Catégorie : Transport

  • Respon­sa­bi­lité piéton

    Il y a un légende persis­tante qui voudrait que le piéton a toujours raison, qu’il est prio­ri­taire « dans tous les cas ». Je sais que c’est ainsi que c’est vulga­risé sur plein de pages, y compris sur des sites publics, mais quand je fouille ce n’est pas ce que dit la loi.


    L’ar­ticle le plus proche du code de la route est le R415–11 :

    « Tout conduc­teur est tenu de céder le passage, au besoin en s’ar­rê­tant, au piéton s’en­ga­geant régu­liè­re­ment dans la traver­sée d’une chaus­sée ou mani­fes­tant clai­re­ment l’in­ten­tion de le faire ou circu­lant dans une aire piétonne ou une zone de rencontre.

    Article R-415–11 du code de la route

    Le mot clef est « régu­liè­re­ment » qui veut ici dire « en respec­tant les règles » (l’obli­ga­tion d’uti­li­ser un passage protégé quand il y en a un proche, le respect des feux piétons quand ils sont rouges, l’obli­ga­tion de prudence, etc.).

    Quand il s’en­gage sans respec­ter les règles, le piéton n’est pas prio­ri­taire.


    La seconde confu­sion vient parfois de la loi Badin­ter.

    C’est la L211–8 du code des assu­rances. C’est d’ailleurs là le point prin­ci­pal : Il s’agit d’une règle des assu­rances et pas d’une règle du code de la route.

    La loi Badin­ter ne défi­nit aucune respon­sa­bi­lité ni aucune prio­rité. Elle dit juste que les victimes d’un acci­dent de circu­la­tion impliquant un véhi­cule terrestre à moteur sont indem­ni­sées par les assu­rances de ces véhi­cules.

    C’est l’as­su­rance de la voiture qui paiera les soins si le piéton finit à l’hô­pi­tal ou en chaise roulante, peu importe qui est respon­sable de l’ac­ci­dent. Ça ne rend pas le piéton prio­ri­taire. Ça ne met pas l’au­to­mo­bi­liste auto­ma­tique­ment en faute.

    Deux points annexes :

    • Les trot­ti­nettes élec­triques sont des véhi­cules terrestres à moteur et une assu­rance est donc obli­ga­toire, comme le précise l’ar­ticle L211–1.
    • Les vélos ne sont pas des véhi­cules à moteur et sont donc trai­tés exac­te­ment au même niveau qu’un piéton au niveau de la loi Badin­ter.
      • Lors d’un acci­dent entre un piéton et un vélo, l’in­dem­ni­sa­tion se fait donc selon les règles habi­tuelles (le respon­sable indem­nise l’autre).
      • Lors d’un acci­dent entre une voiture et un vélo, le cycliste peut toujours deman­der une indem­ni­sa­tion inté­grale à l’as­su­rance de la voiture, peu importe sa propre respon­sa­bi­lité.
  • Ralen­tir au feu vert

    Un feu trico­lore français a trois couleurs : Rouge, Orange, Vert.

    On ne peut pas deman­der aux véhi­cules de s’ar­rê­ter immé­dia­te­ment lorsqu’un feu passe au rouge (*). On a donc une zone de batte­ment où ceux qui sont trop proches peuvent conti­nuer à passer et ceux qui sont assez loin doivent commen­cer à s’ar­rê­ter. C’est le feu orange.

    Note : Passer un feu orange là où on pour­rait s’ar­rê­ter sans diffi­culté et sans danger revient à passer un feu rouge, et est passible des mêmes peines.


    La ques­tion :
    « Doit-on ralen­tir quand on approche d’un feu vert ? »

    À vrai dire, c’est ce qu’on a appris à l’auto-école et c’est encore ce qui y est appris aujourd’­hui si on en croit les sites web concer­nés. La réponse est donc évidem­ment « oui ».

    Main­te­nant à y regar­der de plus près… si celui à 50 km/h réduit sa vitesse à 30 km/h, est-ce perti­nent de deman­der à celui qui est déjà à 30 km/h de réduire la sienne à 15 km/h ? Ça me parait d’un coup moins évident, donc je fouille.


    Le code de la route impose-t-il de ralen­tir en toute situa­tion à l’ap­proche d’un feu vert ?

    Non, ou du moins pas que je sache et je ne vois rien de tel dans la section 5 dédiée aux feux de signa­li­sa­tion lumi­neux (R412–29 à R412–33).

    Il y a une longue liste de cas où la vitesse doit être réduite à l’ar­ticle R413–17 mais l’ap­proche de feux trico­lores n’en fait pas partie. Même dans cet article, « la vitesse doit être réduite » s’in­ter­prète proba­ble­ment comme « la vitesse doit être plus faible » et pas « la vitesse doit être dimi­nuée peu importe à laquelle vous roulez », parce que ça n’au­rait pas vrai­ment de sens.


    Mais à l’auto-école on demande de ralen­tir !

    C’était il y a plus de 20 ans mais je me souviens « ralen­tir » mais aussi « moins de 70 km/h ». Repen­ser aux deux donne un peu plus de sens.

    Règle­men­tai­re­ment, un feu orange dure 5 secondes hors agglo­mé­ra­tion. La distance d’ar­rêt à 70 km/h corres­pond à 2,5 secondes de temps de trajet sur sol sec et un peu moins de 4 secondes quand il pleut.

    En gardant une marge parce qu’on n’a pas envie de faire des arrêts d’ur­gence pour un feu trico­lore, la recom­man­da­tion géné­rale s’ex­plique parfai­te­ment, surtout si on retient qu’elle perdure poten­tiel­le­ment depuis un temps où les vitesses limites étaient supé­rieures :

    On ralen­tit pour arri­ver à 70 km/h, idéa­le­ment moins

    Si on roule à entre 70 ou 80 km/h, ralen­tir à l’ap­proche d’un feu vert ne fait proba­ble­ment pas descendre à moins de 50 km/h. Est-il vrai­ment perti­nent de ralen­tir si on est déjà à 50 km/h ?

    C’est toujours bien de ralen­tir tant que ça ne devient pas une gêne inutile pour les autres.

    À 50 km/h on passe à respec­ti­ve­ment 2,1 et 3,2 secondes d’équi­valent de temps de trajet. Pour un feu à 5 secondes hors agglo­mé­ra­tion, on peut consi­dé­rer avoir une marge suffi­sante pour ne pas avoir de problème d’ar­rêt pour peu que la visi­bi­lité soit bonne.


    Et en ville ?

    En ville, règle­men­tai­re­ment, le feu orange dure 3 secondes. Il suffit de refaire les mêmes calculs.

    À 50 km/h, on a le temps de s’ar­rê­ter mais sans marge de sécu­rité si la chaus­sée est humide. Personne ne souhaite voir des frei­nages d’ur­gence à chaque feu donc il est préfé­rable de ralen­tir. La recom­man­da­tion sera d’au­tant plus forte si la géné­ra­tion qui vous apprend à conduire a vécu les 60 km/h en ville ou s’ils repro­duisent ce que cette géné­ra­tion leur a appris.

    Et si on est à 30 km/h ou moins ?

    À 30 km/h on parle respec­ti­ve­ment de 1,6 et 2,2 secondes de temps de trajet. Comme rappelé plus haut, s’il est toujours bien de ralen­tir tant que ça ne devient pas une gêne inutile pour les autres, la marge est suffi­sante pour ne pas avoir de problème d’ar­rêt.

    Dans les villes comme Lyon et Paris, ceux qui sont en dessous de la limite de vitesse de 30 km/h et qui adaptent déjà leur allure à leur visi­bi­lité comme celle des autres usagers ne devraient pas avoir à signi­fi­ca­ti­ve­ment ralen­tir à l’ap­proche d’un feu vert (ceux d’au­tant plus que les autres moto­ri­sés derrière ne respectent déjà pas tous les 30 km/h ni les distances de sécu­rité, donc ralen­tir à des vitesses trop basses dans une situa­tion où les autres ne s’y attendent pas pour­rait géné­rer plus de problèmes qu’en résoudre).

    Et à vélo ?

    Je ne connais pas les distances de frei­nage à vélo, qui dépendent non seule­ment de la chaus­sée mais aussi du type de frein (frein sur jante ou sur disque), du type de tirage (canti­le­ver ou frein disque), de la garni­ture du patin, de si la jante est mouillée, de si vous équi­li­brez au mieux ou pas les freins avant et arrière, de si vous bloquez une roue… et même du poids du cycliste.

    Toute­fois : Si vous foncez à 45 km/h, il faut proba­ble­ment ralen­tir. Si vous avez une vitesse de ville entre 15 et 25 km/h, ça passe proba­ble­ment très bien sans ralen­tir signi­fi­ca­ti­ve­ment.

    À côté de ça, si vous n’êtes pas sur une bande ou piste proté­gée, alors que vous ne savez pas ce qui est derrière vous et à quelle distance, alors que proba­ble­ment l’au­to­mo­bi­liste ou le chauf­feur de bus ne prévoit pas de ralen­tir sur un feu vert (voire risque d’ac­cé­lé­rer pour ne pas prendre le rouge), ça peut être dange­reux de ralen­tir signi­fi­ca­ti­ve­ment.


    Ils viennent d’où tes chiffres ? Je ne suis pas d’ac­cord

    On trouve plein de données diffé­rentes sur les temps d’ar­rêt, distance de frei­nage sur sol sec et distance de frei­nage sur sol mouillé. J’ai écarté celles qui se basent sur des formules mnémo­tech­niques rapides et j’ai tenté de prendre un truc qui semblait cohé­rent. Si vous avez une source d’au­to­rité, je suis preneur.

    Voici mes données sources :

    VitesseRéac­tion (1s)Frei­nage à secFrei­nage mouillé
    20 km/h 6 m2,5 m 5 m
    30 km/h 8 m 5 m 10 m
    50 km/h14 m15 m30 m
    70 km/h19 m27 m54 m
    80 km/h22 m35 m70 m
    90 km/h25 m43 m86 m

    Et ce que ça veut dire en distance d’ar­rêt total et en équi­valent de temps de trajet à la vitesse cible :

    VitesseArrêt sol mouillé Arrêt sol mouillé
    20 km/h 8 m1,5 s10 m1,9 s
    30 km/h13 m1,6 s17 m2,2 s
    50 km/h29 m2,1 s41 m3,2 s
    70 km/h46 m2,4 s68 m3,8 s
    80 km/h57 m2,6 s85 m4,2 s
    90 km/h69 m2,7 s102 m4,4 s

    C’est quoi cette asté­risque sur « On ne peut pas deman­der aux véhi­cules de s’ar­rê­ter immé­dia­te­ment lorsqu’un feu passe au rouge (*) » ?

    Les feux piétons n’ont pas de feu orange. On consi­dère qu’un piéton s’ar­rête presque immé­dia­te­ment s’il en a besoin, et arrive à faire un demi pas en arrière s’il se fait surprendre au moment même où il amorce sa traver­sée.

    Ça implique toute­fois une chose que les auto­mo­bi­listes n’ont pas toujours en tête : Un piéton peut légi­ti­me­ment être sur le passage protégé lorsque son feu est rouge pour peu qu’il ait commencé sa traver­sée au feu vert.

    C’est une situa­tion normale et ça ne sert à rien de le klaxon­ner, de l’in­sul­ter ou de lui mettre la pres­sion. Il va juste conti­nuer sa traver­sée à son rythme. Soyez patients.

  • M12

    Désolé de la redite pour ceux qui savent mais j’ai encore croisé une vidéo d’un cycliste avec bien une centaine de « oui mais tu as grillé le feu ».

    Il y a parfois un petit panneau trian­gu­laire inversé au feu rouge avec dedans un vélo jaune et une flèche de direc­tion.

    Atten­tion, il est vrai­ment petit.

    Il auto­rise les vélos à passer au feu rouge et a le consi­dé­rer comme un céder le passage.

    Photo d'un carrefour. Sur le côté droit, un feu tricolore avec au-dessus un tout petit panneau triangulaire inversé avec dedans un vélo jaune et une flèche de direction.

    Le code de ce panneau est le M12, aussi appelé « céder le passage cycliste ».

    Si vous pensez qu’un cycliste a grillé le feu, regar­dez bien. Il est fort possible qu’en fait il soit passé tout a fait légi­ti­me­ment, grâce à ce petit panneau.

    Le passage du feu rouge est auto­risé dans la ou les direc­tions indiquées par les flèches jaunes du panneau.

    Le plus fréquent permet de tour­ner à droite mais toutes les variantes existent, y compris qui auto­risent toutes les direc­tions.

    Différents panneaux M12, tous triangulaires, pointe vers le bas, avec un vélo jaune sur fond blanc et le triangle entouré en rouge. Sous le vélo jaune, une flèche jaune qui peut être vers la gauche (M12g) vers la droite (M12d), vers l'avant (M12f), en face et à droite (M12fd), en face et à gauche (M12gf), dans les trois directions (M12gfd) ou à droite et à gauche (M12gd)

    C’est la mairie qui peut poser ces panneaux, en fonc­tion de la visi­bi­lité, de la circu­la­tion, et de la situa­tion eu carre­four.

    Ils faci­litent la circu­la­tion à vélo mis c’est aussi une ques­tion de sécu­rité. S’ar­rê­ter au feu rouge est parfois plus dange­reux que de passer.

  • Distance de dépas­se­ment d’un cycliste

    Il faut lais­ser au moins 1 mètre et demi (1 mètre en agglo­mé­ra­tion) entre le bout du rétro­vi­seur et le bout du guidon lorsqu’on dépasse un cycliste.

    R414–4

    Ce n’est pas une opinion soumise à débat. C’est le code de la route.

    Si l’es­pace n’est pas suffi­sant ou que la circu­la­tion ne permet pas de se dépor­ter sur la voie de gauche, alors on ne dépasse pas et on reste derrière.

    C’est vrai aussi si le cycliste est sur une bande cyclable dédiée ou au redé­mar­rage à un feu (surtout au redé­mar­rage à un feu).

    Il est toute­fois possible de chevau­cher une ligne conti­nue pour opérer le dépas­se­ment d’un cycliste (R412–19).

    « Pas besoin d’au­tant de place, je fais atten­tion »

    Le mètre ou mètre et demi pour le dépas­se­ment c’est vrai­ment le mini­mum.

    En ville, si une voiture passe à un mètre du vélo avec un diffé­ren­tiel de vitesse de 25 km/h, on ne rigole pas du tout. Si c’est un bus, un cycliste non habi­tué risque d’en tomber de vélo.

    Hors agglo­mé­ra­tion, avec un diffé­ren­tiel de plus de vitesse de 50 km/h, un mètre et demi semblera moins que le mini­mum vital. Si c’est un camion, rien que le souffle peut vous aspi­rer et vous faire tomber sous les roues du véhi­cule suivant.

    La réalité c’est que, hors des zones limi­tées à 30 km/h, ces distances mini­males sont déjà trop faibles. On en meurt.

    Si vous le pouvez, dépor­tez-vous entiè­re­ment sur la voie d’à côté pour dépas­ser, comme si vous dépas­siez une voiture, et ne vous rabat­tez pas trop rapi­de­ment derrière.


    « Ça passe, c’est assez large… »

    En géné­ral, non.

    Un vélo stan­dard fait 65 centi­mètres de large et se situe à au moins 40 centi­mètres du trot­toir, du cani­veau ou du bord de route. Une voiture stan­dard fait envi­ron 180 centi­mètres de large et circule géné­ra­le­ment à au moins 50 centi­mètres du bord.

    En ville, il faut donc dans les 4 mètres et 30 centi­mètres pour dépas­ser un cycliste dans les règles.

    Illus­tra­tion d’un calcul simi­laire

    Une voie de circu­la­tion y fait rare­ment plus de 3 mètres (le mini­mum règle­men­taire est de 1,2 mètres, une voie d’au­to­route faite pour rouler à 130 km/h fait 3,5 mètres de largeur).

    Il est donc impos­sible pour un auto­mo­bi­liste de dépas­ser un cycliste de façon régu­lière sans dépas­ser au moins de moitié sur la voie d’à côté. N’es­sayez pas.

    Si la voie fait moins que 3 mètres de large (ce qui est fréquent) ou que le cycliste s’écarte du bord droit à cause de voitures en station­ne­ment (R412–9), l’au­to­mo­bi­liste doit se dépor­ter entiè­re­ment sur la voie d’à côté s’il veut dépas­ser le cycliste.

    Encore une fois, ce n’est pas une opinion soumise à débat. C’est un calcul mathé­ma­tique à partir des règles du code de la route.

    « C’est un sens unique ! Comment je fais moi pour doubler ? Je n’ai pas le choix ! »

    Si la place n’est pas suffi­sante, on ne double pas. C’est simple comme ça.

    On conseille d’ailleurs parfois aux cyclistes de se placer au milieu de la voie dans ces cas là juste­ment pour ça : éviter que des auto­mo­bi­listes ne tentent quand même et se ne provoquent le pire.

    « Je ne vais quand même pas rester derrière un cycliste ! »

    Si c’est néces­saire, si.

    En ville la vitesse un auto­mo­bi­liste peut faire de meilleures vitesses de pointe mais la vitesse moyenne d’un cycliste est légè­re­ment supé­rieure à celle d’un véhi­cule moto­risé.

    Vous ne perdez quasi­ment aucun temps à rester derrière le cycliste en atten­dant de retrou­ver une double voie qui vous permet le dépas­se­ment.


    Hors agglo­mé­ra­tion, le même calcul s’ap­plique. La voie peut faire jusqu’à 50 centi­mètres de plus (mais peut aussi faire bien bien moins), le cycliste peut parfois serrer plus à droite en l’ab­sence d’obs­tacle, mais il faut lais­ser 50 centi­mètres de plus pour le dépas­se­ment.

    Au final les conclu­sions sont les mêmes : Il faut se dépor­ter au moins de moitié sur la voie d’à côté.

    Là non plus, ce n’est pas soumis à débat ou inter­pré­ta­tion.

    « La circu­la­tion est dense, je ne peux pas me dépor­ter sur la voie d’à côté pour doubler ! »

    Dans ce cas, restez derrière et faites preuve de patience. Ce serait pareil avec un trac­teur ou un convoi excep­tion­nel.

    Hors agglo­mé­ra­tion, s’il voit que vous patien­ter derrière, le cycliste pourra parfois se dépor­ter sur l’ac­co­te­ment de droite et vous lais­ser l’es­pace suffi­sant le temps de dépas­ser.

  • Les vélos ne sont pas canton­nés aux pistes cyclables

    Les vélos ne sont pas canton­nés aux pistes cyclables. Ils sont aussi à leur place sur la voie géné­rale et n’ont pas à s’en justi­fier ni à déga­ger le passage.

    Ce n’est pas une opinion soumise à débat. C’est le code de la route.

    Les seules pistes et bandes obli­ga­toires sont celles annon­cées avec panneau bleu et rond (B22a), et au moment où le cycliste croise ce panneau. Le plus souvent ce n’est pas le cas. Les pistes et bandes cyclables sans panneau ou annon­cées avec un panneau carré (C113) ne sont pas obli­ga­toires.

    Même dans le cas d’une piste obli­ga­toire, il peut être légi­time de rouler sur la voie géné­rale paral­lèle. C’est en parti­cu­lier le cas en ville si on vient d’une voie perpen­di­cu­laire sans avoir croisé l’en­trée ou le panneau d’obli­ga­tion de la piste.


    « Mais pourquoi les cyclistes ne prennent-ils pas la piste cyclable ? »

    Sauf excep­tion, un cycliste préfé­rera toujours prendre la piste ou la bande cyclable quand elle est prati­cable et sûre, qu’elle soit obli­ga­toire ou non. S’il ne la prend pas, c’est norma­le­ment qu’il y a une raison.

    Liste non-exhaus­tive des raisons possibles :

    • La piste est occu­pée par des voitures, camion, camion­nettes ou motos ;
    • La piste est fermée ou bloquée par des travaux ;
    • La piste n’est pas utili­sable à cause d’un arbre, un banc, un lampa­daire ou un autre obstacle qui se retrouve au milieu ;
    • La piste est couverte de neige, de feuilles, d’eau, de détri­tus, etc. ;
    • La piste est dans un état qui ne la rend pas prati­cable correc­te­ment ;
    • La piste est parta­gée avec des piétons, voire occu­pée par ceux-ci, rendant la circu­la­tion dange­reuse ;
    • La piste s’ar­rête plus loin bruta­le­ment en impasse ;
    • La circu­la­tion des véhi­cules présents sur la piste se fait à allure plus faible et le cycliste se sent plus proche de l’al­lure des véhi­cules de la voie géné­rale (cas d’au­tant plus fréquent dans les zones limi­tées à 30 km/h) ;
    • Le cycliste est en train d’opé­rer un dépas­se­ment d’un autre cycliste qui se trouve lui sur la bande cyclable, avant d’y reve­nir ;
    • Le cycliste se prépare à tour­ner à gauche, ou à ne pas suivre la même direc­tion que la piste cyclable ;
    • Le cycliste est arrivé par une autre rue et n’a pas croisé l’en­trée de la piste ;
    • La piste est satu­rée du fait d’un trop grand nombre de cyclistes.

    Si vous ne compre­nez pas pourquoi un cycliste prend la voie géné­rale au lieu de la voie qui lui est réser­vée, vous pouvez lui poser la ques­tion poli­ment. Il y a autant de réponses que de situa­tions diffé­rentes et vous pren­drez peut-être conscience de situa­tions hallu­ci­nantes qu’on n’au­rait jamais osé lais­ser passer pour des moto­ri­sés.

    « Ok il a le droit mais il n’est pas obligé de d’emm**** les autres simple­ment parce qu’il a le droit »

    La ques­tion n’est pas d’in­ci­ter le cycliste à emmer­der les autres parce qu’il est dans son droit. La ques­tion c’est d’ar­rê­ter d’em­mer­der le cycliste en croyant qu’il ne l’est pas.

    Même si vous n’êtes pas d’ac­cord avec une raison donnée, ou que vous ne connais­sez pas la raison, ou simple­ment que le cycliste fait un choix sans raison claire, le cycliste est autant à sa place qu’un auto­mo­bi­liste qui fait le choix de prendre cette route plutôt qu’une autre.

  • Petit calcul de distance

    Une voie de circu­la­tion est d’en­vi­ron 3 mètres. Mon vélo fait 65 cm de large. En circu­la­tion je navigue à bien 35 cm du bord, parce que je ne suis pas un équi­li­briste et que je tiens à ma sécu­rité. Le cani­veau ne compte pas dans ces 35 cm.

    La conclu­sion logique : Si votre voiture ne déborde pas au moins à moitié sur la voie d’à côté, c’est que vous ne respec­tez pas le mètre de sécu­rité imposé par le code de la route pour un dépas­se­ment.

    S’il y a des véhi­cules en station­ne­ment je m’écarte d’un bon mètre du bord, comme le prévoit le code de la route. Là c’est les 3/4 de la voiture qui doivent être sur la voie d’à côté.

    Si les voitures dépassent sur la voie d’à côté dans les illus­tra­tions, ce n’est pas juste une vue de l’au­teur, c’est vrai­ment ainsi que ça doit être dans la circu­la­tion.

    Notez que le code de la route vous auto­rise à chevau­cher une ligne conti­nue pour ce type de dépas­se­ment. C’est prévu ainsi.

    Hors agglo­mé­ra­tion les voies sont un peu plus larges mais la distance à respec­ter passe à 1,5 mètre. Si le cycliste est sur la voie de circu­la­tion, vous ne pouvez pas le dépas­ser sans mordre sur la voie d’à côté. Jamais.


    Parfois les voies sont un peu plus larges mais mon calcul se base de toutes façons sur des mini­mums.

    La règle géné­rale : Si vous ne débor­dez pas ample­ment sur la voie d’à côté, c’est proba­ble­ment que vous êtes dange­reux pour le cycliste que vous dépas­sez.

    Si c’est impos­sible, atten­dez derrière.

  • Conflits d’usage de la voie publique

    Je ne comprends pas que des enfants avec leurs parents prennent ces routes et ces carre­fours dange­reux les parents sont incons­cients du moment qu’ils fassent du vélo ils sont capables de tout il y a des limites à ne pas fran­chir pourquoi pas la concorde aux heures de pointe

    Au-delà du troll qu’est l’au­teur qui a rédigé cette phrase, je la retrouve fréquem­ment sous une forme ou une autre : Les parents seraient incons­cients de faire circu­ler à vélo des enfants dans la circu­la­tion.

    Le point inté­res­sant c’est que c’est dit par des auto­mo­bi­listes qui sont la circu­la­tion et le danger en ques­tion.

    À quel point alors ne sont-ce pas les auto­mo­bi­listes qui sont incons­cients de prendre la voiture et créer ainsi du danger pour les enfants qui sont eux aussi usagers des mêmes voies ?

    Derrière ces phrases se cache un parti pris : Pour ces auto­mo­bi­listes, les voitures sont légi­times. Le danger qu’elles repré­sentent aussi. Les voies publiques leurs appar­tiennent et les tiers n’ont qu’à déga­ger.

    Parfois on oublie un peu vite que les vélos, y compris conduits par des enfants, étaient présents sur les voies publiques bien avant les voitures.

  • Un cade­nas pour mon vélo (2022)

    J’avais déjà un peu écrit en 2017, et tout ce qui y était est toujours vrai : Mis à part le futur HipLock D1000, aucun anti­vol ne résiste plus de quelques dizaines de secondes à une disqueuse portable.

    La solu­tion ultime

    Oui, elle semble exis­ter. Le HipLock D1000 est un anti­vol U qui semble résis­tant aux disqueuses. Les tests en ligne montrent qu’il faut plusieurs dizaines de minutes avec de nombreux disques diamants pour décou­per l’an­ti­vol à la disqueuse dans de bonnes condi­tions en atelier. Autant dire que le voleur aura proba­ble­ment aban­donné avant.

    Même avec ça, la sécu­rité sera toujours du même niveau que son maillon le plus faible. Tous les points d’at­tache ne résis­te­ront pas à une disqueuse et un voleur pourra souvent quand même récu­pé­rer votre vélo dans une camion­nette pour décou­per l’an­ti­vol plus tard chez lui.

    Person­nel­le­ment je n’aime pas les solu­tions ultimes. N’im­porte quel gamin pourra mettre un chewing-gum dans la serrure par jeu ou par malice et je ne pour­rai plus moi non plus récu­pé­rer mon vélo. Gênant…

    Le lieu sécu­risé

    La solu­tion plus réaliste pour moi c’est d’at­ta­cher le vélo dans un lieu où la découpe d’un anti­vol U risque de faire inter­ve­nir des tiers pour l’em­pê­cher de repar­tir avec le vélo.

    Il faut un anti­vol U haut de gamme, ceux qui mettent au moins 30 secondes à être décou­pés.

    Pour le lieu, la pleine rue ne fonc­tionne malheu­reu­se­ment pas. Les passants n’in­ter­vien­dront proba­ble­ment pas, la police n’aura pas le temps d’ar­ri­ver jusque là même si elle était à deux blocs de là.

    Il faut un lieu privé, avec des personnes qu’on connait, ou une commu­nauté à laquelle on appar­tient. Un parking privé peut aussi faire l’af­faire si un vigile est juste devant (il peut inter­ve­nir en moins de 30 secondes) ou s’il peut bloquer les sorties.

    Les fameux parkings sécu­ri­sés avec juste des camé­ras ou plusieurs sorties libres ne servent pas à grand chose. On aura une vidéo d’un homme avec une capuche ou une casquette, mais plus de vélo.

    Deux anti­vols plutôt qu’un

    Parce que deux c’est toujours mieux qu’un mais aussi parce que deux U haut de gamme c’est autant à décou­per. Si le temps est un facteur impor­tant et que mon vélo n’est pas hors de prix, le voleur préfé­rera prendre celui d’à côté. L’autre avan­tage c’est aussi que ça permet de sécu­ri­ser les deux roues du vélo.

    Un anti­vol de cadre peut aussi être un bon anti­vol secon­daire à côté du U haut de gamme. Ça demande un peu plus de préci­sion à la disqueuse, proba­ble­ment trop pour que ce soit inté­res­sant. Il faut un gros coupe boulon à côté et ça met de côté les vols rapides avec un seul outil.

    Pour la même raison, un anti­vol à câble en plus du U est poten­tiel­le­ment une bonne idée. Ça ne sert à rien seul — ça se coupe instan­ta­né­ment — mais ça demande un outil diffé­rent de la disqueuse. Ça ne coûte (et ne pèse) rien à ajou­ter.

    La seule option qui me fait un peut douter, c’est le second U de faible section. Celui qui coupe un U haut de gamme aura déjà une disqueuse avec des disques adap­tés et un mauvais U lui pren­dra à peine 10 secondes de plus. Si le vélo vaut le coup, ça ne le gênera pas vrai­ment plus qu’un câble (et peut-être moins s’il n’a qu’une disqueuse à sa dispo­si­tion).

    Un anti­vol U haut de gamme

    À défaut, s’il n’y a qu’un seul anti­vol, le U de meilleure sécu­rité de n’im­porte quelle bonne marque connue devrait faire l’af­faire. Ce n’est pas le meilleur en résis­tance mais le Elops U 900 de Décath­lon a proba­ble­ment le meilleur rapport qualité/prix.

    Certaines assu­rances ne couvri­ront le dommage qu’a­vec une facture nomi­na­tive pour l’achat d’un U certi­fié 2 * par l’ART, 2 roues par la FUB, ou Gold par SoldSe­cure.

    Il faut juste penser à reti­rer les attaches rapides sur les roues si on ne peut pas sécu­ri­ser les deux. Un axe anti­vol est encore mieux. Certains attachent d’ailleurs un câble à leur U pour aller sécu­ri­ser la seconde roue. C’est une option peu chère aussi.

    Un anti­vol autre qu’un U haut de gamme

    « U » ne veut pas dire magique. Un mauvais U ou une mauvaise chaîne ne sont pas beau­coup mieux qu’un gros câble.

    Et, juste­ment, les anti­vols à câble ou les petites chaînes ne valent pas grand chose. Ça se découpe instan­ta­né­ment avec le bon outil.

    Les anti­vols plats pliants type Bordo ont la répu­ta­tion de se faire casser rela­ti­ve­ment faci­le­ment sans outils bien qu’A­bus en note certains à 15/15 en résis­tance. Par prin­cipe de précau­tion, je les mets dans la case « à éviter ».

    Et des acces­soires

    En plus des axes anti­vol, on peut aussi reti­rer l’at­tache rapide pour la selle. Tout ce qui s’at­tache avec une vis sur le cadre peut aussi proba­ble­ment être sécu­risé avec un bête serflex. Tout ça permet­tra au moins d’évi­ter les vols d’op­por­tu­ni­tés par quelqu’un de non équipé.

    Et le bicy­code

    Il est là d’of­fice sur les vélos de 2022 mais parfois il s’agit d’une bête étiquette. Un passage à la gravure opère poten­tiel­le­ment une meilleure dissua­sion chez ceux qui ne sont pas des profes­sion­nels du vol (oui, juste une dissua­sion, ça n’em­pêche pas le vol, ça rend juste légè­re­ment moins facile la revente des vélos de qualité).

    Faites graver vos anciens vélos. Pour 5€, ça serait dommage de se priver.

  • On ne fera pas l’éco­no­mie de parler distance des loge­ments

    On parle beau­coup prix de l’es­sence, climat, et tran­si­tion de la voiture vers d’autres modes de dépla­ce­ment comme le vélo ou les trans­ports en commun.

    Ces discus­sions arrivent régu­liè­re­ment à l’objec­tion « je suis loin, sans alter­na­tive, la voiture m’est indis­pen­sable », comme si la distance était une donnée externe intan­gible.

    La distance est pour­tant un choix. C’est parfois un choix de confort, pour ne pas démé­na­ger, ou au contraire pour gagner en surface et en confort. C’est toujours un choix collec­tif d’or­ga­ni­sa­tion urbaine, avec des pôles rési­den­tiel éloi­gnés des pôles indus­triels et des centres villes.

    La distance a été consi­dé­rée comme un para­mètre acces­soire parce qu’on pouvait se repo­ser sur la voiture et l’in­fra­struc­ture routière.


    Le parti pris c’est qu’on ne fera pas l’éco­no­mie de remettre ce choix en cause. Trop de gens dépendent de la voiture sans alter­na­tive. Si on veut pouvoir réduire la circu­la­tion auto­mo­bile, il faut aussi réduire là où elle est néces­saire.

    On ne peut pas mettre tout le monde en centre ville. Il n’y a simple­ment pas la place. On ne peut pas construire un réseau de trans­port en commun qui circule loin, partout, à une fréquence qui permet de se repo­ser dessus. Ou plutôt on pour­rait mais on n’est proba­ble­ment pas prêt à en payer le coût.

    L’al­ter­na­tive qui nous reste c’est de repen­ser à la fois l’or­ga­ni­sa­tion collec­tive et nos propres choix indi­vi­duels.

    Ça veut dire inci­ter les bureaux à se disper­ser au lieu de les concen­trer dans un centre d’af­faire ou au centre ville.

    Ça veut dire arrê­ter le modèle pavillon­naire où les plus aisés s’éloignent pour trou­ver leur maison indi­vi­duelle et leur jardin.

    Ça veut dire parfois démé­na­ger du coin qu’on aime ou du coin où on a habité histo­rique­ment pour suivre les contraintes de distance au travail ou aux acti­vi­tés, y compris si ça veut dire quit­ter la ville pour la campagne ou quit­ter la campagne pour la ville, ou d’autres compro­mis comme la surface ou le confort acces­sibles au même prix.

    Ça veut dire, pour ceux qui ont la chance de choi­sir leur travail, de le choi­sir aussi en fonc­tion de la distance aux loge­ments qu’on peut envi­sa­ger derrière.

    Ça peut vouloir dire moins d’énormes métro­poles centra­li­sées et de petits villages où il n’y a rien, pour plus de villes et zones urbaines de moyenne impor­tance qui sont rela­ti­ve­ment auto­nomes au niveau loge­ment / travail / acti­vi­tés.

    Ça veut dire moins de maisons indi­vi­duelles et plus de petits immeubles et loge­ments en co-propriété.

    Ça veut dire des zones urbaines d’abord pensées pour se dépla­cer et y vivre sans voiture, au lieu d’être essen­tiel­le­ment pensées pour y circu­ler en voiture.


    Oui, ça ne veut pas dire que des choses atti­rantes.

    On a construit un modèle de société où le rêve est d’ha­bi­ter dans une maison indi­vi­duelle sans vis-a-vis avec un grand jardin, avec une ou plusieurs grosse voitures et une route large qui nous amène à une grande ville juste à côté.

    C’est ce modèle qu’il nous faut dépas­ser, et ça pren­dra bien plus que quelques années, que ce soit au niveau chan­ge­ment des menta­li­tés ou au niveau de l’or­ga­ni­sa­tion urbaine.

    Amélio­rer les trans­ports en commun et construire des pistes cyclables en zone urbaine dense c’est indis­pen­sable mais ça n’est que le mini­mum faisable à court terme. Ça ne suffira pas.

  • Casque vélo, quelques chiffres et sources

    Ça parle d’obli­ga­tion de casque à vélo pour les adultes. J’ai voulu lire pour me faire une opinion, et je colle ici de que j’ai trouvé, peu importe dans quel sens ça va.

    Atten­tion toute­fois aux convic­tions de bon sens et appels à l’évi­dence. Parfois c’est contre-intui­tif. Du coup je ne retiens que les chiffres, les études, et les affir­ma­tions d’ex­perts ou d’au­to­ri­tés.


    Résumé très rapide

    Effet indi­vi­duel : Porter un casque prévient des dommages graves. Nous avons tous inté­rêt, indi­vi­duel­le­ment, à porter un casque à vélo : Portez un casque et inci­tez les autres à faire de même.

    Effet collec­tif : La sécu­rité à vélo dépend plus du nombre que du port du casque. Instau­rer le port du casque comme un critère obli­ga­toire pour l’ac­cès au vélo dimi­nue l’usage du vélo et se révèle contre-produc­tif.

    Diffi­cile de mieux illus­trer que par ce graphique :


    Résumé moins rapide

    1. Le casque réduit forte­ment la sévé­rité des acci­dents impliquant des bles­sures à la tête.

    Le casque est utile, portez un casque à vélo.

    2. En pratique, quand ça a eu lieu dans les autres pays, l’obli­ga­tion du casque à vélo a eu peu ou pas d’im­pact sur la morta­lité ou les commo­tions céré­brales.

    Si porter le casque est utile, avoir une obli­ga­tion géné­rale n’a aucun effet. Il y a d’autres facteurs en jeu, construire une poli­tique publique demande de prendre en compte ces facteurs.

    3. Dans les exemples étran­gers, l’obli­ga­tion du casque a généré une baisse d’usage des vélos, ou un arrêt de la crois­sance quand on était sur une dyna­mique de crois­sance exis­tante.

    Rien ne permet de penser qu’il en sera diffé­rem­ment en France.

    4. Si l’ac­ci­den­to­lo­gie est peu corré­lée à l’obli­ga­tion du port du casque, il est démon­tré qu’elle est très forte­ment corré­lée au nombre.

    Le nombre entraine de la visi­bi­lité, des habi­tudes, des infra­struc­tures, et ces trois points dimi­nuent très forte­ment les risques.

    Plus il y a de vélos et moins la pratique du vélo est à risque. On parle d’un facteur expo­nen­tiel. Mieux vaut beau­coup de cyclistes pas tous casqués que peu de cyclistes tous casqués.

    5. Le résul­tat des points précé­dents c’est que si le casque est utile à vélo et que nous devrions tous en porter un, le rendre obli­ga­toire serait contre-produc­tif car ça frei­ne­rait l’usage du vélo, qui a beau­coup plus d’im­pact que le casque sur l’ac­ci­den­to­lo­gie cycliste.

    Autre­ment dit : Une poli­tique publique c’est plus compliqué que la somme des inté­rêts indi­vi­duels. Même s’il est protec­teur indi­vi­duel­le­ment, l’obli­ga­tion géné­ra­li­sée du casque à vélo est une mauvaise idée.


    Pour ceux qui veulent tout le détail avec les cita­tions des études :

    Quelques préa­lables

    Atten­tion aux lectures statis­tiques trop simplistes.

    Compa­rer les popu­la­tion sans prendre en compte qu’elles ont des compor­te­ments diffé­rents amène toujours à de faux résul­tats. Les parti­sans de l’obli­ga­tion comme ses détrac­teurs s’y laissent prendre assez faci­le­ment dans le débat public.

    Parmi les casqués on trouve les personnes qui ont des compor­te­ments à risque et qui le savent, dont les enfants et les spor­tifs. Cela peut faus­ser les statis­tiques en intro­dui­sant un taux d’ac­ci­dent ou une propen­sion à la gravité plus impor­tants dans cette popu­la­tion sans que ce ne soit lié à la présence du casque elle-même.

    Inver­se­ment, parmi les casqués on trouve aussi les personnes les plus prudentes, qui auront natu­rel­le­ment moins d’ac­ci­dents mais sans que ça ne soit lié à la présence ou à l’ab­sence de casque.

    De la même façon, dans les non casqués on retrouve les occa­sion­nels moins équi­pés, ceux qui font quelques rares balades ou qui utilisent ponc­tuel­le­ment le libre service. On peut imagi­ner qu’ils sont moins expé­ri­men­tés que les régu­liers, donc peuvent avoir moins de maitrise ou moins de bons réflexes, avec plus d’ac­ci­dents sans que ce ne soit lié à la présence ou à l’ab­sence du casque.

    La prise en compte des biais possibles est ce qui diffé­ren­cie les études sérieuses de vous ou moi qui lisons des statis­tiques sur un coin de table.

    Atten­tion à la compa­rai­son avec les pratiques spor­tives

    Cadrer le besoin quoti­dien sur la pratique spor­tive revient à récla­mer des arceaux, des fauteuils baquets, des cein­tures quatre points et des casques sur la voiture de tous les jours parce que c’est ce dont les pilotes de rallye ont besoin.

    Il en va de même pour les compa­rai­sons avec le vélo­tou­risme ou la moto. On tombe pas de la même manière entraîné par le poids d’une moto de 150 kg qu’a­vec un cadre de vélo de 15 kg.

    Chaque pratique a ses propres contraintes. Les clubs vélo spor­tif imposent déjà le casque. Les enfants de moins de 12 ans qui ont un crâne moins solide ont eux aussi déjà une obli­ga­tion de casque.

    Je porte un casque

    Je porte un casque à vélo depuis au moins 15 ans, date de mon premier voyage à vélo avec tente sur le porte-bagage. Je le porte à chaque trajet, même court. Je recom­mande à tous de porter un casque, sans excep­tion.

    Ma pratique person­nelle et ma recom­man­da­tion ne sont toute­fois pas le sujet si on parle de défi­nir une obli­ga­tion.

    Est-ce impor­tant ?

    Il y a de plus en plus de morts à vélo

    Entre juin et septembre, le nombre de décès de cyclistes a augmenté par rapport à la même période en 2019, passant de soixante-dix-huit à quatre-vingt-quatorze. Pour le seul mois de septembre, trente-sept décès ont été recen­sés, soit « la morta­lité la plus élevée de ces dix dernières années » , affirme la Sécu­rité routière.

    Ouest France, Pourquoi le nombre de morts à vélo progresse autant ?

    Mais c’est proba­ble­ment parce que l’usage lui-même augmente beau­coup

    « Il est évident que l’aug­men­ta­tion très impor­tante du trafic cycliste est la prin­ci­pale cause de la hausse de la morta­lité », affirme Marie Gautier-Melle­ray, délé­guée inter­mi­nis­té­rielle à la Sécu­rité routière.

    Ouest France, Pourquoi le nombre de morts à vélo progresse autant ?

    Le casque réduit forte­ment la sévé­rité des bles­sures à la tête lors des acci­dents

    Des cher­cheurs de l’Uni­ver­sité de Tucson en Arizona ont établi un lien direct entre port du casque à vélo et l’in­ci­dence des trau­ma­tismes crâniens. Porter un casque à vélo dimi­nue de 58% le risque de trau­ma­tisme crânien sévère. L’éven­tua­lité de décès est réduite de 59%.

    Perier avocats : Sécu­rité routière, pratique du vélo, trau­ma­tisme crânien

    Une étude TECVU (2017) indique que :

    – le risque de frac­ture crânienne serait divisé par deux, et les lésions neuro­lo­giques par vingt, pour un empor­tié­rage pratiqué à une vitesse de 15 à 25 km/h ;
    – le risque de frac­ture du crâne est divisé par trois lors d’un heurt laté­ral par un véhi­cule de tourisme roulant à 45 km/h.

    Wiki­pe­dia : Casque de vélo

    Une étude (2017) londo­nienne a confirmé que le port du casque dimi­nue le risque de lésions intra­crâ­niennes en géné­ral, d’hé­ma­tome sous-dural en parti­cu­lier, et celui de frac­ture du crâne mais pas d’autres bles­sures extracrâ­niennes spéci­fiques. Cela suggère que les casques de vélo protègent contre les bles­sures causées par un impact direct sur la tête.

    Wiki­pe­dia : Casque de vélo

    Une étude récente (2019) faite à New-York, portant sur 6621 des 11192 bles­sures en 66 mois ayant impliqué un vélo (base de données TARN), la morta­lité brute à 30 jours était signi­fi­ca­ti­ve­ment plus élevée chez les non-casqués (5,6%) par rapport aux cyclistes casqués (1,8%) et ils ont eu moins de lésions céré­brales trau­ma­tiques graves (TCC) (19,1% contre 47,6%), moins besoin de soins inten­sifs (19,6% contre 27,1%) et d’in­ter­ven­tion neuro­chi­rur­gi­cale (2,5% contre 8,5%)

    Wiki­pe­dia : Casque de vélo

    Helmets provide a 63 to 88% reduc­tion in the risk of head, brain and severe brain injury for all ages of bicy­clists. Helmets provide equal levels of protec­tion for crashes invol­ving motor vehicles (69%) and crashes from all other causes (68%). Inju­ries to the upper and mid facial areas are redu­ced 65%.

    Helmets for preven­ting head and facial inju­ries in bicy­clists

    In conclu­sion, the evidence is clear that bicycle helmets prevent serious injury and even death.

    Bicycle helmet effi­cacy: a meta-analy­sis

    D’après nos résul­tats basés sur des acci­den­tés, il est inté­res­sant de consta­ter que parmi les cyclistes bles­sés qui ne sont pas touchés à la tête/face, le port du casque est égale­ment de 26%, c’est-à-dire équi­valent au taux de port dans la popu­la­tion des cyclistes circu­lants. En revanche, pour les cyclistes bles­sés à la tête/face, le taux de port du casque est plus faible : 19%. De même, le taux de port du casque pour les usagers de deux-roues à moteur est infé­rieur pour les victimes atteintes de lésions crânio-faciales (83%) que pour les autres victimes (90%). Deux études précé­dentes menées sur le Registre ont confirmé l’uti­lité du casque pour proté­ger les cyclistes (Amoros et al., 2012) et les usagers de deux-roues moto­ri­sés (Moskal et al., 2008) de lésions à la tête, sans pour autant montrer d’ef­fet délé­tère sur une autre zone.

    Trau­ma­tismes crânio-faciaux consé­cu­tifs à un acci­dent de la route : Analyse des données du registre du Rhône 2005 – 2014

    Le risque grave à vélo est prin­ci­pa­le­ment hors des villes, à cause de la vitesse des voitures

    Cyclistes des villes et cyclistes des champs sont loin d’être logés à la même enseigne. Si le cita­din peut se sentir vulné­rable en slalo­mant entre les voitures, les motos et les bus, soyons clairs : les acci­dents sont moins graves en ville qu’à la campagne. Le cycliste est blessé légè­re­ment dans 70 % des cas en zone urbaine, contre 32 % hors agglo­mé­ra­tion. La vitesse des autres véhi­cules sur les grands axes n’y est pas pour rien, 80 % des personnes tuées en milieu rural le sont hors inter­sec­tion, toujours selon la Sécu­rité routière.

    Le Pari­sien : Cyclisme : la carte des zones les plus dange­reuses à vélo
    Le Pari­sien : Cyclisme : la carte des zones les plus dange­reuses à vélo

    Selon l’IFSTTAR, l’ef­fet protec­teur du casque est plus marqué pour les bles­sures sérieuses à la tête (réduc­tion de 70 %), mais moins marqué en agglo­mé­ra­tion que hors agglo­mé­ra­tion

    Wiki­pe­dia : Casque de vélo

    La vitesse repré­sente le prin­ci­pal danger dans les envi­ron­ne­ments ruraux. Un cas typique d’ac­ci­dent : un cycliste qui se fait percu­ter de côté, sur une route dépar­te­men­tale par exemple. En 2019, « la gravité hors agglo­mé­ra­tion (quatorze cyclistes tués pour cent cyclistes bles­sés) était six fois plus élevée que celle en agglo­mé­ra­tion. Les voiries en agglo­mé­ra­tion concentrent 84 % des acci­dents impliquant un cycliste, mais 49 % de la morta­lité » , révèle la Sécu­rité routière.

    Ouest France, Pourquoi le nombre de morts à vélo progresse autant ?

    Et en pratique ?

    L’obli­ga­tion du casque dans d’autres pays n’y a pas accé­léré la baisse des commo­tions céré­brales

    Un rapport de l’IRTAD (2018) estime que les pays ayant commencé à rendre obli­ga­toire le casque béné­fi­cient d’une réduc­tion de la morta­lité de 53 %, contre 45 % dans les pays sans régle­men­ta­tion, mais ce sont aussi géné­ra­le­ment des pays qui déve­loppent les pistes cyclables et la préven­tion.

    Wiki­pe­dia : Casque de vélo

    In contrast to the fall in all road inju­ries in South Austra­lia coin­ci­ding with helmet legis­la­tion, percen­tages of cyclists with concus­sion and other head or face inju­ries show gene­rally decli­ning trends, espe­cially for concus­sion, but no clear response when helmet wearing increa­sed substan­tially. Falls in concus­sions were also noted for other road users and explai­ned by: “The proce­dure for patients with a short episode of concus­sion has chan­ged in that such patients are not now admit­ted routi­nely.”

    No clear evidence from coun­tries that have enfor­ced the wearing of helmets, D L Robin­son
    Head inju­ries among cyclists admit­ted to hospi­tals in South Austra­lia
    No clear evidence from coun­tries that have enfor­ced the wearing of helmets, D L Robin­son
    Head inju­ries among cyclists and other road users admit­ted to hospi­tal in Western Austra­lia
    No clear evidence from coun­tries that have enfor­ced the wearing of helmets, D L Robin­son

    In New South Wales, enfor­ce­ment increa­sed adult use of helmets from 26% in 1990 to 77% and 85% in 1991 and 1992.9 w5 Here again the rate of decline of head inju­ries did not change. Offi­cial analyses of data from Victo­ria in the three years after legis­la­tion came into force also found no alte­ra­tion in the trend for decrea­sing inju­ries.

    No clear evidence from coun­tries that have enfor­ced the wearing of helmets, D L Robin­son

    In Hali­fax, Nova Scotia, use of helmets increa­sed from below 40% in 1995 and 1996 to 75% in 1997 and over 80% in 1998 and 1999.w7 There was a non-signi­fi­cant reduc­tion in the percen­tage of head inju­ries (P = 0.06) that appa­rently star­ted before the law.

    No clear evidence from coun­tries that have enfor­ced the wearing of helmets, D L Robin­son

    Au Canada, le port du casque est obli­ga­toire dans cinq provinces : la Colom­bie-Britan­nique, l’Al­berta, l’On­ta­rio, chez les moins de dix-huit ans seule­ment, le Nouveau-Bruns­wick et la Nouvelle-Écosse. Une étude statis­tique a relevé une dimi­nu­tion de 52 % de la morta­lité de jeunes cyclistes en Onta­rio après le passage de la loi rendant obli­ga­toire le port du casque chez ces derniers.

    Mais l’ori­gine de cette baisse est contro­ver­sée : dans le même temps, au Québec, le nombre de victimes cyclistes a aussi forte­ment dimi­nué (sans casque obli­ga­toire, et alors que le nombre de cyclistes augmen­tait).

    Wiki­pe­dia : Casque de vélo

    En Espagne, le port du casque est obli­ga­toire depuis 2005 sur le réseau de routes natio­nales, hors agglo­mé­ra­tion, avec une dispense possible par grande chaleur. Selon les données de la Direc­tion du trafic espa­gnole et de l’uni­ver­sité poly­cli­nique de Valen­cia pour 2004 à 2007, la part de cyclistes portant un casque parmi les victimes d’ac­ci­dent de la circu­la­tion est passée de 28 % à 48 %, mais le taux de bles­sés hospi­ta­li­sés touchés au crâne n’a pas varié.

    Wiki­pe­dia : Casque de vélo

    Les taux d’hos­pi­ta­li­sa­tion à la tête ne sont pas corré­lés à la présence du casque mais à l’état des infra­struc­tures

    Helmet legis­la­tion was not asso­cia­ted with hospi­ta­li­sa­tion rates for brain, head, scalp, skull, face or neck inju­ries.
    Conclu­sions: These results suggest that trans­por­ta­tion and health poli­cy­ma­kers who aim to reduce bicy­cling injury rates in the popu­la­tion should focus on factors rela­ted to increa­sed cycling mode share and female cycling choices. Bicy­cling routes desi­gned to be physi­cally sepa­ra­ted from traf­fic or along quiet streets fit both these crite­ria and are asso­cia­ted with lower rela­tive risks of injury.

    BMJ : Bicy­cling injury hospi­ta­li­sa­tion rates in Cana­dian juris­dic­tions: analyses exami­ning asso­cia­tions with helmet legis­la­tion and mode share

    Porter un casque peut même intro­duire des risques annexes plus élevés

    Une étude scien­ti­fique publiée mi-novembre 2018 démontre qu’il serait plus risqué de circu­ler à vélo sur la route en portant un casque plutôt que rien sur la tête…

    Une affir­ma­tion surpre­nante qui peut en toute logique paraître à première vue inco­hé­rente. Pour clari­fier de suite le thème de cette étude trai­tant de sécu­rité routière impliquant les cyclistes, les auteurs Ian Walker et Doro­thy Robin­son ont effec­tué des recherches sur une consta­ta­tion première précise : les auto­mo­bi­listes qui rasent les cyclistes lors d’un dépas­se­ment.

    […]

    « L’écart entre auto­mo­bile et vélo lors d’un dépas­se­ment est en moyenne 8,5 cm plus faible pour un cycliste casqué »

    Velo­chan­nel : Le port du casque ampli­fie­rait-il le danger sur la route ?

    L’étude a été démen­tie, puis le démenti a été contesté, l’étude repro­duite, puis de nouveau discu­tée comme dépen­dante du pays (ayant des compor­te­ments diffé­rents)

    This analy­sis confirms that drivers did, overall, get closer when the rider wore a helmet. The distri­bu­tion of over­ta­king events shif­ted just over one-fifth of a stan­dard devia­tion closer to the rider – a poten­tially impor­tant beha­viour if, as theo­re­ti­cal frame­works suggest, near-misses and colli­sions lie on a conti­nuum.

    Bicycle helmet wearing is asso­cia­ted with closer over­ta­king by drivers: A response to Olivier and Walter, 2013 (preprint)

    Une étude de Barbara Schmidt et al, publiée en 2019 a comparé le compor­­te­­ment et l’état
    d’ac­­ti­­vité du cerveau de deux groupes de personnes, l’un portant un casque de vélo pendant
    l’ex­­pé­­ri­­men­­ta­­tion, l’autre non, dans un jeu de hasard à l’écran. Les deux groupes présentent la même
    varia­­bi­­lité indi­­vi­­duelle et la même moyenne quant aux prises de risques, mais ils diffèrent
    signi­­fi­­ca­­ti­­ve­­ment sur l’adap­­ta­­tion au niveau de risque. Le groupe avec casque garde le même
    compor­­te­­ment quand le risque augmente ou dimi­­nue, alors que le groupe non casqué change de
    compor­­te­­ment : il privi­­lé­­gie l’op­­tion la moins risquée quand la diffé­­rence entre les deux options est très
    élevée, et à l’in­­verse il tend à privi­­lé­­gier l’op­­tion plus risquée quand la diffé­­rence de risque est faible

    Surmor­­ta­­lité des cyclistes casqués en agglo­­mé­­ra­­tion : données
    statis­­tiques et hypo­­thèses expli­­ca­­tives

    ce type de message simpli­fi­ca­teur [sur le port du casque] s’avère contre-produc­tif : il conduit à mini­mi­ser l’im­por­tance des autres facteurs de sécu­rité active, contri­buant à éviter les acci­dents, au profit d’un seul facteur de sécu­rité passive, contri­buant seule­ment à dimi­nuer la gravité des dégâts. Cela pour­rait renfor­cer l’ef­fet « anes­thé­siant » du phéno­mène d’in­dif­fé­rence aux risques lié au port du casque

    Surmor­ta­lité des cyclistes casqués en agglo­mé­ra­tion : données
    statis­tiques et hypo­thèses expli­ca­tives

    We found images of cyclists wearing helmets or safety vests to have a higher proba­bi­lity of being selec­ted as less human compa­red to images of cyclists wearing no safety equip­ment.

    The effect of safety attire on percep­tions of cyclist dehu­ma­ni­sa­tion

    Il faut plus de vélos si on veut réduire les risques

    Via @GlmMrt

    As with over­seas data, the expo­nen­tial growth rule fits Austra­lian data well. If cycling doubles, the risk per kilo­metre falls by about 34%; conver­sely, if cycling halves, the risk per kilo­metre will be about 52% higher. Poli­cies that adver­sely influence the amount of cycling (for example, compul­sory helmet legis­la­tion) should be revie­wed.

    Safety in numbers in Austra­lia: more walkers and bicy­clists, safer walking and bicy­cling, D L Robin­son

    On a pu consta­ter un lien direct entre la fréquence des acci­dents impliquant un tiers et la propor­tion des dépla­ce­ments urbains effec­tués à vélo : plus les cyclistes sont nombreux, moins les acci­dents (par cycliste) sont nombreux et moins ils sont graves. Réci­proque­ment, lorsque le nombre de cyclistes dimi­nue, il appa­raît un seuil en dessous duquel le risque d’ac­ci­dent avec un tiers (géné­ra­le­ment moto­risé) augmente signi­fi­ca­ti­ve­ment, ainsi que la gravité des bles­sures.

    Ce double phéno­mène a pu être quan­ti­fié dans diffé­rents pays euro­péens entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 2000 : après une période d’usage massif du vélo comme moyen de dépla­ce­ment indi­vi­duel, la voiture s’est impo­sée sous l’in­fluence de la crois­sance du pouvoir d’achat et des poli­tiques d’en­cou­ra­ge­ment menées par diffé­rents gouver­ne­ments dans les années 1960 et 1970 (notam­ment en France). En paral­lèle, la dange­ro­sité des dépla­ce­ments à vélo a augmenté, avec le nombre de tués à vélo (rapporté au nombre de cyclistes). Depuis la fin des années 1980, la part modale de la bicy­clette augmente de nouveau, et les statis­tiques semblent montrer une baisse du nombre de cyclistes tués (toujours rapporté au nombre de pratiquants).

    Wiki­pe­dia : Acci­dent de vélo

    Safety-in-numbers denotes the tendency for the number of acci­dents to increase less than in propor­tion to traf­fic volume.

    Safety-in-numbers: An upda­ted meta-analy­sis of esti­mates, Rune Elvik

    Nearly all regres­sion coef­fi­cients showing the rela­tion­ship between traf­fic volume and the number of acci­dents indi­cate a safety-in-numbers effect for cyclists and pedes­trians.

    Safety-in-numbers: An upda­ted meta-analy­sis of esti­mates, Rune Elvik

    If all 167 Euro­pean cities achie­ved a cycling mode share of 24.7% over 10,000 prema­ture deaths could be avoi­ded annually.

    Health impact assess­ment of cycling network expan­sions in Euro­pean cities
    Via @GlmMrt

    En l’état (sans obli­ga­tion) le vélo apporte plus de béné­fices que de risques pour la santé

    Car la pratique régu­lière du vélo est excel­lente pour la santé. Loin des idées reçues, qui font de la bicy­clette un « moyen de dépla­ce­ment dange­reux », l’Ob­ser­va­toire régio­nal de santé d’Ile-de-France (ORS), un orga­nisme financé par l’État et la région, a publié la semaine dernière une étude montrant que les béné­fices de la pratique du vélo étaient vingt fois supé­rieurs aux risques. Oui, 20 fois.

    Le Monde, Ne pas faire de vélo, c’est dange­reux pour la santé

    2745 vies épar­gnées. Après avoir présenté ces résul­tats, Mme Praz­noczy s’est amusée, si l’on peut dire (et on espère pour elle), à calcu­ler les effets sur la morta­lité de la popu­la­tion fran­ci­lienne d’une progres­sion de la propor­tion de cyclistes. Si, en 2020, 20% des Fran­ci­liens se déplaçaient à vélo (contre 2% aujourd’­hui), on sauve­rait 2745 personnes grâce aux seuls bien­faits en matière de mala­dies. On « gagne­rait » égale­ment entre 4 et 24 vies grâce à l’apai­se­ment de la circu­la­tion auto­mo­bile. On comp­te­rait en revanche davan­tage de tués par acci­dent, 7 cyclistes mais aussi 9 piétons.

    Le Monde, Ne pas faire de vélo, c’est dange­reux pour la santé

    Le vélo prévient envi­ron 6500 décès chaque année, et les Néer­lan­dais ont une espé­rance de vie plus longue due 6 mois grâce au vélo. Ces avan­tages pour la santé corres­pondent à plus de 3 % du produit inté­rieur brut néer­landais.

    Rue de l’ave­nir, Cyclisme aux Pays-Bas : la pratique du vélo prévient envi­ron 6500 décès chaque année

    Less than 0.5 percent of Dutch cyclists wear helmets, which is one in 200 people on bikes. And that’s really just the sport cyclists. Virtually every­body else, from chil­dren to old people, doesn’t even think about helmets. It’s just not present in their culture, because they’ve ulti­ma­tely deci­ded that it’s far more impor­tant to build this culture of every­day cycling, and to build safe streets, instead of requi­ring people to protect them­selves.

    Vox, No helmets, no problem: how the Dutch crea­ted a casual biking culture

    Nos enfants ont perdu en 40 ans un quart de leurs capa­ci­tés cardio-respi­ra­toires. L’inac­ti­vité physique serait respon­sable de 9% des décès en France.

    Huffing­ton­post, La séden­ta­rité est une épidé­mie insi­dieuse, qui nous tue et handi­cape nos enfants, réagis­sons!

    Le casque freine l’usage du vélo

    Before helmet laws, cycling was increa­sing. Austra­lian census data show cycling to work increa­sed by 47%, from 1.1% in 1976 to 1.6% in 1986. This trend conti­nued in states without enfor­ced helmet laws, where the average propor­tion cycling to work increa­sed in 1991, contras­ting with an average decline for other states. By 1996, when all states had enfor­ced laws, only 1.2% cycled to work, with a simi­lar propor­tion in 2001.

    Thus all avai­lable long and short term data show cycling is less popu­lar than would have been expec­ted without helmet laws.

    No clear evidence from coun­tries that have enfor­ced the wearing of helmets, D L Robin­son

    Plus de deux décen­nies après avoir rendu le casque de vélo obli­ga­toire, l’Aus­tra­lie songe à annu­ler cette loi qui a fait chuter consi­dé­ra­ble­ment les dépla­ce­ments sur deux roues. […] l’usage du vélo par les écoliers a chuté de 47 % après la loi sur le port du casque. Chez les étudiantes de niveau collé­gial, c’est encore pire : 90 % de celles qui se rendaient à l’école à vélo ont renoncé à cause du casque obli­ga­toire.

    Le Devoir, L’Aus­tra­lie songe à renon­cer au casque de vélo obli­ga­toire

    Il faut penser aux enfants !

    Je finis par là même si c’est hors sujet dans le débat (le casque est déjà obli­ga­toire pour les moins de 12 ans) parce que c’est l’ar­gu­ment « émotion » qui est beau­coup apparu dans les échanges.

    Le casque réduit bien les trau­ma­tismes crâniens ;
    ces trau­ma­tismes sont fréquents chez les enfants (moins de 15 ans).

    En cas d’ac­ci­dent à vélo, la tête est touchée plus d’une fois sur trois. Pour ces acci­dents, 3 décès sur 4 sont dus à un trau­ma­tisme crânien.

    Le port du casque est un élément impor­tant pour la sécu­rité, notam­ment du cycliste et des pratiquants de glisse urbaine.

    Il réduit de 80 % la gravité des trau­ma­tismes crâniens.

    Deux tiers des acci­dents surviennent chez les moins de 15 ans.

    Minis­tère de l’éco­no­mie et des finances >  DGCCRF > Trau­ma­tisme crânien

    L’étude française SERAC (Suivi des enfants réani­més à la suite d’un acci­dent de la circu­la­tion) de 2006 conte­nait 139 cas d’en­fants cyclistes : tous lors de l’ac­ci­dent étaient non-casqués (sauf peut-être un pour lequel l’in­for­ma­tion sur le casque n’était pas connue).

    Wiki­pe­dia : Casque de vélo

    Le casque est déjà obli­ga­toire pour les enfants en France (moins de 12 ans)

    I. – En circu­la­tion, le conduc­teur et le passa­ger d’un cycle, s’ils sont âgés de moins de douze ans, doivent être coif­fés d’un casque conforme à la régle­men­ta­tion rela­tive aux équi­pe­ments de protec­tion indi­vi­duelle. Ce casque doit être atta­ché.

    Article R431–1–3 du code de la route

    Mais en pratique ça a eu peu d’ef­fet dans les autres pays

    In 2005 Sweden intro­du­ced a helmet law for cycling chil­dren. Manda­tory helmet laws have been contro­ver­sial in that they seem to have a limi­ted effect on the number of head inju­ries,

    Euro­pean Cyclists Fede­ra­tion : What happens when you mandate helmet-wearing among young Swedish cyclists?
    Euro­pean Cyclists Fede­ra­tion : What happens when you mandate helmet-wearing among young Swedish cyclists?

    Par contre ça désin­cite à l’uti­li­sa­tion du vélo

    Howe­ver there does seem to be another effect of helmet laws, namely a decline in cycling among school chil­dren. In 1983 57% of chil­dren aged 7–9 had permis­sion from their parents to bike to school without adult compa­nion, and for the age group 10–12, 94% had such permis­sion. By the year 2007 this had decrea­sed to 25% and 79% respec­ti­vely. Bearing in mind, the helmet law was intro­du­ced in 2005,

    Euro­pean Cyclists Fede­ra­tion : What happens when you mandate helmet-wearing among young Swedish cyclists?

    So the data does show a decline in cycling, but without annual surveys it’s hard to be sure of a corre­la­tion. Howe­ver, a Danish report made the same link between decli­ning cycling to school and helmet promo­tion and safety/scare campai­gns. They deter­mi­ned that half the decline in cycling was caused by these campai­gns

    Euro­pean Cyclists Fede­ra­tion : What happens when you mandate helmet-wearing among young Swedish cyclists?

    Correc­tifs et contra­dic­tions

    Le vélo ne provoque pas plus de dommages à la tête que d’autres pratiques pour lesquelles on n’ima­gi­ne­rait pas impo­ser un casque

    J’ai initia­le­ment réfé­rencé les deux jeux de données suivants. Il est possible qu’ils ne repré­sentent pas ou qu’ils ne repré­sentent plus la réalité aujourd’­hui.

    Via @GlmMrt

    Le second serait même proba­ble­ment une mauvaise refor­mu­la­tion de données tierces mal inter­pré­tées.

    Via Le Monde

    Ces données sont en effet contre­ba­lan­cées par les suivantes :

    Trau­ma­tismes crânio-faciaux consé­cu­tifs à un acci­dent de la route : Analyse des données du registre du Rhône 2005 – 2014
    Trau­ma­tismes crânio-faciaux consé­cu­tifs à un acci­dent de la route : Analyse des données du registre du Rhône 2005 – 2014

    Les dernières illus­tra­tions sont plus récentes mais faites à partir d’un jeu de données plus restreint que la première. Elles sont aussi faites sur des trau­ma­tismes incluant les trau­ma­tismes légers (AIS 2+) et pas unique­ment les trau­ma­tismes graves (AIS 3+).

    La dernière analyse ajoute elle-même aussi que le Rhône étant un dépar­te­ment urbain, il présente moins de gravi­tés que la moyenne française. On ne sait pas si cette parti­cu­la­rité joue diffé­rem­ment suivant les modes de trans­port (mais c’est probable puisque les vélos chutent souvent seuls et que la diffé­rence de vitesse ville/campagne est moindre à vélo qu’en voiture).

    L’in­ci­dence moyenne annuelle des séquelles majeures consé­cu­tives à une bles­sure de la tête (IIS3+) a été esti­mée pour la France à 6,8 pour 100 000. Comme attendu, elle était plus élevée que dans le Rhône, du fait du carac­tère urbain de ce dépar­te­ment où les acci­dents y sont plutôt moins graves que sur l’en­semble du terri­toire français

    Trau­ma­tismes crânio-faciaux consé­cu­tifs à un acci­dent de la route : Analyse des données du registre du Rhône 2005 – 2014

    Il est donc possible qu’il n’y ait aucune contra­dic­tion mais, ne sachant pas conclure et voyant l’évo­lu­tion du dernier graphique, il me semble préfé­rable de donner plus foi aux chiffres plus récents du dépar­te­ment du Rhône et d’ex­clure ce point de l’ar­gu­men­ta­tion.

    On conti­nue toute­fois de noter que la voiture et les piétons sont tous les deux sources de trau­ma­tismes crâniens d’un ordre de gran­deur simi­laire en valeur abso­lue.


    Autres liens

    Enquête auprès de 900 usagers de vélo ; utili­sa­tion du casque et
    des équi­pe­ments de conspi­cuité