Catégorie : Politique et société

  • Inter­dire les milliar­daires

    « Vouloir inter­dire les milliar­daires c’est confis­ca­toire, et contre la liberté d’en­tre­prendre. »

    trop souvent entendu

    Je suis contre les milliar­daires juste­ment parce que je suis contre la confis­ca­tion et pour la liberté.

    Je suis convaincu que personne n’a une telle valeur ajou­tée par rapport aux autres. Deve­nir milliar­daire se fait forcé­ment en exploi­tant autrui, en leur confisquant la part de richesse qui devrait reve­nir aux autres.

    Entre le manque de richesse des uns et le grand pouvoir obtenu par quelques autres, on crée un verrouillage et un système de domi­na­tion qui est tout sauf créa­teur de liberté pour tous.

  • Je ne crains pas de perdre mon travail

    Je ne demande même que ça.

    Travail n.m. (lat. pop. tripa­lium ; de tres, trois et palus pieu) instru­ment de torture puis appa­reil où l’on place les bœufs pour les ferrer

    Quelle mouche a donc piqué notre société pour qu’on veuille sauve­gar­der le travail ? Je suis des plus heureux que l’au­to­ma­ti­sa­tion m’épargne une quan­tité de travaux des siècles derniers, et qu’elle nous ait permis d’avoir un meilleur confort et une meilleure vie.

    J’ai une machine à laver le linge et une pour la vais­selle. J’ai une calcu­lette ainsi qu’un micro-ordi­na­teur portable. L’élec­tri­cité m’ap­porte aussi la lumière, la cuis­son, un ascen­seur et certai­ne­ment cent autres appa­reils quoti­diens.

    On est telle­ment entou­rés de travail auto­ma­tisé qu’on oublie que le travail manuel n’est plus que l’ex­cep­tion.

    Et tant mieux. Je n’en­vie pas le temps des labours manuels, des porteurs d’eau, de la coupe du bois de chauf­fage, des dépla­ce­ments à pieds peu importe la distance, etc.

    C’est la part des richesses appor­tée à chacun qu’il faut sauve­gar­der, pas le travail.

    Confondre les deux relève quand même d’un aveu­glé­ment assez profond.

    Richesses, subst. fém.
    Tout ce qui est suscep­tible de combler, de satis­faire les désirs, les besoins de l’homme.

    Le problème n’est pas que l’au­to­ma­ti­sa­tion retire du travail, ni même qu’on manque de richesses. Le problème c’est que l’au­to­ma­ti­sa­tion du travail modi­fie la répar­ti­tion des richesses (vers une plus grande concen­tra­tion).

    Dans un monde capi­ta­liste, la richesse appar­tient d’abord à celui qui contrôle les moyens de produc­tion. Il y a long­temps c’était la terre. Désor­mais ce sont les machines et les infra­struc­tures. Demain ce sera peut-être ce qu’on nomme les intel­li­gences arti­fi­cielles.

    Pour partie, les emplois perdus sont recréés ailleurs. L’enjeu c’est d’as­su­rer la tran­si­tion. Le chômage et la forma­tion sont des réponses mais elles ne sont que partielles. Ceux qui perdent un emploi ne sont pas forcé­ment les mêmes que ceux qui en trouvent un nouveau.

    Malheu­reu­se­ment, nos élus tendent à rabo­ter le chômage et culpa­bi­li­ser les personnes qui perdent leur emploi. Tout ceci est pour­tant struc­tu­rel, attendu. Il ne reste qu’un RSA de misère qui repré­sente à peine la moitié du seuil de pauvreté.

    Pour ne rien gâcher, nos élus tendent à vouloir augmen­ter le temps de travail, donc concen­trer l’em­ploi et les richesses acquises ainsi sur moins de personnes, avec forcé­ment plus de lais­sés pour compte.

    Prépa­rer la révo­lu­tion

    Ce qu’on nomme intel­li­gence arti­fi­cielle rend envi­sa­geable à une révo­lu­tion à court terme. On y croit ou on n’y croit pas, mais c’est un avenir possible, crédible.

    La diffé­rence avec la révo­lu­tion de la vapeur, de l’au­to­ma­ti­sa­tion des usines et de l’élec­tro­nique, c’est la vitesse à laquelle on imagine l’au­to­ma­ti­sa­tion prendre place.

    Ça peut être sanglant, à un point diffi­ci­le­ment compa­rable avec le passé.

    Le chômage ne peut pas être la solu­tion. L’es­poir dans la créa­tion de nouveaux types d’em­plois non plus. L’échelle des temps n’est pas la bonne.

    Il faut autre chose. D’au­cuns parlent de revenu de base, de revenu d’exis­tence ou de salaire à vie. Peu importe. Ça peut être ça ou autre chose, mais on a besoin d’une solu­tion, et on a très peu de temps pour la mettre en place.

    Si nous ne sommes pas prêts c’est un autre type de révo­lu­tion qui peut venir, tout aussi sanglant.

    Lâcheté et absence du poli­tique

    Sauve­gar­der le travail est déjà un non-sens à la base. Faire faire du travail inutile pour éviter de penser la répar­ti­tion des richesses, c’est botter en touche.

    Ça peut fonc­tion­ner pour quelques mois, quelques années, mais pas plus, et à petite échelle. Face à l’am­pleur du chan­ge­ment qu’on entre­voit, ça n’est même pas une possi­bi­lité. On mérite un peu plus de hauteur et de vision.

    Entre temps, tout ce qu’on obtient c’est de soli­di­fier le rapport de domi­na­tion entre les déten­teurs du capi­tal et ceux qui vendent leur travail, physique ou intel­lec­tuel. Comme les second n’ont pas le choix, que les premiers voient venir la possi­bi­lité d’agir seuls, on entame un cycle de régres­sions sociales.

    Tout poli­tique qui trouve sa réponse dans la sauve­garde du travail ou qui cède aux chan­tages à l’em­ploi des grandes socié­tés devrait être hué et renvoyé chez lui. Ceux qui ignorent la ques­tion ne méritent guère mieux.

    Malheu­reu­se­ment les propo­si­tions alter­na­tives ne se croisent pas ailleurs que sur les sites web. Il n’y a aucune vraie action en ce sens.

    Le fascisme qui vient

    Le fascisme et l’au­to­ri­ta­risme qui ne sont pas étran­gers à tout ça.

    On arrive au bout d’un système. On le fait perdu­rer en renforçant le main­tient de l’ordre (police, lois, enfer­me­ment, pouvoirs de l’exé­cu­tif) et en bridant la capa­cité de s’or­ga­ni­ser (répres­sion des mouve­ments sociaux, guerre ou jeux, menaces socié­tales réelles ou fantas­mées, renfor­ce­ment de la pola­ri­sa­tion, dési­gna­tion de coupables, oppo­ser les uns et les autres).

    Il n’y a pas de complot, juste un engre­nage qui se met en place de lui-même par la lâcheté ou la courte vue de nos respon­sables poli­tiques.

    Les déten­deurs du capi­tal sont malheu­reu­se­ment histo­rique­ment assez à l’aise voire acteurs dans ces périodes, et c’est encore le cas aujourd’­hui. Leur pouvoir s’y renforce.

    Ça tient un temps, jusqu’à soit explo­ser soit sentir très mauvais. Les deux ne s’ex­cluant pas.

  • Tu as l’air fati­gué ce matin

    Je me pose la ques­tion depuis un mois, savoir si ce trai­te­ment contre l’apnée du sommeil a ou pas un effet concret sur ma vie.

    Ma famille me dit que la diffé­rence est flagrante dans ma façon d’être.

    Pour ma part c’est plus diffi­cile à dire. Ce n’est pas forcé­ment que l’ef­fet soit faible, c’est que je suis extrê­me­ment mauvais à ressen­tir ce qui m’ar­rive.

    Cette nuit, la seule fois sur le mois, j’ai arrêté la machine après quelques heures et me suis recou­ché sans penser à la remettre.

    Tu as l’air fati­gué ce matin

    Ce matin, pour la première fois avec ces collègues, on me dit que j’ai l’air très fati­gué.

    C’est peut-être une coin­ci­dence mais je me dis que oui, cette machine contre l’apnée du sommeil a peut-être des effets visible sur ma vie.

    Je suis curieux de revoir des personnes avec qui j’ai travaillé l’an­née dernière, comprendre comment ils me perce­vaient.

  • Taux d’ac­ti­vité et répar­ti­tion des richesses

    Le chômage est à des niveaux extrê­me­ment élevé depuis des années en France.

    En 1975 le chômage est entre 3 et 4%. Il monte à plus de 9% en 1959 puis oscille entre 8 et 11% jusqu'en 2015, où il se met à baisser (avec un regain temporaire en 2021) jusqu'à passer sous les 8%
    Taux de chômage en France entre 1975 et 2024

    C’est vrai, mais c’est aussi trom­peur.

    « Le taux d’ac­ti­vité des 15–64 ans est de 73,6 %, son plus haut niveau depuis que l’In­see le mesure au sens du BIT (1975). »

    Le taux d’ac­ti­vité est en crois­sance lente mais conti­nue depuis 35 ans. Il est plus haut aujourd’­hui qu’il ne l’a jamais été.

    Pensez-y la prochaine fois qu’une personne de pouvoir vous dira que les français ne cherchent plus réel­le­ment à travailler.

    Les statis­tiques démontrent le contraire.

    Taux d'activité selon l'âge de 1975 à 2022. 

Le taux des hommes de 30 à 54 ans baisse en continu mais reste au-delà de 90%
Le taux des femmes de 30 à 54 ans monte lui fortement, de moins de 60% à plus de 85%.

Les jeunes, 15 à 29 ans, baissent eux notablement et de façon continue, de plus de 65% à moins de 60% voire moins de 55%.

Le taux des plus âgés, de 55 à 64 ans, démarre à 50%, baisse fortement jusqu'à fleurter les 30%, puis monte de façon continue depuis 25 ans pour dépasser aujourd'hui les 60%

    C’est d’ailleurs aussi très clai­re­ment le cas pour les seniors. Leur taux d’ac­ti­vité monte très forte­ment et de façon conti­nue depuis 25 ans. Il n’a jamais été aussi haut.

    Pensez-y quand les mêmes vous diront qu’on arrête de travailler de plus en plus tôt.

    Les statis­tiques démontrent le contraire.

    Le problème c’est plutôt que les français et françaises veulent travailler, et que le nombre d’em­ploi n’a pas augmenté aussi vite.

    Il y a certai­ne­ment une ques­tion de libé­ra­tion des femmes, et on le voit à l’aug­men­ta­tion de leur taux d’ac­ti­vité, mais il n’y a pas que ça.

    L’aug­men­ta­tion du taux d’ac­ti­vité des seniors tend plutôt à montrer que si les français travaillent plus c’est parce qu’ils en ont besoin [pour vivre correc­te­ment ?].

    Si les gens travaillent plus, plus vieux, c’est qu’il n’y a pas de manque d’ef­fort ou de volonté. Il ne sert à rien de deman­der aux français de travailler encore plus. C’est déjà ce qu’ils demandent, et ce que traduisent les chiffres du chômage.

    Moi je pose­rais surtout le problème de la répar­ti­tion des richesses.

  • Isola­tion et clima­ti­sa­tion

    Je vois encore parler d’iso­la­tion pour la lutte contre les très fortes chaleur, en l’op­po­sant à la clima­ti­sa­tion.

    Je crois qu’il y a mauvaise compré­hen­sion : L’iso­la­tion ne rafrai­chit rien, elle se contente d’ajou­ter un peu d’iner­tie. Ce qui est chaud mettra plus long­temps à capter le frais exté­rieur. Ce qui est froid mettra plus long­temps à capter le chaud exté­rieur.

    C’est parfait en hiver. On a une source de frais (l’air exté­rieur) et une source de chaleur (notre présence, notre frigo, notre télé­vi­sion, notre plaque de cuis­son, notre four, et tous les appa­reils élec­triques ou élec­tro­niques). Plus on isole, plus on limite l’im­pact de la source de frais. Si ça ne suffit pas, on ajoute une source de chaleur inté­rieur avec le chauf­fage.

    En été c’est plus compliqué.

    En jour­née on cumule une source de chaleur exté­rieure cumu­lée à une source de chaleur inté­rieur (notre présence, notre frigo, notre télé­vi­sion, notre plaque de cuis­son, notre four, et tous les appa­reils élec­triques ou élec­tro­niques). Ça chauffe, inva­ria­ble­ment. L’iso­la­tion permet de limi­ter un des deux apports mais ça chauffe forcé­ment.

    Idéa­le­ment on évacue la chaleur récu­pé­rée en jour­née en lais­sant entrer l’air frais la nuit. Bonus pour ceux qui peuvent créer un courant d’air avec un appar­te­ment traver­sant.

    C’est là que ça commence à coin­cer.

    En périodes cani­cu­laires, la nuit ne rafrai­chit pas, ou pas assez. On gagne donc de la chaleur chaque jour, sans rien pouvoir y faire. L’iso­la­tion peut même empi­rer le problème puisqu’elle limite les trans­ferts de chaleur autant pour en gagner que pour en perdre.

    Avec le réchauf­fe­ment clima­tique ces périodes sont chaque année de plus en plus chaudes, et surtout de plus en plus longues. C’est explo­sif, surtout en zone urbaine où le béton régur­gite la chaleur de la jour­née, où beau­coup d’ap­par­te­ments ne béné­fi­cient d’au­cun courant d’air.

    Graphique montrant les vagues de chaleur entre 1947 et 2024. Les points sont placés en fonction de l'intensité maximale en °C (ordonnée) et de l'année (abscisse). La taille du point dépend de la sévérité. 

La densité des événements augmente très largement avec le temps.
    Si vous avez l’im­pres­sion que la densité des événe­ments augmente drama­tique­ment avec le temps, c’est que vous avez bien lu le graphique.

    L’iso­la­tion ne suffit pas, il faut aussi une source de frais en paral­lèle. Les deux agissent de concert.

    Malgré tout ce que ça implique, il va être de plus en plus diffi­cile de se passer de clima­ti­sa­tion. On peut juste en limi­ter l’usage en isolant le mieux qu’on peut.

  • Coût caché de la voiture

    On parle coût des trans­ports en commun. On le voit, on le paye au ticket ou à l’abon­ne­ment.

    La voiture cache ses coûts, et ils sont pour­tant impor­tants.

    On pense à l’es­sence, les péages et les parkings.

    Derrière il y a les coûts d’en­tre­tien mais aussi les consom­mables comme l’huile, les pneu­ma­tiques ou même le lave-glaces et les lavages éven­tuels.

    En coût fixe on a la carte grise, l’im­ma­tri­cu­la­tion mais aussi l’as­su­rance, le contrôle tech­nique et tous les acces­soires qu’on achète.

    Si la voiture ne dort pas dans l’es­pace public il faut comp­ter le coût du garage ou de l’es­pace sur lequel on stationne — part dans l’achat ou la loca­tion de l’ha­bi­ta­tion, de ses charges, de ses taxes éven­tuelles.

    À tout ça il faut ajou­ter la dépré­cia­tion de la voiture elle-même, qui perd de la valeur avec les années et le kilo­mé­trage.

    C’est énorme.


    Le fisc, peu habi­tué à sur-esti­mer les abat­te­ments, consi­dère un coût agrégé de 37 centimes le kilo­mètre pour les gros rouleurs dans les voitures les moins puis­santes. Les péages et parkings sont en plus.

    Dans une 3008 qui fait 15 000 km / an, plus repré­sen­ta­tive, on est plus proche des 50 centimes le kilo­mètre.

    Ça rela­ti­vise tout de suite le coût du ticket de bus, surtout s’il s’agit de payer le parking public en centre ville ensuite.


    Si ça vous semble beau­coup, les esti­ma­tions parlent d’un coût moyen à l’an­née de 5 à 10 000 €. Ça donne 30 à 60 centimes le kilo­mètre pour le kilo­mé­trage moyen de 15 000 km par an.

    On retombe sur nos mêmes ordres de gran­deur.


    Même en consi­dé­rant une voiture qu’on a déjà pour d’autres raisons, donc en excluant les coûts fixes et avec une sous-évalua­tion en imagi­nant des coûts variables au plus juste, on tombe très diffi­ci­le­ment sous les 15 cents du kilo­mètre.

    Avec un trajet domi­cile-travail de 10 km, ce coût margi­nal sous estimé est déjà plus impor­tant que la part du sala­rié pour l’abon­ne­ment de trans­port en commun : Mieux vaut lais­ser la voiture au garage.

    Et là on ne compte aucun parking, aucun péage, mais surtout aucun aléas comme une panne ou un acci­dent.

  • Liberté de conscience

    Je dois avouer qu’en tant qu’a­thée, la place que prennent les reli­gions dans les débats publics commence vrai­ment à me gonfler sévère.

    via Bluesky

    J’ai le même senti­ment.

    La foca­li­sa­tion sur la reli­gion et sur une reli­gion spéci­fique ressemble, de l’ex­té­rieur, à refu­ser la diffu­sion d’une croyance, de refu­ser de la voir chez l’autre. Je le vois vrai­ment comme une guerre de reli­gion, et je pense que c’est conscient chez certains.

    Et si la place que prennent les reli­gions commencent à ma gonfler, c’est que nos poli­tiques y mêlent l’État, au risque de rogner les liber­tés fonda­men­tales.


    Je tiens à la liberté de conscience. Chacun a la liberté de ses croyances, et de les expri­mer publique­ment. Je refuse un État qui voudrait les gouver­ner les consciences, un qui choi­si­rait lesquelles sont accep­tables ou non.

    Dans ce schéma, les croyances reli­gieuses ne sont diffé­rentes que par leur entre­mê­le­ment histo­rique avec l’État. On a créé des règles spéci­fiques pour sépa­rer les deux et assu­rer la neutra­lité de l’État. C’est l’équi­libre de la laïcité française de 1905.

    Que les actes des tiers soient fondés sur leur croyance en dieu ou pas m’im­porte peu. S’ils empiètent sur les liber­tés d’au­trui, ils sont soumis à la même loi que si leurs actes étaient fondés sur n’im­porte quelle autre croyance, valeur, prin­cipe ou opinion. Ni plus, ni moins.

    C’est vrai pour les croyances qu’on a, celles qu’on exprime, comme celles qu’on inculque aux enfants dans les familles.

  • Fin de vie

    Le débat que j’ob­serve partout est diffi­cile pour moi.

    On parle de droit à mourir. Pour moi ce n’est pas rien. La vie comme souf­france je connais, je ne le souhaite à personne. Le droit de choi­sir si on veut vivre ou mourir me parait essen­tiel, celui d’être aider à le mettre en œuvre tout autant, que ce soit pour vivre ou pour mourir.

    L’idée commune qu’il faut éviter la mort à tout le monde et la réser­ver aux malades avec un pronos­tic vital engagé et aux handi­caps lourds me fait mal à chaque fois que je la lis. C’est nier le choix, éclairé, que peuvent faire ceux qui ne sont pas dans ces cas.

    Ça revient d’ailleurs à n’ac­cep­ter la mort que de ceux qui sont déjà mort aux yeux d’une société vali­diste. On ne donne pas un choix, on se contente de réali­ser ce qui est déjà dans le regard des tiers, dans un sens ou dans l’autre.

    La personne doit être atteinte d’une mala­die grave et incu­rable, enga­geant le pronos­tic vital et en phase avan­cée. La situa­tion doit être irré­ver­sible, dans laquelle l’état de santé se dégrade de façon conti­nue et affecte clai­re­ment la qualité de vie de la personne malade.

    La personne doit aussi être dans un état de souf­france réfrac­taire ou jugée insup­por­table. […] La souf­france psycho­lo­gique à elle seule ne suffit pas.

    Projet Arca­die

    Je dis que c’est diffi­cile parce que j’ai lu les diffé­rents argu­ments, dont un qui porte énor­mé­ment chez moi : Le nombre de personnes souhai­tant exer­cer le droit à mourir varie énor­mé­ment suivant les condi­tions de vie et de soin acces­sibles.

    Je sais ce que c’est que de forcer à vivre, mais je me refuse aussi qu’on en soit réduit à mourir faute d’al­ter­na­tive.

    Tout ça n’est plus que du vali­disme. On ouvre la mort, en choix contraint, faute de condi­tions dignes à ceux pour qui on se dit « moi à a place je souhai­te­rais mourir » mais on impose la vie à ceux qu’on juge valides, pour les proté­ger d’eux-mêmes, quitte à les enfer­mer.

    Personne ne gagne.

    Peut-être qu’un jour on repar­lera de tout ça sous un autre angle, sans vali­disme ni dédain pour la souf­france mentale, en lais­sant réel­le­ment chacun choi­sir sans précon­cep­tion. Peut-être, mais ça ne sera pas pour cette fois.

  • Emails, chif­fre­ment et vie privée

    Image avec une personne (à queue de cheval), qui envoie un email à travers le réseau jusqu'à son serveur, qui envoie à travers le réseau jusqu'à mon serveur, qui envoie à travers le réseau jusqu'à une autre personne (à chapeau)
    Alice veut envoyer un email à Bob.

    Que peut-on sécu­ri­ser là dedans ? On va essayer d’y voir clair.

    Le schéma stan­dard n’est pas très glorieux

    Les trans­fert entre Alice, Bob et leur serveur sont quasi­ment toujours sécu­ri­sés aujourd’­hui. À l’en­voi c’est SMTP pour un client email, et HTTP pour un webmail. À la récep­tion c’est IMAP ou POP pour un client email, et HTTP pour un webmail.

    La commu­ni­ca­tion entre les serveurs est géné­ra­le­ment sécu­ri­sée mais les proto­coles ne garan­tissent pas qu’elle le soit toujours.

    Les emails tran­sitent par contre en clair sur les deux serveurs. Si Alice et Bob laissent leurs messages sur le serveur, l’his­to­rique y est aussi en clair.

    Envoi : Jaune
Serveur d'envoi et historique : Rouge
Liaison entre les deux serveurs : Jaune
Serveur de réception et historique : Rouge
Réception : Vert

    La vision histo­rique, GPG et S/MIME

    La solu­tion histo­rique qui ne demande aucun chan­ge­ment majeur sur toute la chaîne c’est d’uti­li­ser GPG ou S/MIME.

    Alice chiffre l’email avant de l’en­voyer et Bob le déchiffre au moment où il le reçoit. Le réseau et les serveurs ne voient que le contenu chif­fré, illi­sible.

    Le compro­mis c’est celui de la lettre postale. Les tiers n’ont pas accès au contenu mais savent encore qui a écrit à qui, quand et depuis où. Même le sujet de l’email est en clair (et ça en dit parfois beau­coup).

    Si vous écri­vez à un avocat, à un jour­na­liste, à un hôpi­tal, à une person­na­lité ou à qui que ce soit d’in­té­rêt, on conti­nuera à le savoir. Ça peut révé­ler presque autant de chose que le contenu lui-même.

    Chaîne d'envoi à réception : Bleu-vert

    Cette vision est aujourd’­hui consi­dé­rée comme peu perti­nente, même par ses défen­seurs de l’époque. Elle est complexe à mettre en œuvre, repose sur des échanges de clés qui ne sont pas si évidents, et n’offre pas assez de confi­den­tia­lité. Ça reste toute­fois « l’état de l’art » sur l’échange d’email.

    Il y a un effort avec Auto­crypt pour auto­ma­ti­ser PGP de manière oppor­tu­niste mais ça a son lot de complexité et de compro­mis de sécu­rité.

    Agir de son côté

    La solu­tion histo­rique repose sur le chif­fre­ment par l’ex­pé­di­teur. Si l’email n’est pas chif­fré à la base, on se retrouve dans le système stan­dard. En pratique peu le font, soit parce qu’ils ne savent pas, soit parce que c’est compliqué, soit parce que ce n’est pas proposé par leurs outils.

    Dans toute la suite on va donc se concen­trer un seul côté, faute de pouvoir faire chan­ger nos inter­lo­cu­teurs.

    Réception : Rouge
Archives : Rouge
Traitement : Rouge
Communication : Vert

    Tiers de confiance

    Les emails en entrée seront toujours en clair. La seule chose qu’on peut faire c’est cher­cher un pres­ta­taire de confiance et s’as­su­rer que personne d’autre que lui n’a accès au serveur.

    Le pres­ta­taire de confiance c’est à vous de le choi­sir. Ça peut être une ques­tion d’in­ter­dire le profi­lage, l’ex­ploi­ta­tion statis­tique des données ou la publi­cité ciblée. Ça peut ausi être une ques­tion d’em­pê­cher les fuites ou l’in­tru­sion d’États.

    Sur le premier point les petits pres­ta­taires sont souvent exem­plaires. Sur le second point il est plus facile d’avoir confiance dans un petit acteur qu’on connait bien, mais sa sécu­rité et sa résis­tance aux pres­sions seront peut-être plus faibles.

    Dans tous les cas, cet acteur sera soumis aux lois et aux auto­ri­tés de son pays ainsi qu’à celui du pays qui héberge ses serveurs, pour ce qu’il y a de bien comme pour ce qu’il y a de mauvais.

    Réception : Jaune
Archives : Rouge
Traitement : Rouge
Communication : Vert

    Le choix pour nous, euro­péens, c’est souvent de savoir si on accepte que notre serveur soit ou pas soumis aux lois de surveillance des USA. La soumis­sions aux USA inter­vient dès que l’en­tité qui nous héberge a une présence légale ou maté­rielle dans ce pays, ce qui malheu­reu­se­ment est le plus souvent le cas pour les acteurs inter­na­tio­naux.

    Réception : Orange
Archives : Rouge
Traitement : Rouge
Communication : Vert

    Chif­fre­ment du stockage

    Certains services vous diront que les emails sont stockés chif­frés. C’est un chif­fre­ment unique­ment au stockage.

    Le serveur conti­nue à avoir les clés, donc la capa­cité de lire les emails. C’est mieux que rien, mais ça ne couvre qu’une petite partie du problème.

    Réception : Jaune
Archives : Orange
Traitement : Rouge
Communication : Vert

    Chif­fre­ment à la volée

    Tant que les emails restent lisibles sur le serveur, ça peut fuiter.

    Pour sécu­ri­ser les archives, Mail­den — proba­ble­ment via Dove­cot — chiffre immé­dia­te­ment l’email dès qu’il est reçu, à partir de la clé publique du desti­na­taire. L’his­to­rique est sécu­risé.

    Lors que l’uti­li­sa­teur se connecte avec son client email habi­tuel, le mot de passe reçu sert aussi à accé­der à la clé de déchif­fre­ment le temps de retour­ner les emails. Clé privée, mot de passe et conte­nus en clair sont effa­cés une fois la connexion termi­née.

    L’his­to­rique est protégé mais le serveur a quand même briè­ve­ment accès à tous les emails à chaque fois qu’on se connecte.

    Réception : Jaune
Archives : Vert
Traitement : Orange
Communication : Vert

    Déchif­fre­ment côté client

    On peut faire la même chose mais avec le déchif­fre­ment côté client, comme dans le scéna­rio GPG décrit tout au début.

    Les emails sont chif­frés dès qu’ils sont reçus, et trans­mis chif­frés au client. C’est le client qui s’oc­cu­pera de les déchif­frer.

    Atten­tion, les méta­don­nées sont toujours en clair dans les archives. Ce qui est chif­fré est plus en sécu­rité qu’a­vec Mail­den, mais il y a moins de choses chif­frées (les méta­don­nées en clair peuvent révé­ler beau­coup).

    Réception : Jaune
Archives : Bleu
Traitement : Bleu
Communication : Vert

    Proton Mail fait ça, en utili­sant GPG en interne et des clients emails spéci­fique pour inter­agir avec les serveurs. De ce que je comprends, toute­fois, le service pour­rait être soumis aux lois US. Si c’est confirmé, ça les rend pour moi beau­coup moins « de confiance ».

    Réception : Orange
Archives : Bleu
Traitement : Bleu
Communication : Vert

    Chif­fre­ment de l’en­ve­loppe

    Tuta va plus loin. Ils se sont distan­ciés de GPG et chiffrent tout l’email, enve­loppe incluse.

    En échange la recherche dans les emails se fait forcé­ment côté client (le serveur n’a plus accès aux méta­don­nées néces­saires), ce qui peut être handi­ca­pant pour fouiller dans de grandes archives.

    Il n’y a pas non plus à ma connais­sance de solu­tion pour gérer une sauve­garde auto­ma­tique régu­lière de l’ar­chive email.

    Réception : Jaune
Archives : Vert
Traitement : Vert
Communication : Vert

    Ok, je dois utili­ser Tuta alors ?

    C’est très loin d’être évident.

    Tuta impose d’uti­li­ser ses propres logi­ciels pour accé­der aux emails. Impos­sible d’uti­li­ser les outils habi­tuels via POP ou IMAP. Il y a aussi des restric­tions d’usage sur la recherche dans les archives. Le tout se fait aussi avec un abon­ne­ment non négli­geable.

    Si vous êtes sensibles aux ques­tions de vie privée, par convic­tion plus que par besoin, allez-y. Jetez toute­fois un œil aux compro­mis comme celui de Mail­den, qui permet d’uti­li­ser les proto­coles et outils stan­dards.

    La réalité c’est que pour à peu près tout le monde, tout ça apporte des contraintes à l’usage ou au prix pour un gain très virtuel. Aucun humain ne va lire vos emails, et il y a peu de chances que le contenu ne fuite en public, simple­ment parce que ça n’in­té­resse personne.

    Tout au plus, vue la tour­nure que prennent les États-Unis, si vous appar­te­nez à une mino­rité, ça ne coûte pas grand chose de rapa­trier vos données en terri­toire euro­péen par sécu­rité plutôt que les lais­ser chez Google, Apple ou Micro­soft. Si l’Eu­rope prend le même chemin dans le futur, il sera temps de passer à Proton ou Tuta à ce moment là.

    Si vous êtes quelqu’un en vue, Proton ou Tuta peuvent avoir du sens, mais presque plus parce que ces héber­geurs ont la sécu­rité en tête que parce que les emails y sont chif­frés. Gmail ferait tout autant l’af­faire pour les mêmes raisons.

    Si vous êtes réel­le­ment en danger en cas de fuite de vos emails, Tuta est peut-être ce qui ressemble le plus à une solu­tion mais le mieux est de ne simple­ment pas utili­ser l’email. Ce sera toujours impar­fait parce que ce n’est pas prévu pour être confi­den­tiel à la base. Il y a aujourd’­hui d’autres solu­tions plus perti­nentes.


    Simple et effi­cace

    Dans tout ça il y a quand même une solu­tion qui n’a pas été abor­dée et qui mérite d’être souli­gnée : Récu­pé­rer ses emails très régu­liè­re­ment et ne pas lais­ser ses archives en ligne.

    Parfois le plus simple est encore le plus effi­cace. Tant qu’il n’y a pas besoin d’ac­cé­der aux archives en ligne ou depuis le smart­phone, ça fait très bien l’af­faire.

    Réception : Jaune
Communication : Vert
Archives locales : Vert
  • IA : L’élé­phant dans le couloir (bis)

    J’avais tenté de récol­ter un peu de donnée sérieuse sur la consom­ma­tion éner­gé­tique des LLMs. C’est labo­rieux, et je n’ai pas trouvé le consen­sus que je cher­chais.

    Les données ne sont pas publiques, si tant est qu’elles soient connues, et tout n’est qu’es­ti­ma­tion à base d’hy­po­thèses.

    Il y a à la fois profu­sion d’in­for­ma­tion et de chiffres lancés, et en même temps pas tant d’études récentes qui détaillent tout ça. Celles qui existent donnent des résul­tats parfois extrê­me­ment diffé­rents les unes des autres, sur des hypo­thèses elles-aussi diffé­rentes et parfois discu­tables.

    Le tout est aussi dépen­dant de la taille comme de la géné­ra­tion du modèle utilisé. Certains demandent du calcul paral­lèle sur plusieurs GPU dédiés, d’autres sont assez petits pour tour­ner direc­te­ment sur le télé­phone. La consom­ma­tion éner­gé­tique est en fonc­tion.

    Bref, plein de choses à lire, sans qu’on puisse faci­le­ment en déter­mi­ner la fiabi­lité des esti­ma­tions ou la perti­nence des hypo­thèses. Chacun trou­vera son bonheur en fonc­tion des biais qu’il aura au départ.

    Je n’ai toute­fois pas été le seul à faire ces recherches, et il y a des réponses inté­res­santes.

    Si je ne devais donner qu’un lien pour commen­cer, c’est Andy Masley, qui a tenté l’exer­cice de tout fouiller pour tirer ses conclu­sions et qui a ensuite itéré avec les réac­tions qu’il a eu, liant plein de sources et de réac­tions sur le web, avec tendance à remettre ses chiffres et conclu­sions en cause quand c’est perti­nent (atti­tude qui me donne confiance). Vous pouvez commen­cer par le dernier épisode et suivre lien à lien.


    Note : Ce qui suit ne porte pas de juge­ment de valeur. Je ne dis pas si c’est bien, grave, ou quoi que ce soit. Tirez-en vous-mêmes vos conclu­sions.


    Elle est de combien cette consom­ma­tion éner­gé­tique alors ?

    Les études sérieuses récentes parlent d’entre 0.3 et 2.9Wh par requête ChatGPT, en faisant réfé­rence à des géné­ra­tions diffé­rentes1, et certaines avec des hypo­thèses d’en­trée/sortie d’un ordre de gran­deur plus grand que la requête moyenne. On trouve aussi du 0,2Wh pour LLaMA-65B. HuggingFace donne une esti­ma­tion éner­gé­tique de chaque requête, et j’ob­tiens plutôt du 0,18Wh pour Qwen 2.5 en 72B.

    Les pessi­mistes pren­dront 3Wh, les opti­mistes 0.3Wh2. Les deux sont crédibles.

    Malheu­reu­se­ment ça veut aussi dire que toute conclu­sion tient en équi­libre sur une donnée dont on ne connait même pas l’ordre de gran­deur réel.

    Si en plus on ajoute les modèles de taille infé­rieure comme les chatGPT-nano et les modèles 5B dans l’équa­tion, on peut certai­ne­ment encore divi­der par 5 ou 103 les esti­ma­tions opti­mistes. Si on ajoute les modèles thin­king, on peut multu­plier par 2 à 5 les esti­ma­tions pessi­mistes.

    Andy Masley utilise la vision conser­va­trice du 3Wh comme ordre de gran­deur en se disant que « ça sera en dessous » et que donc c’est un coût maxi­mum. Je suis mitigé sur l’ap­proche, parce que du coup les discus­sions se foca­lisent sur ce chiffre qui peut (ou pas) être encore un voire deux ordres de gran­deur trop grand suivant ce à quoi on fait réfé­rence.

    Ça veut dire combien en équi­valent CO2 ?

    Une grosse partie des data­cen­ters sont aux USA. Les USA ont une moyenne de 365 g d’eqCO2 par kWh mais ça reste très hété­ro­gène. La Cali­for­nie qui concentre une bonne partie de l’ac­ti­vité fait moitié moins.

    Tout n’est d’ailleurs pas non plus aux USA. Si vous utili­sez un LLM hébergé en France, les émis­sions tombent à 56 g d’eqCO2 par kWh, soit 6 fois mois.

    Il est dans tous les cas diffi­cile de lier les data­cen­ters à la moyenne d’émis­sion de leur région vu leurs efforts pour se lier à des sources d’éner­gie à faibles émis­sions plutôt au mix géné­ral.

    Bref, là aussi, même l’ordre de gran­deur n’est pas une évidence.

    Malheu­reu­se­ment ça se multi­plie : Si l’es­ti­ma­tion éner­gé­tique fait une four­chette d’un ordre de gran­deur, que l’es­ti­ma­tion d’émis­sion fait une four­chette d’un ordre de gran­deur, le résul­tat c’est qu’on a une incer­ti­tude de deux ordres de gran­deur à la fin, et prendre « au milieu » n’a aucun sens.

    Bien entendu, si on ne se fixe pas sur une taille de modèle précise, on peut ajou­ter encore un ordre de gran­deur d’in­cer­ti­tude à tout ça.

    La four­chette finale est comme vous dire « c’est quelque chose entre le Paris-Versailles aller-retour et le tour de la terre complet ». Diffi­cile de raison­ner avec ça.

    Donne nous un chiffre !

    Va savoir… vu les esti­ma­tions avec des ordres de gran­deurs quasi­ment incon­nus, ma seule conclu­sion est « je ne sais pas ».

    Je vais quand même reprendre l’idée d’Andy Masley avec quelques hypo­thèses.

    ChatGPT ou équi­valent 70B,
    borne pessi­miste,
    data­cen­ter en Cali­for­nie
    0,550 gr d’éqCO2 par requête
    ChatGPT ou équi­valent 70B,
    borne opti­miste,
    data­cen­ter en Cali­for­nie
    0,055 gr d’éqCO2 par requête
    ChatGPT-nano ou équiv. 5B,
    borne pessi­miste,
    data­cen­ter en Cali­for­nie
    0,055 gr d’éqCO2 par requête
    ChatGPT-nano ou équiv. 5B,
    borne opti­miste,
    data­cen­ter en Cali­for­nie
    0,005 gr d’éqCO2 par requête
    ChatGPT-nano ou équiv. 5B,
    borne opti­miste,
    data­cen­ter en France
    0,0017 gr d’éqCO2 par requête

    Renta­bi­lité

    Un ordi­na­teur fixe avec son écran externe consomme dans les 60 watts4, donc 1 Wh par minute d’uti­li­sa­tion. Avec nos chiffres plus haut, une requête LLM devient rentable éner­gé­tique­ment si elle évite entre 2 secondes et 3 minutes de travail5.

    On trouve aussi qu’une requête de recherche Google consomme 10 fois moins qu’une requête ChatGPT6. Tourné autre­ment, la requête au LLM est rentable si elle vous épargne 10 recherches Google. Si vous utili­sez un modèle nano, on devrait être au même ordre de gran­deur qu’une requête Google.

    Si on mélange les deux (pendant l’uti­li­sa­tion de votre ordi­na­teur vous allez faire des recherches, pendant vos recherches vous allez utili­ser l’or­di­na­teur, et faire tour­ner d’autres serveurs web), l’équi­va­lence éner­gé­tique semble attei­gnable rapi­de­ment.

    Ok, mais c’est beau­coup quand même, non ?

    Je vais éviter l’opi­nion subjec­tive. Le mieux est de prendre quelques exemples à partir du compa­ra­teur de l’Ademe :

    • Une simple tartine de beurre sans confi­ture le matin7 c’est l’équi­valent d’entre 144 requêtes et 39 500 requêtes LLM dans la jour­née.
    • Prendre 100 grammes de crevettes8 au repas une fois dans l’an­née, c’est l’équi­valent de faire au travail toute l’an­née entre plus de 2 requêtes par jour et plus d’1 requête par minute.
    • Si vous déci­dez de rempla­cer la vieille armoire de mamie qui commence à lâcher plutôt que de faire un rafis­to­lage bien moche avec clous et planches, c’est l’équi­valent de faire entre une requête toutes les 16 minutes et 17 requêtes par minute sur toute votre vie à partir de vos 6 ans, 16 heures par jour9 .

    Si certains parlent d’in­ter­dire les IAs pour des raisons éner­gé­tiques, ce que je trouve comme chiffre rend toute­fois bien plus effi­cace et perti­nent d’in­ter­dire de jeter des meubles ou de manger des crevettes ou des raclettes10, à la fois sur l’ordre de gran­deur et sur le service rendu.

    Ce que je ne dis pas

    Parce que je sais que je vais avoir pas mal de réac­tions :

    • Je ne nie pas l’im­pact envi­ron­ne­men­tal
    • Je ne dis pas que c’est rien. Ce n’est pas rien.
    • Je ne sais pas mesu­rer à quel point on risque d’uti­li­ser ces outils dans le futur, et donc le poten­tiel effet de masse
    • Je ne dis rien ici de la perti­nence, de l’uti­lité ou de la dange­ro­sité de ces outils hors des ques­tions éner­gé­tiques
    • Je ne dis pas oui ou non à un usage ou un autre, je me contente de donner les chiffres et l’in­cer­ti­tude que j’ai trou­vés

    C’est un état de réflexion, pas une conclu­sion

    Bien évidem­ment, si j’ai fait une quel­conque erreur, ce qui est loin d’être impos­sible, vous êtes les bien­ve­nus à me le signa­ler.

    Même chose si vous avez des liens à ajou­ter au débat. Je ne les ai pas forcé­ment lu, et ça peut évidem­ment chan­ger mon texte.


    1. Sans avoir de données publiques, les prix des diffé­rentes géné­ra­tions crédi­bi­lisent que la consom­ma­tion éner­gé­tique a tendance à bien bais­ser avec le temps ↩︎
    2. C’est poten­tiel­le­ment 30% de plus si on prend en compte l’en­trai­ne­ment des modèles. J’ai fait le choix de ne pas le prendre en compte parce que juste­ment on parle d’un futur où on aurait un usage massif des LLMs (les émis­sions d’aujourd’­hui sont peu signi­fiantes). Dans ce futur, si on répar­tit le coût d’en­trai­ne­ment sur la tota­lité des usages, on a des chances que ça ne soit pas si signi­fi­ca­tif que ça. Dans tous les cas, même 30% ne change pas les ordres de gran­deur de la suite. ↩︎
    3. Je me base sur la diffé­rence de prix entre ChatGPT-4.1 et ChatGPT-4.1-nano ↩︎
    4. On peut divi­ser par deux pour un ordi­na­teur portable ↩︎
    5. Suivant qu’on est sur un équi­valent ChatGPT avec un scéna­rio de consom­ma­tion pessi­miste ou un équi­valent équi­valent ChatGPT-nano hébergé en France avec un scéna­rio de consom­ma­tion opti­miste ↩︎
    6. Là aussi, il semble que ce soit une borne haute, proba­ble­ment basée sur la borne haute de la consom­ma­tion éner­gé­tique de ChatGPT ↩︎
    7. 10 grammes de beurre par tartine, à 7,9 kg d’eqCO2 par kg de beurre, donc 79 grammes d’eqCO2 par tartine. ↩︎
    8. 100 grammes de crevettes, à 20 kg d’eqCO2 par kg de crevettes, donc 2 kg d’eqCO2 la portion de crevettes. ↩︎
    9. 16 heures par jour parce que bon, à faire ça toute votre vie on peut quand même vous lais­ser 8 heures par jour pour dormir, manger, prendre une douche, vous dépla­cer, etc. ↩︎
    10. Ce n’est pas juste une remarque amusante ou du whata­bou­tisme. Je suis en fait sacré­ment sérieux. L’ali­men­ta­tion de source animale est un des éléments majeur de nos émis­sions, bien bien au-delà de ce que pour­rait deve­nir l’IA dans les scéna­rios pessi­mistes sur le futur. Mettre une taxe carbone voire des inter­dic­tions ne me parait pas tota­le­ment décon­nant.
      Oui, j’en suis là sur mon rapport au réchauf­fe­ment clima­tique, c’est dire à quel point je ne prends pas la chose à la légère et à quel point je serais prêt à bannir l’IA si j’avais l’im­pres­sion que ce serait le problème. ↩︎