Catégorie : Politique et société

  • « Il faut faire les deux ! »

    Mes billets sur l’IA et l’em­preinte envi­ron­ne­men­tale m’ont amené quelques discus­sions inté­res­santes. Ce billet sert à expli­ci­ter certains de mes choix impli­cites, notam­ment le pourquoi je compare à diffé­rents usages de tous les jours, en parti­cu­lier avec l’ali­men­ta­tion.

    Pas de rempla­ce­ment

    Je ne crois pas au rempla­ce­ment pour notre empreinte envi­ron­ne­men­tale. On ne remplace pas l’usage de l’IA par un repas carné en moins. Ce n’est pas l’objet de mon message. Si certains ont compris ça, je me suis mal exprimé.

    Le jeu des crédits carbone a montré combien la logique du rempla­ce­ment était inef­fi­cace, même au-delà des fraudes.

    Il ne s’agit pas de dire qu’on peut garder un usage problé­ma­tique parce qu’on agit ailleurs. Le but n’est pas de main­te­nir un équi­libre. C’est de réduire nos émis­sions.

    Toute réduc­tion est bonne à prendre. Toute augmen­ta­tion bonne à chas­ser. L’une ne remplace pas l’autre.

    Mais une limite d’at­ten­tion

    Ce n’est toute­fois pas vrai dès qu’on parle atten­tion.

    On ne peut pas se battre sur tout, partout, tout le temps. Notre atten­tion est limi­tée. Notre éner­gie et notre bien­veillance envers le chan­ge­ment le sont aussi.

    On en est déjà à un point où les injonc­tions de toutes part provoquent des raz-le-bol régu­liers. On obtient des rejets, au mieux des épui­se­ments et des aban­dons.

    Ce n’est pas qu’un « what about ». Si on se foca­lise sur trop de choses inutiles ou insi­gni­fiantes, on n’aura rien en résul­tat. Chaque foca­li­sa­tion sur des détails ou des fausses bonnes idées réduit notre capa­cité à bouger là où ça a vrai­ment de l’im­por­tance.

    Des ordres de gran­deur

    Et donc, qu’est-ce qui a de l’im­por­tance ? À l’échelle de la planète, n’im­porte quelle petite action indi­vi­duelle semble avoir un impact déme­suré une fois agré­gée avec celle des autres.

    On ne peut pas tout trier, parce que certaines émis­sions ont des béné­fices dont on ne veut pas se passer. D’autres sont nouvelles et plus faciles à éviter que celles auxquelles ont est habi­tués.

    On peut par contre au moins parler des ordres de gran­deur.

    Ça n’a pas de sens de passer une grande éner­gie à éviter ou faire éviter aux autres toute l’an­née des empreintes qui sont ridi­cules par rapport à nos autres gestes quoti­diens tota­le­ment dispen­sables.

    On hiérar­chise un mini­mum les moyens d’at­teindre un même objec­tif, et c’est là que les compa­rai­sons commencent à avoir du sens. S’in­di­gner d’une consom­ma­tion d’eau qui annuel­le­ment n’ar­rive même pas proche d’un seul café pris dans l’an­née, c’est clai­re­ment un mauvais usage de notre éner­gie person­nelle. C’est détour­ner notre atten­tion des vrais chan­ge­ments à opérer, sachant qu’on ne pourra pas forcé­ment faire les deux.

    Et des choix à faire

    Je fais des choix sur mes combats, autant ceux que je mène vers l’ex­té­rieur que pour mes propres actions.

    J’ai beau lire, je retrouve toujours les quatre même postes dans les empreintes indi­vi­duelles. Le reste est toujours un ou plusieurs ordres de gran­deur en dessous :

    1. Réduire l’em­preinte alimen­taire, prin­ci­pa­le­ment viandes et fruits de mer ;
    2. Réduire l’em­preinte du trans­port, prin­ci­pa­le­ment les dépla­ce­ments indi­vi­duels moto­ri­sés et l’avia­tion ;
    3. Réduire l’em­preinte de consom­ma­tion, prin­ci­pa­le­ment le jetable et le renou­vel­le­ment rapide ;
    4. Réduire l’em­preinte de chauf­fage et de la clima­ti­sa­tion.

    L’ali­men­taire

    Il y a peu d’ac­tions indi­vi­duelles qui ont autant d’im­pact que réduire la viande rouge et les fruits de mer. Mieux, c’est un sujet qui ne demande quasi­ment qu’un peu de volonté.

    Réduire la viande est gagnant sur les finances, sur la santé, sur l’em­preinte en eau, sur la pollu­tion des sols, sur l’oc­cu­pa­tion des sols, sur les gaz à effet de serre, et même sur la condi­tion animale. Il n’y a quasi­ment aucune contrainte ni aucun renon­ce­ment.

    Vous vous éton­nez de pourquoi je ramène tout à la viande ?
    Voilà pourquoi.

    Les trans­ports

    Derrière, ne plus prendre la voiture indi­vi­duelle qu’ex­cep­tion­nel­le­ment est aussi un impact majeur. Ça demande malheu­reu­se­ment plus de volonté, et beau­coup de compro­mis.

    Quand on dit à quelqu’un que si, il peut faire autre­ment que prendre sa voiture, mais que ça veut dire démé­na­ger de sa maison dans le vert pour prendre un petit appar­te­ment en centre ville, forcé­ment, ça coince. Ce n’est pas mieux quand on propose de quit­ter le boulot bien payé pour en prendre un nette­ment moins bon mais plus proche de la maison. Ce n’est qu’à peine mieux si on parle de doubler le temps de trajet en prenant les trans­ports en commun.

    Ce sont pour­tant les choix à faire, qui ont une vraie impor­tance, plutôt que de jeter la pierre à l’IA ou à Google.

    Ça et partir en vacance en France ou proche plutôt qu’à l’autre bout du monde, même si c’est excep­tion­nel. Ça et renon­cer à voir aussi souvent ses cousins ou ses amis qui habitent loin. Tout ça ou au moins faire tous ces trajets en train malgré les contraintes que ça apporte.

    Pas de cheva­lier blanc

    Pas facile à entendre hein ? mais pour­tant ce sont les sujets dont on devrait discu­ter.

    Ce sont mes choix. Vous pouvez en avoir d’autres, en fonc­tion de ce que vous voyez comme faci­lité, mais n’ou­bliez quand même pas les ordres de gran­deur et les compa­rai­sons.

    Dans tous les cas, je ne fais aucune injonc­tion à la pureté.

    Je ne suis pas parfait, loin de là. J’ai beau avoir la convic­tion, j’ai mes compro­mis, mes contra­dic­tions et mes faiblesses. J’ou­blie en perma­nence mes inten­tions sur la viande et ma réduc­tion est plus faible que celle à laquelle j’as­pire. Que ce soit sur l’ali­men­ta­tion ou les trans­ports, je vis aussi en famille et en collec­ti­vité. Je n’ai pas toujours le courage de dire non quand les chan­ge­ments ne concernent pas que moi. Là aussi, je choi­sis mes combats.

    L’idée c’est d’avoir conscience de ça, et de choi­sir où on veut mettre de l’éner­gie pour avoir un impact plutôt que se foca­li­ser sur le dernier ennemi de la presse ou du réseau social. Sans cher­cher à être pure­ment ration­nel, avoir un peu d’in­for­ma­tion et de réflexion objec­tives, ça (m’) aide.

  • Mon rétro­vi­seur me mettrait en danger à vélo

    TL;DR: Je ne déplie plus mon rétro­vi­seur à vélo.

    C’est censé me mettre en sécu­rité mais (consta­ta­tion empi­rique) ça ajoute en réalité proba­ble­ment du danger.


    Expli­ca­tions

    J’ai un petit rétro­vi­seur sur mon vélo. Discret mais effi­cace. Il me permet de me sécu­ri­ser dans mes chan­ge­ments de direc­tion mais aussi d’an­ti­ci­per les manœuvres des moto­ri­sés, surtout leurs manœuvres dange­reuses.

    Il se trouve que j’ai été agressé il y a quelques temps alors que je roulais sur une voie réservé bus+­vélo, à un mètre des véhi­cules en station­ne­ment sur ma droite. Un chauf­fard avait décidé de sauter le bouchon de soirée en passant par la voie bus. Ma présence l’a empê­ché d’avoir l’ef­fi­ca­cité qu’il cher­chait dans son forfait, et ça a dérapé après qu’ il a forcé le passage pour me dépas­ser quand même en me frôlant.

    Si je raconte ça c’est qu’une des choses qu’il m’a repro­ché c’est de l’avoir vu dans mon rétro­vi­seur (c’était le cas) mais de ne pas avoir dégagé de la route pour autant (c’était ma place et pas la sienne, mais ça lui passe visi­ble­ment au-dessus).

    Depuis quelques jours je me rends compte que je subis toujours autant de chauf­fards qui occupent les bandes cyclables, les sas vélo et les approches de carre­four ou de passages piétons, mais j’ai énor­mé­ment moins de mises en danger qui viennent de l’ar­rière, notam­ment de dépas­se­ments trop proches.

    Hasard ? Je constate aussi que depuis mon agres­sion, incons­ciem­ment, je ne déplie plus mon rétro­vi­seur.

    Je commence à me dire que, empi­rique­ment, si ça me permet de voir et anti­ci­per les chauf­fards venant de l’ar­rière, ça leur indique aussi que je les vois, et ils se sentent très proba­ble­ment beau­coup plus en droit de faire n’im­porte quoi (ou consi­dèrent qu’il y a moins de risque pour eux et leur carros­se­rie que je fasse un écart au mauvais moment).

    Je n’ai pas de quoi faire un test scien­ti­fique, et n’en ai pas l’en­vie, mais mon senti­ment c’est qu’il y a une vraie rela­tion de cause à effet, de la même façon qu’on discute de moins d’égards des auto­mo­bi­listes vis-a-vis des cyclistes casqués/proté­gés.

    Est-ce que je vais déplier mon rétro­vi­seur ces prochains jours ? Proba­ble­ment pas.

  • Inter­dire les milliar­daires

    « Vouloir inter­dire les milliar­daires c’est confis­ca­toire, et contre la liberté d’en­tre­prendre. »

    trop souvent entendu

    Je suis contre les milliar­daires juste­ment parce que je suis contre la confis­ca­tion et pour la liberté.

    Je suis convaincu que personne n’a une telle valeur ajou­tée par rapport aux autres. Deve­nir milliar­daire se fait forcé­ment en exploi­tant autrui, en leur confisquant la part de richesse qui devrait reve­nir aux autres.

    Entre le manque de richesse des uns et le grand pouvoir obtenu par quelques autres, on crée un verrouillage et un système de domi­na­tion qui est tout sauf créa­teur de liberté pour tous.

  • Je ne crains pas de perdre mon travail

    Je ne demande même que ça.

    Travail n.m. (lat. pop. tripa­lium ; de tres, trois et palus pieu) instru­ment de torture puis appa­reil où l’on place les bœufs pour les ferrer

    Quelle mouche a donc piqué notre société pour qu’on veuille sauve­gar­der le travail ? Je suis des plus heureux que l’au­to­ma­ti­sa­tion m’épargne une quan­tité de travaux des siècles derniers, et qu’elle nous ait permis d’avoir un meilleur confort et une meilleure vie.

    J’ai une machine à laver le linge et une pour la vais­selle. J’ai une calcu­lette ainsi qu’un micro-ordi­na­teur portable. L’élec­tri­cité m’ap­porte aussi la lumière, la cuis­son, un ascen­seur et certai­ne­ment cent autres appa­reils quoti­diens.

    On est telle­ment entou­rés de travail auto­ma­tisé qu’on oublie que le travail manuel n’est plus que l’ex­cep­tion.

    Et tant mieux. Je n’en­vie pas le temps des labours manuels, des porteurs d’eau, de la coupe du bois de chauf­fage, des dépla­ce­ments à pieds peu importe la distance, etc.

    C’est la part des richesses appor­tée à chacun qu’il faut sauve­gar­der, pas le travail.

    Confondre les deux relève quand même d’un aveu­glé­ment assez profond.

    Richesses, subst. fém.
    Tout ce qui est suscep­tible de combler, de satis­faire les désirs, les besoins de l’homme.

    Le problème n’est pas que l’au­to­ma­ti­sa­tion retire du travail, ni même qu’on manque de richesses. Le problème c’est que l’au­to­ma­ti­sa­tion du travail modi­fie la répar­ti­tion des richesses (vers une plus grande concen­tra­tion).

    Dans un monde capi­ta­liste, la richesse appar­tient d’abord à celui qui contrôle les moyens de produc­tion. Il y a long­temps c’était la terre. Désor­mais ce sont les machines et les infra­struc­tures. Demain ce sera peut-être ce qu’on nomme les intel­li­gences arti­fi­cielles.

    Pour partie, les emplois perdus sont recréés ailleurs. L’enjeu c’est d’as­su­rer la tran­si­tion. Le chômage et la forma­tion sont des réponses mais elles ne sont que partielles. Ceux qui perdent un emploi ne sont pas forcé­ment les mêmes que ceux qui en trouvent un nouveau.

    Malheu­reu­se­ment, nos élus tendent à rabo­ter le chômage et culpa­bi­li­ser les personnes qui perdent leur emploi. Tout ceci est pour­tant struc­tu­rel, attendu. Il ne reste qu’un RSA de misère qui repré­sente à peine la moitié du seuil de pauvreté.

    Pour ne rien gâcher, nos élus tendent à vouloir augmen­ter le temps de travail, donc concen­trer l’em­ploi et les richesses acquises ainsi sur moins de personnes, avec forcé­ment plus de lais­sés pour compte.

    Prépa­rer la révo­lu­tion

    Ce qu’on nomme intel­li­gence arti­fi­cielle rend envi­sa­geable à une révo­lu­tion à court terme. On y croit ou on n’y croit pas, mais c’est un avenir possible, crédible.

    La diffé­rence avec la révo­lu­tion de la vapeur, de l’au­to­ma­ti­sa­tion des usines et de l’élec­tro­nique, c’est la vitesse à laquelle on imagine l’au­to­ma­ti­sa­tion prendre place.

    Ça peut être sanglant, à un point diffi­ci­le­ment compa­rable avec le passé.

    Le chômage ne peut pas être la solu­tion. L’es­poir dans la créa­tion de nouveaux types d’em­plois non plus. L’échelle des temps n’est pas la bonne.

    Il faut autre chose. D’au­cuns parlent de revenu de base, de revenu d’exis­tence ou de salaire à vie. Peu importe. Ça peut être ça ou autre chose, mais on a besoin d’une solu­tion, et on a très peu de temps pour la mettre en place.

    Si nous ne sommes pas prêts c’est un autre type de révo­lu­tion qui peut venir, tout aussi sanglant.

    Lâcheté et absence du poli­tique

    Sauve­gar­der le travail est déjà un non-sens à la base. Faire faire du travail inutile pour éviter de penser la répar­ti­tion des richesses, c’est botter en touche.

    Ça peut fonc­tion­ner pour quelques mois, quelques années, mais pas plus, et à petite échelle. Face à l’am­pleur du chan­ge­ment qu’on entre­voit, ça n’est même pas une possi­bi­lité. On mérite un peu plus de hauteur et de vision.

    Entre temps, tout ce qu’on obtient c’est de soli­di­fier le rapport de domi­na­tion entre les déten­teurs du capi­tal et ceux qui vendent leur travail, physique ou intel­lec­tuel. Comme les second n’ont pas le choix, que les premiers voient venir la possi­bi­lité d’agir seuls, on entame un cycle de régres­sions sociales.

    Tout poli­tique qui trouve sa réponse dans la sauve­garde du travail ou qui cède aux chan­tages à l’em­ploi des grandes socié­tés devrait être hué et renvoyé chez lui. Ceux qui ignorent la ques­tion ne méritent guère mieux.

    Malheu­reu­se­ment les propo­si­tions alter­na­tives ne se croisent pas ailleurs que sur les sites web. Il n’y a aucune vraie action en ce sens.

    Le fascisme qui vient

    Le fascisme et l’au­to­ri­ta­risme qui ne sont pas étran­gers à tout ça.

    On arrive au bout d’un système. On le fait perdu­rer en renforçant le main­tient de l’ordre (police, lois, enfer­me­ment, pouvoirs de l’exé­cu­tif) et en bridant la capa­cité de s’or­ga­ni­ser (répres­sion des mouve­ments sociaux, guerre ou jeux, menaces socié­tales réelles ou fantas­mées, renfor­ce­ment de la pola­ri­sa­tion, dési­gna­tion de coupables, oppo­ser les uns et les autres).

    Il n’y a pas de complot, juste un engre­nage qui se met en place de lui-même par la lâcheté ou la courte vue de nos respon­sables poli­tiques.

    Les déten­deurs du capi­tal sont malheu­reu­se­ment histo­rique­ment assez à l’aise voire acteurs dans ces périodes, et c’est encore le cas aujourd’­hui. Leur pouvoir s’y renforce.

    Ça tient un temps, jusqu’à soit explo­ser soit sentir très mauvais. Les deux ne s’ex­cluant pas.

  • Tu as l’air fati­gué ce matin

    Je me pose la ques­tion depuis un mois, savoir si ce trai­te­ment contre l’apnée du sommeil a ou pas un effet concret sur ma vie.

    Ma famille me dit que la diffé­rence est flagrante dans ma façon d’être.

    Pour ma part c’est plus diffi­cile à dire. Ce n’est pas forcé­ment que l’ef­fet soit faible, c’est que je suis extrê­me­ment mauvais à ressen­tir ce qui m’ar­rive.

    Cette nuit, la seule fois sur le mois, j’ai arrêté la machine après quelques heures et me suis recou­ché sans penser à la remettre.

    Tu as l’air fati­gué ce matin

    Ce matin, pour la première fois avec ces collègues, on me dit que j’ai l’air très fati­gué.

    C’est peut-être une coin­ci­dence mais je me dis que oui, cette machine contre l’apnée du sommeil a peut-être des effets visible sur ma vie.

    Je suis curieux de revoir des personnes avec qui j’ai travaillé l’an­née dernière, comprendre comment ils me perce­vaient.

  • Taux d’ac­ti­vité et répar­ti­tion des richesses

    Le chômage est à des niveaux extrê­me­ment élevé depuis des années en France.

    En 1975 le chômage est entre 3 et 4%. Il monte à plus de 9% en 1959 puis oscille entre 8 et 11% jusqu'en 2015, où il se met à baisser (avec un regain temporaire en 2021) jusqu'à passer sous les 8%
    Taux de chômage en France entre 1975 et 2024

    C’est vrai, mais c’est aussi trom­peur.

    « Le taux d’ac­ti­vité des 15–64 ans est de 73,6 %, son plus haut niveau depuis que l’In­see le mesure au sens du BIT (1975). »

    Le taux d’ac­ti­vité est en crois­sance lente mais conti­nue depuis 35 ans. Il est plus haut aujourd’­hui qu’il ne l’a jamais été.

    Pensez-y la prochaine fois qu’une personne de pouvoir vous dira que les français ne cherchent plus réel­le­ment à travailler.

    Les statis­tiques démontrent le contraire.

    Taux d'activité selon l'âge de 1975 à 2022. 

Le taux des hommes de 30 à 54 ans baisse en continu mais reste au-delà de 90%
Le taux des femmes de 30 à 54 ans monte lui fortement, de moins de 60% à plus de 85%.

Les jeunes, 15 à 29 ans, baissent eux notablement et de façon continue, de plus de 65% à moins de 60% voire moins de 55%.

Le taux des plus âgés, de 55 à 64 ans, démarre à 50%, baisse fortement jusqu'à fleurter les 30%, puis monte de façon continue depuis 25 ans pour dépasser aujourd'hui les 60%

    C’est d’ailleurs aussi très clai­re­ment le cas pour les seniors. Leur taux d’ac­ti­vité monte très forte­ment et de façon conti­nue depuis 25 ans. Il n’a jamais été aussi haut.

    Pensez-y quand les mêmes vous diront qu’on arrête de travailler de plus en plus tôt.

    Les statis­tiques démontrent le contraire.

    Le problème c’est plutôt que les français et françaises veulent travailler, et que le nombre d’em­ploi n’a pas augmenté aussi vite.

    Il y a certai­ne­ment une ques­tion de libé­ra­tion des femmes, et on le voit à l’aug­men­ta­tion de leur taux d’ac­ti­vité, mais il n’y a pas que ça.

    L’aug­men­ta­tion du taux d’ac­ti­vité des seniors tend plutôt à montrer que si les français travaillent plus c’est parce qu’ils en ont besoin [pour vivre correc­te­ment ?].

    Si les gens travaillent plus, plus vieux, c’est qu’il n’y a pas de manque d’ef­fort ou de volonté. Il ne sert à rien de deman­der aux français de travailler encore plus. C’est déjà ce qu’ils demandent, et ce que traduisent les chiffres du chômage.

    Moi je pose­rais surtout le problème de la répar­ti­tion des richesses.

  • Isola­tion et clima­ti­sa­tion

    Je vois encore parler d’iso­la­tion pour la lutte contre les très fortes chaleur, en l’op­po­sant à la clima­ti­sa­tion.

    Je crois qu’il y a mauvaise compré­hen­sion : L’iso­la­tion ne rafrai­chit rien, elle se contente d’ajou­ter un peu d’iner­tie. Ce qui est chaud mettra plus long­temps à capter le frais exté­rieur. Ce qui est froid mettra plus long­temps à capter le chaud exté­rieur.

    C’est parfait en hiver. On a une source de frais (l’air exté­rieur) et une source de chaleur (notre présence, notre frigo, notre télé­vi­sion, notre plaque de cuis­son, notre four, et tous les appa­reils élec­triques ou élec­tro­niques). Plus on isole, plus on limite l’im­pact de la source de frais. Si ça ne suffit pas, on ajoute une source de chaleur inté­rieur avec le chauf­fage.

    En été c’est plus compliqué.

    En jour­née on cumule une source de chaleur exté­rieure cumu­lée à une source de chaleur inté­rieur (notre présence, notre frigo, notre télé­vi­sion, notre plaque de cuis­son, notre four, et tous les appa­reils élec­triques ou élec­tro­niques). Ça chauffe, inva­ria­ble­ment. L’iso­la­tion permet de limi­ter un des deux apports mais ça chauffe forcé­ment.

    Idéa­le­ment on évacue la chaleur récu­pé­rée en jour­née en lais­sant entrer l’air frais la nuit. Bonus pour ceux qui peuvent créer un courant d’air avec un appar­te­ment traver­sant.

    C’est là que ça commence à coin­cer.

    En périodes cani­cu­laires, la nuit ne rafrai­chit pas, ou pas assez. On gagne donc de la chaleur chaque jour, sans rien pouvoir y faire. L’iso­la­tion peut même empi­rer le problème puisqu’elle limite les trans­ferts de chaleur autant pour en gagner que pour en perdre.

    Avec le réchauf­fe­ment clima­tique ces périodes sont chaque année de plus en plus chaudes, et surtout de plus en plus longues. C’est explo­sif, surtout en zone urbaine où le béton régur­gite la chaleur de la jour­née, où beau­coup d’ap­par­te­ments ne béné­fi­cient d’au­cun courant d’air.

    Graphique montrant les vagues de chaleur entre 1947 et 2024. Les points sont placés en fonction de l'intensité maximale en °C (ordonnée) et de l'année (abscisse). La taille du point dépend de la sévérité. 

La densité des événements augmente très largement avec le temps.
    Si vous avez l’im­pres­sion que la densité des événe­ments augmente drama­tique­ment avec le temps, c’est que vous avez bien lu le graphique.

    L’iso­la­tion ne suffit pas, il faut aussi une source de frais en paral­lèle. Les deux agissent de concert.

    Malgré tout ce que ça implique, il va être de plus en plus diffi­cile de se passer de clima­ti­sa­tion. On peut juste en limi­ter l’usage en isolant le mieux qu’on peut.

  • Coût caché de la voiture

    On parle coût des trans­ports en commun. On le voit, on le paye au ticket ou à l’abon­ne­ment.

    La voiture cache ses coûts, et ils sont pour­tant impor­tants.

    On pense à l’es­sence, les péages et les parkings.

    Derrière il y a les coûts d’en­tre­tien mais aussi les consom­mables comme l’huile, les pneu­ma­tiques ou même le lave-glaces et les lavages éven­tuels.

    En coût fixe on a la carte grise, l’im­ma­tri­cu­la­tion mais aussi l’as­su­rance, le contrôle tech­nique et tous les acces­soires qu’on achète.

    Si la voiture ne dort pas dans l’es­pace public il faut comp­ter le coût du garage ou de l’es­pace sur lequel on stationne — part dans l’achat ou la loca­tion de l’ha­bi­ta­tion, de ses charges, de ses taxes éven­tuelles.

    À tout ça il faut ajou­ter la dépré­cia­tion de la voiture elle-même, qui perd de la valeur avec les années et le kilo­mé­trage.

    C’est énorme.


    Le fisc, peu habi­tué à sur-esti­mer les abat­te­ments, consi­dère un coût agrégé de 37 centimes le kilo­mètre pour les gros rouleurs dans les voitures les moins puis­santes. Les péages et parkings sont en plus.

    Dans une 3008 qui fait 15 000 km / an, plus repré­sen­ta­tive, on est plus proche des 50 centimes le kilo­mètre.

    Ça rela­ti­vise tout de suite le coût du ticket de bus, surtout s’il s’agit de payer le parking public en centre ville ensuite.


    Si ça vous semble beau­coup, les esti­ma­tions parlent d’un coût moyen à l’an­née de 5 à 10 000 €. Ça donne 30 à 60 centimes le kilo­mètre pour le kilo­mé­trage moyen de 15 000 km par an.

    On retombe sur nos mêmes ordres de gran­deur.


    Même en consi­dé­rant une voiture qu’on a déjà pour d’autres raisons, donc en excluant les coûts fixes et avec une sous-évalua­tion en imagi­nant des coûts variables au plus juste, on tombe très diffi­ci­le­ment sous les 15 cents du kilo­mètre.

    Avec un trajet domi­cile-travail de 10 km, ce coût margi­nal sous estimé est déjà plus impor­tant que la part du sala­rié pour l’abon­ne­ment de trans­port en commun : Mieux vaut lais­ser la voiture au garage.

    Et là on ne compte aucun parking, aucun péage, mais surtout aucun aléas comme une panne ou un acci­dent.

  • Liberté de conscience

    Je dois avouer qu’en tant qu’a­thée, la place que prennent les reli­gions dans les débats publics commence vrai­ment à me gonfler sévère.

    via Bluesky

    J’ai le même senti­ment.

    La foca­li­sa­tion sur la reli­gion et sur une reli­gion spéci­fique ressemble, de l’ex­té­rieur, à refu­ser la diffu­sion d’une croyance, de refu­ser de la voir chez l’autre. Je le vois vrai­ment comme une guerre de reli­gion, et je pense que c’est conscient chez certains.

    Et si la place que prennent les reli­gions commencent à ma gonfler, c’est que nos poli­tiques y mêlent l’État, au risque de rogner les liber­tés fonda­men­tales.


    Je tiens à la liberté de conscience. Chacun a la liberté de ses croyances, et de les expri­mer publique­ment. Je refuse un État qui voudrait les gouver­ner les consciences, un qui choi­si­rait lesquelles sont accep­tables ou non.

    Dans ce schéma, les croyances reli­gieuses ne sont diffé­rentes que par leur entre­mê­le­ment histo­rique avec l’État. On a créé des règles spéci­fiques pour sépa­rer les deux et assu­rer la neutra­lité de l’État. C’est l’équi­libre de la laïcité française de 1905.

    Que les actes des tiers soient fondés sur leur croyance en dieu ou pas m’im­porte peu. S’ils empiètent sur les liber­tés d’au­trui, ils sont soumis à la même loi que si leurs actes étaient fondés sur n’im­porte quelle autre croyance, valeur, prin­cipe ou opinion. Ni plus, ni moins.

    C’est vrai pour les croyances qu’on a, celles qu’on exprime, comme celles qu’on inculque aux enfants dans les familles.

  • Fin de vie

    Le débat que j’ob­serve partout est diffi­cile pour moi.

    On parle de droit à mourir. Pour moi ce n’est pas rien. La vie comme souf­france je connais, je ne le souhaite à personne. Le droit de choi­sir si on veut vivre ou mourir me parait essen­tiel, celui d’être aider à le mettre en œuvre tout autant, que ce soit pour vivre ou pour mourir.

    L’idée commune qu’il faut éviter la mort à tout le monde et la réser­ver aux malades avec un pronos­tic vital engagé et aux handi­caps lourds me fait mal à chaque fois que je la lis. C’est nier le choix, éclairé, que peuvent faire ceux qui ne sont pas dans ces cas.

    Ça revient d’ailleurs à n’ac­cep­ter la mort que de ceux qui sont déjà mort aux yeux d’une société vali­diste. On ne donne pas un choix, on se contente de réali­ser ce qui est déjà dans le regard des tiers, dans un sens ou dans l’autre.

    La personne doit être atteinte d’une mala­die grave et incu­rable, enga­geant le pronos­tic vital et en phase avan­cée. La situa­tion doit être irré­ver­sible, dans laquelle l’état de santé se dégrade de façon conti­nue et affecte clai­re­ment la qualité de vie de la personne malade.

    La personne doit aussi être dans un état de souf­france réfrac­taire ou jugée insup­por­table. […] La souf­france psycho­lo­gique à elle seule ne suffit pas.

    Projet Arca­die

    Je dis que c’est diffi­cile parce que j’ai lu les diffé­rents argu­ments, dont un qui porte énor­mé­ment chez moi : Le nombre de personnes souhai­tant exer­cer le droit à mourir varie énor­mé­ment suivant les condi­tions de vie et de soin acces­sibles.

    Je sais ce que c’est que de forcer à vivre, mais je me refuse aussi qu’on en soit réduit à mourir faute d’al­ter­na­tive.

    Tout ça n’est plus que du vali­disme. On ouvre la mort, en choix contraint, faute de condi­tions dignes à ceux pour qui on se dit « moi à a place je souhai­te­rais mourir » mais on impose la vie à ceux qu’on juge valides, pour les proté­ger d’eux-mêmes, quitte à les enfer­mer.

    Personne ne gagne.

    Peut-être qu’un jour on repar­lera de tout ça sous un autre angle, sans vali­disme ni dédain pour la souf­france mentale, en lais­sant réel­le­ment chacun choi­sir sans précon­cep­tion. Peut-être, mais ça ne sera pas pour cette fois.