Je vous ai parlé cumul, je vais désormais vous parler indemnités et délais de carence. Je ne sais pas qui a imaginé le système en place depuis 2015, mais il devait être sacrément retort.
Je parle gros sous, vous pouvez arrêter de lire si ça vous gêne, mais je me dis que ça pourra servir à certains.
Quand vous êtes licencié vous partez avec des indemnités légales et onventionnelles, déterminées par la convention collective en fonction de votre ancienneté, et éventuellement des indemnités dites supra-légales négociées librement avec l’employeur. Dans la suite, quand je ne précise pas, je parle de ces dernières.
Imaginons le cas le plus fréquent : Vous retrouverez un nouvel emploi avant la fin des allocations chômage mais il vous faudra tout de même quelques mois.
Pôle Emploi va diviser le montant de votre indemnité supra-légale par 90 et décaler le début de votre allocation chômage d’autant de jours.
Premier effet kiss-kool : À cause du délai de carence spécifique, l’indemnité ne vient pas en plus de votre allocation chômage mais à la place. C’est peut comme si votre employeur indemnisait en réalité le Pôle Emploi et pas vous.
Dans l’essentiel des cas, une indemnité supra-légale est négociée en réparation d’un préjudice. Ce peut être la compensation d’un effort ou d’une concession particulière de votre part. Plus souvent c’est l’acceptation d’une rupture conventionnelle alors que l’employeur n’avait pas de motif légitime de licenciement.
Bref, ça vous a coûté humainement mais c’est le Pôle Emploi qui est indemnisé.
Second effet kiss-kool : Votre indemnité supra-légale est fiscalisée comme une période de travail, avec les mêmes cotisations sociales. Vous payez donc une assurance chômage dessus. Par contre cette cotisation ne comptera ni pour calculer le montant de votre indemnité, ni pour la durée de votre indemnisation.
Non seulement c’est le pôle emploi qui empoche l’indemnité, mais en plus il se rémunère une seconde fois dessus sans vous allouer les droits correspondants.
La triple peine : Le délai de carence c’est le montant de l’indemnité divisé par 90. Suivant votre niveau de rémunération, un mois d’indemnité peut générer un délai de carence plus ou moins long.
Si vous êtes bien payé, la perte d’allocation due au délai de carence peut être supérieure au montant de l’indemnité perçue.
Bref, non seulement vous n’y gagnez rien parce que le Pôle Emploi convertit ça en délai de carence, non seulement vous cotisez sans que ça ne vous ouvre des droits, mais votre indemnisation va même avoir un solde net négatif dans votre compte en banque. Tout ça pour avoir été indemnisé d’un préjudice ou d’un effort spécifique en plus du licenciement lui-même. Magique.
Le palier se situe à un peu plus de 3 200 € nets mensuels pour une allocation de retour à l’emploi, et à un peu moins de 2 500 € nets mensuels pour un contrat de sécurisation professionnel (licenciement économique).
Certes on est bien payé à ces montants, mais ils ne sont pas non plus exceptionnels pour des informaticiens seniors.
Si vous êtes mieux payé que ça, mieux vaut renoncer à vos indemnités supra-légales, ou négocier pour les toucher sous une autre forme. Ce peut être une période payée mais avec une dispense de travail (ça revient à un mois de salaire gratuit mais il ne subit que le premier effet des trois décrits jusqu’à présent). Ce peut aussi être un accord transactionnel (c’est tombé en désuétude mais c’est avantageux et pour l’employeur et pour vous, et c’est justement fait pour compenser un préjudice).
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