IA, l’élé­phant dans le couloir (quatrième)

J’étais resté sur des esti­ma­tions assez diverses lors de mon dernier billet.

Là on a une colla­bo­ra­tion entre Carbone 4 (Jean-Marc Janco­vici) et Mistral sur leur plus gros modèle, en regar­dant le cycle de vie complet : en partant de la construc­tion des équi­pe­ments et des data­cen­ter jusqu’au réseau et au termi­nal des utili­sa­teurs finaux, en passant bien évidem­ment par l’en­trai­ne­ment et le coût des requêtes elles-mêmes.

Impact d'une page de texte générée (400 tokens) avec le modèle Large 2 de Mistral AI.

1,14 gramme eqCO2
0,05 litre d'empreinte d'eau
0,2 milligramme eq Sb

Je vais lais­ser la ques­tion des mine­rais parce que je connais trop peu le sujet (vos liens sont les bien­ve­nus).

Le reste je sais compa­rer.

En équi­valent CO2, votre tasse de café du matin vaut dans les 100 pages de texte géné­rées par le modèle de langage le pIus large, entrai­ne­ment et maté­riel inclus.

Un repas une fois dans l’an­née avec 100 grammes de crevettes, c’est l’équi­valent d’une cinquan­taine de pages de texte géné­rées par le modèle de langage le plus large, entrai­ne­ment et maté­riel inclus.

En eau c’est encore plus flagrant. Votre tasse de café du matin a une empreinte de 140 litres d’eau (non, il n’y a pas d’er­reur de virgule), soit envi­ron 2 800 pages de texte géné­rées par le modèle de langage le plus large.

Une petite portion de 120 grammes de bœuf une seule fois dans l’an­née c’est l’équi­valent en eau de 80 pages de textes géné­rées par le modèle de langage le plus large, chaque jour, toute l’an­née.


Encore cette fois-ci, mon discours n’est pas de dire qu’on s’en moque, surtout si ces usages s’ajoutent partiel­le­ment aux exis­tants — chaque ajout freine la baisse néces­saire de nos émis­sions — mais il est préfé­rable de garder les ordres de gran­deur en tête pour éviter de foca­li­ser au mauvais endroit.

Pour pous­ser le bouchon : Si une marque de cafe­tières propo­sait d’em­barquer un petit modèle de langage dans ses appa­reils pour limi­ter les fuites ou les tasses trop remplies (c’est un exer­cice de pensée, les LLMs seraient tota­le­ment inutiles pour ça en réalité), je suis certain qu’on enten­drait crier à l’as­sas­si­nat de la terre alors que ça serait très faci­le­ment rentable du point de vue des enjeux clima­tiques et des ressources terrestres.

TL;DR: Arrê­tez le café, la viande rouge et les crevettes.


Vu autre­ment, même en utili­sant très massi­ve­ment l’IA (100 pages géné­rées par jour, ce qui me parait énorme), en le faisant avec le modèle le plus large (pourquoi ?), on est à 41 Kg eqCO2 et 1 800 L d’em­preinte d’eau. Ça repré­sen­te­rait 0,5% de la consom­ma­tion d’un français moyen en eqCO2 (8 tonnes eqCO2 annuelles) et 0,8% en empreinte d’eau (214 000 litres annuels), sachant que ça évite aussi quelques usages donc on ne peut pas se conten­ter d’ad­di­tion­ner.

Bien évidem­ment, ça a aujourd’­hui peu de sens d’ima­gi­ner avoir une telle consom­ma­tion, même pour quelqu’un qui s’y livre massi­ve­ment, et encore moins en utili­sant à chaque fois les modèles les plus larges.

Ça permet toute­fois de tracer une limite haute. Sauf rare excep­tion, même les plus gros utili­sa­teurs ne vont pas se retrou­ver avec un usage signi­fi­ca­tif par rapport à leur vie actuelle.

Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *