J’ai toujours du mal avec la gestion des coûts d’une partie de l’industrie française, boites tech incluses.
En France on est principalement sur le mode « les salaires coûtent déjà tellement cher qu’il faut réduire au maximum tous les coûts additionnels, matériels et licences ».
Aux US je perçois quand même l’opposé, au moins dans les boites tech : « les salaires coûtent déjà tellement cher que ce serait un gâchis de ne pas en libérer tout le potentiel possible en payant les meilleurs outils et les meilleures conditions de travail ».
Choisis ton camp.
Moi il y en a un des deux qui me semble quand même plus censé.
Ça n’a rien de neuf, on est dans le point 9 de la liste de Joel Spolsky. Elle a quand même 25 ans désormais.
Do you use the best tools money can buy?
Mes premières années en étaient arrivées à me faire croire qu’il était normal d’avoir du matériel plus efficace pour mes loisirs que pour le travail. Sans trouver ça normal, je crains qu’une large partie des développeurs français ne vivent encore cette situation hallucinante. Quand on parle de télétravail, c’est d’ailleurs souvent une des motivations qui ressort : Ce n’est pas que le temps de trajet, c’est aussi le matériel à disposition qui est meilleur chez soi.
On trouve par contre encore trop souvent acceptable voire normal de compenser les manques d’allocation par du matériel personnel.
- J’ai déjà ramené un écran au travail, qui y est resté des années jusqu’à ce que je quitte l’entreprise.
- J’ai vu régulièrement au cours de ma carrière des développeurs ramener leur ordinateur portable personnel au travail malgré des interdictions strictes, faute d’en avoir un officiel qui permette de travailler correctement.
- J’ai quasiment toujours vu des développeurs ramener un clavier externe, parfois une souris, souvent des casques anti-bruits, essentiels pour travailler efficacement.
- Je ne compte même pas toutes les entreprises qui profitent des usages mobiles ou de pouvoir joindre les développeurs hors du bureau mais qui refusent de financer le smartphone correspondant.
- J’ai même croisé des équipes en ESN qui travaillent sur des app mobiles sans avoir aucun appareil mobile pro pour tester leurs applications.
- Damned, j’ai même vu des entreprises oser proposer de financer moitié-moitié des équipements pourtant nécessaires, ou de dire que ceux qui travaillent de chez eux n’auront pas autant de matériel pro parce qu’ils peuvent utiliser du matériel personnel.
Je prends des exemples de matériel mais c’est encore pire dès qu’on parle licences et coûts facturés à l’usage. Même quand c’est possible, parfois l’effort ou le temps demandés pour l’obtention sont disproportionnés par rapport au montant à débourser.
Les budgets français sont rarement là pour donner de l’autonomie. Ils sont là pour réduire les coûts et empêcher de dépenser sur ce que le management n’avait pas prévu et validé.
Heureusement ce n’est pas vrai partout, et pas toujours dans ces proportions, mais ça reste encore trop souvent le cas.
Comment voulez-vous créer des opportunités ? voir apparaitre de l’innovation ? libérer la créativité ? provoquer des changements ?
S’il faut tout négocier et justifier, si ça demande un effort supplémentaire pour tout, il ne faut pas s’étonner qu’ensuite rien ne bouge.
Il faut laisser des marges de manœuvre et de l’autonomie. Il faut savoir ne pas tout surveiller, ne pas tout maitriser, et ne pas tout mesurer immédiatement. Il faut accepter qu’on se trompe, et qu’on ne corrige qu’après-coup.
Et oui, ça veut dire aussi que parfois on dépensera du budget au mauvais endroit. On le verra, on corrigera, et peut-être que la prochaine fois ça portera ses fruits.
Ne pas essayer est la seule façon de ne pas réussir.
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