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  • Compa­rai­sons de patri­moine

    Les micro­cosmes nous donnent parfois une percep­tion trom­peuse.

    Le patri­moine net médian des ménages français est de 117 000 €

    Patri­moine net des ménages

    Patri­moine net : C’est à dire une fois déduis les emprunts privés et profes­sion­nels. Si vous ache­tez une voiture en la payant à moitié à crédit, elle ne comp­tera au départ qu’à moitié dans votre patri­moine.

    Médiane : C’est le point d’équi­libre où la moitié des personnes a plus et la moitié des personnes a moins. La médiane diffère de la moyenne par cette blague « si un milliar­daire entre dans un bar, en moyenne tous les présents sont multi­mil­lion­naires ». La médiane ne change pas, elle.

    Ménage : C’est le foyer, adultes et enfants. L’INSEE ne donne que la statis­tique par ménage, pas par indi­vidu. Comme une majo­rité de ménages comporte au moins deux adultes, le patri­moine indi­vi­duel est forcé­ment signi­fi­ca­ti­ve­ment infé­rieur


    Dit autre­ment : Si ton patri­moine net total dépasse 120 000 € — épargne, voiture et habi­ta­tion inclus — tu détiens plus que la moitié de la popu­la­tion.

    « Oui mais Éric, tu triches, ça varie avec le temps. C’est diffé­rent pour les retrai­tés. »

    Oui, forcé­ment, mais c’est le jeu de la médiane. Si tu es riche par rapport aux autres, tu l’es, peu importe que ce soit à cause de l’âge ou d’autres facteurs.

    Toute­fois, même ainsi, à l’âge où le patri­moine net est le plus impor­tant (entre 60 à 69 ans), la médiane reste infé­rieure à 200 000 €.

    Si ton patri­moine net total est supé­rieur à ça, tu détiens plus que la moitié de la popu­la­tion au moment où ils seront le plus riches de leur vie.

    « Oui mais bon, les prix de l’im­mo­bi­lier s’en­volent. Ils font x4 en quelques décen­nies. C’est quand même facile de se retrou­ver à déte­nir une maison qui vaut 500 000 € voire 1 000 000 €.

    La limite de patri­moine net total du 9ème décile est de moins de 550 000 €.

    Dit autre­ment, si ton patri­moine net est d’au moins cette somme, tu fais partie des 10 % les plus riches. On est très loin du cas courant.

    On peut même aller plus loin. La limite du patri­moine net total du 9ème décile à l’âge où le patri­moine est le plus impor­tant est de 627 000 €.

    Au-delà, tu es au-dessus de ce que les 10 % les plus riches détien­dront au moment le plus riche de leur vie.

    « À Paris c’est tout le monde ! Il faut bien se loger »

    À Paris le patri­moine net médian est nette­ment plus faible que dans le reste de la France (84 000 € vs 117 000 €). Ce sont juste les 10 % les plus riches qui s’en­volent haut, pas la majo­rité des gens.

    Même là, la limite du 9ème décile est à 759 000 €. Les patri­moines à 1 000 000 € sont élevés même parmi les 10 % les plus riches à Paris.

  • Rente et capi­tal

    Je ne comprends pas la concep­tion du capi­tal en France. On a l’im­pres­sion qu’il ne doit que croitre, indé­fi­ni­ment, et qu’il ne faut vivre que de la rente.

    Du coup on imagine des personnes qui vivront pauvres mais lais­se­ront derrière elles un patri­moine de million­naire.

    Permet­tez-moi : Ça n’a aucun sens.


    Je n’ai jamais caché mon désa­mour pour l’hé­ri­tage de montants impor­tants. Ça joue forcé­ment.

    Cepen­dant, si je meurs à 85 ans, mon fils en aura plus 50. Quel sens cela aurait-il de lui léguer un gros patri­moine alors qu’il aura déjà consti­tué le sien, tout ça pour qu’il repro­duise le schéma à son tour ?

    Le patri­moine et l’épargne sont faits pour être utili­sés, pas pour accu­mu­ler et enter­rer dans le jardin. Il ne me parait pas anor­mal qu’on les consti­tue quand on a des reve­nus impor­tants et qu’on prenne dedans quand ces reve­nus baissent et deviennent insuf­fi­sants.

  • RGPD à Norauto via Valiuz

    Les deux trai­te­ments pour lesquels Norauto est respon­sable de trai­te­ment sont […] tout comme chaque enseigne membre de l’Al­liance, partage auprès de Valiuz les données clients collec­tées dans le cadre de la rela­tion client. Ce fichier pseu­do­ny­misé est conso­lidé par Valiuz afin d’être croisé et enri­chi avec les données des autres enseignes pour défi­nir des segments communs aux enseignes.

    Réponse de Norauto

    La graisse est de moi. Vous vous doutez que la leur n’est pas au même endroit.

    J’ai enfin la réponse claire que j’at­ten­dais :

    • Norauto est respon­sable de trai­te­ment. Peu importe ce qui est fait par Valiuz, c’est fait en leur nom, à leur demande, pour leur usage, sous leur respon­sa­bi­lité.
    • Norauto (en tant que respon­sable de trai­te­ment) partage mes données pour qu’elles soient croi­sées avec celles des autres enseignes et enri­chissent les données des autres enseignes.
    • Norauto (en tant que respon­sable de trai­te­ment) récu­père les données parta­gées par les autres enseignes pour les croi­ser avec les siennes et enri­chir ses propres données.

    Et les points éclai­rés plus haut sont très impor­tants parce que :

    • Le discours de Norauto et des diffé­rentes enseignes a toujours été qu’il n’y a pas partage de données entre les enseignes. Certes ça passe tech­nique­ment par Valiuz mais pour que Norauto (en tant que respon­sable de trai­te­ment) puisse croi­ser (et donc trai­ter) les données des autres enseignes, il faut bien qu’on ait pu lui parta­ger. Ca fonc­tionne aussi dans l’autre sens : Pour que les autres enseignes puissent faire ce même trai­te­ment, il faut que Norauto leur ait partagé. Bref, « on vous ment on vous spolie » (réfé­rence que seuls les plus vieux compren­dront)
    • Norauto se base sur l’in­té­rêt légi­time, ce qui pouvait être accep­table si les trai­te­ments se faisaient sans partage, mais l’in­té­rêt légi­time peut diffi­ci­le­ment justi­fier une mise en commun et croi­se­ment des histo­riques et données d’achat entre plusieurs enseignes distinctes.

    Une partie de la défense c’est que c’est fait via Valiuz et sous forme pseu­do­ny­mi­sée, sauf que :

    • Valiuz n’est qu’un sous-trai­tant. Il agit pour et au nom de Norauto (et des autres enseignes). Ça ne change rien pour moi qui ne les ai pas comme respon­sable de trai­te­ment.
    • La pseu­do­ny­mi­sa­tion propo­sée ne retire en rien le statut de données person­nelles, et que cette pseu­do­ny­mi­sa­tion est faite pour être commune à tous les acteurs et réver­sible. C’est l’objet même du trai­te­ment : pouvoir réiden­ti­fier les données obte­nues suite au trai­te­ment. Bref, ça fait joli sur le papier mais ça ne change rien.

    L’épi­sode précé­dent Valiuz et données person­­nelles


    J’ar­rive au bout puisque leur dernière réponse est « Nous sommes déso­lés si nos éléments de réponses ne vous conviennent pas. » sans répondre aux deux dernières ques­tions qui disent grosso modo ce qui est dans ce billet.

    Reste à faire la plainte à la CNIL d’une façon à ce que l’au­to­rité regarde vrai­ment le fond sans s’ar­rê­ter aux néga­tions de surface des enseignes et de Valiuz. Ça va me prendre un peu de temps.

  • [Réfé­rence] Faci­lité de station­ne­ment du corps médi­cal

    Les véhi­cules des méde­cins arbo­rant le cadu­cée, ou ceux des sages-femmes arbo­rant leur insigne profes­sion­nel, pour­ront béné­fi­cier de mesures de tolé­rance en matière de station­ne­ment irré­gu­lier dès lors que leurs proprié­taires sont appe­lés à exer­cer leurs acti­vi­tés profes­sion­nelles au domi­cile de leurs patients, ou à proxi­mité de leur domi­cile en cas d’as­treinte et essen­tiel­le­ment pour satis­faire à leurs obli­ga­tions, en cas d’ur­gence.

    Ces station­ne­ments irré­gu­liers ne doivent pour autant pas être de nature à gêner exagé­re­ment la circu­la­tion géné­rale ou consti­tuer un danger pour les autres usagers, notam­ment des piétons.

    Circu­laire du Ministre de l’In­te­rieur, 26 janvier 1995

    Je n’ai pas réussi à mettre la main sur le texte de la circu­laire no 69–140 du 27 mars 1969 qui concerne les infir­miers mais son rappel no 86–122 du 7 mars 1986 reprend des termes simi­laires, poten­tiel­le­ment sans le critère d’ur­gence mais en préci­sant que ça s’ap­pré­cie en fonc­tion des circons­tances de lieu et de temps.

    Quelques notes :

    1. Ce n’est pas absolu. C’est en cas d’ur­gence (au moins pour les méde­cins et sage-femmes, et dans tous les cas expli­ci­te­ment appré­cié en fonc­tion des circons­tances pour les infir­miers), ou devant chez soi lors des astreintes pour répondre aux cas d’ur­gence. Les infrac­tions de station­ne­ments par simple faci­lité lors de soins program­més ou non urgents sont donc exclus.

    2. C’est sous réserve de gêne exagé­rée ou de danger. Au mini­mum, sont exclus les station­ne­ments règle­men­tai­re­ment recon­nus comme dange­reux au sens de R417–9 (au niveau des inter­sec­tions, côtes, virages, et passages à niveau). Il en va proba­ble­ment de même des station­ne­ments recon­nus comme très gênants au sens de R417–11 (notam­ment les empla­ce­ments réser­vés handi­ca­pés, trans­ports de fonds, trans­ports publics, sur les passages piétons ou en amont de ceux-ci, en amont des feux, sur les trot­toirs ou voies vertes).

    3. C’est surtout une tolé­rance vis à vis de l’éta­blis­se­ment des contra­ven­tions et pas un droit. Ça implique un juge­ment en fonc­tion de la situa­tion spéci­fique d’ur­gence, de gêne occa­sion­née, de danger possible pour les usagers, et des alter­na­tives dispo­nibles. Cette appré­cia­tion des circons­tances est même expli­ci­te­ment dans le rappel de la circu­laire concer­nant les infir­miers.

    4. C’est une circu­laire qui s’ap­plique aux agents dans le cadre de leur main­tien de l’ordre et des contra­ven­tions qui peuvent être posées. Elle ne concerne pas les autres usagers qui sont légi­times à s’en plaindre. Elle ne dégage pas non plus de respon­sa­bi­lité au cas où ce station­ne­ment non règle­men­taire aurait des consé­quences directes ou indi­rectes.

    5. Tel que je lis la circu­laire, je doute que cela exonère du paie­ment en cas de station­ne­ment payant (toujours sauf urgence) puisqu’il s’agit de rendre possible les missions, pas d’en dimi­nuer les frais. Certaines mairies ont toute­fois mis en place un accord avec une règle tari­faire spéci­fique.


    D’un point de vue person­nel, je n’ai aucun problème à accep­ter des station­ne­ments adap­tés au contexte d’ur­gence (jusqu’à même bloquer toute la rue s’il s’agit d’in­ter­ve­nir pour la vie de quelqu’un). L’état de néces­sité est d’ailleurs bien présent dans nos lois et concerne tout le monde. Que ce soit un méde­cin ou un parti­cu­lier qui vienne porter assis­tance urgente à un tiers m’in­dif­fère tota­le­ment.

    Je comprends aussi, dans une mesure raison­nable, les infrac­tions faites de façon à gêner le moins possible quand les alter­na­tives sont inexis­tantes ou vrai­ment exces­sives. Mon inter­pré­ta­tion du raison­nable n’ex­clut cepen­dant pas de perdre 5 minutes à trou­ver une place dans le parking payant le plus proche et marcher ensuite pour rejoindre le lieu de travail, ou utili­ser d’autres moyens de trans­ports quand c’est envi­sa­geable. La pres­sion du patron ou l’en­vie d’en­chaî­ner plus de clients plus rapi­de­ment ne me concernent pas. Là aussi, je ne vois pas de raison de distin­guer le livreur de l’in­fir­mier ou du parti­cu­lier qui vient faire un démé­na­ge­ment.

    Je n’ac­cep­te­rai toute­fois aucun privi­lège de profes­sion, et de croire que les règles communes ne s’ap­pliquent pas à soi en raison de sa profes­sion ou de son rôle, indé­pen­dam­ment des deux para­graphes précé­dents. Le fait que telle ou telle profes­sion soit diffi­cile n’y change rien à mes yeux, et encore moins pour les profes­sions médi­cales : Quand demande aux personnes âgées ou jeunes enfants de contour­ner un véhi­cule stationné sur le trot­toir en passant sur la chaus­sée, c’est un danger et le fait que ce soit réalisé par un profes­sion­nel des soins ne me parait le contraire d’une circons­tance atté­nuante.


    En effet, ni la légis­la­tion, compte tenu des prin­cipes consti­tu­tion­nels, ni la juris­pru­dence, compte tenu des prin­cipes géné­raux du droit, ne permet de trai­ter de manière préfé­ren­tielle telle ou telle caté­go­rie d’usa­ger de la route, à moins que la rupture de l’éga­lité de trai­te­ment entre les usagers d’un même service public ne soit la consé­quence néces­saire d’une loi, qu’elle résulte de diffé­rences de situa­tion appré­ciables entre ces usagers ou d’une néces­sité d’in­té­rêt géné­ral en rapport avec les condi­tions d’ex­ploi­ta­tion dudit service.

    Ques­tion écrite n° 04087 au gouver­ne­ment

    Comme le note le gouver­ne­ment, en faire un droit en fonc­tion d’une profes­sion, indé­pen­dam­ment des néces­si­tés, contre­vien­drait proba­ble­ment aux prin­cipes géné­raux du droit français. Ça rend d’au­tant moins légi­times ceux qui veulent s’abs­traire des règles unique­ment en oppo­sant leur carte profes­sion­nelle.

  • « Je le mérite »

    Je bous sur ma chaise à chaque fois que quelqu’un parle de mérite pour justi­fier sa posi­tion sociale. La réalité c’est qu’on a une très grande partie de chance et une petite part de mérite. La réalité c’est qu’on a à côté une foul­ti­tude de personnes qui méritent tout autant voire plus, mais qui n’ont pas cette posi­tion sociale pour autant.

    Le plus souvent ce sont des bien portant, souvent grands, blancs, belle gueule, bonnes capa­ci­tés intel­lec­tuelles, bonne maitrise de la langue, bon diplôme, venant d’une grande ville, venant d’un milieu social moyen à élevé, sans énorme diffi­culté fami­liale. Le tableau n’est pas toujours complet mais il y a quasi­ment toujours facile la moitié des critères.

    Naitre sans handi­cap majeur c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir une bonne vision c’est de la chance, pas du mérite.

    Pouvoir monter les esca­liers qui mènent au boulot c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir de bonnes capa­ci­tés intel­lec­tuelles c’est de la chance, pas du mérite.

    Ne pas subir de discri­mi­na­tions systé­ma­tiques sur sa couleur de peau, son genre ou quoi que ce soit d’autre, c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir eu une école primaire, un collège ou un lycée de bonne qualité c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir éven­tuel­le­ment pu démé­na­ger, faire du trajet ou passer dans le privé pour éviter une carte scolaire défa­vo­rable c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir pu faire des études avec plus de faci­lité parce qu’il n’y avait pas une heure de trajet à l’al­ler et autant au retour, c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir eu des profes­seurs présents et compé­tents, voire qui ont donné envie sur leur matière, c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir pu travailler le soir plutôt que faire l’in­té­gra­lité des tâches ména­gères ou s’oc­cu­per des frères et sœurs, c’est de la chance, pas du mérite.

    Ne pas galé­rer en cours parce que sa langue mater­nelle est le français et que ça parle un français riche à la maison, c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir des parents avec le capi­tal intel­lec­tuel et social pour aider ponc­tuel­le­ment quand il y en a besoin lors des études c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir un contexte dans la famille ou autour de soi qui pousse à travailler et à faire des études, c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir de bonnes four­ni­tures et ne pas galé­rer, perdre du temps, user ses efforts, risquer de louper des examens parce qu’on a tout dû ache­ter au rabais ou le parta­ger avec le reste du foyer, c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir pu profi­ter d’un éclai­rage cultu­rel et social large en voya­geant, en allant en camp de vacances, en faisant du scou­tisme, ou de la voile, ou du sport au cours de l’an­née, ou de la musique, c’est de la chance et pas du mérite.

    Avoir des parents qui ont eu un peu de rela­tion­nel quand il a fallu trou­ver des stages ou des employeurs, ou des études supé­rieures, c’est de la chance, pas du mérite.

    Ne pas avoir eu sa maison qui a brûlé, son père qui est mort, sa mère à l’hô­pi­tal après un acci­dent ou je ne sais quoi d’autre les années pivot dans les études, c’est de la chance, pas du mérite.

    Ne pas avoir à deman­der de visa pour aller dans de bonnes écoles, ne pas avoir à justi­fier sa natio­na­lité, c’est de la chance, pas du mérite.

    Avoir le loisir de faire des études longues et/ou ne pas travailler l’été en paral­lèle des études, manger à sa faim pendant cette période, c’est de la chance, pas du mérite.

    Tomber dans de bonnes premières entre­prises qui ont pu faire une bonne ligne dans le CV et lancer la carrière plutôt que des entre­prises qui ont eu un imprévu qui les a mis en grande diffi­culté, c’est en grande partie de la chance, pas du mérite.

    Tomber avec un bon mana­ger et des collègues qui forment, vous repèrent, vous font gran­dir plutôt que vous enfon­cer ou vous faire partir en burn out, c’est en grande partie de la chance et pas du mérite.

    Avoir pu travailler correc­te­ment au calme ou/et sans souf­frir de chez soi pendant les isole­ments covid c’est en grande partie de la chance et pas du mérite.

    Ne pas être tombé grave­ment malade, ne pas avoir eu de cancer, ne pas tomber enceinte malgré les moyens de contra­cep­tion, ne pas de casser la colonne en montant l’es­ca­lier ou ne pas subir un acci­dent de la route qui nous para­lyse, c’est clai­re­ment de la chance et pas du mérite.

    Avoir une belle gueule qui faci­lite les rela­tions plutôt qu’un visage déformé ou maculé de traces d’acné qui ne veulent pas partir c’est en grande partie de la chance et pas du mérite.

    […]

    On pour­rait conti­nuer comme ça pendant encore des heures.

    Vous auriez pu sabor­der beau­coup de choses si vous n’aviez pas fait d’ef­fort. Personne n’en doute. Proba­ble­ment même que vous n’avez pas eu toutes les chances listées plus haut.

    Il ne s’agit pas de nier vos efforts ou vos diffi­cul­tés.

    Main­te­nant de là à ranger derrière le mérite votre bon poste, vos compé­tences poin­tues et votre diplôme unique­ment parce que vous avez travaillé pour ça…

    Peut-être qu’il faudrait redé­fi­nir ce qu’on appelle mérite. Aujourd’­hui le critère premier de réus­site et de valo­ri­sa­tion sociale, c’est la chance.


    Bien entendu, je fais des géné­ra­li­tés, merci d’évi­ter les « moi je », surtout si vous cochez une majo­rité des chances listées plus haut.

  • De la musique pour mon fils

    Aujourd’­hui mon fils a une petite chaîne hifi pas chère très clas­sique : Un poste qui fait radio, cd et blue­tooth, avec deux petites enceintes acco­lées.

    Il passe des CD de musique, mais surtout tous les CD d’his­toire J’aime Lire qu’il a collecté pendant des années. C’est devenu un rituel du soir après la lecture elle-même.

    On a une collec­tion de CD peu pratique qui traine, qui s’abime, et je n’y vois aucun avan­tage. J’ai­me­rais que tout ça soit numé­risé et qu’il choi­sisse juste le mp3 ou la play­list mp3 sur le disque dur.

    Idéa­le­ment je veux donc quelque chose capable de navi­guer visuel­le­ment dans plus d’une centaine de titres (proba­ble­ment bien plus à l’ave­nir) ainsi que de faire une recherche si on connait le titre qu’on veut. Bonus si ça sait se connec­ter à un disque réseau local ou à Prime/Spotify/Deezer.

    Je vois bien un équi­valent iPod pas trop cher avec un bel espace de stockage et qui pourra envoyer le son soit vers une enceinte blue­tooth soit vers un casque audio (l’avan­tage étant qu’on pourra l’em­me­ner en dépla­ce­ment). Main­te­nant ça peut aussi être une enceinte hifi plus clas­sique avec un gros écran local (l’avan­tage étant qu’on se posera moins de ques­tion de batte­rie).

    Est-ce que vous auriez des réfé­rences à conseiller ?

  • Petit calcul de distance

    Une voie de circu­la­tion est d’en­vi­ron 3 mètres. Mon vélo fait 65 cm de large. En circu­la­tion je navigue à bien 35 cm du bord, parce que je ne suis pas un équi­li­briste et que je tiens à ma sécu­rité. Le cani­veau ne compte pas dans ces 35 cm.

    La conclu­sion logique : Si votre voiture ne déborde pas au moins à moitié sur la voie d’à côté, c’est que vous ne respec­tez pas le mètre de sécu­rité imposé par le code de la route pour un dépas­se­ment.

    S’il y a des véhi­cules en station­ne­ment je m’écarte d’un bon mètre du bord, comme le prévoit le code de la route. Là c’est les 3/4 de la voiture qui doivent être sur la voie d’à côté.

    Si les voitures dépassent sur la voie d’à côté dans les illus­tra­tions, ce n’est pas juste une vue de l’au­teur, c’est vrai­ment ainsi que ça doit être dans la circu­la­tion.

    Notez que le code de la route vous auto­rise à chevau­cher une ligne conti­nue pour ce type de dépas­se­ment. C’est prévu ainsi.

    Hors agglo­mé­ra­tion les voies sont un peu plus larges mais la distance à respec­ter passe à 1,5 mètre. Si le cycliste est sur la voie de circu­la­tion, vous ne pouvez pas le dépas­ser sans mordre sur la voie d’à côté. Jamais.


    Parfois les voies sont un peu plus larges mais mon calcul se base de toutes façons sur des mini­mums.

    La règle géné­rale : Si vous ne débor­dez pas ample­ment sur la voie d’à côté, c’est proba­ble­ment que vous êtes dange­reux pour le cycliste que vous dépas­sez.

    Si c’est impos­sible, atten­dez derrière.

  • Statis­tique géné­rale et cas parti­cu­lier

    Rappel impor­tant : Les statis­tiques géné­rales ne permettent pas de conclure ou d’af­fir­mer quoi que ce soit sur des cas indi­vi­duels.

    Oui, ça rend la réalité très complexe à décrire : devoir accep­ter 100 fois qu’on ne peut rien conclure, pas même une présomp­tion, tout en sachant que statis­tique­ment ça penche à 80, 90 ou 97% dans un cas plutôt que dans l’autre.

  • Méri­to­cra­tie

    Dieu a dit : il y aura des hommes blancs, il y aura des hommes noirs, il y aura des hommes grands, il y aura des hommes petits, il y aura des hommes beaux et il y aura des hommes moches, et tous seront égaux ; mais ça sera pas faci­le… Et puis il a ajouté : il y en aura même qui seront noirs, petits et moches et pour eux, ce sera très dur !

    Coluche

    Dire que nous ne sommes pas en méri­to­cra­tie c’est un peu enfon­cer les portes ouvertes. Si nous travaillons à l’éga­lité des chances, si ce travail est indis­pen­sable et utile, ce n’est qu’un petit panse­ment sur une jambe de bois.

    Nous sommes très loin de compen­ser les inéga­li­tés géogra­phiques, patri­mo­niales, cultu­relles, sociales, ou les discri­mi­na­tions diverses et variées. La réalité c’est que le critère premier de la réus­site est la chance.

    Mon problème avec la méri­to­cra­tie est toute­fois plus profond.

    Méri­to­cra­tie : Hiérar­chie sociale fondée sur le mérite indi­vi­duel.

    Diction­naire Le Robert

    On nous vend la méri­to­cra­tie comme une recherche de société juste et morale fondée sur le mérite indi­vi­duel mais notre appli­ca­tion du concept n’est fondée ni sur le mérite ni ce qui est juste, même théo­rie.


    L’ou­vrier à l’usine en condi­tions diffi­cile « mérite »-t-il moins que le cadre supé­rieur stan­dard ?

    La personne avec un handi­cap mental « mérite »-t-elle moins que le génie avec des compé­tences intel­lec­tuelles supé­rieures ?

    Celle qui a du veiller sur ses proches depuis le collège, y passer des jours et ces week-ends, subve­nir à leurs besoins tôt, « mérite »-t-elle moins que celle qui a pu inves­tir dans des études et déve­lop­per son capi­tal intel­lec­tuel/cultu­rel ?

    La personne en chaise roulante depuis qu’elle a été renver­sée sur la route ou le spor­tif qui s’est cassé quelque chose à l’en­trai­ne­ment « méritent »-t-ils moins que ceux qui conti­nuent leur carrière ?

    La personne qui par voca­tion a choisi d’être infir­mier pour soigner en dispen­saire ou prof en école primaire pour ensei­gner à ceux qui sont en zone diffi­cile, « mérite »-t-elle moins que celle qui a choisi de deve­nir chirur­gien ou profes­seur d’uni­ver­sité ? ou que celle qui a choisi de deve­nir trader en banque, haut fonc­tion­naire, député, chef d’en­tre­prise ou cadre supé­rieur ?

    Celle qui a vécu une mésa­ven­ture amou­reuse ou a simple­ment merdé une année au niveau entre lycée et le début des études supé­rieures « mérite »-t-elle moins que celle qui l’a vécu 10 ans après une fois le chemin de carrière pris ?

    La personne qui a erré entre 10 et 30 ans « mérite »-t-elle moins que celle qui errera entre 50 et 70 ans ?


    Croire dans le mérite permet de mieux dormir le soir en se disant qu’on est là où on en est parce qu’on le mérite, qu’on a fourni des efforts pour ça. Impli­ci­te­ment, si quelqu’un galère c’est en fait un peu sa faute quand même ; s’il le voulait il pour­rait réus­sir à s’en sortir en faisant des efforts et en le méri­tant.

    Bon, ça permet de dormir la nuit si effec­ti­ve­ment vous êtes en bonne posi­tion dans la société, sinon c’est tout le contraire — mais sinon c’est de votre faute et vous n’avez qu’à lâcher cet écran et aller bosser à l’usine pour vous en sortir, vous suivez ?


    Tout au plus pour­rait-on tendre en théo­rie vers une compé­tenço­cra­tie ou une produc­ti­vo­cra­tie, ce qui n’a déjà rien a voir mais qui n’est même pas forcé­ment souhai­table mora­le­ment et encore moins attei­gnable en pratique.

    Et même alors, s’il y a trois places sur le podium, le quatrième ne méri­te­rait-il pas lui aussi d’avoir une place, fut-elle plus basse ?

    Dit autre­ment : Notre société se base sur une hiérar­chie. Être celui qui mérite le moins ne veut pas dire qu’on mérite de galé­rer dans la vie. Ce serait mélan­ger la valeur abso­lue avec la valeur rela­tive. Le concept même de méri­to­cra­tie invi­si­bi­lise ce problème en faisant croire que la hiérar­chie justi­fie la condi­tion déplo­rable de ceux qui sont en bas. Rien n’est moins évident.

    Dire à quelqu’un qu’il peut s’en sortir par le mérite ne répond pas à ça puisque c’est juste­ment une hiérar­chie. On peut méri­ter plus que le voisin, et donc passer au-dessus. Dans ce cas c’est le voisin passera en-dessous. Peu importe les efforts et le mérite, notre hiérar­chie en lais­sera quand même au fond du trou.

    Vouloir une méri­to­cra­tie c’est vouloir une hiérar­chie sociale. Est-ce que je veux vrai­ment une hiérar­chie sociale ? Est-ce que je crois que certains doivent ou méritent d’être au-dessous des autres ?

  • La peine ou la réac­tion à un problème doit être juste, néces­saire et propor­tion­née

    Je tiens au « juste, néces­saire et propor­tion­née » plutôt que « juste, néces­saire ou propor­tion­née ».

    On ne peut pas justi­fier quelque chose unique­ment parce qu’« il le mérite », « c’est sa faute » ou « il n’avait qu’à pas […] » et autres « il fallait y penser avant ».

    On ne devrait pas plus justi­fier la réac­tion par l’éven­tuelle douleur d’une victime ou par le préju­dice créé initia­le­ment. Faire le mal ne répa­rera jamais le passé. Les maux s’ad­di­tionnent et ne s’an­nulent pas l’un l’autre.

    Si ce n’est pas néces­saire ou que ce n’est pas propor­tionné, c’est juste un problème supplé­men­taire. Rappel lié : Quand on parle de personnes, de leurs actions ou de leur travail, on juge sur les inten­tions ainsi que les efforts ou les moyens déployés, pas sur les résul­tats.