Catégorie : Presse et médias

  • Quelques titres de presse dans un bateau

    Je ne suis plus abonné à rien. J’ai juste l’email hebdo­ma­daire de lundi.matin (qui ironique­ment arrive rare­ment le lundi matin mais que j’aime bien quand même).

    Régu­liè­re­ment, j’ai­me­rais quand même accé­der à du contenu de fond, longs, sérieux, avec des analyses pous­sées. Je trouve tout à fait légi­time de payer pour accé­der à ce type de conte­nus. L’enjeu c’est plutôt de savoir si je lirai derrière. J’ai tenté de m’abon­ner briè­ve­ment à Les Jours, et j’avais fini par rési­lier faute de réel­le­ment aller lire des choses dessus. Les séries TV ont pris la place. Arri­ve­rai-je à reve­nir à de la lecture ?

    • Les Jours
    • Le Monde Diplo­ma­tique
    • Le Monde

    Régu­liè­re­ment j’ai­me­rais avoir un contenu un peu moins dans l’émo­tion que Twit­ter pour me main­te­nir au courant de ce qu’il se passe dans le monde. J’ai lundi.matin. J’avais envi­sagé brief.me qui était pas mal aussi mais, même si le prin­cipe de payer ne me gêne pas quand il y a un peu plus que des reco­pies de dépêches, le prix m’a fait hési­ter et recu­ler. Le Cour­rier inter­na­tio­nal m’at­tire parce qu’on est vrai­ment centré ailleurs que sur la France.

    • Brief.me
    • Cour­rier inter­na­tio­nal
    • Lundi Matin
    • Le Monde

    Régu­liè­re­ment j’ai­me­rais aussi pouvoir accé­der aux conte­nus dont je trouve les liens sur les réseaux sociaux. J’avais Media­part et Arrêt sur Images un moment mais c’est quand même très anxio­gène. L’es­sen­tiel des liens mènent vers des scan­dales, des dénon­cia­tions, de l’émo­tion, et il faut faire double­ment atten­tion à véri­fier ce qui y est dit, à tout prendre avec de l’ana­lyse critique. C’est parti­cu­liè­re­ment vrai pour Media­part à cause de leur ligne édito­riale, mais c’est plus géné­ral : Seuls les liens polé­miques percent, et ce sont du coup ceux-ci que je veux ouvrir. N’est-ce pas fina­le­ment une bonne chose de ne pas y avoir accès ?

    • Media­part
    • Le Monde
    • Next Inpact
    • Arrêt sur Images

    Bref, je vais peut-être réac­ti­ver quelques abon­ne­ments. Le Monde entre dans les trois caté­go­ries, c’est un bon candi­dat, mais il ne m’ap­pa­rait le plus inté­res­sant dans aucune caté­go­rie. « Moyen partout » n’est pas forcé­ment idéal.

    Si je prends l’en­semble je m’en sors à plus de 50 € mensuels. On va essayer d’être plus raison­nable.

    Je peux déjà proba­ble­ment rayer Arrêt sur Images et Next Inpact sur lequels j’ai trop peu de liens sur des sujets non couverts par le reste. Peut-être qu’il vaut mieux écar­ter Media­part pour l’ins­tant quitte à être frus­tré de ne pas pouvoir suivre quelques liens. Ça me permet­tra de moins entrer dans le climat de scan­dale perma­nent.

    Ça en laisse beau­coup et il serait proba­ble­ment une bonne idée de n’en rete­nir que deux ou trois parmi Le Monde, Les jours, Cour­rier inter­na­tio­nal et le Monde Diplo­ma­tique. Mettons que je m’au­to­rise dans les 15 à 20 € mensuel. C’est déjà pas mal en atten­dant de voir.

    Vous avez des sugges­tions ? À quoi êtes-vous abon­nés et pourquoi ?

    MensuelAnnuel
    Les Jours8,50 € (*)60 €
    Monde Diplo­ma­tique5,50 €65 €
    Le Monde10 €100 €
    Cour­rier inter­na­tio­nal5 €60 €
    Media­part11 €110 €
    Lundi matindon libredon libre
    Brief.me7 €60 €
    Next Inpact5 € (*)50 €
    Arrêt sur Images4 € (*)45 €
    52,5 € / mois
    550 € / an
    46 € / mois

    Les prix sont arron­dis pour plus de clarté et pour éviter de trom­per le lecteur à coup de 90 centimes.
    (*) Ces prix peuvent bais­ser en cas d’abon­ne­ment multiple via La Presse Libre.

    Oui, c’est marqué à gauche. J’as­sume.

  • Diffu­sion d’in­for­ma­tion, partages et confiance

    Je trouve inté­res­sant tout ce qu’il s’est passé récem­ment. Je suis le fil de ma pensée mais les propos l’ani­ma­teur eux-même ne sont pas ce que je veux abor­der ici..

    Il y a eu un témoi­gnage précis, de première main, sur un fait d’in­té­rêt public. À cette étape là personne n’en sait plus.

    Ce témoi­gnage s’est signi­fi­ca­ti­ve­ment diffusé. 2000 partages en 24h. On est très loin de ce qu’on peut quali­fier de buzz sur Twit­ter, mais ce n’est pas rien non plus.

    Il a fallu une ving­taine d’heures pour que les jour­na­listes et les services du ministre recoupent suffi­sam­ment les faits puis montrent que le témoi­gnage était faux.

    Après avoir été confronté à ses dires par son enca­dre­ment, l’ani­ma­teur est publique­ment revenu sur ses décla­ra­tions en disant qu’il avait été induit en erreur.

    S’en­suit une mini-polé­mique sur la diffu­sion de fausses infor­ma­tions.

    Il est toujours bon de reve­nir en arrière pour en tirer les leçons en vue d’une prochaine fois. De ce que j’en lis autour de moi, on a toute­fois tendance à juger les partages du témoi­gnage d’ori­gine à l’aune de la révé­la­tion du faux.

    C’est là qu’à mon avis on fait erreur. Ce sont deux types d’in­for­ma­tion diffé­rents, à des niveaux diffé­rents.


    Le premier niveau d’in­for­ma­tion c’est l’exis­tence du témoi­gnage et son contenu. Cette exis­tence est une infor­ma­tion à part entière. Même si ce n’est pas le scan­dale du siècle, elle est à priori d’in­té­rêt public.

    C’est ainsi que dans la presse vous trou­vez des brèves repre­nant une décla­ra­tion offi­cielle, révé­lant un PV, poin­tant un fait qui pose ques­tion, etc. On les recon­nait en ce qu’elles utilisent géné­ra­le­ment des guille­mets pour marquer qu’il s’agit d’une reprise.

    Parfois la décla­ra­tion offi­cielle est fausse ou trom­peuse. Parfois les propos que rapportent le PV sont faux. Parfois la ques­tion posée a une réponse tout à fait légi­time.

    C’est malheu­reux quand ça arrive, on essaye de l’évi­ter, mais ça ne retire en rien l’in­té­rêt public d’avoir relayé cette infor­ma­tion en fonc­tion de sa crédi­bi­lité et de l’in­té­rêt public à ce moment là.


    Ce qu’il s’est passé sur Twit­ter n’est pas diffé­rent. Il n’y a quasi­ment eu que des cita­tions, avec ou sans commen­taire. Les tiers ont tous vu les propos origi­naux, écrits au nom de cet anima­teur inconnu.

    Tous ont pu se faire leur propre idée de la crédi­bi­lité du témoi­gnage. Personne n’a été induit en erreur sur le fait que c’était un témoi­gnage d’un inconnu et rien de plus.

    Nulle part il n’y a eu présen­ta­tion comme venant d’une source offi­cielle, ou d’une quelqu’un ayant véri­fié ou accré­dité l’in­for­ma­tion.

    Il n’y a pas eu trom­pe­rie ou fake news. Il y a juste eu le relai d’une infor­ma­tion d’in­té­rêt public, celle d’un témoi­gnage poten­tiel­le­ment crédible mettant en cause une opéra­tion de commu­ni­ca­tion.


    Le second niveau d’in­for­ma­tion est venu de la presse. Je crois que c’est France Info qui a fait le premier article d’ana­lyse (mis à jour depuis).

    Ils ont fait ce qu’on attend d’eux. Ils ont véri­fié, contacté les services du ministre, peut-être le camp de vacances. Les éléments rele­vés contre­disent direc­te­ment les décla­ra­tions de l’ani­ma­teur.

    On n’a toujours pas d’autres sources que les services du premier ministre concer­nant l’ori­gine du dessin, mais on en a assez pour consi­dé­rer que le récit de l’ani­ma­teur était faux. Pas besoin d’al­ler plus loin sauf à ce que nouveaux témoi­gnages appa­raissent.

    Cette infor­ma­tion est diffé­rente de la première. On n’in­forme pas du témoi­gnage, on va véri­fier le fond.

    Les deux niveaux ne se fusionnent pas et ne s’op­posent pas forcé­ment. Il est toujours vrai que l’ani­ma­teur a fait ce (faux) témoi­gnage, que ce témoi­gnage semblait suffi­sam­ment crédible et d’in­té­rêt public pour être repris. Il est tout aussi vrai qu’on sait désor­mais que les éléments prin­ci­paux du témoi­gnage étaient faux, et que donc il ne faut plus diffu­ser le témoi­gnage d’ori­gine ou ce qu’il préten­dait.


    Pourquoi est-ce impor­tant ? Parce qu’en assi­mi­lant les deux niveaux d’in­for­ma­tion on laisse penser que parta­ger le premier témoi­gnage revient à créer une fausse infor­ma­tion. On oublie qu’il y a deux infor­ma­tions, à deux niveaux bien distincts.

    Fallait-il attendre la véri­fi­ca­tion sur le fond avant choi­sir de parta­ger l’exis­tence du témoi­gnage ?

    Si dans l’idéal on ne peut être que d’ac­cord, c’est oublier que la véri­fi­ca­tion n’a eu lieu que parce qu‘il y a eu cette diffu­sion signi­fi­ca­tive préa­lable. Jamais ni les jour­na­listes ni les services du ministre ne seraient inter­ve­nus sans le micro-buzz. Jamais les services du premier ministre n’au­raient répondu à un citoyen non jour­na­liste profes­sion­nel qui aurait voulu véri­fier l’in­for­ma­tion.

    Empê­chez le premier niveau d’in­for­ma­tion tant que la presse de métier n’a pas offi­ciel­le­ment étudié le fond, vous coupe­rez aussi énor­mé­ment de faits avérés qui n’au­raient jamais eu la visi­bi­lité suffi­sante. Tiens, toute l’af­faire Benalla vient d’un buzz simi­laire sur une courte vidéo à la place de la contre-escarpe, et dont certains avaient contesté la légi­ti­mité d’en faire un buzz à l’époque.

    On ne peut pas espé­rer que ces buzz initiaux ne se fassent que sur des faits qui se révèlent vrais. Ça revient à dire aux gens « agis­sez mais ne vous trom­pez pas ». Ça ne fonc­tionne pas.

    Il n’y a aucun compor­te­ment qui permet à la fois de mettre en lumière le vrai et de lais­ser sous silence le faux. On fait forcé­ment des erreurs des deux côtés, tout est une ques­tion de posi­tion­ner le curseur intel­li­gem­ment.


    Il ne reste du coup que le juge­ment de chacun : Est-ce que l’in­for­ma­tion me semble à la fois assez crédible et assez inté­res­sante pour être parta­gée ?

    Visi­ble­ment 2000 personnes ont pensé que oui. Ça a suffit pour qu’un jour­na­liste s’en empare (ce qui est déjà éton­nant, 2000 partages twit­ter ce n’est pas grand chose) et qu’on ait le fin mot de l’his­toire sur le fond.

    J’ai ensuite vu les correc­tifs et articles de presse large­ment diffu­sés. Rien que ça est assez propre à Twit­ter. Si les correc­tifs sont bien souvent bien moins visibles que les polé­miques de départ, ils le sont toujours beau­coup plus sur Twit­ter que sur la plupart des autres médias.

    C’est malheu­reux quand on diffuse du faux mais quelque part tout s’est passé comme ça aurait du, ou pas loin.

    Nulle part le témoi­gnage initial n’a été présenté comme autre chose qu’un témoi­gnage unique. Il n’y a pas eu retrai­te­ment, il n’y a pas eu masquage de la source, il n’y a pas eu présen­ta­tion faus­sée. Le correc­tif lui-même est arrivé dans un temps rela­ti­ve­ment rapide et la diffu­sion du faux s’est immé­dia­te­ment arrê­tée.

    On est là dans un espace tota­le­ment diffé­rent de celui de la fake news. Il n’y a d’ailleurs proba­ble­ment même pas eu inten­tion de trom­per de la part de l’au­teur d’ori­gine.


    Et donc, puisqu’on fait un retour arrière : Ce témoi­gnage était-il suffi­sam­ment crédible pour méri­ter une diffu­sion ?

    On entre dans le subjec­tif. Je ne peux que donner mon propre avis, forcé­ment biaisé.

    Dans l’his­toire récente on a entendu des élus et hauts fonc­tion­naires mentir sous serment devant une commis­sion d’enquête. On a une porte-parole du gouver­ne­ment qui a dit assu­mer de mentir pour proté­ger le président. On a un procu­reur qui a fait une fausse décla­ra­tion offi­cielle pour éviter de contre­dire les propos du président. On a des ministres, élus et repré­sen­tants de tous bords qui font des pirouettes verbales à la limite de la mauvaise foi pour justi­fier tout et n’im­porte quoi. On a des opéra­tions de commu­ni­ca­tion à gogo, et les mises en scène n’y sont pas si rares.

    De fait, les paroles offi­cielles sont assez peu fiables dès qu’on est dans l’opé­ra­tion de commu­ni­ca­tion. C’est malheu­reux, grave pour notre démo­cra­tie, pas spéci­fique au gouver­ne­ment ou au parti au pouvoir, mais c’est ainsi.

    On était juste­ment dans une opéra­tion de commu­ni­ca­tion. Croire qu’on ait pu prépa­rer une belle image à présen­ter à la presse n’est pas tota­le­ment déli­rant au regard de ce qui précède. Impos­sible de savoir si c’était vrai sans faire un travail de jour­na­liste, mais c’était crédible et vrai­sem­blable.

    Le reste du récit, le vrai mpte person­nel pas créé pour l’oc­ca­sion ni réservé au mili­tan­tisme, la façon de racon­ter, les détails sur d’autres points, disons qu’il n’y avait pas beau­coup de voyants au rouge.


    À mon avis, si vous avons un problème majeur à régler, ce n’est pas tant de limi­ter la diffu­sion de fausses infor­ma­tions que de restau­rer la confiance dans ce qui vient de nos élus, de notre admi­nis­tra­tion et des personnes en posi­tion d’au­to­rité.

    Les deux sont liés. Si on ne peut plus croire ces sources là, on finit par ne plus rien croire, douter de tout ou prêter foi à tout, ce qui revient au même.

    Malheu­reu­se­ment restau­rer la confiance va être diffi­cile et long, parce qu’aujourd’­hui les pratiques sont au plus bas. Elles ont plutôt tendance à enta­mer ce qui reste de confiance qu’à restau­rer ce qui manque.

  • De la presse et des images

    Parce que le sujet est sensible il n’est jamais vain de rappe­ler : Ce sont mon opinion, mes pensées, mais ce ne sont que mon opinion et mes pensées, aujourd’­hui, en fonc­tion de ce en quoi je crois et avec ce que j’ai vécu.
    Je ne prétends pas avoir La Vérité. Vous avez le droit d’avoir une posi­tion diffé­rente, de l’ex­po­ser. Je ne vous demande que de m’en concé­der autant, avec respect et ouver­ture. Peut-être que nous évolue­rons en échan­geant.
    Ne venez ici que si vous êtes prêts à avoir le même état d’es­prit.


    Fallait-il la publier ? L’hor­reur de l’image d’aujourd’­hui était-elle néces­saire pour faire passer l’in­for­ma­tion et la prise de conscience ? Fran­che­ment je n’en sais rien mais mon propre avis n’a que peu d’im­por­tance dans l’his­toire.

    Ça n’a que peu d’im­por­tance parce qu’il me semble essen­tiel qu’un jour­nal d’in­for­ma­tion sérieux ait la liberté de faire ses propres juge­ments sur la ques­tion, et qu’au­cune auto­rité morale ne puisse dire que tel ou tel sujet est trop choquant pour faire partie de l’in­for­ma­tion.

    J’y tiens et ça me parait essen­tiel.

    * * *

    On m’au­rait posé la ques­tion avant publi­ca­tion, j’au­rais proba­ble­ment jugé que la photo de l’en­fant mort sur une plage il y a plusieurs mois étaient inutile et irres­pec­tueuse. Vu ce qu’a déclen­ché cette photo, j’au­rais eu tort. C’est le déclen­cheur de l’ac­cueil de dizaines ou centaines de milliers de réfu­giés et d’une prise de conscience d’une partie de l’opi­nion publique.

    Cette image a certai­ne­ment provoqué des trau­ma­tismes forts mais elle a aussi sauvé des vies. Trop peu par rapport à ce qui aurait été possible, mais des vies ont été sauvées.

    Je ne me vois pas dire que les problèmes que peu causer l’image ou sa publi­ca­tion sont insi­gni­fiant face à son rôle et son impact sur la société. Ça n’au­rait aucun sens. Les humains ne se jugent pas en compa­rant des chiffres dans un tableau. Mais juste­ment : Je me refuse aussi à dire le contraire.

    Parfois le jour­nal fait un choix de publi­ca­tion radi­cal. Des fois l’his­toire montre qu’ils ont eu raison. Des fois ce n’aura pas été le cas. Des fois les avis divergent même après coup.

    Je ne sais pas ce qu’il en sera pour l’image d’aujourd’­hui mais je défie quiconque de prétendre savoir à coup sûr. L’im­pact et la néces­sité sont bien diffi­ciles à juger, même après coup.

    * * *

    Et puisque ça a été une partie de la discus­sion : Je comprends ce que veut dire déclen­cher des angoisses ou des états impos­sibles qui peuvent durer des semaines ou amener au suicide. Je ne le nie pas, je ne le dimi­nue pas. C’est inima­gi­nable de me croire le faire pour ceux qui ont connu mon passé. C’en est même insul­tant.

    Mais en même temps je ne peux deman­der à la presse de masquer toutes les images et tous les sujets qui peuvent être un déclen­cheur chez quelqu’un. Je ne le souhaite même pas. Il ne reste­rait rien.

    * * *

    Je me rappelle qu’il y a à peine quelques années tout le monde défen­dait le droit à la publi­ca­tion de cari­ca­tures reli­gieuses.

    On ne parle pas ici de trau­ma­tismes mais ce n’est pas plus léger pour autant. Pour ces cari­ca­tures on a assumé le risques d’at­ten­tat et de morts. Plus loin, on a eu des morts à cause de ça. Des morts, et bien entendu tous les trau­ma­tismes qui vont avec pour les survi­vants.

    Publier ces cari­ca­tures n’avait aucune autre moti­va­tion que de défendre le droit de les publier. Et pour­tant, malgré les morts, malgré qu’on ne préten­dait aider à sauver personne, je n’en connais pas un qui oserait aujourd’­hui dire qu’on aurait du l’in­ter­dire.

    Alors oui, je crois que de la même façon on ne devrait pas inter­dire ou même repro­cher la publi­ca­tion d’une image d’hor­reur qui d’après leurs éditeurs ont un vrai but d’in­for­ma­tion, de prise de conscience et de mouve­ment d’opi­nion.

    * * *

    Je n’au­rais proba­ble­ment pas fait ce choix de publi­ca­tion mais je défend le droit à Libé­ra­tion de le faire. Même si ça pose plein de ques­tions toutes aussi justes les unes que les autres. Même si ça cause des trau­ma­tismes forts à des gens. Même si ça tue. Parce que s’ils jugent que ça a la moindre chance de peser dans le débat public, ça peut aussi faci­li­ter une inter­ven­tion et sauver toute une popu­la­tion, direc­te­ment aujourd’­hui ou indi­rec­te­ment demain.

    Oui c’est moche, et c’est une réflexion froide de ma part parce que juste­ment ce cas ci ne me déclenche rien moi-même, mais je n’ai pas d’autre réponse que celle-ci.

  • Évidem­ment, ce n’est pas la voiture qui s’est vengée

    Lot : après une dispute, une femme meurt écra­sée par la voiture de son mari
    Le Pari­sien

    Forcé­ment ça ironise. On se moque du titre avec la voiture possé­dée qui écrase seule la femme, par pure coïn­ci­dence après une dispute de couple.

    En réalité je trouve cette ironie assez moche.

    Évidem­ment, intui­ti­ve­ment on y lit qu’il y a eu une dispute et que la femme a ensuite été volon­tai­re­ment écra­sée par son mari.

    C’est intui­tif, probable, mais on n’en sait rien, pas à la simple lecture de l’ar­ticle.

    La police enquête et véri­fie. C’est son boulot de juste­ment ne pas se conten­ter de dire « c’est évident » sans savoir. Pas de fausse naïveté non plus puisqu’il est clai­re­ment dit que le mari est en garde à vue depuis hier. On peut se douter que la police a les mêmes présomp­tions intui­tives que chacun de nous.

    Entre temps, nous on ne sait rien, mais alors rien du tout. On n’a aucun témoi­gnage, aucun récit de l’évé­ne­ment. On ne sait pas comment la femme a été écra­sée. On ne sait même pas si le mari était au volant. En fait on ne sait même pas si quelqu’un était au volant ou si la voiture a été lâchée en roue libre sur une côte. C’est quand même peu pour prétendre l’évi­dence.

    Sauter aux conclu­sions c’est faire justice sur des stéréo­types ou les proba­bi­li­tés, et ça n’est à l’hon­neur de personne.

    * * *

    Pour une fois l’ar­ticle est au contraire très bien fait. On ne sait pas grand chose mais le jour­na­liste expose les faits sans détour. C’est à peu près tout ce qu’il peut faire en l’état.

    Aurait-il fallu qu’il titre « Il tue sa femme en l’écra­sant à cause d’une dispute » alors qu’il n’a aucun élément pour ça à part l’évi­dente suspi­cion que tout le monde verra de toutes façons ?

    Personne ne prétend que la voiture, possé­dée par je ne sais quel esprit, a sauté seule sur la victime. Le jour­na­liste pousse l’idée d’une culpa­bi­lité de l’homme dès la première phrase de l’ar­ticle, en hauteur double :

    Un homme d’une soixan­taine d’an­nées est en garde à vue depuis jeudi et la mort de sa femme à Prays­sac (Lot).

     

    Diffi­cile d’être plus expli­cite sur les faits sans confondre les proba­bi­li­tés avec la réalité. Pour une fois qu’un jour­na­liste présente un article comme il faut sans biais ni sur-inter­pré­ta­tion, n’al­lons pas lui repro­cher.

    * * *

    Il y a un vrai problème où la presse écarte trop souvent la respon­sa­bi­lité des atteintes aux femmes ou aux mino­ri­tés. Je fais toute­fois la diffé­rence entre celui qui excuse et celui qui ne sait pas.

    Je n’ai – malheu­reu­se­ment – pas la solu­tion au problème géné­ral mais je ne crois pas qu’ajou­ter des injus­tices en compense d’autres. Ce n’est que mon opinion, mais j’ai plutôt tendance à croire que les maux s’ajoutent entre eux.

  • Mon problème avec le Deco­dex

    J’aime beau­coup ce que font Les Déco­deurs. Je soutiens très fort Samuel Laurent et son équipe qui s’en prennent plein la figure tout le temps sur le moindre sujet.

    Le Deco­dex était une bonne idée, avec une bonne inten­tion. Vous avez essayé et… ça s’est révélé au mieux hasar­deux. Plus proba­ble­ment c’était tout simple­ment une mauvaise idée. Il est temps de le ranger au placard et de célé­brer une bonne initia­tive qui n’a pas fonc­tionné pour pouvoir tenter autre chose la prochaine fois. Persis­ter n’ap­porte rien.

    *

    J’ai un problème avec l’axiome de base du Deco­dex, l’idée que la répu­ta­tion du conte­nant doit permettre d’avoir – ou non – confiance dans le contenu.

    Si je me base dessus, j’au­rais plutôt du donner foi à l’ar­ticle d’un jour­nal fiable qui parle d’une consul­tante profi­leuse, aussi inter­viewée sur une chaîne d’in­for­ma­tion natio­nale. Dans le contenu elle parle de son don de sixième sens, à l’oc­ca­sion de la sortie de son livre sur le sujet. Hum…

    Je repère régu­liè­re­ment des erreurs graves ou gros­sières dans mon domaine d’ex­per­tise dans des propos relayés sur les média très bien répu­tés. Je ne vois pas pourquoi il en serait diffé­rem­ment dans les domaines où je n’y connais rien. Ne parlons même pas des rubriques horo­scope des hebdo­ma­daires bien clas­sés par le Deco­dex.

    Inver­se­ment une ques­tion ou une infor­ma­tion révé­lée sur le plus immonde site poubelle ou sur un blog tota­le­ment inconnu n’est pas forcé­ment fausse pour autant. Toujours sur mon domaine d’ex­per­tise, l’in­for­ma­tique, les blogs sont souvent bien plus poin­tus que les média natio­naux. J’ai l’im­pres­sion que c’est parfois aussi vrai pour le droit.

    *

    Bref, la répu­ta­tion du conte­nant ne me permet pas de juger de la fiabi­lité d’une infor­ma­tion. Je dois faire appel à mon juge­ment. Si une infor­ma­tion semble extra-ordi­naire, je dois remon­ter vers la source, recou­per et utili­ser mon esprit critique.

    Cette analyse est vraie que je commence à partir d’un site fiable ou nonJe ne dois pas l’ap­prendre aux jour­na­listes des Deco­deurs, je suis certains qu’ils véri­fient et croisent leurs infor­ma­tions même quand elle vient d’une source à priori connue comme fiable.

    Tout ça est long, parfois je ne le fais pas, géné­ra­le­ment je ne le fais pas. Quand je ne le fais pas je prête foi à mes sites habi­tuels, ceux que je connais et que j’ai déjà choisi en fonc­tion de mon juge­ment décrit plus haut. Les autres, tous les autres, je les écar­te­rai en atten­dant mieux.

    Je ne me base­rai certai­ne­ment pas sur le simple fait que le conte­nant est marqué comme géné­ra­le­ment fiable sur le Deco­dex. Je connais juste­ment trop ce que ces sources peuvent faire comme erreurs sur mon domaine d’ex­per­tise pour leur faire une confiance aveugle sur le reste. Que le site ait bonne répu­ta­tion ne veut pas dire que toutes les rubriques se valent, ou qu’il n’y ait pas des sujets aussi liti­gieux que l’ho­ro­scope (mais pas toujours aussi faci­le­ment iden­ti­fiables).

    *

    Du coup, de quelle aide est le Deco­dex ?

    Je connais bien un site et il a ma confiance ? Le Deco­dex ne me fera pas chan­ger d’avis, que ce site soit indiqué comme fiable ou non. Les fan des sites liti­gieux risquent même de reje­ter le Deco­dex dans son ensemble.

    Je connais bien un site et il n’a pas ma confiance ? Je doute que je vais d’un coup appor­ter ma confiance à un contenu que j’y lis simple­ment parce que le Deco­dex me dit que le media a bonne répu­ta­tion.

    Je ne connais pas bien un site et il n’est pas classé fiable ? Je suppose que tous ceux qui seraient inté­res­sés par le Deco­dex au point de l’uti­li­ser sont aussi ceux qui vont consi­dé­rer une infor­ma­tion d’un media inconnu comme non fiable par défaut. Tout ça ne va rien chan­ger.

    En fait le seul cas où le Deco­dex aura une influence c’est le dernier cas : le site peu ou pas connu qui est classé comme fiable. Et là le seul risque c’est que ça m’in­cite à faire confiance sans véri­fier… là où il y a peut-être un problème moins évident à remarquer que la profi­leuse un peu medium qui fait la promo­tion de son livre.

    Bref. un peu le contraire de l’objec­tif pour­suivi, non ?

    C’était une bonne idée, je suis heureux qu’elle ait été lancée, je ne critique­rai pas les auteurs pour avoir essayé, main­te­nant il est temps de consta­ter que c’est une impasse qui n’ap­porte rien de posi­tif mais qui en plus pose des ques­tions déli­cates sur qui classe, comment, et les biais que ça intro­duit.

  • Passeur d’er­reurs – @Pas­seurS­ciences

    Je vais le faire plutôt ici.

    Je résume pour ceux qui découvrent : Vous avez créé une page Wiki­pe­dia sur un sujet obscur maitrisé par une poignée de personnes et qui n’en inté­resse proba­ble­ment pas beau­coup plus. Dans cette page, vous avez mêlé du vrai et du (très) faux . Il s’est passé quelques semaines sans que le faux n’ait été détecté et corrigé.

    Il est facile de se faire passer pour un cher­cheur qui publie un résul­tat qui gêne. En réalité vous avez surtout répété ce qui a déjà été fait vingt fois et ce dont, surprise, la plupart des utili­sa­teurs de wiki­pe­dia auraient pu vous révé­ler le résul­tat à l’avance.

    Bref, rien de neuf, d’in­connu, ni même de surpre­nant. Le problème n’est pas là.

    * * *

    J’ai un premier problème pour quelqu’un qui prétend avoir une démarche scien­ti­fique : Que comp­tiez-vous démon­trer ?

    Vous auriez pu choi­sir un sujet d’ac­tua­lité ou qui prête à débat public, ce qui aurait collé avec le contexte des fake news que vous invoquez. François Fillon, Donald Trump, l’évo­lu­tion du climat… il y avait le choix. Rien de tout cela ici.

    Pour que le sujet ait un quel­conque inté­rêt, il aurait fallu en prendre un avec un mini­mum d’au­dience. Si la page n’est pas lue, vous géné­rez des résul­tats qui n’ont d’im­pact que sur vous-même. Forcé­ment, ce n’est pas vrai­ment impor­tant et, comme expé­rience scien­ti­fique, ça se pose là.

    Combien de lecteurs qui réel­le­ment souhai­taient s’in­for­mer ? Sur ceux là, combien qui se sont inté­res­sés à la section avec de fausses infor­ma­tions ? Sur ceux là, combien ont réel­le­ment été trom­pés au final ? Voilà le chiffre qui aurait pu être inté­res­sant.

    Ici vous dites vous-même qu’il y aurait eu quelques dizaines de lecteurs en cinq semaines. Sur Wiki­pe­dia ça se traduit quasi­ment par zéro. Outre qu’on se demande sérieu­se­ment quel a été l’ou­til de mesure de l’au­dience, quelques dizaines c’est ce que j’au­rais estimé pour ceux qui surveillent les nouvelles créa­tions ou qui suivent les liens sortants des pages annexes qui ont été modi­fiées. On parle juste­ment de modi­fi­ca­tions de forme sans toucher au fond.

    Bref, le scéna­rio choisi n’avait quasi­ment aucune chance d’ap­por­ter quelque chose faute d’avoir pris un sujet perti­nent.

    Non seule­ment le résul­tat était connu à l’avance mais vous avez choisi une expé­rience où il n’avait en plus aucun inté­rêt. Chapeau.

    * * *

    Main­te­nant le vrai problème que j’ai avec votre démarche, outre qu’elle était inutile et sans inté­rêt, c’est qu’elle s’at­taque à des tiers.

    Vous êtes jour­na­liste au Monde. Avez-vous tenté de faire des erreurs volon­taires dans un sujet obscur destiné au jour­nal papier ? sur le jour­nal en ligne ? Avez-vous même tenté de faire un faux sur votre blog et voir s’il serait détecté ?

    Je doute que ce soit bien vu. Il s’en trou­vera pour dire que ça montre les failles d’un jour­nal qui se veut sérieux, ou que vous trans­for­mez après coup le contenu erroné en fausse expé­rience, ou qu’à tout le moins ils ne pour­ront pas se fier au contenu à l’ave­nir faute de savoir si c’est une nouvelle expé­rience. Ne parlons même pas du risque d’un mauvais buzz où les gens n’en­tendent parler que de l’er­reur mais pas de l’ex­pli­ca­tion qui suit.

    Mon problème est là. Vous êtes jour­na­liste profes­sion­nel. Vous savez que l’in­for­ma­tion a un impact, et que cet impact n’est pas neutre. Combien, même sans n’avoir rien appris de neuf et même si votre expé­rience ne montre pas cela, ne feront que renfor­cer l’image que Wiki­pe­dia n’est pas fiable sur les sujets d’im­por­tance ?

    Et ça s’est fait pour quoi ? pour savoir qu’un contenu lu par personne sur un sujet connu par pas grand monde pouvait conte­nir des erreurs intro­duites volon­tai­re­ment et qui ne seraient pas corri­gées en quelques semaines.

    La ratio dommage / béné­fice m’hor­ri­fie. En tant que jour­na­liste comme en tant que scien­ti­fique, c’est une donnée qui aurait du vous préoc­cu­per.

    * * *

    Person­nel­le­ment je retiens une chose : C’est la personne qui prétend étudier les fake news qui en est juste­ment à l’ori­gine. Ça permet de réflé­chir et il n’y a pas de quoi être fier.

    Pour rire, sur le Deco­dex, à propos de lemonde.fr, faut-il ajou­ter « publie de fausses infor­ma­tions sur les autres sites » ?

  • Visi­ble­ment, il gêne toujours

    Vous le savez déjà et personne ne chan­gera d’avis mais ça me fait telle­ment hurler que j’ai besoin de l’écrire.

    Un adulte en posi­tion d’au­to­rité qui sodo­mise une fille de 13 ans après l’avoir fait boire et avoir mis de la drogue dans son verre, on peut tour­ner ça comme on veut mais ça n’est pas une ques­tion mineure.

    Je ne suis pas pour des pour­suites à vie. Quelle que soit l’hor­reur, on peut envi­sa­ger de lais­ser dans le passé des faits regret­tés vieux de 40 ans. Peut-être devrait-on quand même éviter de mettre en avant l’au­teur qui est toujours offi­ciel­le­ment en fuite.

    Je rage par contre quand je lis Alain Finkel­raut mino­rer les faits en consi­dé­rant qu’à 13 ans ce n’est pas une enfant, ou que les faits puissent être moins grave parce que la victime a posé partiel­le­ment dénu­dée sur des photos pour Vogue. Lui n’a à priori pas changé d’opi­nion depuis les faits. Oui, ça date de 2009 mais que cet homme soit encore invité sur tous les plateaux TV unique­ment pour mettre en avant ses opinions… ça me dépasse.

    Quand le direc­teur adjoint de la rédac­tion de l’Ex­press publie hier un texte où il critique « les pudi­bonds, les popu­listes et quelques fémi­nistes [qui] se trompent de combat » pour finir sur « En 1977, Polanski gênait. Holly­wood, l’Amé­rique des Trump et des fake news d’alors, les pisse-froid, les médiocres, les aigris. Visi­ble­ment, il gêne toujours » … je m’inquiète pour ce que certains peuvent dire sans honte et exclu­sion sociale.

    Argu­men­ter le droit de chan­ger et celui de lais­ser de côté des fautes du passé est une chose, les mino­rer ou les défendre en est une autre, et c’est inac­cep­table de le lais­ser dire sans honte dans l’es­pace public.

    (wiki­pe­dia)

  • Du rôle du jour­na­liste

    Stéphane Soumier ne ressemble pas du tout à la défi­ni­tion que je donne du jour­na­liste. Il n’est en rien média­teur, c’est juste un mili­tant, qui utilise sa posi­tion et sa visi­bi­lité média­tique pour relayer ses opinions et sa lecture du monde, en espé­rant convaincre des gens de penser comme lui. Cela ne veut pas dire que tout soit à jeter, ces édito­ria­listes peuvent avoir des analyses inté­res­santes, mais qui ne relèvent pas du métier de jour­na­liste. Or, ils se présentent comme tels, ce qui crée une confu­sion. C’est une espèce malheu­reu­se­ment très répan­due dans les médias, en parti­cu­lier dans l’au­dio­vi­suel. C’est le cancer du jour­na­lisme, car ils discré­ditent toute la profes­sion. Je ne suis abso­lu­ment pas surpris qu’a­vec de tels gugusses, les jour­na­listes soient, avec les poli­tiques, dans le bas des clas­se­ments sur la confiance accor­dée par les citoyens.

    Authueil

    Quand les pigistes ont du mal à obte­nir une carte de presse mais que le présen­ta­teur de la météo au 20h est appelé jour­na­liste météo, on ne peut que confir­mer qu’il y a un problème.

    Comme partout, la visi­bi­lité média­tique a remplacé le travail de fond.

    Le pire est montré dans l’ana­lyse de Samuel Laurent sur cette histoire :

    Ne nous éten­dons pas plus. Les deux hommes fini­ront, après moults inter­pel­la­tions publiques, par recon­naître l’ina­nité de la polé­mique, et par relayer notre article qui dément preuves à l’ap­pui les propos de M. Meil­han.

    Ils le feront sans commen­taire, et sans reti­rer leurs tweets précé­dents, ni expliquer pourquoi ils ont choisi de faire confiance à ce texte plutôt qu’à celui de jour­na­listes profes­sion­nels employés par une rédac­tion recon­nue comme étant fiable. Tous deux semblent esti­mer qu’ayant relayé les deux points de vue, ils ont fait leur travail, et qu’il ne leur appar­tient pas de tran­cher.

    C’est tota­le­ment nier l’im­pact de ce qu’on fait, se déres­pon­sa­bi­li­ser dans son rôle.

    Une discus­sion d’hier menait au même sujet. Peu importe que nos poli­tiques croient dans leurs promesses et dans leur cirque média­tique. À force de dire qu’il y a trop de fonc­tion­naires, que la sécu et le public ne fonc­tion­ne­ment pas, que les Droits de l’H et l’Eu­rope sont un problème, que nous ne pouvons pas accueillir les immi­grés, que l’Is­lam est dange­reux… même si c’est pour ne rien en faire et accep­ter un démenti calme et posé dans un second temps, le mal est fait. L’idée fait son chemin, se propage, se renforce à chaque esclandre

    Plus que par leurs actions ou inac­tions, les poli­tiques font mourir notre devise par leurs paroles. Et les jour­na­listes se tirent des balles dans le pied de la même façon oubliant leur rôle d’ana­lyse et de filtre.

    D’ailleurs, pourquoi aurais-je besoin de jour­na­listes s’il s’agit unique­ment de me réfé­ren­cer les diffé­rentes opinions subjec­tives de chaque polé­mique ?

  • [Lecture] Les conte­nus diffu­sés par BFMTV

    Un inter­naute s’est amusé à chro­no­mé­trer les conte­nus diffu­sés par BFMTV pendant quatre heures d’une jour­née (14 juin 2016) et faire une synthèse (graphique à l’ap­pui !). C’est plutôt édifiant.

    via Face­book

    Sur 4h de programme, 2h43 sur le terro­risme, 34 minutes sur les mani­fes­ta­tions de la loi travail, 45 minutes de publi­cité, 2 minutes de météo et … rien d’autre.

    Nos médias deviennent un vrai problème pour le climat du pays.

  • [Lecture:] Nouvel An à Cologne: 55 des 58 agres­seurs n’étaient pas des réfu­giés

    Lu sur le web :

    L’enquête fait la clarté sur les agres­seurs de la nuit de la Saint Sylvestre à Cologne. […]

    Sur les 58 suspects, seuls trois d’entre eux sont origi­naires d’un pays en guerre: deux Syriens et un Irakien. Les 55 autres sont pour la plupart Algé­riens et Maro­cains et ne seraient pas arri­vés récem­ment en Alle­magne. Trois Alle­mands figurent aussi parmi les personnes arrê­tées.

    […] Sur 1054 plaintes […] 600 autres plaintes concernent des vols.

    via RTBF.be

    Donc en réalité 95% ne venaient pas de migrants, et plus de la moitié n’avaient aucun carac­tère sexuel. L’im­pact restera pour­tant long­temps et le démenti aura bien peu d’im­pact par rapport à l’em­bal­le­ment média­tique.

    Des sources anonymes de la police avaient dit, début janvier dans les médias, que la plupart des agres­seurs étaient des réfu­giés syriens.

    Des sources anonymes de la police.

    Dans le meilleur des cas il s’agit d’un poli­cier qui a exprimé un ressenti faussé via la très petite fenêtre de sa vision person­nelle, et les média qui ont repris l’in­for­ma­tion sans chiffre objec­tif ou en extra­po­lant les maigres chiffres en ques­tion.

    Dans le moins bon des cas il s’agit d’une mani­pu­la­tion de la source poli­cière, ou pire, et des média qui ont joué à qui faisait le plus gros titre qui faisait vendre.

    Ce qui est certain c’est que l’émo­tion­nel sur le fait avant d’avoir le moindre chiffre offi­ciel n’a rien amené de bon.

    S’il faut un respon­sable clair, c’est au moins l’État alle­mand qui n’a jamais modéré les titres de la presse en donnant quelques chiffres ou annonçant l’ab­sence de chiffres. Reste à comprendre pourquoi.