Catégorie : Geek

  • Être comp­table de son temps

    Je vous conseille de commen­cer par la lecture du billet précé­dent, dont celui-ci est la suite : 2 à 3 heures par jour

    En voyant les ingé­nieurs de SSII remplir des fiches de temps heure par heure, je ne peux m’em­pê­cher de me dire que nous sommes au mieux dans une hypo­cri­sie parta­gée, plus proba­ble­ment dans une simple démarche perdant-perdant.

    Être comp­table

    En société de services infor­ma­tiques on découpe géné­ra­le­ment les projets en tâches, chacune esti­mée en heures. Les heures sont addi­tion­nées naïve­ment et huit tâches d’une heure tiennent tout à fait dans la jour­née d’un déve­lop­peur qui travaille 40 heures par semaine.

    Le déve­lop­peur a pour obli­ga­tion de « saisir ses temps », c’est à dire de saisir heure par heure sur quelle tâche il travaille. Je n’ai jamais vu ces impu­ta­tions utili­sées pour surveiller le travail ou faire du flicage mais la pres­sion néga­tive reste forte : Le déve­lop­peur doit affec­ter chaque heure de travail à une tâche. Une tâche qui a reçu suffi­sam­ment d’heures de travail doit logique­ment être termi­née et livrée.

    L’équa­tion malsaine heure de travail = heure passée sur une tâche produc­tive devient vite inso­luble pour ceux qui sont dans la même situa­tion que moi. On finit toujours par s’ar­ran­ger, souvent en rendant les impu­ta­tions en retard mais ça occupe un temps consé­quent pour soi et pour le chef de projet qui relance. Ça agace, énerve et épuise tout le monde, et occupe l’es­prit à faire des jeux comp­tables admi­nis­tra­tifs tout en donnant un senti­ment flot­tant de culpa­bi­lité ou de triche­rie.

    Certains comptent en dixièmes de jour­née mais c’est presque pire : Comme le chef de projet sait comp­ter, une tâche de 2h est codée 0,25 et on en a quatre dans la jour­née.  La diffé­rence c’est qu’il est beau­coup plus diffi­cile de consi­dé­rer avoir passé les heures qu’il faut et rentrer chez soi en se disant « tant pis, ça pren­dra plus de temps » (ça fonc­tionne dans un seul sens, si le déve­lop­peur termine plus tôt, il n’a pas le droit de partir pour autant, il commence la tâche suivante). Le seul gain c’est d’ajou­ter un peu plus de pres­sion sur le déve­lop­peur.

    Attentes réalistes, meilleurs résul­tats

    J’ai vu les choses tout autre­ment après avoir travaillé à Yahoo! On s’af­fec­tait l’équi­valent de 4 heures de travail par jour unique­ment, et personne n’était gêné que d’en­tendre « je n’ai rien fait ou presque ces deux derniers jours, je n’ai pas été produc­tif » au point de synchro du matin tant que le travail était collec­ti­ve­ment fait à la fin du mois.

    On peut faci­le­ment imagi­ner que ce serait la porte ouverte à des produc­ti­vi­tés mensuelles lilli­pu­tiennes voire à des abus, mais ça a proba­ble­ment été la période la plus produc­tive de ma vie de déve­lop­peur.

    La vérité c’est simple­ment qu’en atten­dant huit heures de travail par jour, mes autres employeurs ont en réalité dimi­nué ma produc­ti­vité mensuelle. J’ai passé une dose signi­fi­ca­tive de mon éner­gie dans les autres entre­prises à être comp­table et à lutter contre le système.

    À la décharge de mes employeurs, j’ai pour­tant toujours été dans des situa­tions avan­ta­geuses avec des tâches fourre-tout et des posi­tions de force qui m’ont permis d’être peu soumis au même régime que les autres. Je n’ose penser la galère que c’est pour celui qui a un poste de déve­lop­peur plus clas­sique.

    Tenter le 4 heures par jour

    L’idée qu’un déve­lop­peur peut faire huit ou même sept tâches d’une heure dans une jour­née de huit heures est tota­le­ment irréa­liste. Dans la réalité ce sont la qualité ou l’épui­se­ment des colla­bo­ra­teurs qui servent de variable d’ajus­te­ment, parfois les deux.

    Si vous avez des déve­lop­peurs respon­sables et moti­vés, vous pouvez essayer de partir sur des impu­ta­tions tâche à tâche et heure à heure avec une réfé­rence expli­cite à quatre ou cinq heures produc­tives par jour. Pour lisser les périodes plus ou moins actives il faudra accep­ter de ne regar­der cette métrique qu’en agré­geant par semaine ou par quin­zaine. Second point d’at­ten­tion : il faut que toute la hiérar­chie accepte de jouer le jeu, sinon on court à la catas­trophe au premier écueil projet.

    Ou lâcher prise sur les impu­ta­tions

    Si la situa­tion est moins idéale que ça, si le mana­ge­ment risque de ne pas jouer le jeu jusqu’au bout, ou simple­ment si l’équipe ne pense pas fonc­tion­ner sur ce rythme d’un faible nombre d’heures produc­tives par jour, on peut imagi­ner un scéna­rio plus proche des habi­tudes :

    L’im­pu­ta­tion se fait au niveau du projet et pas au niveau de la tâche, avec par blocs d’une jour­née ou demie jour­née. Parfois une demie jour­née n’aura quasi­ment pas été produc­tive, parfois elle le sera excep­tion­nel­le­ment, mais on ne fera pas de diffé­rence : la préci­sion sera globa­le­ment suffi­sante pour le repor­ting comp­table et admi­nis­tra­tif (le contrôle de gestion, la factu­ra­tion, l’éven­tuel crédits impôts-recherche).

    De l’autre côté l’avan­ce­ment projet est fait en mesu­rant … (atten­tion c’est révo­lu­tion­naire) l’avan­ce­ment du projet, et pas le temps travaillé. Ça semble enfon­cer les portes ouvertes mais c’est encore assez rare comme pratique.

    Quant au suivi des déve­lop­peurs eux même c’est un point RH chaque semaine. Ce qu’ap­porte un déve­lop­peur à une équipe ne pourra jamais être chif­fré en heures de travail ou en nombre de tâches affec­tées.

    Une dernière mise en garde

    En plus du rappel du billet précé­dent, je m’adresse à ceux qui veulent créer des équipes de déve­lop­peurs compé­tents, respon­sa­bi­li­sés et moti­vés. Si vous montez consciem­ment des équipes avec des ouvriers déve­lop­peurs qui font du travail à la chaîne, passez votre chemin.

    Enfin, chacun a son propre mode de fonc­tion­ne­ment. Je me contente de me baser sur le mien et sur ce que j’ai vu autour de moi. Je ne prétends pas que ça fonc­tion­nera pour quiconque d’autre. Par contre je suis convaincu de la néces­sité de jeter ou réfor­mer et le système d’im­pu­ta­tion des SSII et l’idée qu’on peut mettre pour huit heures de travail dans une jour­née.

  • 2 à 3 heures par jour

    Quand je déve­lop­pais, je pense que ma moyenne a le plus souvent tourné autour d’une douzaine d’heures de travail produc­tif par semaine. Par « travail produc­tif » j’en­tends « travailler à la tâche qu’on m’a demandé ». Cette moyenne était même assez irré­gu­lière pour que je me demande si une moyenne mensuelle ne serait pas plus adap­tée.

    À cette moyenne il faut toute­fois ajou­ter quelques périodes de surac­ti­vité dans l’an­née. Là je faisais peut-être huit à dix heures quasi conti­nues par jour, mais pas forcé­ment quand le projet en avait le plus besoin.

    Le reste du temps je papillon­nais, pour partie sur des acti­vi­tés tech­niques mais non néces­saires à la réali­sa­tion de mon travail, et pour partie sur des acti­vi­tés tech­niques, person­nelles, voire récréa­tives.

    Le non produc­tif essen­tiel à la produc­tion

    Je ne consi­dère pas ce temps passé « à ne rien faire » comme du temps perdu. Il m’était indis­pen­sable : Un travail intel­lec­tuel néces­site de pouvoir penser à autre chose, d’avoir du recul, de lais­ser les idées et la vision mûrir dans la tête. Plus que la réflexion, il faut aussi avoir une vision large sur ce qu’on fait et de ce qui se fait hors de son projet, hors des méthodes de sa société, y compris sur d’autres logi­ciels ou sur d’autres tech­no­lo­gies. C’est ainsi qu’on peut résoudre les problèmes effi­ca­ce­ment.

    Les salons de discus­sion avec les trolls ou échanges inter­mi­nables entre déve­lop­peurs, les centaines (milliers ?) d’heures passer à lire les blogs tech­niques, les autres centaines à lire les docs ou expé­ri­men­ter des choses qui n’ont rien à voir avec mon travail en cours… Tout ça s’est révélé d’une valeur inépui­sable pour mon travail. J’irai même plus loin en pensant que c’est souvent ce qui a fait la valeur de mon travail par rapport aux autres.

    Ces heures ne sont pas « produc­tives », mais elles sont rentables, et pas qu’un peu. J’au­rais certes pu travailler six à sept heures par jour, mais j’au­rais été beau­coup plus lent sur ces six heures. La produc­tion aurait été un peu plus impor­tante mais la qualité aurait aussi été drama­tique­ment plus basse. Sur un travail intel­lec­tuel, la valeur produite n’est pas propor­tion­nelle au temps passé, tout simple­ment.

    Pour la suite, c’est juste le lien suivant : Être comp­table de son temps.

    Un rappel toute­fois : Tout ce qui précède est vrai pour des déve­lop­peurs auto­nomes, respon­sables et moti­vés. L’or­ga­ni­sa­tion du temps d’un consul­tant ou d’une direc­tion me paraît tota­le­ment diffé­rente (même si là aussi huit tâches d’une heure ne tien­dront jamais dans une jour­née de huit heures), de même pour des déve­lop­peurs qui ont besoin d’être pris par la main.

  • Google IP Vanda­li­zing OpenS­treetMap

    « We are not evil » qu’ils disent. Moi je veux bien les croire mais visi­ble­ment ils se sont fait prendre à piller des annuaires avec des pratiques commer­ciales malhon­nêtes. Bon, ils se sont excu­sés mais déjà on peut reti­rer la médaille du cheva­lier blanc (et ça fait une belle jambe à la victime).

    Visi­ble­ment il y a des dégats simi­laires sur OpenS­treetMap, qui durent depuis long­temps, via les mêmes adresses IP. On parle de mani­pu­la­tions volon­tai­re­ment malveillantes, de vanda­lisme : Google IP Vanda­li­zing OpenS­treetMap.

    En mettant les deux bout à bout, on peut au moins imagi­ner que certains dépar­te­ments ont oublié le moto de Google. En tout cas il est temps d’avoir non seule­ment des vraies expli­ca­tions (pas unique­ment de simples excuses), et de commen­cer à prendre peur.

    Si Google est honnête, rien ne prédit qu’il le restera toujours. Les diri­geants changent, les équipes peuvent prendre des initia­tives malheu­reuses. Avec leur posi­tion domi­nante, que ferons nous ? Le problème n’est pas nouveau, mais l’ac­tua­lité est un bon support pour s’at­te­ler à la ques­tion.

    Google IP Vanda­li­zing OpenS­treetMap

  • Making Love To WebKit

    Pour ceux qui aiment les démo, celle de Steven Wittens mérite le détour : Making Love To WebKit (oui, unique­ment avec webkit/chrome pour l’ins­tant).

    C’est tout bonne­ment génial. Nous avons de la 3D avec des effets de chan­ge­ment de point de vue, en pur CSS 3D, avec les expli­ca­tions tech­niques du comment et même un éditeur en javas­cript pour créer et placer les éléments 3D au départ.

    Pour ceux qui pensent encore que sur le web on ne peut faire que des sites de commerce élec­tro­nique ou de rédac­tion­nel barbant, voilà un peu de quoi vous réveiller. Ce n’est en soi pas un résul­tat extra­or­di­naire si on sort du web, mais la réali­sa­tion est inté­res­sante.

  • Oui, bah je vais pas le regret­ter le service client Orange/sosh… non, mais j’hal­lu­ci­ne…

    Il serait facile de critiquer les services clients, Sosh ou plus géné­ra­le­ment les opéra­teurs télé­pho­niques, mais outre l’as­pect amusant de l’ex­trait, ce qui frappe c’est l’au­tisme de celui qui se repose sur les procé­dures et le « la machine dit que ».

    Il n’y a plus d’écoute, il y a des règles. Il n’y a plus de compré­hen­sion, il y a ce que permet ou pas l’ou­til. Il n’y a plus d’aide person­na­li­sée, il y a des procé­dures.

    Oui, bah je vais pas le regret­ter le service client Orange/sosh… non, mais j’hal­lu­ci­ne…

  • La prochaine guerre numé­rique pour se passer de l’État

    L’ar­ticle de contre­points fait la part belle à la logique d’op­po­si­tion mais il mérite d’être lu. Dans la prochaine guerre numé­rique pour se passer de l’État, ce qui risque d’ar­ri­ver, c’est effec­ti­ve­ment la prise de contrôle des outils et du réseau par des groupes civils non gouver­ne­men­taux.

    Sans parler de lancer ses propres satel­lites (ce qui l’air de rien n’est pas du tout irréa­li­sable), monter des sous réseaux chif­frés à l’in­té­rieur des réseaux actuels est quelque chose qui risque d’ar­ri­ver très vite.

    Les outils sont fina­le­ment déjà acces­sible, il ne manque qu’un peu de volonté, un peu de ras le bol. Soit les états poussent la logique jusqu’au bout en assu­mant un contrôle géné­ra­lisé et l’in­ter­dic­tion des outils crypto, soit on finira vite par reve­nir à du chif­frage ou de la signa­ture de bout en bout et des inter­ac­tions de pair à pair (non, je ne parle pas de contre­façon, mais bien des usages courants).

    Nous n’en sommes pas si loin, et ce ne serait pas forcé­ment un mal.

  • Impri­mante ePaper : nouveauté écolo pour les entre­prises

    Parfois il y a des idées excel­lente. Trans­for­mer toutes nos impres­sions jetables en un affi­chage tempo­raire sur une liseuse à encre numé­rique, ça inter­pelle.

    Bon, on ne rempla­cera pas toutes les impri­mantes, mais un appa­reil 14 à encre élec­tro­nique qui est reconnu sur le réseau comme une impri­mante, qu’on peut prendre en main et qui permet des recherches et des dessins/anno­ta­tions … je prédis un véri­table avenir.

    Il n’y a pas que le côté écolo­gique (qui reste à démon­trer), mais surtout le côté pratique de la chose. Impri­mer des contrats, spéci­fi­ca­tions manuels, mémos, juste pour les relire, les anno­ter et les ranger dans un coin, c’est clair que c’est plus une contrainte qu’autre chose.

    Impri­mante ePaper : nouveauté écolo pour les entre­prises

  • Les étrennes, et megau­pload

    Elle ne veut pas céder sur les étrennes, et megau­pload ferme comme mesure de rétor­sion de sa concierge. Fran­che­ment, tout se tient, et elle a raison : il ne faut pas lâcher.

    La lecture est rapide, ça vaut la peine.

  • La ferme­ture de MegaU­pload du point de vue d’un four­nis­seur d’ac­cès

    Je ne les reco­pie pas ici parce que ça revien­drait à vider l’ar­ticle origi­nal, mais la ferme­ture de MegaU­pload du point de vue d’un four­nis­seur d’ac­cès, c’est assez impres­sion­nant.

    J’ai entendu des chiffres comme 30% du trafic aux meilleures heures pour la France, ou 4% du trafic mondial. Ce qui est certain c’est que sur ces graphiques l’ef­fet est net : les courbes sont stop­pées d’un coup alors qu’elles sont en pleine augmen­ta­tion.

    Profi­tez-en, pendant un moment vous aurez de la bande passante. Ça ne durera pas, les échanges repren­dront forcé­ment, proba­ble­ment avec des systèmes décen­tra­li­sés et chif­frés, donc occu­pant encore plus le réseau qu’a­vant chez les FAI.

    L’ef­fet peut aussi se voir sur le cours de l’ac­tion de Cogent, l’opé­ra­teur de tran­sit de Megau­pload.