Lâcher les coûts

L’ar­ri­vée des LLMs dans le déve­lop­pe­ment web met pas mal en lumière l’ap­proche inco­hé­rente de la plupart des socié­tés françaises par rapport aux coûts.

Un Cursor c’est 40$ par mois et par déve­lop­peur. C’est moins d’une heure de travail d’un déve­lop­peur stan­dard en France.

On est en dessous des paliers où on devrait même en parler. Si l’au­to­no­mie de vos déve­lop­peurs ne va pas jusqu’à leur faire confiance pour une heure de travail, vous avez pas mal de choses à remettre en cause dans votre orga­ni­sa­tion.

En réalité, les équipes qui font d’ores-et-déjà un usage inten­sif de l’IA sur tout leur process — et pas unique­ment la côté complé­tion de code dans l’édi­teur —1 ont proba­ble­ment des factures qui sont au-delà des 100$ ou 200$ par mois et par déve­lop­peur.

Je ne serais pas étonné que, dans ces équipes, on trouve faci­le­ment la demie-jour­née de travail gagnée qui justi­fie l’abon­ne­ment Ultra à 200$.

En fait, dans mes lectures actuelles, je vois même parler de 2000$ par mois et par déve­lop­peur. Là on commence à parler. Là ça demande de savoir si on démul­ti­plie vrai­ment la force de travail ou si on se contente de faci­li­ter le travail.

Peut-être que le coût se justi­fie déjà, et on a un chan­ge­ment struc­tu­rel dans la façon de travailler. Peut-être que ce n’est pas encore le cas, mais lais­ser ceux qui le veulent jouer à ce niveau rend possible de voir appa­raitre un tel chan­ge­ment2.

Le vrai enjeu est ici. Je suis heureux de débattre sur comment on peut chan­ger la donne, pas de me battre sur le coûts d’ou­tils qui repré­sentent moins d’une poignée d’heures par mois.


  1. Il parait que le quadra­tin est désor­mais devenu un marqueur pour détec­ter l’usage de textes rédi­gés par IA. Je ris jaune. Vous trou­ve­rez dans mes textes sur ce blog un usage régu­lier de cette typo­gra­phie depuis 15 ou 20 ans. Tirez-en les conclu­sions que vous voulez. ↩︎
  2. On dit que l’in­no­va­tion nait par la contrainte. Elle nait aussi par l’op­por­tu­nité et la liberté de sortir du terrain connu pour essayer, sans savoir ce que ça peut donner. ↩︎

Comments

2 réponses à “Lâcher les coûts”

  1. Avatar de arkhi

    En meme temps, la famille Kushner faisant partie des investisseurs de Cursor, financer des entreprises nocives socialement, 40$ par 40$, peut aussi poser question.

    Ne questionner les usages qu’avec le prisme technologique ou financier en tête a un coût social trop élevé.

    1. Avatar de Éric
      Éric

      Tiens, ça recoupe une discussion d’aujourd’hui.

      J’ai arrêté de chercher une entreprise éthique.

      Dans les grosses c’est impossible, même avec de la bonne volonté. Le système organisationnel prend le pas sur tout le reste.

      J’ai tenté les petites. Parfois c’est bon au niveau opérationnel mais ça n’est pas mieux quand on pousse en direction

      D’une part les CEO sont des gens normaux, avec leurs défauts et leurs contradictions. Leur position donne un effet de levier important à chaque défaut et chaque contradiction, et le résultat ne peut pas être bon.

      Mais, au fond, on ne peut pas avoir d’entreprise éthique dans notre système capitaliste. La concurrence impose des choix. Celui qui se met moins de contrainte gagne. Plus c’est concurrentiel (ou forte croissance), plus ça joue.

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