Auteur/autrice : Éric

  • How to sound smart in your TEDx Talk

    La vidéo montre très bien comment la forme influe de manière gigan­tesque sur la percep­tion du fond – et combien j’ai à apprendre pour gérer mes propres présen­ta­tions.

    Atten­tion, c’est un truc qui vous restera en tête long­temps à chaque fois que vous regar­de­rez une confé­rence TED ensuite.

  • HTTP2 for front-end web deve­lo­pers

    To get websites to load in an accep­table time using HTTP1 we have deve­lo­ped a series of tech­niques; hacks really; to eke perfor­mance out of this old proto­col. They are:

    • Spri­ting: taking multiple images, combi­ning them into one image, and using CSS to only show part of that image in a parti­cu­lar place.
    • Conca­te­na­ting: Taking multiple CSS or JS files and sticking them into one large file.
    • Serving assets from a cookie-less domain.
    • Shar­ding: crea­ting different domains or sub-domains to host assets like images.

    Avec l’ar­ri­vée de HTTP 2, ces quatre opti­mi­sa­tions tendent à deve­nir inutiles, voire contre produc­tives.

    Pour les deux premières, le pipe­li­ning devient plus intel­li­gent (donc réel­le­ment utili­sable) et au besoin le serveur peut pous­ser les conte­nus sans même attendre qu’ils soient deman­dés par le client.

    Pour les deux suivantes, le système de compres­sion des entêtes et de multi­plexage rend le retour sur inves­tis­se­ment d’une nouvelle connexion TCP à un domaine tiers fran­che­ment contes­table. Vous risquez de perdre de la perfor­mance au lieu d’en gagner.

    La leçon est inté­res­sante. Pendant quelques années les déve­lop­peurs ont cher­ché à contour­ner les navi­ga­teurs, croyant pouvoir être plus smart. Le problème c’est que les navi­ga­teurs et les proto­coles ont évolué entre temps pour résoudre les mêmes problèmes. Les bouts de scotch des déve­lop­peurs peuvent désor­mais faire plus de mal que de bien. C’est toute une litté­ra­ture qu’il va falloir mettre à jour.

  • « Aujourd’­hui, le pire a atteint son paroxysme »

    En 2015, Inter­net offre le visage d’un espace sans foi ni loi, permet­tant la diffu­sion du pire de ce que l’hu­ma­nité a pu produire. Inter­net favo­rise l’ex­pres­sion de tous peu importe leur opinion et leur croyance. Aujourd’­hui, le pire a atteint son paroxysme

    […]

    En France, des mesures pour bloquer des sites inter­net faisant l’apo­lo­gie du terro­risme ont été adop­tées, et je m’en réjouis. C’est un signe fort envoyé à nos conci­toyens mais aussi aux terro­ristes. (…) Il n’est pas envi­sa­geable qu’une publi­ca­tion de l’État Isla­mique traduite en langue française puisse être à la portée de tous

    Il s’agit d’un discours de Pierre Charon (video), séna­teur de Paris et ancien conseiller à l’Ély­sée du président précé­dent, au sein d’un débat sur Inter­net et les liber­tés de la presse (ça ne s’in­vente pas).

    Suis-je le seul à avoir peur ?

    Pour nos élus, au plus haut niveau, que tous puissent s’ex­pri­mer peu importe leur opinion et leur croyance est quelque chose de grave qu’il faut combattre.

    Pour nos élus, au plus haut niveau, que n’im­porte quel citoyen puisse accé­der aux éléments d’in­for­ma­tion (on parle de liber­tés de la presse, et indi­rec­te­ment de censure d’un site de presse) et à leur source, dans une langue qu’il comprend, est grave et inen­vi­sa­geable.

    Nous ne pouvons nous abri­ter derrière la liberté de la presse pour justi­fier notre passi­vité. (…) Donner aux terro­ristes l’ac­cès à cette liberté, ce n’est plus défendre la liberté. C’est la confier à des fossoyeurs.

    J’ai mon avis sur qui est le fossoyeur de la liberté dans ce discours. Pour eux la notion de liberté n’est qu’un paravent dont on ne doit plus s’en­com­brer.

    La classe poli­tique (via l’exé­cu­tif) doit être capable de déci­der à qui elle accepte de donner des liber­tés et dans quelles condi­tions. Au moins c’est clair.

    Quand je lis ça, je suis à deux doigts de soute­nir une révo­lu­tion. J’ai conscience de la violence du terme et de ce qu’il implique, mais qu’un tel discours ne provoque pas un tsunami d’op­po­si­tion en dit long sur le partage de telles opinions chez nos élus.

    Il y a urgence. Vrai­ment.

  • Travail illé­gal: Bouygues voit sa défense taillée en pièces

    Les ouvriers roumains sont embau­chés par Elco et les polo­nais sont recru­tés par Atlanco, boîte d’in­té­rim au siège irlan­dais qui passe par des bureaux fictifs à Chypre. Cette nouvelle forme de commerce trian­gu­laire vise à profi­ter des meilleurs taux d’im­po­si­tion euro­péens. Comme le notent les enquê­teurs, les paie­ments des pres­ta­tions d’At­lanco par Bouygues passent par Chypre mais sont encais­sés dans une banque irlan­daise à Northamp­ton. Rappe­lons égale­ment que l’un des respon­sables d’At­lanco en France n’est autre qu’un ancien cadre Bouy­gues…

    […] Pour l’Urs­saf et les impôts : plus de 22 millions d’eu­ros de pertes entre 2009 et 2012. Pour les ouvriers déta­chés : pas de couver­ture sociale, pas de congés payés, un dumping social devenu une règle euro­péenne pour ces métiers. Mais, pour Bouygues, une main-d’œuvre flexible à bas coûts.

    […]

    L’amende requise pour Bouygues est de 150 000 euros, en deçà du maxi­mum légal de 225 000 euros, qui reste de toute de façon une amende de paco­tille pour le géant du BTP. […] le procu­reur a tenu à préci­ser du bout des lèvres et sans aucune expli­ca­tion qu’il ne deman­dait pas une exclu­sion du groupe, même tempo­raire, des marchés publics. Au vu de l’am­pleur de la fraude et de la mise en cause de la respon­sa­bi­lité du groupe, cette exclu­sion serait la seule peine de nature à rappe­ler à l’ordre Bouygues et l’en­semble des multi­na­tio­nales du BTP.

    — Media­part

    Allez comprendre pourquoi ces grandes entre­prises n’hé­sitent pas… Moi j’ai ma petite idée. Tout ça n’est pas prêt de chan­ger.

     

  • Ils inter­ceptent nos lettres

    Ils inter­ceptent nos lettres. Par respect pour votre vie privée ils ne regardent pas le contenu même de la lettre. Par contre ils notent dans un cahier la date, l’ex­pé­di­teur et le desti­na­taire, ainsi que le poids de la lettre, sa forme, et le bureau de poste utilisé pour l’en­voi. Tout ça est noté, classé, sauve­gardé, offi­ciel­le­ment pour 5 ans.

    Pour être complet ils font aussi de même avec les livres que nous lisons, les jour­naux que nous ouvrons, la musique que nous écou­tons, les programmes télé­vi­sion que nous regar­dons, les discus­sions que nous avons avec nos amis, nos dossiers profes­sion­nels et nos conver­sa­tions télé­pho­niques.

    Tout ça est de plus analysé par une équipe dite « boite noire ». Elle est char­gée de tout croi­ser et de remon­ter les compor­te­ments qui lui semblent les plus suspects.

    On ne connait pas les critères pour être suspect, afin que personne ne sache comment les contour­ner. Peut-être est-ce de lire un contenu qui semble lui-même suspect selon l’opi­nion de l’équipe. Peut-être est-ce simple­ment de parler à quelqu’un qui est lui-même lié direc­te­ment ou indi­rec­te­ment à un suspect. Peut-être est-ce expri­mer une opinion posi­tive d’un évène­ment qu’on est sensé juger néga­ti­ve­ment. Peut-être est-ce plus compliqué, ou plus arbi­traire.

    On sait juste que si nous sommes quali­fiés suspects, là ils auront aussi le droit d’ou­vrir les lettres, d’en­re­gis­trer le télé­phone et d’écou­ter nos conver­sa­tions. Ils auront même le droit d’en­re­gis­trer tout ce que nous écri­vons, peu importe où. Ils écoutent, lisent, mais aussi archivent pour cinq ans – ou plus si vous utili­sez une langue qu’ils ne savent pas déco­der.

    Et si un livre, un tract, un jour­nal, une musique ou un programme télé diffuse des infor­ma­tions vrai­ment gênantes d’après eux, il pourra être mis à l’in­dex, et banni de toute diffu­sion publique pour éviter qu’on ne puisse y accé­der.

    Après tout c’est pour notre bien.


    Non, ce n’est ni un délire para­noïaque ni de la science fiction à la Orwell dans 1984. C’est ce qu’on est effec­ti­ve­ment en train de faire voter en France, aujourd’­hui, offi­ciel­le­ment.

    On parle juste de le faire pour tout ce qui tran­site par Inter­net. Juste. Alors qu’aujourd’­hui Inter­net devient le média qu’on utilise pour quasi­ment tout : livres, presse, diver­tis­se­ment, conver­sa­tions publiques ou privées, échanges et docu­ments profes­sion­nels, et même les discus­sions télé­pho­niques (dont skype et assi­mi­lés).

    Bon, rassu­rez-vous ils ont prévu d’in­clure aussi les télé­phones portables clas­siques et, si vous êtes suspect, de pouvoir entre chez vous poser micros et traceurs GPS. Ainsi ils ne se limitent quand même pas à Inter­net.

    Et on est en train d’ac­cep­ter ça.

    Après tout c’est pour notre bien, non ?

    Quand c’est qu’on se rebelle ?

    (Traduc­tion de Martin Weulerssse en alle­mand)

  • Un Insta­gram de Fleur Pelle­rin et le musée d’Or­say auto­rise enfin les photos

    Le musée inter­dit les photo­gra­phie. La ministre prend une photo­gra­phie. Le musée change de poli­tique suite à la polé­mique. Inin­té­res­sant… sauf la fin :

    « A la demande de la ministre de la Culture et de la Commu­ni­ca­tion, le président des musées d’Or­say et de l’Oran­ge­rie a pris la déci­sion de lever l’in­ter­dic­tion de photo­gra­phier dans les espaces des deux musées. Cette déci­sion est appli­cable immé­dia­te­ment.

    L’usage du flash, des perches à selfies et des trépieds reste cepen­dant pros­crit. Des restric­tions peuvent aussi être prévues dans les expo­si­tions tempo­raires à la demande des prêteurs. »

    Sauf que cette dernière restric­tion est juste­ment l’objet du débat. La loi précise expli­ci­te­ment que l[e droit d]’auteur ne saurait inter­dire les copies à usage privée du copiste, dont les photo­gra­phies.

    Quand l’in­ter­dic­tion est moti­vée par d’éven­tuelles ques­tions pratiques (occu­pa­tion de l’es­pace, circu­la­tion, etc.) il y a débat, mais inter­dire les photos parce que le déten­teur souhaite en garder le mono­pole, c’est typique­ment un abus du droit d’au­teur, un copy­fraud, avec la béné­dic­tion des musées publics qui ont théo­rique­ment pour rôle la diffu­sion de la culture.

    Il y a défi­ni­ti­ve­ment du chemin à faire…

     

  • EPUB 0

    Plus j’avance et moins je vois la valeur ajou­tée de la norme EPUB. La folie du fixed layout est un long tunnel à sens unique qui mène au préci­pice. Quant à la complexi­fi­ca­tion pour forma­li­ser toutes les spéci­fi­ci­tés possibles, vu le niveau de support par les moteurs de rendu, elle vient à contre-sens de la valeur ajou­tée pour le lecteur.

    Je ne dis pas que tout ça est inutile, mais c’est proba­ble­ment trop complexe, de toutes façons trop préci­pité par rapport à l’état du marché (autant vis à vis des moteurs de rendu que vis à vis l’état de l’art de la produc­tion).

    Je bave depuis que j’ai vu quelques lignes sur une ébauche de EPUB 0. De simples fichiers HTML, dans un zip, avec un index.html à la racine, le tout rendu dans un navi­ga­teur web moderne clas­sique. Il faudra proba­ble­ment porter quelques amélio­ra­tions typo dans les navi­ga­teurs web, mais c’est de toutes façons là que va l’his­toire.

    Oh, il faudra proba­ble­ment forma­li­ser un peu : Au moins symbo­li­ser un sommaire, une illus­tra­tion de couver­ture, quelques méta­don­nées biblio­gra­phiques, et une liai­son vers le chapitre suivant/précé­dent dans chaque sous-fichier. Rien d’in­sur­mon­table. Du RDFa poin­tant vers schema.org/Book plus des rela­tions start, prev, next et toc feront très bien l’af­faire dans un premier temps, et pour­ront faci­le­ment être éten­dus par la suite.

    Certes, il y en aura qui voudront plus de richesse, comme avoir des minia­tures de couver­ture diffé­rentes suivant la taille d’af­fi­chage dans la biblio­thèque de l’uti­li­sa­teur, mais c’est juste­ment ce type de complexité qui va finir par tuer EPUB sans amélio­rer l’ex­pé­rience utili­sa­teur.

    Nous n’échap­pe­rons de toutes façons pas à la conver­gence entre le livre et le web, j’es­père juste qu’on le fera avant de se tirer une balle dans le pied.

  • Moi, censuré par la France pour mes opinions poli­tiques

    Quelle réponse donner au blocage admi­nis­tra­tif décidé par le gouver­ne­ment français ? […]

    Le site isla­mic-news.info a été fondé en mai 2013. Je l’ai créé quelques mois après ma sortie de l’uni­ver­sité, mon diplôme de droit inter­na­tio­nal public, diplo­ma­tique et consu­laire en poche.

    Et là déjà on peut moti­ver et discu­ter de l’ur­gence, pour un site qui a déjà deux ans et pour lequel rien n’a été fait jusqu’à fin mars 2015. Vrai­sem­bla­ble­ment passer par une procé­dure judi­ciaire n’au­rait pas été déli­rant. On ne parle pas d’un site obscur et caché :

    Le site était dirigé par un seul homme, qui vit en Europe et qui est inscrit léga­le­ment sur les registres d’OVH et qui paie avec son propre compte en banque le serveur qu’il loue auprès du numéro 1 français. Aucun cryp­tage de données n’est utilisé.

    Bref, passer par le judi­ciaire ne présen­tait aucun obstacle. Mais surtout, la ques­tion se pose sur le fond. Est-ce que juge­ment un juge aurait accepté une telle mise hors ligne avec si peu de moti­va­tion ?

    L’in­ci­ta­tion ou la provo­ca­tion au terro­risme n’a aucun sens pour moi, aucun inté­rêt. Je suis convaincu que mille mots sont plus effi­caces que tout acte de violence. C’est ma convic­tion person­nelle.

    […] La meilleure manière de prou­ver cela est de citer un article que j’ai écrit début 2014. J’avais vive­ment dénoncé les propos d’un combat­tant en Syrie qui encou­ra­geait à commettre des atten­tats en Europe. J’avais souli­gné le danger de ce genre de message et ses consé­quences néfastes sur la popu­la­tion musul­mane en Europe, qui n’a vrai­ment pas besoin de ça en ces moments.

    […] J’ai­me­rai égale­ment atti­rer votre atten­tion sur l’un des articles les plus influents que j’ai écrit. J’avais abordé la ques­tion des jeunes euro­péens qui s’en­ga­geaient en Syrie pour mener le djihad. J’avais fait un appel public pour qu’ils n’aillent pas se faire tuer pour rien en Syrie dans une guerre qu’ils ne comprennent pas.

    Apolo­gie alors ?

    En résumé, c’est défendre les actes de terro­risme commis et se féli­ci­ter de leur surve­nance. Rien, abso­lu­ment rien, dans ce que j’ai écrit ne fait passer les actes terro­ristes sous un jour favo­rable ni ne les légi­time. Et puis de quels actes de terro­risme parle-t-on ? Je n’ai pas écrit un mot sur la tuerie de Char­lie Hebdo, pas un mot sur les déca­pi­ta­tions de l’Etat isla­mique, pas un mot sur le jorda­nien brûlé vivant, pas un mot sur les soldats alaouites et chiites massa­crés. Bref, j’ai sciem­ment évité les sujets polé­miques qui pour­raient être mal inter­pré­tés.

    En outre, et contrai­re­ment à ce qu’a­vance le ministre de l’in­té­rieur, je n’ai jamais diffusé la moindre vidéo de l’Etat isla­mique sur mon site.

    C’est bien évidem­ment un seul point de vue, mais qui a le mérite d’être argu­menté. Je n’ai aucun juge­ment sur le fond, car pas assez d’élé­ment pour cela, mais ça mérite forcé­ment mieux qu’une censure admi­nis­tra­tive sans débat contra­dic­toire, sans inter­ven­tion d’un juge indé­pen­dant. Dans un État de droit, ce serait le mini­mum.

    Mais alors sur quoi le gouver­ne­ment français a-t-il fondé son blocage ? Je pense que la raison est poli­tique. Ma posi­tion peut choquer à partir du moment où je vise davan­tage les oppo­sants de l’Etat isla­mique plutôt que lui-même. […]

    Je pense donc que j’ai payé mon enga­ge­ment poli­tique à la fois contre l’in­ter­ven­tion­nisme mili­taire arabo-occi­den­tal et chiite dans la région et contre les groupes armés soute­nus par les acteurs préci­tés. Ce qui a fait dire au Monde que je suis contre la « propa­gande chiito-occi­den­tale ». Abso­lu­ment, je me décris comme un oppo­sant de la propa­gande chiito-occi­den­tale et il me semble que cela est mon droit de l’être, quitte à ulcé­rer certains. Être contre cette propa­gande n’est pas illé­gal. C’est même la règle du jeu. Cela ne signi­fie pas non plus un anti-occi­den­ta­lisme primaire. Les va-t’en guerre aux commandes des Etats occi­den­taux ne repré­sentent pas l’oc­ci­dent dans sa globa­lité.

    Combien est loin le soit-disant esprit du 11 janvier où on glori­fiait le droit à avoir des propos qui dérangent, à provoquer…

    À lire la lettre complète de l’au­teur du site Isla­mic News, récente victime de la censure admi­nis­tra­tive en France. Ne connais­sant pas le site préa­la­ble­ment, je suis bien à mal de juger du fond. Sur la forme, par contre, il parait évident qu’il y a maldonne et que nous avons pris un chemin très dange­reux.

    Mise à jour : Il semble que ce qui a été repro­ché est la cita­tion, avec fichier verba­tim audio, d’un discours du leader de l’État Isla­mique. On ne reproche visi­ble­ment pas au site d’avoir soutenu ce discours ou de l’avoir mis dans une lumière favo­rable, juste d’y avoir donné accès. Je reste très dubi­ta­tif sur le contexte, qui est celui d’un site de presse, si on se doit de cacher l’in­for­ma­tion source et de ne pas y donner accès. Les consé­quences peuvent être dange­reuses. – Mais là aussi, c’est à un juge de déci­der, après un débat public et contra­dic­toire, parce que c’est ce qui diffé­ren­cie une dicta­ture d’un État de droit.

  • Bigger threats to their popu­la­tions than terro­rism itself

    The radi­cal measures being adop­ted by western govts in the name of terro­rism are bigger threats to their popu­la­tions than terro­rism itself.

    — Glenn Green­wald

    Censure admi­nis­tra­tive sans inter­ven­tion d’un juge, réten­tion des données pour plusieurs années, accès direct aux flux de données des opéra­teurs sans contrôle d’un juge, clefs de déchif­fre­ment des conte­nus échan­gés…

    Les outils que nous mettons en oeuvre, nous serions tous vent debout si les terro­ristes tentaient de nous en impo­ser la moitié, et nous quali­fions faci­le­ment de dicta­ture hier les pays qui n’en utili­saient qu’une seule partie.

    Demain, n’im­porte quelle personne au pouvoir pourra user de ces outils sans limi­ta­tions, sous le secret défense, et avoir un contrôle et une société dont même Orwell n’au­rait pas rêvé.

    L’État de police est celui dans lequel l’au­to­rité admi­nis­tra­tive peut, d’une façon discré­tion­naire et avec une liberté de déci­sion plus ou moins complète, appliquer aux citoyens toutes les mesures dont elle juge utile de prendre par elle-même l’ini­tia­tive, en vue de faire face aux circons­tances et d’at­teindre à chaque moment les fins qu’elle se propose : ce régime de police est fondé sur l’idée que la fin suffit à justi­fier les moyens. À l’État de police s’op­pose l’État de droit…

    Raymond Carré de Malberg, Contri­bu­tion à la théo­rie géné­rale de l’état, Librai­rie de la Société du Recueil Sirey, 1920, p. 488

    Nous ouvrons la porte à de possibles dicta­tures, au nom de la liberté. J’ai honte face aux géné­ra­tions futures, ça aura été fait de mon vivant.

  • « mais c’était pour un test » – Cera Inte­rac­tive

    @CeraIn­te­rac­tive « Avec vos photos, on n’a pas envie de deman­der un devis pour un site mais plutôt : « c’est combien ? » »

    Adressé à un groupe de profes­sion­nels. Polé­mique s’en est suivie, assez agres­sive envers l’agence Cera Inte­rac­tive.

    Voilà qu’aujourd’­hui les mêmes publient deux pages sur leur analyse d’un bad buzz (résumé : ça améliore le réfé­ren­ce­ment), décla­rant que tout ceci n’était pas un déra­page de leur part mais une étude scien­ti­fique.

    Mettons qu’on les croit, et qu’on lise plus loin :

    Il est évident, et nous le crions bien haut et fort, que ce type de compor­te­ment est complè­te­ment inac­cep­table hors contexte.

    Bien sûr, cette expé­rience a occa­sionné des dégâts colla­té­raux qui étaient prévi­sibles mais qui vont être immé­dia­te­ment répa­rés par nos excuses auprès de cette inter­naute accu­sée injus­te­ment de faire commerce de son corps. […] nous espé­rons sincè­re­ment que tout ce ramdam voulu et anti­cipé n’a pas causé trop de tort aux personnes concer­nées […] veuillez accep­ter nos franches excuses.

    Sauf que non, ce type de compor­te­ment est complè­te­ment inac­cep­table. Dans tous les contextes, celui-ci compris.

    Vous venez juste de montrer que pour vous une étude réduite de deux pages justi­fiait d’inju­rier ainsi des tiers qui n’ont rien demandé et de leur porter un préju­dice que vous décri­vez vous-même comme prévi­sible.

    Bref, vous ne venez pas de montrer vos compé­tences en commu­ni­ca­tion de crise (d’au­tant que fran­che­ment… votre réac­tion…), vous venez juste de montrer votre absence d’éthique et de respect d’au­trui.

    Et si vous croyez que des excuses réparent tout, surtout formu­lées ainsi  – c’est à dire sans regret d’avoir procédé ainsi mais unique­ment pour la forme de poli­tesse en croyant que ça va tout éteindre – vous êtes de bien mauvais conseils en commu­ni­ca­tion.

    Et oui, écrire ce billet c’est aussi un peu entrer dans leur jeu, et ils se font un plai­sir de renvoyer vers leur liste de profils qui réagissent aux bad buzz, mais ne rien dire c’est aussi dire que ce type de compor­te­ments est accep­table et que les auteurs s’en sorti­ront sans dommage.