Catégorie : Démocratie et institutions

  • Chan­ger le mode de scru­tin

    Ça n’est pas le problème actuel ni sa solu­tion — quoique — mais il y a une possible ouver­ture pour une prise de conscience sur ce vieux sujet toujours d’ac­tua­lité.

    Aujourd’­hui le parle­ment est une machine anti-démo­cra­tique. Le mode de scru­tin permet au parti domi­nant de gouver­ner seul, sans compro­mis ni concer­ta­tion, quand bien même ce parti est loin de lui-même repré­sen­ter une majo­rité de la popu­la­tion. Les grands partis alter­na­tifs sont écra­sés. Les petits partis n’y sont même pas repré­sen­tés.

    Ces dernières années c’était LREM qui avait cette majo­rité. Demain ce sera proba­ble­ment le RN. Indé­pen­dam­ment de leur poli­tique, repré­sen­tant entre 30 et 35 % de la popu­la­tion, il est clair qu’au­cun des deux ne devrait être capable de tout déci­der seul.

    Il est plus que temps de retrou­ver un fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique et un parle­ment qui repré­sente la popu­la­tion. Ce n’est pas sans enjeux, ça impose aux élus de discu­ter entre eux, trou­ver des compro­mis et des solu­tions ensemble. C’est un chan­ge­ment total de poli­tique.


    Qu’est-ce que ça veut dire en pratique ?

    La façon simple d’ima­gi­ner ça c’est d’avoir un scru­tin de listes, natio­nal.

    Le défaut c’est qu’on ne repré­sente pas les spéci­fi­ci­tés des terri­toires. Il y a certes des choix indi­vi­duels mais en pratique, ne nous leur­rons pas, c’est déjà une élec­tion qui se fait sur des enjeux natio­naux.

    Les excep­tions sont essen­tiel­le­ment liées aux terri­toires d’outre-mer mais ils peuvent consti­tuer une liste natio­nale sans péna­lité si, juste­ment, on fonc­tionne vrai­ment à la propor­tion­nelle.

    Si on tient à garder un ancrage local, on peut envi­sa­ger un scru­tin de liste par région plutôt qu’un scru­tin natio­nal. C’est ce qu’on a pour les euro­péennes par exemple, mais je vois peu de béné­fice ici.

    On peut aussi garder un ancrage au niveau des dépar­te­ments en regrou­pant les circons­crip­tions par deux ou trois et en ajou­tant des listes pour compen­ser la propor­tion­na­lité au niveau natio­nal. C’est plus complexe et je ne suis pas convaincu que ça le justi­fie.

    Je préfère garder la repré­sen­ta­tion des terri­toires via le Sénat, dont le mode de scru­tin exacerbe déjà les spéci­fi­ci­tés locales.


    Une propor­tion­nelle c’est un chan­ge­ment total de poli­tique.

    Si personne n’a inté­rêt à s’al­lier, le risque c’est une multi­pli­ca­tion des listes avec 20 bulle­tins possibles. Il sera aussi temps de tester le bulle­tin unique (un grand bulle­tin avec toutes les options où on coche la bonne liste, plutôt que 20 bulle­tins indi­vi­duels parmi lesquels choi­sir) mais ça ne réglera pas tout.

    Je ne veux pas de seuil mini­mal (ce qui existe pour les euro­péennes). Je veux que les partis qui repré­sentent 5 % aient une voix au parle­ment. Ça repré­sente quand même plusieurs millions d’élec­teurs et presque 30 parle­men­taires poten­tiels.

    Il faut aussi garder une inci­ta­tion à ce que chacun ne lance pas une liste indé­pen­dante. Une possi­bi­lité est de trier les listes par leur impor­tance (par sondage, par propor­tion dans les élus actuels). Trop se divi­ser fait arri­ver bas dans la liste et personne n’y a inté­rêt. On peut aussi jouer sur les rembour­se­ments de frais de campagne, propor­tion­nels au nombre d’élus. Il y a des choses à imagi­ner.


    Le vrai problème c’est que le gagnant du mode de scru­tin n’a pas inté­rêt à le chan­ger, et que rien ne peut être fait sans lui.

    Hier c’était LREM, et ils n’ont jamais avancé vers la propor­tion­nelle malgré leurs promesses. Aujourd’­hui c’est le RN et j’ai peu d’es­poir qu’ils osent passer à une propor­tion­nelle qui les plafon­ne­rait à 30 ou 35 % alors qu’ils ne sont pas loin d’avoir une majo­rité abso­lue au parle­ment.

    Et pour­tant… On parle de séisme dans les médias mais tout ça serait très diffé­rent si on avait un parle­ment qui repré­sente vrai­ment la popu­la­tion plutôt que de cher­cher à savoir quel parti va rafler la mise.

  • La démo­cra­tie par l’al­liance

    Il est temps qu’on réap­prenne la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive en France.

    Le modèle démo­cra­tique améri­cain est celui du bipar­tisme. On a un parti rouge, un parti bleu, et c’est tout ou presque. Le reste ne compte pas. Les primaires permettent de défi­nir le courant qui repré­sen­tera chaque parti. Chaque élu garde son indé­pen­dance mais l’al­liance ne fait aucun doute.

    Le modèle démo­cra­tique nord-euro­péen est celui des coali­tions. On a une grande diver­sité de partis mais qui arrivent à s’al­lier pour gouver­ner ensemble malgré leurs diver­gences. Parfois ces alliances sont très larges mais ils y arrivent à force de compro­mis et d’ali­gne­ments d’in­té­rêts.

    En France on ne sait pas. On a une diver­sité impor­tante de partis qui veulent chacun être celui qui décide de tout et qui écrase les autres.

    Ça ne fonc­tionne pas. Ça ne peut pas fonc­tion­ner. Au mieux on arrive à la situa­tion des dernières années avec une mino­rité au pouvoir qui avance sans écou­ter personne.


    La gauche s’entre-déchire. On trace des lignes rouges et on surjoue les diffé­rences pour montrer qui on est et passer devant les voisins proches. L’ini­mi­tié est culti­vée. Ça rend ensuite les vraies alliances impos­sibles, et incom­pré­hen­sibles pour les élec­teurs.

    Il faut réap­prendre à discu­ter entre personnes avec des opinions diffé­rentes mais des aspi­ra­tions assez conver­gentes.

    Il ne s’agit pas de taire les diffé­rences, il s’agit d’ac­cep­ter de former un groupe uni qui intègre ces diffé­rences, même celles qui nous semblent gênantes.

    Caro­line De Haas l’ex­prime parfai­te­ment

    On va pas se mentir, la gauche n’est pas parfaite et oui on a des problèmes. […] Mais le 8 juillet je préfère me batailler avec Mélen­chon ou Ruffin qu’a­vec l’ex­trême droite

    Caro­line De Haas, Media­part, Émis­sion spéciale. Contre l’ex­trême droite, l’in­dis­pen­sable sursaut

    Amis de gauche et de centre gauche, arrê­tez de faire la fine bouche. C’est plai­sant et facile mais nous n’avons pas ce luxe.

    Moi aussi j’ai un vrai problème avec la posi­tion sur l’Ukraine de LFI et avec la stra­té­gie du spec­tacle popu­liste du groupe parle­men­taire.

    Moi aussi j’ai un problème avec l’aile anti-science pro-ésoté­risme d’une partie d’EELV.

    Moi aussi j’ai un énorme problème avec les trahi­sons passées du PS et le risque de voir Place Publique fina­le­ment refaire une version 2 de LREM.

    Certaines lignes me semble fonda­men­tales et moi j’ai je ne me vois pas les fran­chir. Il y en a d’autres que je n’ai même pas listées ici mais, juste­ment, l’im­por­tant n’est pas ce qui nous sépare. L’im­por­tant est dans ce qui nous regroupe.

    Je sais que je préfère une alliance très large à gauche que de voir la droite et l’ex­trême droite gagner les élec­tions. Malgré mes diver­gences — très fortes — avec la façon d’agir et certaines posi­tions de LFI, je préfère très nette­ment une alliance avec eux que conti­nuer la destruc­tion sociale mise en œuvre par le centre droit inter­ven­tion­niste de ces dernières années.

    Pour reprendre Caro­line De Haas, je préfère me battre en interne sur l’Ukraine et le Nucléaire, sur lesquels il y a juste­ment débat à gauche, plutôt que de m’op­po­ser en vain à la casse sociale du centre droit ou la xéno­pho­bie de l’ex­trême droite qui eux ne feront pas débat.

    J’irai même plus loin. Je suis convaincu qu’il faut inté­grer des déçus du centrisme LREM, ainsi que des centristes histo­riques comme le groupe LIOT qui a montré qu’il tenait à ses valeurs huma­nistes.

    Vouloir exclure ne nous mènera à rien. Vouloir domi­ner ne nous mènera à rien.

  • Euro­péennes 2024 à gauche

    EELV est dange­reu­se­ment proche des 5%.

    5% c’est le seuil pour avoir des places au parle­ment. Au-dessus c’est au moins 4 places. En-dessous c’est 0. Dans ce cas il est probable que LFI et ou PS récu­pèrent une place. Il est probable que la droite et l’ex­trême droite en récu­pèrent au moins 2.

    Personne à gauche ne devrait s’en réjouir. Troquer 4 places EELV contre 1 place à soi, 1 place à gauche et 2 places à droite dont au moins une à l’ex­trême droite, c’est le scéna­rio du pire.


    Le seul scéna­rio à jouer main­te­nant que les repré­sen­tants LFI et PS demandent expli­ci­te­ment qu’une partie des élec­teurs reportent leurs voix vers EELV. Qu’ils le disent, qu’ils le crient, qu’ils le placardent.

    Oui ça demande un sacri­fice. Ça veut dire faire bais­ser son propre score.

    Oui, c’est évidem­ment incon­for­table d’al­ler prêter main forte aux copains qui ont voulu la jouer solo et qui se plantent, surtout après des échanges pas toujours cordiaux et des stra­té­gies d’op­po­si­tion.

    On s’en fout. Il faut juste mettre l’égo de côté et agir pour le bien commun. C’est ça qu’on attend de ceux qui ont l’am­bi­tion de nous repré­sen­ter en poli­tique.


    Il y a une alter­na­tive oppo­sée, qui serait qu’EELV annonce expli­ci­te­ment qu’ils se retirent et demandent un report de voix vers LFI et PP sans aucune absten­tion. Qu’ils le disent, qu’ils le crient, qu’ils le placardent.

    Oui ça demande un sacri­fice, de mettre l’égo de côté, là aussi.

    C’est jouable mais ça commence à être tard pour un retrait total. On va perdre des voix, beau­coup, trop. S’ils n’ont pas pris d’as­su­rance ou suivant les condi­tions de l’as­su­rance ça peut aussi faire une croix sur le rembour­se­ment de la campagne.

    Bref, cher et risqué, donc peut-être pas l’op­tion à préfé­rer. L’entre-aide devrait toujours être préfé­rée au suicide.


    Mon problème c’est que la seule inter­ven­tion que j’ai vu c’est la tête de liste LFI qui incite les élec­teurs EELV à repor­ter leurs votes.

    C’est le scéna­rio du pire. Il faut y lire un refus d’ap­pel à l’entre-aide.

    On risque de ramas­ser quelques miettes de report en garan­tis­sant de couler le navire et perdre les sièges au profit de l’ex­trême droite.

    Il est temps de se réveiller. On en tirera les leçons, mais plus tard.

    S’il vous plait, repré­sen­tants LFI et PP/PS, mettez votre égo de côté et agis­sez pour le bien commun. Ça sera histo­rique. Il est encore temps.

  • Sans le vote des retrai­tés

    « Sans le vote des retrai­tés, E.Macron n’au­rait recueilli que 23% des suffrages et ne se serait pas quali­fié pour le 2nd tour de la Prési­den­tielle.

    Marc Vanguard, sur Twit­ter/X

    Et là revient l’idée que — peut-être — le vote des plus jeunes devrait peser plus. Ce peut-être parce que les plus âgés ont déjà pesé à leur tour par le passé, ou parce que ce sont les jeunes qui vont devoir assu­mer plus tard les effets des plani­fi­ca­tions long terme.

    Le danger de cette vision c’est qu’une fois ouverte l’idée que les choix de tout le monde ne se valent pas, on peut les enfon­cer très loin.

    Il y a l’idée du suffrage censi­taire, où pour­rait se défendre l’idée que ceux qui payent l’im­pôt devraient avoir un peu plus leur mot à dire sur comment il est utilisé. On peut d’ailleurs le voir aussi à l’op­posé, avec l’idée que ceux qui souffrent le plus — souvent les plus pauvres — devraient avoir plus de poids pour chan­ger la situa­tion.

    On pour­rait donner moins de poids aux malades et à ceux qui ont une espé­rance de vie assez courte et qui donc ne vivront pas l’ave­nir, ou au contraire plus de poids pour le compen­ser. On pour­rait de la même façon donner plus de poids à ceux qui ont des enfants, parce que l’ave­nir est pour ces derniers.

    On pour­rait aussi donner plus de poids aux raci­sés qui sont notoi­re­ment sous-repré­sen­tés et exclus. On pour­rait donner moins de poids aux personnes à faible intel­lect ou faible éduca­tion, faute pour eux d’être en capa­cité de faire les bons choix. On pour­rait donner un poids rela­tif aux contra­ven­tions et condam­na­tions ou à l’im­pli­ca­tion dans la société. On pour­rait donner plus de poids à ceux qui ont leurs quatre grands-parents d’ori­gine française parce qu’ils repré­sen­te­raient plus la nation. On pour­rait donner moins de poids à ceux qui sont guidés par la reli­gion parce qu’ils sont moins indé­pen­dants, ou plus de poids parce s’ils suivent la voie de Dieu, ou enco­re…

    On pour­rait imagi­ner mille choses et je suis certain de trou­ver à chaque fois des argu­ments sérieux, réflé­chis et légi­times.

    Tout ça n’est qu’une histoire de valeurs. La ques­tion finale est toujours de savoir si une personne ou son choix vaut plus qu’une autre. Il n’y aura jamais de réponse autre que la convic­tion profonde de chacun. Pour ma part, outre que je n’y crois pas, c’est une porte que je trouve très dange­reuse et que je prie qu’on n’ouvre jamais.

    Quitte à choi­sir, l’âge ne me parait d’ailleurs pas forcé­ment le critère ayant la légi­ti­mité la plus forte.

    Est-ce qu’il faut renfor­cer les jeunes parce qu’ils repré­sentent l’ave­nir ? On pour­rait aussi renfor­cer les plus âgés parce qu’ils ont plus d’ex­pé­rience et une meilleure compré­hen­sion du monde. C’est d’ailleurs comme ça qu’ont fonc­tionné plusieurs socié­tés, avec un conseil des sages.

    L’âge est d’au­tant moins un bon critère pour moi que l’ana­lyse actuelle est très dépen­dante d’un effet conjonc­tu­rel. Aujourd’­hui, en France, pour plusieurs raisons sociales et démo­gra­phiques, le poids des âgés dans le vote outre­passe celui des plus jeunes. Ce n’est pas un état natu­rel. L’op­posé est tout autant possible, l’est d’ailleurs dans d’autres régions du monde et pour­rait l’être dans le futur en France.

    Est-ce qu’on veut chan­ger les règles démo­cra­tiques pour compen­ser une situa­tion conjonc­tu­relle ?

    Sans comp­ter que compen­ser une situa­tion conjonc­tu­relle part déjà de l’hy­po­thèse que cette situa­tion est un problème à résoudre, donc que les plus âgés ne devraient pas comp­ter autant et/ou qu’ils orientent la France dans une mauvaise direc­tion.

    Bien que je ne sois pas en accord avec la direc­tion actuelle et que je vois que les votes des plus jeunes me conviennent plus, cette hypo­thèse ne me parait pas une évidence.

    Les statis­tiques de vote par segment sont géné­ra­le­ment très inté­res­santes pour comprendre les ressorts de la société. Ça peut même parfois permettre de mieux comprendre les aspi­ra­tions profondes et trou­ver un voie alter­na­tive qui les contente.

    C’est toute­fois un constat. Dès qu’on les utilise pour dire « sans cette caté­go­rie alors » on ouvre la porte à penser que peut-être ces personnes sont le frein à nos idées. On trou­vera toujours une bonne raison de leur reti­rer la légi­ti­mité, et eux en feront tout autant à notre encontre.

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Mercredi 15 novembre 2023

    La CNIL a enfin rendu ses conclu­sions vis-à-vis de l’uti­li­sa­tion frau­du­leuse du fichier des coor­don­nées en prove­nance de l’es­pace sécu­risé agents publics afin de diffu­ser une propa­gande poli­tique sur les retraites.

    Elle a su éviter un simple rappel à l’ordre qui n’au­rait eu aucun effet. Elle a noté que le problème était d’au­tant plus grave qu’il était commis par un ministre en fonc­tion à l’aide de l’au­to­rité de son mandat mais à des fins de mili­tan­tisme hors du cadre de leur fonc­tion.

    Elle a donc trans­mis le dossier à la justice pour que le ministre soit pour­suivi person­nel­le­ment.

  • Illi­bé­ra­lisme, démo­cra­tie, dicta­ture, tout ça

    La France est bel et bien en train de rejoindre le camp des démo­cra­ties « illi­bé­rales »

    Jean-François Bayart, Où va la France ? – Le Temps

    Je ne suis pas fana du terme d’« illi­bé­ra­lisme » qui semble être à la mode pour décrire nos démo­cra­ties en chute.

    On a un problème de voca­bu­laire parce qu’on s’in­ter­dit de dire qu’on est dans un régime auto­ri­taire ou dans une dicta­ture. C’est un extrême impen­sable. Parce qu’on voit tout en binaire, ça veut dire qu’on est dans une démo­cra­tie, et qu’il faut tenter de trou­ver un adjec­tif derrière pour modé­rer tout ça.

    À jouer avec les compro­mis de voca­bu­laire, on s’in­ter­dit de réflé­chir sur les termes et de prendre du recul.

    Les fron­tières entre démo­cra­tie et dicta­ture sont forcé­ment un peu floues et dépendent de ce sur quoi on est strict ou non.

    Je suis convaincu que la défi­ni­tion litté­rale de la dicta­ture inclut beau­coup plus de choses qu’on ne veut bien le croire, et que la défi­ni­tion de la démo­cra­tie en inclut beau­coup moins qu’on ce qu’on dit pour se rassu­rer.

    En réalité, peu importe.

    On peut aussi tracer un axe avec deux hori­zons, d’un côté une démo­cra­tie fantas­mée qu’on n’at­tein­dra jamais parfai­te­ment — si tant est que ce soit possible — et de l’autre une dicta­ture cauche­mar­desque qu’on n’at­tein­dra jamais non plus parce qu’on pourra toujours imagi­ner pire.

    Je ne mets pas de gradua­tions à cet axe, pas de milieu qui néces­si­te­rait de débattre pendant trois siècles.

    Je ne mets que trois ques­tions :

    1. Est-ce qu’on est bien placés dans l’ab­solu par rapport à nos aspi­ra­tions et nos belles paroles ?
    2. Est-ce qu’on est bien placés rela­ti­ve­ment à nos voisins et à d’autres pays simi­laires au notre ?
    3. Est-ce qu’on évolue dans le bon sens ?

    Je n’ai pas l’im­pres­sion qu’on soit correc­te­ment placés aujourd’­hui par rapport à nos aspi­ra­tions et nos discours. C’est évidem­ment subjec­tif. En tout cas on n’y est pour moi.

    J’ai l’im­pres­sion que l’es­sen­tiel de nos voisins directs font mieux que nous, et certains voisins plus distants font vrai­ment vrai­ment mieux.

    Surtout, et c’est bien plus grave, j’ai l’im­pres­sion qu’on évolue dans le mauvais sens, à une vitesse signi­fi­ca­tive. C’est ça dont nous devrions avoir le plus peur. C’est ça dont j’ai le plus peur.

  • Réunion de concer­ta­tion

    J’étais ce soir à une réunion de concer­ta­tion pour la VL 12 de Lyon.

    Je n’ose penser au temps à l’argent qu’on met là dedans. Je ne parle pas des VL elles-mêmes mais de ces réunions de concer­ta­tion obli­ga­toires.

    Ça ne sert stric­te­ment à rien. Les pas-contents sont là pour dire qu’ils ne sont pas contents, ce qu’on savait et qu’ils expriment déjà autre­ment. Les respon­sables poli­tiques font les réponses qu’ils ont déjà donné vingt fois et que les pas-contents connaissent déjà. Les très-contents disent qu’ils sont très contents, sans vraie inno­va­tion, juste pour faire contre-poids et ne pas faus­ser la repré­sen­ta­tion.

    Les vrais argu­ments posés, les études, les discus­sions avec les repré­sen­tants de x ou de y, tout ça se fait ailleurs.

    On encou­rage juste les gens à râler, mais peut-être est-ce bien l’objet : donner un espace pour que chacun s’ex­prime, histoire que ça passe et qu’ils voient qu’ils sont écou­tés.


    La métro­pole de Lyon a un espace parti­ci­pa­tif dédié en ligne, et j’ai l’im­pres­sion que c’est le même topo, avec un contenu encore moins exploi­table et encore plus chro­no­phage à dépi­ler.

    C’est obli­ga­toire mais tota­le­ment vain. Et si on mettait notre argent, notre temps et nos efforts dans plus utile ?

  • Détes­ta­tion et perte de cap

    Le RN a décu­plé sa présence à l’As­sem­blée natio­nale.

    Sur ceux qui se sont expri­més au second tour, 35% du groupe LREM/Ensemble! a préféré voter pour le RN plutôt que de voter pour l’al­liance de gauche NUPES. Il y a même eu des messages en ce sens par certains candi­dats.

    Sur ceux qui se sont expri­més au second tour, 43% du groupe NUPES a préféré voter pour le RN que de voter pour l’al­liance centriste Ensemble!.

    Dans les deux groupe, pas loin de la moitié de ceux qui ont voté au premier tour a préféré s’abs­te­nir de choi­sir entre le RN et son oppo­sant, et lais­ser élire l’ex­trême droite.

    Au-delà de la force de l’ex­trême droite elle-même, il y a un échec histo­rique de la part du reste du paysage poli­tique. Sans adhé­rer aux thèses du RN, à force de calculs court terme, de décla­ra­tions ambigües, de radi­ca­li­sa­tion vis-a-vis du parti d’en face, nombre de mili­tants ont perdu le cap.

    Report de voix au second tour des législatives.

Electeurs Ensemble! pour duel NUPES/RN: 
- Abstention 48%
- Nupes 34%
- RN 18%

Electeurs LR pour duel NUPES/RN:
- Abstention 37%
- Nupes 36%
- RN 27%

Electeurs RN pour duel NUPES/Ensemble!: 
- Abstention 51%
- Ensemble! 25%
- Nupes 18%

Electeurs Reconquête pour duel NUPES/Ensemble!: 
- Abstention 61%
- Ensemble! 24%
- Nupes 15%

Electeurs Nupes pour duel Ensemble!/RN:
- Abstention 45%
- Ensemble! 31%
- RN 24%

    Ce qui me frappe quand j’aborde le sujet, c’est le déni. L’autre est plus respon­sable, et donc parler du sujet de notre côté c’est faire leur jeu. Peu importe quel est l’autre, le discours est le même des deux côtés. Les deux se rejettent la respon­sa­bi­lité ainsi.

    S’il faut faire des compro­mis pour ensuite faire vivre le pays, nous sommes bien mal partis.

  • Absten­tion et diffé­rences de voix

    Dans la 6ème circons­crip­tion de Haute Garonne, le vote s’est joué à trois (3) voix près.

    À Saint-Pierre-et-Mique­lon, la diffé­rence était de dix-neuf (19) voix.


    L’abs­ten­tion et le vote blanc sont légi­times. Je n’ai pas à connaitre vos raisons. Par contre ne venez pas argu­men­ter que votre vote ne compte pas ou de toutes façons ça revient au même.

    Ce n’est pas vrai, ou ça peut ne pas être vrai. Ici ce sont deux cas que j’ai croisé sur les votes d’hier mais ce ne sont pas forcé­ment les mêmes.

  • Démo­cra­tie des partis poli­tiques

    Je lis un article de Thomas Guénolé sur l’ab­sence de démo­cra­tie interne à La France Insou­mise.

    Il y a plein de choses inté­res­santes à explo­rer là dedans, sur ce que ça dit des diri­geants du parti, ou de pourquoi les mili­tants ont l’im­pres­sion de vivre du parti­ci­pa­tif alors que les déci­sions sont prises par une oligar­chie, et si cette disso­nance n’est pas le ver dans le fruit.

    Pour autant il y a un fond qui ne semble pas exploré : Je ne crois pas que la démo­cra­tie interne soit un élément néces­saire pour un parti poli­tique.

    L’enjeu d’un parti c’est de propo­ser un plan et une personne pour mettre en œuvre ce plan. La démo­cra­tie c’est de déci­der tous ensemble de ce qu’on choi­sit.

    Savoir comment ce plan a été élaboré et cette personne dési­gnée n’est fina­le­ment pas un enjeu démo­cra­tique à notre échelle. Ce peut-être l’œuvre d’un indi­vidu seul dans le train à son retour de vacances. Ce peut-être l’œuvre d’un collec­tif démo­cra­tique dans un long travail sur plusieurs années éclairé par des experts. Peu importe, c’est le résul­tat qui sert de base au choix démo­cra­tique et sur lequel se fonde notre système poli­tique actuel.


    Je ne cache pas mes affi­ni­tés avec le Parti Pirate qui a lui fait le choix d’avoir une struc­ture avec une démo­cra­tie interne très pous­sée. Ce n’est pas le seul choix possible, pas forcé­ment le meilleur, et d’ailleurs pas forcé­ment le plus effi­cace. Ça corres­pond juste a son ADN et ses aspi­ra­tions.

    Que LFI, LREM et d’autres, fassent le choix d’une autre démarche n’est en rien anti-démo­cra­tique en soi. Tout au plus ça peut permettre d’ou­vrir le débat avec les diri­geants de ces mouve­ments pour comprendre comment ils voient l’exer­cice du pouvoir.