Oui, nous souhaitons travailler avec les associations.
Nous poursuivrons le dialogue. Sur le sujet de l’hébergement d’urgence, comme sur les autres.
Les Français comprennent la politique raisonnable et humaine que nous menons.
?#RTLMatin pic.twitter.com/Bb2E3pj1BE— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 18 décembre 2017
J’avais commencé à lister un historique de ces dernières années mais je vais vous dire autre chose.
J’ai honte.
J’aimerais ne plus avoir honte. On peut avoir des divergences fortes sur la politique à mener, mais j’aimerais ne plus avoir honte de ma police, de comment elle met en œuvre cette politique.
Je ne veux plus entendre que notre police confisque duvets et couvertures à des personnes qui dorment dehors en plein hiver. C’est illégal mais c’est aussi inhumain.
Je ne veux plus entendre que notre police lacère ou jette des tentes de personnes sans domiciles. Ces tentes sont peut-être elles-mêmes anormal mais fragiliser ces gens dehors en plein hiver n’est pas justifiable pour autant.
Je ne veux plus entendre qu’on enferme illégalement, qu’on créé des centres de rétention artificiels sans leur en donner le nom et le statut.
Je ne veux plus entendre qu’on traite des enfants légèrement et qu’on les laisse à la rue, parce que c’est plus simple, en se défaussant sur leurs parents, ou simplement en leur niant leur minorité.
Je ne veux plus lire des récits qui me font honte dans les communiqués d’ONG au dessus de tout soupçon de partialité et jusque dans la presse internationale. C’est toute la France qui devrait avoir honte, honte au point de ne pas oser faire une quelconque déclaration internationale avant de régler ça.
J’ai honte et c’est grave.
C’est grave parce que ce sont des actions de forces de l’ordre qui se croient au dessus de la loi, qui font justice eux même. On a là un terreau fertile pour les dérapages les plus graves.
C’est grave parce que ce sont des fonctionnaires qui acceptent des ordres illégaux et inhumains, et ça doit faire réfléchir vu le passé de la France.
C’est grave parce que sont des responsables politiques qui cautionnent voire qui soutiennent. Pire, ils vont vanter le traitement humain alors qu’ils ont des alertes cohérentes et persistantes d’acteurs incontestables. Bref, pour montrer leur fermeté ils renforcent le sentiment que tout est permis.
J’ai honte, c’est grave et j’ai peur.
J’ai désormais peur quand je vois la police, celle qui devrait me protéger. Je n’imagine plus participer à une manifestation légale, déclarée et pacifique sans craindre de revenir avec des hématomes voire mutilé par une grenade.
J’ai peur d’une police ivre de son pouvoir et qui n’a plus aucune limite. Même quand il y a mort après interpellation, on lit ensuite dans la presse qu’il n’y a rien eu d’anormal ou de répréhensible de la part des forces de l’ordre, limite que le passé du décédé justifie bien ce qui lui est arrivé.
Élevé dans le respect de l’ordre et dans l’idée que la police est là pour moi, à toute occasion, aujourd’hui je change de trottoir si je le peux pour éviter toute rencontre avec la police. On ne sait jamais, parce que je n’ai plus aucune confiance.
J’ai honte, c’est grave, j’ai peur et je veux du changement.
Je crève d’envie de demander la démission de ministres, préfets et autres personnes à responsabilité dans toute cette chaîne défaillante mais je veux surtout du changement.
Je veux un ministre qui trace clairement les limites de l’inacceptable. Je suis prêt à ne pas faire attention s’il prend plein de précautions oratoires, s’il dit que ce sont des faits isolés alors qu’il est désormais évident que ce n’est pas le cas, mais je veux qu’il le fasse, clairement.
Je veux que derrière il y ait des enquêtes et des sanctions. Je veux qu’il y ait des syndicats qui reprennent voix pour dire qu’ils s’opposeront aux ordres illégaux et immoraux. Je veux des policiers qui s’expriment, même anonymement.
Je veux qu’on marginalise l’inacceptable, que ça redevienne inacceptable. Je veux pouvoir être fier de mon pays et de sa police.
J’ai honte, c’est grave, j’ai peur, je veux du changement et c’est urgent.
Si j’ai peur, moi qui ai toujours défendu la police pendant toute ma vie, j’imagine ce qu’il doit en être pour ceux qui n’ont pas une situation aussi privilégiée que la mienne.
On va ramer pour retrouver de la confiance, pour retrouver du lien entre le citoyen et les forces de l’ordre. Ce ne sont pas des belles paroles qui vont changer des choses. Il faut du visible, du poing sur la table, et pas qu’un peu, pas juste pendant une opération de communication de quelques jours.
Même ainsi ça va prendre du temps, des années peut-être, mais si on ne le fait pas rapidement ça risque vite de devenir trop tard. J’espère que ça ne l’est pas déjà.
C’est maintenant qu’il y a un train à prendre, pour qu’un jour je ne pleure pas de dégoût quand j’entends parler de « la politique raisonnable et humaine que nous menons » à la radio.
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