« Il faut faire les deux ! »

Mes billets sur l’IA et l’em­preinte envi­ron­ne­men­tale m’ont amené quelques discus­sions inté­res­santes. Ce billet sert à expli­ci­ter certains de mes choix impli­cites, notam­ment le pourquoi je compare à diffé­rents usages de tous les jours, en parti­cu­lier avec l’ali­men­ta­tion.

Pas de rempla­ce­ment

Je ne crois pas au rempla­ce­ment pour notre empreinte envi­ron­ne­men­tale. On ne remplace pas l’usage de l’IA par un repas carné en moins. Ce n’est pas l’objet de mon message. Si certains ont compris ça, je me suis mal exprimé.

Le jeu des crédits carbone a montré combien la logique du rempla­ce­ment était inef­fi­cace, même au-delà des fraudes.

Il ne s’agit pas de dire qu’on peut garder un usage problé­ma­tique parce qu’on agit ailleurs. Le but n’est pas de main­te­nir un équi­libre. C’est de réduire nos émis­sions.

Toute réduc­tion est bonne à prendre. Toute augmen­ta­tion bonne à chas­ser. L’une ne remplace pas l’autre.

Mais une limite d’at­ten­tion

Ce n’est toute­fois pas vrai dès qu’on parle atten­tion.

On ne peut pas se battre sur tout, partout, tout le temps. Notre atten­tion est limi­tée. Notre éner­gie et notre bien­veillance envers le chan­ge­ment le sont aussi.

On en est déjà à un point où les injonc­tions de toutes part provoquent des raz-le-bol régu­liers. On obtient des rejets, au mieux des épui­se­ments et des aban­dons.

Ce n’est pas qu’un « what about ». Si on se foca­lise sur trop de choses inutiles ou insi­gni­fiantes, on n’aura rien en résul­tat. Chaque foca­li­sa­tion sur des détails ou des fausses bonnes idées réduit notre capa­cité à bouger là où ça a vrai­ment de l’im­por­tance.

Des ordres de gran­deur

Et donc, qu’est-ce qui a de l’im­por­tance ? À l’échelle de la planète, n’im­porte quelle petite action indi­vi­duelle semble avoir un impact déme­suré une fois agré­gée avec celle des autres.

On ne peut pas tout trier, parce que certaines émis­sions ont des béné­fices dont on ne veut pas se passer. D’autres sont nouvelles et plus faciles à éviter que celles auxquelles ont est habi­tués.

On peut par contre au moins parler des ordres de gran­deur.

Ça n’a pas de sens de passer une grande éner­gie à éviter ou faire éviter aux autres toute l’an­née des empreintes qui sont ridi­cules par rapport à nos autres gestes quoti­diens tota­le­ment dispen­sables.

On hiérar­chise un mini­mum les moyens d’at­teindre un même objec­tif, et c’est là que les compa­rai­sons commencent à avoir du sens. S’in­di­gner d’une consom­ma­tion d’eau qui annuel­le­ment n’ar­rive même pas proche d’un seul café pris dans l’an­née, c’est clai­re­ment un mauvais usage de notre éner­gie person­nelle. C’est détour­ner notre atten­tion des vrais chan­ge­ments à opérer, sachant qu’on ne pourra pas forcé­ment faire les deux.

Et des choix à faire

Je fais des choix sur mes combats, autant ceux que je mène vers l’ex­té­rieur que pour mes propres actions.

J’ai beau lire, je retrouve toujours les quatre même postes dans les empreintes indi­vi­duelles. Le reste est toujours un ou plusieurs ordres de gran­deur en dessous :

  1. Réduire l’em­preinte alimen­taire, prin­ci­pa­le­ment viandes et fruits de mer ;
  2. Réduire l’em­preinte du trans­port, prin­ci­pa­le­ment les dépla­ce­ments indi­vi­duels moto­ri­sés et l’avia­tion ;
  3. Réduire l’em­preinte de consom­ma­tion, prin­ci­pa­le­ment le jetable et le renou­vel­le­ment rapide ;
  4. Réduire l’em­preinte de chauf­fage et de la clima­ti­sa­tion.

L’ali­men­taire

Il y a peu d’ac­tions indi­vi­duelles qui ont autant d’im­pact que réduire la viande rouge et les fruits de mer. Mieux, c’est un sujet qui ne demande quasi­ment qu’un peu de volonté.

Réduire la viande est gagnant sur les finances, sur la santé, sur l’em­preinte en eau, sur la pollu­tion des sols, sur l’oc­cu­pa­tion des sols, sur les gaz à effet de serre, et même sur la condi­tion animale. Il n’y a quasi­ment aucune contrainte ni aucun renon­ce­ment.

Vous vous éton­nez de pourquoi je ramène tout à la viande ?
Voilà pourquoi.

Les trans­ports

Derrière, ne plus prendre la voiture indi­vi­duelle qu’ex­cep­tion­nel­le­ment est aussi un impact majeur. Ça demande malheu­reu­se­ment plus de volonté, et beau­coup de compro­mis.

Quand on dit à quelqu’un que si, il peut faire autre­ment que prendre sa voiture, mais que ça veut dire démé­na­ger de sa maison dans le vert pour prendre un petit appar­te­ment en centre ville, forcé­ment, ça coince. Ce n’est pas mieux quand on propose de quit­ter le boulot bien payé pour en prendre un nette­ment moins bon mais plus proche de la maison. Ce n’est qu’à peine mieux si on parle de doubler le temps de trajet en prenant les trans­ports en commun.

Ce sont pour­tant les choix à faire, qui ont une vraie impor­tance, plutôt que de jeter la pierre à l’IA ou à Google.

Ça et partir en vacance en France ou proche plutôt qu’à l’autre bout du monde, même si c’est excep­tion­nel. Ça et renon­cer à voir aussi souvent ses cousins ou ses amis qui habitent loin. Tout ça ou au moins faire tous ces trajets en train malgré les contraintes que ça apporte.

Pas de cheva­lier blanc

Pas facile à entendre hein ? mais pour­tant ce sont les sujets dont on devrait discu­ter.

Ce sont mes choix. Vous pouvez en avoir d’autres, en fonc­tion de ce que vous voyez comme faci­lité, mais n’ou­bliez quand même pas les ordres de gran­deur et les compa­rai­sons.

Dans tous les cas, je ne fais aucune injonc­tion à la pureté.

Je ne suis pas parfait, loin de là. J’ai beau avoir la convic­tion, j’ai mes compro­mis, mes contra­dic­tions et mes faiblesses. J’ou­blie en perma­nence mes inten­tions sur la viande et ma réduc­tion est plus faible que celle à laquelle j’as­pire. Que ce soit sur l’ali­men­ta­tion ou les trans­ports, je vis aussi en famille et en collec­ti­vité. Je n’ai pas toujours le courage de dire non quand les chan­ge­ments ne concernent pas que moi. Là aussi, je choi­sis mes combats.

L’idée c’est d’avoir conscience de ça, et de choi­sir où on veut mettre de l’éner­gie pour avoir un impact plutôt que se foca­li­ser sur le dernier ennemi de la presse ou du réseau social. Sans cher­cher à être pure­ment ration­nel, avoir un peu d’in­for­ma­tion et de réflexion objec­tives, ça (m’) aide.

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