Catégorie : En Marche

  • Petite revue de presse pour faire peur

    Ou pour prendre conscience et cher­cher comment (ré)agir. Édition du 3 juillet 2019.

    Je ne sais pas vous mais je commence à ne plus rigo­ler du tout.

    On parle là de droits fonda­men­taux, et de problèmes qui ne sont plus des petits déra­pages indi­vi­duels.

    On parle de problèmes struc­tu­rels sur toute la chaîne de la repré­sen­ta­tion publique, du poli­cier sur le terrain jusqu’au préfet et au ministre.

    On parle de ce qui ne peut plus être autre chose que l’ex­pres­sion de direc­tives et d’une volonté. Même le simple lais­ser faire conscient n’est plus crédible.

  • 100 € de plus par mois en 2019

    Notre président annonce que les sala­riés au SMIC auront 100 € de plus par mois dès janvier 2019. Je prends la plume par ce que cette histoire me met hors de moi.

    Alors déjà je conchie très forte­ment tous les édito­ria­listes et poli­tiques qui disent que 100 € par mois ce n’est rien. 100 € par mois pour quelqu’un au smic c’est juste énorme. Vu le niveau de dépenses contraintes, ça peut être la diffé­rence entre une fin de mois diffi­cile et une fin de mois où on épargne un peu. Ça peut aussi ne pas couper le chauf­fage ou pouvoir faire un cadeau sympa au gamin à Noël. Critiquer 100 € par mois montre une décon­nexion que même Emma­nuel Macron n’a jamais affi­ché.

    Le problème est ailleurs. Atten­tion c’est long mais ça fait mal.

    Mise à jour : Quand on se plante il faut le dire. C’est donc dit (et je me suis bien planté, d’au­tant en plus ça a beau­coup été diffusé rapi­de­ment sans que personne ne me corrige).
    Il y a un joli effet d’an­nonce qui ne me plait pas de la part de l’Ély­sée mais ce n’est pas malhon­nête au point que j’ai initia­le­ment décrit. Pas plus que d’or­di­naire dans les commu­ni­ca­tions poli­tiques quoi (*) 

    Il reste que très peu de gens vont voir cette augmen­ta­tion de 100 €. Entre autres :

    • 20 € concernent l’aug­men­ta­tion légale du SMIC pour rattra­per l’in­fla­tion, sans coup de pouce. Oui il y aura 20 € nets de plus sur la fiche de salaire de janvier 2019. Non ça ne repré­sente aucun pouvoir d’achat supplé­men­taire par rapport à janvier 2018 (en fait c’est le contraire, c’est tous les autres mois de 2018 où il y a eu une perte de pouvoir d’achat à cause de l’in­fla­tion).
    • 20 € concernent la baisse des coti­sa­tions sala­riales. Ce ne sera pas valable pour tout le monde (coucou mes amis du public ?)
    • Enfin 30 + 20 + 20 € viennent d’une anti­ci­pa­tion d’aug­men­ta­tion de la prime d’ac­ti­vité. C’est le montant maxi­mum de la hausse avant appli­ca­tion des coef­fi­cients pour les personnes à charge. Si vous gagnez plus que le SMIC ou si le conjoint a aussi des reve­nus, ça peut vite bais­ser ou passer à zéro. 
      L’aug­men­ta­tion était déjà actée et on ne fait que l’an­ti­ci­per. C’est surtout qu’elle était en échange d’un gel de l’ali­gne­ment sur l’in­fla­tion sur 3 ans. J’ai toujours consi­déré qu’an­non­cer un plan­ning de hausse de la main droite tout en gelant l’ali­gne­ment sur l’in­fla­tion de la main gauche était de la commu­ni­ca­tion malhon­nête, même si le solde est posi­tif. À une infla­tion de 2% par an vous pouvez consi­dé­rer que vous perdrez ensuite quelque chose comme 4 € par an à euros constants.

    Annoncé
    À € constant
    Nouveau ?
    SMIC + 1,8%
    + 20 €
    0 €
    non
    baisse coti­sa­tions sociales
    + 20 €
    + 20 € pour le privé
    non
    hausse prime acti­vité
    + 70 €
    + 70 € gelés 3 ans
    anti­cipé

    On me signale toute­fois que la prime d’ac­ti­vité est prise en compte dans le calcul des APL donc que pour ceux qui béné­fi­cient d’APL (géné­ra­le­ment ce sont les mêmes) l’aug­men­ta­tion réelle pour­rait donc être en partie compen­sée par une dimi­nu­tion des APL.
    À véri­fier, je veux bien une confir­ma­tion sour­cée de quelqu’un qui connait le sujet.

    (*) L’er­reur de calcul était sur la prime d’ac­ti­vité (ceux qui ont exploré les modes de calcul de cette prime compren­dront). L’aug­men­ta­tion d’oc­tobre a été plus faible en ce qu’elle compre­nait en même temps un chan­ge­ment de taux. J’ai (bête­ment) repro­duit ce même calcul pour toutes les années alors que le taux ne change évidem­ment qu’une seule fois.


    L’ef­fet kiss cool c’est toute­fois qu’on conti­nue dans l’idéo­lo­gie de la « valeur travail » : On ne cible que les gens avec un emploi. On préfère conti­nuer à croire que s’il y a du chômage c’est parce que les gens ne veulent pas travailler, et donc qu’il faut récom­pen­ser ceux qui ont trouvé un emploi.

    On ne change rien à la répar­ti­tion travail/capi­tal vu que ce qu’on donne sera pris sur le budget public et donc les impôts (et pan les gilets jaunes qui mili­taient en grande partie contre la pres­sion fiscale et le trop de taxes), mais aucun effort parti­cu­lier n’est demandé aux entre­prises. On (nos impôts) est en train de spon­so­ri­ser les travailleurs bons marché auprès des entre­prises.

  • Se donner une belle image de mili­tant quand on fait tout le contraire

    Superbe opéra­tion de commu­ni­ca­tion de la part du gouver­ne­ment et du parti LREM en faveur de Nutri-score. Plusieurs ministres y vont de leur propre vidéo.

    Et là… on comprend que l’im­por­tant c’est la commu­ni­ca­tion.

    Il faut dire l’obli­ga­tion d’af­fi­chage du Nutris­core a été rejeté dans la loi il y a à peine un mois… sur avis défa­vo­rable du gouver­ne­ment et après le vote néga­tif du groupe LREM.

    D’un côté on fait en sorte que ça n’ar­rive pas, et de l’autre on prend une jolie posture de mili­tant face à l’opi­nion publique. Du double jeu même pas caché.


    Le pire je trouve c’est cette vidéo là, qui rejette la faute sur l’Eu­rope. C’est facile, ça ne coûte pas cher et ça fonc­tionne toujours. Malheu­reu­se­ment la Commis­sion euro­péenne a au contraire expli­ci­te­ment noti­fié à la France l’au­to­ri­sa­tion d’uti­li­ser Nutris­core. La vraie raison du rejet elle se trouve encore faci­le­ment dans les articles de presse du mois dernier : LREM a refusé l’uti­li­sa­tion de Nutris­co­re… pour ne pas faire fuir les annon­ceurs publi­ci­taires.

    Et aujourd’­hui ils osent se donner le beau rôle…

    Et si nous ne les lais­sions pas faire ? si nous en parlions ?

  • « la poli­tique raison­nable et humaine que nous menons »

    J’avais commencé à lister un histo­rique de ces dernières années mais je vais vous dire autre chose.

    J’ai honte.

    J’ai­me­rais ne plus avoir honte. On peut avoir des diver­gences fortes sur la poli­tique à mener, mais j’ai­me­rais ne plus avoir honte de ma police, de comment elle met en œuvre cette poli­tique.

    Je ne veux plus entendre que notre police confisque duvets et couver­tures à des personnes qui dorment dehors en plein hiver. C’est illé­gal mais c’est aussi inhu­main.

    Je ne veux plus entendre que notre police lacère ou jette des tentes de personnes sans domi­ciles. Ces tentes sont peut-être elles-mêmes anor­mal mais fragi­li­ser ces gens dehors en plein hiver n’est pas justi­fiable pour autant.

    Je ne veux plus entendre qu’on enferme illé­ga­le­ment, qu’on créé des centres de réten­tion arti­fi­ciels sans leur en donner le nom et le statut.

    Je ne veux plus entendre qu’on traite des enfants légè­re­ment et qu’on les laisse à la rue, parce que c’est plus simple, en se défaus­sant sur leurs parents, ou simple­ment en leur niant leur mino­rité.

    Je ne veux plus lire des récits qui me font honte dans les commu­niqués d’ONG au dessus de tout soupçon de partia­lité et jusque dans la presse inter­na­tio­nale. C’est toute la France qui devrait avoir honte, honte au point de ne pas oser faire une quel­conque décla­ra­tion inter­na­tio­nale avant de régler ça.

    J’ai honte et c’est grave.

    C’est grave parce que ce sont des actions de forces de l’ordre qui se croient au dessus de la loi, qui font justice eux même. On a là un terreau fertile pour les déra­pages les plus graves.

    C’est grave parce que ce sont des fonc­tion­naires qui acceptent des ordres illé­gaux et inhu­mains, et ça doit faire réflé­chir vu le passé de la France.

    C’est grave parce que sont des respon­sables poli­tiques qui cautionnent voire qui soutiennent. Pire, ils vont vanter le trai­te­ment humain alors qu’ils ont des alertes cohé­rentes et persis­tantes d’ac­teurs incon­tes­tables. Bref, pour montrer leur fermeté ils renforcent le senti­ment que tout est permis.

    J’ai honte, c’est grave et j’ai peur.

    J’ai désor­mais peur quand je vois la police, celle qui devrait me proté­ger. Je n’ima­gine plus parti­ci­per à une mani­fes­ta­tion légale, décla­rée et paci­fique sans craindre de reve­nir avec des héma­tomes voire mutilé par une grenade.

    J’ai peur d’une police ivre de son pouvoir et qui n’a plus aucune limite. Même quand il y a mort après inter­pel­la­tion, on lit ensuite dans la presse qu’il n’y a rien eu d’anor­mal ou de répré­hen­sible de la part des forces de l’ordre, limite que le passé du décédé justi­fie bien ce qui lui est arrivé.

    Élevé dans le respect de l’ordre et dans l’idée que la police est là pour moi, à toute occa­sion, aujourd’­hui je change de trot­toir si je le peux pour éviter toute rencontre avec la police. On ne sait jamais, parce que je n’ai plus aucune confiance.

    J’ai honte, c’est grave, j’ai peur et je veux du chan­ge­ment.

    Je crève d’en­vie de deman­der la démis­sion de ministres, préfets et autres personnes à respon­sa­bi­lité dans toute cette chaîne défaillante mais je veux surtout du chan­ge­ment.

    Je veux un ministre qui trace clai­re­ment les limites de l’inac­cep­table. Je suis prêt à ne pas faire atten­tion s’il prend plein de précau­tions oratoires, s’il dit que ce sont des faits isolés alors qu’il est désor­mais évident que ce n’est pas le cas, mais je veux qu’il le fasse, clai­re­ment.

    Je veux que derrière il y ait des enquêtes et des sanc­tions. Je veux qu’il y ait des syndi­cats qui reprennent voix pour dire qu’ils s’op­po­se­ront aux ordres illé­gaux et immo­raux. Je veux des poli­ciers qui s’ex­priment, même anony­me­ment.

    Je veux qu’on margi­na­lise l’inac­cep­table, que ça rede­vienne inac­cep­table. Je veux pouvoir être fier de mon pays et de sa police.

    J’ai honte, c’est grave, j’ai peur, je veux du chan­ge­ment et c’est urgent.

    Si j’ai peur, moi qui ai toujours défendu la police pendant toute ma vie, j’ima­gine ce qu’il doit en être pour ceux qui n’ont pas une situa­tion aussi privi­lé­giée que la mienne.

    On va ramer pour retrou­ver de la confiance, pour retrou­ver du lien entre le citoyen et les forces de l’ordre. Ce ne sont pas des belles paroles qui vont chan­ger des choses. Il faut du visible, du poing sur la table, et pas qu’un peu, pas juste pendant une opéra­tion de commu­ni­ca­tion de quelques jours.

    Même ainsi ça va prendre du temps, des années peut-être, mais si on ne le fait pas rapi­de­ment ça risque vite de deve­nir trop tard. J’es­père que ça ne l’est pas déjà.

    C’est main­te­nant qu’il y a un train à prendre, pour qu’un jour je ne pleure pas de dégoût quand j’en­tends parler de « la poli­tique raison­nable et humaine que nous menons » à la radio.

  • [poli­tique] Ils préfèrent foutre le bordel (que de faire 7h de train par jour pour aller travailler)

    Il y a tout un monde entre la théo­rie sur le papier et la réalité sur le terrain. Le problème c’est quand celui en charge se permet d’être hautain avec les gens sur le terrain.

    Il suffit de quelques mots d’un concerné pour se rendre compte combien les mots d’hu­meur à l’ori­gine de la polé­mique sont ceux de quelqu’un décon­necté du terrain.

    Mention spéciale à notre ministre Gérard Collomb dont les propos sont rappor­tés par Marianne. Lui n’a même plus de limites dans son statut de privi­lé­gié, ou alors il a conscience de ce qu’il dit et c’est encore pire :

    « C’est pas le problème de 180 kilo­mètres », assure Gérard Collomb, qui estime que les deux points se relient en trois coups d’ac­cé­lé­ra­teur : « Si vous êtes relié par une auto­route ou une voie ferrée qui peut y aller… Je viens de Lyon, j’ai pas de problème pour venir chez vous. »

    Ça permet d’ailleurs à Marianne de rappe­ler que ces 180 km prennent plus de temps qu’un Paris-Lyon, que ce soit en voiture ou en train – entre 5 et 7 heures aller-retour, rien que ça, pour du quoti­dien c’est un peu diffi­cile –, et de rappe­ler l’état de la poli­tique d’in­fra­struc­tures hors des liai­sons pour cadres qui vont sur Paris :

    Comme semble l’igno­rer Gérard Collomb, la desserte des terri­toires ruraux est de fait en déliques­cence. La SNCF a récem­ment supprimé quatre arrêts à la gare de La Souter­raine, alors que le nombre de voya­geurs y a augmenté de 60% en sept ans. Et A Ussel, la situa­tion n’est guère meilleure. « Ussel est coin­cée », pointe Frédé­ric Cueille de la CGT des chemi­nots limou­sins, qui déplore dans La Montagne un « encla­ve­ment » des zones rurales : « L’objec­tif de la SNCF est de fermer vingt-deux des vingt-sept points de vente. Ussel et Égle­tons sont mena­cées… ».

  • Brigitte Liso, LREM — Comment on desti­tue un député aujourd’­hui ?

    Voilà l’état de la poli­tique en France. Les dépu­tés qui votent sans aucun travail préa­lable, qui ont juste entendu parler comme tout un chacun de la loi avant d’ar­ri­ver au vote, et qui se font une idée sur le moment, dans l’hé­mi­cycle, en enten­dant la majo­rité et l’op­po­si­tion se répondre, soit disant que ça donne une vue d’en­semble.

    Sérieu­se­ment ? Oui, elle parle de poli­tique autre­ment, j’en viens presque à regret­ter les précé­dents.

    On voit à la fin de la vidéo les éléments de langage appris par cœur puis oubliés, qu’on va recher­cher sur la messa­ge­rie pour répondre aux ques­tions sans les comprendre, et l’ab­sence totale de pensée ou d’avis en l’ab­sence de ces éléments de langage.

    Quand on en est là, autant direc­te­ment avoir 10 personnes à l’As­sem­blée, chacun avec un nombre de voix diffé­rent. Ici Brigitte Liso est dans le groupe LREM mais je n’ai pas forcé­ment plus d’es­time pour certains dépu­tés d’autres groupes. Ils sont souvent plus enga­gés et moins apathiques, mais n’ont pas pour autant forcé­ment plus de réflexion person­nelle.

    Bref, indé­pen­dam­ment des opinions portées, n’y a-t-il donc aucun moyen de rele­ver de ses fonc­tions un député qui avoue expli­ci­te­ment ne pas les exécu­ter avec sérieux ?

    À défaut, un parti sérieux devrait au moins exclure la dépu­tée concer­née de son groupe à l’As­sem­blée. Visi­ble­ment ce n’est pas le cas, pas plus à LREM qu’ailleurs. Ça en dit long sur les crédos de nos partis poli­tiques.

    Le parle­ment est ce qui symbo­lise notre démo­cra­tie, le pouvoir du peuple et son contrôle sur l’État. Voilà l’état de notre démo­cra­tie, et ce n’est pas très relui­sant.

  • 228 ans après la prise de la Bastille

    228 ans après la prise de la Bastille, nous allons réins­tal­ler les lettres de cachet. Seule diffé­rence : on est empri­sonné chez soi.

    Je n’ai pas l’im­pres­sion que tout le monde mesure la gravité de l’as­si­gna­tion à rési­dence et de la perqui­si­tion admi­nis­tra­tive.

    Il suffit d’avoir des raisons de penser que, peut-être, dans le futur, vous pour­riez atten­ter à l’ordre public. Peut-être. Dans le futur. Autant dire que l’État fait ce qu’il veut, d’au­tant que la moti­va­tion peut être soute­nue par des notes blanches non signées auxquelles les juges font toute confiance à priori.

    On envi­sage aujourd’­hui de péren­ni­ser ces mesures dans le droit commun. (Media­partLe Monde)

    Ça serait inima­gi­nable dans la plupart des démo­cra­ties. Ça devrait l’être dans la nôtre, mais personne ne se lève.

    Pire : Si on en croit les sondages, on va voter en masse et donner une assem­blée quasi entiè­re­ment affi­liée aux promo­teurs de ce projet. Hallu­ci­nant.

    Sérieu­se­ment, elles sont où les mani­fes­ta­tions ? Ils sont où tous les édito­riaux incen­diaires dans la presse ? Et vous faites quoi, vous ? Je ne vous vois pas râler non plus, à défaut de mieux. Et moi que puis-je faire ?

    Je sais que la prési­den­tielle a créé un ras-le-bol poli­tique, mais on joue là nos liber­tés fonda­men­tales, et celles de nos enfants.

    Ce n’est pas théo­rique. Ce n’est pas que pour les grands méchants terro­ristes. Ces outils ont déjà été expli­ci­te­ment utili­sés pour muse­ler des mani­fes­tants, pour éloi­gner des repor­ters. Certes ce n’est pas un empri­son­ne­ment de masse, mais ce n’en est pas plus accep­table.

    Réveillez-vous. RÉVEILLONS-NOUS !

  • Votez infor­més

    Nous avons choisi une consti­tu­tion où le président ne contrôle pas le parle­ment, où les pouvoirs s’équi­librent. Il s’agit de voter en fonc­tion de ce qu’on croit, et pas simple­ment en fonc­tion du président.

    J’as­sume tota­le­ment avoir voté pour Emma­nuel Macron mais ça n’oblige pas à signer un chèque en blanc aux légis­la­tives.

    Le président aura la majo­rité à l’As­sem­blée. C’est joué d’avance. Par contre on peut faire en sorte qu’il y ait aussi d’autres voix qui soient enten­dues, qu’il y ait des compro­mis, de la modé­ra­tion.

    Quelques liens et cita­tions en vue d’un vote informé dimanche. Chacun fait ses choix, mais Nico­las Sarokzy en aurait même envi­sagé la moitié que tout le monde aurait été dans la rue.

  • Nouveau gouver­ne­ment 

    Réac­tions à chaud sur le nouveau gouver­ne­ment :

    Je ne m’at­ten­dais pas à être enthou­siasmé vu que je ne partage pas l’orien­ta­tion prin­ci­pale d’Em­ma­nuel Macron. Cela dit, malgré les remarques plus bas, si on omet le gros problème de Gérald Darma­nin, la compo­si­tion n’est pas si mal. Je crai­gnais plus gênant. Tant mieux.

    Renou­vel­le­ment poli­tique : On repas­sera. Gérard Collomb est d’ailleurs un symbole à ce niveau, autant par son parcours que par ses prises de posi­tion sur le sujet.
    Avoir de nouvelles têtes n’est pas un sujet majeur pour moi au niveau d’un gouver­ne­ment (j’hé­site même à dire « au contraire ») mais c’est Emma­nuel Macron qui a quand même fait sa campagne sur le sujet. J’es­père au moins que Jean-Yves Le Drian va aban­don­ner son mandat au conseil régio­nal sinon les décla­ra­tions de limi­ta­tion de la campagne ne seront que de jolies promesses (chose confir­mée depuis)

    Reca­sage : Ce n’est pas vrai pour tous mais les trois ministres d’État sont parmi les soutiens de première heure les plus visibles. J’es­père que ce n’est pas lié à des accords préa­lables. Je n’y parie­rais pas.

    Fémi­nisme : Emma­nuel Macron avait dit espé­rer une femme comme premier ministre et avait expli­ci­te­ment promis un minis­tère plein et entier pour les droits des femmes plutôt qu’un secré­ta­riat d’État. On n’aura eu aucun des deux. Promesse cassée avant même de commen­cer à gouver­ner.
    S’il y a bien la parité, on note tout de même que globa­le­ment ça s’est fait en complé­tant les minis­tères les moins pres­ti­gieux : Aucune femme dans les ministres d’État et les deux seuls minis­tères sous tutelle sont ceux de femmes. Les mauvaises langues diront que les deux ministres sous tutelle n’ont échappé au secré­ta­riat d’État que pour permettre de dire qu’il y a parité.

    LGBT : Gérald Darma­nin est connu pour ses posi­tions homo­phobes et son oppo­si­tion au mariage pour tous. Bref, *le* vrai problème de ce gouver­ne­ment, mais on savait Emma­nuel Macron déjà léger sur le sujet.

    Santé : Agnes Buzyn n’a pas été vrai­ment très posi­tive sur les ques­tions des conflits d’in­té­rêt dans l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique. (media­part)

    Droit d’au­teur : Le minis­tère de la culture c’est déjà subven­tion et lobby des ayant-droits. Avec une éditrice il y a peu de chances que ça change, et c’est plutôt confirmé par ses posi­tions. Je ne la connais pas sur le reste donc je n’ai pas d’avis plus détaillé.

    Écolo­gie : C’est super mitigé. On a quelqu’un qui croit réel­le­ment à l’im­por­tance de l’éco­lo­gie, et à un minis­tère d’État. Sacré signal posi­tif. Ce que j’es­père c’est qu’il s’agit plus que de la commu­ni­ca­tion. Le choix de Nico­las Hulot et un ex-Areva comme premier ministre me font douter. J’at­tends de voir.

    Handi­cap : Je ne la connais­sais pas mais j’en­tends du bien de la nouvelle secré­taire d’État depuis les annonces. Posi­tif donc.

  • J’ai vu des gens se réjouir, je vais être un peu plus critique

    On nous a vendu une procé­dure trans­pa­rente et égali­taire pour les inves­ti­tures En Marche. Ce n’est pas pire qu’ailleurs, c’est même proba­ble­ment mieux, mais il reste quand même l’im­pres­sion de s’être fait entu­ber.

    * * *

    Au moins trois personnes inves­ties ont immé­dia­te­ment démen­ties avoir même candi­daté (François Pupponi, Augus­tin Augier et Mourad Boudjel­lal). Je ne sais pas vous mais réus­sir un sortir un nom de non-candi­dat lors d’un proces­sus de sélec­tion, ça me semble juste impos­sible. Quand il y en a un c’est une erreur incom­pré­hen­sible. Quand il y en a trois, dont un ami, c’est que le proces­sus est une façade qui cache l’ar­bi­traire.

    Après avoir rejeté publique­ment Manuel Valls parce qu’il ne respec­tait pas les critères et n’avait de toutes façon pas candi­daté suivant la procé­dure propo­sée, on se rend compte qu’il n’y aura aucun candi­dat En Marche en face de lui. C’est le cas de plusieurs autres person­na­li­tés du PS proches du mouve­ment. Pas offi­ciel­le­ment inves­tis mais ce n’est pas si diffé­rent. Person­nel­le­ment j’ap­pelle ça une pirouette pas très honnê­te… et une procé­dure fantoche.

    Plus expli­cite, à Lyon les direc­tives sur le renou­vel­le­ment et le cumul des mandats sont aussi seule­ment indi­ca­tives. Gérard Collomb conti­nue de distri­buer ses terres comme il en a toujours été (et ça ne surpren­dra pas grand monde). Pas tout à fait ce que le parti a promis, ni en procé­dure ni en résul­tat.

    * * *

    Bref, le mouve­ment a bien les mêmes jeux d’ap­pa­reil que les autres. Il a juste la chance de ne pas avoir d’his­to­rique donc peut se permettre plus de nouveau­tés sur les circons­crip­tions sans enjeu.

    Quand Manuel Valls avait publique­ment déclaré qu’ils serait candi­dat pour la majo­rité mais pas dans le mouve­ment, il s’était fait rembar­rer publique­ment. On voit aujourd’­hui que c’est pour­tant le cas. Pas très diffi­cile d’ima­gi­ner que l’ac­cord était scellé mais que l’an­nonce n’au­rait pas du être faite si tôt.

    On peut se moquer du posi­tion­ne­ment de François Bayrou mais il est connu et reconnu comme quelqu’un de droit et honnête, par tous, sans discon­ti­nuer, depuis long­temps. Quand il dit à la presse qu’il y avait un accord mais qu’il n’a pas été respec­té… j’ai tendance à au moins envi­sa­ger que ça puisse être vrai.

    Les jour­na­listes poli­tiques ne font d’ailleurs pas diffé­rem­ment. Il y a encore beau­coup de circons­crip­tions sans personne d’of­fi­ciel­le­ment inves­tis. Souvent il y a un baron de Les Répu­bli­cains en face. De là à imagi­ner que c’est en attente de trac­ta­tions entre les struc­tures, il n’y a qu’un pas. La procé­dure égali­taire d’in­ves­ti­ture ne semble plus si primor­diale en tout cas.

    * * *

    Peut-être feront-ils d’ex­cep­tion­nels dépu­tés – je l’es­père – mais après ce qui précède, je n’ai pas plus foi dans la procé­dure En Marche que dans celle des autres partis. Je ne sais donc pas si les soutiens publics de la garde rappro­chée comme Mounir Mahjoubi et Cédric Villani ont été inves­tis pour leur adéqua­tion au poste, pour les remer­cier, ou à cause d’un accord préa­lable.

     

    * * *

    Il y a aussi du bon. Je n’ou­blie pas une seconde que ce que je reproche existe dans tous les autres partis natio­naux.

    Ici il y a au moins du renou­vel­le­ment via une majo­rité de personnes dont ce serait le premier mandat s’ils étaient élus. Je n’ai pas exploré les listes pour voir s’ils sont dans des circons­crip­tions réel­le­ment gagnables mais je n’ai pas de raison de douter que ça puisse être le cas.

    Après j’es­père que ces non-profes­sion­nels de la poli­tique auront le courage de résis­ter aux pres­sion et de garder leur indé­pen­dance face à un président qui a déclaré plusieurs fois qu’il allait forcer les dépu­tés de sa majo­rité à voter comme le gouver­ne­ment le demande.