Préambule : J’inclus dans cet inventaire des PV arbitraires ou abusifs, moralement ou légalement. Au delà de la subjectivité dans l’appréciation, ce n’est qu’une collection de liens publics, qui ne se veut même pas exhaustive. Je me contente d’éviter ce qui me parait contestable ou litigieux. Mes critères de base sont soit une citation dans la presse de métier, soit un message en ligne public par un témoin direct en son nom propre et via une identité établie (donc pas de propos rapportés, pas de comptes de réseaux sociaux créés il y a deux semaines ou sans interactions personnelles solides).
Pour autant, cela ne constitue pas un travail de journaliste et ne doit pas être considéré comme tel. Entre autres, je ne contacte pas les personnes concernées ou les autorités, et ne recherche pas d’éventuels témoins. Vous êtes donc invités à garder votre esprit critique et faire vous-même les vérifications si vous les jugez importantes.
Vous êtes plus que les bienvenus à m’aider en me proposant d’autres liens à inclure (nouveaux témoignages publics, confirmations ou correctifs par des journalistes, etc.).
Comme je vois des gens qui me citent avec un message politique que je ne soutiens pas forcément : J’ai forcément des opinions sur tout ça, je m’autorise des commentaires d’humeur, mais ne me prêtez aucune intention ni aucun message politique que je n’aurais moi-même explicitement exprimé. En particulier, cet inventaire n’est *pas* un appel à mettre fin au confinement, à lutter contre la police, à braver les règles, ou à quoi que ce soit d’autre (ni tout ça ni l’opposé de tout ça).
Le droit de faire les courses, mais pas d’y inclure des paquets de gâteaux
Même si votre déplacement est motivé, on risque de fouiller vos courses pour déterminer ce qui semble pertinent ou pas comme achat de nourriture…
Précisions :
Le coca-cola non plus
Non, le chariot ne contient pas que du coca-cola.
Les serviettes hygiéniques non plus
Je n’ai pas l’information, mais on parie combien que le policier était un homme qui aurait considéré le savon ou le gel hydroalcoolique comme de nécessité ?
La baguette ok, mais uniquement par deux
A Sanary-sur-Mer, comme le racontait notre correspondante dans le Var, c’est deux baguettes sinon… un PV. Le maire a en effet pris un arrêté obligeant ses concitoyens à restreindre leurs déplacements chez le boulanger. « Toute personne sortant d’une boulangerie avec une seule baguette sera verbalisée », prévenait [le maire] Ferdinand Bernhard.
Le Parisien « Confinement : ces PV contestés par les Français », 24 mars 2020
Bon, en fait non, pas la boulangerie
Elle est ouverte, mais il ne faut pas y aller
A Parmain (Val-d’Oise), un habitant pourtant muni de son attestation a justement pris une amende alors qu’il se rendait à la boulangerie, comme il le rapportait au Parisien. « J’avais coché la deuxième case du formulaire : déplacement pour effectuer des achats », précisait Jean-François, auquel un gendarme aurait rétorqué qu’il ne s’agissait pas d’un motif d’urgence, dressant un PV que Jean-François entend bien contester.
Le Parisien « Confinement : ces PV contestés par les Français », 24 mars 2020 ; aussi raconté le 22 mars dans « Confinement : un habitant du Val-d’Oise verbalisé après être allé acheter une baguette de pain »
Et gardez bien le ticket de caisse
Parce qu’évidemment si on revient sur le trajet du supermarché le coffre plein de courses et une auto-attestation qui dit « je suis parti faire les courses », ça ne prouve rien.
A Fresnes-sur-Marne (Seine-et-Marne), Pierre a été verbalisé vendredi en rentrant de Lidl, où il venait de faire ses courses. C’est sa mère qui raconte pour lui. Pierre est handicapé mental. « Asperger, précise Michelle, sa maman. Il a des capacités pour certaines choses, pas pour d’autres. Excusez-moi de le dire, mais ça se voit… » Les gendarmes de la brigade locale ne l’auraient pas vu. « En poste sur un rond-point, ils lui ont demandé son motif de déplacement. Constatant les provisions dans le coffre, ils ont alors exigé le ticket de caisse, que dans l’affolement mon fils n’a pas été capable de produire… » Là encore : 135 € pour Pierre ainsi que pour son amie.
Le Parisien « Confinement : ces PV contestés par les Français », 24 mars 2020
Et pas dans la ville à côté
Le drive, c’est trois jours d’attente pour la commande et il y a beaucoup de produits manquants. Et je ne voulais pas non plus m’engouffrer au Leclerc, que je savais encore bondé. J’ai donc estimé plus prudent de me rendre à l’Intermarché de Kerfichant, à Lorient, que je sais plus calme et où j’ai également mes habitudes […]
Ses courses terminées, Cyrille Le Meur a repris la voiture en direction de son domicile. Au niveau de la gare, il tombe sur un contrôle de police. « À la vue de ma domiciliation, les policiers lorientais m’ont dressé une contravention de 135 €
Le télégramme, « Une amende de 135 € pour avoir fait ses courses à Lorient plutôt qu’à Lanester », 26 mars 2020
À ceux qui se demandent, la distance entre les deux supermarchés est de moins de 5 km d’après Google Maps ; la gare est à la moitié du chemin, donc 2,5 km. C’est littéralement « de l’autre côté du pont ». Visiblement à Lorient c’est « pas d’étrangers chez nous ».
Pas plus d’un kilomètre en fait
J’habite à Plougastel Daoulas, je mets exactement 4 min en voiture pour aller à Picard de chez moi (4km). Je ne croise personne. Je tombe sur un contrôle de police à la sortie du pont de Plougastel. Je ne m’inquiète pas. Je suis en règle.
Et là … je prends une contravention ! Mais pourquoi ?
Le policier me dit que je ne suis pas à 1 km de chez moi. Mais j’avais lu que cela concernait que les promeneurs de chien et les joggeurs ! Pas les courses. Je n’ai rien à 1km de chez moi à part la boulangerie et le tabac et j’imagine que nous sommes beaucoup dans cette situation d’ailleurs.
« Attestation de déplacement dérogatoire et abus de pouvoir….l’inhumanité pointe son nez », 25 mars 2020
Et j’ai vérifié partout sur le net et je n’ai vu nulle part que cette nouvelle règle concernait les courses. Puis bon je n’ai pas fait 20 bornes non plus quoi.
J’ai vérifié. Le premier commerce alimentaire de proximité est à pile 950 mètres de chez moi. Je l’ai échappé belle… (et non, les décrets ne précisent de distance que pour l’exercice physique).
Et pas à vélo s’il vous plait
C’est vrai quoi, on ne va pas laisser ces trucs d’écolo-gauchistes s’installer.
Définitivement, pas de vélo, même utilitaire
Le vélo c’est mal, la voiture c’est tellement moins risqué… ou pas. On a une logique pro-voiture dans notre société que j’ai toujours du mal à comprendre. Ce n’est pertinent ni écologiquement, ni économiquement, ni même d’un point de vue sanitaire…
Et attention à l’heure
Il y a d’ailleurs un vrai sujet entre les injonctions données dans les discours, celles écrites sur le site du ministère de l’intérieur, et ce qu’il y a dans les décrets. Problème : Les policiers vont se baser sur ce qu’ils entendent et interprètent, pas sur les décrets.
Et laissez les bébés dans la voiture
Je reste sans voix…
Puisqu’on vous dit de laisser les enfants seuls !
« À chaque fois que je veux faire un drive, l’application ne fonctionne pas, le site est saturé […] ça faisait quatre jours que j’essayais sans succès, je n’avais pas d’autre choix que de me déplacer » […]
Pour cette sortie, sa fille âgée de quatre ans et demi l’accompagne, « je n’ai aucun moyen de la faire garder pendant le confinement », affirme la mère célibataire. Lundi 23 mars au matin, munie de son papier, obligatoire pour chaque sortie, la jeune maman se rend donc dans l’hypermarché le plus proche de chez elle, soit le Leclerc de Jonchery-sur-Vesle.
[…] À son retour, le vigile confirme : « il n’y a pas le droit aux enfants. Le directeur accepte exceptionnellement juste pour aujourd’hui de vous laisser passer, mais ça ne sert à rien de revenir, car c’est la seule et unique fois », cite Mathilde. « Le vigile m’a dit la prochaine fois ce sera non », raconte-t-elle d’un ton las.
France 3 régions, « En allant faire des courses accompagnée de sa fille de 4 ans, une mère célibataire a été informée qu’elle ne pourrait plus revenir dans l’hypermarché de sa commune. La raison : les mesures prises par le magasin dans le cadre de la crise du covid-19, limitant l’accès à une personne maximum. », 24 mars 2020
L’appel de la rédaction de France 3 a permis à la direction du magasin d’assouplir sa politique.
On a dit pas d’hygiène
C’est tellement surfait quand on parle de lutter contre la maladie. Le fait que la laverie soit un des cas explicitement autorisés par le site du ministère de l’intérieur n’y change rien.
Un trentenaire de Pontivy (Morbihan) s’est fait verbaliser devant une laverie, malgré son attestation de déplacement. Il n’a pas de lave-linge chez lui et laver ses vêtements est une nécessité professionnelle : il est agent d’entretien. Il a interpellé la préfecture du Morbihan et le gouvernement.
[…] J’avais une attestation de sortie sur moi. Je l’ai montrée aux gendarmes, je leur ai expliqué ma situation : je n’ai pas de machine à laver chez moi, je vis dans un petit logement de 20 m2. Comment font les gens qui ont ni les moyens d’avoir un lave-linge ni la place chez eux pour en avoir un ?
[…] Je travaille dans le nettoyage, je dois donc laver mes vêtements très régulièrement. Mon métier exige une bonne hygiène personnelle, encore plus avec le coronavirus : je nettoie des bureaux occupés par des personnes qui évidemment ne souhaitent pas être en contact avec le virus inutilement. Vu le contexte actuel, la bonne hygiène semble vraiment essentielle. Je ne comprends pas que l’on puisse me donner une contravention…
« Sans machine à laver chez lui, il est verbalisé en allant à la laverie à Pontivy », 25 mars 2020
Le test de grossesse ce n’est pas essentiel
À ranger dans la même case « moi je n’en ai pas besoin donc ça doit être inutile »…
Les courriers administratifs urgents peuvent attendre
Même si on fait pourtant venir les postiers pour ça
Le coup de colère du jour nous vient des bords du lac d’Annecy, d’un habitant de Veyrier-du-Lac verbalisé par la gendarmerie, samedi 21 mars au matin, sur le retour du bureau de poste où il était allé déposer des courriers urgents, attestation en poche.
[…] « J’ai été contrôlé devant la mairie par un jeune gendarme qui ne connaissait pas Veyrier, j’ai présenté mon attestation et je lui ai dit que j’habitais à 700 mètres mais il n’a pas voulu me croire […] Il m’a dit que j’étais à plus de 500 mètres
« Je vais produire les copies des courriers que j’ai envoyés pour le compte de deux familles, adressées à la Caisse d’allocations familiales (CAF), des lettres urgentes découlant d’une erreur commise par l’organisme. Je n’ai pas grand espoir mais je veux prouver ma bonne foi et qui sait… »
Le Dauphiné, « Haute-Savoie : verbalisé à 700 mètres de chez lui après avoir posté des courriers urgents », le 24 mars 2020
Pas deux dans la même voiture
Ce matin, je me rends en courses au supermarché à côté de chez moi. J’ai mon attestation dûment remplie et signée, mes papiers d’identité.
Ma femme m’accompagne parce qu’elle doit faire les courses pour ses parents de 88 ans. Elle a son attestation et ses papiers, comme moi.
La règle dans le supermarché : 1 personne = 1 caddie. Normal. Donc nous allons faire nos courses à 2.Contrôle de gendarmerie : je me suis fait sanctionner parce que je ne respecterais pas les consignes de confinement !
Patrice V, Facebook, 26 mars 2020
Eh oui, le gendarme a décidé que nous devions être seuls chacun dans une voiture… ou alors il a entendu trop de fake news.
Le site officiel du gouvernement indique pourtant explicitement l’autorisation de prendre la voiture à plusieurs, et même de faire du co-voiturage.
Le droit à l’exercice physique mais uniquement si on court
Parce que ça change tout (ou pas) à la contagion, au fait de se dégourdir les jambes quand on habite dans un petit studio. Les mauvaises langues diront que la même chose dans les beaux quartiers plutôt qu’à Ménilmontant aurait probablement mené à une autre issue.
Et on ne court pas en jean !
Repris par David Dufresne dans son signalement 904.
Et pas de pause hein…
Parce que même à 78 ans, l’exercice, pourtant indispensable, doit se faire d’une traite. On ne sait jamais.
La presse ? celle qui suit les manifs ? ah non ! (foutu crayon de papier)
Ce matin, le téléphone sonne. Ô joie ! Une commande pour un magazine. Ce genre d’appel est devenu, à l’instar du pangolin, une espèce en voie de disparition… J’enfourche mon vélo et rejoins les abords de l’hôpital Saint-Antoine à Paris pour photographier une charmante épidémiologiste.
[…]
Moi : Oui, mais la carte de presse suffit vous savez….
Lui : J’m’en fous, je veux l’attestation et votre pièce d’identité
Moi, en bon petit soldat (et oui, on est en guerre qu’il a dit le chef) j’ai prévu l’attestation dérogatoire ET une lettre de mission du journal.
Moi : Voici l’attestation.
[…]
Lui : Ah les journalistes… Vous faites quoi là d’ailleurs ?
Je lui explique et ajoute, avec toute ma compassion, que c’est compliqué pour tous ceux qui doivent continuer à faire leur travail dans ces conditions.
Lui : Ouais, comme quand vous venez faire des photos en manif, hein, ça vous savez faire, surtout pour faire des photos des policiers.
[…]
Lui : Je vais vous verbaliser
Seb Lelan, Facebook, 30 mars 2020
Moi : Pardon ? Et pour quel motif ?
Lui : La date, sur votre attestation dérogatoire est écrite au crayon de papier
Moi : Monsieur, la carte de presse suffit à justifier mon déplacement comme je vous l’ai déjà indiqué, l’attestation est simplement accessoire, je l’ai imprimée car on me l’a déjà demandée lors de contrôle et que cela accélère le processus.
Aller, sur demande des pompiers, récupérer quelqu’un ayant eu un accident n’est pas un motif valable
Qu’elle rentre à pied après son accident ! (et en courant, parce que sinon ils alignent aussi, mais moins de 1 km parce que sinon…)
Ce jeudi encore, il était aux alentours de 14 heures lorsque, circulant sur l’autoroute A86 à hauteur d’Alfortville (Val-de-Marne), Lena, 19 ans, percute un autre véhicule. Le sien est réduit à l’état d’épave. Elle n’est que légèrement blessée. « Les pompiers m’ont dit d’appeler un proche pour qu’il vienne me chercher, raconte la jeune femme. J’ai téléphoné à mon copain, qui est venu avec son frère. »
Le Parisien « Confinement : ces PV contestés par les Français », 24 mars 2020
Les deux jeunes prennent soin de se munir au préalable de leur attestation. Pas suffisant aux yeux des policiers, qui sont arrivés entre-temps sur le lieu de l’accident. « Les CRS leur ont demandé ce qu’ils faisaient là. Leurs explications n’ont pas suffi. Ils ont écopé chacun de 135 € », soupire Lena, dépitée. Elle-même rentrait de son travail. Léna est hôtesse de caisse dans un supermarché Leclerc.
Gérer les animaux, mais pas donner à boire aux chevaux
Au Pouliguen (Côtes-d’Armor), une adolescente de 16 ans a été verbalisée jeudi alors qu’elle transportait, selon sa mère, plusieurs bidons d’eau pour abreuver ses chevaux, situés à 500 m de chez elle. « Les fonctionnaires, dans une voiture bleue, lui ont expliqué que ce n’était pas vital », a dénoncé la maman dans Ouest-France, avant que les policiers de La Baule démentent ce mardi soir toute verbalisation. « Qui, alors, l’a verbalisé ? » interrogeait en retour le quotidien.
Le Parisien « Confinement : ces PV contestés par les Français », 24 mars 2020
Au pire on vous donnera un motif d’aller à l’hôpital
il est dans les environs de 16 h lorsqu’elle sort faire des courses près de son domicile à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). […] Sur le chemin du retour, alors qu’elle ne se trouve plus qu’à quelques mètres de chez elle, une patrouille de police décide de contrôler son attestation de dérogation de sortie, dans le cadre du confinement lié à la propagation du coronavirus Covid-19.
« Coronavirus en Seine-Saint-Denis. Elle est tasée et frappée pour ne pas avoir montré son attestation », 24 mars 2020
A la suite de ce contrôle musclé, la jeune femme se voit prescrire cinq jours d’incapacité temporaire totale (ITT).
Revenir avec les courses c’est sortir pour un bon motif. Tout ce qu’on peut reprocher c’est un défaut de papier. Même s’il y avait altercation, cinq jours d’ITT est-ce bien raisonnable comme proportion pour une sortie motivée mais potentiellement un défaut administratif ?
Oh, c’est la Seine Saint Denis, elle est noire et voilée. Oui je le précise parce que c’est loin d’être neutre dans les explications possibles.
Non, on ne rigole pas
Même durée mais il ne s’agit pas du même cas qu’au-dessus. Je n’ai mis que ces deux là car les autres vidéos soit ne sont pas datables facilement soit on ne sait pas si ça parle d’attestation de sortie, mais il y a d’autres cas qui tournent
Vraiment… c’est dangereux
L’histoire est aussi racontée illustrée. Je ne recopie pas tout ici et je vous laisse suivre le lien :
Ne courrez pas (enfin si, mais pas ici)
Besoin d’en parler : je viens d’être témoin de ma première violence policière (gendarmière en fait) et ça fait vraiment bizarre… 🥺
Un groupe de gendarmes contrôlaient les gens qui marchaient dans ma rue sous mon balcon, tout se passait « normalement ».
Plus grand monde dans la rue, ils repartent dans le fourgon, font 50 m et sortent le mégaphone pour crier à un type qui marchait dans l’autre sens sur le trottoir opposé : « gendarmerie nationale, arrétez-vous, présentez votre attestation ».
Le gars hésite un instant, hausse les épaules et se mets à marcher plus vite. 5 gendarmes sortent du fourgon en courant, il se mets alors à courir, mais pas très vite.
L’un deux arrive vite à son niveau et le projette très violemment contre la vitre d’un restaurant, à tel point que la vitre se casse. Le gars est par terre, ne bouge pas, ne se débat pas, ils se jettent sur lui à 4 avec une grande violence pour le mettre face contre terre. (Objectivement, je crois que c’est cette partie qui m’a le plus choqué car certains gestes me paraissaient vraiment gratuits, pire qu’au cinéma et le gars avait vraiment l’air « normal » et ne protestait pas, ne se débattait pas.)
Il ne bouge plus, il est blessé, il leur dit dit qu’il n’avait juste pas d’attestation et pas envie de payer 135€. Ils s’éloignent de lui, appelent le samu qui après l’avoir examiné sors le brancard, lui mets une minerve, lui déchire le jean pour lui mettre bandages et immobilisation aux jambes.
Et en route pour l’hôpital sur un brancard. Voilà.
Au-delà de la disproportion de la violence de l’arrestation qui m’a enfin fait voir ce qu’on a entendu dans les manifestations de ces deux dernières années, je suis choqué de voir qu’une ambulance et des services hospitaliers soient mobilisés pour ça en ce moment…
Cyril R., message Facebook du 22 mars 2020
Et la vitre du restaurant va coûter plus que 135€.
Toujours les mêmes ciblés
On y voit Ramatoulaye, 19 ans, entourée de six policiers, avec un chariot de courses pas loin. Elle raconte qu’elle allait “faire les courses pour [son] enfant de 7 mois, accompagnée de [son] petit frère ». « Je marquais un arrêt parce que mon caddie était lourd »,
[…]
On y entend Ramatoulaye crier, dans un mouvement de recul, provoqué selon elle par « un coup de taser ». Elle est ensuite mise à terre.
La vidéo cesse sans que l’on puisse constater ce qu’il s’est produit par la suite. Elle raconte avoir été “jetée dans le fourgon”. À partir de là, “ça a été encore pire”, soupire Ramatoulaye. « En pleurs », elle aurait été « giflée plusieurs fois » et un policier aurait tenu des propos racistes.
[…]
Sur le certificat d’incapacité émis par les services d’urgences médico-chirurgicales qui nous a été transmis, cinq jours d’interruption de travail
[…]
une plainte pour « violences volontaires ayant entraîné une ITT inférieure à dix jours, en réunion, avec arme, par personnes dépositaires de l’autorité publique, et violence en présence d’un mineur de moins de 15 ans ».
France Inter, « Confinement : plusieurs personnes affirment avoir été brutalisées et insultées lors de contrôles de police », 5 avril 2020
L’important c’est le papier
Parce qu’on n’est pas la France pour rien. Que le motif soit bon, s’il n’y a qu’un seul papier le prouvant sans ambiguité et pas en plus une auto-attestation, mieux vaut mettre 2x 135€. D’autant plus aux soignants qui se déplacent vu les conditions d’exercice en ce moment…
En colère, Christophe Blondel, secrétaire du syndicat CGT au sein du centre hospitalier Béthune-Beuvry : « Deux collègues ont été verbalisés ce matin. Une patrouille de police les a contrôlés. Ils avaient leur justificatif de déplacement professionnel, mais avaient oublié de remplir l’attestation de déplacement dérogatoire ! C’est ridicule ! Ils avaient leur justificatif d’employeur pour la santé ! » L’infirmière et le personnel soignant ont donc reçu une amende de 135 euros.
L’avenir de l’Artois, « Béthune : deux personnels soignants verbalisés pour leur attestation de déplacement », 19 mars 2020
Vraiment… il faut ce papier
Et ce n’est pas une exception, il y a d’autres témoignages similaires.
Et imprimé s’il vous plaît
Et l’attestation pour aller au taxiphone alors ? On ne me retirera pas facilement de l’esprit que cette situation n’aurait jamais eu lieu dans un beau quartier (d’autant que les taxiphones n’y sont pas légion).
Faut dire qu’à la main il ne faut rien oublier
Ce qui est non seulement idiot, inutile, mais aussi contraire aux instructions officielles qui disent qu’on peut se contenter de la ligne utile.
Recopiez tout on vous dit !
Pas même la date de naissance
L’histoire qui suit est relayée par un journaliste professionnel qui dit avoir fait les vérifications nécessaires.
H. travaille pour Santé Publique France dans le 94. En mission #COVID19, il peut être appelé à n’importe quelle heure. Un laissez-passer lui a été délivré par employeur pour rejoindre le centre à n’importe quelle heure. Jeudi soir, H. est appelé en urgence dans la nuit.
Au moment de quitter son domicile en voiture, une patrouille le klaxonne. Contrôle. « Rien ne te dérange ? Tu fous quoi dehors ? » lui lance un policier avant de lui demander son attestation. H. lui présente donc son attestation et le laissez-passer de son employeur
Le policier regarde le laissez-passer avant de lui jeter à travers la fenêtre. Dans l’urgence, H. a oublié de mettre son année de naissance sur l’attestation mais celle-ci était inscrite sur l’autre doc. Le policier lui lance : « t’es con, t’as pas mis ton année de naissance »
« Il l’a même pas regardé mon laissez-passer » me dira H, hier soir au téléphone, encore sous le choc.
Il était alors à peine plus de minuit, basculant donc à vendredi. Le policier poursuit : « ton attestation est pas bonne, elle date d’hier ». Il décide de le verbaliser. La voiture de police bloque la voiture de H. sur sa place de parking.
Le policier devient alors virulent : « maintenant bouge, casse toi ! ». H. lui indique que la voiture bloque la sienne et fait preuve, de son propre aveu, de mauvaise foi. 15 mn plus tard, le policier revient vers lui.
« Tu n’as plus que 5 pts sur ton permis ». H. en a pourtant 12. Le policier lui dit : « non tu en as 5. Tu viens d’en perdre 7 pour usage du téléphone au volant » et relève deux autres « infractions ». H. était garé sur son parking, à l’arrêt.
H. conteste. Réponse : « ça sera ta parole contre la notre ». Sentant les choses mal tourner, le jeune homme sort son téléphone pour tenter de filmer ou enregistrer ce qu’il peut, sur snapchat. Un autre véhicule est contrôlé à quelques mètres.
Le troisième policier s’approche de la fenêtre de H. « Il surveillait ce que je faisais avec mon téléphone. J’ai eu peur que ça tourne mal donc j’ai lâché mon téléphone » me raconte ce jeune habitant d’Aulnay.
« Oh sale arabe, maintenant tu dégages ou je t’embarque ». Les insultes racistes fusent. H. s’exécute. « Ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient de moi. J’étais leur pute » poursuit H. Arrivé sur son lieu de travail, il en fait part à Santé Publique France.
L’Agence nationale contestera l’amende de 135€. H. a déposé une pré plainte en ligne et va saisir l’IGPN.
« Je me suis dis… ça existe encore ça en France ? » conclura H au téléphone. Et oui, malheureusement ça existe encore. Et c’est dramatique.
Relayé par Brice Ivanovic, le 28 mars 2020
La victime a depuis témoigné en vidéo :
Et aussi retracé sur le Bondyblog le 2 avril 2020.
Et ne groupez pas les motifs
En venant consulter sa psychiatre, un patient au RSA écope d’une amende de 135 euros pour avoir « mal rempli » son attestation de sortie. Témoignage circonstancié du médecin qui dénonce une police autoritaire.
[…] Je me présente à l’agent, lui expliquant que je suis le médecin avec qui le jeune homme verbalisé avait rendez-vous, souhaitant ainsi attester de sa bonne foi. Elle me répond : « Non mais vous avez vu comment elle est remplie son attestation ? » Elle est manuscrite, et mon patient, par égarement, avait coché deux cases, la raison de santé et l’exercice physique. Je reconnais tout cela et c’est le motif de ma présence, clarifier et justifier le déplacement, c’est-à-dire l’objet de l’attestation. L’agent n’en a cure : « Si tout le monde commence à faire comme ça ! C’est bon, il suffit de cocher une case. » J’avais prévenu mon patient (« nous ferons profil bas de toute façon ») et j’explique à l’agent qu’il s’agit d’un patient qui vient consulter un psychiatre, il est donc dans un moment de fragilité et il lui a été compliqué de remplir l’attestation. Elle me rétorque : « Vous êtes en train de dire que les gens comme ça, qui vont voir un psychiatre, ne sont pas capables de remplir cette feuille ! »
Libération, « La policière, l’attestation, et « les gens comme ça » », 30 mars 2020
Bon, ça dépend évidemment de qui vous êtes
On le voyait déjà venir les premiers jours. Quand les mêmes journaux montraient des quais de Seine intra-muros en promenade tranquille mais annonçaient en même temps fièrement que 10% des amendes venaient de Seine Saint Denis, on voyait bien que la réaction des forces de l’ordre n’était pas la même partout.
Plus il y a d’arbitraire, plus les biais habituels tendent à ressortir.
Le thème du racisme et du focus sur des « jeunes de banlieue » ressort d’ailleurs bien sur certains témoignages, surtout les plus violents.
Les SDF aussi
L’histoire des SDF est plus complexe. Je préfère que vous lisiez l’enquête de CheckNews au complet plutôt que de faire des citations difficiles à comprendre.
Dans les faits, ont été verbalisés :
- Des familles « ne parlent pas forcément la langue » trimbalées d’hôtels sociaux en hôtels sociaux tous les trois à quatre jours par le SAMU social, verbalisées en se déplaçant d’un lieu à l’autre.
- Six personnes dans différents arrondissements de la métropôle lyonnaise, qui se sont déclarées SDF sur le PV mais dont la police pense qu’ils ne le sont pas. « Nous connaissons les SDF de nos arrondissements »
- Au moins 1 SDF à Bayonne et 3 SDF attendant de se doucher devant l’accueil de jour, tous quatre reconnus comme tels mais verbalisés sous prétexte d’attitude virulente en réaction au contrôle d’attestation.
Je ne sais pas vous mais moi une famille que le SAMU social change deux fois d’hébergement d’urgence, j’appelle bien ça des sans domicile fixe. Et au moins moralement, les verbaliser quand ils se déplacent pour joindre leur logement suivant…
Quand aux autres SDF, si je prends au mot les déclarations officielles de la police, ils connaissent parfaitement les SDF de leurs localité mais… en contrôlent quand même les attestation (puisque c’est lors des contrôles qu’il y a eu attitude agressive).
Au mieux (ou au pire, suivant), nos forces de l’ordre détournent arbitrairement l’amende pour défaut d’attestation pour sanctionner une attitude virulente. On est bel et bien en plein dans les « PV arbitraires ou abusifs, moralement ou légalement » que je liste ici.
Des faux ? Pas impossible, mais n’en faisons pas un présupposé
Il n’est pas impossible qu’une partie des témoignages soient montés de toute pièce. J’écarte toutefois déjà les on-dit et les comptes qui semblent trop frais ou trop anonymes, et pour certain on a même des vidéos.
Il n’est pas non plus impossible qu’une partie de ces gens aient été de vraies victimes d’arnaques par de faux policiers ou faux gendarmes. Pour certains on voit toutefois des uniformes ou des voitures de fonction dans la vidéo, pour d’autres ça transparaît dans le témoignage. Attention donc à ne pas y voir une explication trop facile.
Dans tous les cas, ne payez rien sur place et attendez l’amende officielle par courrier, à payer par des biais officiels (ou à contester le cas échéant).
D’un point de vue légal
Sur proposition de Me Franciscot, je relaie aussi l’appel de Me Eolas qui cherche copie des PV reçus.
Hors périmètre mais qui mérite d’être mentionné quand même :
Au Royaume Uni aussi
Dozens of people, including those considered vulnerable by the Government guidelines, accused the police of being overzealous with their approach.
[… ] « Serious breaches should attract fines, but news reports of over-enforcement by police and public are deterring the timid from exercising even the limited freedoms they have. »
[…] « This is overzealous enforcement and a misreading of the rules. »
[…] Mr Lowman added: « In the cases where officers have challenged retailers and shoppers in this way, it’s brought confusion, distracted retailers in the busiest weeks of their lives, and increased the interactions between people at a time when the Government is trying to minimise them. »
An ACS spokesman said about four convenience stores reported that they had been « wrongly » told by council environmental health officers to stop selling certain items which they deemed as non-essential.
The Telegraph, « ‘Overzealous’ police use coronavirus powers to charge shoppers for buying ‘non-essential items’ », 30 mars 2020
La sortie d’hélicoptère
Décidément le délire sécuritaire nantais ne s’arrange pas. À l’heure où les hôpitaux font des appels à dons publics, ils ont fait venir un hélicoptère de Rennes pour traquer les sortes sans attestation. Le coût probable est de plusieurs milliers d’euros.
À la clef, trois personnes verbalisées pour une sortie en voiture, avec un scénario qui ressemble à un mauvais film.
Nantes Révoltée le 20 mars 2020, relayé par David Dufresne, le tout recoupé avec Ouest France.
L’appel à dons
Et puisqu’on parle des appels à dons…
Je suis furieux. Ces gens sont justement chargés d’organiser la redistribution et l’effort collectif, de tous en fonction des moyens. En organisant un appel aux dons pour un besoin primaire, en tant que ministre de l’action et des comptes public, il vient juste de démissionner de sa fonction de base.
Désormais l’idée est que les finances viennent de ceux qui se sentent concernés plutôt que de ceux qui en ont les moyens. La charité plutôt que l’impôt. La fin de la politique publique choisie collectivement par les citoyens et le règne de l’individuel.
Surveillance numérique
Le défenseur des droits se dit, dans un entretien à « L’Obs », inquiet de l’utilisation de la géolocalisation pour lutter contre la pandémie de Covid-19, sans débat parlementaire.
Le Monde, « Surveillance numérique contre le coronavirus : Jacques Toubon s’inquiète de possibles dérives », 30 mars 2020, qui relaie l’Obs, « Jacques Toubon : « Géolocalisation, je dis : attention ! » » du 30 mars 2020 aussi.
La dérive hongroise
Je ne sais pas encore où on va, mais ça n’a pas l’air très tentant.
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De même, cette page a été citée par David Dufresne et, forcément, les trolls viennent. J’ai le privilège d’un espace personnel. Comme d’habitude ici, je ne publie donc que les commentaires qui me semblent avoir un intérêt pour mes lecteurs. Si je ne publie pas vos opinions ou remarques, vous avez la liberté de les publier ailleurs.
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