic income and austerity or workfare policies, but public pressure and intellectual debate are creating a space for a BIG experiment.
The Nordic nation is getting closer this month to finalizing a solution to poverty: paying each of its 5.4 million people $876 tax-free a month — and in return, it will do away with welfare benefits, unemployment lines, and the other bureaucracy of its extensive social safety net.
The concept, called basic income, has been a popular source of debate among academics and economists for decades, though Finland would be the first nation in the European Union — and the first major nation anywhere — to actually implement the idea on a universal basis.
Il est temps de voir les choses avancer, mais il y a encore du chemin à faire. On parle là de dédier tout le budget uniquement à ça, coupant de fait tout le filet social.
Il m’apparait normal de déplacer une grosse part des aides sociales vers un revenu d’existence mais c’est loin d’être aussi simple. Si on y déplace l’équivalent de la sécurité sociale, les gens avec un cancer vont dépendre des assurances privées, qui calquent leurs prestations en fonction des risques. Une fois le cancer déclaré, le revenu d’existence risque de ne pas suffire. Même chose avec les allocations liés à des handicap, qui doivent forcément s’ajouter si on veut réellement aplanir des problèmes.
L’idée que l’administratif inutile, le contrôle et les règles complexes de redistribution ne soient finalement pas rentables face à un bête chèque sans conditions recoupe cependant assez bien un précédent lien sur les aides caritatives.