Illi­bé­ra­lisme, démo­cra­tie, dicta­ture, tout ça

La France est bel et bien en train de rejoindre le camp des démo­cra­ties « illi­bé­rales »

Jean-François Bayart, Où va la France ? – Le Temps

Je ne suis pas fana du terme d’« illi­bé­ra­lisme » qui semble être à la mode pour décrire nos démo­cra­ties en chute.

On a un problème de voca­bu­laire parce qu’on s’in­ter­dit de dire qu’on est dans un régime auto­ri­taire ou dans une dicta­ture. C’est un extrême impen­sable. Parce qu’on voit tout en binaire, ça veut dire qu’on est dans une démo­cra­tie, et qu’il faut tenter de trou­ver un adjec­tif derrière pour modé­rer tout ça.

À jouer avec les compro­mis de voca­bu­laire, on s’in­ter­dit de réflé­chir sur les termes et de prendre du recul.

Les fron­tières entre démo­cra­tie et dicta­ture sont forcé­ment un peu floues et dépendent de ce sur quoi on est strict ou non.

Je suis convaincu que la défi­ni­tion litté­rale de la dicta­ture inclut beau­coup plus de choses qu’on ne veut bien le croire, et que la défi­ni­tion de la démo­cra­tie en inclut beau­coup moins qu’on ce qu’on dit pour se rassu­rer.

En réalité, peu importe.

On peut aussi tracer un axe avec deux hori­zons, d’un côté une démo­cra­tie fantas­mée qu’on n’at­tein­dra jamais parfai­te­ment — si tant est que ce soit possible — et de l’autre une dicta­ture cauche­mar­desque qu’on n’at­tein­dra jamais non plus parce qu’on pourra toujours imagi­ner pire.

Je ne mets pas de gradua­tions à cet axe, pas de milieu qui néces­si­te­rait de débattre pendant trois siècles.

Je ne mets que trois ques­tions :

  1. Est-ce qu’on est bien placés dans l’ab­solu par rapport à nos aspi­ra­tions et nos belles paroles ?
  2. Est-ce qu’on est bien placés rela­ti­ve­ment à nos voisins et à d’autres pays simi­laires au notre ?
  3. Est-ce qu’on évolue dans le bon sens ?

Je n’ai pas l’im­pres­sion qu’on soit correc­te­ment placés aujourd’­hui par rapport à nos aspi­ra­tions et nos discours. C’est évidem­ment subjec­tif. En tout cas on n’y est pour moi.

J’ai l’im­pres­sion que l’es­sen­tiel de nos voisins directs font mieux que nous, et certains voisins plus distants font vrai­ment vrai­ment mieux.

Surtout, et c’est bien plus grave, j’ai l’im­pres­sion qu’on évolue dans le mauvais sens, à une vitesse signi­fi­ca­tive. C’est ça dont nous devrions avoir le plus peur. C’est ça dont j’ai le plus peur.


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