Auteur/autrice : Éric

  • NAS chif­fré, saisie de pass­phrase à distance

    J’ai un petite UC sous Linux qui me sert de NAS. Je vais y stocker toutes mes données, certaines confi­den­tielles et j’ai­me­rais y chif­frer mes disques pour éviter que ces données partent dans la nature en cas de cambrio­lage.

    Logique­ment ça va me deman­der une pass­phrase au démar­rage mais je n’ai ni clavier ni écran (et je risque de devoir relan­cer le NAS assez souvent pour ne pas avoir envie de trim­bal­ler les péri­phé­riques juste pour ça).

    Je me dis que je ne dois pas être le premier. Qu’existe-t-il comme méca­nisme dans Grub ou UEFI pour permettre de saisir la pass­phrase à distance via un portable sur le même réseau ?

  • Reprendre contrôle de mes données : point d’étape

    Merci à ceux qui m’ont aidé dans les épisodes précé­dents. Je commence à avoir un plan qui tient la route.

    Idéa­le­ment je veux reprendre le contrôle sur mes données, c’est à dire assu­rer leur confi­den­tia­lité et leur péren­nité.

    Par sécu­rité, tout ce qui est hébergé sur un service direc­te­ment acces­sible d’In­ter­net doit être chif­fré côté client. Par manque de temps et de moti­va­tion, idéa­le­ment j’ai­me­rais ne pas auto-héber­ger moi-même (mais je veux bien payer des tiers sérieux pour cela). Pour assu­rer la péren­nité, j’ai­me­rais garder le contrôle de tous les iden­ti­fiants et de toutes les adresses, en les liant à mon nom de domaine person­nel. Enfin, tout ce que je gère doit être sauve­gardé pour résis­ter en cas d’er­reur de mani­pu­la­tion, de casse maté­rielle, de vol ou d’in­cen­die. À vue de nez j’ai entre 1 et 1,5 To de données.

    Je cher­chais à me baser d’abord sur le laptop en consi­dé­rant le NAS unique­ment comme un gros disque pour étendre mon stockage. Bascu­ler pour consi­dé­rer le NAS comme système prin­ci­pal et le laptop comme une simple dépen­dance de travail a débloqué pas mal de choses.

    Le NAS

    Il a un gros disque de 2 To et c’est sur lui que je compte pour avoir une copie de tout. Vrai­ment tout.

    J’ai aban­donné l’idée de tout chif­frer côté client à partir du laptop, faute de trou­ver des solu­tions satis­fai­santes. Du coup, comme j’y stocke toute ma vie en clair, ce NAS ne sera *pas* direc­te­ment acces­sible depuis Inter­net. Je ne me sens nulle­ment de garan­tir la sécu­rité et ma réac­ti­vité à ce point. Je vais juste chif­frer les disques au cas où quelqu’un débarque chez moi et embarque le boitier lors d’un cambrio­lage.

    Par contre je compte bien récu­pé­rer sur le NAS tout ce qui traine ou qui est produit à mon nom sur le web, donc lui pourra accé­der à Inter­net. Il y a un risque si j’ai une faille sur ma box *et* une faille sur mon NAS, mais ce ne sera jamais parfait de toutes façons.

    Aujourd’­hui j’ai juste un getmail qui tourne pour synchro­ni­ser mes emails. Je vise à ajou­ter pas mal de connec­teurs pour tout le reste (les données des réseaux sociaux, mon agenda, mes contacts, les factures dispo­nibles en ligne, pourquoi pas des rele­vés bancaires, etc.) mais ça va proba­ble­ment prendre du temps.

    Ce NAS c’est un petit XS35 sous Debian et un disque de 2 To. Si ça sature j’y enlè­ve­rai les quelques films et séries pour gagner de la place. J’avoue ne pas envier les Syno­logy et autres boitiers tout inté­gré : J’aime la liberté que me donne un Linux x86 non bridé, et le confort sonore d’un boitier sans venti­la­teur.

    Pour tout ça j’ai juste besoin d’un backup chif­fré qui supporte Linux et un gros quota disque. Par défaut ce sera proba­ble­ment un Crash­plan à 10 € par mois. Je suis preneur d’autres alter­na­tives mais j’ai envie d’évi­ter les brico­lages trop custom (je veux par exemple éviter le « oh mais le backup ne tour­nait plus depuis des mois et je n’ai eu aucune alerte ») et les prix de stockage explosent vite dès qu’on parle en To.

    Le laptop

    C’est l’es­pace de travail. L’idée c’est de consi­dé­rer que tout ce qui est dessus est à priori vola­tile. Je synchro­nise avec le NAS dès que je suis à la maison.

    La synchro elle-même ce sera proba­ble­ment Next­cloud ou Cozy Cloud. Pas besoin de chif­fre­ment vu que ça se passera en local hors d’In­ter­net.  Je suis preneur d’autres sugges­tions mais il me faut une synchro­ni­sa­tion trans­pa­rente (pas besoin de la lancer manuel­le­ment ou de le lais­ser allumé à une certaine heure program­mée), progres­sive (pas besoin de le lais­ser ouvert assez long­temps pour finir un snap­shot complet) et sélec­tive (je veux pouvoir choi­sir quels réper­toires synchro­ni­ser, et chan­ger régu­liè­re­ment).

    J’hé­site à y mettre une sauve­garde vu que tout ce que j’y fais est amené à être synchro­nisé sur le NAS, et sauve­gardé à partir de là. Un serveur Time Machine sur le NAS ne m’ap­por­tera par exemple stric­te­ment aucune garan­tie supplé­men­taire.

    Tout au plus je peux perdre une semaine de travail si je suis en dépla­ce­ment, ou quelques semaines si je suis l’été hors de chez moi. Rien de grave vu que je fais quasi tout en ligne de toutes façons.

    Les photos de la semaine sont les seules données dont je crain­drais vrai­ment la perte. Si je veux me proté­ger contre ça il me faut une sauve­garde en ligne. Si j’ai du Crash­plan sur le NAS, ce sera proba­ble­ment aussi du Crash­plan sur le laptop, quitte à ce que ça coûte un peu cher. Pour l’ins­tant j’hé­site, je ferai peut-être sans.

    Les emails

    Je n’ai pas trouvé de solu­tion parfaite. J’au­rais adoré une solu­tion qui chiffre d’of­fice avec une clef publique tous les emails reçus en entrée, et des clients qui déchiffrent puis indexent tout ça côté client pour que ce soit utili­sable au jour le jour.

    C’est ProtonMail qui s’en rapproche le plus mais ils ne chiffre pas le sujet de l’email, les dates et les parti­ci­pants. Je comprends pourquoi mais au final ça laisse beau­coup de choses utiles en clair. Ajouté à ça, les clients offi­ciels ne font pas de recherche dans le contenu des messages et le quota serveur n’est pas énorme.

    Si je pars là dessus je vais peut-être utili­ser leur pont IMAP/SMTP avec Thun­der­bird ou le Mail.app d’Apple pour les emails récents, et une archive locale pour les mails plus vieux. C’est un peu bancal mais je n’ai pas mieux.

    L’al­ter­na­tive c’est utili­ser Fast­mail. Là j’ai un quota qui me permet d’y impor­ter et gérer tout mon histo­rique et je peux y accé­der depuis n’im­porte où avec une recherche complète. Par contre je fais une croix sur le chif­fre­ment. J’hé­site encore.

    Dans tous les cas il y aura une récu­pé­ra­tion locale sur le NAS, pour archive.

    Calen­drier et contacts

    Je ne peux pas imagi­ner baser contacts et calen­drier sur un Next­cloud ou une solu­tion perso sur le NAS. Je vais avoir besoin de la synchro­ni­sa­tion entre le laptop et le smart­phone lors des dépla­ce­ments.

    Ça veut à priori dire utili­ser une plate­forme en ligne, et je n’en connais aucune qui propose un système avec chif­fre­ment côté client. Je vais devoir lais­ser trai­ner ces données en clair et ça m’agace parce que ce sont des données sensibles.

    ProtonMail propose bien un système de contacts chif­frés mais il ne chiffre ni le nom ni l’email, et si je ne devais chif­frer que deux éléments se sont bien ces deux là. Pire, vu qu’il n’y a pas de pont card­dav, je ne pour­rai pas utili­ser mes contacts ProtonMail depuis Mail.app ou Thun­der­bird. Si je les édite depuis mon smart­phone je perds les données chif­frées (igno­rées par leur synchro Android). Bref, pas une solu­tion.

    Fast­mail propose calen­drier et contacts. À défaut de mieux, j’irai peut-être là bas… et ça me déci­dera peut-être à le faire pour les emails aussi (sinon je n’y aurai pas accès depuis les appli­ca­tions ProtonMail).

    Sérieu­se­ment ProtonMail, il y a là quelque chose à travailler. C’est un vrai gros point faible incom­pré­hen­sible.

    Partages

    Autre­fois j’uti­li­sais pas mal Drop­box et Google Drive. Je n’ai pas trouvé de solu­tion alter­na­tive gratuite (et rappel: Il est exclu d’ex­po­ser le NAS sur Inter­net avec un service type Next­cloud).

    Ce sera proba­ble­ment toujours Drop­box et Google Drive. Faire autre­ment deman­de­rait de toutes façons aux tiers d’ins­tal­ler des logi­ciels prévus pour, et ils ne le feront pas.

    Si je craque, je pren­drai peut-être la version premium de Treso­rit, qui sait gérer partage et chif­fre­ment côté client. Pour le même prix ça peut gérer la péren­nité de mes données en cas de perte du laptop et faire solu­tion de sauve­garde de fortune à ce niveau.

    Édition colla­bo­ra­tive en ligne

    Le second point faible du plan : Les docu­ments en édition parta­gée en ligne. Il y a quelques trucs qui gèrent le chif­fre­ment côté client mais en géné­ral c’est du texte simple au kilo­mètre.

    Si on accepte de tout lais­ser en clair sur des plate­formes tierces il y a OnlyOf­fice et Colla­bora. Les deux sont assez lourds, sans client mobile, et pas vrai­ment au niveau de Google docs, Google sprea­sheets et Drop­box Paper côté simpli­cité. Vu qu’en plus c’est vite cher si on veut colla­bo­rer en lecture/écri­ture avec des tiers, je n’ima­gine pas vrai­ment réus­sir à embarquer mes connais­sances là dessus.

    Bref, quitte à tout lais­ser en clair, je vais peut-être garder aussi tout ce qui demande de l’édi­tion évoluée chez Google et Drop­box. Ça me fait mal mais je n’ai rien de mieux à propo­ser.

    Tout au plus je vais faire atten­tion à tout expor­ter régu­liè­re­ment sur mon NAS pour en garder des archives locales.

    Dépôt de code

    La seule solu­tion de dépôt git chif­fré que je connaisse est celle de Keybase.

    Cela dit les seuls codes sources privés que je gère sont liés au contexte profes­sion­nel (et là non seule­ment je n’ai pas le choix du pres­ta­taire, mais les pull request et autres systèmes de revue de code me semblent trop essen­tiels pour que j’ima­gine utili­ser la solu­tion de Keybase) ou sont pure­ment privés (et là je peux très bien pous­ser mes codes sur le NAS une fois de temps en temps, puis voir le tout sauve­gardé à partir de là).

    Bref, je n’ai person­nel­le­ment pas vrai­ment de cas d’usage pour un dépôt de code chif­fré.

    Blogs et photo

    Tout ce qui est dans cette caté­go­rie est public, ou semi-public.

    Tout ce que je faisais sur mon serveur en ligne est déjà couvert par une solu­tion ci-dessus. Il ne reste que le word­press.

    Je vais donc à priori le rempla­cer et passer vers de la publi­ca­tion statique à quelques euros par an (juste de quoi mettre mon domaine perso).

    À terme peut-être que je ferai des systèmes évolués avec chif­fre­ment pour les sections et publi­ca­tions privées, mais je ne suis même pas certain d’avoir envie d’al­ler jusque là.

    Adresse, domaine et iden­ti­fiants

    J’ai mon nom de domaine et donc le contrôle de mes iden­ti­fiants pour l’email et les publi­ca­tions en ligne.

    Il me manque le contrôle d’un xmpp et celui de l’iden­ti­fiant masto­don. Je ne veux pas monter et main­te­nir moi-même des serveurs en ligne pour ça. Si quelqu’un sait qui offre un service avec nom de domaine person­na­lisé pour ça, je suis preneur.

    Vidéo

    Je fais des vidéo-confé­rences essen­tiel­le­ment au niveau profes­sion­nel mais j’avoue que ça passe toujours par zoom, skype, hangout et autres appear.in. Il y a-t-il des solu­tions chif­frées de bout en bout ? qui permettent de contrô­ler son iden­ti­fiant ?

  • « Comment ça va ? »

    La ques­tion est telle­ment dans l’usage que le « bien et toi ? » en devient auto­ma­tique, il sort avant même que j’ai réalisé la ques­tion.

    On répond « oui » quand ça va. On répond « oui » aussi quand ça ne va pas. La seule alter­na­tive c’est quand ça va mais qu’on a un petit tracas du quoti­dien, le « pas trop je suis enrhumé » ou le « j’ai mal dormi hier ». Et encore, ne le faites pas trop souvent faute de vous voir repro­cher de casser l’am­biance. Ne le faites pas avec un mauvais mana­ger au boulot si vous ne voulez pas qu’on vous déleste de la confiance qu’on a en vous.

    Quand est la dernière fois qu’on vous a répondu sérieu­se­ment « non, ça ne va pas » sans que la personne ne soit déjà au fond du trou avec 10 mètres de terre bien tassées au dessus ? Même pour dire « ma famille est morte hier » on se sent obligé de rajou­ter « mais je vais bien ».

    Et quand parfois, quand on a quelqu’un en qui on a confiance, on s’ou­blie et on répond. La personne en face n’est pas prête, ne comprend pas, ne s’y attend pas, ne sait pas, n’a pas le contexte. Rien de bon n’en sort.

    S’il vous plait, rempla­cez votre « ça va ? » par un « ça va ». Venez prendre des nouvelles. Dites que vous vous allez bien, si c’est vrai­ment le cas. N’obli­gez pas votre inter­lo­cu­teur à dire comment il va s’il n’en a pas l’in­ten­tion, à vous mentir poli­ment si fina­le­ment tout ne va pas. S’il le veut, s’il le peut, peut-être vous le dira-t-il de lui-même, mais ce sera choisi.

    Je suis certain que pour les amis la ques­tion part d’un bon senti­ment, que vous voulez être là. Ce n’est pas un reproche, les bonnes inten­tions ne se reprochent pas, mais la ques­tion est aussi toxique quand juste­ment ça ne va pas.

    Être obligé de répondre « ça va », à la longue, faire semblant d’avoir la joie de vivre, faire des sourires forcés, ce sont autant de poisons qui s’in­si­nuent douce­ment et pèsent chaque jour un peu plus sur les épaules. Non seule­ment ça ne va pas mais il faut faire semblant.

    * * *

    Toi, ça va ?

    Et je revois le jeu de l’amie Delphine il y a quelques années. Pour me défi­nir, il n’y avait rien de mieux qu’un « toi, ça va ? ». Il faut que je change mes habi­tudes moi aussi. Ça ne va pas être simple.

  • Déve­lop­peur senior

    Un déve­lop­peur senior ne va pas forcé­ment plus vite. Parfois il va même moins vite.

    Par contre il pourra s’at­taquer à des problèmes plus complexes, il pourra éviter de refaire des erreurs déjà faites ailleurs, il pourra prendre en compte des enjeux autres que la produc­tion de code elle-même, et/ou il pourra penser un coup plus loin.

     

  • Du backup, encore, et j’ai besoin de vous

    Je galère toujours à trou­ver mes solu­tions de stockage et de synchro­ni­sa­tion. Je vous appelle de nouveau à l’aide parce que je sèche tota­le­ment. Toute sugges­tion est bien­ve­nue, même si elle sort du cadre.

    J’ai posé plus bas un peu tout ce que j’ai étudié, au cas où ça inté­resse des gens, ou si certains voient quelque chose que j’ai oublié

    Ce que je cherche

    En gros je cherche une solu­tion de sauve­garde conti­nue (pas en mode snap­shot) avec chif­fre­ment côté client, pour deux portables Mac et un NAS sous Linux, pour un volume total de 1.5 à 2 To à stocker hors les murs.

    La dédu­pli­ca­tion n’est pas indis­pen­sable mais reste un vrai critère vu qu’une partie des données sont les mêmes sur diffé­rents postes.

    Je suis prêt à payer un service tiers comme à monter une solu­tion custom mais je veux un emmer­de­ment mini­mal et rien de ce qui est en ligne ne doit avoir accès aux données en clair, même indi­rec­te­ment.

    Si en plus la même solu­tion sait faire de la synchro­ni­sa­tion sélec­tive entre les diffé­rents appa­reils ou/et du partage à des tiers des données synchro­ni­sées/sauve­gar­dées, ce serait magique (mais comme je n’ar­rive déjà pas à couvrir le besoin de base, n’en deman­dons pas trop).

    * * *

    Parce qu’on me demande parfois plus de détails

    J’ai un portable Mac qui me sert au jour le jour. Dessus j’ai envi­ron 20 Go à demeure et quelques blocs d’une dizaine de Go que je peux ajou­ter d’un coup pour travailler dessus quelques semaines (mois?) avant de  les effa­cer ou trans­fé­rer sur le NAS. Seuls 1 à 2 Go sont vrai­ment modi­fiés couram­ment.

    J’uti­lise beau­coup ce poste en situa­tion de mobi­lité, avec beau­coup de connexion et décon­nexions, parfois du mauvais réseau. Je veux donc une sauve­garde conti­nue et pas une sauve­garde par snap­shots.

    À côté il y a le portable Mac de ma femme, quasi­ment les mêmes contraintes si ce n’est qu’elle a proba­ble­ment plus de 50 Go à demeure mais aussi moins de chan­ge­ments au jour le jour.

    Je peux faire sans mais idéa­le­ment la possi­bi­lité d’avoir chacun ses comptes et l’un ne puisse pas accé­der aux sauve­gardes de l’autre est un vrai critère de choix.

    À côté de ça on a un micro-PC sous Linux qui sert de NAS. C’est là qu’on dépose tout ce qui est à archi­ver. Il y a aujourd’­hui 750 Go de données à ne pas perdre. L’es­sen­tiel de ce qui y est ne bouge pas une fois que c’est posé (en fait à part les sauve­gardes de fichiers xmp et cata­logues ligh­troom, je pense que quasi­ment rien ne change) mais ça il faut provi­sion­ner 100 à 200 Go de plus par an.

    Je peux ponc­tuel­le­ment lancer une inter­face graphique à distance mais c’est un serveur sans écran. Les éven­tuels logi­ciels de sauve­garde doivent pouvoir tour­ner sans inter­face graphique quand il n’y a pas de chan­ge­ment de confi­gu­ra­tion.

    Je n’ai ni le temps ni le courage de main­te­nir la sécu­rité au niveau requis pour expo­ser ce NAS sur Inter­net. C’est quelque chose d’ex­clu.

    Il y a poten­tiel­le­ment des dizaines de Go en doublon entre le NAS et un ou l’autre des portables quand on a besoin de travailler dessus. Avoir une dédu­pli­ca­tion permet­trait d’évi­ter de faire travailler inuti­le­ment la sauve­garde.

    Idéa­le­ment si je pouvais dire « ce réper­toire de ce portable corres­pond désor­mais à ce réper­toire du NAS, merci d’en­voyer sur le NAS toutes les modi­fi­ca­tions que j’y fais jusqu’à ce que je supprime la liai­son » ce serait même génial. Ça m’évi­te­rait de faire des trans­ferts manuels d’un côté à l’autre, avec les risques d’er­reur que ça implique). Pas indis­pen­sable cepen­dant.

    * * *

    Ce que j’ai exploré

    Les solu­tions « tout inté­gré »

    Par le passé j’uti­li­sais Cras­plan Home. Ça ne gère que la sauve­garde (pas de synchro) mais ça le faisait bien, et sans limite de stockage. Ils ont choisi d’ar­rê­ter l’offre pour parti­cu­liers, mon abon­ne­ment prend fin dans quelques mois.

    Crash­plan Busi­ness me propose la même chose mais pour 12 $ TTC par appa­reil. Pour trois appa­reils j’en suis déjà à 460 $ TTC par an, pour juste de la sauve­garde. Bref, je cherche soit mieux soit moins cher.

    Black­baze et Carbo­nite n’ont pas de client Linux, indis­pen­sable pour moi. 

    SpiderOak sait faire du backup comme de la synchro­ni­sa­tion, avec stockage en ligne et chif­fre­ment côté client. On est à 160 $ par an pour 2 To, ce que je peux envi­sa­ger. La version Linux peut faire un head­less assez basique (il faudra l’ar­rê­ter et lancer la GUI si on veut faire des vrais chan­ge­ments) mais pourquoi pas.

    Sur les mauvaises surprises, outre l’er­go­no­mie incom­pré­hen­sible, je peux navi­guer dans les versions d’un fichier mais pas dans les réper­toires. Impos­sible donc de récu­pé­rer une réper­toire complet tel qu’il l’était à une date donnée. Pour un outil qui se veut faire du backup, c’est ballot.

    Mon vrai blocage se fait au niveau des ressources utili­sées. Sur Linux il occupe en perma­nence un cœur entre 30 et 100% même quand il n’a rien à faire. Sur Mac c’est moins visible côté CPU mais il est respon­sable de 10% de la consom­ma­tion éner­gé­tique – et donc de l’au­to­no­mie – sur les périodes où il n’y a aucun chan­ge­ment à sauve­gar­der. Impos­sible pour autant de lui dire de se stop­per pour quelques heures quand je suis sur batte­rie, il faut le quit­ter tota­le­ment et penser à le relan­cer.

    Il reste que c’est ma meilleure piste pour l’heure.

    Treso­rit m’a fait une superbe impres­sion. Le logi­ciel est léché, il gère les partages sans mettre à mal le chif­fre­ment. J’ai aussi été agréa­ble­ment surpris par les débits. À 20 Mbps montants soute­nus pendant une jour­née, ma sauve­garde est unique­ment limi­tée par le maxi­mum physique de ma connexion Inter­net (ni par les serveurs Treso­rit, ni par la connec­ti­vité entre mon FAI et treso­rit). C’est assez rare pour être signalé, et appré­ciable.

    Il reste que c’est d’abord un logi­ciel de synchro­ni­sa­tion. Il garde les histo­riques (et ne les compte pas dans le quota d’es­pace dispo­nible) mais ne permet pas lui non plus de récu­pé­rer tout un réper­toire tel qu’il était à une date donnée. C’est soit la dernière version d’un réper­toire, soit fichier par fichier.

    Comme il ne fait que de la synchro, si jamais il y a un gros bug sur le serveur qui vide mes données, il n’est pas tota­le­ment impos­sible que la suppres­sion se propage chez moi. Le but premier de la sauve­garde étant d’évi­ter juste­ment ce genre de situa­tion…

    Enfin, la version Linux ne fonc­tionne qu’en mode graphique, ce qui impose de monter un xpra ou équi­valent (brrr…).

    Je suis tombé amou­reux du produit mais à 290 € TTC par an les 2 To, tous les points néga­tifs par rapport à mon besoin initial commencent à être un peu diffi­ciles à avaler.

    Les logi­ciels purs (sans offre de stockage)

    À asso­cier à une offre de stockage (voir plus bas).

    J’avoue que je sèche tota­le­ment. Je n’ai pas trouvé de logi­ciel pur qui sache faire de la sauve­garde en mode continu / temps réel. Tout ce que j’ai trouvé se base sur un mode snap­shot. C’est du moins le cas pour Dupli­city, Baccula et Restic.

    Si vous connais­sez quelque chose, faites moi signe.

    Seafile sait de la synchro­ni­sa­tion mais en gardant les diffé­rentes versions de chaque fichier et en permet­tant de récu­pé­rer un réper­toire tel qu’il était à une date arbi­traire. On reste avec les défauts d’une synchro­ni­sa­tion histo­ri­sée : Si le serveur dérape et efface tout, il risque non seule­ment de perdre l’his­to­rique mais aussi de propa­ger les suppres­sions à tous les appa­reils.

    Risqué, d’au­tant que le logi­ciel m’ins­pire peu confiance (oui, c’est très subjec­tif). Ou alors il faut ajou­ter une sauve­garde de type snap­shot du serveur de synchro lui-même. Oups.

    Si on ajoute que ça impose un vrai serveur en face – pas juste une offre de stockage – et que la synchro­ni­sa­tion sélec­tive est limi­tée dans ses capa­ci­tés, j’ai pour l’ins­tant écarté la chose.

    Les offres de stockage (sans logi­ciel)

    B2 est un des meilleurs marché avec 240 € TTC annuels pour 2 To (0,006 € TTC par Go) sans coût pour l’en­voi des fichiers. Le télé­char­ge­ment est plus cher (0,012 € TTC par Go) mais ça reste accep­table en cas de catas­trophe et il y a une fran­chise de 1 Go par jour qui permet de gérer les petites pétouilles sans raquer à chaque fois.

    J’avoue que je suis preneur de feed­back sur les débits réels et sur la fiabi­lité de la solu­tion (mais Black­baze est quand même reconnu donc me sécu­rise un peu).

    C14 propose un prix de stockage moitié moins cher que B2 (0,0024 € TTC par Go) pour les volumes que j’en­vi­sage, quitte à me faire payer l’en­voi initial. On parle toute­fois d’ar­chi­vage long terme. Les données ne sont pas direc­te­ment mani­pu­lables une fois stockées.

    Finan­ciè­re­ment c’est bien moins cher que B2 mais j’avoue que je ne sais pas quelle fiabi­lité accor­der à Online. Rien que l’au­to­rité de confiance utili­sée pour le TLS du site web n’est pas reconnu par mon Fire­fox à jour. Oui, on en est là.

    Cloud Archive d’OVH est plus ou moins un clone de C14, quasi­ment au même prix.

    J’ai peut-être un peu plus confiance en OVH qu’en Online, mais on reste sur des choses simi­laires je pense, et je n’ai pas plus de retour d’ex­pé­rience sur leur solu­tion.

    Glacier c’est la même chose pour Amazon. À priori ma confiance est plus haute mais les prix aussi (0,0048 $ TTC par Go stocké en Irlande). Le coût de trans­fert n’est là plus négli­geable par contre, on est à 0,108 $ TTC par Go.

    Stockage perso : Mine de rien si je parle de backup et non de synchro, je n’ai pas besoin d’une grande garan­tie. Si le backup meure, j’au­rais encore les données. La proba­bi­lité que le backup et les disques prin­ci­paux meurent à la fois est assez faible.

    OVH propose via Kimsufi des serveurs cheap avec 2 To de disque pour 240 € TTC par an. Ça reste cher pour une absence de garan­tie, mais si en face j’ai les bons logi­ciels qui gèrent tout parfai­te­ment et des données qui sont chif­frées (donc pas de problème majeur de sécu­rité), ça peut s’en­vi­sa­ger.

     

  • Un peu de recul pour ce week-end

    Parfois on tombe sur des textes avec un peu de recul, et ça fait du bien.

    Le premier de ce week-end est à propos des vélos en libre service. On y dépasse les récri­mi­na­tions sur les dégra­da­tions ou leur mauvais station­ne­ment bien que ce soit en plein dans le sujet.

    Les vélos en libre service, qui sont là pour long­temps, nous donnent une belle occa­sion de repen­ser la mobi­lité et l’es­pace public. À condi­tion de ne pas se cris­per, de ne pas renon­cer (à régu­ler), et de faire preuve d’ima­gi­na­tion.

    Le second est à propos de l’aban­don de l’am­bi­tion initiale d’of­frir une couver­ture chômage aux sala­riés démis­sion­naires. L’idée est toujours là mais telle­ment limi­tée qu’elle n’a plus vrai­ment le même sens.

    « L’échec de la révo­lu­tion de l’as­su­rance chômage » explique en quoi il y avait là quelque chose d’in­té­res­sant, qu’on aurait pu consi­dé­rer comme un inves­tis­se­ment social posi­tif.

  • Et mes mots de passe ?

    Oui, je sais, ça agace tout le monde alors plutôt que de vous dire quoi ne pas faire, on va se conten­ter de dire quoi faire, et on va être réaliste en y mettant un niveau d’ef­fort et d’em­mer­de­ment très bas. J’écris des tartines mais ça se résume en 5 prin­cipes :

    La première règle théo­rique c’est de ne pas réuti­li­ser le même mot de passe deux fois, de ne pas les écrire en clair dans un fichier infor­ma­tique (et si ce sont des mots de passe profes­sion­nels sensibles, de ne pas les écrire du tout).

    Je ne sais pas vous mais j’ai trois zillions de sites, appa­reils et services qui me demandent un mot de passe. Cette première règle théo­rique est déjà impos­sible à suivre humai­ne­ment. Il n’y a pas à tortiller, la première recom­man­da­tion est incon­tour­nable :

    1. Utili­sez un gestion­naire de mots de passe

    Un gestion­naire de mots de passe c’est une sorte de coffre fort pour vos mots de passe. Seul vous y avez accès.

    Certains vous permettent de synchro­ni­ser ce coffre-fort sur vos diffé­rents appa­reils et vous offrent une inter­face pratique pour trou­ver et remplir les mots de passe qui vous sont deman­dés tout au long de la jour­née. Non seule­ment c’est plus sûr que vos anciennes habi­tudes, mais en plus ça sera plus pratique qu’a­vant. Tout bénef.

    Je peux par exemple vous recom­man­der l’open source Bitwar­den mais il y a bien d’autres alter­na­tives.

    Oh, et comme vous avez un beau gestion­naire de mots de passe dédié, désac­ti­vez la mémo­ri­sa­tion auto­ma­tique des mots de passe de votre navi­ga­teur, votre gestion­naire de mots de passe s’en char­gera à sa place. Je parie une bière que vous ne l’aviez de toutes façons pas confi­guré pour être aussi robuste que ce dernier (Chrome ne le permet d’ailleurs même pas pas).

    2. Désac­ti­ver la mémo­ri­sa­tion des mots de passe de votre navi­ga­teur

    Main­te­nant il va falloir créer tous ces mots de passe diffé­rents qu’on va ensuite stocker dans le gestion­naire de mots de passe. Un bon mot de passe est long, complexe, aléa­toire, unique.

    Bien évidem­ment, n’uti­li­sez *jamais* de géné­ra­teur de mot de passe en ligne. Vous auriez un risque que votre mot de passe se retrouve immé­dia­te­ment dans les listes à tester par les robots.

    Tous les gestion­naires de mots de passe vous offri­ront un moyen sûr de géné­rer des mots de passe de bonne qualité. Ils feront dans les 16 carac­tères avec diffé­rentes casses et des carac­tères spéciaux mais on s’en moque : Vous n’au­rez ni à les rete­nir ni à les taper. En fait vous n’avez même pas besoin de savoir à quoi ils ressemblent.

    3. Utili­sez le géné­ra­teur de mots de passe inté­gré à votre outil

    Parfois un admi­nis­tra­teur ou un service choi­sissent eux-même un mot de passe initial. Chan­gez-le avec un généré par vos soins.

    Si on vous dit qu’il est néces­saire de lais­ser le mot de passe qu’on vous a donné, ça doit lancer une alarme dans votre tête : Au mieux votre inter­lo­cu­teur n’est pas compé­tent ou le service n’est pas sûr, au pire quelqu’un se réserve volon­tai­re­ment la capa­cité d’ac­cé­der à vos données. Dans tous les cas vous n’êtes pas en zone sécu­ri­sée sur ce service.

    4. Ne lais­sez jamais les mots de passe par défaut, chan­gez-les

    Il reste qu’il faut rete­nir le mot de passe qui donne accès au gestion­naire de mots de passe lui-même. Il faut aussi rete­nir celui pour ouvrir la session sur le poste de travail person­nel et celui pour le pendant profes­sion­nel. Person­nel­le­ment je retiens aussi celui de ma boite email perso, qui donne virtuel­le­ment accès à tout si je perds les autres clefs.

    J’ai trois possi­bi­li­tés :

    1. Rete­nir 4x 16 carac­tères et symboles aléa­toires.
    2. Utili­ser une suite de symboles qui dérivent d’une phrase qu’on peut rete­nir
    3. Utili­ser une suite de mots plutôt qu’une suite de carac­tères

    Le (2) c’est ce que propose par exemple l’ou­til de la CNIL. Il est un peu agaçant parce qu’il recon­nait assez peu de choses comme des carac­tères spéciaux, mais ça montre bien la démarche.

    Le (3) part de l’idée oppo­sée. On tire au hasard une suite de mots dans une liste. Certains proposent de simple­ment les tirer au dé. Il est possible d’amé­lio­rer la mémo­ri­sa­tion de ces mots en imagi­nant une petite histoire ou petite comp­tine qui les utilise.

    Dans les deux cas l’idée est de relier le mot de passe à une phrase ou des mots qui se mémo­risent plus faci­le­ment.

    5. Utili­sez une méthode « sure » pour géné­rer les quelques mots de passe que vous devrez vrai­ment rete­nir vous-même

    Le danger c’est que notre imagi­na­tion est limi­tée par notre envi­ron­ne­ment.

    N’uti­li­sez pas un proverbe ou un refrain pour le (2), même si ça vous semble peu connu (un ordi­na­teur est capable de tester des dizaines de millions de proverbes ou refrains « peu connus », c’est à dire plus que vous n’en connais­sez vous-même et les variantes que vous pouvez en imagi­ner).

    Chaque suite de termes évidents affai­blira votre mot de passe. Tiens, est-ce que vous avez commencé votre phrase par « Je », « Il » ou « Le » ? Vous avez le droit de rajou­ter un mot/symbole parce que le premier ne compte plus.

    Ne choi­sis­sez pas vous-même les mots pour le (3). Le voca­bu­laire passif de quelqu’un de cultivé est limité à quelques milliers de mots. Le voca­bu­laire courant est bien plus faible et celui que vous aurez le loisir d’avoir en tête sera de quelques centaines tout au plus, avec une série de mots à très forte proba­bi­lité (par exemple tout ce qui est lié à l’in­for­ma­tique, à la sécu­rité ou à ce qui se trouve proche de votre bureau).

    N’uti­li­sez rien qui vous est propre (date, nom, entre­prise, événe­ment, musique préfé­rée, etc.) Ne vous croyez pas plus fin que les autres en cher­chant acti­ve­ment un mot complexe, en opérant des varia­tions ou rempla­ce­ments de lettres. Un robot sera bien plus effi­cace que vous à ces petits jeux. Vrai­ment.

    * * *

    Et voilà. Main­te­nant vous avez des mots de passe sûrs, uniques, stockés en sécu­rité. C’est déjà infi­ni­ment mieux que la moyenne, et ça ne vous a pas coûté grand chose en effort.

    La dernière étape c’est de renou­ve­ler vos anciens mots de passe : ceux qui peuvent être trou­vés par des robots, ceux qui sont les mêmes sur plusieurs services, etc. Certains gestion­naires de mots de passe comme Dash­lane peuvent même le faire pour vous.

    Bonus : Renou­ve­lez vos anciens mots de passe peu sûrs

    Si vous avez envie d’al­ler plus loin on peut parler de ne pas lais­ser déver­rouillé votre gestion­naire de mots de passe, de mettre en place une authen­ti­fi­ca­tion à double facteur, de bien penser à ce que vos postes de travail et votre smart­phone se verrouillent immé­dia­te­ment après une courte période d’inac­ti­vité, qu’ils demandent une authen­ti­fi­ca­tion au réveil, qu’ils aient des disques chif­frés… mais tout ça est pour un second épisode.

  • Petit retour sur le télé­tra­vail

    Je fais du télé­tra­vail depuis presque trois mois désor­mais. Il est peut-être temps pour un retour sur expé­rience, non ?

    Spoi­ler pour les pres­sés : Je suis mitigé.

    J’y ai gagné

    Un vrai bureau assez profond, pas de circu­la­tion autour de moi, personne pour voir mon écran, de la lumière natu­relle et un agen­ce­ment pour qu’elle ne m’éblouisse pas, un chauf­fage suffi­sant que je peux régler loca­le­ment…

    Ça devrait être un mini­mum partout mais ça ne l’est pas. Le faible inves­tis­se­ment dans les espaces de travail de la plupart des boites que j’ai croisé fait que c’est le premier point posi­tif qui me vient à l’es­prit.

    La fin des temps de trajet. Bien entendu, comparé à mes trajets Paris-Lyon le gain est énorme mais diffi­cile de consi­dé­rer que c’est lié au télé­tra­vail. Comparé à mon précé­dent boulot sur Lyon disons que j’y gagne peut-être 30 minutes par jour. C’est moins fantas­ma­go­rique que sur le papier parce que je mutua­li­sais mes trajets avec l’ac­com­pa­gne­ment du petit à l’école ou les courses du soir. Là je dois sortir exprès pour.

    C’est aussi diffi­cile

    Bosser de chez soi c’est avoir un bureau chez soi. J’y ai perdu la chambre d’ami et je ne m’y atten­dais pas. Rien n’a changé, il y a toujours eu un bureau encom­bré, et on dépliait le canapé-lit au besoin. Sauf que désor­mais je dois dire aux amis de me lais­ser la pièce avant 9h le matin et de ne pas y reve­nir avant 19h le soir, et de ne pas lais­ser trai­ner leurs affaires person­nelles entre les deux parce que j’oc­cu­pe­rai la pièce. Pas glop.

    Ok, j’y ai gagné en temps de trajet mais pendant ce temps je lisais, je regar­dais des séries, parfois j’avais la tête encore au boulot ou au contraire j’an­ti­ci­pais sur le programme de la maison, parfois je me repo­sais simple­ment la tête. Aujourd’­hui je passe du travail à la famille sans tran­si­tion et c’est inten­sif. Il me manque cruel­le­ment de ce sas de décom­pres­sion qu’é­tait le temps de trajet.  Limite si faire une marche dehors de dix minutes avant et après le travail rien que pour ça n’au­rait pas du sens.

    Les inter­ac­tions de travail sont aussi toutes plus complexes. Beau­coup passe à l’écrit et la visio pose beau­coup moins de diffi­cul­tés qu’an­ti­cipé. Tant que les gens ont un casque audio pour éviter l’écho et que tout le monde est à distance, ça va. Pour les réunions où une part signi­fi­ca­tive des colla­bo­ra­teurs sont dans une même salle de réunion locale, là par contre c’est très diffi­cile de se main­te­nir.

    Si la visio se passe bien, il faut toute­fois penser à la lancer et c’est là que ça pêche. Dans un même bureau on passe faci­le­ment voire l’autre pour discu­ter ou s’iso­ler dans une salle de réunion. Sans face à face on a tendance à rester plus long­temps à l’écrit avant de lancer la visio.

    On perd aussi la faci­lité de comprendre si le collègue est dispo­nible ou pas, s’il est d’hu­meur, quand est le bon moment pour parler. C’est au point ou si la personne n’est pas connec­tée je ne sais pas toujours si elle est en dehors de ses heures, si elle est concen­trée sur le projet, ou si elle est en congés et que ce n’est pas indiqué sur le calen­drier.

    La vraie diffé­rence, enfin, c’est surtout qu’on ne voit pas l’hu­meur des gens, qu’on n’a pas les discus­sions de machine à café, qu’on ne ressent pas la même chose. Le lien social est absent, ou presque.

    J’avais pensé que l’isole­ment social me pèse­rait moins qu’à d’autres. Je suis assez intro­verti, je parti­cipe peu à la machine à café (d’au­tant que je ne bois pas de café, je ne fume pas, je ne bois pas d’al­cool… mine de rien ça limite les prétextes). Et pour­tant… ne pas avoir parfois un délire dans le bureau entre deux collègues, une discus­sion passion­née à midi, un espace infor­mel le soir… ça manque beau­coup.

    La force de l’écrit et de la visio font qu’on y réserve le produc­tif. Il y a 8 ou 9 jour­nées d’équipes avec tout le monde sur Paris dans l’an­née pour créer du lien. C’est bien, c’est utile, mais ça ne remplace pas tout.

    Et le reste ?

    Et bien le reste ne change pas vrai­ment. Les infor­ma­ti­ciens sont déjà assez isolés. Je ne vois pas de pair program­ming mais j’ima­gine qu’on doit pouvoir monter des choses en ce sens. Il y a juste d’autres choses à faire avant.

    Idem pour les meetup et autres réunions de veille tech­nique. Ça devra prendre une forme diffé­rente, je ne peux pas vous dire laquelle aujourd’­hui mais je ne vois pas pourquoi on ne pour­rait pas trou­ver une forme adap­tée.

    Et les horai­res… Tout le monde fantasme sur les horaires et la liberté qui va avec. En réalité ça ne change pas grand chose là non plus. Si l’em­ployeur est à cheval sur les horaires au bureau il le sera sur la présence en ligne. S’il est plus cool il pourra l’être dans la même mesure pour du télé­tra­vail, pas forcé­ment beau­coup plus. Dans tous les cas on inter­agit avec des tiers, ce qui impose d’être connecté aux mêmes heures. Rien que le daily du matin cadre bien la jour­née.

  • 120 € la jour­née

    Je vais peut-être jouer le trouble fête et je vais peut-être me faire huer, mais 120€ pour un junior je trouve cela correct. Entre 0 et 2 ans, les gens sortent de l'école (Et quand je parle d'école, c'est soit des écoles d'informatiques, de design, soit des écoles via des MOOC genre OpenClassrooms en 1 an, avec au final peu de compétences dans chaque matières, je sais de quoi je parle, j'ai été mentor pour eux.). Du coup 120€ je trouve ça suffisant pour ce type de profil ! Personnellement, je vis à Québec depuis bientôt 7 mois, et j'ai commencé à faire des piges (freelance). On est payés pour des contrats à genre 25$ de l'heure, voire 35$, et j'ai 5 ans d'expérience. (En gros ça fait un taux journalier compris entre 175 et 245$). On a le même taux d'imposition (environ 25%) et on vit pourtant très bien ! Bref tout ça pour dire que personnellement je trouve les tarifs corrects. Voir un junior avec un tarif journalier à 300€ serait tellement ridicule. C'est comme si l'expérience de la personne n'avait aucune valeur, et que finalement bah "tu es développeur (ou autre), tu dois avoir un salaire élevé". #YO-LO.

    Ça revient sur le tapis trop souvent alors on va la refaire. Les plus pres­sés peuvent passer direc­te­ment à la conclu­sion.


    Mettons qu’on parte sur 217 jours de travail poten­tiels, ce qui est plus ou moins la norme Syntec. Là dessus on peut comp­ter 10% du temps en admi­nis­tra­tif, commer­cial et avant-vente.

    Mettons aussi 5% de temps non facturé, pour compen­ser une erreur, une jour­née pas effi­cace, une jour­née à vide parce qu’on attend un docu­ment ou une vali­da­tion du client…

    On arrive à 184 jours factu­rés. Bien entendu un déve­lop­peur free­lance sans aucune expé­rience et donc sans réseau n’a aucune chance de factu­rer 184 jours sa première année (même ensuite on est dans le haut de la four­chette, et il ne sera plus sans expé­rience) mais imagi­nons tout de même, pour la beauté de l’exer­cice.

    184 jours x 120 € HT = 22 080 € factu­rés par la plate­forme.

    Là dessus il faut reti­rer les frais. On part sur un auto-entre­pre­neur (les autres statuts coûte­ront plus cher). Les coti­sa­tions sociales sont de 22,2% à préle­ver sur le chiffre d’af­faire. Il reste donc 17 178 € avant les frais.

    Dans les frais il y a déjà les 12% de la plate­forme, soit 2 650 € annuels.

    À ça j’ajoute au mini­mum : 300 € de respon­sa­bi­lité civile profes­sion­nelle, 50 € de compte bancaire dédié avec moyen de paie­ment, 500 € d’amor­tis­se­ment maté­riel moyen, 100 € de consom­mables et pape­te­rie, 300 € de CFE, 200 € de licences et saas. Parce que c’est essen­tiel je compte aussi 1 000 € de mutuelle.

    Ça parait beau­coup mais c’est large­ment sous-évalué. On compte en TTC, l’auto-entre­pre­neur ne se fait pas rembour­ser la TVA.

    Comp­tons aussi que pour travailler il occupe 6 m² dédiés chez lui (une demie-pièce) qu’on peut évaluer à 13 € mensuels le m² charges comprises (oui, c’est arbi­traire, mettons qu’il a un appar­te­ment pas cher dans une grande ville) soit envi­ron 1 000 €.

    17 178 – 2 650 – 2 450 – 1 000 = 11 078 € nets annuels.


    Un free­lance à 120 € par jour c’est moins de 80% d’un SMIC (13 845 € nets).

    J’ai pris le cas vrai­ment idéal, des frais réduits et quasi­ment aucun jour non facturé. En pratique ça sera beau­coup moins.

    Bien entendu pour ça il n’a aucune garan­tie de travail, aucune assu­rance chômage, impos­si­bi­lité sérieuse d’ac­cès au crédit, une galère pour trou­ver un loge­ment à cause de tout ce qui précède, et des indem­ni­tés symbo­liques en cas d’ar­rêt de travail pour raison de santé.

    Donc non un quart de moins que le SMIC ce n’est pas « correct » pour un plein temps avec une quali­fi­ca­tion très tech­nique. C’est même assez honteux de le suggé­rer.

  • Il parait qu’on nous apprend à apprendre

    Qu’a­vez-vous appris dans vos études supé­rieures qui vous serve encore aujourd’­hui ? Moi pas grand chose, et je pense qu’il en va de même pour la plupart des infor­ma­ti­ciens qui sont passés par le circuit des écoles d’in­gé­nieur clas­siques. Pour les autres il y a proba­ble­ment plus de concret mais on regarde bien vite au-delà des acquis de la forma­tion initiale.

    Il parait qu’on nous apprend à apprendre, à réflé­chir, à trou­ver des solu­tions à des problèmes nouveaux, que c’est le cœur de notre métier.

    C’est peut-être vrai mais à ce moment là c’est ensuite que ça dérape.

    Ensuite on ne parle plus de forma­tion ni d’ap­pren­tis­sage. Même le stage de fin d’étude n’est qu’une auto­ri­sa­tion à être un peu moins produc­tif ou à passer quelques jours à lire des docu­men­ta­tions.

    « Tu es déjà bien assez cher, on ne peut pas se permettre de te former à ce que tu ne connais pas. Si tu ne sais pas c’est que tu n’es pas la personne qu’il nous faut. Nous on veut quelqu’un qui puisse nous appor­ter de l’ex­pé­rience. »

    Plus on avance, plus on exige que l’in­for­ma­ti­cien sache. Il doit savoir tout faire, tout esti­mer, faire les bons choix du premier coup, imagi­ner l’ar­chi­tec­ture pour les 2 ans à venir d’un produit dont on n’a pas encore décidé à quoi il ressem­blera le mois prochain, comme s’il avait la science infuse.

    Dans le meilleur des cas on déclen­chera une pres­ta­tion d’ac­com­pa­gne­ment dans l’an­née sur un sujet haute­ment tech­nique ou une forma­tion excep­tion­nelle de deux jours sur une techno super récente, un peu comme si le savoir pouvait s’ache­ter sur étalage.

    Ne marchons-nous pas un peu sur la tête ?

    En plus d’être inef­fi­cace, cette façon de faire rend les colla­bo­ra­teurs soit mal dans leur peau (via la pres­sion, le senti­ment de ne pas y arri­ver) soit désim­pliqués (quand ils finissent par perdre confiance ou lâcher l’en­vie d’y arri­ver). Bien entendu le donneur d’ordre finit par raffer­mir ses attentes et son contrôle, alimen­tant la pompe pour un joli cercle vicieux dont il est diffi­cile de sortir.

    * * *

    Et c’est de pire en pire au fur et à mesure des respon­sa­bi­li­tés. Quand on parle de lead, je crois que je ne connais quasi­ment personne qu’on ait formé à ce poste et aux enjeux. Tu l’es ou tu ne l’es pas. Ça s’ar­rête là. Tu coûte déjà trop cher et personne n’est là pour prendre du temps à ça.

    Quand on commence à parler de mana­ge­ment ça devient déli­rant. Personne n’ex­plique, comme si avoir été enca­dré (pour ceux qui l’ont vrai­ment été) suffi­sait à savoir répondre aux besoins d’une équipe.

    Pas très éton­nant qu’on tombe faci­le­ment dans le culte du cargo au niveau des méthodes et des croyances.