Catégorie : Europe

  • « Conforme à un ensemble de critères sociaux et envi­ron­ne­men­taux »

    Je fais le tour des propo­si­tions des diffé­rents groupes pour les Euro­péennes.

    Je filtre en ne rete­nant que ce qui concerne vrai­ment l’Eu­rope. Je rage chaque fois élec­tion en voyant combien même les partis qui se disent pro-euro­péens font majo­ri­tai­re­ment campagne sur des sujets natio­naux.


    J’ai à mon grand éton­ne­ment trouvé pas mal de choses inté­res­santes côté PCF. J’ai aussi trouvé une réplique magni­fique de leur candi­dat :

    — « Vous l’uti­li­sez Face­book, vous utili­sez Google […] Vous pour­riez ne pas colla­bo­rer avec ces géants
    — « Regar­dez, des tas d’édi­to­ria­listes du Figaro qui dénoncent le fonc­tion­ne­ment de la sécu­rité sociale, utilisent la sécu­rité sociale donc si vous voulez qu’on joue à ce petit jeu là […]

    PCF sur twit­ter, extrait de LCP

    La propo­si­tion qui m’in­té­resse est pour une fois de la France Insou­mise.

    « Tout produit péné­trant dans le marché commun est conforme à un ensemble de critères sociaux et envi­ron­ne­men­taux.

    La France Insou­mise, sur Twit­ter

    Ça n’a l’air de rien mais si je devais soute­nir deux pistes de travail sur l’Eu­rope, elle ferait partie des deux (l’autre serait une refonte démo­cra­tique dans les insti­tu­tions).

    Aujourd’­hui on parle de salaire mini­mum en Europe et on parle d’in­ten­tion écolo­gique, mais ça reste d’im­pact quasi­ment nul. Toute avan­cée se heur­tera forcé­ment au mur de la concur­rence mondiale.

    Dans cette vision on a l’im­pres­sion que le social et l’éco­lo­gie se font forcé­ment au détri­ment de notre inté­rêt. Malheu­reu­se­ment, s’il y a une chose que la gouver­nance euro­péenne actuelle ne semble pas prête à faire, c’est bien handi­ca­per notre posi­tion­ne­ment écono­mique.


    Si je dois voir une vraie solu­tion, c’est forcé­ment en impo­sant que toute la planète respecte les mêmes règles.

    Ça semble impos­sible mais il n’y a aucune raison sérieuse.

    On impose déjà à tous les produits et services vendus en Europe de respec­ter certaines règles, géné­ra­le­ment écono­miques et de sécu­rité. Ces règles prennent parfois en compte les impacts des produits après leur vente (sécu­rité, toxi­cité dans le temps, recy­clage, etc.).

    On ne peut pas refu­ser l’en­trée des produits construits dans des pays avec des normes sociales et écolo­giques basses. Par contre je ne vois rien qui empê­che­rait de règle­men­ter les ventes en Europe en fonc­tion de normes écolo­giques et sociales des produits — peu importe leur prove­nance — soit en consi­dé­rant une inter­dic­tion des produits et services ne respec­tant pas un mini­mum, soit avec une taxe progres­sive sur ce critère.

    Le vrai enjeu c’est de consi­dé­rer toute la vie du produit, depuis l’ex­trac­tion des matières premières jusqu’à sa vie de déchets. On ne compte donc pas que ce qui est réalisé sur le sol euro­péen mais tout ce qui concourt à la vente ou son achat sur notre sol, direc­te­ment ou indi­rec­te­ment.

    Bref, on pour­rait, avec un peu de volonté.

    On peut commen­cer par des normes exces­si­ve­ment basses, qui fina­le­ment sont respec­tées quasi­ment partout en Europe. On évite­rait donc trop de débat interne.

    Voilà d’un coup que les normes écolo­giques et sociales des pays euro­péens devien­draient un avan­tage écono­mique sur leur marché (nous les respec­tons déjà, nous rédui­sons l’avan­tage concur­ren­tiel de réali­ser les mêmes biens et services sans prendre en compte les impacts écolo­giques et sociaux de façon délo­ca­lise).

    Ça favo­ri­se­raient en même temps la montée sociale et écolo­gique des autres pays au lieu de favo­ri­ser leur exploi­ta­tion (ça coute encore proba­ble­ment moins cher de produire ailleurs dans le monde, mais ça leur impose quand même d’éle­ver leurs pratiques s’ils veulent parti­ci­per, géné­rant une concur­rence vers le haut).

    Charge à nous ensuite de monter ces normes au fur et à mesure, année après année.


    De quoi je parle ?

    • Le nombre de kilo­mètre parcouru sur toute la vie du produit, matières premières incluses
    • Le carbone généré
    • Un revenu mini­mum absolu, rela­tif au prix des denrées et services primaires locaux, ou rela­tif au revenu moyen, pour tous les sala­riés et pres­ta­taires concer­nés, directs et indi­rects
    • Pour les mêmes travailleurs, des garan­ties sur l’ac­cès aux soins, les filets de sécu­rité, la non discri­mi­na­tion, la liberté syndi­cale, etc.
    • L’im­pact écolo­gique de produc­tion en terme de rejets toxiques, de trai­te­ment, de protec­tion des milieux natu­rels
    • L’im­pact écolo­gique en terme de recy­clage
    • La durée de vie moyenne du produit ou la période garan­tie
    • La répa­ra­bi­lité du produit

    Ce ne sont que des grands sujets, c’est forcé­ment très flou juste pour exemple, mais si nous arri­vons à même imagi­ner avan­cer sur un socle vrai­ment mini­mum-mini­mum qui se conver­tisse en loi euro­péenne sur tous les produits et services vendus en Europe, ça serait énorme.


    En pratique chacun auto-certi­fie ses propres actions et se charge de deman­der les mêmes certi­fi­ca­tions de la part de tous ses four­nis­seurs, qui eux-même devront faire de même pour s’auto-certi­fier.

    Évidem­ment il y aura plein de faux dans la chaine. Je ne demande même pas d’obli­ga­tion de résul­tat, juste d’obli­ga­tion de moyens et d’at­ten­tion.

    À chacun de mettre en œuvre des mesures raison­nables et crédibles pour s’as­su­rer de la véra­cité et de la vrai­sem­blance des garan­ties de ses four­nis­seurs, et être respon­sable en cas de problème mani­feste, de problème connu, ou de manque de contrôle en cas de défaillance à répé­ti­tion.

    C’est peu, mais c’est juste énorme par rapport à l’(in)exis­tant et ça ouvre la voie à des pour­suites en justice pour les maillons euro­péens qui ne jouent pas assez le jeu sur le contrôle et les garan­ties sur toute leur chaîne amont.


    Suis-je tota­le­ment à l’ouest ? Ça me parait à la fois faisable tech­nique­ment, respec­tueux des trai­tés inter­na­tio­naux pour­tant très libé­raux, béné­fique à notre écono­mie, et béné­fique à notre situa­tion sociale et écolo­gique comme à celle des pays qui sont aujourd’­hui nos poubelles à ce point de vue.

    J’ai pu louper plein de choses, y compris de l’évident, mais du coup je veux bien vos lumières.

  • La Banque d’Es­pagne menace la Cata­logne d’une sortie de la zone euro

    [Le gouver­neur de la banque d’Es­pagne] a ainsi déclaré que si la Cata­logne se sépa­rait de l’Es­pagne, le nouvel Etat serait « auto­ma­tique­ment exclu de la zone euro, car ce proces­sus implique la sortie de l’Union euro­péenne. » Et Luis Maria Linde d’al­ler encore plus loin dans les menaces en dres­sant le tableau cata­clys­mique d’un « Catexit. » « Les banques cata­lanes pour­raient cesser d’avoir accès au refi­nan­ce­ment de la BCE », explique-t-il. Dans ce cas, la Cata­logne serait obli­gée d’émettre sa propre monnaie qui serait sans doute déva­luée. Et Luis Maria Linde rajoute encore l’hor­reur à la menace : « les dépôts pour­ront alors être gelés, comme cela a été le cas en Amérique latine ou en Grèce. »

    via La Tribune

    Rien de neuf. On l’a déjà fait en Irlande, en Grèce. Le problème n’est pas sur la sortie de l’Union Euro­péenne ou non, mais que cette menace soit employée pour contraindre les choix poli­tiques des peuples.

    Le gouver­ne­ment grec n’existe déjà quasi­ment plus que sur le papier, ses choix étant essen­tiel­le­ment déci­dés ou vali­dés par d’autres.

    Là au lieu d’en­vi­sa­ger et de prépa­rer un peuple à deve­nir indé­pen­dant (s’il s’avère que c’est vrai­ment leur choix), on met les blocages pour dissua­der. Ce n’est même plus une assis­tance ou un vrai problème écono­mique comme pour la Grèce, c’est pure­ment poli­tique. Pire : Cette inter­ven­tion est faite par toute une hiérar­chie de gens qui ne sont pas élus, ni au niveau natio­nal ni au niveau euro­péen.

    Il est urgent de réfor­mer l’Eu­rope, parce qu’elle devient un danger pour la démo­cra­tie. J’ai peur à ma démo­cra­tie. J’ai l’im­pres­sion de le dire en fin d’un billet sur dix, et ça me fait encore plus peur de le réali­ser.

  • Insulte danoise, dans la presse liba­naise

    J’ai honte de ce que je lis en France, mais visi­ble­ment nous ne sommes pas les seuls. Voici ce qu’a publié le Dane­mark dans la presse liba­naise pour dissua­der les réfu­giés de venir…

    je passe sur le fait de réduire de 50% les aides à des réfu­giés qui ont déjà tout perdu, finan­ciè­re­ment et humai­ne­ment, dont le pays est en guerre, l’im­meuble proba­ble­ment en ruine et la famille partiel­le­ment sous terre.

    Croire que ces gens qui fuient leur pays en aban­don­nant tout, traversent la moitié du conti­nent en sachant qu’une partie y lais­se­ront leur peau, le font en fonc­tion des aides sociales du pays d’ac­cueil… quel aveu­gle­ment, quelle insulte. L’Eu­rope devrait avoir honte, le Dane­mark encore plus.

  • Il ne peut y avoir de choix démo­cra­tique contre les trai­tés euro­péens

    Il ne peut y avoir de choix démo­cra­tique contre les trai­tés euro­péens.

    Jean Claude Juncker

    et

    Je deman­de­rai aux Grecs de voter oui, indé­pen­dam­ment de la ques­tion qui leur est posée […] voter oui parce que les Grecs fiers d’eux-mêmes et de leur pays doivent dire oui à l’Eu­rope

    Jean Claude Juncker

    …font un excellent résumé de la démo­cra­tie au sein de la commu­nauté euro­péenne. L’Eu­rope est en marche, il ne faut pas l’ar­rê­ter. Toute discus­sion ou tout « non » serait une entrave à de complexes compro­mis ou des avan­cées par ailleurs. Il faut voter oui, quoi qu’on vous pose comme ques­tion, sinon c’est que vous êtes contre l’Eu­rope. D’ailleurs même si vous le vouliez, vous avez signé des trai­tés donc vous n’avez pas le droit de voter contre l’Eu­rope, votez oui.

  • Ce que l’aus­té­rité a fait au système de santé

    Actuel­le­ment les mères grecques doivent débour­ser 600 euros pour un accou­che­ment et 1 200 euros s’il y a une césa­rienne ou des compli­ca­tions. Pour les étran­gères vivant en Grèce, le prix est deux fois plus élevé. La mère doit payer la facture en quit­tant l’hô­pi­tal. Au début, lorsque ces tarifs ont été intro­duits et si la mère ne pouvait pas payer, l’hô­pi­tal gardait le bébé jusqu’au paie­ment de la facture. Condam­née à l’échelle inter­na­tio­nale, cette pratique a été inter­rom­pue et l’argent est désor­mais récu­péré au moyen d’une taxe supplé­men­taire. Néan­moins, si la famille n’a pas les moyens de payer, son loge­ment ou sa propriété peut être confisqué. Et si elle ne peut toujours pas payer, elle peut être empri­son­née. Un nombre crois­sant de nouveau-nés sont aban­don­nés à l’hô­pi­tal. […] pour la première fois, le nombre de décès en Grèce est en train de dépas­ser celui des nais­sances. Les gens ne peuvent plus se permettre finan­ciè­re­ment d’avoir des bébés. C’est déjà suffi­sam­ment dur de nour­rir et soigner les enfants exis­tants.

    […] L’ef­fon­dre­ment du système de santé public a entraîné un double­ment des cas de tuber­cu­lose, la réémer­gence de la mala­ria qui avait disparu depuis 40 ans et une multi­pli­ca­tion par 700 des infec­tions HIV. La pauvreté de l’ali­men­ta­tion entraîne égale­ment une dété­rio­ra­tion de la santé de la popu­la­tion. D’après l’OCDE, 1,7 million de Grecs, soit presque un sur cinq, n’ont pas assez à manger

    — CADTM

    Tous les beaux discours sur la respon­sa­bi­lité des grecs, sur la crois­sance qui revien­dra si on fait les efforts néces­saires, sur l’im­pos­si­bi­lité de prêter ou donner sinon les autres pays y vien­dront aussi… ça ne se heurte pas à la réalité d’aujourd’­hui : Nous lais­sons ce pays mourir et si nous ne sommes pas forcé­ment respon­sables des causes, nous sommes bien en bonne partie respon­sables de la situa­tions qui en découle.

  • Face à notre indif­fé­rence, nos peurs, notre tenta­tion du rejet, c’est l’hu­ma­nité qui se noie

    Ils se seraient volon­tiers passés de quit­ter leur famille, leur village, leurs raci­nes… » […] mais leur choix se résume entre. la mort tout de suite sûre­ment, ou la mort peut-être plus tard en Médi­ter­ra­née.
    […]

    Parce qu’ils ont tout à gagner, à commen­cer par leur survie, et que nous avons tout à perdre.

    Notre confort.

    Nous les regar­dons couler, à l’heure du repas, bien instal­lés à nos tables bien garnies ou sur nos cana­pés bien moel­leux.

    Nous mangeons à notre faim, nous buvons à notre soif, nous avons un toît sur la tête, et surtout, nous sommes dans un pays de paix et de liberté.
    […]

    Nos diri­geants, donc nous-mêmes qui les avons élus, portent l’écra­sante respon­sa­bi­lité d’une situa­tion qu’ils ont créée. Ils ont cru que la planète se résu­mait à un jeu de Risk ou de Richesses du Monde.

    […]

    Il y a aussi des êtres humains, victimes colla­té­rales de nos préda­tions, et qui viennent aujourd’­hui toquer à notre porte.

    — (large) extrait d’un billet plus complet

    Nous nous scan­da­li­sons faci­le­ment d’ac­ci­dents à peu près impré­vi­sibles et incon­trô­lables, mais lais­sons des popu­la­tions bien plus grandes mourir à notre porte, par notre simple inac­tion, voire notre rejet actif – ce qui est encore pire.

    Pleu­rer sur un passé qu’on ne contrôle pas est bien plus facile que de tendre la main à l’hu­main présent à côté de nous.

    Combien de temps allons-nous lais­ser faire ? La situa­tion n’est pas tenable pour nous – et pour eux elle ne l’est plus depuis long­temps.

  • Quand le « Finan­cial Times » soutient les propo­si­tions de la gauche radi­cale en Europe

    Quand le « Finan­cial Times » soutient les propo­si­tions de la gauche radi­cale en Europe

    « Consi­dé­rons que vous parta­gez le consen­sus global sur ce que devrait faire immé­dia­te­ment l’eu­ro­zone. Concrè­te­ment, vous voulez davan­tage d’in­ves­tis­se­ments publics et de restruc­tu­ra­tion de la dette. Main­te­nant, posez-vous la ques­tion suivante : si vous étiez citoyen d’un pays de l’eu­ro­zone, quel parti poli­tique soutien­driez-vous pour que cela advienne ? Vous serez proba­ble­ment surpris de consta­ter qu’il n’y a pas beau­coup de choix. En Alle­magne, la seule forma­tion qui soit proche d’un tel agenda est Die Linke, les anciens commu­nistes. En Grèce, ce serait Syriza. En Espagne, ce serait Pode­mos qui est sorti de nulle part et se retrouve en tête dans les sondages ».

    […] Pour reprendre le titre déli­bé­ré­ment provo­ca­teur d’un article récent (30 décembre 2014) du Finan­cial Times – oui, encore lui –, « les élec­teurs sont le maillon faible de l’eu­ro­zone ». On ne saurait mieux décrire la concep­tion de la « démo­cra­tie » qui prévaut au sein de l’Union euro­péen­ne…

    Bernard Cassen

    Photo d’en­tête sous licence CC BY par Pasu Au Yeung