Catégorie : Énergie

  • Il faut augmen­ter (très vite) notre produc­tion élec­trique

    J’en ai un peu marre de voir l’op­tion « sobriété éner­gé­tique » sortie rapi­de­ment pour propo­ser d’évi­ter d’aug­men­ter notre produc­tion élec­trique.

    L’éner­gie élec­trique repré­sente grosso modo 25% de notre consom­ma­tion éner­gé­tique. Le reste est essen­tiel­le­ment de la combus­tion d’éner­gie fossile et c’est ça qu’il faut élimi­ner le plus rapi­de­ment possible.

    Alors je vous propose un petit calcul :

    • On prend l’hy­po­thèse d’une poli­tique de sobriété excep­tion­nelle et on arrive à divi­ser par deux notre consom­ma­tion éner­gé­tique. Je n’y crois pas une seconde, vous non plus, mais faisons semblant d’ar­ri­ver à cet exploit. On divise par deux la consom­ma­tion d’élec­tri­cité, et par deux la consom­ma­tion non élec­trique.
    • Il reste encore beau­coup de combus­tion d’éner­gie fossile. On peut profi­ter d’un mix élec­trique très peu produc­teur de CO2 et utili­ser de l’élec­tri­cité à la place. Mettons qu’on arrive à rempla­cer la moitié de la combus­tion d’éner­gie fossile restante par de la consom­ma­tion d’éner­gie élec­trique. C’est là aussi une hypo­thèse assez peu réaliste mais imagi­nons, pour l’exer­cice.

    Même avec ces deux hypo­thèses très peu attei­gnables, nous voilà avec un besoin d’aug­men­ter notre produc­tion élec­trique de 25%.

    Je vous laisse imagi­ner un scéna­rio avec des hypo­thèses plus réalistes et refaire le calcul. La réalité c’est qu’il faudrait doubler notre produc­tion élec­trique, et que même avec ce double­ment, ça deman­de­rait aussi d’énormes efforts de sobrié­tés. Les deux ne s’op­posent pas.

    Ne comp­ter que sur la sobriété c’est déjà échouer.

    https://twit­ter.com/AEffon­dre­ment/status/1507664997748547585
  • Voiture écolo­gique ?

    Une voiture élec­trique c’est émis­sion zéro… mais en réalité on déplace surtout le problème au niveau de la produc­tion d’élec­tri­cité, qui elle n’est pas à zéro émis­sion.

    * * *

    En pure consom­ma­tion d’éner­gie produire l’élec­tri­cité à partir d’éner­gie fossile, la trans­por­ter, la stocker dans des batte­ries pour ensuite la renvoyer dans des moteurs c’est beau­coup de pertes.

    En même temps l’es­sence du véhi­cule ther­mique il faut aussi la trans­por­ter, et la perte est proba­ble­ment énorme là aussi. Je me doute aussi qu’une centrale ther­mique a une effi­ca­cité plus impor­tante qu’un petit moteur de voiture.

    Si on ajoute que la voiture ther­mique consomme beau­coup inuti­le­ment en ville là où au contraire l’élec­trique sait récu­pé­rer une partie de l’éner­gie lors des frei­na­ges… je suis inca­pable de savoir ce qui consomme le plus au final.

    * * *

    Ensuite vient la pollu­tion. Une maigre partie de la produc­tion élec­trique vient du renou­ve­lable. C’est peu mais ça fait une diffé­rence par rapport à l’ex­trac­tion puis le brûlage du pétrole ou du char­bon. J’ai aussi l’in­tui­tion que les centrales élec­triques à base de pétrole filtrent mieux certains rejets que les moteurs indi­vi­duels.

    De l’autre côté les batte­ries sont elles-mêmes très toxiques et pas recy­clées à l’heure actuelle. Si j’ajoute les déchets nucléaires dus à la produc­tion éner­gé­tique française, je ne sais plus vrai­ment faire le tri.

    * * *

    Je ne dois pas être le premier à me poser toutes ces ques­tions mais je manque diable­ment de chiffres. Quelqu’un a-t-il des liens ?

  • Germany is about to start up a mons­ter machine that could revo­lu­tio­nize the way we use energy

    For more than 60 years, scien­tists have drea­med of a clean, inex­haus­tible energy source in the form of nuclear fusion.

    […] Last year, after 1.1 million construc­tion hours, the Insti­tute comple­ted the world’s largest nuclear fusion machine of its kind, called a stel­la­ra­tor.

    They call it this 52-foot wide machine the W7-X.

    And follo­wing more than a year of tests, engi­neers are finally ready to fire up the $1.1 billion machine for the first time, and it could happen before the end of this month, Science repor­ted.

    Busi­ness Insi­der, se faisant l’écho de Science

  • Faut-il prendre l’ef­fon­dre­ment au sérieux ?

    Le problème, c’est le manque de dispo­ni­bi­lité et de réserves de ressources en mine­rai et matières premières – ce que l’on appelle l’épui­se­ment des éléments – pour capter, conver­tir et exploi­ter les éner­gies renou­ve­lables.

    […]

    Les tech­no­lo­gies que nous espé­rons salva­trices ne font qu’ajou­ter à ces diffi­cul­tés. « Car les nouvelles tech­no­lo­gies vertes sont géné­ra­le­ment basées sur des nouvelles tech­no­lo­gies, des métaux moins répan­dus et contri­buent à la complexité des produits, donc à la diffi­culté du recy­clage »

    […]

    « Il est trop tard pour le déve­lop­pe­ment durable, il faut se prépa­rer aux chocs et construire dans l’ur­gence des petits systèmes rési­lients ».

    Pour eux, l’ef­fon­dre­ment n’est pas tant une trans­for­ma­tion brutale, un retour à la barba­rie, qu’« une situa­tion inex­tri­cable, irré­ver­sible et complexe, pour laquelle il n’y a pas de solu­tions, mais juste des mesures à prendre pour s’y adap­ter ». Comme face à une mala­die incu­rable, il n’y a pas de solu­tions, mais des choses à faire. Pour eux, la décrois­sance volon­ta­riste n’est plus d’ac­tua­lité. La réduc­tion graduelle, maîtri­sée et volon­taire de nos consom­ma­tions maté­rielles et éner­gé­tiques n’est plus réaliste. […] Nous sommes là encore face à une conjonc­tion d’ef­fon­dre­ments : des ressources, des finances, de l’éco­no­mie, de la poli­tique, de la société et de la cultu­re… Un effon­dre­ment total, systé­mique « où même la possi­bi­lité de redé­mar­rer une société dans un envi­ron­ne­ment épuisé serait très faible pour ne pas dire impos­sible. »

    — sur Inter­net Actu

    Vision extrê­me­ment dépri­mante, mais à lire car le problème de fond est sérieux.

  • Maré­mo­teur

    Il faudrait envi­ron 50 éoliennes pour compen­ser un réac­teur nucléai­re… si elles ne tour­naient pas qu’un tiers du temps. Le solaire n’est pas non plus la solu­tion à tout faire : enso­leille­ment non constant, surface néces­saire, compo­sants rares, faible durée de vie.

    Ça fait désor­mais plusieurs fois que je vois passer des articles sur les centrales élec­triques maré­mo­trices. En France nous en sommes restés au niveau de l’usine de la Rance, qui produit autant qu’un quart d’un unique réac­teur nucléaire moyen, pour au moins 30% plus cher.

    Ça date de 1966. Les tech­no­lo­gies évoluent (et évolue­raient encore plus vite si on y inves­tis­sait autant que dans la R&D nucléaire) et le prix du nucléaire ne fait que monter. Pour une éner­gie qui ne s’épui­sera jamais et qui a une produc­tion constante, ça vaut certai­ne­ment le coût de s’y attar­der.

    Donc les anglais réflé­chissent à une centrale qui produit autant que 2 à 3 réac­teurs nucléaires moyens. Là où c’est inté­res­sant c’est qu’on parle d’une durée de vie prévue de 120 ans (deux à trois fois plus qu’un réac­teur nucléaire) et pas de besoin de combus­tible en entrée. La côte anglaise était pleine de recoins, un autre article parle de dizaines d’em­pla­ce­ments, et de quoi couvrir la majo­rité des besoins de l’île.

    Sur un projet bien plus petit à la Réunion, EDF envi­sage d’un coût qui pour­rait s’ap­pro­cher de 10 centimes le KWh d’ici 10 ans, soit tout à fait compé­ti­tif vis à vis du coût de l’élec­tri­cité conti­nen­tale aujourd’­hui (donc raison­na­ble­ment très bon marché vis à vis des coûts de dans 10 ans).

    La Corée du Sud en a aussi une de prévue équi­va­lente à un peu plus d’un réac­teur nucléaire, en plus de celle qu’elle a déjà (produc­tion équi­va­lente à celle de la Rance). Wiki­pe­dia rapporte que la Russie a quelques projets pharao­niques en évalua­tion, dont un qui produit autant que 87 centrales nucléaires.

  • Ener­gie : le rapport caché sur une France 100% renou­ve­lable

    Fruit de 14 mois de travail, extrê­me­ment précis et argu­menté, il explique que rien n’em­pêche qu’en France 100 % de l’élec­tri­cité provienne de sources renou­ve­lables en 2050. Il révèle égale­ment, calculs détaillés à l’ap­pui, que ce scéna­rio ne coûte­rait pas beau­coup plus cher aux consom­ma­teurs que le main­tien du nucléaire à 50 % de la produc­tion élec­trique, seuil fixé par François Hollande pour 2025.

    […]

    Au total, ils ont comparé plusieurs scéna­rios : 100 % renou­ve­lables, 95 %, 80 % et 40 %.

    — Media­part (accès payant)

    Bon, Média­part joue sur le sensa­tion­nel dans le titre en parlant de rapport caché pour un rapport qui attend juste une déci­sion poli­tique sur sa synthèse, mais le contenu reste inté­res­sant, et très lié à des déci­sions de stra­té­gie pure­ment poli­tique (au sens noble du terme).

    Pour une fois on parle de bien de prendre en compte les périodes sans vent, sans soleil, et de compa­rer heure à heure sur l’an­née la capa­cité de produc­tion renou­ve­lable et les besoins en éner­gie, éven­tuel­le­ment la capa­cité de stocker le surplus pour le rever­ser dans les périodes de manque.

    Il est en effet plus que temps qu’on mette ça sur la table avec des chiffres étayés, qu’on sache si c’est faisable, comment, et si c’est une direc­tion qu’on souhaite effec­ti­ve­ment prendre. Pour l’ins­tant le lobby nucléaire a la main mise sur toute la poli­tique française, et empêche l’idée même de débat autre qu’i­déo­lo­gique.

    Le rapport (accès libre mais indi­geste, sans l’ana­lyse)

  • Élec­tri­cité: la France n’est pas si compé­ti­tive que ça

    Je suis au regret de vous le dire, mais si vous n’êtes pas abon­nés à Media­part 1– vous devrez croire sur parole mes notes de lecture 2– vous devriez foncer corri­ger cette erreur et goûter la diffé­rence d’un vrai jour­na­lisme actif qui ne se contente pas du consen­suel et de reco­pier les commu­niqués de presse.

    Toujours est-il qu’on se garga­rise de notre élec­tri­cité en donnant des leçons aux autres pays qui disent ne pas souhai­ter avoir le même mix éner­gé­tique que nous mais qui payent plus cher ou/et importe notre superbe élec­tri­cité nucléaire.

    Petit retour sur les idées reçues :

    En novembre, la France a large­ment plus importé d’élec­tri­cité d’Al­le­magne qu’elle n’en a exporté.

    […]

    le rapport s’in­versa dès octobre 2011. Depuis, chaque mois, Paris achète plus à Berlin qu’elle ne lui vend. Cela fait 14 mois que cela dure.

    […]

    Mais c’est aussi parce que ses éner­gies renou­ve­lables, essen­tiel­le­ment photo­vol­taïques et éoliennes, atteignent désor­mais des prix extrê­me­ment compé­ti­tifs. En fonc­tion du niveau d’en­so­leille­ment et de la force du vent, certains jours, à certaines heures, elles sont moins chères que l’élec­tri­cité nucléaire française.

    Atten­tion à ne pas en tirer trop de conclu­sions étant donné qu’il y a beau­coup d’im­pli­ca­tions et beau­coup de causes, mais peut être faut-il que nous nous penchions un peu plus sérieu­se­ment sur de réels chiffres et pas sur des posi­tions de prin­cipe.

  • Ener­gie : des tarifs progres­sifs, pour quoi faire ?

    Fran­che­ment on manque de courage pour chan­ger des choses en France. Les solu­tions, des uns comme des autres, se bornent à des exoné­ra­tions ou des règle­men­ta­tions à la marge.

    Côté éner­gie on force le rachat de l’éner­gie produite par les panneaux solaires des parti­cu­liers à des tarifs qui génèrent plus un effet d’au­baine d’une réelle poli­tique éner­gé­tique, surtout consi­dé­rant la faible durée de vie des instal­la­tions et le coût éner­gé­tique ou écolo­gique de leur produc­tion. Le pire pour la poli­tique éner­gé­tique c’est la trans­po­si­tion de la loi habi­tuelle du marché : plus tu consommes, moins ça coûte cher.

    Media­part se fait en ce moment l’écho d’une propo­si­tion de loi sur des tarifs progres­sifs. Ce n’est pas la première fois qu’on en parle mais si vous n’avez pas d’avis tran­ché, la lecture donne un bon aperçu des problé­ma­tiques. C’est en fait la simple appli­ca­tion d’un système de bonus malus (équi­li­bré, pas comme les subven­tions dégui­sées du domaine auto­mo­bile) : ceux qui consomment beau­coup ont un malus, ceux qui consomment peu un bonus. Dit autre­ment c’est l’op­posé de la situa­tion actuelle : plus du consommes, plus ça coûte cher.

    Chaque foyer se verrait attri­buer un forfait de base, person­na­lisé, à l’aide de trois critères : lieu de vie, nombre de personnes du foyer et mode de chauf­fage. Il se situe­rait 3 à 10 % en dessous du niveau actuel. À chaque confi­gu­ra­tion possible, corres­pondent trois niveaux de bonus et de malus, qui recoupent trois niveaux de consom­ma­tion : « basique », « confort » et « gaspillage ». Si l’on reste en deçà du basique, on touche un bonus. Si on le dépasse, on est bon pour un malus, voire un super malus.

    On peut ergo­ter 100 ans sur les critères à ajou­ter ou à reti­rer, mais l’idée de base est bien la bonne : inci­ter plus forte­ment aux écono­mies d’éner­gie. Les familles aisées aillant tendance à avoir plus d’ap­pa­reils élec­triques, l’idée a même l’avan­tage de limi­ter l’ef­fet « les pauvres vont payer les malus, n’ayant pas de quoi finan­cer ce qu’il faut pour profi­ter des bonus ».

    Certes, c’est forcé­ment toujours impar­fait. Il va être aussi très diffi­cile de gérer l’équi­li­brage des quotas entre les diffé­rents modes de chauf­fage (est-ce qu’on privi­lé­gie l’élec­trique ou non ? le tout dépen­dant de la stra­té­gie concer­nant le nucléaire) ou de savoir comment gérer avec intel­li­gence le loca­taire qui subit la mauvaise isola­tion ther­mique du proprié­taire.

    Main­te­nant … si nous voulons avan­cer, il faut vrai­ment pous­ser nos poli­tiques pour enfin un peu de courage et une vraie poli­tique éner­gé­tique, avant que ce dossier soit aban­don­nés comme les autres un peu trop complexes ; surtout quand on voit que des pays sont prêts à aban­don­ner ce types de réformes pour sauve­gar­der les béné­fices des four­nis­seurs. Avec les rela­tions entre l’État, EDF et le nucléaire, ça risque de mal passer :

    L’Al­le­magne en 2008 a étudié plusieurs modèles de tari­fi­ca­tion progres­sive, avant d’aban­don­ner ce projet de réforme, esti­mant ne pas avoir trouvé la formule permet­tant à la fois de limi­ter les charges pour les ménages, et d’évi­ter les effets colla­té­raux sur les béné­fices des four­nis­seurs ou l’ef­fi­ca­cité éner­gé­tique.