Auteur/autrice : Éric

  • Bouygues condamné à 25.000 euros d’amende pour travail dissi­mulé

    Le groupe Bouygues a été condamné mardi par le tribu­nal de Cher­bourg (Manche) à 25.000 euros d’amende pour avoir recouru à l’em­ploi de travailleurs dissi­mu­lés sur le chan­tier du réac­teur nucléaire EPR de Flaman­ville. Quatre autres socié­tés, Atlanco, Elco, Quille Cons­truc­tions (une filiale de Bouygues), et Welbond Arma­tures ont elles aussi été condam­nées pour le même motif par le tribu­nal correc­tion­nel de Cher­bourg, à des amendes allant de 5.000 à 70.000 euros.

    — via Les Echos

    On parle de 460 employés, donc une amende d’un peu moins de 55 € par travailleur dissi­mulé.

    Ça va clai­re­ment leur faire peur, remettre dans les rails tout le monde, et dissua­der d’éven­tuelles fraudes à venir, non ? non ? vrai­ment ? même pas un peu ?

    Sérieu­se­ment, je ne comprends même pas qu’on ait pu envi­sa­ger de tels montants ridi­cules. Ou plutôt…

    Le syndi­cat s’est en revanche réjoui que le groupe Bouygues ne soit pas privé de l’ac­cès aux marchés publics, ce qui aurait été auto­ma­tique­ment le cas si une amende supé­rieure à 30.000 euros lui avait été infli­gée.

    Bref, l’im­pact serait trop impor­tant alors on préfère glis­ser tout ça sur le tapis. Le too big to fail des banques US n’est pas très loin. Loin d’être un motif de réjouis­sance, on est juste en train de dire qu’on n’osera pas les embê­ter réel­le­ment quoi qu’ils fassent parce que ça aurait trop de consé­quences. Oups…

  • Une liste noire en ligne pour repé­rer le travail illé­gal en entre­prises

    Les entre­prises condam­nées pour travail illé­gal pour­ront voir leur nom appa­raître dans une « liste noire » consul­table sur le site du minis­tère du Travail, suite à la publi­ca­tion d’un décret paru le vendredi 23 octobre 2015 au Jour­nal offi­ciel. Plus concrè­te­ment, un juge pourra déci­der d’une « peine complé­men­taire » consis­tant à faire appa­raître une société dans ce docu­ment public pour une durée de deux ans.

    — via French­web

    Bref, le légis­la­teur prévoit une peine spéci­fique, desti­née à appor­ter une publi­ca­tion à certains faits, et la dissua­sion qui en découle. La durée de publi­ca­tion est limi­tée, évitant de faire persis­ter un passé révolu.

    Sauf que ça gêne les grandes entre­prises (forcé­ment, c’est le but) donc…

    Pour garan­tir les droits des personnes […] inter­dic­tion est faite aux moteurs de recherche d’in­dexer les infor­ma­tions présentes sur le site.

    Et les juge­ments seront publiés sous forme d’images et non de texte, avec inter­dic­tion de faire des travaux d’ex­trac­tion.

    Autant dire qu’on a tué dans l’œuf l’objet même de la peine. Un peu comme ces décla­ra­tions de patri­moine qui sont consul­tables unique­ment sur rendez-vous, sur papier, avec inter­dic­tion de prendre des notes ou de diffu­ser les éven­tuelles trou­vailles.

    L’obs­cu­rité devient telle­ment la norme que même quand une loi dicte une publi­ca­tion, on trouve une façon de la rendre inopé­rante. Il faut renver­ser toute la façon de penser de nos élus, et ça n’a pas l’air d’être bien parti.

  • Éditeurs, arrê­tez de prendre en otage la connais­sance ! (1e cati­li­naire)

    j’ai mis au programme une dizaine de livres – tous publiés après 2011 ! – et la quasi-tota­lité d’entre eux est introu­vable […] indis­po­nibles chez le four­nis­seur – en six mois, impos­sible de les avoir […]

    Les maisons d’édi­tion ne distri­buent pas, même pas dans la forme la plus simple : rendre le livre dispo­nible sur une plate­forme de vente en ligne (voire même sur leur propre site). Et la plupart ne propose pas de version numé­rique.

    […]

    Il faut d’abord souli­gner que ces livres sont très souvent le fruit de recherches payées par l’uni­ver­sité, qui ensuite – direc­te­ment (biblio­thèques) ou indi­rec­te­ment (étudiants, profes­seurs) – les rachète. L’au­teur n’est pas payé par la maison d’édi­tion, mais par son employeur : l’uni­ver­sité. De plus, la plupart du temps, l’édi­teur est payé pour son travail – par les finan­ce­ments publics concer­nant les publi­ca­tions savantes.

    […]

    La réponse est simple : pourquoi se soucier de diffu­ser un livre lorsque l’on est déjà payé ? […] Pourquoi perdre du temps et risquer de l’argent pour distri­buer ? […]

    En bref, nous payons les maisons d’édi­tion avec de l’argent public pour prendre en otage la connais­sance que nous produi­sons avec des fonds publics.

    — via The conver­sa­tion

    Juste­ment à l’heure où le SNE essaye de convaincre qu’ou­vrir les publi­ca­tions scien­ti­fiques ou ne pas avoir une période d’ex­clu­si­vité longue risque­rait de casser l’édi­tion scien­ti­fique, qui fonc­tion­ne­rait parfai­te­ment.

    Certes, aujourd’­hui on se demande pourquoi lais­ser aux éditeurs ce privi­lège : les correc­tions et la mise en forme peuvent être faites au sein de l’uni­ver­sité – les maisons d’édi­tion demandent d’ailleurs déjà en partie l’aide non payée des univer­si­taires pour l’éva­lua­tion des manus­crits – et la diffu­sion peut se faire pratique­ment gratui­te­ment sur le web. Pourquoi alors paye-t-on les éditeurs ? Cela aurait du sens si le travail de diffu­sion était excel­lem­ment fait et que les conte­nus deve­naient véri­ta­ble­ment visibles et acces­sibles. Mais c’est dans les faits tout le contraire.

  • Russian Ships Near Data Cables Are Too Close for U.S. Comfort

    Cmdr. William Marks, a Navy spokes­man in Washing­ton, said: “It would be a concern to hear any coun­try was tampe­ring with commu­ni­ca­tion cables; howe­ver, due to the clas­si­fied nature of subma­rine opera­tions, we do not discuss speci­fics.”

    […] What worries Penta­gon plan­ners most is that the Russians appear to be looking for vulne­ra­bi­li­ties at much grea­ter depths, where the cables are hard to moni­tor and breaks are hard to find and repair.

    […] The excep­tions are special cables, with secret loca­tions, that have been commis­sio­ned by the United States for mili­tary opera­tions; they do not show up on widely avai­lable maps, and it is possible the Russians are hunting for those, offi­cials said.

    — NY Times

    Dit autre­ment, les USA sont inquiets que la Russie puisse envi­sa­ger de faire ce qu’ils aime­raient se réser­ver à eux seuls.

    L’ar­ticle parle de guerre froide, on en n’est pas loin. Savoir les USA seuls maîtres du monde n’est pas forcé­ment plus réjouis­sant. Si quelqu’un a une solu­tion, qu’il la parta­ge…

  • Suppres­sion de la demi-part fiscale des veuves : la gauche doit répa­rer les dommages de l’époque Sarkozy

    Inévi­ta­ble­ment, ces mesures pèsent lourd sur le budget des personnes concer­nées, dont beau­coup ont décou­vert avec effa­re­ment leur avis d’im­po­si­tion cette année. Pour elles, c’est une double injus­tice : non seule­ment le montant des impôts augmente, mais en plus il augmente de façon déme­su­rée, du fait de l’exis­tence de paliers en fonc­tion des reve­nus. En augmen­tant son revenu fiscal de réfé­rence de quelques dizaines d’eu­ros seule­ment, on risque de passer le palier supé­rieur, et de payer – énor­mé­ment – plus d’im­pôts. Si notre système d’im­po­si­tion était plus juste et propor­tion­nel, de telles situa­tions ne risque­raient pas d’ar­ri­ver.

    extrait de Marianne

    Oui, mais non. Qu’un jour­na­liste dans un article fiscal colporte encore ce genre d’idio­tie, c’est inex­cu­sable.

    Le taux d’im­pôt sur le revenu (c’est de lui dont on parle) est en France un taux margi­nal. Il change effec­ti­ve­ment par paliers, mais seul ce qui dépasse du palier est imposé au taux supé­rieur. L’im­po­si­tion sur le revenu *est* progres­sive.

    Imagi­nons que vous ayez 11 991 € impo­sables annuels. Vos premiers 6 011 € sont exoné­rés, et le reste est à un taux faible de 5,5 %. Vous gagnez 10 € de plus, vous passez effec­ti­ve­ment au taux margi­nal de 10 %… mais unique­ment pour les 10 € qui dépassent du palier précé­dent. En gros le passage de 10 € au dessus du palier vous ajoute une impo­si­tion de (roule­ment de tambour) 1 €.

    Yann a tracé de jolies courbes pour le taux moyen réel (et donc pas le taux margi­nal, qui ne veut pas dire grand chose). Le résul­tat n’est effec­ti­ve­ment pas une ligne droite, mais on n’en est fran­che­ment pas si loin.

    Ces histoires de 10 € qui font explo­ser la fiche d’im­po­si­tion sur le revenu, c’est de la légende urbaine. Main­te­nant vous savez quelle crédi­bi­lité accor­der à la presse quand elle se plaint de la fisca­lité.

    Pour être complet – et l’ar­ticle le dit ensuite – d’autres effets d’ajoutent pour creu­ser un peu les courbes et s’éloi­gner un peu de la droite lors des passages de palier, mais c’est hors de la fiche d’im­po­si­tion qui elle est assez progres­sive. Il s’agit des réduc­tions, exoné­ra­tions et tarifs sociaux qui dépendent du taux d’im­po­si­tion. Mis à part le passage du « non soumis à l’im­pôt sur le revenu » à « soumis à l’im­pôt sur le revenu » qui peut être diffi­cile, le reste est géné­ra­le­ment lissé juste­ment pour éviter un maxi­mum les effets de seuils.

  • Domaines et péren­nité

    Date de créa­tion : 26.07.2006
    Date d’ex­pi­ra­tion : 26.07.2025 (dans 3583 jours)

    Votre domaine est votre iden­tité sur le Web. En atten­dant une solu­tion davan­tage décen­tra­li­sée, prenez-en soin. En voilà un dont je n’ai plus vrai­ment à me soucier :-).

    — chez David

    Retour d’ex­pé­rience person­nel : Suite à cette remarque j’ai recon­duit mon propre domaine pour trois ans avant de me rappe­ler pourquoi je ne le faisais pas jusqu’à aujourd’­hui :

    À le faire tous les ans, j’y pense encore. S’il y a un chan­ge­ment, il sera récent, ou pas loin d’un renou­vel­le­ment. Je saurais tout synchro­ni­ser.

    Si je le recon­duis aujourd’­hui jusqu’en 2025, les chances de me souve­nir à cette date qu’il faut que je le renou­velle sont quasi nulles. Il ne me restera plus que l’email de rappel de Gandi, mais où serait-je à ce moment là ? lirais-je mon email, cet email ? Je trou­vais ça risqué, je le trouve encore.

    C’est envi­sa­geable, mais avec un système de rappel régu­lier qui impose juste­ment de s’en soucier régu­liè­re­ment. Une autre alter­na­tive serait de payer pour un siècle, c’est à dire vrai­sem­bla­ble­ment bien plus que mon espé­rance de vie. Tiens, ça je suis presque prêt à le faire, malgré la somme. Malheu­reu­se­ment on ne me le propose pas.

  • Anne Frank et le domaine public. Pas le bon combat

    Il y a désac­cord sur la date de fin du mono­pole patri­mo­nial au titre du droit d’au­teur sur le Jour­nal d’Anne Frank. Les ayants droits veulent, à partir d’ar­gu­ments proba­ble­ment abusifs, le voir conti­nuer pendant encore plusieurs dizaines d’an­nées.

    Le plus crétin c’est que l’ayant droit est une fonda­tion, à visée éduca­tive et mili­tan­tiste, pas une entité à visée lucra­tive.

    Les débats me gênent beau­coup parce qu’ils s’en­flamment sur l’im­por­tance histo­rique du livre.

    À mon sens, on passe à côté du débat. Si les argu­ments de l’ayant droit sont abusifs, c’est unique­ment par chance. Le texte aurait effec­ti­ve­ment pu être protégé jusqu’en 2050, peut être plus. La plupart des œuvres mettent plus d’un siècle à passer dans le domaine public. La mienne mettra proba­ble­ment plus de 130 ans.

    Le problème n’est pas celui de cette œuvre. Le problème c’est que l’équi­libre mis en place permet de bloquer la diffu­sion large et libre des conte­nus pendant tant de temps. On sacri­fie notre culture et notre histoire.

    J’ai parlé d’équi­libre, mais l’équi­libre a été perdu il y a bien long­temps. Le schéma de Nume­rama est éclai­rant à ce titre. Au début nous parlions de 10 ans après publi­ca­tion, nous en sommes à plus de 130, et certains ne s’en contentent pas.

    Le problème n’est pas au niveau de l’ayant droit d’Anne Frank, il n’est pas celui du jour­nal histo­rique et de son impor­tance pour notre histoire. Il est celui, plus global, de la durée déli­rante du mono­pole d’au­teur à laquelle nous sommes arri­vés.

    Il y a consen­sus au niveau du jour­nal d’Anne Frank et on pour­rait lais­ser glis­ser le sujet vers l’ou­bli mais ce serait employer des œillères. Le problème de fond reste, et c’est lui qu’il faut discu­ter.

    Réfléxions libres à partir du débat sur le domaine public et le jour­nal d’Anne Frank. Vous pouvez commen­cer la lecture sur Affor­dance.

  • Valls très à l’écoute de poli­ciers très en colère

    Mardi 13 octobre, lors de son discours devant les cadres de la sécu­rité inté­rieure à l’école mili­taire, Bernard Caze­neuve s’est encore livré à une séquence de séduc­tion, en dénonçant des « dysfonc­tion­ne­ments » de la justice et en annonçant la livrai­son immi­nente de fusils à pompe en Seine-Saint-Denis, « des armes qui faisaient défaut » selon lui. « Je ne peux accep­ter que des poli­ciers et des gendarmes puissent être atteints par des personnes qui devaient être en prison », a déclaré le ministre de l’in­té­rieur, avant de souhai­ter que « les théo­ri­ciens des violences poli­cières aient un mot pour dire leur compas­sion » à l’en­droit des poli­ciers victimes aussi.

    Qu’im­porte si le taux de réci­dive crimi­nelle est très faible, si les prisons sont pleines (65 544 déte­nus pour 57 810 places au 1er septembre, soit une baisse de 2,1 % en un an), et si ces mêmes prisons fabriquent de la réci­dive.

    Sur Media­part

    Donc on a un ministre de l’in­té­rieur qui encou­rage le mili­tan­tisme contre l’ins­ti­tu­tion judi­ciaire et qui promet des fusils à pompe.

    L’adage « un fait divers une loi » est déjà assez crétin pour qu’on ne fasse pas n’im­porte quoi pour séduire des mani­fes­tants. On est passé de la poli­tique spec­tacle de N. Sarkozy à ce gouver­ne­ment qui fait de la poli­tique marke­ting. Je ne suis pas certain qu’on y ait gagné. En tout cas on va en payer les effets pendant très long­temps.

  • TVA sur les tampons : qu’est-ce qu’un « produit de première néces­sité » ?

    En clair, la logique qui gouverne la fisca­lité des « produits de première néces­sité » n’a pas consi­déré que le savon en était un. Ce qui est évidem­ment discu­table, qu’il s’agisse des produits d’hy­giène fémi­nine comme les tampons et les serviettes ou d’autres produits plus géné­riques.

    L’as­so­cia­tion Geor­gette Sand, à l’ori­gine de la demande de baisse de TVA sur les tampons et serviettes, grâce à une péti­tion qui a réuni 17 000 signa­tures, deman­dait d’ailleurs qu’une série de produits d’hy­giène « de première néces­sité » (savon, sham­pooing…) béné­fi­cient du même taux.

    chez Les Déco­deurs

    Au delà de la ques­tion spéci­fique des serviettes et tampons, c’est un gros ménage qu’il faudrait faire dans les caté­go­ri­sa­tions de TVA. Le problème, c’est que ça risque de déplaire à bien trop d’in­té­rêts.

    La restau­ra­tion en Guade­loupe et les ventes d’ani­maux vivants béné­fi­cient du taux super-réduit de 2,1% qui sert aux médi­ca­ments et produits sanguins.

    Les œuvres d’art, le cinéma, les livres et les spec­tacles vivants béné­fi­cient du taux réduit des biens de première néces­sité comme l’ali­men­taire, les appa­reillages pour handi­ca­pés ou les pres­ta­tions pour personnes âgées dépen­dantes. Oh, c’est aussi le cas de la presse, y compris les jolies éditions Atlas (et asso­ciées) vendues au bureau de tabac.

    Les zoos béné­fi­cient du même taux inter­mé­diaire que les médi­ca­ments non rembour­sés et travaux d’amé­lio­ra­tion des loge­ments.

    Bref, chaque lobby a obtenu avec le temps de se placer plus ou moins proche du taux le plus bas. Bonjour les grèves et le mauvais buzz pour le gouver­ne­ment qui osera cham­bou­ler tout ça. Tout ça n’a plus grand sens.

  • The B Corp Decla­ra­tion

    We envi­sion a global economy that uses busi­ness as a force for good.

    This economy is compri­sed of a new type of corpo­ra­tion […] – Which is purpose-driven and creates bene­fit for all stake­hol­ders, not just share­hol­ders.

    […] we believe:

    • That we must be the change we seek in the world.
    • That all busi­ness ought to be conduc­ted as if people and place matte­red.
    • That, through their products, prac­tices, and profits, busi­nesses should aspire to do no harm and bene­fit all.
    • To do so requires that we act with the unders­tan­ding that we are each dependent upon another and thus respon­sible for each other and future gene­ra­tions.

    — The B Corp Decla­ra­tion

    Pour moi c’est sacré­ment impor­tant.

    J’ai la chance d’avoir le choix de là où je travaille, ou plutôt de pouvoir refu­ser de travailler dans les entre­prises qui ne corres­pondent pas à mes valeurs. Cette décla­ra­tion corres­pond fina­le­ment assez bien à mon critère.

    Chaque choix a un coût, et rien n’est parfait ou magique, mais que faites-vous de votre côté pour aligner vos valeurs et vos actions ?