J’ai écrit à 25 ans. J’en suis un peu fier, mais j’ai le tournis quand je pense au monopole d’exploitation de mon œuvre.
Avec une espérance de vie de 82 ans, l’œuvre aura mis 127 ans pour s’élever dans le domaine public. Cent-vingt-sept ans… un monde. Si ça peut donner une idée : Il y a 127 ans Peugeot lançait le vélocipède.
Je n’ose même pas penser que mon œuvre puisse encore avoir un sens autre qu’historique à ce moment là puisque j’ai le malheur d’écrire technique et non littérature. Mais même sinon, quelle légitimité a la société pour réserver une œuvre si longtemps ?
En considérant une filiation à 30 ans, mon arrière-arrière-arrière-petit-fils aura deux ans. Vous avez bien lu. J’ai recompté deux fois pour être sûr de l’énormité que je sors : c’est le fils de mon fils de mon fils de mon fils de mon fils. Je vais l’appeler Bob, ce sera plus simple. Alors Bob, ou plutôt son représentant légal, pourrait toucher ou négocier des droits sur mon œuvre. Nous naissons tous égaux en droit, mais visiblement pas en droits.
Bien entendu tous ces calculs dépendent de l’espérance de vie, qui ne fait qu’augmenter, et de la durée de protection des droits patrimoniaux, qui sont étendus un peu trop régulièrement.
Les héritiers de Bob lui-même, même quelques siècles plus tard, pourraient décider de la publication ou non de mon livre sous une nouvelle forme.
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