Catégorie : Technique

  • Fin ou trans­for­ma­tion d’un métier

    BD tirée de CommitStrip.

Première case: le chef/commercial parle avec l'ingénieur informaticien.
Case 1 : le commercial vient voir l'informaticien, un mug à la main. L'informaticien est sur son PC, un mug à côté aussi.
Commercial : un jour on n'aura plus besoin de codeur. On aura juste à définir des spécifications et ça générera automatiquement une application.

Case 2 : le commercial est en train de boire dans son mug.
Infoteux, devant son PC et un mug de café : T'as raison, il suffira simplement d'écrire des spécifications complètes et précises et pouf, plus besoin de codeur !
Commercial, l'air satisfait : c'est ça !

Case 3.
Infoteux : Et tu sais comment on appelle des spécifications suffisamment complètes et précises pour qu'un programme puisse générer une application ?
Commercial, dubitatif : Euh... Non ?

Case 4.
Informaticien, l'air blasé, pointant son clavier : Du code. On appelle ça du code.

Le commercial est tellement surpris qu'il penche son mug par inadvertance et renverse un peu le breuvage sacré.

(le alt n'est pas de moi et à été honteusement repompé)
    « Il suffira d’écrire des spéci­fi­ca­tions complètes et précises »

    Je revois cette planche de BD dans une conver­sa­tion et je trouve qu’elle passe à côté d’un élément fonda­men­tal : On ne trans­met pas juste­ment pas de spéci­fi­ca­tions complètes et précises au déve­lop­peur.

    Complé­ter, préci­ser

    Une grosse partie du boulot de déve­lop­peur c’est complé­ter et préci­ser ces spéci­fi­ca­tions incom­plètes et impré­cises.

    Complé­ter, préci­ser, le tout à partir du contexte projet, des habi­tudes et de l’im­pli­cite courant… C’est le cas d’usage exact des LLM.

    On essaie de leur faire faire « de l’IA » mais ces outils sont en premier lieu de formi­dables outils de complé­tion à partir d’un contexte et de l’im­pli­cite habi­tuel pour un type de tâche donnés. Bref, le travail d’un déve­lop­peur.

    Refor­mu­ler dans un langage plus formel

    Que fait le déve­lop­peur d’autre ? Il traduit ça dans un langage formel (le code).

    Refor­mu­la­tion, ça aussi c’est le cas d’usage parfait pour les LLM.

    La dernière tâche du déve­lop­peur est très tech­nique. C’est de l’in­gé­nie­rie logi­cielle, réus­sir à tout agen­cer pour que ce soit faci­le­ment testable, main­te­nable, évolu­tif, etc.

    Une grosse part de cette dernière tâche est basée sur l’ap­pren­tis­sage et la repro­duc­tion de motifs ou de pratiques. Le LLM est aussi parfait pour ça.

    Il reste aussi qu’il s’agit de rendre les choses testables, main­te­nables et évolu­ti­ves… par des humains. Peut être qu’une partie de ce besoin va dispa­raître ou du moins évoluer le jour où le code sera plus mani­pulé par des LLM que par des humains. Leurs besoins, faci­li­tés et diffi­cul­tés sont forcé­ment diffé­rents des nôtres.


    Appren­tis­sage

    Oui il faudra faire des aller-retours avec l’ou­til pour complé­ter ou corri­ger sa complé­tion. Il en va de même du déve­lop­peur, surtout lors de sa première arri­vée dans une équipe ou dans un projet.

    Oui un LLM fera des erreurs d’in­ter­pré­ta­tion. Un déve­lop­peur aussi.

    Est-ce que les allers-retours et erreurs seront plus impor­tants que ceux avec un déve­lop­peur ? Aujourd’­hui proba­ble­ment, demain je n’en sais rien, peut-être.

    Est-ce que ces allers-retours et correc­tions seront plus coûteux qu’un déve­lop­peur ? Alors là je n’en sais rien, mais je ne parie­rai pas dessus.

    Besoin d’ex­per­tise

    Est-ce qu’on aura toujours besoin d’un déve­lop­peur et d’ex­per­tise pour accom­pa­gner l’ou­til auto­ma­tique ? Très proba­ble­ment sur une partie, oui, mais proba­ble­ment moins en propor­tion qu’on n’en a besoin aujourd’­hui.

    Très certai­ne­ment aussi que le travail sera diffé­rent de celui d’aujourd’­hui, et que savoir inter­agir avec les outils auto­ma­tiques sera essen­tiel dans les compé­tences requises. C’est déjà partiel­le­ment le cas aujourd’­hui. On ne code pas comme au temps des cartes perfo­rées. C’est juste que les outils vont chan­ger et vont très proba­ble­ment prendre une plus grande place.


    Certi­tudes

    Je ne donne que mes certi­tudes, mes croyances et mes craintes. Je ne connais pas plus le futur que d’autres. J’ai juste le senti­ment, sans aucune tech­no­béa­ti­tude, qu’il est en train d’ar­ri­ver.

    On fait faire, dire ou espé­rer plein de choses quand on parle d’IA. Il ne s’agit pas de voiture volantes et autres IA sentientes ici.

    Ici je parle LLM, complé­tion et refor­mu­la­tion de textes. Je peux me trom­per et je ne mets ma main au feu à propos de rien, mais je me base sur des capa­ci­tés qui sont déjà là aujourd’­hui.

    Juger le futur

    Est-ce souhai­table socia­le­ment ? Est-ce soute­nable pour la planète ? Comment va-t-on gérer la tran­si­tion au niveau de la société ?

    Ce sont honnê­te­ment d’ex­cel­lentes ques­tions dont j’ai­me­rais avoir les réponses.

    Le fond n’est pas si je souhaite ou pas ce futur, c’est que je constate qu’il est en train d’ar­ri­ver, et que je veux pas faire semblant de l’igno­rer.


    Pour les futurs déve­lop­peurs

    Je crains une vraie crise dans le métier dans quelques années. Certains, beau­coup, vont rester sur le carreau.

    Je ne sais pas si j’en­cou­rage les plus jeunes à se lancer dans le déve­lop­pe­ment infor­ma­tique. Si vous le faites, je vous encou­rage à à la fois deve­nir très vite expert (parce que j’ima­gine qu’on aura besoin des experts pour complé­ter les LLM), et apprendre à coder via les LLM (pas juste « avec ») même si ce n’est pas rentable aujourd’­hui.

    Je suis conscient de la contra­dic­tion à deman­der aux juniors de deve­nir immé­dia­te­ment expert.

    Je ne suis pas certain qu’il y ait un avenir pour les déve­lop­peurs moyens, ou pour les junior. Leur valeur ajou­tée sera faible et il y aura dans un premier temps suffi­sam­ment de déve­lop­peurs formés pour jouer les experts sans devoir inves­tir des années dans des compé­tences inter­mé­diaires qui pour­raient deve­nir experts un jour.

    Pour choi­sir son futur

    Si vous êtes très tech, faites des maths, de la mani­pu­la­tion de données, des statis­tiques, et globa­le­ment de l’IA. Les places seront peut être chères et deman­de­ront des compé­tences plus avan­cées que pour être déve­lop­peur, mais il y aura du travail.

    Si vous avez envie de créer, pour moi l’ave­nir est plus dans les métiers du produit, des product mana­ger avec une colo­ra­tion et un inté­rêt tech­nique. Ça veut dire savoir parler busi­ness, marché, client, etc.

    Pour les déve­lop­peurs actuels

    Pour ceux qui sont encore majo­ri­tai­re­ment les mains dans le code, je vous conseille de passer au plus tôt dans le déve­lop­pe­ment via les LLM.

    Je sais que vous n’en ressen­tez pas le besoin, que ces outils font des erreurs que vous ne faites pas, que ça ne vous accé­lère pas aujourd’­hui.

    Le fond c’est que les plus jeunes ça les accé­lère, que demain ils auront déve­loppé leur exper­tise mais sauront aussi utili­ser ces outils, et qu’ils en compren­dront assez les limites et les défauts pour être l’ex­pert dont le métier aura besoin.

    Il y aura encore long­temps de la place pour des vieux experts du code pour la main­te­nance et pour les gros groupes qui ont plusieurs géné­ra­tions de retard. Il y a aujourd’­hui toujours besoin de déve­lop­peurs et Cobol. La vraie ques­tion : Est-ce le posi­tion­ne­ment auquel vous aspi­rez ?

    Et moi, direc­teur tech­nique ?

    Honnê­te­ment je ne sais pas. Je ne sais pas bien quel sera mon avenir.

    Le mana­ge­ment de grandes équipes de déve­lop­pe­ment risque d’être aussi has been demain que les vieux DSI dépas­sés d’aujourd’­hui. Est-ce que je veux être de ceux là ? Je ne sais pas.

    J’ado­re­rais prendre la tête d’équipes de data science, mais j’ima­gine qu’il y a une batte­rie de docteurs sur les rangs, avec une exper­tise qui me ferait défaut.

    Entre temps je vais proba­ble­ment au moins essayer d’in­té­grer des équipes qui ont sont alignées avec tout ce que je viens d’écrire.

  • Safe­tyCore

    Je vois passer pas mal d’af­fo­le­ment et de FUD à propos du nouveau service Safe­tyCore sur Android.

    C’est quoi ?

    Le service a été annoncé par Google. Il sert à clas­ser les messages entrants pour iden­ti­fier les usages malveillants ou douteux. Il iden­ti­fie aussi la nudité sur les images pour la masquer en l’at­tente de confir­ma­tion de l’uti­li­sa­teur.

    Ce dernier usage est indiqué comme activé par défaut pour les mineurs, qui béné­fi­cie­raient aussi d’une alerte infor­ma­tive quand ce sont eux qui envoient des images sensibles.

    Tout ça est traité en local. En consé­quence, ce n’est pas un service d’es­pion­nage, de tracking ou d’in­for­ma­tion vers les auto­ri­tés. Rien n’est échangé avec les serveurs de Google ou envoyé vers une autre desti­na­tion.

    Est-ce qu’on peut avoir confiance ?

    La confiance ça ne se dicte pas, et c’est très person­nel. Les déve­lop­peurs de Graphe­neOS, qu’on peut diffi­ci­le­ment quali­fier de pro-Google, ne semblent rien avoir à y redire.

    Alors oui, on peut imagi­ner que main­te­nant ou à l’ave­nir, Google utilise ce service ou une future mise à jour de ce service pour un usage malveillant. C’est toute­fois vrai avec tous les services de Google, que Google Play met à jour en perma­nence.

    Si vous n’avez pas confiance en Google, le problème n’est pas ce nouveau service. C’est tout l’OS qu’il faut chan­ger, pour un dont Google ne gère pas les mises à jour auto­ma­tiques. Note : Vous devrez quand même faire confiance à quelqu’un, ce sera juste quelqu’un d’autre.

    Ok, mais l’ins­tal­la­tion est cachée quand même…

    Je ne crois pas qu’on puisse dire que l’ins­tal­la­tion est cachée si l’évo­lu­tion a été annon­cée publique­ment il y a plusieurs mois.

    Elle par contre auto­ma­tique. Oui, c’est discu­table. Main­te­nant il faut voir d’où on vient pour comprendre.

    Par le passé Android était un nid à problèmes de sécu­rité. Les construc­teurs ne mettaient pas tous les appa­reils à jour, ou peu long­temps et avec une forte latence.

    Google a fait le choix, proba­ble­ment à raison, de sépa­rer l’OS en deux couches et de s’oc­cu­per lui-même de la mise à jour des services cœurs pour répondre à ces diffi­cul­tés. Il le fait pour les correc­tions comme pour les évolu­tions. Si un service cœur change ou s’ajoute, votre télé­phone en profite même si le construc­teur n’est pas dili­gent.

    Le service dont on parle est bien un service cœur, qui a un rôle de protec­tion. Il est normal qu’il ait suivi la voie de la mise à jour auto­ma­tique.

    C’est discu­table mais mieux que l’al­ter­na­tive.

    Pourquoi n’est-il pas Open Source ?

    Je ne sais pas, mais je peux tenter de suppo­ser.

    Le premier point, c’est que c’est un modèle de tri, pas un algo­rithme. Le code source a moins de sens si le cœur reste un gros paquet binaire.

    Ils auraient pu ouvrir le modèle lui-même, avec son appren­tis­sage. Je ne sais pas pourquoi ils ne l’ont pas fait. Peut-être est-ce pour ne pas donner d’in­di­ca­tion sur comment éviter le clas­se­ment, peut-être est-ce juste parce que l’IA est le sujet à la mode sur lequel ils veulent garder un avan­tage.

  • [Lecture] Custo­mers don’t care about your AI feature

    Rather than enhan­cing percep­tions, the term “gene­ra­tive AI” signi­fi­cantly lowe­red expec­ta­tions of a product’s poten­tial impact

    grow­thun­hin­ged.com

    Peu surpre­nant mais c’est bien d’avoir un peu de chiffres.

    Tout le monde se met à vouloir injec­ter de l’IA par prin­cipe et s’en vanter, y compris là où ça induit plutôt une perte de valeur pour l’uti­li­sa­teur (typique­ment pour de l’in­te­rac­tion avec les équipes support).

    Si je suis étonné, c’est plutôt que l’ef­fet ne soit pas beau­coup plus néga­tif.

  • Bonnes et mauvaises pratiques d’édi­teur de service en ligne

    Je reçois un email qui prétend venir de Lydia et qui me demande de renvoyer mon RIB en réponse si je veux récu­pé­rer mes sous, que sinon j’au­rai des frais à payer, avec une notion d’ur­gence avec  « dernier rappel ».

    Un RIB par email plutôt que de me renvoyer vers le site web ?

    Décompte des points : 1x louche

    L’email provient d’un nom de domaine inconnu au bataillon, qui ne semble pas du tout être celui de Lydia : info.isbs.eu.

    Décompte des points : 2x louche

    Il n’y a aucune page Web ni sur info.isbs.eu, ni sur www.isbs.eu, ni sur isbs.eu.

    Décompte des points : 3x louche

    Les liens de l’email vers l’app ou les docs sont masqués derrière des redi­rec­tions click.isbs.eu, impos­sible de savoir où ça mène mais déjà le premier domaine n’est pas de confiance.

    Décompte des points : 4x louche

    Norma­le­ment je m’ar­rê­te­rais là. Ça ressemble à du phising sur à peu près tous les aspects. Sur un site asso­cia­tif pourquoi pas, mais pas dans le domaine finan­cier et paie­ment.

    Je m’aper­ce­vrai d’ailleurs plus tard que j’ai effec­ti­ve­ment super­be­ment ignoré les emails précé­dents, proba­ble­ment à cause de ça, dont un dont le domaine de réponse (isbs.eu) est diffé­rent du domaine de l’ex­pé­di­teur (lydia-app.com, on y revien­dra), chose assez carac­té­ris­tique d’un spam.

    Décompte des points : 5x louche


    Je ne sais pas, j’ai eu un doute cette fois-ci. L’email m’in­dique un solde crédible. Je veux en avoir le cœur net.

    J’ins­talle l’app Lydia en véri­fiant le nombre de télé­char­ge­ments pour m’as­su­rer que c’est la bonne et je m’iden­ti­fie après avoir bataillé parce que le bouton conti­nuer fait une jolie anima­tion mais sans passer à la page suivante tant que je n’ac­cepte pas les traceurs (vrai­ment ?).

    Décompte des points : 5x louche, 1x gênant

    Sur l’app j’ai un solde à zéro. Bon, je ne l’uti­lise plus mais je sais que mon solde ne devrait pas être zéro. Il y a problème.

    D’ailleurs je clique sur histo­rique pour véri­fier si on ne m’a pas tiré mes sous et je retrouve mes petits, avec du crédit en dernière tran­sac­tion donc impos­sible d’avoir un solde à zéro. Wtf ?

    Décompte des points : 5x louche, 2x gênant

    Hors de ques­tion de m’ar­rê­ter là. Le solde c’est plus de 200 €.


    Je repars sur l’email pour mieux comprendre. On me propose de créer un compte sur l’app Sume­ria. Là je me rappelle que Lydia avait changé de nom.

    Du coup j’ai de nouveau un Lydia et mes sous sont passés ailleurs (peut être avec mon accord ou mon action, même si je ne m’en souviens plus) sans capa­cité de les retrou­ver dans le nouveau Lydia.

    Décompte des points : 5x louche, 3x gênant

    J’ins­talle donc l’app Sume­ria en véri­fiant sa vrai­sem­blance. Je n’ose même pas tenter de refu­ser les traceurs ce coup ci et je tente direct de m’iden­ti­fier avec le mot de passe Lydia (il m’est proposé par bitwar­den donc soit c’est reconnu comme étant le même compte soit j’ai déjà manuel­le­ment ajouté l’app Sume­ria à ce compte Lydia).

    Il ne me dit pas que le mot de passe est mauvais mais me dit qu’il y a eu trop de tenta­tives (au premier essai). Pour­tant il m’avait demandé mon mot de passe après m’avoir demandé mon iden­ti­fiant, et me le rede­mande à nouveau. Je ne comprends pas.

    Décompte des points : 5x louche, 4x gênant

    La réini­tia­li­sa­tion de mot de passe me dit qu’ils feront une véri­fi­ca­tion d’iden­tité. Je suis dans le train donc ça va être diffi­cile, et le message du nombre de tenta­tives m’in­cite à penser qu’ils ne lais­se­ront pas passer une réini­tia­li­sa­tion sans procé­dure manuelle de leur part.

    Je tente plutôt le support, en deman­dant confir­ma­tion que l’email de départ est légi­time malgré son nom de domaine, et si oui comment j’au­rais pu le savoir (sous-entendu : c’est louche, faites mieux). En même temps je signale l’his­toire du nombre de tenta­tives.

    C’est un formu­laire, il faut que je laisse email et télé­phone avant de lais­ser le message. Je ne l’avais pas compris tout de suite (ça me fait arri­ver sur une zone de texte pleine page sans label) mais j’ai du cliquer trop vite.


    Peu après je reçois un email prove­nant du même domaine qu’à l’ori­gine, isbs.eu, sauf que cette fois-ci je n’ai même pas un nom Lydia ou Sume­ria dans le champ expé­di­teur.

    Décompte des points : 5x louche, 5x gênant

    L’email est taggé « This message might be suspi­cious or spam. » par Gmail.

    Décompte des points : 6x louche, 5x gênant

    Tout au moins le message semble être une réponse à une demande de support, ce qui crédi­bi­lise le nom de domaine. Il me demande de répondre par email avec mon numéro de télé­phone. Je suis pour­tant super convaincu de l’avoir donné dans le formu­laire de support.

    Décompte des points : 7x louche, 5x gênant

    La coïn­ci­dence serait trop forte. Je consi­dère que l’email est légi­time et je donne mon télé­phone.

    Je reçois alors encore un email, cette fois-ci de « xxx de Lydia Solu­tions » mais le domaine expé­di­teur a changé (!?) en cours de conver­sa­tion.

    Décompte des points : 8x louche, 5x gênant

    Le nouveau nom de domaine est lydia-app.com. Ok, ça parle de Lydia mais le site web connu de Lydia est lydia.me. C’est quoi ce mic-mac ?

    Décompte des points : 9x louche, 5x gênant

    Je vais voir ce nouveau nom de domaine, qui se révèle une redi­rec­tion vers sume­ria.com (et donc vers Sume­ria et non vers Lydia, alors que le nom réfé­rence Lydia).

    Décompte des points : 9x louche, 6x gênant

    Ok, et cet email me dit d’al­ler sur une page qui va déclen­cher un code par SMS et qu’il faut envoyer ce code SMS par réponse email (!!). J’ai véri­fié deux fois, on me demande de renvoyer par email un code de confir­ma­tion SMS, le truc qu’on dit toujours partout de ne jamais faire.

    Décompte des points : 10x louche, 6x gênant
    (je ne compte qu’un seul point louche mais ça en méri­te­rait bien 5 ou 6)

    Le lien sur lequel cliquer est sur lydia-app.com (pas lydia.me ni sume­ria.com) et cette fois-ci ne redi­rige pas vers Sume­ria. J’ai une page vide, avec un unique bouton au centre de la page. Rien d’autre, dont aucun élément de réas­su­rance. Le certi­fi­cat TLS est un Let’s Encrypt, donc le nom de domaine peut appar­te­nir à n’im­porte qui.

    Décompte des points : 11x louche, 6x gênant

    Je suis joueur, je commence vrai­ment à croire à un truc hyper mal foutu plutôt qu’à une malveillance. Je clique.

    Je reçois un SMS avec un code et un texte qui dit expli­ci­te­ment d’en­voyer ce code par email. J’ap­plau­dis cette réas­su­rance, j’en avais besoin vu la sensi­bi­lité de l’opé­ra­tion et c’est la première de tout le parcours.

    Décompte des points : 11x louche, 6x gênant, 1x réas­su­rance

    J’en­voie donc ce code SMS par email (j’ai dû me forcer). Le support me répond que trois adresses sont valides pour les échanges, une en @info.sume­ria.com, une en @news.sume­ria.eu, et une en @info.isbs.eu.

    Les deux premières j’au­rais accepté la légi­ti­mité d’of­fice. La dernière j’ai quand même du mal à comprendre mais pourquoi pas… si on oublie que c’est une adresse en @lydia-app.com qui me le dit, et qu’elle n’est pas dans la liste. Je ne pinaille pas, c’est impor­tant. Je n’ai pas non plus l’adresse en @isbs.eu par laquelle j’ai eu le début d’échange.

    Décompte des points : 11x louche, 7x gênant, 1x réas­su­rance
    (j’ai hésité entre louche et gênant, je vais consi­dé­rer là que c’est un problème de complé­tude de réponse du support donc juste gênant)

    On me propose aussi de réini­tia­li­ser mon mot de passe à l’aide de ma carte d’iden­tité ou de ma carte bancai­re… qui a expiré depuis.

    Décompte des points : 11x louche, 8x gênant, 1x réas­su­rance

    Pas grave, je vais répondre au mail du tout départ avec mon RIB main­te­nant que j’ai une bonne confiance qu’il est légi­time. Tant pis pour le compte Sume­ria. Tout ça ne m’a pas donné assez confiance pour le restau­rer.

    J’ai quand même été aidé après 20h le soir, rapi­de­ment, par email. C’est posi­tif.

    Décompte des points : 11x louche, 8x gênant, 1x réas­su­rance, 1x posi­tif

    De façon ironique mais quand même réel­le­ment pour aider à amélio­rer, je lui répond que son email à elle n’est pas sur la liste des adresses légi­times et que tout ça n’est pas top pour les bonnes pratiques de sécu­rité.

    Là elle me répond avec un lien qui donne effec­ti­ve­ment les adresses légi­times possibles. Je me rends compte que j’au­rais pu m’épar­gner tout ça en cher­chant sur google le nom de domaine. Je serais tombé sur cette page. Fati­gué, ça n’a pas été mon réflexe mais est-ce vrai­ment à moi de compen­ser leur fonc­tion­ne­ment louche ? Je compte une réas­su­rance utile quand même.

    Décompte des points : 11x louche, 8x gênant, 2x réas­su­rance, 1x posi­tif

    Vous savez quoi ? La page ne contient effec­ti­ve­ment que les trois adresses qu’elle m’a donné, il manque donc une adresse en @isbs.eu (seul un sous-domaine « info » est listé, et pas avec le même utili­sa­teur) et rien ne liste le domaine lydia-app.com avec lequel je discute et qui m’a demandé un code SMS.

    Décompte des points : 12x louche, 8x gênant, 2x réas­su­rance, 1x posi­tif
    (là c’est point louche vu que la page web offi­cielle et plus une discus­sion)

    Elle m’a répondu à côté. Je lui dit que son email n’est pas listé là-bas non plus. Je mets un smiley, je suis plus amusé mais je le signale expli­ci­te­ment quand même parce que sinon ça ne sera pas corrigé.

    Malheu­reu­se­ment elle insiste. Elle me dit que c’est bien sur la page web (mais non). Je sens que je l’agace.

    Décompte des points : 12x louche, 9x gênant, 2x réas­su­rance, 1x posi­tif

    J’in­siste moi-même. Désolé. J’ai besoin d’avoir l’im­pres­sion que ce sera traité. Je cite la page, expli­cite que le domaine n’y est pas. Mon propos est peut-être moi aussi un peu agacé. Je dis que je m’ar­rê­te­rai là. Ma ques­tion a eu une réponse la suite c’était pour aider, pas pour me prendre la tête avec une personne du support qui est proba­ble­ment de bonne volonté.

    Je reçois un dernier email pour me dire que les adresses données sont unique­ment pour la commu­ni­ca­tion offi­cielle de Sume­ria et que le service client utilise trois autres adresses en @news.lydia-app.com, @info.lydia-app.com et @lydia-app.com. J’ai un peu de mal à voir pourquoi un news et un info pour du support et en quoi le support n’est pas offi­ciel ou ne méri­te­rait pas d’être crédi­bi­lisé sur la page web de réas­su­rance mais je ne vais pas relan­cer, ce ne sont pas mes oignons.


    Demain je tente­rai d’en­voyer on RIB pour récu­pé­rer mon solde. Je n’ai pas hâte. L’ex­pé­rience ma très forte­ment refroidi côté sérieux et confiance.

    Pour l’ins­tant, si quelqu’un de Lydia/Sume­ria me lit, je me doute qu’il y a des raisons à tout ce circuit, mais vous êtes quand même en train de deman­der à vos utili­sa­teurs de s’ha­bi­tuer et d’agir à l’en­contre de tout ce qu’on présente partout comme des pratiques de sécu­rité contre le phishing :

    • Ne pas prendre en compte les emails venant de domaines incon­nus
    • Ne pas prendre en compte les emails avec une adresse de réponse étrange ou incon­nue
    • Ne pas cliquer sur des liens menant vers des cibles masquées ou incon­nues
    • Ne pas envoyer d’in­for­ma­tions person­nelle ou sensible par email à quelqu’un qui est censé les connaitre déjà
    • Ne JAMAIS envoyer de code de confir­ma­tion SMS par email ou ailleurs que sur la page de login offi­cielle

    Pour une app finance-paie­ment, j’at­tends autre chose. Peu importe les raisons, ça mérite de faire mieux. Il y a des moyens. Au mini­mum :

    • une inter­face web pour les messages du support, héber­gée par le nom de domaine offi­ciel prin­ci­pal (ou un sous-domaine de celui-ci)
    • la capa­cité de retrou­ver sur une page du domaine offi­ciel prin­ci­pal (ou un sous-domaine de celui-ci) les messages d’in­for­ma­tion impor­tants envoyés par email
    • les envois de données sensibles (comme un RIB) sont à faire sur une page web du du domaine offi­ciel prin­ci­pal (ou un sous-domaine de celui-ci) et pas par email
    • des pages web qui listent tous les domaines et adresses qui envoient des emails en votre nom (support inclus)
  • IA : L’élé­phant dans le couloir

    Je me vois mal commen­cer à plon­ger dans l’IA1 en igno­rant toute la ques­tion éner­gé­tique. Je commence ce billet pour essayer d’y voir clair.

    C’est un brouillon partagé où je vais poser des notes au fur et à mesure des lectures, pas une conclu­sion.

    On a tous nos biais, moi aussi. Quelques posi­tions de départ :

    1. J’ai un gros biais néga­tif à la base. J’ai vu passer les délires de la réalité virtuelle, des seconds mondes, du web3 et autres crypto-actifs. Je m’en suis tenu aussi éloi­gné que possible, j’en suis bien heureux et je ne souhaite vrai­ment pas entrer dans un gros hype alors que j’ai réussi à éviter les précé­dents. Le fait qu’une partie des suppor­ters de l’IA étaient suppor­ter du web3 n’est pas trop en faveur des ques­tions d’IA.
    2. Le second gros biais néga­tif vient de mes commu­nau­tés et lectures. Je navigue dans des sphères très concer­nées par les enjeux clima­tiques, qui font les efforts asso­ciées, et qui sont dans l’en­semble extrê­me­ment critiques vis-a-vis de l’IA, pour ne pas dire en total rejet. Ça ne me lie pas, mais c’est une posi­tion de départ et il est toujours diffi­cile de sortir tota­le­ment de ses préju­gés. Ici ça me sera d’au­tant plus diffi­cile que ça voudra dire tenir une posi­tion oppo­sée aux personnes qui m’en­tourent.
    3. À l’op­posé, je vois les trans­for­ma­tions à venir dans mon métier et cette fois-ci, j’y crois. J’ai à la fois envie d’être dans le train, et peur pour mon avenir si je décide de ne pas monter pour des raisons morales. Ça joue, et il va falloir que je fasse atten­tion à ce que ça ne me fasse pas cher­cher des prétextes ou des excuses.
    4. Enfin, j’ai aussi vécu les propos inco­hé­rents sur les enjeux clima­tiques, avec la chasse aux emails à effa­cer ou des préco­ni­sa­tions qui oublient tota­le­ment les ordres de gran­deurs. Parfois on désigne l’en­nemi à abattre et quand les chiffres ne tiennent pas on fini par « tout compte », ce qui est à la fois vrai et à la fois parfois juste un prétexte pour justi­fier une mauvaise posi­tion.

    Pour expli­ci­ter le dernier point, je me refuse à juste regar­der la consom­ma­tion éner­gé­tique en absolu. Il faut tout réduire mais pas tout suppri­mer. L’enjeu c’est de savoir où et comment couper.

    illustration d'un graphique en deux axes, sobriété énergétique et utilité. L'intérieur est coloré du vert (sobre et utile) marqué "à garder" jusqu'au rouge (pas sobre, pas utile) marqué "à jeter"

    Pour l’ins­tant je vais déjà collec­ter les liens qu’on me fait suivre (en vrac dans un premier temps) :


    1. C’est amusant, je vois que j’uti­lise IA quand je donne un ton posi­tif et LLM quand je donne un ton néga­tif, quand bien même dans ces contextes je parle fina­le­ment de la même chose. Je vais garder IA ici mais c’est un sujet de réflexion. ↩︎
  • Lecture de Steve Yegge : « The Death of the Stub­born Deve­lo­per »

    De  « The Death of the Stub­born Deve­lo­per »

    Here’s the rub: As of about May, LLMs can now execute most of the leaf tasks and even some higher-level inter­ior tasks, even on large soft­ware projects. Which is great. But what’s left over for humans is prima­rily the more diffi­cult plan­ning and coor­di­na­tion nodes. Which are not the kind of task that you typi­cally give junior deve­lo­pers.

    C’est peut être là que je diverge. C’est vrai pour les déve­lop­peurs « code », un peu moins pour les déve­lop­peurs « produit ».

    Howe­ver, some junior engi­neers pick this new stuff up and fly with it, basi­cally uple­ve­ling them­selves. And many senior engi­neers seem to be heading towards being left behind. So what is it, then?

    (…)

    Chat-Orien­ted Program­ming, CHOP for short (or just chop). Chop isn’t just the future, it’s the present. And if you’re not using it, you’re star­ting to fall behind the ones who are.

    Ne croyez pas qu’on a à faire à encore un rêveur qui imagine un futur avec des voitures volantes. On parle du présent.

    They believe these gene­ric auto­no­mous soft­ware agents will solve the problem of chop being too diffi­cult and toil­some. In fact some people claim that agents can take over the task graph enti­rely, perhaps at least for small busi­nesses, allo­wing non-tech­ni­cal CEOs to launch apps them­selves without having to hire any pesky deve­lo­pers.

    I think those people are smoking some serious crack.

  • Lecture de Steve Yegge :  « The Death of the Junior Deve­lo­per »

    De  « The Death of the Junior Deve­lo­per »

    Gene, as an accom­pli­shed and senior author, is deligh­ted with his produc­ti­vity gains with his LLM of choice, Claude Opus. He showed me a big writing project that he’d just fini­shed, in which he had spent easily 45+ minutes craf­ting the prompt, refi­ning it until he had a 7500-word narra­tive that could serve as a star­ting point for rewri­ting, editing, and adjust­ment. (In compa­ri­son, this blog post is about half that size.) And that draft was fantas­tic. I’ve read it and it’s glorious.

    On a good day, Gene can write 1,000 words per day. His esti­mate is that Claude did for him in 90 minutes what would normally have taken him ten days. It solves the « blank-page problem » and gets him to the 20-yard line, where the fun begins.

    Il y a d’autres histoires. Je note un motif que ceux qui répondent « qualité » ne semblent pas voir.

    L’IA est un outil. On ne lui demande pas force­ment de savoir tout faire, ni même de le faire bien. On lui demande de savoir faire assez pour amener le donneur d’ordre plus loin, ou plus vite, et majo­ri­tai­re­ment de lui permettre de se concen­trer sur sa tâche réelle, son vrai métier. C’est vrai même pour celui dont la tâche est l’écri­ture.

    My senior colleagues have recently recoun­ted simi­lar chat scena­rios in which a more junior dev would have been comple­tely taken in, poten­tially losing days to weeks of work going the wrong direc­tion.

    Or worse.

    Chat, it seems, is safer for senior program­mers than it is for junior ones. And a lot of compa­nies are going to inter­pret « safer » to mean « better. »

    (…)

    Brie­fly, what do I mean by « senior » here? Really just two things:

    –  You know what you want before the AI writes it. You already have a vision for how you would write this by hand, or have it narro­wed to a few reaso­nable options.
    –    You can detect when it is giving you bad guidance.

    J’ajou­te­rais : savoir utili­ser l’ou­til. Ça reste un outil. Comprendre ses limites, sa zone d’ef­fi­ca­cité et comment en obte­nir le meilleur peut faire la diffé­rence.

    Rien que : aujourd’­hui les tâches répé­ti­tives finissent toujours par dérailler mais qu’il est parfait pour créer le code qui va faire cette tâche répé­ti­tive (comme un déve­lop­peur en fait).

  • Lecture d’Anne Vella : « Dear Soft­ware Engi­neer: It’s Time to Reclaim Your Role »

    Cita­tions d’Anne Vella :

    I totally agree that soft­ware engi­nee­ring should be a lot more than just writing code. When I studied compu­ter science at univer­sity, they taught us how to elicit requi­re­ments, write user stories, design user inter­faces and apply UX prin­ciples, archi­tect complex systems, create test plans, execute test cases and so much more. The whole shebang.

    De mon temps on appe­lait ça de façon mépri­sante les pisseurs de code. Et pour­tant, à cause de la spécia­li­sa­tion, je vois énor­mé­ment d’in­gé­nieurs tomber dans cette caté­go­rie de « déve­lop­peur expert ».

    J’en ai même vu s’in­di­gner qu’on arbitre trop souvent en faveur du produit et des utili­sa­teurs plutôt qu’en faveur d’une qualité de code interne.

    Rien qu’à dire ça je sais que je vais avoir quelques réac­tions assez fortes.

    Personne n’a raison mais ça devient des métiers diffé­rents.

    Steve Yegge recently wrote a follow-up to his contro­ver­sial article The Death of the Junior Deve­lo­per, refra­ming his posi­tion as The Death of the Stub­born Deve­lo­per. He talks about how if you’re not adop­ting Chat-Orien­ted Program­ming, or CHOP, you’re getting left behind

    Je ne joue­rai pas à qui va devoir chan­ger.

    Je suis convaincu que les déve­lop­peurs « produit » vont devoir chan­ger de façon de travailler. Pour autant, le besoin ne va pas dispa­raître, loin de là. Les juniors vont vite avoir des super-pouvoirs. Les seniors qui se reposent un peu trop sur leur savoir acquis, sur la complexité du code set sur le besoin de renou­vel­le­ment perma­nent de techno vont eux avoir du soucis à se faire parce que leur valeur ajou­tée va deve­nir faible.

    On ne rempla­cera pas les déve­lop­peurs « code » experts. L’IA tant vantée n’est quand même qu’un outil statis­tique et je ne la vois pas de si tôt créer du code profond tel qu’on peut en trou­ver dans les biblio­thèques de code qui forment les briques de base. On aura besoin de personnes qui comprennent le fonc­tion­ne­ment de tout ça pour savoir quoi faire (éven­tuel­le­ment assis­tés par de l’ia s’ils le veulent). Là ce sont les juniors qui vont avoir du mal à trou­ver une place.

    Pour être franc je ne sais pas si tout ça est vrai­ment neuf. L’IA va juste démul­ti­plier un effet déjà exis­tant, mais peut être au point de rendre certains posi­tion­ne­ments très diffi­ciles à tenir.

    So dear soft­ware engi­neer, please take heed. If you’re not a “product engi­neer” and have specia­li­sed in writing code, AI may indeed take your job. But this isn’t just a warning – it’s an oppor­tu­nity. It’s time to reclaim your role and return to what soft­ware engi­nee­ring was always meant to be: a craft that combines tech­ni­cal exper­tise with problem-solving, user empa­thy, and busi­ness acumen. The future belongs to those with curio­sity who can see beyond the code.

    Mes propos semblent peut être trop alar­mistes, ou trop futu­ristes. J’ai l’im­pres­sion qu’on passe des paliers très vite.

    Je ne saurais trop conseiller aux déve­lop­peurs qui veulent prévoir leur avenir de sauter sans filet et de passer au CHOP et BATON décrits dans le billet cité.

    Si ça n’ac­cé­lè­rera pas grand chose aujourd’­hui, savoir comment utili­ser ses outils correc­te­ment demande un chan­ge­ment de para­digme et donnera plusieurs longueurs d’avance d’ici quelques années au plus.

    Si vous avez vu le sex appeal des déve­lop­peurs « no code » (non, il n’y a pas contra­dic­tion), ça va vite de démul­ti­plier.

    C’est une croyance de ma part mais elle est très forte.


    Oui, je sais. Il y a aussi à côté d’énormes enjeux éner­gé­tiques. J’ai­me­rais bien qu’on puisse les igno­rer mais je ne le crois pas. Je ne les mets pas de côté.

    Main­te­nant consi­dé­rant le coût des ingé­nieurs, celui de l’usage de ces outils, la valeur qu’on en tire, le futur sera quand même celui là. On peut refu­ser mais il faudra au mieux se prépa­rer à oublier les périodes fastes du point de vue emploi et salaire, pour ceux qui trou­ve­ront un emploi.

    Je n’ai pas la solu­tion à tout ça. Je me contente d’ob­ser­ver.

  • Prude IA

    Le contrôle des réseaux et de l’in­for­ma­tique par les États-Unis me saute à la figure de plus en plus souvent.

    Il y a peu, je lis que les États-Unis inter­disent TikTok si l’ac­ti­vité n’est pas reven­due à un tiers. L’enjeu c’est est celui de la sécu­rité natio­nale avec le fait que c’est une base chinoise et pas une base améri­caine. En même temps il y a une pres­sion qui commence à se consti­tuer de la part des États-Unis pour que l’Eu­rope ne bride pas les services améri­cains, voire qu’ils consi­dèrent les amendes de régu­la­tion de X ou de Meta comme du protec­tion­nisme au titre des règles de libre échange. Si l’im­pé­ria­lisme numé­rique se faisait par influence, main­te­nant on est dans le rapport de force clair et net.

    Ce n’est pas qu’une ques­tion écono­mique. Les liber­tés et inter­dits font partie de ce qui nous est imposé. C’est vrai autant pour le légal que pour le légal. Il est inté­res­sant de voir que les IA n’ont pas de filtre avan­cée pour gérer la vie privée mais qu’elles sont inca­pables de parler de corps fémi­nin ou de sexe. On importe à la fois leur free speech et leurs tabous.

    Où est-ce que ça nous mène ? Je ne sais pas, mais voyant quelle place est amenée à prendre l’IA, le fait qu’elle se fixe sur des règles du jeu d’un seul pays me met quelque part très mal à l’aise.