Mes billets sur l’IA et l’empreinte environnementale m’ont amené quelques discussions intéressantes. Ce billet sert à expliciter certains de mes choix implicites, notamment le pourquoi je compare à différents usages de tous les jours, en particulier avec l’alimentation.
Pas de remplacement
Je ne crois pas au remplacement pour notre empreinte environnementale. On ne remplace pas l’usage de l’IA par un repas carné en moins. Ce n’est pas l’objet de mon message. Si certains ont compris ça, je me suis mal exprimé.
Le jeu des crédits carbone a montré combien la logique du remplacement était inefficace, même au-delà des fraudes.
Il ne s’agit pas de dire qu’on peut garder un usage problématique parce qu’on agit ailleurs. Le but n’est pas de maintenir un équilibre. C’est de réduire nos émissions.
Toute réduction est bonne à prendre. Toute augmentation bonne à chasser. L’une ne remplace pas l’autre.
Mais une limite d’attention
Ce n’est toutefois pas vrai dès qu’on parle attention.
On ne peut pas se battre sur tout, partout, tout le temps. Notre attention est limitée. Notre énergie et notre bienveillance envers le changement le sont aussi.
On en est déjà à un point où les injonctions de toutes part provoquent des raz-le-bol réguliers. On obtient des rejets, au mieux des épuisements et des abandons.
Ce n’est pas qu’un « what about ». Si on se focalise sur trop de choses inutiles ou insignifiantes, on n’aura rien en résultat. Chaque focalisation sur des détails ou des fausses bonnes idées réduit notre capacité à bouger là où ça a vraiment de l’importance.
Des ordres de grandeur
Et donc, qu’est-ce qui a de l’importance ? À l’échelle de la planète, n’importe quelle petite action individuelle semble avoir un impact démesuré une fois agrégée avec celle des autres.
On ne peut pas tout trier, parce que certaines émissions ont des bénéfices dont on ne veut pas se passer. D’autres sont nouvelles et plus faciles à éviter que celles auxquelles ont est habitués.
On peut par contre au moins parler des ordres de grandeur.
Ça n’a pas de sens de passer une grande énergie à éviter ou faire éviter aux autres toute l’année des empreintes qui sont ridicules par rapport à nos autres gestes quotidiens totalement dispensables.
On hiérarchise un minimum les moyens d’atteindre un même objectif, et c’est là que les comparaisons commencent à avoir du sens. S’indigner d’une consommation d’eau qui annuellement n’arrive même pas proche d’un seul café pris dans l’année, c’est clairement un mauvais usage de notre énergie personnelle. C’est détourner notre attention des vrais changements à opérer, sachant qu’on ne pourra pas forcément faire les deux.
Et des choix à faire
Je fais des choix sur mes combats, autant ceux que je mène vers l’extérieur que pour mes propres actions.
J’ai beau lire, je retrouve toujours les quatre même postes dans les empreintes individuelles. Le reste est toujours un ou plusieurs ordres de grandeur en dessous :
- Réduire l’empreinte alimentaire, principalement viandes et fruits de mer ;
- Réduire l’empreinte du transport, principalement les déplacements individuels motorisés et l’aviation ;
- Réduire l’empreinte de consommation, principalement le jetable et le renouvellement rapide ;
- Réduire l’empreinte de chauffage et de la climatisation.
L’alimentaire
Il y a peu d’actions individuelles qui ont autant d’impact que réduire la viande rouge et les fruits de mer. Mieux, c’est un sujet qui ne demande quasiment qu’un peu de volonté.
Réduire la viande est gagnant sur les finances, sur la santé, sur l’empreinte en eau, sur la pollution des sols, sur l’occupation des sols, sur les gaz à effet de serre, et même sur la condition animale. Il n’y a quasiment aucune contrainte ni aucun renoncement.
Vous vous étonnez de pourquoi je ramène tout à la viande ?
Voilà pourquoi.
Les transports
Derrière, ne plus prendre la voiture individuelle qu’exceptionnellement est aussi un impact majeur. Ça demande malheureusement plus de volonté, et beaucoup de compromis.
Quand on dit à quelqu’un que si, il peut faire autrement que prendre sa voiture, mais que ça veut dire déménager de sa maison dans le vert pour prendre un petit appartement en centre ville, forcément, ça coince. Ce n’est pas mieux quand on propose de quitter le boulot bien payé pour en prendre un nettement moins bon mais plus proche de la maison. Ce n’est qu’à peine mieux si on parle de doubler le temps de trajet en prenant les transports en commun.
Ce sont pourtant les choix à faire, qui ont une vraie importance, plutôt que de jeter la pierre à l’IA ou à Google.
Ça et partir en vacance en France ou proche plutôt qu’à l’autre bout du monde, même si c’est exceptionnel. Ça et renoncer à voir aussi souvent ses cousins ou ses amis qui habitent loin. Tout ça ou au moins faire tous ces trajets en train malgré les contraintes que ça apporte.
Pas de chevalier blanc
Pas facile à entendre hein ? mais pourtant ce sont les sujets dont on devrait discuter.
Ce sont mes choix. Vous pouvez en avoir d’autres, en fonction de ce que vous voyez comme facilité, mais n’oubliez quand même pas les ordres de grandeur et les comparaisons.
Dans tous les cas, je ne fais aucune injonction à la pureté.
Je ne suis pas parfait, loin de là. J’ai beau avoir la conviction, j’ai mes compromis, mes contradictions et mes faiblesses. J’oublie en permanence mes intentions sur la viande et ma réduction est plus faible que celle à laquelle j’aspire. Que ce soit sur l’alimentation ou les transports, je vis aussi en famille et en collectivité. Je n’ai pas toujours le courage de dire non quand les changements ne concernent pas que moi. Là aussi, je choisis mes combats.
L’idée c’est d’avoir conscience de ça, et de choisir où on veut mettre de l’énergie pour avoir un impact plutôt que se focaliser sur le dernier ennemi de la presse ou du réseau social. Sans chercher à être purement rationnel, avoir un peu d’information et de réflexion objectives, ça (m’) aide.
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