J’étais resté sur des estimations assez diverses lors de mon dernier billet.
Là on a une collaboration entre Carbone 4 (Jean-Marc Jancovici) et Mistral sur leur plus gros modèle, en regardant le cycle de vie complet : en partant de la construction des équipements et des datacenter jusqu’au réseau et au terminal des utilisateurs finaux, en passant bien évidemment par l’entrainement et le coût des requêtes elles-mêmes.

Je vais laisser la question des minerais parce que je connais trop peu le sujet (vos liens sont les bienvenus).
Le reste je sais comparer.
En équivalent CO2, votre tasse de café du matin vaut dans les 100 pages de texte générées par le modèle de langage le pIus large, entrainement et matériel inclus.
Un repas une fois dans l’année avec 100 grammes de crevettes, c’est l’équivalent d’une cinquantaine de pages de texte générées par le modèle de langage le plus large, entrainement et matériel inclus.
En eau c’est encore plus flagrant. Votre tasse de café du matin a une empreinte de 140 litres d’eau (non, il n’y a pas d’erreur de virgule), soit environ 2 800 pages de texte générées par le modèle de langage le plus large.
Une petite portion de 120 grammes de bœuf une seule fois dans l’année c’est l’équivalent en eau de 80 pages de textes générées par le modèle de langage le plus large, chaque jour, toute l’année.
Encore cette fois-ci, mon discours n’est pas de dire qu’on s’en moque, surtout si ces usages s’ajoutent partiellement aux existants — chaque ajout freine la baisse nécessaire de nos émissions — mais il est préférable de garder les ordres de grandeur en tête pour éviter de focaliser au mauvais endroit.
Pour pousser le bouchon : Si une marque de cafetières proposait d’embarquer un petit modèle de langage dans ses appareils pour limiter les fuites ou les tasses trop remplies (c’est un exercice de pensée, les LLMs seraient totalement inutiles pour ça en réalité), je suis certain qu’on entendrait crier à l’assassinat de la terre alors que ça serait très facilement rentable du point de vue des enjeux climatiques et des ressources terrestres.
TL;DR: Arrêtez le café, la viande rouge et les crevettes.
Vu autrement, même en utilisant très massivement l’IA (100 pages générées par jour, ce qui me parait énorme), en le faisant avec le modèle le plus large (pourquoi ?), on est à 41 Kg eqCO2 et 1 800 L d’empreinte d’eau. Ça représenterait 0,5% de la consommation d’un français moyen en eqCO2 (8 tonnes eqCO2 annuelles) et 0,8% en empreinte d’eau (214 000 litres annuels), sachant que ça évite aussi quelques usages donc on ne peut pas se contenter d’additionner.
Bien évidemment, ça a aujourd’hui peu de sens d’imaginer avoir une telle consommation, même pour quelqu’un qui s’y livre massivement, et encore moins en utilisant à chaque fois les modèles les plus larges.
Ça permet toutefois de tracer une limite haute. Sauf rare exception, même les plus gros utilisateurs ne vont pas se retrouver avec un usage significatif par rapport à leur vie actuelle.
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