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  • Kindle or not Kindle ?

    Kindle or not Kindle ? Fina­le­ment, est-ce gênant ce modèle fermé du Kindle d’Ama­zon ?

    On peut dire que c’est un problème de tech­ni­cien mais la péren­nité des conte­nus ache­tés, le fait qu’on puisse ou pas chan­ger de librai­rie à l’ave­nir ou qu’on reste bloqué par ses achats passés, le fait qu’on soit plus tard à la merci d’un acteur mono­po­lis­tique, je suis convaincu que ce sont des ques­tions qui ne sont pas réser­vées aux tech­ni­ciens. Certes il faut les expliquer, mais c’est juste­ment notre rôle en tant que tech­ni­ciens, pour que faire la lumière sur ce qui n’est pas évident à tous.

    Amazon est excep­tion­nel

    Amazon fait des bons produits. Ils innovent, et ont globa­le­ment fait beau­coup de bien au marché, du moins de ce que j’en ai vu de mon côté. Je peux même aller plus loin en disant qu’à l’heure actuelle ils ont l’éco­sys­tème le plus complet et le plus abouti. Je ne sais pas où en serait le livre numé­rique sans eux et leur volonté d’avan­cer mais je doute que j’en parle­rai ici ou que vous pensiez à ache­ter une liseuse en ce moment. Encore mieux : Il semble qu’ils aient beau­coup fait pour les petites maisons d’édi­tion et les auteurs indé­pen­dants, là où les libraires clas­siques s’en désin­té­ressent trop. Bref, l’image métier et tech­nique que j’en ai est au plus haut.

    Ça méri­tait d’être dit parce qu’en montrant trop mon désac­cord avec l’éco­sys­tème du Kindle je pour­rai renvoyer une image mani­chéenne d’Ama­zon. Mon senti­ment est bien moins binaire qu’il n’y parait. J’au­rai même tendance à penser qu’ils sont à la fois excellent, commer­cia­le­ment et tech­nique­ment, excep­tion­nels pour avan­cer sur de nouveaux usages, et pour­tant inac­cep­tables dans leur approche de l’éco­sys­tème.

    Mais le modèle du Kindle n’est pas accep­table en l’état

    Il n’y a cepen­dant pas que l’ex­cel­lence tech­nique ou commer­ciale qui compte. C’est cet écosys­tème fermé qui me fait reje­ter toute la solu­tion quelles que soient ses quali­tés par ailleurs. Ne pas nous mettre des fers et ne pas nous lier irré­mé­dia­ble­ment à un acteur est trop impor­tant pour le renier sur l’au­tel du compro­mis. Ne pas lais­ser un acteur domi­ner un marché si critique que le livre (je ne parle pas de criti­cité écono­mique mais de liberté d’ex­pres­sion, de liberté de rêver, d’ac­cès à l’his­toire, etc.) est primor­dial pour la société elle-même. Même si pour l’ins­tant nous prêtons de bonnes inten­tions à Amazon, peut être à raison, le risque serait trop grand. Tant pis pour la solu­tion excel­lente et toutes les avan­cées qu’ils font sur les usages, je ne peux accep­ter d’y sous­crire.

    J’irai même plus loin que le texte en lien : et que ferons nous quand un acteur qui a 80 % du marché décide de boycot­ter un éditeur qui n’ac­cepte pas ses nouvelles condi­tions ? nous avec notre biblio­thèque faite depuis des années dans le Kindle. Aban­don­ne­rons nous tout, par respect pour nos prin­cipes ? ou serons nous lâches à nous battre faible­ment sans oser faire le pas ? Ce pouvoir, spéci­fique­ment dans le domaine du livre et de l’in­for­ma­tion, est démeu­suré.

    À ce moment là l’em­prise d’Ama­zon sur nos lectures sera peut être trop stable et nous n’au­rons pas la force de chan­ger. Faire le pas main­te­nant, faire un choix diffé­rent, c’est par contre encore possible et abor­dable.

    Il nous reste à faire mieux, et ce n’est pas simple

    Tout a un prix. En refu­sant le modèle Amazon, il nous revient de faire avan­cer nous aussi la barque dans le bon sens, et de propo­ser des solu­tions aussi confor­tables, effi­caces et inno­vantes que ce dernier. Si nous ne le faisons pas non seule­ment Amazon creu­sera l’écart et il devien­dra d’au­tant plus diffi­cile d’y résis­ter, et d’au­tant plus risqué d’y céder, mais en plus cela nous donne le rôle de celui qui critique de loin sans propo­ser mieux. Pas simple comme défi, j’es­père que je pour­rai parti­ci­per à le rele­ver.

    Entre temps, ne cédons pas trop vite. Et puis il y a encore l’es­poir que Kindle finisse par beau­coup plus s’ou­vrir, et là je serai le premier à les féli­ci­ter. Si nous ne faisons que les exclure, nous fini­rons en enne­mis et ce n’est pas ainsi que nous pour­rons avan­cer le mieux pour le béné­fice de tous.

  • Le déséqui­libre des échanges impose-t-il vrai­ment d’at­ten­ter à la neutra­lité du net ?

    Le billet de Ludo­vic Pénet sur le déséqui­libre des échanges réseau et la neutra­lité du net ne parle fina­le­ment que peu de déséqui­libres mais j’en profite pour m’ac­cro­cher à la discus­sion.

    Tout d’abord je suis agacé quand j’en­tends parler de ce fameux déséqui­libre. Un tuyau fait passer des données. Elles consomment une partie de la bande passante du tuyau, néces­site des ressources pour les routeurs et l’ache­mi­ne­ment, mais fina­le­ment rien dans tout ça n’est dépen­dant du sens de l’in­for­ma­tion lui-même. L’asy­mé­trie n’est en rien un « problème ».

    Fut-ce t’il d’ailleurs un problème qu’il serait fran­che­ment hypo­crite de la part des opéra­teurs de s’en plaindre. On ne peut décem­ment pas offrir un accès à l’uti­li­sa­teur 20 fois plus large en descente qu’en montée, puis râler ensuite qu’il y a plus de descente que de montée. Il faudrait rester un mini­mum cohé­rent.

    La ques­tion est par contre éven­tuel­le­ment de savoir sur quel réseau circule la donnée avant d’ar­ri­ver à son point de chute, ainsi que de savoir qui est respon­sable du trafic, et donc de son paie­ment.

    Là aussi je trouve le compor­te­ment des opéra­teurs très hypo­crite. Le contenu trans­féré l’est parce qu’il est demandé par le réseau de l’opé­ra­teur (par l’abonné). Le respon­sable est-il celui qui répond à la demande ou celui qui demande ? Fina­le­ment, ne serait-ce pas plutôt à l’opé­ra­teur de payer le four­nis­seur de service pour les ressources serveur qu’il consomme ? Ces ressources serveur coûtent certai­ne­ment plus cher que les ressources réseau.

    Ludo­vic parle de marges arrières et je pense qu’il est en plein dans le sujet. L’opé­ra­teur est bien dans une démarche de distri­bu­tion d’un contenu payé par ses clients et four­nit par d’autres. Il remplit un service qui mérite  finan­ce­ment mais sa posi­tion de force trop impor­tante finit par lui permettre des compor­te­ments nocifs pour tout le monde.

    À long terme ces compor­te­ments sont même nocifs même pour l’opé­ta­teur lui même, mais à la limite c’est peu impor­tant. Ici on touche de trop près à la  à la capa­cité de commu­niquer, d’in­for­mer, au lien social, à la capa­cité d’ac­cé­der au monde, pour qu’on ait le droit de lais­ser faire un jeu qui favo­rise certains four­nis­seurs de services (qui payent) par rapport à d’autres.

    Il faut convaincre nos poli­tiques de bouger pour faire de l’ac­cès à Inter­net un service neutre et protégé, comme peut l’être l’ac­cès à l’élec­tri­cité. Problème : ces derniers voient encore Inter­net comme un ennemi qu’il faut surveiller et contrô­ler. Leur voie se situe sur le DPI (contrôle profond du tran­sit réseau), ce qui arri­vera forcé­ment si on renforce le contrôle des opéra­teurs.

  • HTML5 Cross Brow­ser Poly­fills

    Ah, le graal de pouvoir utili­ser sur tous les navi­ga­teurs les dernières fonc­tion­na­li­tés qui sont encore en projet ou qui ne sont arri­vés que sur les toutes dernières versions…

    Javas­cript permet toute­fois de combler pas mal de manques, pour peu qu’un génie ait passé quelques semaines à réim­plé­men­ter tout à la main.

    Voici une belle liste de ce qu’on appelle les Poly­fills, pour juste­ment utili­ser les dernières nouveau­tés sur des navi­ga­teurs qui n’ont pas été prévus pour.

    Atten­tion, les perfor­mances ne sont pas toujours au rendez-vous.

  • Twit­ter doit four­nir aux USA les données d’une dépu­tée islan­daise

    Ne soyons pas naïfs, les États Unis n’avaient pas besoin d’une déci­sion de justice pour obte­nir des infor­ma­tions person­nelles sur une dépu­tée islan­daise. Non seule­ment ils les avaient certai­ne­ment déjà mais ils les auraient prises même sans déci­sion. Ne crions pas, nous faisons pareil, et l’Is­lande aussi. Tout au plus eux ont des moyens plus impor­tants. La déci­sion de justice est juste ça : une déci­sion de justice.

    Par contre cela donne une bonne vue des dangers d’avoir des socié­tés sous contrôle quasi exclu­si­ve­ment US. Les États Unis ont un pouvoir sur nos données et sur notre société. Notre souve­rai­neté est fina­le­ment un peu dégra­dée sur les côtés, puisque soumise en partie aux lois améri­caines et aux inté­rêts de ce pays.

    Parce que fina­le­ment, ce qu’a fait Wiki­leaks est certai­ne­ment légal chez nous et en Islande, et qu’une dépu­tée, proba­ble­ment proté­gée par une immu­nité juri­dique néces­saire et légi­time, se retrouve soumise à une loi étran­gère sur son propre pays.

    Ça peut paraît rien, mais c’est fina­le­ment assez inquié­tant. Ce qui m’inquiète encore plus c’est que l’Eu­rope ne fait rien pour chan­ger cet état de fait. Tech­nique­ment il serait possible d’im­po­ser aux entre­prises four­nis­sant un service en Europe d’avoir une antenne juri­dique en Europe, d’en faire dépendre les données et services euro­péens, et de les faire soumettre aux lois euro­péennes et non aux lois améri­caines. Bon, ce n’est pas aussi simple et effi­cace que ça mais il y a des pas qui pour­raient être faits, et qui ne le sont pas.

  • Si Copé n’exis­tait pas, faudrait-il l’in­ven­ter ?

    Si Copé n’exis­tait pas, faudrait-il l’in­ven­ter ? Je passe le fond de l’ar­ticle, même si je colle assez bien au contenu : Une ques­tion qui se discute au premier sujet de plusieurs 20h d’af­filé peut diffi­ci­le­ment être quali­fiée de non-démo­cra­tique dans notre système actuel. Elle l’est même bien plus que la plupart des autres, donc la dernière augmen­ta­tion de TVA annon­cée alors que personne n’en avait discuté aupa­ra­vant en public.

    Bon, nous sommes dans le jeu poli­tique et J.F. Copé a visi­ble­ment accepté de se griller person­nel­le­ment pour faire passer tous les messages qu’on lui dirait de faire passer pour le bien du parti. Le fond est peu impor­tant ici.

    Au nom de la France

    Par contre sur la forme, le « au nom de la France » est ce qui me choque. Il y a de plus en plus une confu­sion entre le parti majo­ri­taire et le pouvoir, comme si ce dernier repré­sen­tait lui-même la France. C’est une dérive des plus dange­reuses pour la repré­sen­ta­ti­vité et le prin­cipe même de démo­cra­tie où tout le monde à sa voix, et pas que ceux du parti majo­ri­taire.

    Non, l’UMP ne parle pas « au nom de la France ».

  • Supreme Court Sees Shades of 1984 in Unche­cked GPS Tracking

    Les États Unis n’ont pas la même vision de la vie privée que nous. Nos mouve­ments sur la voie publique sont consi­dé­rés comme publics mais quand la police installe sans auto­ri­sa­tion des GPS pour tracer les moindres mouve­ments de quelqu’un, la justice se demande où se situe la limite.

    “sounds like 1984.”

    On ne saurait mieux dire.

  • DRM m’a tuer – signé le livre numé­rique légal

    Si nous conti­nuons avec cette poli­tique de lutte contre la contre­façon, nous risquons de réel­le­ment foncer dans le mur. D’au­cuns diront que c’est une oppor­tu­nité de repar­tir sur d’autres bases mais entre temps la situa­tion est réel­le­ment détes­table.

    DRM m’a tuer – signé le livre numé­rique légal. La contre­façon litté­raire est encore anec­do­tique et personne n’y pense vrai­ment en ache­tant des livres. Pour l’ins­tant.

    Si nous conti­nuons nos bêtises et rejouons le même scéna­rio que pour la musique, la contre­façon va réel­le­ment s’ins­tal­ler, et une fois qu’elle est là c’est à jamais. La musique en sait quelque chose. Elle a fini par se passer des DRM, mais trop tard, le mal était fait.

  • Blocage et filtrage du net : Quand le gouver­ne­ment améri­cain tente de léga­li­ser sa guerre contre Wiki­leaks

    On assiste depuis pas mal de temps à une suren­chère des moyens de bloquer les sites web gênants : Filtrage IP, mais aussi blocage DNS, gel des avoirs dans les banques, refus des consor­tium de paie­ment en ligne, blocage des régies de publi­cité en ligne, etc.

    La suren­chère est déjà dange­reuse mais pas nouvelle. Le blocage de tout paie­ment en ligne a déjà été opéré contre Wiki­leaks ou Allofmp3. On notera d’ailleurs que dans les deux cas la base légale est assez contes­table et qu’il s’agit plus d’une volonté de l’État ou des lobbies que d’une ques­tion judi­ciaire objec­tive trai­tée comme une autre.

    Ce qui fait peur dans tout cela c’est le pouvoir qu’ont les États Unis sur tout Inter­net s’ils le décident vrai­ment, et qu’une déci­sion de la justice ou de l’État améri­cain ne vaut pas pour tous les pays.

    Avec un tel projet de loi, on risque gros pour notre avenir si demain X ou Y est pris en grippe par les États Unis ou réalise une acti­vité légale ici et inter­dite là bas. Ce n’est pas qu’une ques­tion de Wiki­leaks, mais bien un risque majeur en cas de déra­page (ce qui finit toujours par arri­ver).

  • DVD Pirate vs DVD légal

    Rien de neuf, vous avez certai­ne­ment tous vu cette image qui met en paral­lèle la lecture d’un DVD tout à fait légal et celle de la lecture d’une copie illé­gale.

    Le problème c’est qu’on reprend ce système complè­te­ment idiot sur tous les conte­nus soumis à droit d’au­teur. Parfois c’est lié à des DRM, parfois à des aver­tis­se­ments légaux.

    Ce qui est certain c’est que tant que la lutte contre la contre­façon passera par rendre plus diffi­cile ou plus agaçant l’usage des gens qui ont léga­le­ment acheté le contenu, on ne fera que creu­ser l’écart avec une copie illé­gale, et renfor­cer l’in­té­rêt de cette dernière.

    Nous en sommes au point où il devient fréquent de télé­char­ger une copie illé­gale de conte­nus qu’on a effec­ti­ve­ment acheté pour pouvoir le lire tranquille­ment. Il faut être sacré­ment motivé pour ensuite aller encore ache­ter le contenu et rester dans la léga­lité.

    Oui, il y a peu j’ai eu du mal à lire des bluray sur les deux ordi­na­teurs du foyer, sur deux OS diffé­rents. Ce n’était pas un problème tech­nique, juste la protec­tion anti-copie qui m’em­pê­chait de lire un contenu léga­le­ment acheté. J’au­rai eu plus vite fait de télé­char­ger une copie illé­gale (parce que bien entendu ça ne les a pas empê­ché de copier le film, eux).

  • Leçons de la crise islan­daise: lais­ser les banques faire faillite

    Pour couper court avant même de donner le lien : Non, tout n’est pas trans­po­sable, tout n’est pas équi­valent, et tout n’est pas rose là bas non plus. Main­te­nant, avec le recul, les leçons de la crise islan­daise: lais­ser les banques faire faillite, n’au­raient peut être pas du être évaluées un peu plus sérieu­se­ment.

    Tout du moins je vous propose la lecture de cet article. Le contenu n’est pas argu­menté, n’a pas d’ana­lyse tech­nique, mais au moins peut donner une autre orien­ta­tion que les promesses de centaines ou milliers de milliards avec lesquels on jongle actuel­le­ment.

    Je me permets au moins de noter, comme à mon habi­tude, l’in­for­ma­tion annexe du docu­ment :

    « l’Is­lande a, en fait, augmenté son filet de protec­tion social »

    Pendant une crise, ne serait-ce pas natu­rel fina­le­ment ? De notre côté nous dimi­nuons le filet de protec­tion social (qui était, il est vrai, assez haut) à cause de la crise et pour sa réso­lu­tion. Plus qu’un choix écono­mique, c’est un choix idéo­lo­gique de lais­ser pour compte certains afin de régler le problème géné­ral. Je ne dis pas que ce choix était le mauvais, mais il serait temps d’ar­rê­ter de croire qu’il va de soi.