Catégorie : Réseaux et Internet

  • Une pure neutra­lité du Net est impos­sible et illu­soire

    Pour rendre compte de l’adop­tion par les États-Unis d’une neutra­lité des réseaux Inter­net, France 24 titre « Une pure neutra­lité du Net est impos­sible et illu­soire« .

    Allez compren­dre…

    Alors pourquoi ? J’avais parié sur parce-que-les-terro­ristes, mais ils visi­ble­ment l’ex­pert préfère les argu­ments éprou­vés. Il en est resté à parce-que-la-pédo­por­no­gra­phie.

    Pour Orange, ses données sont beau­coup plus rentables que celles de Skype. Il pour­rait donc déci­der de ralen­tir ou de bloquer les données de Skype pour que les gens utilisent ses services. La neutra­lité du Net prise dans sa forme la plus pure l’in­ter­dit. Évidem­ment, ce prin­cipe doit être nuancé. Il est parfois néces­saire de ralen­tir ou de bloquer certaines données comme par exemple la pédo­por­no­gra­phie.

    Faire en sorte que la pédo­por­no­gra­phie aille moins vite, c’est ça ? euh… je demande toujours à comprendre. D’au­tant que même quand on parle de blocage, je ne vois aucune rela­tion entre le refus de trans­mettre un contenu jugé illé­gal et la capa­cité de favo­ri­ser ses propres services pour raisons commer­ciales.

    Je dis ça je ne dis rien mais la pédo­por­no­gra­phie ici est surtout un joli prétexte qui n’a rien à voir avec le sujet.

    Jusqu’où doit-on fixer le curseur ? Une pure neutra­lité du Net est impos­sible et illu­soire. Il y a certains cas qui doivent être prévus. C’est toute une négo­cia­tion avec les opéra­teurs de télé­pho­nie.

    Bref, on répète le titre mais on s’abs­tient surtout de donner des exemples qui semblent légi­times. D’ailleurs s’il s’agis­sait de pédo­por­no­gra­phie on verrait mal pourquoi on négo­cie­rait pour cela avec les opéra­teurs de télé­pho­nie.

    Bref, d’autres pays l’ont fait, les États-Unis ne sont pas les seuls. Nous nos experts disent que c’est impos­sible et notre presse relaie sage­ment la contra­dic­tion avec la réalité. Bravo Fran­ce24

     

  • États-Unis : victoire cruciale pour la neutra­lité du Net

    Les cinq commis­saires qui dirigent la FCC ont consi­déré par trois voix contre deux que l’In­ter­net améri­cain devait désor­mais être consi­déré comme un « bien public » au même titre que le réseau télé­pho­nique, ce qui donne à la Commis­sion le pouvoir de faire appliquer la neutra­lité d’In­ter­net sur le terri­toire améri­cain.

    […] La Commis­sion peut désor­mais inter­dire aux four­nis­seurs d’ac­cès à Inter­net de bloquer arbi­trai­re­ment des conte­nus légaux, de ralen­tir ou d’ac­cé­lé­rer les flux de données sans justi­fi­ca­tion ou de prio­ri­ser certains conte­nus tran­si­tant par leur réseau moyen­nant paie­ment.

    C’est encore plein de détail, le combat est loin d’être fini, et n’a même qu’à peine commencé en Europe, mais c’est la bonne nouvelle de la semaine. Très impor­tante pour l’ave­nir.

  • Trois choses sur lesquelles vous devriez copier Google

    • Takeout : Pouvoir télé­char­ger toutes vos données dans un format stan­dard via un gros fichier zip.
    • Vali­da­tion en deux étapes : La possi­bi­lité d’im­po­ser un aller-retour par SMS ou l’uti­li­sa­tion d’une appli­ca­tion smart­phone en plus du mot de passe, pour sécu­ri­ser correc­te­ment votre compte.
    • Gestion­naire de compte inac­tif : Un système pour donner accès à vos données à une personne dési­gnée à l’avance si jamais votre compte devient inac­tif trop long­temps (avec une alerte pour vous permettre d’an­nu­ler l’opé­ra­tion juste avant qu’elle inter­vienne).

    Parce que pouvoir critiquer ce qui ne va pas implique aussi de pouvoir montrer ce qui est bien fait.

  • Archi­ver le web

    Archi­ver le web

    J’adore le prin­cipe de la wayback machine de l’ini­tia­tive Inter­net Archive. Ils indexent le web et gardent une archive des versions rencon­trées. On peut revoir les conte­nus qui ont disparu du web, ou consul­ter des anciennes versions de conte­nus qui ont changé entre temps.

    Et si on réuti­li­sait l’ini­tia­tive à titre person­nel ? Pouvoir retrou­ver les conte­nus déjà visi­tés, même s’ils ont été reti­rés ou ont été amen­dés. Avec un peu de bidouille on pour­rait même recher­cher à travers nos archives.

    C’est ce que propose l’IIPC avec le projet open­way­back. Pour ceux qui ne veulent pas utili­ser pywb.

    Je pense de plus en plus à me consti­tuer mon archive : Au moins avec les pages que je mets en favori, celles que je lie à partir de mon blog, les liens que j’en­re­gistre dans Pocket, que je lis dans mon flux Twit­ter ou que j’y pose moi-même. Peut-être même que ça vaudrait le coup d’en­re­gis­trer tout ce qui passe dans mon histo­rique de navi­ga­tion.

    Pour l’ins­tant je n’ai jamais sauté le pas, mais est-ce si complexe ? pas certain. Il suffi­rait d’un peu de temps, d’un peu de code et de stockage en assez grande quan­tité. Rien d’in­fai­sable.

    Entre temps, d’autres se mettent en tête d’ar­chi­ver le web, tout le web. Rien que ça. L’In­ter­net Archive n’est qu’une compo­sante parmi d’autres reliées grâce à Memento. L’Archive Team fait un travail paral­lèle : Eux réus­sisent à archi­ver les conte­nus de quelques services en vue avant qu’ils ferment, les conte­nus des redi­rec­teurs d’URL, et même les conte­nus FTP.

    Le web gros­sit à une vitesse formi­dable mais les possi­bi­li­tés de stockage restent suffi­sam­ment impor­tantes pour qu’ar­chi­ver le web soit du domaine du possible.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Pietro­mas­simo Pasqui

  • Termi­nai­son d’ap­pel et débit asymé­trique

    Termi­nai­son d’ap­pel et débit asymé­trique

    Je ne sais pas où ça a commencé mais il y en a un qui mérite des baffes. Fiction.

    Hier le rapport de force a pris un tour­nant inat­tendu. Youtube a coupé l’ac­cès aux abon­nés SFR, ou plutôt a telle­ment ralenti les débits qu’il est impos­sible de regar­der une vidéo.

    Le distri­bu­teur de vidéo se plaint d’un nombre gran­dis­sant de requêtes venant de SFR, nombre qui dépas­se­rait le raison­nable. La tension est montée à un niveau insou­te­nable il y a plusieurs mois, date à laquelle les abon­nés fibre SFR ont pu télé­char­ger à 1 Gb/s.

    Décryp­tage : Quand vous regar­dez une vidéo sur Youtube, SFR demande la vidéo à Google et la trans­met direc­te­ment à l’abonné – actuel­le­ment sans rien payer pour l’ac­cès à la vidéo.

    Non seule­ment le nombre de requêtes augmente mais en plus avec la fibre ce sont des vidéos très haute qualité qui sont deman­dées, très goinfres en bande passante. Le cas des mobiles avec une connexion inter­mit­tente et de faible qualité pose aussi problème.

    Youtube rappelle qu’il gère un service gratuit, déjà défi­ci­taire, avec « un réseau que SFR conti­nue à surchar­ger sans y contri­buer finan­ciè­re­ment ».

    L’abon­ne­ment inter­net SFR clas­sique coûte 29,90 € par mois et monte jusqu’à 45 € par an. Aucun rever­se­ment n’est fait aux diffé­rents four­nis­seurs de services et conte­nus qui enri­chissent la plate­forme, lais­sant ces derniers finan­cer seuls rede­vables des coûts d’in­fra­struc­ture et de bande passante néces­saires.

    Rien que pour Youtube – prin­ci­pal appor­teur de contenu des FAI – on a estimé le coût de bande passante à 400 millions en 2010. Ce coût a augmenté expo­nen­tiel­le­ment depuis.

    Faut-il impo­ser aux FAI une contri­bu­tion aux gros four­nis­seurs de services pour payer la bande passante et les conte­nus ? Le modèle de la contri­bu­tion des chaînes de télé­vi­sion aux studios de cinéma a déjà été évoqué.

    Les FAI qui veulent faire payer les gros four­nis­seurs de contenu à cause du trafic injecté dans leur réseau se tirent une balle dans le pied. Ils oublient que le rapport de force n’est pas forcé­ment à leur avan­tage sur le long terme, et que la situa­tion peut tout à fait s’in­ver­ser à l’ave­nir.

    En fait ça commence déjà : Les ayants-droits cherchent déjà à impo­ser une contri­bu­tion obli­ga­toire aux FAI pour « parti­ci­per à la créa­tion des conte­nus qui enri­chissent leurs offres »

    Ne pas oublier que quand Youtube « injecte » du trafic dans le réseau du FAI, c’est en fait qu’il répond à une requête du réseau du FAI. S’il y en a un des deux de respon­sa­ble…

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Hendrik Terbeck

  • Justice folle sur le numé­rique

    Notre justice est folle. Bon, celle des US, mais ça aurait pu se passer ici.

    No-ip est un service qui permet à des inter­nautes de donner un nom public à leurs machines person­nelles pour pouvoir y accé­der faci­le­ment depuis Inter­net. On parle de millions d’uti­li­sa­teurs.

    Ce service a été anec­do­tique­ment utilisé par des logi­ciels malveillants pour infec­ter des machines sous Micro­soft Windows.

    Réac­tion : Micro­soft s’adresse à la justice pour faire cesser le problème (plus exac­te­ment ici : filtrer les accès malveillants et réus­sir à en tracer l’ori­gine). La justice lui délègue tota­le­ment la gestion des noms de domaine No-ip corres­pon­dants.

    Bien entendu Micro­soft n’a pas eu l’in­fra­struc­ture suffi­sante pour gérer le trafic et le service No-ip s’est partiel­le­ment écroulé, lais­sant les utili­sa­teurs dans le noir.

    À vrai dire tout se serait bien passé que le scan­dale serait quand même là. La justice vient de donner à Micro­soft, qui n’est pas ciblé par les attaques infor­ma­tiques mais unique­ment concerné indi­rec­te­ment parce que ça exploite des failles de son OS, l’ac­cès aux noms de domaine d’une société tierce à qui on ne reproche rien.

    Avec ça Micro­soft contrôle (et ici a fait s’écrou­ler) le busi­ness d’un tiers, peut en tracer le volume, les clients, les services utili­sés, etc. Sans compen­sa­tion aucune.

    Tout ça sans même avoir contac­ter No-ip pour tenter de résoudre le problème en colla­bo­ra­tion initia­le­ment.

    Vous avez un .com ? prenez peur.

     

  • John Oliver (HBO) – Neutra­lité du net

    Ok, le ton est humo­ris­tique, et pas des plus fins, c’est déli­rant, ridi­cule, mais au final il y a des éléments sérieux et c’est un des meilleurs argu­men­taires que j’ai vu sur la neutra­lité du net.

    Ça se regarde jusqu’au bout.

  • Diffé­ren­cier le trafic pour créer de la valeur – le réseau auto­rou­tier

    Les jour­na­listes râlent encore sur l’en­com­bre­ment des réseaux auto­rou­tiers. Marron­nier. Évidem­ment il est hors de ques­tion d’aug­men­ter encore les tarifs des usagers.

    Vinci est créa­teur de 7500 emplois directs, les Auto­routes Paris-Rhin-Rhône plus de 4500, et ce ne sont que deux des conces­sion­naires du réseau auto­rou­tier. Tout ça fait vivre autant de personnes sur les commerces et sur l’éco­no­mie géné­rée aux alen­tours. C’est aussi par l’au­to­route que sont désen­cla­vées nombre de petites villes qui sinon dépé­ri­raient. Faut-il mettre tout ce monde au chômage sur l’au­tel d’un concept théo­rique ?

    Les asso­cia­tions se sont en effet oppo­sés à la segmen­ta­tion fine du trafic auto­rou­tier. Créa­teur de valeur pour les conces­sions d’au­to­route, ce système aurait pour­tant permis de géné­rer un revenu supplé­men­taire signi­fi­ca­tif.

    Merce­dez-Benz est en effet l’ori­gine de 20% du trafic auto­rou­tier poids-lourd à lui tout seul, le trafic le plus encom­brant pour le réseau. Le construc­teur profite sans gêne de nos infra­struc­tures pour vendre ses camions. Il est évident que les conces­sion­naires d’au­to­route ne peuvent pas conti­nuer à finan­cer seuls l’évo­lu­tion du réseau auto­rou­tier alors que les étran­gers qui y injectent du trafic n’y contri­buent en rien.

    La solu­tion tout le monde la connait : Faire du trafic diffé­ren­cié et canton­ner les véhi­cules de Merce­dez à la voie la plus à droite et à une seule file au barrières de péages. Le construc­teur devra payer l’opé­ra­teur auto­rou­tier pour un accès plus perfor­mant, et contri­buer ainsi au paie­ment des infra­struc­tures.

    Ce système vien­drait en renfor­ce­ment des offres à valeur ajou­tée pour les usagers : Des accès privi­lé­giés ont déjà été mis en œuvre via les télé­badges qui permettent de passer par des files prio­ri­taires dans les barrières de péage. On réflé­chit à étendre ce système pour permettre à des profes­sion­nels de sauter les bouchons via la bande d’ar­rêt d’ur­gence sous réserve de sous­crip­tion à un abon­ne­ment spéci­fique, ou d’ache­ter une exten­sion « Accès prio­ri­taire Merce­dez » pour ne plus être limité à la voie de droite.

    Les asso­cia­tions idéa­listes crient à l’at­teinte à la neutra­lité mais ces dernières n’ont rien compris à l’éco­no­mie, à la confron­ta­tion entre notre réseau auto­rou­tier financé en partie par l’État et les usagers, et entre les gros construc­teurs étran­gers qui en profitent sans y contri­buer. Il est temps d’ar­rê­ter avec ces concepts théo­riques et de prendre pied dans la réalité. Lais­sons les opéra­teurs d’au­to­route créer de la valeur.

  • Éton­nant l’es­pion­nage, vrai­ment ?

    Ces jours ci on apprend que la NSA aurait un accès sur les données de Google, Apple, Yahoo, Micro­soft, Face­book et d’autres via un projet nommé PRISM.

    Je trouve très hypo­crite tous ces gens qui se disent éton­nés et d’un coup scan­da­li­sés.

    Qui n’a pas entendu parler d’Eche­lon ? Même Jean-Pierre Pernot a du en parler à l’époque. Quel infor­ma­ti­cien un peu âgé et travaillant dans les réseaux n’a pas entendu parler de Carni­vore ? Quel geek n’a pas entendu parler de la pièce 614A utili­sée par la NSA au milieu de AT&T ? Quel infor­ma­ti­cien de plus de 30 ans n’a pas entendu parler de la polé­mique sur la clef NSA dans Micro­soft Windows ?

    Que les USA fouillent dans les commu­ni­ca­tions en ligne, ce n’est même plus un sujet. D’ailleurs les autres pays non plus. On peut parler du Great Fire­wall of China, mais aussi de Amesys en Libye, la Suède, la Suisse, et bien entendu la France. En fait quasi­ment tous les pays espionnent les commu­ni­ca­tions en ligne à leur niveau. Notre pays est même à la pointe sur ce genre d’outils d’in­ter­cep­tion à l’échelle de pays entiers.

    L’in­ter­cep­tion des lignes télé­pho­niques est main­te­nant presque un outil du passé. Qui croit vrai­ment que les États n’ont pas fait évoluer leurs outils ? Aujourd’­hui les polices et agences de rensei­gne­ment ont très offi­ciel­le­ment des batte­ries de virus et autres enre­gis­treurs de frappe. Il y a même des lois pour cadrer tout ça (au moins aux USA, en France et en Alle­magne, mais proba­ble­ment aussi partout ailleurs).

    Bref, oui c’est grave, oui il faut lutter, mais faire semblant de décou­vrir que les données privées sont proba­ble­ment inter­cep­tées, c’est juste hypo­crite. La seule chose qui change aujourd’­hui c’est que nous avons un nom et des éléments pour poser des ques­tions formelles.

  • À quoi ça sert

    Quand vous aurez tous vos conte­nus sur Amazon, toute votre commu­ni­ca­tion sur Google et toutes vos rela­tions sur Face­book, et que deux ans après l’un des trois ou les trois vous dit « vous signez ici ou vous aban­don­nez tout ce que vous avez », il sera un peu tard.

    Ce scéna­rio n’est même plus de la prédic­tion, c’est le présent et ça a déjà commencé. Le billet précé­dent sur la messa­ge­rie instan­ta­née n’est qu’une anec­dote, mais qui fait partie d’un mouve­ment de fond bien puis­sant.

    Ce qui m’agace le plus c’est que les gens laissent faire, et même semblent ne pas s’en préoc­cu­per.

    Parfois j’ai presque envie de lais­ser tomber le web à tel point je me dis « c’est foutu les gens s’en moquent ».

    J’ai l’air bien beau à résis­ter en contrô­lant mes adresses et mes iden­ti­fiants avec mon nom de domaine, voire mes services sur mon serveur perso. C’est utile pour moi mais ce n’est acces­sible qu’à une mino­rité. Mener le combat seul ne sert à rien : Si vous vous êtes tous vendus, alors pour conti­nuer à vivre en rela­tion avec vous je n’ai d’autre choix que de faire de pareil.

    Seuls nous n’avons quasi­ment aucune chance de propo­ser une alter­na­tive, pour­tant c’est juste essen­tiel pour nous, notre avenir, et celui de nos enfants. Si ça vous parait encore être une « grande phrase », c’est que vous ne réali­sez pas encore ce qui se joue aujourd’­hui.